Traité de Péronne

Traité de Péronne
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Le Traité de Péronne désigne plusieurs traités signés au château de Péronne en Picardie, plus exactement en Vermandois (comté médiéval, à cheval sur les départements actuels de la Somme et de l'Aisne).

Sommaire

Traité de Péronne (1200)

Signé entre le roi de France Philippe II et Baudouin IX, par lequel ce dernier se reconnaît vassal du roi de France.

Traité de Péronne (1468)

Signé le 14 octobre 1468 entre Charles le Téméraire et le roi de France Louis XI qui, deux ans plus tard, le fera annuler, pour félonie du duc, par une assemblée de princes et de notables le 3 décembre 1470[1].

L'entrevue qui, en 1468, aboutit au traité de Péronne est voulue par le roi de France. Son objectif est d'éviter une résurrection de la ligue du Bien public et que les forces bourguignonnes, dans le cas du débarquement d'une armée anglaise, ne se joignent à celles d'Édouard IV (désormais le beau-frère du duc). De son côté, Charles espère obtenir une confirmation de la ligne de la Somme (donc des traités d'Arras et de Conflans), ainsi qu'une juridiction souveraine sur ses fiefs français.

Convaincu de son pouvoir de persuasion et qu'il saura manoeuvrer Bourgogne, Louis XI tient à discuter directement avec lui des termes du traité de paix. D'abord hésitant, le duc accepte l'entrevue et rédige de sa propre main un sauf-conduit pour Louis qui se met alors immédiatement en route pour Péronne où est dressé le camp (plus exactement : le QG) bourguignon. Il y arrive, avec une escorte de moins de cent hommes, le 9 octobre 1468.

Louis veut la rupture de l'alliance anglo-bourguignonne, et Charles ne plus être en rien le vassal du roi… et que celui-ci attribue en apanage à Charles de France, jeune frère du roi (ils ont 23 ans d'écart) mais un des princes coalisés du Bien public et allié du Téméraire, le comté de Champagne et Brie qui fait pont entre les deux blocs des terres bourguignonnes.

Après des négociations serrées, Louis et Charles sont tout proches d'un accord quand celui-ci apprend le 12 octobre qu'une nouvelle insurrection vient d'éclater à Liège et que des envoyés du roi de France y ont encouragé la rébellion. Pris de colère, Bourgogne fait fermer les portes du château, de la ville et doubler la garde. Louis XI est piégé, captif sous des apparences de feinte courtoisie et à la merci de son cousin (et plus redoutable ennemi). Deux jours se passent. Le roi sent sa vie en danger et, pour apaiser le duc, lui fait dire qu'il est prêt à l'accompagner dans une expédition punitive contre Liège. La colère de Bourgogne n'en est pas calmée pour autant. En secret, Philippe de Commynes, alors un favori du Téméraire, conseille instamment à Louis XI d'acquiescer, sans plus discuter du contenu, au projet de traité proposé par le duc (sinon, il se mettrait dans le plus grand danger possible). C'est ainsi qu'au matin du 14 octobre 1468, après un entretien orageux entre les deux monarques, Louis et Charles jurent le traité de paix sur la « croix de la victoire » de Charlemagne. Le lendemain, ils partent ensemble pour Liège étouffer la rébellion, et la participation du roi de France à cette expédition punitive est pour lui une vraie humiliation puisque, ce faisant, il cautionne Bourgogne dans son action.

Le traité de Péronne fera l'objet de 42 lettres patentes du roi[2], et c'est le duc Charles qui supervisera lui-même, à Bruxelles courant décembre 1468, la rédaction de ces lettres contenant les clauses du traité.
Celui-ci confirme les traités d'Arras de 1435 et de Conflans de 1465 (amélioré pour Bourgogne par quelques avantages territoriaux)[3]. Il confirme donc la ligne de la Somme comme frontière entre la France et les terres bourguignonnes. S'y ajoutent pour le duc le droit de nommer les élus d'Amiens[4], le détachement des quatre « lois de Flandre » du ressort du Parlement de Paris[5], l'abandon du droit d'appel qu'exerçait ce Parlement sur le Mâconnais[4], etc., mesures qui soulignent la volonté de Charles de créer un Etat indépendant, dans lequel il serait seul maître de la justice[6].
Par ailleurs, la Champagne et la Brie sont données en apanage à Charles de France, frère du roi mais allié du duc, offrant ainsi à celui-ci un passage entre les Bourgognes et ses Etats du Nord.
Surtout, le traité comporte une clause de non-respect, d'importance capitale pour Charles : «Si le roi à l'avenir viole les traités d'Arras, de Conflans ou Péronne, empêche leur application ou renie ses promesses, alors il reconnaît le duc de Bourgogne, ses successeurs et tous ses sujets dans tous ses territoires au royaume, affranchis et indépendants de la couronne.[7]»

De son côté, Louis XI obtient certes la paix qu'il est venu chercher, mais tout en promettant de respecter l'alliance anglo-bourguignonne tant que celle-ci ne se montre pas agressive.
Après Liège, il s'en retourne en son royaume, "comme un renard crotté parvenu à s'échapper du repaire du loup"[8], bien décidé au fond de lui-même à ne pas tenir ce qu'il a dû promettre pour sauver sa vie.

Quant à Charles de Bourgogne, il atteint alors l'apogée d'une puissance dont il jouira cinq bonnes années. Mais il a tenu captif et humilié le roi de France (alors que, selon la juridiction française de ce temps, il en était le vassal pour une partie de ses fiefs) et ça, Louis XI ne le lui pardonnera jamais.
En décembre 1470, il le fera condamner pour parjure (mais on peut se demander pourquoi Bourgogne n'aurait pas respecté un accord dont il avait, en fait, dicté les conditions) et félonie, fera annuler le traité de Péronne[9] (bien qu'il ait été enregistré au Parlement de Paris) et s'opposera plus que jamais aux ambitions du Téméraire, jusqu'à précipiter sa perte et sa mort.

Après la fin (3 novembre 1468) de l'épisode « Péronne-Liège », les deux souverains qui pourtant, dix ans plus tôt à Genappe, chassaient le cerf ensemble dans les forêts avoisinant le château du dauphin en exil, plus jamais ne se revirent de leur vivant.

Traité de Péronne du 14 septembre 1641

Signé le 14 septembre 1641 entre le roi de France Louis XIII et Honoré II de Monaco[10].
Ce traité, qui comporte 14 articles, met fin au protectorat espagnol et replace la Principauté de Monaco dans la mouvance française. En compensation de la confiscation de ses biens en pays espagnol Louis XIII octoi à Honoré II les fiefs du Valentinois, de Carladès, des Baux, de Saint-Rémy.

Traité de Péronne du 19 septembre 1641

Signé le 19 septembre 1641 entre le roi de France Louis XIII et les Catalans[11].

Notes et références

  1. Jean Favier, Louis XI, Arthème Fayard, 2001, p. 620
  2. Henri Dubois, Charles le Téméraire, Fayard, 2004, p. 207
  3. Joseph Calmette, Les Grands Ducs de Bourgogne, Albin Michel, 1949 et juin 1976, p. 246
  4. a et b Joseph Calmette, op. cit., p. 246
  5. Marcel Brion, Charles le Téméraire, grand-Duc d'Occident, Librairie Jules Tallandier, 1977, Marabout Université, 1979, p. 164
  6. Jean Marie Cauchies, Louis XI et Charles le Hardi. De Péronne à Nancy (1468-1477) : le conflit (De Boeck Université, Bruxelles, 1996), p.  25
  7. Henri Dubois, Charles le Téméraire, Fayard, 2004, p. 207-208
  8. Georges-Henri Dumont, Marie de Bourgogne, Fayard, août 1982, p. 106
  9. Jean-Pierre Soisson, op. cit., p.  198-199
  10. Germain-Antoine Guyot, Traité des droits, fonctions, franchises..., 1787, p. 138
  11. Jean de Sismondi, Précis de l'histoire des Français, Treuttel et Würtz, libraires, 1844, p. 179

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