- Praguerie
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La Praguerie (1440) est une révolte menée par les grands vassaux de France contre les réformes militaires du roi Charles VII. Le dauphin, futur Louis XI, fait partie des révoltés. La fronde est nommée « praguerie » en allusion à la révolte des Hussites à Prague, au début du XVe siècle.
La révolte naquit du mécontentement diffus des grands seigneurs. L'un des événements précurseurs est le complot de Jean II d'Alençon, Jean IV d'Armagnac et Charles Ier de Bourbon. Celui-ci visait à éliminer deux conseillers du roi, Charles du Maine et le connétable de Richemont. La conjuration est découverte et n’a pas de suite.
En octobre 1439, les États généraux réunis à Orléans réclament qu'on mette fin aux exactions des « écorcheurs », troupes de soldats sans solde qui ravageaient les campagnes et proposaient leurs services au plus offrant. Le 2 novembre, Charles VII répond à leurs attentes par une ordonnance portant réforme de l'armée. Les princes refusent l'ordonnance : ils utilisaient beaucoup ces « routiers » et ne voulaient pas en laisser le monopole au roi et à Richemont. Aux mécontents initiaux s'ajoutent d'autres grands seigneurs, comme Georges de la Trémoille, ennemi personnel de Richemont qui a tenté de l'assassiner en 1433. Dunois, le bâtard d'Orléans, les rejoint également. Il craint que Charles VII n'abandonne Charles d'Orléans, demi-frère de Jean et cousin du roi, dans ses négociations avec les Anglais.
En février 1440, Jean d'Alençon gagne le dauphin Louis. Il s'agit de mettre le roi sous tutelle, de placer Louis aux commandes et d'éliminer Richemont. La trahison du dauphin s'explique par la répugnance de Charles VII à lui laisser un apanage ou un territoire à gouverner. Les conjurés prennent alors les armes. La réaction royale est rapide. Malmenés par les troupes royales, les conspirateurs doivent céder le terrain en Poitou, d'où est partie la révolte, pour se réfugier en Bourbonnais. La noblesse refuse de suivre les grands vassaux et les treize bonnes villes d'Auvergne leur ferment également la porte. Écrasés, ils se soumettent dès le mois de juillet. Le dauphin vient à résipiscence à Cusset. Charles VII fait distribuer des pensions aux seigneurs révoltés, récompense ses fidèles et confie à son fils le gouvernement du Dauphiné.
Voir aussi
Bibliographie
- Alain Demurger, Temps de crises, temps d'espoirs (XIVe-XVe siècle), in Nouvelle histoire de la France médiévale, vol.5, Seuil, coll. « Points Histoire », 1990 ;
- Jean Favier, Louis XI, Fayard, 2001.
- Loïc Cazaux, « Les lendemains de la Praguerie : révolte et comportement politique à la fin de la guerre de Cent ans », in Pernot (F.) & Toureille (V.) (éd.), Lendemains de guerre. Les hommes, l’espace et le récit, l’économie et le politique. Actes du colloque de l’Université de Cergy-Pontoise (2008), Bruxelles, 2010, p. 337-346.
Articles connexes
- protagonistes : Charles VII, Louis XI, Jean II d'Alençon, connétable de Richemont ;
- autres révoltes nobiliaires : Ligue du Bien public, Guerre folle.
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