- Louis IV De France
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Louis IV de France
Louis IV Roi des Francs
(Francie occidentale)Denier du règne de Louis IV d'Outremer frappé à Chinon [LUDOVICVS REX] (milieu du Xe siècle.)Règne janvier 936 - 10 septembre 954 Couronnement 19 juin 936 à Laon Dynastie Carolingiens Titre complet Roi de Francie Occidentale Prédécesseur Raoul Successeur Lothaire Héritier Lothaire Autres fonctions {{{fonction1}}} Période
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Mathilde (943-992)
Charles ou Carloman, (945-<953)
Louis (948-954)
une fille (948-<968)
Charles (953-991)
Henri (953-953)Rois de Francie occidentale Louis IV dit d'Outremer (v. 921, Laon ?[1] – 10 septembre 954, Reims), fils de Charles III le Simple et d'Edwige de Wessex, est un roi des Francs (936-954) de la dynastie carolingienne.
Après la déchéance en 922 de son père le roi Charles III le Simple, sa mère et le prince Louis, âgé de deux ans, se réfugient en Angleterre (d’où son surnom d’Outremer), à la cour de son grand-père maternel Édouard l'Ancien, puis à celle de son oncle Æthelstan, rois de Wessex. Devenu l'héritier carolingien par la mort en captivité de Charles III (929), il est rappelé d'Angleterre par le puissant marquis de Neustrie Hugues le Grand afin de succéder au roi Raoul mort au début de l'année 936, laquelle marque alors le retour de la dynastie carolingienne.
Son règne riche en rebondissements nous est avant tout connu par les Annales de Flodoard puis plus tardivement par les Histoires de Richer de Reims. Une fois au pouvoir, Louis d'Outremer souhaite s'éloigner de Hugues le Grand devenu duc des Francs et seconde personnalité du royaume après le roi. Dans un premier temps il se lance à la conquête de la Lotharingie (939). Cette expédition est un échec et son beau-frère Otton Ier ne tarde pas à le soumettre en assiégeant la cité de Reims (940). Dans un second temps, après la mort du comte des Normands Guillaume Longue Epée, Louis IV tente de prendre à son compte le gouvernement de Normandie mais il est kidnappé par les hommes de Hugues le Grand (945).
Le concile d'Ingelheim (948) permet l'excommunication du duc des Francs et la libération définitive de Louis IV. À partir des années 950, le roi s'impose progressivement dans le Nord-Est de son royaume en tissant de nombreuses fidélités (notamment avec les Vermandois) sous la nouvelle protection ottonienne. Il décède accidentellement d'une chute de cheval entre Laon et Reims en 954.
Sommaire
- 1 Le contexte politique, économique et culturel en Occident (première moitié du Xe siècle)
- 2 Biographie
- 3 Annexes
- 4 Voir aussi
Le contexte politique, économique et culturel en Occident (première moitié du Xe siècle)
Les principales forces politiques de l'Occident chrétien
Les royaumes anglo-saxons
Les îles Britanniques du haut Moyen Âge sont composées de multiples petits royaumes fondés par les Jutes, les Angles et les Saxons (peuples venus de Germanie au Ve siècle). Durant le début du Xe siècle, ces royaumes sont constamment en guerre les uns contre les autres et sont frappés par les invasions Vikings.
Au milieu du IXe siècle, la façade sud de la Grande-Bretagne est occupée par le royaume de Wessex, le sud-ouest par celui de Cornouailles, le centre par celui de Mercie et enfin l'ouest par le Pays de Galles. En revanche, une large moitié nord de l'île est occupée majoritairement par les royaumes nordiques issus des invasions vikings (Five Boroughs, East Anglia, Hébrides, etc.)[2].
Dès la fin du IXe siècle, l'un de ces royaumes, celui de Wessex, s'impose parmi les autres. En effet, depuis 871, les souverains Æthelred Ier et son frère Alfred résistent contre les assauts des Vikings. Le tribut est tout de même payé par le royaume et, plus au nord, le Danelaw (la loi danoise) est mis en place sur une large frange de l'Angleterre. Finalement, Alfred (871-899) qui vient de succéder à son frère, soumet les Vikings en les écrasant à Edington (878)[3]. Grâce à cette victoire, les envahisseurs du Nord sont refoulés dans le Nord-Ouest de l'île, permettant au Wessex de s'enrichir à l'abri des invasions. À la mort d'Alfred (899), le Wessex est devenu le royaume le plus puissant d'Angleterre. Son successeur, Edouard l'Ancien (899-924) guerroie durant une bonne partie de son règne contre les Vikings (914-920) et parvient à s'emparer de la Mercie : en 920, les rois anglo-saxons et danois reconnaissent la suprématie d'Édouard. Ce dernier marie sa fille Edwige au roi Charles le Simple.
Son fils et successeur Æthelstan (924-939) s'engage à pacifier l'île en pratiquant une politique matrimoniale d'envergure : ainsi sa sœur est mariée à Sithric, roi d'York, et plusieurs chefs vikings sont baptisés pour l'occasion[4]. Il marie sa sœur Eadhilda au duc Hugues le Grand et sa sœur Edith à l'empereur Otton Ier. Surtout, le roi de Wessex a commencé à reconquérir les pays du Danelaw qu'Alfred avait laissés aux Vikings. Souverain charismatique et puissant, Æthelstan se fait appeler dans les sources « Rex totius Britanniae » et même « imperator » (roi de tous les Bretons et empereur) et il s'engage même à accueillir tous les chefs d'Armorique chassés par les Normands[5].
Le 12 juillet 927 est signé le traité de paix de Penrith dans lequel les souverains anglo-saxons (Ealdred Ier de Bernicie, Constantin II d'Écosse et Owen de Strathclyde) se reconnaissent mutuellement et se rapprochent : c'est l'acte de naissance de l'Angleterre unifiée. Cependant, la paix ne dure pas puisque dès 934 Æthelstan mène une expédition en Écosse pour rappeler à l'ordre Constantin, le roi des Scots. Après sa mort, Olaf Gothfrithson, roi de Dublin, se saisit d'York et d'autres territoires autrefois sous la domination d'Æthelstan. Son successeur, le roi Edmond (939-946) reconquiert York mais il est assassiné. Eadred (946-955), fils cadet d'Édouard l'Ancien prend la relève et guerroie difficilement contre le roi Olaf Kvaran de Dublin et contre le roi Éric Ier de Norvège[6].
La Germanie
En 843, lors du partage de Verdun, le royaume oriental devient l'héritage dû à Louis le Germanique (l'Empire carolingien est désintégré). Finalement en 881, la Francia orientalis échoit à l'un des fils de Louis, Charles le Gros, qui sera le dernier souverain à réunir les trois royaumes (Francie de l'ouest, Lotharingie et Francie de l'est) pendant une courte période de trois ans. Incapable et malade, les grands de Germanie déposent Charles en 887 et élisent Arnulf de Carinthie. Le règne d'Arnulf (888-899) est marqué par la volonté de nouer des liens d'amitiés avec les souverains voisins et surtout de maintenir l'unité du royaume[7].
Sous son successeur Louis l'Enfant (899-911), on assiste pour la première fois à une alliance entre l'Église et l'État par le biais d'Hatton, archevêque de Mayence et de Conrad de Franconie. Ce dernier, après avoir été associé au gouvernement royal est élu à son tour roi de Germanie (911-918). Son règne est constamment fragilisé par les invasions hongroises qui renforcent au contraire le pouvoir des ducs (dont le rôle est de défendre les marges du royaume). Justement, le duc de Saxe Henri monte sur le trône en 919 malgré l'opposition des ducs de Bavière et de Souabe. La puissance de ces deux duchés entâche une bonne partie du règne du souverain qui doit au final négocier avec eux. En revanche à l'extérieur, Henri s'impose efficacement contre le roi de Bohême, les Danois et surtout les Hongrois (933)[8].
Son fils Otton, qui lui succède en 936, souhaite remettre en place l'autorité et même nommer les ducs à la tête de chaque principauté : par exemple en Saxe, il installe la maison des Billung. Cette politique autoritaire est propice aux révoltes. Le souverain doit essuyer une révolte en Lotharingie (953) de son fils Ludolf et de son gendre Conrad. Les rebelles étant soumis, il cède le duché à son frère Brunon de Cologne[9]. Otton renforce l'alliance Église-État à son avantage en installant des membres de sa famille sur les sièges épiscopaux (notamment son fils bâtard Guillaume à Mayence). Le roi de Germanie, dont deux de ses sœurs sont mariées avec des membres de la haute aristocratie de Francie occidentale, conserve des rapports étroits avec l'Ouest et n'hésite pas à intervenir en faveur ou contre le roi Louis IV (941 et 948). Enfin, la notoriété d'Otton va se répandre dans l'ensemble de l'Occident puisqu'il soumet définitivement les Hongrois au Lechfeld (955). C'est un succès fracassant : Otton devient le véritable maître de l'Occident chrétien en ce milieu du Xe siècle[10].
Les royaumes de Bourgogne, de Provence et d'Italie
À la fin du IXe siècle, l'espace bourguignon est formé de deux royaumes. D'une part la Haute-Bourgogne, également appelée Bourgogne Transjurane, et la Basse-Bourgogne ou Provence. Le royaume de Bourgogne Transjurane s'étend entre les Alpes et le Jura avec pour point central l'abbaye Saint-Maurice d'Agaune. Depuis 860, le territoire est dirigé par la dynastie des Rodolphiens et à la mort de Charles le Gros (888), Rodolphe Ier (888-911) est couronné roi de Bourgogne. Le nouveau souverain a pour dessein la restauration de la légitimité carolingienne en Occident en s'opposant au roi de Germanie Arnulf de Carinthie (qui est un bâtard), en vain[11].
Plus au sud, se développe un autre royaume, celui de Provence organisé autour d'Arles et de Vienne. Ses origines se trouvent dans la révolte du comte Boson (879) qui a pris le pouvoir par la force après la désintégration du pouvoir carolingien. En réalité, seul son fils Louis aura le droit de régner (à partir de 890) puisqu'il descend par sa mère des Carolingiens. Louis est soutenu par Arnulf pour combattre Rodolphe de Bourgogne.
En 899, le roi d'Italie Lambert de Spolète puis le roi de Germanie Arnulf viennent de décéder laissant la voie libre au comte Bérenger de Frioul qui s'empare du pouvoir. Face à cet usurpateur, l'aristocratie romaine fait appel à Louis III qu'elle couronne roi d'Italie puis empereur (901)[12]. Devenu gênant, elle l'abandonne et rappelle Bérenger. Quelques années plus tard, Louis retente sa chance en Italie mais Bérenger le capture et le fait aveugler. Louis dit l'Aveugle vit désormais reclus et cède l'essentiel de ses pouvoirs à son cousin le comte de Provence Hugues d'Arles. Lassée des violences de Bérenger, l'aristocratie romaine fait appel à un nouvel homme fort : Rodolphe II de Bourgogne (923). Mais quelques années plus tard Hugues d'Arles réussit à vaincre le roi bourguignon en 926 avec l'appui de Rome. Affaibli, Rodolphe doit se soumettre au roi Henri Ier et Hugues devient de fait le seul maître de l'Italie jusqu'en 947[13].
Durant les années 930, la dynastie bourguignonne des rodolphiens se renforce mais elle doit se soumettre au roi de Germanie. En 937, Rodolphe II meurt, son fils Conrad III lui succède âgé d'une dizaine d'années. Hugues d'Arles profite de la faiblesse du pouvoir pour envahir le royaume de Bourgogne. Néanmoins, Otton Ier, protecteur de la Bourgogne, intervient et l'usurpateur s'enfuit. En accord avec Otton et probablement avec Louis IV de Francie, Conrad III s'empare de la Provence suite à l'accord de Visé signé par les trois souverains (942)[14]. Au cours des années 950, le pouvoir des rodolphiens commence à s'affaiblir et Conrad III perd progressivement le contrôle de ses espaces périphériques (comté de Provence et comté de Bourgogne).
Cette crise du pouvoir va se transformer quelques années plus tard en une crise d'identité puisque les souverains seront contraints à promettre au roi de Germanie leur succession au trône. À la veille de son accession au trône impérial, Otton contrôle l'essentiel de la Bourgogne et de la péninsule italienne[15].
Les monnaies et les échanges (fin IXe et début Xe siècle)
L'économie carolingienne n'est plus cette activité médiocre et limitée qu'on a longtemps pensée. Les recherches récentes tendent à montrer que la croissance était plutôt endogène, c'est-à-dire qu'elle dépendait de sa situation géographique, de ses marchés, des rivières, des campagnes et des villes bref du développement régional d'une province donnée. Enfin l'archéologie permet d'avoir un regard neuf sur les échanges de cette période[16].
Les premières législations carolingiennes
Depuis le VIIIe siècle, les souverains favorisent les échanges en introduisant des réformes monétaires (il s'agit surtout d'adopter le numéraire à la valeur des biens commerciaux). La monnaie de référence est devenue le denier d'argent frappé dans les ateliers royaux (12 deniers équivalent à 1 sou et 20 sous à 1 livre). Les premiers Carolingiens s'intéressent de près à la circulation monétaire en réglementant le poids et la fabrication des pièces ; Charlemagne fixe la livre à 240 deniers alors que Charles le Chauve légifère contre les fausses monnaies[17]. Durant le IXe siècle, deux nouveautés apparaissent : d'une part l'abandon de la monnaie d'or puis la fin du commerce méditerranéen d'origine antique.
En effet, les siècles précédents (VIIe et VIIIe siècles) ont été durement touchés par la peste venue d'Orient. L'épidémie a eu raison d'une partie non négligeable de la population en Occident ce qui ralentit le développement des échanges terrestres et maritimes. Voyant, une diminution du négoce, Charlemagne et ses successeurs décidèrent de retirer la monnaie d'or, d'origine antique, pour introduire uniquement le denier d'argent. Second point, l'émergence d'un nouvel espace maritime : la mer du Nord. La Méditerranée ne se relèvera pas de si tôt de l'épidémie de peste qui la frappa permettant, au cours du IXe siècle, la multiplication des emporia (ports) sur les côtes septentrionales de l'Occident chrétien (par exemple Quentovic en Francie). Ces fondations sont bien entendu renforcées par le commerce qui se pratique déjà depuis quelques décennies avec les Vikings[18].
La mer du Nord, nouvel intermédiaire entre Occident et Orient
Certes, les Vikings sont responsables de nombreux raids destructeurs sur une bonne partie de l'Occident durant tout le IXe siècle : la Provence est dévastée en 859, l'abbaye de Saint-Bertin en 891... Bien entendu les razzias nordiques perturbent considérablement les circuits d'échange régionaux et internationaux. En revanche, passé l'an 900, certains Vikings commencent à abandonner les armes pour ne s'adonner uniquement au commerce. Depuis quelques décennies, l'Occident s'est adapté et a poursuivit les échanges malgré les menaces[19]. Ainsi les envahisseurs d'hier élargissent les horizons en intégrant les îles britanniques au continent, complétant ainsi un vaste réseau commercial avec la mer du Nord comme espace central entamé déjà par les Frisons depuis le VIIIe siècle. Les Scandinaves sont les nouveaux intermédiaires entre l'Occident et l'Orient (la Russie, Byzance et le Moyen-Orient)[20].
Pourtant la situation n'est pas idyllique : de fréquentes bandes normandes continuent de rompre les échanges en mer du Nord. On sait d'après les pièces retrouvées qu'au début du Xe siècle, le titre, le poids et la qualité des émissions tendent à baisser. La monnaie est toujours frappée dans les ateliers royaux, mais elle n'a plus le rôle moteur qu'elle a pu avoir à l'époque de Charlemagne et de Charles le Chauve. De plus, on remarque que la circulation, si elle se poursuit, se cantonne à des espaces plus restreints (plutôt régionaux voire locaux). Enfin, si la monnaie semble plutôt rare dans les campagnes (sauf exception) elle est d'un usage courant dans les villes (comme le montre le trésor de Saint-Denis)[21].
La « féodalisation » de la monnaie
Depuis Charlemagne et surtout Charles le Chauve, la monnaie est le ressort du roi et de personne d'autre. Jusqu'à la fin du Xe siècle, le souverain se fait représenter souvent de profil, lauré avec pour inscription « Dei Gratia Rex » (roi par la grâce de Dieu) pour rappeler l'origine divine de son pouvoir. Jusqu'à la fin du IXe siècle, les émissions sont réservées aux ateliers royaux gérés par les comtes. Pourtant, la crise du pouvoir qui touche la dynastie carolingienne entre 877 et 888 va permettre une certaine autonomie locale[22]. Ainsi le contrôle royal, même s'il n'est pas interrompu, tend à diminuer. Sous le règne d'Eudes on assiste pour la première fois à une diversification des émissions. Vers 936, le comte de Normandie Guillaume Longue Epée, Hugues le Grand et d'autres substituent le titre royal pour le leur. Sous le roi Raoul, le poids et le titre du denier chutent, pour se stabiliser à 1,3 ou 1,5 g selon les provinces. Laon apparaît comme le seul atelier royal habilité même si Hugues le Grand fait frapper monnaie à Beauvais avec la complicité de l'évêque[23]. De même, après avoir résisté contre les assauts du comte de Vermandois, Artaud, l'archevêque de Reims et chancelier de Louis IV reçoit du roi, l'autorisation de battre monnaie dans sa cité rémoise (vers 941)[24].
Biographie
Les difficultés de la famille carolingienne
La déchéance de son père Charles le Simple
Article détaillé : Flodoard.Fils du roi Charles le Simple et de son épouse Edwige de Wessex, Louis naît au cœur du domaine carolingien limité entre Laon et Reims aux alentours de 920/921.
Le 6 décembre 884, le roi des Francs Carloman II décède sans héritier mâle et son demi-frère, le futur Charles le Simple, n'est âgé que de cinq ans. De fait, leur cousin Charles le Gros, empereur d'Occident et roi de Francie orientale, devient l'héritier du royaume de Carloman : la Francie occidentale. Comme ce dernier n'est pas à la hauteur face aux razzias des Vikings et qu'il tombe malade, il se fait déposer par la Diète de Tribur en 887[25]. Face à la menace grandissante des envahisseurs du Nord, les grands du royaume de Francie occidentale ne choisissent pas Charles le Simple comme successeur encore trop jeune, mais le comte de Paris Eudes qui vient de s'illustrer dans la défense de Paris contre Rollon. Aidé par l'archevêque de Reims Foulques, Charles le Simple tente de récupérer le trône (893), en vain. À partir de 897, Charles ne règne plus que sur la cité de Laon avant qu'Eudes ne le désigne sur son lit de mort, un an plus tard, comme son successeur. Très vite, le nouveau roi des Francs va porter ses ambitions sur la Lotharingie, véritable noyau carolingien et objectif premier des souverains de Francie occidentale depuis Charles le Chauve[26]. Cependant, le roi de Germanie Arnulf empêche la mainmise carolingienne sur le duché lotharingien en le confiant à son fils Zwentibold en 900. Ce dernier, détesté par ses sujets, force Charles à intervenir sur place en 898 à l'appel du comte Régnier. Après s'être emparé d'Aix-la-Chapelle et occupé à Nimègue l'ancien palais de Charlemagne, il rentre en Francie à la demande des évêques germaniques. Quelques années plus tard, en 911, l'aristocratie lotharingienne fait appel à Charles le Simple après la mort de Louis l'Enfant, dernier souverain carolingien de Germanie.
Charles le Simple est couronné roi de Lotharingie début novembre 911. Cependant, la présence régulière du souverain franc à Aix-la-Chapelle ou à Thionville irrite rapidement l'aristocratie locale, qui craint pour son indépendance, et les grands de Francie, qui y voient un affront[27]. La situation se complique puisque, selon Flodoard, Charles n'arrive même plus à convoquer l'ost contre les Hongrois qui menacent la Lotharingie (seul l'archevêque Hervé de Reims répond présent). La situation se cristallise définitivement avec l'affaire de l'abbaye de Chelles qui est arrachée injustement à son abbesse, belle-mère d'Hugues le Grand, pour être remise à Haganon, le conseiller détesté de Charles le Simple[28].
Entre les années 920 et 922, Charles le Simple se retrouve en difficulté. Bien qu'il ait pacifié ses relations avec le roi Henri Ier, il doit combattre sur deux fronts : d'une part contre Gislebert de Lotharingie et d'autre part contre Hugues le Grand, irrité de l'affront fait à sa belle-mère. Alors qu'il s'est réfugié en Lotharingie, en juin 922, les grands du royaume proclament sa déchéance et élisent comme roi Robert de Neustrie, frère de feu le roi Eudes[29].
Une jeunesse en exil
Article détaillé : Athelstan d'Angleterre.Charles le Simple retourne en Francie pour reprendre le pouvoir perdu. Son armée, appuyée par un contingent lotharingien et des effectifs flamands, rencontre celle de Robert Ier à Soissons en juin 923. Selon le moine Richer de Reims, Robert est tué au cours de la bataille par le comte Fulbert[30] ou selon d'autres historiens, de la propre main de Charles. Ce dernier prend la fuite, et les grands seigneurs de Francie élisent au trône Raoul de Bourgogne, à Soissons le 13 juillet 923.
Au cours de l'été, Charles est capturé par Herbert II de Vermandois alors qu'Henri Ier en profite pour s'emparer de la Lotharingie et donner sa fille Gerberge de Germanie en mariage au duc Gislebert (928)[31].
Après la capture de son mari, la reine Aedgifu (Edwige ou Ogive) s'enfuit avec son fils, le prince Louis, dans le Wessex (sud-ouest de l'Angleterre ) auprès de son père le roi Édouard l'Ancien puis de son frère Æthelstan.
Le jeune Louis est élevé à la cour anglo-saxonne jusqu'à son adolescence, époque durant laquelle il se pique d'histoires légendaires comme celle de saint Edmond, roi héroïque et ancêtre de la famille ayant combattu les Vikings[32].
Son père, le roi déchu Charles, meurt dans l'humiliation à Péronne le 7 octobre 929 et est aussitôt inhumé en l'église Saint-Fursy de cette ville. La couronne devrait revenir de droit à Louis, âgé d'environ 8 ans, mais le roi Raoul se maintient sur le trône de Francie pendant quelques années encore. Le 15 janvier 936, Raoul succombe à la maladie à Auxerre et est inhumé à Sainte Colombe de Sens[33]. Les grands de Francie se réunissent pour réfléchir au successeur sur le trône puisque le roi défunt n'a pas d'héritier mâle. L'un d'eux, le puissant Hugues le Grand, marquis de Neustrie, propose de faire venir le fils de Charles, Louis, exilé en Angleterre et surnommé « d'Outremer » (en latin Ultramarinus)[34].
L'accession de Louis IV sur le trône
Article détaillé : Hugues le Grand (Robertien).Le retrait de Hugues le Grand et le retour des Carolingiens
Durant le printemps de l'an 936, Hugues le Grand envoie une ambassade à Louis pour qu'il « vienne s'établir à la tête du royaume » (Flodoard). Le roi Æthelstan, son oncle, ayant reçu le serment des ambassadeurs de Hugues et la confirmation que le futur roi aura l'allégeance de l'ensemble de ses vassaux, l'autorise à partir en Francie avec quelques évêques et quelques fidèles. Cependant, il est étonnant que Flodoard décrit expressément le sacre sans citer l'élection[35]. Après quelques heures de traversée, Louis reçoit sur la plage de Boulogne l'hommage de Hugues et des princes francs qui lui baisent les mains. L'historien Richer de Reims nous livre une autre anecdote savoureuse :
« Puis le duc amène en hâte un cheval orné des insignes royaux. Au moment où il veut mettre le roi en selle, le cheval fait des écarts de tous côtés ; mais Louis, d'un bond agile, saute brusquement, sans étriers, sur ce cheval hennissant. Cela plut à tous et provoqua la reconnaissance de tous. »— Richer de Reims, apr. 990[36].
Louis et sa cour chevauchent tous en direction de Laon où doit avoir lieu la cérémonie de couronnement.
Les historiens se sont demandés pourquoi le puissant marquis Hugues de Neustrie avait fait appel à ce jeune prince carolingien plutôt que de monter lui-même sur le trône, comme l'avait fait son père quinze ans auparavant. D'abord, le marquis avait beaucoup de rivaux, en particulier Hugues le Noir et Herbert II de Vermandois, qui n'auraient probablement pas accepté l'élection. Mais surtout, il semblerait qu'il ait été angoissé par la mort précoce de son père. Richer de Reims explique que le marquis de Neustrie se souvenait que son père était mort pour sa « prétention » et ainsi redoutait de régner. C'est alors que « les Gaulois, soucieux de paraître libres de l'élection de leur roi, s'assemblèrent sous la présidence d'Hugues pour délibérer de la création d'un roi »[37]. Le moine rémois prête à Hugues le discours suivant :
« Le roi Charles est mort misérablement. Si mon père et nous, nous avons blessé la majesté divine par certains de nos actes, il nous faut employer tous nos efforts pour effacer la trace. Discutons d'un commun accord du choix d'un prince. Bien que créé roi autrefois par votre volonté unanime mon père a commis un grand crime en régnant, puisque vivait encore celui qui seul avait le droit de régner et que vivant, il a été enfermé en prison. Cela croyez-moi, Dieu ne l'a pas accepté. Aussi n'est-il pas question que je prenne la place de mon père. »— Richer de Reims, apr. 990[38].
Hugues sait bien que la dynastie des Robertiens n'a pas laissé de grandes traces dans l'histoire du royaume : son oncle Eudes est mort après quelques années de règne, délaissé par les grands ; Robert Ier a été tué, par volonté divine dit-on, au cours de la bataille de Soissons après quelques mois de règne ; Raoul n'a pas pu enrayer les troubles qui se sont multipliés dans le royaume durant son règne ; Hugues, enfin, n'a toujours pas d'héritier mâle légitime à qui transmettre son patrimoine[39].
Le couronnement de Louis IV (936)
Arrivé sur le continent, Louis est un jeune prince d'une quinzaine d'années, ne parlant ni latin ni roman mais probablement le vieil anglais. Il ne sait rien de son royaume et il ne possède à peu près rien non plus. Hugues le Grand, après avoir négocié avec les grands du royaume Guillaume Longue Epée, Herbert II de Vermandois et Arnoul de Flandre, se place près de lui comme tuteur[40]. Le nouveau souverain est couronné et sacré par l'archevêque Artaud de Reims le dimanche 19 juin 936 probablement à l'abbaye Notre-Dame et Saint-Jean de Laon[41],[42], peut-être à la demande de Louis puisqu'il s'agit d'un lieu-symbole carolingien investi depuis 905 par son père Charles et qu'il est peut-être né dans cette cité.
Pendant le rituel, Hugues le Grand joue le rôle d'écuyer en portant les armes du roi. On ne sait rien ou presque du couronnement et du sacre de Louis IV. Néanmoins on peut faire des hypothèses, il semble certain que le roi devait porter comme ses prédécesseurs une couronne et un sceptre (denier de Laon). Ensuite il est tout aussi évident, qu'il a dû faire la promesse devant les évêques de Francie de respecter les privilèges de l'Église. Peut-être portait-il l'anneau (signe religieux), le glaive et le bâton de saint Remi (en référence au baptême de Clovis). Enfin, le nouveau roi portait peut-être comme son ancêtre Charles le Chauve un manteau de soie bleue orbis terrarum qualifié de vêtement cosmique (en référence à la Vulgate) ou alors un manteau de pourpre tissé de pierres précieuses et de fils d'or porté par Eudes (888) ou son fils Lothaire le jour de son inhumation (986) ?[43].
Le jeune roi va rapidement devenir le jouet de Hugues le Grand qui règne de fait sur la Francie depuis la mort de son père en 923. Territorialement, Louis est assez démuni puisqu'il ne possède que quelques ressources foncières autour des anciens domaines carolingiens (Compiègne, Quierzy, Verberie, Ver et Ponthion), mais aussi des abbayes (abbaye Saint-Jean de Laon, abbaye Saint-Corneille, Corbie et Fleury-sur-Loire) et enfin les revenus de la province de Reims. On sait que le souverain a le pouvoir de nommer les suffragants de l'archevêque de Reims. Laon devient définitivement un « réduit de la légitimité carolingienne » éloignée de la vallée de la Loire tenue par les Robertiens[44].
Hugues le Grand, le second du royaume
En 936, le marquis de Neustrie est bien entendu en mesure d'acquérir une suprématie sur le royaume. Son pouvoir se décline sous deux formes : le titre extraordinaire de Dux Francorum (« duc des Francs »)[45] que Louis IV a défini successivement sous trois formes (en 936, en 943 et en 954) et d'un pouvoir sur la Neustrie qui fait de Hugues un véritable princeps (« prince territorial »). Ce titre est, pour la première fois, officialisé par la chancellerie royale[46].
Ainsi les diplômes royaux de la seconde moitié de l'année 936 confirment le caractère envahissant de Hugues le Grand : il est dit duc des Francs « en tous nos regna après nous »[47]. Ce contenu signifie aussi que le duc Hugues nie l'existence de la principauté de Bourgogne, territoire que Hugues le Noir pensait avoir acquis depuis la mort de son frère le roi Raoul[48]. En outre, dès le début de 937, celui que certains appellent « le roi du duc »[49], tente de mettre un frein à la « régence » du duc des Francs ; dans les diplômes Hugues le Grand n'apparaît plus que comme « comte », comme si le titre ducal lui avait été retiré par le roi. Mais le souverain hésite, puisque le titre ducal n'émane pas, à l'origine, de lui mais de son père Charles le Simple qui avait déjà remis cet honor à Hugues en 914. Or, sauf faute grave, Louis IV ne peut le retirer au bénéficiaire[50].
De son côté, Hugues le Grand continue à se prétendre « duc des Francs ». Les actes royaux montrent le duc qui renforce davantage sa légitimité. En 938 dans une lettre, le pape le nomme « duc des Francs », trois ans plus tard il préside à Paris une assemblée au cours de laquelle il élève personnellement, à la manière d'un roi, ses vicomtes au rang de comtes. Enfin, c'est un homme qui est respecté par l'ensemble de l'épiscopat de Francie[51].
Les difficultés du début de règne (938-945)
Louis IV et ses soutiens (938-939)
Article détaillé : Otton Ier du Saint-Empire.Les rivalités entre les grands seigneurs apparaissent comme le seul espoir pour le souverain de s'émanciper de la tutelle robertienne. En 937, Louis IV s'appuie davantage sur son chancelier Artaud l'archevêque de Reims, Hugues le Noir et Guillaume Tête d'Etoupe qui s'entendent mal avec Hugues le Grand. Il reçoit aussi l'hommage d'autres nobles importants comme Alain Barbe-Torte de Bretagne, qui a passé comme Louis une partie de sa vie en Angleterre, ou comme le comte Sunyer Ier de Barcelone [52]. Malgré tout, les soutiens au roi restent limités, et c'est le pape qui doit sauver la mise de Louis IV en obligeant les grands à lui prêter hommage dans le courant de l'année 942[53].
Cependant le pouvoir est symbolique puisque le roi n'a plus d'autorité de fait dans le Midi depuis la mort du dernier comte de Marche d'Espagne (878)[54]. Hugues le Grand riposte à ces alliances en se rapprochant d'Herbert de Vermandois, un seigneur très présent en Francie mineure[55] : il possède une tour, appelée château Gaillot, dans la cité laonnoise[56]. L'année suivante, le roi s'empare de la tour du Vermandois à Laon mais le comte met la main sur les places fortes de Reims. Le roi carolingien regarde vers la Lotharingie, la terre de ses ancêtres qu'il souhaiterait prendre à son compte. En 939, le duc Gislebert de Lotharingie, alors révolté contre le roi de Germanie Otton Ier, lui en offre la royauté ; Louis d'Outremer reçoit les hommages de l'aristocratie à Verdun sur le trajet d'Aix-la-Chapelle.
Le duc Gislebert trouve la mort à l'issue de la bataille qui l'opposait à Otton. Louis IV en profite pour épouser sa veuve, Gerberge de Germanie, fille d'Henri Ier et sœur d'Otton Ier. Le roi de Germanie n'entend pas en rester là. Après s'être allié à Hugues le Grand, Herbert de Vermandois et Guillaume Longue Epée, il reprend pied en Lotharingie et se lance contre Reims[57].
« Cependant le roi Louis, rappelé par l'archevêque Artaud revint entra dans Laon et assiégea une nouvelle citadelle bâtie en ce lieu par Herbert. Il fit miner et renverser par beaucoup de machines le mur et la prit enfin avec beaucoup de peine. »— Flodoard de Reims, Annales, v. 940[58].
La crise de l'identité royale (940-941)
Au cours de l'année 940, les envahisseurs pénètrent dans la cité de Reims d'où l'archevêque Artaud est expulsé au profit de Hugues de Vermandois. Herbert s'empare du précieux patrimoine de Saint-Remi. Les contemporains s'interrogent sur le cours des événements :
« ce que les Francs veulent faire de leur roi, qui a franchi la mer à leur demande, auquel ils ont juré fidélité et qui ont menti à Dieu ainsi qu'à ce même roi ? »— Flodoard de Reims, Histoire de l'Eglise de Reims, v. 950[59].
Flodoard édite également à la fin de ses Annales le témoignage d'une fille des environs de Reims (les Visions de Flothilde) témoin de l'éviction d'Artaud à Reims. Flothilde assiste à des colloques entre les saints qui s'alarment à propos de l'infidélité des grands à l'égard du roi. Ce témoignage souligne une conviction largement répandue, surtout parmi les lettrés rémois, que l'ordre et la paix viennent des serments de fidélité au roi, en l'occurrence ici Louis d'Outremer, alors qu'on reproche à Artaud d'avoir délaissé le service divin[60]. La tradition chrétienne de Francie affirmait que saint Martin en personne avait assisté au couronnement de 936. Désormais les deux saints patrons royaux, saint Remi et saint Denis, commencent à désespérer du règne. Pour adoucir le courroux des saints, en plein siège de Reims par Hugues le Grand et Guillaume Longue-Épée, Louis d'Outremer se rend à la basilique Saint-Remi et promet au saint de lui verser une livre d'argent par an[61].
De son côté, le duc des Francs et ses vassaux ont juré allégeance à Otton Ier qui vient de s'installer au palais carolingien d'Attigny avant de faire, en vain, le siège de Laon. En 941, l'armée royale, qui tentait de s'opposer à l'invasion ottonienne, est taillée en pièces et Artaud est soumis aux princes. Désormais le roi Louis est retranché dans le seul bien qui lui reste : la cité laonnoise. Le roi de Germanie estime que le roi des Francs est suffisamment diminué pour lui proposer une réconciliation avec le duc des Francs et le comte de Vermandois : Otton est le nouvel arbitre en Occident[62].
L'affaire de Normandie (943-946)
Articles détaillés : Guillaume Longue Epée et Richard Ier de Normandie.Le 17 décembre 942, le comte des Normands Guillaume Longue Epée est assassiné à Picquigny par les hommes d'Arnoul de Flandre et le 23 février 943, Herbert II de Vermandois trépasse de mort naturelle[63]. Le premier laisse un jeune héritier Richard Ier âgé d'une douzaine d'années, et le second quatre fils adultes. Louis d'Outremer profite de ces troubles pour entrer à Rouen, recevoir l'hommage d'une partie de l'aristocratie normande et proposer sa protection au nouveau comte avec l'aide d'Hugues le Grand[64]. La tutelle de la Normandie est confiée à son fidèle Herluin le comte de Montreuil également vassal d'Hugues tandis que le roi s'empare de la personne du comte qu'il emmène à Laon puis au château de Coucy[65]. En Vermandois, le roi redresse également la tête puisqu'il se fait remettre Saint-Crépin de Soissons après le partage du domaine des Vermandois entre Eudes (comté d'Amiens), Herbert III (comté de Château-Thierry), Robert (comté de Meaux) et Albert (comté de Saint-Quentin). Ce dernier promet sa fidélité au roi et l'abbaye Saint-Crépin de Soissons est finalement remise à Renaud de Roucy[66]. Entre temps, en 943, lors de l'hommage prêté au roi, Hugues le Grand obtient une nouvelle fois du souverain le ducatus Franciae (duché de Francie) ainsi que le pouvoir sur la Bourgogne[67].
Durant l'été 945 le roi Louis se rend en Normandie après l'appel de son fidèle Herluin victime d'une grave révolte. Alors que les deux hommes chevauchent, ils tombent dans une embuscade près de Bayeux[68]. Son compagnon Herluin est assassiné mais le souverain parvient à s'enfuir à Rouen ; il est finalement capturé par des Normands probablement manipulés par le duc des Francs. Les ravisseurs exigent de la reine Gerberge qu'elle donne en otage ses fils Charles et Lothaire contre la libération de Louis IV. La souveraine ne cède que Charles, le plus jeune, et l'évêque Gui de Soissons (et peut être aussi celui de Beauvais) prend la place de son fils Lothaire[69]. Comme son père, Louis IV est gardé en captivité. Il est enfermé par le comte de Tours Thibaud le Tricheur pendant plusieurs mois. Le guet-apens et la capture du souverain ont été commandités par Hugues le Grand qui veut définitivement mettre à pied un roi qui commençait à lui échapper[70]. En fin de compte, épris de pitié et sûrement pressé par Otton et Edmond de Wessex, Hugues décide de libérer le roi des Francs :
« Hugues le Grand restitua au roi Louis la fonction des rois ou plutôt le nom »— Flodoard de Reims, Annales, v. 950[71].
Hugues est le seul à décider s'il souhaite déchoir ou relever Louis IV. En contrepartie de la libération du souverain, il exige qu'on lui remette la ville de Laon[72]. La royauté carolingienne est au fond du gouffre, elle ne maîtrise plus rien et ne possède plus rien. En juin 946, un diplôme royal s'intitule avec optimisme « onzième année du règne de Louis quand il eut recouvré la Francia »[73].
Sous la coupe ottonienne (946-954)
Le procès d'Hugues le Grand (948-949)
Le puissant voisin de Germanie ne se satisfait pas du renforcement de pouvoir de Hugues le Grand. Le duc des Francs ne doit pas s'accaparer de toute de la Francie mais respecter le partage des pouvoirs. En 946, Otton Ier et Conrad III de Bourgogne pénètrent ensemble à Reims avec une armée considérable selon Flodoard. L'archevêque Hugues de Vermandois s'enfuit et Artaud est une seconde fois rétabli après six années d'exclusion : « Robert, archevêque de Trèves et Frédéric, archevêque de Mayence le prennent chacun par la main » (Flodoard). Quelques mois plus tard, le roi Louis libre se joint à eux contre Hugues le Grand et ses alliés qu'il combat à la bataille de Rougemare. Au printemps 947, Louis et son épouse Gerberge, alors qu'ils passent les fêtes de Pâques à Aix-la-Chapelle chez Otton, demande de l'aide auprès de ce dernier contre Hugues le Grand[74].
Entre la fin de l'année 947 et la fin de l'année 948, quatre synodes impériaux sont tenus par Otton entre Meuse et Rhin pour régler le sort du siège archiépiscopal de Reims et celui d'Hugues le Grand[75]. L'une de ces réunions est celle d'Ingelheim (juin 948) au cours de laquelle étaient présents le légat apostolique, trente prélats germaniques et bourguignons et enfin Artaud et son suffragant de Laon parmi les ecclésiastiques de Francie. Louis d'Outremer, avec la permission d'Otton, expose ses griefs contre Hugues le Grand apparemment en saxon pour se faire comprendre du souverain germanique. On a conservé les actes qui décident au final : « Que nul n'ose à l'avenir porter atteinte au pouvoir royal ni le déshonorer traîtreusement par un perfide attentat. Nous décidons en conséquence que Hugues, envahisseur et ravisseur du roi Louis, sera frappé du glaive de l'excommunication à moins qu'il ne se présente dans les délais fixés devant le concile et qu'il ne s'amende en donnant satisfaction pour son insigne perversité. »[76]
Mais le duc des Francs, ne tenant pas compte de la sentence, dévaste Soissons, les biens rémois, et profane des dizaines d'églises. De son côté, son allié Thibaud le Tricheur, qui vient d'épouser Liutgarde, fille d'Herbert II de Vermandois, fait édifier une forteresse à Montaigu (dans le Laonnois) pour narguer le roi, et s'empare de la seigneurie de Coucy (terres rémoises).Le synode de Trèves (septembre 948) décide de les excommunier. Gui de Soissons, qui avait ordonné Hugues de Vermandois, doit se repentir tandis que Thibaud d'Amiens et Yves de Senlis, tous deux consacrés par Hugues, sont excommuniés. Le roi, avec l'aide d'Arnoul, expulse Thibaud du siège d'Amiens et fait consacrer Raimbaud à sa place (949)[77].
Le retour de l'équilibre
La dernière étape de l'émancipation de Louis montre que son règne n'a pas été totalement négatif. Le roi entre à Laon où, sur ordre d'Hugues le Grand, Thibaud lui livrera la tour quelques mois plus tard. Le souverain reprend, au détriment des vassaux d'Herbert, le château de Corbeny que son père avait donné à Saint-Remi de Reims puis, au passage, il autorise l'archevêque Artaud à battre monnaie dans sa cité[78]. En 950, le souverain et le duc se réconcilient définitivement. À la mort d'Hugues le Noir (952), Hugues le Grand s'empare de la Bourgogne. Louis, désormais allié à Arnoul de Flandre et Albert de Vermandois, exerce une autorité réelle en Francie occidentale au nord de la Loire. Il reçoit même la fidélité de Liétald II de Mâcon et Charles-Constantin de Vienne. Louis et son fils Lothaire sont les derniers rois à se montrer au sud de la Loire avant bien longtemps.
Vers 951 le roi tombe gravement malade lors d'un séjour en Auvergne et décide d'associer au trône le jeune Lothaire âgé d'une dizaine d'années[79]. Au cours de ce séjour, il reçoit l'hommage de l'évêque Étienne de la famille des vicomtes de Clermont. Le roi se remet grâce à l'aide de sa femme la reine Gerberge. Cette dernière a un rôle déterminant durant le règne de son mari. Elle lui a donné sept enfants dont l'héritier Lothaire – que Flodoard cite ainsi pour ne pas confondre avec le fils de Louis le Pieux : « Lotharius puer, filius Ludowici » (l'enfant Lothaire, fils de Louis) –, Mathilde qui épousera en 964 Conrad III de Bourgogne et enfin Charles qui sera fait duc de Basse-Lotharingie par Otton II (977)[80].
Durant les années 950, le réseau royal se remet en place en s'appuyant sur les différents palais qu'a recouvrés le roi. Sous Louis IV (comme ce sera le cas pour son successeur), on note un resserrement géographique autour de Compiègne, Laon et Reims qui finit par donner au château laonnois une primauté incontestable. Ainsi par le biais des diplômes émis par le chancellerie royale, on peut suivre l'itinéraire des séjours de Louis IV. Le roi se rendait le plus souvent au palais de Reims (21 % des actes), de Laon (15 %), de Compiègne et de Soissons (2 % chacun)[81].
La mort du roi et la légende du Loup
Articles détaillés : Adalbéron de Reims et Lothaire de France.Au début des années 950, la reine Gerberge, prise d'une peur eschatologique, prend soin de consulter Adson de Montier-en-Der, auteur du traité De ortu et tempore Antichristi (De la naissance de l'époque de l'Antéchrist). Ce dernier rassure Gerberge en lui affirmant que l'arrivée de l'Antéchrist n'aura pas lieu avant la fin des royaumes de Francie et de Germanie, les deux « imperia » fondamentaux de l'Univers dit-il. Le roi des Francs peut donc continuer à régner sans crainte, le Ciel porte sa légitimité[82].
Pourtant, à la fin de l'été de l'an 954, Louis IV chevauche avec ses compagnons sur la route qui relie Laon à Reims. Alors qu'il traverse la forêt de Voas (près de sa résidence de Corbeny), il aperçoit un loup qu'il tente de poursuivre. Flodoard, à qui on doit ces détails, explique que le roi fait une chute de cheval. Emporté en urgence à Reims, il finit par décéder de ses blessures. Pour le chanoine rémois, le loup que le souverain tentait de chasser n'était pas un animal mais une créature fantastique, une intervention surnaturelle divine.
Flodoard rappelle en effet qu'en 938 Louis IV avait pris d'assaut Corbeny, dans une brutalité extrême et sans respecter les donations faites aux moines par son père. Ainsi la puissance divine se serait-elle vengée en lançant le maléfice du Loup par le biais d'une « peste » sur la dynastie carolingienne. Le constat est troublant. D'après Flodoard, Louis serait décédé de la tuberculose (qu'on appelle alors pesta elephantis), puis plus tard en 986, Lothaire décédera[83] à son tour d'une « peste » alors qu'il vient d'assiéger Verdun par la force, et enfin son petit-fils Louis V sera victime lui aussi d'une chute de cheval en 987 alors qu'il avait quelques mois plus tôt assiégé la cité de Reims pour obtenir le procès de l'archevêque Adalbéron[84].
À peine le roi décédé, la reine se sent obligée de demander l'aval du duc Hugues pour sacrer son fils Lothaire. C'est chose faite le 12 novembre 954 à Saint-Remi de Reims[85]. Gerberge, femme dynamique et dévouée, prend en charge l'inhumation de son défunt mari à Saint-Remi de Reims. Chose inhabituelle dans le royaume carolingien de Francie, elle s'occupe de la mémoire dynastique. Il faut dire que la reine, de descendance ottonienne, était constamment aux côtés du roi : elle a résisté aux sièges de Laon (941) et de Reims (946) puis participé aux expéditions militaires d'Aquitaine (944) et de Bourgogne (949)[86]. En Francie et en Germanie, le rôle des reines est différent : la mémoire dynastique ici revient surtout à la communauté masculine. Rédigée peu après 956, peut-être par Adson de Montier-en-Der — selon Karl Ferdinand Werner —, la Vie de Clotilde[87] propose à la reine Gerberge le modèle d'une reine fondatrice d'une église destinée à accueillir la sépulture des membres de la dynastie carolingienne (Saints-Apôtres) : elle peut faire de Saint-Remi de Reims la nécropole royale. D'ailleurs, dans un diplôme daté de 955, Lothaire est poussé par sa mère à confirmer l'immunité de Saint-Remi, lieu familial du sacre et de l'inhumation.
La régence du royaume ne revient pas à Gerberge mais à son frère Brunon de Cologne, ce qui marque encore une fois le contrôle ottonien en Francie durant toute la seconde moitié du Xe siècle[88]. Ainsi, avec le règne de Louis IV qui s'achève et celui de Lothaire qui commence, le Xe siècle n'est pas le « sombre siècle de fer et de plomb (...) mais au contraire (...) le dernier siècle de l'Europe carolingienne[89]. »
Annexes
Bibliographie
Ouvrages
- Geneviève Bührer-Thierry (dir.), Pouvoirs, Église et société. France, Bourgogne et Germanie (888-XIIe siècle), Paris, CNED, 2008.
- Philippe Depreux, Charlemagne et les Carolingiens, Paris, Tallandier, 2002.
- Jean-Philippe Genet, Les îles Britanniques au Moyen Âge, Paris, Hachette, 2005.
- Marie-Céline Isaïa (dir.), Pouvoirs, Église et société. France, Bourgogne et Germanie (888-XIIe siècle), Paris, Atlande, 2009.
- Robert Delort (dir.), La France de l'an Mil, Paris, Seuil, 1990.
- Olivier Guillot, Yves Sassier, Pouvoirs et institutions dans la France médiévale, tome 1, Des origines à l'époque féodale, Colin, Paris, 2003. (ISBN 978-2200265007)
- Dominique Iogna-Prat (dir.), Religion et culture autour de l'an Mil, Picard, Paris, 1990. (ISBN 978-2708403925)
- Michel Parisse (dir.), Le Roi de France et son royaume autour de l'an mil, Picard, Paris, 1992. (ISBN 978-2708404205)
- Pierre Riché, Les Carolingiens, une famille qui fit l'Europe, Paris, Hachette, 1999.
- Yves Sassier, Royauté et idéologie au Moyen Âge, Colin, Paris, 2000. (ISBN 978-2200016562)
- Laurent Theis, L'Héritage des Charles, De la mort de Charlemagne aux environs de l'an mil, Seuil, Paris, 1990. (ISBN 978-2020115537)
Articles
- Xavier Barral i Altet, « Le paysage architectural de l'an Mil », La France de l'an Mil, Seuil, Paris, 1990, p. 169-183.
- Alexandre Bruel, « Études sur la chronologie des rois de France et de Bourgogne », Bibliothèque de l'École des Chartes, 141, 1880.
- André Chédeville, « Le paysage urbain vers l'an Mil », Le Roi et son royaume en l'an Mil, Picard, Paris, 1990, p. 157-163.
- Robert Delort, « France, Occident, monde à la charnière de l'an Mil », La France de l'an Mil, Seuil, Paris, 1990, p. 7-26.
- Guy Lanoë, « Les ordines de couronnement (930-1050) : retour au manuscrit », Le Roi de France et son royaume autour de l'an mil, Picard, Paris, 1992, p. 65-72.
- Anne Lombard-Jourdan, « L'Invention du "roi fondateur" à Paris au XIIe siècle », Bibliothèque de l'École des Chartes, 155, 1997.
- Hervé Pinoteau, « Les insignes du roi vers l'an mil », Le Roi de France et son royaume autour de l'an mil, Picard, Paris, 1992, p. 73-88.
- Jean-Pierre Poly, « Le capétien thaumaturge : genèse populaire d'un miracle royal », La France de l'an Mil, Seuil, Paris, 1990, p. 282-308.
- Annie Renoux, « Palais capétiens et normands à la fin du Xe siècle et au début du XIe siècle », Le Roi de France et son royaume autour de l'an mil, Picard, Paris, 1992, p. 179-191.
- Laurent Ripart, « Le royaume de Bourgogne de 888 au début du XIIe siècle », Pouvoirs, Église et société (888-début du XIIe siècle), Paris, CNED, 2008, p. 72-98.
- Michel Sot, « Hérédité royale et pouvoir sacré avant 987 », Annales ESC, 43, 1988.
- Michel Sot, « Les élévations royales de 888 à 987 dans l'historiographie du Xe siècle », Religion et culture autour de l'an Mil, Picard, Paris, 1992, p. 145-150.
Notes et références
- ↑ La date de naissance précise de Louis est inconnue. On sait grâce aux Annales de Flodoard qu'il avait une quinzaine d'années en 936 et qu'il est né dans la région de Laon-Reims.
- ↑ J.-P. Genet, Les îles Britanniques au Moyen Âge, Paris, Hachette, 2005, p. 81.
- ↑ J.-P. Genet (2005), op. cit., p. 54.
- ↑ J.-P. Genet (2005), op. cit., p. 55.
- ↑ P. Riché, Les Carolingiens. Une famille qui fit l'Europe, Paris, Hachette, 1999, p. 279-280.
- ↑ J.-P. Genet (2005), op. cit., p. 56.
- ↑ M.-C. Isaïa (dir.), Pouvoirs, Eglise et société. France, Bourgogne, Germanie, 888-1120, Paris, Atlande, 2009, p. 78-79.
- ↑ M.-C. Isaïa (2009), op. cit., p. 83-86.
- ↑ M.-C. Isaïa (2009), op. cit., p. 91-93.
- ↑ M.-C. Isaïa (2009), op. cit., p. 94-95.
- ↑ L. Ripart, « Le royaume de Bourgogne de 888 au début du XIIe siècle », Pouvoirs, Église et société (888-début du XIIe siècle), Paris, CNED, 2008, p. 73-75.
- ↑ J.-P. Delumeau, L'Italie au Moyen Âge (Ve ‑ XVe siècle), Paris, Hachette, 2004, p. 37.
- ↑ J.-P. Delumeau (2004), op. cit., 39.
- ↑ L. Ripart (2008), op. cit., p. 82.
- ↑ L. Ripart (2008), op. cit., p. 84.
- ↑ O. Bruand, Voyageurs et marchandises aux temps carolingiens, De Boeck, 2002, p. 31-34.
- ↑ P. Depreux, Charlemagne et les Carolingiens, Paris, Tallandier, 2002, p. 108.
- ↑ P. Depreux (2002), op. cit., p. 109.
- ↑ P. Contamine (dir.), L'économie médiévale, Paris, Armand Colin, 2003, p. 88-90.
- ↑ P. Contamine (2003), op. cit., p. 77. Voir en particulier, la thèse de S. Lebecq, Marchands et navigateurs frisons du haut Moyen Âge, Lille, 1983.
- ↑ P. Contamine (2003), op. cit., p. 126-127.
- ↑ P. Contamine (2003), op. cit., p. 128.
- ↑ P. Contamine (2003), op. cit., p. 128.
- ↑ Flodoard, Histoire de l'Église de Reims, p. 548-549.
- ↑ P. Depreux (2002), op. cit., p. 128-129.
- ↑ La Lotharingie est le berceau de la famille carolingienne. Les ancêtres de Charlemagne, les Pépinides étaient originaires de Lotharingie (Herstal, Jupille...). Depuis le traité de Verdun de 843, la Lotharingie est indépendante et chacune des deux parties (Francie occidentale et orientale tente de la récupérer à son compte). M.-C. Isaïa (2009), op. cit., p. 81.
- ↑ M.-C. Isaïa (2009), op. cit., p. 82.
- ↑ P. Depreux (2002), op. cit., p. 131-132.
- ↑ P. Depreux (2002), op. cit., p. 129.
- ↑ Richer de Reims, Gallica Histoire de son temps, livre I, p. 87
- ↑ M.-C. Isaïa (2009), op. cit., p. 87.
- ↑ J.-P. Poly, « Le Capétien thaumaturge. Genèse populaire d'un miracle royal », La France de l'an Mil, Paris, Seuil, 1990, p. 296.
- ↑ Toussaint-Duplessis, Annales de Paris. Jusqu'au règne de Hugues Capet, 1753, p. 201.
- ↑ On peut aussi trouver Transmarinus. P. Lauer, Le Règne de Louis IV d'Outremer, Paris, Bouillon, 1900, p. 2.
- ↑ M. Sot, « Hérédité royale et pouvoir sacré avant 987 », Annales ESC, 43, 1988, p. 724.
- ↑ M. Sot (1988), op. cit., p. 727.
- ↑ M. Sot (1988), op. cit., p. 727.
- ↑ M. Sot (1988), op. cit., p. 727.
- ↑ P. Depreux (2002), op. cit., p. 136-137.
- ↑ L. Theis, L'héritage des Charles, Paris, Seuil, 1990, p. 169.
- ↑ Michel Bur, La Champagne médiévale, 2005, p. 657
- ↑ Le chroniqueur Aimon de Fleury nous dit dans sa Gestis francorum que Louis d'Outre-Mer reçut l'onction royale dans l'abbaye Saint-Vincent de Laon
- ↑ M.-C. Isaïa (2009), p. 131 ; H. Pinoteau, « Les insignes du roi vers l'an mil », Le Roi de France et son royaume autour de l'an Mil, Paris, Picard, 1990, p. 76-80.
- ↑ L. Theis (1990), op. cit., p. 169.
- ↑ Titre que portaient Charles Martel ou Pépin le Bref lorsqu'ils étaient maires du palais pour le compte des derniers rois mérovingiens.
- ↑ O. Guillot, Pouvoirs et institutions dans la France médiévale, t. 1, Des origines à l'époque féodale, Paris, Colin, 2006, p. 170. L. Theis (1990), op. cit., p. 170.
- ↑ Il faut comprendre que le duc des Francs est désormais le premier personnage du royaume après le roi. Diplôme de Louis IV, n°4, du 26 décembre 936, O. Guillot (2006), op. cit., p. 170.
- ↑ En effet, dans le royaume des Francs au Xe siècle, il ne peut y avoir qu'un seul duc. Or si Hugues se proclame duc de tous les Francs, sur tous les royaumes (Bourgogne et Aquitaine comprises) cela signifie qu'il ne reconnaît pas la légitimité du duc de Bourgogne Hugues le Noir. Cette querelle prend fin au tournant 936-937 lorsque les deux ennemis acceptent de se partager la Bourgogne.
- ↑ Expression de Laurent Theis. C. Bonnet, Les Carolingiens (741-987), Paris, Colin, 2001, p. 214.
- ↑ O. Guillot (2006), op. cit., p. 170-171.
- ↑ O. Guillot (2006), op. cit., p. 171.
- ↑ En effet jusqu'à la fin du Xe siècle, les grands de Catalogne se rendent jusqu'au palais royal, à Laon le plus souvent, pour se faire confirmer des privilèges pour leurs églises et assurer le souverain de leur loyauté. Ainsi Guifred, le frère du comte de Barcelone, reçoit-il un diplôme de Louis d'Outremer renouvelant ses droits sur Saint-Michel-de-Cuxa (937)
- ↑ O. Guillot (2006), op. cit., p. 171.
- ↑ L. Theis (1990), op. cit., p. 155-157.
- ↑ La Francie mineure est la région située entre Loire et Meuse.
- ↑ L. Theis (1990), op. cit., p. 171.
- ↑ L. Theis (1990), op. cit., p. 171-172
- ↑ L. Theis (1990), op. cit., p. 172
- ↑ L. Theis (1990), op. cit., p. 172
- ↑ M.-C. Isaïa (2009), op. cit., p. 49
- ↑ M.-C. Isaïa (2009), op. cit., p. 317.
- ↑ L. Theis (1990), op. cit., p. 171-172
- ↑ D'après les sources contemporaines (Dudon de Saint-Quentin et Flodoard de Reims), ce meurtre est d'abord le fait de la vengeance du comte de Flandre qui venait de perdre, au profit de Guillaume, la place de Montreuil mais aussi le fait que le comte des Normands s'était rapproché du roi Louis d'Outremer au détriment de Arnoul et de son seigneur Otton de Germanie. Dudon de Saint-Quentin, De Moribus et actis primorum Normanniae ducum, éd. Jules Lair, Caen, 1865, p. 84.
- ↑ P. Riché (1999), op. cit., p. 287.
- ↑ . Bien que l'histoire de la minorité de Richard soit très confuse, il semblerait que la réalité soit celle-ci. Dudon de Saint-Quentin, op. cit., p. 86-88.
- ↑ L. Theis (1990), op. cit., p. 173.
- ↑ O. Guillot (2006), op. cit., p. 172.
- ↑ Les Normands n'avaient jamais accepté la tutelle d'Herluin. Dudon de Saint-Quentin, op. cit., p. 90.
- ↑ Il semblerait que Richard ait été restitué au même moment aux Normands. Dudon de Saint-Quentin, op. cit., p. 92.
- ↑ L. Theis (1990), op. cit., p. 174.
- ↑ L. Theis (1990), op. cit., p. 174.
- ↑ Richer de Reims, Gallica Histoire de son temps, livre II, p. 203
- ↑ L. Theis (1990), op. cit., p. 174.
- ↑ Régine Le Jan, Femmes, pouvoir et société dans le haut Moyen Âge, 2001, p. 35
- ↑ L. Theis (1990), op. cit., p. 174-175.
- ↑ L. Theis (1990), op. cit., p. 176.
- ↑ L. Theis (1990), op. cit., p. 177 et 200.
- ↑ Flodoard, Histoire de l'Église de Reims, p. 548-549.
- ↑ M.-C. Isaïa (2009), op. cit., p. 190-191.
- ↑ Flodoard, Histoire de l'Église de Reims, p. 550.
- ↑ A. Renoux, « Palais capétiens et normands à la fin du Xe siècle et au début du XIe siècle », Le Roi de France et son royaume autour de l'an Mil, Paris, Picard, 1990, p. 181 et 191.
- ↑ Y. Sassier, Royauté et idéologie au Moyen Âge. Empire, monde franc, France (IVe-XIIe siècles), Paris, Colin, 2002, p. 188-189.
- ↑ Richer de Reims, Gallica : Histoire de son temps - La mort de Lothaire, livre III, p. 137
- ↑ J.-P. Poly (1990), op. cit., p. 292-294.
- ↑ O. Guillot (2006), op. cit., p. 173.
- ↑ M.-C. Isaïa (2009), op. cit., p. 271.
- ↑ Michel Rouche, Clovis, histoire et mémoire, 1997, p. 147
- ↑ M.-C. Isaïa (2009), op. cit., p. 271.
- ↑ P. Riché (1999), op. cit., p. 279.
Voir aussi
Articles connexes
- Charles le Simple
- Charles de Basse-Lotharingie
- Raoul
- Æthelstan de Wessex
- Hugues le Grand
- Hugues le Noir
- Herbert II de Vermandois
- Thibaud le Tricheur
- Flodoard de Reims
- Otton Ier
- Guillaume Longue Epée
- Richard Ier
- Lothaire
Liens externes
- (fr) Flodoard, Histoire de l'Église de Rheims
- (fr) Dudon de Saint-Quentin, De Moribus et actis primorum Normanniae ducum
- (fr) Richer de Reims, Histoires, IV
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