- Wojciech Jaruzelski
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Wojciech Jaruzelski Wojciech Jaruzelski dans les années 1980Mandats 4e président de la République de Pologne
(1er de la Troisième République)31 décembre 1989 – 21 décembre 1990
( 11 mois et 20 jours)Président du Conseil Tadeusz Mazowiecki Prédécesseur lui-même Successeur Lech Wałęsa 1er président de la
République populaire de Pologne19 juillet 1989 – 31 décembre 1989 Prédécesseur Lui-même (président du Conseil d'État) Successeur Lui-même (président de la République) 7e président du Conseil d'État
de la République populaire de Pologne6 novembre 1985 – 19 juillet 1989 Prédécesseur Henryk Jabłoński Successeur Lui-même (président de la République) 53e président du Conseil des ministres polonais 11 février 1981 – 6 novembre 1985 Prédécesseur Henryk Jabłoński Successeur Zbigniew Messner Ministre de la Défense nationale 1969 – 1985 Prédécesseur Marian Spychalski Successeur Florian Siwicki 6e Premier secrétaire du Parti ouvrier unifié polonais 1981 – 1989 Prédécesseur Stanisław Kania Successeur Mieczysław Rakowski Biographie Nom de naissance Wojciech Witold Jaruzelski Date de naissance 6 juillet 1923 Lieu de naissance Kurów Nationalité polonaise Parti politique Parti ouvrier unifié polonais (PZPR) Conjoint Barbara Jaruzelska Profession Militaire Religion Athéisme Signature
Présidents de la République de Pologne modifier Le général Wojciech Jaruzelski (en API ˈvɔjtɕɛx jaruˈzɛlskʲi, écouter), de son nom complet Wojciech Witold Jaruzelski, est un homme politique et militaire polonais né le 6 juillet 1923 à Kurów, province de Lublin.
Président du Parti communiste polonais et président de la République populaire de Pologne de 1981 à 1989, il est surtout connu pour le long bras de fer qui l'opposa au syndicat Solidarność, qu'il réprima en décembre 1981 en faisant interner des milliers de ses militants syndicaux, ainsi que son leader, Lech Wałęsa, pendant près d'un an. La répression s'avérant impuissante, le général Jaruzelski négocia finalement la transition pacifique vers la démocratie, en acceptant en 1989 de partager le pouvoir avec l'opposition anticommuniste incarnée par le syndicat Solidarność, avant de s'effacer définitivement de la vie publique fin 1990 ; son ancien ennemi, Lech Wałęsa, le remplaça à la tête de la Pologne.
Sommaire
Biographie
Origines familiales
Wojciech Jaruzelski appartient à une famille noble qui descend du chevalier Slepowron (d'où les armes de cette famille – le blason « Slepowron ») à qui en 1224 le prince Conrad de Mazovie donna des biens terriens de Jeruzale (appelés plus tard Jaruzele) en récompense de sa participation aux guerres contre la tribu païenne des Sudaves. Le grand-père du général, également prénommé Wojciech (lat. Adalbert) prit part à l'insurrection de Janvier (1863) et fut déporté en Sibérie par l'État russe pour y avoir participé (condamné à 12 ans, il en revint après 8 ans suite à une amnistie du tsar). Le père du général participa en tant que volontaire à la guerre russo-polonaise de 1920.
Dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale
Lors de l'invasion de la Pologne le 1er septembre 1939, fuyant l'avancée des armées allemandes, la famille Jaruzelski prend la direction de l'est. Le 17 septembre, c'est au tour de l'Armée rouge d'envahir la Pologne – la famille, qui s'était abritée dans un manoir (Jagnieszczyce) dans les environs de la ville de Lida fait demi-tour et, pour échapper aux Soviétiques, se dirige cette fois vers l'ouest. Les Jaruzelski sont témoins des durs combats de Dereczyn et, après avoir franchi le Niémen, de la bataille pour la ville de Grodno. C'est de justesse qu'ils échappent aux blindés soviétiques et, le 23 septembre 1939, ils passent la frontière lituanienne, où ils trouvent refuge.
Après l'invasion de la République de Lituanie par l'Armée rouge en 1940, afin d'éviter la déportation qui frappe des centaines de milliers de Polonais sous l'occupation soviétique, le père de Wojciech Jaruzelski dépose auprès des autorités une demande de citoyenneté soviétique. Cependant, le 14 juin 1941 (une semaine avant l'attaque allemande), les Jaruzelski sont arrêtés par le NKVD, qui confisque entre autres à ces « ennemis du peuple » 99 marks allemands, 3 roubles impériaux en or, un couteau finlandais avec fourreau et un appareil Kodak.
Transportée d'abord en camion, la famille est ensuite séparée (les enfants restent avec la mère et le père se retrouve dans un autre transport) : en wagons à bestiaux, Wojciech Jaruzelski avec sa mère et sa sœur sont envoyés vers les Montagnes de l'Altaï, tandis que son père est envoyé au goulag n°7 (territoire de Krasnoïarsk, au milieu de la Sibérie). Le voyage dure environ un mois – après être passés par Omsk, Novossibirsk, les Jaruzelski se retrouvent assignés dans le hameau Touratchak dans les montagnes de l'Altaï, à 180 km de la ville de Biïsk.
De la déportation en URSS à l'armée de la Pologne communiste
Pour subvenir, en l'absence du père, aux besoins de la famille (sa mère tombe rapidement malade), le jeune Wojciech Jaruzelski travaille à l'abattage des arbres dans la taïga. Libéré par l'amnistie des Polonais provoquée par la signature à Londres des accords Sikorski-Maïski (qui stipulent l'amnistie pour les centaines de milliers de Polonais déportés de la partie annexée par l'URSS lors de l'agression de la Pologne par l'URSS et le Reich, alors alliés), le père de Wojciech arrive à Biïsk, où Wojciech et sa mère le rejoignent après avoir réussi à s'échapper de Touratchak en janvier 1942. Le père tente d'engager son jeune fils dans l'armée polonaise formée en URSS par le général Anders, mais il se heurte à un refus des autorités soviétiques qui, malgré les accords en vigueur, empêchent au niveau local le départ des Polonais. Le 4 juin 1942, le père de Wojciech Jaruzelski meurt à Biïsk de dysenterie ; il sera enterré au cimetière de la ville.
Après une tentative infructueuse d'intégrer l'armée polonaise du général Anders (grâce à laquelle 125 000 Polonais réussiront à quitter l'URSS pour l'Iran, puis l'Irak et la Palestine, pour combattre par la suite en Italie), Wojciech Jaruzelski fait des études à l'école (soviétique) des officiers de Riazan, puis il est versé dans la 2e Division d'infanterie (Henryk Dombrowski) de la nouvelle armée polonaise « populaire » formée sous les auspices des Soviets après le départ de l'URSS de l’armée Anders. Il y devient commandant d'un peloton de reconnaissance. En qualité d’assistant du chef d'état-major du 5e Régiment d'infanterie, il suit le parcours de la 1re Armée polonaise (« populaire »). Il prend part aux combats de la Vistule dans les environs de Varsovie et à la prise de la ligne fortifiée de Poméranie, puis aux combats de la Baltique et de l'Oder. Dans les années 1945-1947, Wojciech Jaruzelski participe à la lutte contre la résistance polonaise anticommuniste dans les environs de Częstochowa et de Piotrków Trybunalski. Selon des documents se trouvant aux archives de l'Institut national de la Mémoire (IPN), il collabore à cette époque en tant qu'agent informateur (pseudo – Wolski) avec l'Information Militaire (IW – Informacja Wojskowa), organe de contre-espionnage totalement inféodé à l'URSS fonctionnant en Pologne dans les années 1944-1957. Le général Jaruzelski réfute catégoriquement cette accusation.
Il est diplômé avec mention de l'École Supérieure de l'Infanterie et de l'Académie de l'État-major Général. Dans les années 1947-1957 il enseigne la tactique et le service d'état-major à l'École Supérieure de l'Infanterie ; il est le chef de la direction des académies militaires, des écoles et des cours d'officiers ainsi que le second du chef de l'Administration Centrale de Formation militaire. Entre 1950 et 1952, il fréquente les cours de l'Université du Marxisme et Léninisme, qu'il termine avec la note maximale (très bien). En 1956, il est le plus jeune officier à être promu au grade de général. En octobre de la même année (après les événements et les troubles qui provoquent une apparence d’évolution du régime communiste), Wojciech Jaruzelski est le seul général polonais à se prononcer pour le maintien du maréchal Constantin Rokossovski (Russe d'origine polonaise) au sein de l'Armée Polonaise Populaire. Entre 1957 et 1960, il commande la 12e Division mécanisée à Szczecin (près de la frontière avec la RDA).
En 1960, il est nommé chef de l'Administration Politique de l'Armée polonaise (Główny Zarząd Polityczny WP) et, en 1962, il est nommé au poste de vice-ministre de la Défense nationale. À partir de 1965, Wojciech Jaruzelski devient le chef d'état-major de l'armée polonaise. Dans les années 1967-1968, en tant que membre de la direction restreinte du ressort de la Défense, il est co-responsable de l'éviction de l'armée et de la dégradation d'environ 1300 officiers polonais d'origine juive ou mariés à des femmes d'origine juive, ce qui constitue un volet des agissements antisémites de l'État communiste polonais (agissements qui vont culminer lors des « événements de mars » 1968). Dans le cadre de l'action antisémite, l'origine juive a été également attribuée – à tort – au ministre de la Défense nationale Marian Spychalski. Ce dernier perd son poste et il est alors remplacé par Wojciech Jaruzelski, qui sera le ministre de la Défense nationale du 11 avril 1968 au 21 novembre 1983.
Le dirigeant à poigne des années 1980
Ministre de la Défense nationale en 1968, puis membre suppléant et enfin membre de plein droit du bureau politique au début des années 1970, il fait dès lors partie du premier cercle des dirigeants de la Pologne communiste : en 1970, il fait tirer sur les manifestants lors des émeutes qui font tomber Władysław Gomułka.
Il est nommé président du Conseil des ministres (chef du gouvernement) le 10 février 1981, puis président du Conseil d'État en 1985. Il devient aussi Premier secrétaire du PZPR le 18 octobre 1981 et ce jusqu'au 29 juillet 1989. Face à la popularité grandissante du syndicat Solidarność et de son chef Lech Wałęsa, il impose le 13 décembre 1981 l'état de siège. Cette mesure est approuvée par le chancelier de la RFA, Helmut Schmidt, alors en voyage en Allemagne de l'Est. Il a ensuite présidé la Pologne entre 1989 et 1990.
Critiqué pour son attitude face à Solidarność, il affirme dans un livre de mémoires et d'hommages à ses camarades militaires (Stan wojenny, « L'état de guerre ») que son action fut guidée par un vrai sentiment patriotique : l'état d'urgence, aussi difficile soit-il, était selon lui le meilleur moyen d'éviter l'invasion pure et simple par les troupes soviétiques (ce discours était aussi celui du Chancelier Schmidt, ainsi que de journalistes comme Rudolf Augstein, de Der Spiegel[1], ou encore Theo Sommer (en) dans Die Zeit). Jaruzelski était déjà en froid avec Léonid Brejnev depuis la visite de Jean-Paul II, que le général polonais autorisa malgré l'ordre contraire du dirigeant soviétique.
Après la victoire de Solidarność
En 2005, il rend hommage au pape Jean-Paul II lors de son décès et affirme que le pape avait compris pourquoi il avait déclaré l'état de siège en 1981.
Le 31 mars 2006, le général Jaruzelski est inculpé de « crime communiste » et encourt jusqu'à huit années de prison pour avoir instauré la loi martiale en 1981. Le 17 avril 2007, il est officiellement inculpé[2].
Source
- Rudolf Augstein, "Die Polnische Tragödie", Der Spiegel, Vol. 35, No. 52, 21 décembre 1981, 88
- « Le général Jaruzelski est officiellement mis en accusation pour la loi martiale de 1981 », Le Monde, 18 avril 2007 ; Reprise à Varsovie du procès de Jaruzelski
Précédé de :
Józef PińkowskiPremier ministre de la Pologne
1981-1985Suivi de :
Zbigniew MessnerPrécédé de :
Stanisław KaniaPremier secrétaire du PZPR
1981-1989Suivi de :
Mieczysław RakowskiCatégories :- Militaire polonais de la Seconde Guerre mondiale
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- Dirigeant d'un État communiste
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