- Guerre du Rif
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Guerre du Rif
Débarquement amphibie dans la baie d'Al Hoceima.Informations générales Date 1921-1926 Lieu Rif (nord du Maroc) Issue Victoire franco-espagnole,
Dissolution de la République du Rif,
Exil d'Abdelkrim El KhattabiBelligérants Maroc Espagne
FranceCommandants Abdelkrim El Khattabi
Abdel-Salam Mohammed Abdel-Karim
Mhamadi Bojabbar MohamedManuel Sylvestre †
Dámaso Berenguer
José Millán-Astray
Miguel Primo de Rivera
Philippe Pétain
Hubert LyauteyForces en présence
80,000 irréguliers
300,000 soldats
200,000 soldatsPertes
15,400 morts et blessés
19,000 morts et blessés
12,000 morts et blessésBatailles Bataille d'Anoual modifier La guerre du Rif est une guerre coloniale qui opposa les tribus rifaines aux armées française et espagnole, de 1921 à 1926, dans le Rif, chaîne de montagnes du nord du Maroc. Les deux armées européennes agissaient officiellement en vertu des accords du protectorat passés par le sultan du Maroc, Moulay Abd al-Hafid, avec la France et avec l'Espagne.
Sommaire
Contexte historique
Les Rifains étaient dirigés par des chefs de républiques villageoises appelées aussi « Amghar ».
Contexte géographique
Le protectorat espagnol correspond à deux zones géographiquement disjointes. La zone nord, dont il est question ici, est couverte en partie par la chaîne de montagnes du Rif qui est une des quatre chaînes qui forment le territoire marocain. La zone sous protectorat espagnol comprend, de l'ouest vers l'est les territoires de quatre tribus :
- la Yebala-Locus entre Tanger au nord et Alcazarquvir au sud,
- la Gomara (ou Xauen) entre Uad-Lau au nord et Xauen au sud,
- le Rif central entre la baie d'Villa Alhucemas (ex Villa Sanjurjo) au nord et Dar Drius au sud et enfin,
- le Rif oriental ou Kert au sud de Melilla.
Opérations militaires
Soulèvement d'El-Raisuni
Le commandant espagnol Manuel Fernández Silvestre souhaite devancer une éventuelle poussée française vers Tanger et Larache. Il va se heurter à un chef de guerre local, Mohammed ben Abdallah el-Raisuni. Ce chef irrite les puissances occidentales par les enlèvements d'otages étrangers libérés contre rançon (il menace la route de Tetouan). Après les combats de Oued Ras et Benisidel, il échoue contre Alcazarquivir défendu par Queipo de Llano. Des combats se livrent sans arrêt dans la Yebala mais la région de Melilla s'agite. Les versants du Djebel Gurugu sont menacés en 1916.
Anoual
Le 20 juillet 1921, l'armée espagnole vint mater des rebelles, mais elle fut battue et ainsi se lança l'ambitieux projet de Mohamed Abdelkrim El Khattabi, connu sous le nom d'Abd el-Krim. Les Rifains, qui n'étaient que des paysans montagnards, coupés du grand corps marocain dont ils ne formaient qu'une petite partie, firent une guérilla acharnée aux deux puissances coloniales, l'Espagne et la France. Le général Manuel Fernández Silvestre disposait alors d'une puissante armée forte de 60 000 soldats espagnols pour contrer la tribu des Aït Ouriaghel. Le 21 juillet 1921, celui-ci trouva la mort avec 14 000 de ses hommes au cours de la bataille d'Anoual. Il se suicida[1].
Après Anoual
Après la victoire spectaculaire d’Anoual, Abd el-Krim renforça son pouvoir en créant un Etat, la République du Rif, avec un gouvernement et une administration centralisée. La République du Rif fut dotée d’une Présidence dévolue à Abd el-Krim el-Khattabi, d’une Délégation générale attribuée au frère d’Abd el-Krim, M’hamed el-Khattabi, d’un Ministère de la Guerre dirigé par Ahmed Boudra, de l’Intérieur conduit par le caïd Lyazid, des Affaires Etrangères octroyé à Azerkane, des Finances donné à Abd es-Salam el Khattabi, de la Justice et de l’Instruction confié au faqih Zerhouni.
Ces institutions étaient renforcées par l’application d’une justice unitaire qui interdisait les affrontements entre les différentes tribus au sein de la République. Cela était particulièrement important dans une région marquée par les solidarités claniques et où la logique de la vendetta se substituait souvent au droit. De plus, une intense action d’éducation était menée par des cadis et des fouqaha chargés d’expliquer le sens de la lutte et de mesures telles que l’interdiction du thé ou du tabac.
L'armée était calquée sur le modèle de l'ancienne armée marocaine. Les formations militaires, fortes de vingt à trente milles hommes, âgés de 16 à 50 ans, étaient divisées en « centuries » et subdivisées en groupes de vingt cinq à cinquante hommes assez bien équipés en armes saisies à l’ennemi ou achetées à l’étranger.
La république du Rif
Il réunit ainsi les chefs tribaux, qui organisèrent la résistance par la création de la République confédérée des tribus du Rif le 1er février 1922. Abd-el Krim devint président de la République. Néanmoins en ne se déclarant pas sultan, et en ordonnant aux imams du Rif de faire la Joumouaa (prière du Vendredi) au nom du sultan Moulay Youssef (successeur de Moulay Abd al-Hafid), Abdelkrim ne remit jamais en question l'autorité du roi, et ancra la révolution dans une future révolution nationale marocaine ayant pour objectif de sortir à terme le monde musulman de la colonisation occidentale[2]. De nombreuses lettres de bonne foi restituant la beyaa (allégeance) due au sultan parvinrent à Moulay Youssef. Mais le risque élevé du projet d'Abdelkrim dissuada le sultan qui craignait les réactions des occupants.
Intervention franco-espagnole
La France va être amenée à intervenir aux côtés de l'Espagne.
La légion étrangère espagnole
Une guerre contre les Espagnols s'ensuivit et ils durent se retirer sur la côte. Ils n'occupaient plus, en 1924, que Ceuta, Melilla, Asilah et Larache. L'Espagne refusa progressivement d'exposer ses conscrits, envoyant à la rescousse au Maroc surtout les Regulares et en septembre 1921, la Légion étrangère espagnole, d'abord commandée par Millán-Astray puis par Franco. Ce dernier se retrouve à la tête de deux banderas puis à la tête du Tercio[3].
Comme commandant de la 1ére Bandera, il engage le combat à Dar Drius en janvier 1922. Il contient les Rifains qui menaçaient Melilla. Puis la bandera sera engagée contre les positions rifaines et enlèvera à la baionette Tizi Azza. Le 5 juin 1923, le colonel Rafael Valenzuela qui commande le Tercio est tué en portant secours à Tizi Azza. Francisco Franco est nommé commandant du Tercio le 8 juin 1923. Il battra les rebelles d'Abdelkrim le 22 août suivant à Tifaruin, à l'est de Melilla.
Guerre chimique
À ce moment débutèrent les bombardements chimiques : d'après le général de l'aviation espagnole Hidalgo de Cisneros dans son autobiographie Cambio de rumbo[4], il fut le premier à larguer une bombe de 100 kilogrammes de gaz moutarde depuis son Farman F60 Goliath au cours de l'été 1924, arme chimique fabriquée avec l'aide d'ingénieurs de la Reichswehr[5].
Les descendants des Marocains qui ont souffert de cette guerre chimique (études épidémiologiques avec taux de cancers plus élevés) entre les années 1921 et 1927, regroupés en associations de Rifains, portent depuis leur cause jusqu'au Cortes espagnol pour demander des indemnisations.
Intervention française
En décembre 1924, le Tercio couvre la retraite de Xauen. L'Espagne cherche à négocier un accord avec Abdelkrim. Ceci déclenchera une insurrection générale en Yebala et en Gomara.
Abdelkrim attaqua avec sauvagerie la zone française. Cela entraîna immédiatement une alliance avec la France. La France intervint pour venir au secours de l'Espagne et éviter la contagion au reste du Maroc, alors sous domination française. Des postes avancés furent installés par l'armée française, ce qui provoqua l'affrontement avec les troupes rifaines, écrasées lors de l'offensive française vers Fès pendant l'hiver et le printemps 1924.
Le maréchal Lyautey, résident général au Maroc depuis 1912, écrivit en 1925 : « En présence des éventualités créées par la soudaineté et la violence de l'irruption des Rifains [...], il est impossible de rester dans cette situation, sous peine, je le dis nettement, de risquer de perdre le Maroc[6]. » Il obtint des victoires, mais il fut remplacé par le général Pétain. Le commandant Naulin réussit à vaincre les Rifains.
Défaite rifaine
À l'automne 1925, des négociations échouèrent à cause des exigences des nationalistes rifains. Depuis plusieurs mois, Franco et le général Dámaso Berenguer ont présenté un plan de débarquement dans la baie d'Alhucemas. Les troupes franco-espagnoles repoussèrent les Rifains. Le Tercio établit une tête de pont dans la nuit du 7 septembre 1925 et prennent le 22 septembre les hauteurs du mont Djebel Amekran, nid d'aigle d'Abdelkrim. Le 8 septembre 1925, le débarquement franco-espagnol reçoit l'appui de l'artillerie d'une escadre franco-espagnole. La route d'Ajdir est ouverte. Abdelkrim est contraint à la reddition, à Targuist le 30 mai 1926[7].
Abdelkrim captif
Abdelkrim s'est soumis au général Boichut à Taza et a demandé la protection de la France. Abd el-Krim fut envoyé en exil à l'île de la Réunion en 1926, d'où il s'évada 20 ans plus tard pour fuir en Égypte, où il mourut en 1963.
Des opérations de police suffiront à briser les dernières dissidences des rides montagnards rifains.
Abd el-Krim se plaignit à la Société des Nations de l'utilisation par les aviations espagnole et française de gaz moutarde sur les douars et les villages[8].
En conclusion
La guerre du Rif symbolise aussi l'action de la première génération de pilotes militaires, formés dans les écoles de l'armée française. Celle-ci n'est d'ailleurs pas encore appelée armée de l'air, mais aviation militaire, dépendant du ministère de la guerre. Beaucoup de ces jeunes pilotes, découvrent alors la réalité des manœuvres de l'aviation militaire, embarqués sur des appareils d'observation et de bombardements d'une grande vétusté. À l'inverse de leur supérieurs (patrons), ils ne sont pas héros de la Première Guerre mondiale. Engagés dans des opérations de reconnaissance et d'appuis à l'armée de terre, ils apportent une nouvelle dynamique aux opérations.
Le but de cette guerre pour les forces françaises était, à l'époque, bien sûr de conserver l'influence de la France sur sa colonie marocaine, mais aussi d'unifier les différentes « tribus » sous l'autorité du « Sultan ». Nombre d'opérations de l'armée française était alors effectuées à la demande des « Affaires indigènes ».
Voir aussi
Bibliographie
- Pierre Dumas, Abd-el-krim, Éditions du bon plaisir, 1927, Toulouse
- Vincent Courcelle-Labrousse, Nicolas Marmié, La guerre du Rif, Maroc 1921-1926, Paris, Tallandier, 2008, 364 p. (ISBN 978-2-84734-253-6)
- (en) Antony Beevor (trad. Jean-François Séné), La guerre d'Espagne, Calmann-Lévy, 2006, 896 p. (ISBN 978-2-253-120092-6)
- Philippe Conrad et al., Franco, Éditions Chronique, 1997, 128 p. (ISBN 2-905 969-83-0)(ISSN 1272-3622)
Filmographie
- Rif 1921 - Une histoire oubliée (Titre original : Rif 1921 : una historia olvidada), de Manuel Horillo, scénario de Felipe Vega et Manuel Horillo, produit par Tarifa Digital Pictures et Maestranza Films, 77 minutes, 2007.
Articles connexes
- Histoire du Maroc
- Guérilla
- Traité de Fès
- Protectorat espagnol du Maroc
- Protectorat français du Maroc
Liens externes
Notes et références
- voir Antony Beevor (2006), p. 50 2e §
- Interview de Saïd Khattabi (fils de Abdelkrim Khattabi) par Karim Boukhari : « Abdelkrim Khattabi ne se battait pas contre le roi », sur le site TelQuel : Le Maroc tel qu'il est
- voit Philippe Conrad (1997), p. 21
- Hidalgo, de Cisneros. Cambio de Rumbo, p. 193-7
- (en) Sebastian Balfour, Deadly Embrace: Morocco and the road to the Spanish Civil War, Oxford University Press, 2002 (ISBN 0-1992-5296-3), p. 142
- La guerre du Rif n'aura pas lieu, critique sur nonfiction.fr par Anne Pédron
- voir Philippe Conrad (1997), pp. 23-24
- « Chronique du livre de Courcelle-Labrousse et Marmié », La guerre du Rif, Maroc 1921-1926, dans La Quinzaine littéraire no 973, 16 juillet 2008, page 26 Omar Mezoug,
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