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Guerre du Rif
Guerre du Rif Informations générales Date 1921 Lieu Rif (nord du Maroc) Changements territoriaux aucun Issue Belligérants Maroc Espagne Commandants Abdelkrim El Khattabi général Sylvestre
La Guerre du Rif est une guerre coloniale qui opposa les tribus rifaines (le Rif est une chaîne de montagnes du nord du Maroc) aux armées française et espagnole, de 1921 à 1926. Les deux armées européennes agissaient officiellement en vertu des accords de protectorat passés avec le sultan du Maroc.Sommaire
Contexte historique
Les rifains étaient dirigés par des chefs de républiques villageoises appelées aussi Amghar, le droit coutumier étant distinct du droit religieux.
Le 20 juillet 1921, l'armée espagnole vint mater des rebelles, mais elle fut battue et ainsi se lança l'ambitieux projet d'Abdelkrim El Khattabi, connu sous le nom d'Abd el-Krim. Les Rifains, qui n'étaient que des paysans montagnards, coupés du grand corps marocain dont ils ne formaient qu'une petite partie, firent une guérilla acharnée aux deux puissances coloniales, l'Espagne et la France. Le général Manuel Fernández Silvestre disposait alors d'une puissante armée forte de 60 000 soldats espagnols pour contrer la tribu des Ait Ouriaghel. En juin celui-ci trouva la mort avec 18 000 de ses hommes au cours de la bataille d'Anoual. Abdelkrim El Khattabi réunit les chefs tribaux, qui organisèrent la résistance par la création de la République confédérée des tribus du Rif le 1er février 1922. Abd-el Krim devint président de la République. Néanmoins en ne se déclarant pas sultan, et en ordonnant aux imams du Rif de faire la Joumouaa (prière du Vendredi) au nom du sultan Moulay Youssef, Abdelkrim ne remit jamais en question l'autorité du roi, et ancra la révolution dans une future révolution nationale marocaine ayant pour objectif de sortir à terme le monde musulman de la colonisation occidentale[1]. De nombreuses lettres de bonne foi restituant la beyaa due au sultan parvinrent à Moulay Youssef. Mais le risque élevé du projet d'Abdelkrim dissuada le sultan qui craignait les réactions des occupants.
Une guerre contre les Espagnols s'en suivit et ils durent se retirer sur la côte. Ils n'occupaient en 1924 plus que Ceuta, Melilla, Asilah et Larache. À ce moment débutèrent les bombardements chimiques : d'après le général de l'aviation espagnole Hidalgo de Cisneros dans son autobiographie Cambio de rumbo[2], il fut le premier à larguer une bombe de 100 kilogrammes de gaz moutarde depuis son Farman F60 Goliath au cours de l'été 1924[3]. La France intervint pour venir à leur secours et éviter la contagion au reste du Maroc, alors sous domination française. Des postes avancés furent installés par l'armée française, ce qui provoqua l'affrontement avec les troupes rifaines, écrasées lors de l'offensive française vers Fès pendant l'hiver et le printemps 1924.
Le maréchal Lyautey, résident général au Maroc depuis 1912 écrivit en 1925 : « En présence des éventualités créées par la soudaineté et la violence de l'irruption des rifains [...], il est impossible de rester dans cette situation, sous peine, je le dis nettement, de risquer de perdre le Maroc[4]. » Il obtint des victoires mais il fut remplacé par le général Pétain. Le commandant Naulin réussit à vaincre les Rifains.
À l'automne 1925, des négociations échouèrent à cause des exigences des nationalistes Rifains. Les troupes franco-espagnoles repoussèrent les Rifains.
Abd el-Krim fut envoyé en exil à l'île de la Réunion en 1926, d'où il s'évada 20 ans plus tard pour fuir en Égypte, où il mourut en 1963.
Abd el-Krim se plaignit à la Société des Nations de l'utilisation par l'aviation française de gaz moutarde sur les douars et les villages[5].
La guerre du Rif symbolise aussi l'action de la première génération de pilotes militaires, formés dans les écoles de l'armée française. Celle-ci n'est d'ailleurs pas encore appelée armée de l'air, mais aviation militaire, dépendant du ministère de la Guerre. Beaucoup de ces jeunes pilotes, découvrent alors la réalité des manœuvres de l'aviation militaire, embarqués sur des appareils d'observation et de bombardements d'une grande vétusté. À l'inverse de leur supérieurs (patrons), ils ne sont pas héros de la Première Guerre mondiale. Engagés dans des opérations de reconnaissance et d'appuis à l'armée de terre, ils apportent un nouvelle dynamique aux opérations.
Le but de cette guerre pour les forces françaises était, à l'époque, bien sûr de conserver l'influence de la France sur sa colonie marocaine, mais aussi d'unifier les différentes « tribus » sous l'autorité du « Sultan ». Nombre d'opérations de l'armée française était alors effectuées à la demande des « Affaires indigènes ».
Notes et références
- ↑ Interview de Saïd Khattabi (fils de Abdelkrim Khattabi) par Karim Boukhari : « Abdelkrim Khattabi ne se battait pas contre le roi », sur le site TelQuel : Le Maroc tel qu'il est
- ↑ Hidalgo, de Cisneros. Cambio de Rumbo, p. 193-7
- ↑ (en) Sebastian Balfour, Deadly Embrace: Morocco and the road to the Spanish Civil War, Oxford University Press, 2002 (ISBN 0-1992-5296-3), p. 142
- ↑ La guerre du Rif n'aura pas lieu, critique sur nonfiction.fr par Anne Pédron
- ↑ Omar Mezoug, « Chronique du livre de Courcelle-Labrousse et Marmié », La guerre du Rif, Maroc 1921-1926, dans La Quinzaine littéraire no 973, 16 juillet 2008, page 26
Bibliographie
- Vincent Courcelle-Labrousse, Nicolas Marmié, La guerre du Rif, Maroc 1921-1926, Tallandier, Paris, 2008, 364 p. (ISBN 978-2-84734-253-6)
Articles connexes
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