- Traité de Fès
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Le traité de Fès (arabe : معاهدة فاس), officiellement nommé Traité conclu entre la France et le Maroc le 30 mars 1912, pour l'organisation du Protectorat français dans l'Empire chérifien[1], est une convention qui fut signée à Fès – d'où son nom courant – par le diplomate français Eugène Regnault et le sultan marocain Moulay Hafid[2].
Par ce traité, le gouvernement chérifien – le sultan et ses vizirs – perdit la pleine souveraineté sur une bonne partie de son territoire, celle-ci passant sous la dépendance et la protection de la France. Le 15 juillet 1912, une loi en portant approbation fut adoptée par le parlement français et promulguée par le président de la Troisième République française de l'époque : Armand Fallières[3]. Concernant la présence de l'Espagne au Maroc, il évoque une concertation future entre les gouvernements français et espagnol à propos des intérêts de ce dernier, en raison « de sa position géographique et de ses possessions territoriales sur la côte marocaine »[1].
Presque cinq mois plus tard (12 août 1912[4]), Moulay Hafid, en place depuis 1908, abdiqua et fut remplacé par Moulay Youssef (13 août 1912[5]), son frère, père du futur sultan Sidi Mohammed (1927), qui avait alors trois ans et deviendra le roi Mohammed V, peu après la fin des protectorats français et espagnol, en 1956.
Sommaire
Historique
L'Empire allemand qui avait des vues sur le Maroc, reconnaît les territoires français et espagnols sur le pays, recevant en échange des territoires du moyen Congo de l'Afrique équatoriale française. Cette terre connue sous le nom allemand de Neukamerun (lit. "néo-Cameroun"), fut rattachée à la colonie allemande du Kamerun (Cameroun), partie de l'Afrique occidentale allemande.
L'Espagne gagna également quelques territoires dans le nord marocain qui devint le Maroc espagnol. Par un accord signé entre la France et l'Espagne en novembre de cette même année, les espagnols assuraient un protectorat sur Tanger et le Rif, Ifni sur la côte atlantique dans le sud-ouest, aussi bien que sur la région de Tarfaya au sud de la rivière Draa, où le sultan restait nommément souverain et était représenté par un vice-régent à Sidi Ifni sous le contrôle d'une haute commission espagnole[6].
Des accords particuliers entre le Royaume-Uni, l'Italie et la France en 1904, établis sans consultation du sultan, avaient divisé le Maghreb en sphères d'influence, le Maroc passant dans la sphère de la France sous la forme du Protectorat français du Maroc. Au Maroc, le jeune sultan Abd al-Aziz accéda au trône en 1894 à l'âge de 10 ans et les Européens devinrent les conseillers de sa Cour. Des chefs locaux devinrent de plus en plus indépendants du sultan, qui fut déposé en 1908. La loi et l'ordre marocain continuèrent de se détériorer sous le règne de son successeur Abd al-Hafid, qui abdiqua en faveur de son frère Youssef après avoir signé le traité de Fès.
Le traité fut perçu comme une trahison par les nationalistes marocains et mena à la guerre du Rif (1919–26) entre les Espagnols et les tribus rifaines dont Abdelkrim al-Khattabi devint bientôt le leader et créa la courte République du Rif.
Annexes
Bibliographie
- [PDF] « Traité conclu entre la France et le Maroc le 30 mars 1912, pour l'organisation du Protectorat français dans l'Empire chérifien », dans Bulletin officiel : Empire chérifien - Protectorat de la République française au Maroc, Rabat, no 1, 1er novembre 1912, p. 1-2 [texte intégral (page consultée le 6 juin 2011)]
- Michel Abitbol, Histoire du Maroc, Paris, Perrin, coll. « Pour l'histoire », 23 avril 2009, 673 p. (ISBN 978-2-262-02388-1) [présentation en ligne], p. 407, 531 et 551
- Abdelhadi Alaoui, Le Maroc et la France : 1912-1956 - Textes et documents à l'appui, Rabat, Fanigraph, 2007, 568 p. (ISBN 995-403-859-0), « Le traité de protectorat », p. 28-36
Moulay Abdelhadi Alaoui est un historien marocain.
Articles connexes
- Histoire du Maroc
- Protectorat français du Maroc
- Protectorat espagnol du Maroc
- Bulletin officiel du Maroc
Notes et références
- PDF] « Traité conclu entre la France et le Maroc le 30 mars 1912, pour l'organisation du Protectorat français dans l'Empire chérifien », op. cit., p. 1. [
- PDF] « Traité conclu entre la France et le Maroc le 30 mars 1912, pour l'organisation du Protectorat français dans l'Empire chérifien », op. cit., p. 2. [
- PDF] « Loi portant approbation du traité conclu entre la France et le Maroc, le 30 mars 1912, pour l'organisation du Protectorat français dans l'Empire chérifien », dans Bulletin officiel : Empire chérifien - Protectorat de la République française au Maroc, Rabat, no 1, 1er novembre 1912, p. 2 [texte intégral (page consultée le 6 juin 2011)] [
- Paul Doury, Un échec occulté de Lyautey, l'affaire du Tafilalet : Maroc oriental, 1917-1919, Paris, L'Harmattan, 2008, 465 p. (ISBN 2=9782296050532) [lire en ligne (page consultée le 6 juin 2011)], p. 146
- PDF] « Proclamation de S. M. le Sultan Moulay Youssef », dans Bulletin officiel : Empire chérifien - Protectorat de la République française au Maroc, Rabat, no 1, 1er novembre 1912, p. 1 [texte intégral (page consultée le 6 juin 2011)] [
- Harold D. Nelson, "Morocco, a country study" Foreign Area Studies, The American University, DA Pamphlet No.550-49 (Washington, DC 1985), p 43, quoted in GlobalSecurity.org: "The United Nations Failure in Southern Morocco" 1997
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