- Famille Lebaudy
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La Famille Lebaudy a construit, au XIXe siècle, une très grande fortune dans le raffinage du sucre.
Elle est originaire de Bernières-le-Patry (Calvados), et plus particulièrement du hameau l'Ebaudière, probable origine du patronyme qui a évolué au cours des siècles : Esbaudey, Esbaudy, Lesbaudy, enfin Lebaudy.
Sommaire
Historique
Dès 1274, on trouve à Bernières-le-Patry un certain Richard Esbaudey (Ricardus Esbaudey) dans les chartes du prieuré du Plessis-Grimoult, mentionné en compagnie de Robert Villain et Jehan de Carrecel, habitants de la même paroisse.
"Il y avait, en 1848, une maison commerciale ayant une certaine importance dans l'industrie sucrière. Les évènements révolutionnaires, qui déconcertèrent aussi bien la spéculation que le travail, la mirent à deux doigts de la ruine : c'était la maison Lebaudy père".(Auguste Chirac, "Les Rois de la République", 1888).
La famille Lebaudy a utilisé sa grande fortune pour financer de nombreuses œuvres et innovations, mais elle fut rachetée par une autre grande "dynastie sucrière", les Sommier, qui devient Lebaudy-Sommier et en prend le contrôle :- Gustave Lebaudy (1827-1889) est député de Seine-et-Oise de 1876 à 1885. C'est un des piliers de l'Assemblée Nationale, il est républicain modéré.
"Il dirigeait la raffinerie qui portait son nom. En raison de sa haute situation dans le monde des affaires, l'administration impériale l'appela à faire partie de la commission municipale de Paris (1860-1869). Conseiller général de Seine-et-Oise, ils se présenta comme républicain conservateur à Mantes en 1876 et fut élu (...) il siégea à la Chambre des Députés au centre gauche (...). a fait partie des 363 qui s'opposèrent à Mac Mahon. Réélu en 1877 et en 1881, il soutint la politique de Jules Ferry, notamment au Tonkin. La mort de Léon Gambetta en 1882, avec lequel il était lié, et qu'il soutenait financièrement, dit-on, fut néfaste à sa carrière (...) battu aux élections générales d'octobre 1885, réélu en 1889".
(Henry Coston, "Dictionnaire des dynasties bourgeoises et du monde des affaires" - éditions Alain Moreau, 1975, p.343);
Son frère Jules posséda le théâtre "Le Vaudeville" et une quarantaine d'immeubles parisiens.- La femme de Jules Lebaudy (1828-1892), Amicie Lebaudy (fille de Constance Piou et de Palmyre Le Dall de Kereon, sœur de Jacques Piou, l'un des leaders politiques de la droite), écrit des ouvrages sur le jansénisme, sous le pseudonyme de Guillaume Dall, et donne beaucoup d'argent pour la restauration de l'abbaye de Port-Royal-des-Champs;
- Elle tient un salon à Paris, fréquenté par les grandes familles catholiques. Suite au krach de l'Union Générale en 1882, causé en partie par les manipulations boursières de son mari, elle décide de s'investir dans les œuvres sociales. À la mort de son mari, elle vend son logement et s'installe dans un petit deux-pièces à Saint-Lazare. Dans la plus grande discrétion, elle finance la Fondation Groupe des Maisons Ouvrières, qui s'occupe de construire des immeubles salubres pour les ouvriers. Un square du 20e arrondissement de Paris porte son nom (Amicie Lebaudy). Les immeubles du 84 rue de Charonne (11e arr.), du 124-126 avenue Daumesnil (12e arr.), du 5-7 rue d'Annam (20e arr.), du 5 rue de la Saïda, de la rue de l'Amiral Roussin et une partie du proche Hôpital Saint-Michel dans le 15e arrondissement de Paris lui sont dus ;
- On lui doit également en partie, parmi de nombreuses autres réalisations, la construction du phare de Kéréon, dans le Nord Finistère, le plus beau de Bretagne, qu'elle proposa de financer à hauteur de 585 000 francs, à condition qu'il porte le nom de son grand-oncle Charles-Marie Le Dall de Kéréon, enseigne de vaisseau, guillotiné sous la Terreur à l'âge de 19 ans;
- Son influence s'étend également au Canada avec le financement en 1905 (suivant un voyage avec Mgr Alexandre Le Roy, supérieur général spiritain) de l'achat du domaine d'Alonzo Wright afin de fonder en 1912 le Collège Saint-Alexandre;
- Son fils, Max, s'est trouvé au centre d'un scandale militaire important dans les années 1890. Appelé sous les drapeaux malgré une grave maladie, il est au centre d'une campagne de presse où s'affrontent les grands journalistes de l'époque, comme Octave Mirbeau. Il meurt dans un sanatorium militaire et donne aux antimilitaristes des arguments contre l'armée et ceux qu'Alfred Jarry nomme alors les "merdecins militaires";
- Son autre fils, Jacques Lebaudy, est un aventurier passablement fou, qui fonde l'empire fictif du Sahara au début du XXe siècle;
- Les frères Paul et Pierre Lebaudy aidés de l’ingénieur Henri Julliot réalisent en 1902 le dirigeable semi-rigide “le LEBAUDY“, affecté à des expériences d'ordre militaire et le premier dirigeable donné à l'armée en 1906. Paul, conseiller général de Bonnières, puis élu au siège laissé par son père en 1890, avait auparavant fait construire un aérostat, "le Jaune", qui subit avec succès des essais en 1902 et 1903 sur le trajet Moisson-Mantes-Paris.
- Jean et Henriette Lebaudy ( née de Ganay ); né en 1896, il fut l'un des patrons de la société Lebaudy frères puis président de la Raffinerie Lebaudy-Sommier et soutint financièrement le quotidien "l'Epoque"; le couple a légué en 1962 à la Bibliothèque de Versailles une collection prestigieuse d'ouvrages rares des XVIIe et XVIIIe siècles;
- Edmée de La Rochefoucauld (1895-1991), femme de Lettres, mathématicienne et féministe française, est également une petite-fille de Jules Lebaudy par sa mère Jeanne; les intérêts de la dot de celle qui devint le 3/12/1888 comtesse Edmond Frisch de Fels (1866-1943), chevalier de la Légion d'Honneur en raison de ses œuvres sociales - décoration remise par le Président de la République en 1933 - auraient financé de 1903 à 1906 la construction par l'architecte René Sergent du château de Voisins à Saint-Hilarion (Yvelines). Le buste en marbre de la comtesse conservé dans un salon de château, est reproduit ds l'article sur le château de Vincent Bouvet ( "Monuments Historiques" - C.N.M.H.S.).
Fin 1946, la mort d'un garde-chasse dans le domaine de chasse solognot de l'industriel Jean Lebaudy à Mézières-en-Brenne fut la source de "l'affaire Mis et Thiennot", les deux jeunes solognots condamnés pour ce meurtre dont ils se sont toujours déclarés innocents.La généalogie Lebaudy a été étudiée notamment par MM. Villeroy et Demolins, ainsi que par Emmanuel Hamel[1].
Bibliographie
Auguste Chirac, " les Rois de la République" (Paris, 1888, tome I);
- La vie secrète de Madame Jules Baudley, de Marcel Barrière (1948, Éditions Emile-Paul, 357 pages).
- Les "Affaires" au XIXe siècle, Max, le "petit Sucrier", de Gérard Delaisement (1995, Éditions Rive Droite, 315 pages);
- L'histoire de cette famille forme la trame d'un roman plus récent de Henri Troyat : Les turbulences d’une grande famille (1998);
Sur la construction des Maisons Ouvrières :
- 12 ans de construction sociale - 1899-1911 (Fondation de Madame Jules Lebaudy, 344 pages).
Généalogie
Jean dit le Jeune Lebaudy (1776-1847) x (1797) Anne Pauline Julie Bletry (1776-1824) dont deux fils Guillaume et Adolphe qui suivent.
Guillaume Désiré François Lebaudy (1799-1863) x (1825) Élisabeth Joséphine Lopinot (1807-1887) │ ├──> Gustave (1827-1889) │ x (1851) Adèle Marie Françoise Rolloy (1832-1905) │ │ │ ├──> Marie Adèle Jeanne (1852-1929) │ │ x (1872) Prosper Victor Martin Le Roy (1842-1918) │ │ │ ├──> Georges Marie François (1853-1875) │ │ │ ├──> Marguerite Marie Julie (1856) │ │ │ ├──> Marie Paul Jules (1858-1937) │ │ x (1) (1886) Virginie Adélaïde Désirée Hersent (1864-1886) │ │ │ │ │ x (2) (1890) Marie Pauline Adolphine Clotilde Murat (1868-1949) │ │ │ │ │ └──> Jean Gustave Marie Georges Joachim (1894-1969) │ │ x (1919) Henriette Émilie Eugénie de Ganay (1898-1983) │ │ │ ├──> Marie Geneviève Jeanne (1860-1936) │ │ x (1881) Charles Bourlon de Rouvre (1850-1924) │ │ │ └──> Joseph Marie Pierre (1865-1929) │ x (1891) Marie Marguerite Luzarche d'Azay (1871-1962) │ ├──> Jules (1828-1892) │ x (1863) 1847-1917) │ │ │ ├──> 1866-1943) │ │ x (1888) Edmond Gustave Frisch, comte de Fels, prince de Heffingen (1858-1951) │ │ │ │ │ ├──> Hubert (1891-1916), aviateur en 14-18, mort pour la France. │ │ │ │ │ ├──> André (1890-1980) │ │ │ │ │ ├──> Anne-Marie (1893-1922) │ │ │ x (1915) Geoffroy de Boisgelin (1879-1961) │ │ │ │ │ └──> Edmée (1895-1991) │ │ x Jean de La Rochefoucauld (1887-1970), 13e duc de La Rochefoucauld (1926) │ │ │ ├──> Henri Jacques (1868-1919) │ │ x Augustine Léonie Marguerite Dellière (1873-1950) │ │ │ │ │ └──> Jacqueline (°1905) │ │ x (1922) Roger Sudreau │ │ │ ├──> 1870-1931) │ │ │ └──> Max Philippe (1873-1895) │ ├──> Julie (1832-1870) │ x (1854) Edmond Simon Pierre Toutain (1826-1865) │ └──> Adolphe (1842-1882)
Notes et références
Voir aussi
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