- Château De Rosny-sur-Seine
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Château de Rosny-sur-Seine
Le château de Rosny-sur-Seine est un château de style Louis XIII situé à Rosny-sur-Seine dans les Yvelines sur la rive gauche de la Seine.
Sommaire
Histoire
De Sully au frère de Talleyrand
Le château de Rosny fut construit à la fin du XVIe siècle par Maximilien de Béthune, baron, puis marquis de Rosny avant de devenir plus tard duc de Sully. Edifié sur l'emplacement d'un vieux manoir fortifié, démantelé et brûlé en 1435, au cours de la guerre de Cent Ans, il fut bâti en briques et pierre selon le goût de l'époque avec un corps de logis central flanqué de deux pavillons terminés par deux ailes en retour d'équerre.
La demeure demeura la propriété de la famille de Béthune-Sully jusqu'en 1718, date à laquelle elle fut acquise par une puissante famille de parlementaires, les Sénozan, avant d'échoir par mariage, en 1779, entre les mains du comte Joseph-Archambaud de Talleyrand-Périgord, frère du célèbre homme politique, époux de Madeleine de Sénozan-Virville.
La duchesse de Berry
Vendu en 1817 par Edmond, duc de Dino, neveu de Talleyrand, à un négociant parisien, Louis Mourault[1], le domaine fut racheté en 1818 par le duc de Berry et la duchesse de Berry, née Marie-Caroline des Deux-Siciles, tous deux soucieux de s'affranchir du protocole écrasant des Tuileries. Le jeune couple profita peu du domaine puisque le prince fut assassiné deux ans plus tard, le 13 février 1820. Très attachée à ce domaine où elle vécut ces brèves années de bonheur conjugal, la duchesse de Berry fit achever, en 1826, la construction des ailes laissées, selon la tradition, inachevées par Sully à la mort d'Henri IV. En 1828, elle fit agrandir la demeure en doublant le corps de logis central dans toute sa longueur, créant ainsi trois vastes pièces supplémentaires. Le parc fit l'objet des soins attentifs de la princesse, très férue de botanique. Il fut totalement redessiné à l'anglaise, planté de dizaine de milliers d'arbres, d'arbustes et de fleurs, peuplé de cerfs, de daims et de kangourous. Mais le plus grand chantier de la princesse fut incontestablement la rivière "anglaise" avec cascade artificielle qu'elle fit aménager dans l'esprit de celle que la reine Marie-Antoinette, grand-tante de la princesse, avait fait creuser au Petit Trianon.
Lorsqu'elle quitta la France avec Charles X en 1830, la princesse recommanda particulièrement son "cher Rosny" à sa tante, la reine Marie-Amélie[2].
Quand, de son exil autrichien, la princesse eut perdu tout espoir de revenir en France, elle fit vendre à Paris en 1836 et 1837 l'ensemble des immenses collections de meubles, tableaux, livres et objets d'art que contenait la demeure. Le château et son domaine furent vendus à un banquier anglais nommé Stone, lequel le céda à son tour à une compagnie anonyme d'agents d'affaire. La duchesse ne conserva en propre que l'hospice Saint Charles qu'elle avait fait construire en lisière du parc et dans la chapelle duquel elle avait fait déposer, par faveur exceptionnelle de Louis XVIII, le cœur de son époux assassiné en 1820. Le domaine fut ensuite morcelé, et le château en passe d'être démantelé. C'est alors que le comte Le Marois se présenta comme acquéreur en 1840, sauvant le bâtiment de la destruction totale. Le nouveau propriétaire, trouvant probablement la demeure trop grande pour son usage, fit abattre les ailes construites par la duchesse de Berry, laissant le reste de la construction dans l'état où on peut le voir actuellement.
La famille Lebaudy
En 1869, le château fut acquis par le célèbre industriel Gustave Lebaudy qui restaura intégralement la demeure et l'entretint avec un soin extrême, s'efforçant de racheter meubles, tableaux, tapisseries et objets d'art ayant appartenu à deux de ses propriétaires les plus illustres, le duc de Sully et la duchesse de Berry. Les Lebaudy firent également aménager les communs pour héberger leurs écuries, et la meute de chiens de leur célèbre équipage qui découplait dans la forêt domaniale de Rosny.
Époque contemporaine
Le château fut classé monument historique en 1941. En 1947, il accueillit la 11e conférence Mondiale du Scoutisme. En 1955, la famille Lebaudy vendit le château en y laissant "à perpétuelle demeure" l'ensemble des biens mobiliers à caractère historique qu'elle y avait rassemblés.
Le château fut ensuite acheté en 1955 par le docteur Hertz, qui a aménagé dans les communs un centre de rééducation fonctionnelle (actuellement APARC), lui-même, et ensuite sa veuve, continuant à habiter le château jusqu'en août 1984.
Acquis en décembre 1984 par une société japonaise, la Nippon Sangyoo Kabushiki Kaisha, il a été intégralement dépouillé de son mobilier historique et a subi de multiples dégradations et actes de vandalisme, dont un grave incendie qui endommagea l'ensemble du pavillon droit le 24 janvier 1997. Des travaux de conservation, pris en charge par le ministère de la Culture et de la Communication, ont alors été entrepris d'office, puis le propriétaire défaillant a été exproprié par l'État.
Depuis 1999, le château appartient à un propriétaire privé qui souhaiterait l'aménager en relais-château de prestige. Des travaux sont actuellement en cours mais, dix ans après, la toiture du pavillon détruit par l'incendie n'a toujours pas été restaurée
Références
- Archives nationales: ancien fonds d'archives du château de Rosny: 371 AP1 à 15
- V. Bourselet et H. Clérisse Mantes et son arrondissement 1933
Bibliographie
- Suzanne d’Huart, Inventaire des archives du château de Rosny, Paris, 1977, 10 pages.
- Abbé H. Thomas, Rosny-sur-Seine où est né Sully, Paris, 1889.
Notes
- ↑ V. Bourselet et H. Clérisse Mantes et son arrondissement 1933 p. 335
- ↑ Le 7 août 1830, elle lui écrivit du Merlerault : « Je compte dans cette occasion sur votre obligeance et amitié pour moi, ainsi que sur celle de votre mari. Croyez-moi, ma chère tante, votre affectionnée et obéissante nièce. Caroline. P.S. Je vous recommande, chère tante, toutes les personnes de ma maison, et je vous serai obligée de tout ce que vous pourrez faire pour eux. » Marie-Amélie répondit le 12 août : « J'ajouterai que nous n'avions pas besoin de connaître votre désir à cet égard. Le cœur de mon mari ainsi que le mien nous avaient porté à nous en occuper ; dès le premier moment, il a ordonné qu'on envoyât une sauvegarde à Rosny. Tout y a été respecté et tout y est dans le meilleur état possible. » (cité par Guy Antonetti, Louis-Philippe, Paris, Librairie Arthème Fayard, 2002, p. 601 – ISBN 2-213-59222-5)
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