Expedition de Moree

Expedition de Moree

Expédition de Morée

L’expédition de Morée est le nom donné en France à l’intervention terrestre de l’armée française dans le Péloponnèse[N 1], entre 1828 et 1833, lors de la guerre d'indépendance grecque.

Après la chute de Missolonghi, l’Europe occidentale avait décidé d’intervenir en faveur de la Grèce insurgée. L’attitude de l’allié égyptien de l’Empire ottoman, Ibrahim Pacha étant particulièrement critiquée, le principal objectif était d’obtenir qu’il évacuât les régions occupées, le Péloponnèse en premier lieu. L’intervention débuta par l’envoi d’une flotte franco-russo-britannique qui remporta la bataille de Navarin en octobre 1827. En août 1828, un corps expéditionnaire français débarqua à Coron au sud du Péloponnèse. Les soldats stationnèrent dans la presqu’île jusqu’à l'évacuation, en octobre, des troupes égyptiennes, puis ils prirent le contrôle des principales places-fortes encore tenues par les troupes turques. Bien que l’essentiel des troupes rentrât en France dès la fin de 1828, la présence française se poursuivit jusqu’en 1833.

Comme lors de la campagne d'Égypte de Napoléon Bonaparte, où une Commission des Sciences et des Arts avait accompagné l’expédition militaire, une Mission scientifique de Morée accompagnait les troupes. Dix-sept savants représentant diverses spécialités : histoire naturelle ou antiquités (archéologie, architecture et sculpture) firent le voyage. Leurs travaux furent d’une importance majeure dans la connaissance du pays. Les cartes topographiques réalisées sont d’une très grande qualité et les relevés, dessins, coupes, plans et propositions de restauration sur les monuments du Péloponnèse, de l’Attique et des Cyclades furent, après James Stuart et Nicholas Revett, une nouvelle tentative d’inventaire systématique et exhaustif des vestiges grecs antiques. L’Expédition de Morée et ses publications offrirent une description presque complète des régions visitées. Elles en firent un inventaire scientifique, esthétique et humain qui resta longtemps l’un des meilleurs moyens, à part le voyage sur place, de les connaître.

Carte du Péloponnèse
Abel Blouet, Expédition scientifique de Morée., 1831.
Carte du Péloponnèse, avec les lieux visités par l'expédition.

Sommaire

Contexte

Contexte militaire et diplomatique

Article détaillé : Guerre d'indépendance grecque.

En 1821, les Grecs s’étaient révoltés contre l’occupation ottomane. Ils avaient d’abord remporté de nombreuses victoires et proclamé l’indépendance. Cependant, celle-ci contrevenait aux principes du Congrès de Vienne et de la Sainte Alliance qui imposaient un équilibre européen et interdisaient tout changement. Or, contrairement à ce qui se passait alors pour le reste de l’Europe, la Sainte Alliance n’était pas intervenue pour mater les insurgés libéraux grecs.

Le soulèvement libéral et national ne convenait pas à l’Autriche de Metternich, principal artisan de la politique de la Sainte Alliance. Cependant, la Russie, autre gendarme réactionnaire de l’Europe, était favorable à l’insurrection par solidarité religieuse orthodoxe et par intérêt géo-stratégique (contrôle des Détroits des Dardanelles et du Bosphore). La France, autre membre actif de la Sainte Alliance (elle venait d’intervenir en Espagne contre les libéraux), avait une position ambigüe : les Grecs, certes libéraux, étaient d’abord des Chrétiens et leur soulèvement contre les Ottomans musulmans pouvait ressembler à une nouvelle croisade. La Grande-Bretagne, pays libéral, s’intéressait surtout à la situation de la région sur la route des Indes et Londres désirait pouvoir y exercer une forme de contrôle. Enfin, pour l’ensemble de l’Europe, la Grèce était le berceau de la civilisation et de l’art depuis l’Antiquité.

Delacroix, La Grèce sur les ruines de Missolonghi. Ce tableau joua un rôle important dans la campagne d’opinion en Occident qui détermina une intervention.

Les victoires grecques avaient été de courte durée. Le Sultan avait appelé à l’aide son vassal égyptien Mehemet Ali qui avait dépêché en Grèce son fils Ibrahim Pacha avec une flotte et, dans un premier temps, 8 000 puis 25 000 hommes[1]. L’intervention d’Ibrahim fut décisive : le Péloponnèse avait été reconquis en 1825 ; le verrou de Missolonghi était tombé en 1826 ; Athènes avait été prise en 1827. Il ne restait plus alors à la Grèce que Nauplie, Hydra et Égine.

Article détaillé : Siège de Missolonghi.

Un fort courant d’opinion philhellène se développa en Occident. Il fut alors décidé d’intervenir en faveur de la Grèce, berceau de la civilisation, avant-garde chrétienne en Orient et dont la position stratégique était évidente. Par le traité de Londres de juillet 1827[2], la France, la Russie et le Royaume-Uni reconnurent l’autonomie de la Grèce qui resterait vassale de l’Empire ottoman. Les trois puissances se mirent d’accord pour une intervention limitée afin de convaincre la Porte d’accepter les termes du traité. Une expédition navale de démonstration fut suggérée et adoptée. Une flotte conjointe russe, française et britannique fut envoyée pour exercer une pression diplomatique sur Constantinople. La bataille de Navarin, livrée suite à une rencontre de hasard, entraîna la destruction de la flotte turco-égyptienne.

En 1828, Ibrahim Pacha était donc dans une situation difficile : il venait d’essuyer une défaite à Navarin ; la flotte conjointe exerçait un blocus qui l’empêchait de recevoir renforts et ravitaillement ; ses troupes albanaises qu’il ne pouvait plus payer avaient regagné leur pays, sous la protection des troupes grecques de Theódoros Kolokotrónis. Le 6 août 1828, une convention avait été conclue à Alexandrie entre le vice-roi d’Égypte, Mehemet Ali et l’amiral britannique Edward Codrington. Ibrahim Pacha devait évacuer ses troupes égyptiennes et laisser le Péloponnèse aux quelques troupes turques (estimées à 1.200 hommes) qui y restaient encore. Cependant, Ibrahim Pacha refusant de tenir les engagements pris, continuait à contrôler diverses régions grecques : Messénie, Navarin, Patras et quelques autres places fortes. Il avait même ordonné la destruction systématique de Tripolitza[3].

Par ailleurs, le gouvernement français de Charles X commençait à avoir des doutes quant à sa politique grecque[4]. Ibrahim Pacha lui-même releva cette ambiguïté lorsqu’il rencontra le général Maison en septembre : « Pourquoi la France après avoir fait des esclaves en Espagne en 1823 venait maintenant en Grèce faire des hommes libres ? »[5] Enfin, une agitation libérale, en faveur de la Grèce et s’inspirant de ce qui se passait alors en Grèce, commençait à se développer en France. Plus longtemps la France restait, plus sa position vis-à-vis de Metternich devenait délicate. Le gouvernement ultra-royaliste décida donc de hâter les choses. Une expédition terrestre fut proposée à la Grande-Bretagne qui refusa d’intervenir elle-même directement. Cependant, la Russie avait déclaré la guerre à l’Empire ottoman et ses victoires militaires inquiétaient Londres qui ne désirait pas voir l’empire des Tsars descendre trop au sud. La Grande-Bretagne ne s’opposa donc pas à ce que la France intervînt seule[6].

Contexte intellectuel

La philosophie des Lumières développa l’intérêt de l’Europe occidentale pour la Grèce, en fait pour une Grèce antique idéalisée. On considérait que les notions, si importantes pour les Lumières, de Nature et de Raison, avaient été les valeurs primordiales de l’Athènes classique. Les anciennes démocraties grecques, et surtout Athènes, devinrent des modèles à imiter. On alla y puiser des réponses aux problèmes politiques et philosophiques du temps. Des ouvrages tel que celui de l’Abbé Barthélemy : Voyage du Jeune Anacharsis, paru en 1788 servirent à fixer définitivement l’image que l’Europe avait de l’Égée.

Les théories et le système d’interprétation de l’art antique de Johann Joachim Winckelmann décidèrent du goût européen pour des dizaines d’années. Son œuvre majeure, Histoire de l’art antique., fut publiée en 1763, et traduite en français dès 1766. Il fut, dans cet ouvrage, le premier à périodiser l’art antique, classant les œuvres de façon chronologique et stylistique.
Les vues de Winckelmann sur l’art englobaient l’ensemble de la civilisation, puisqu’il faisait un parallèle entre niveau de développement général de celle-ci et évolution de l’art qu’il lisait comme on lisait à l’époque la vie d’une civilisation, en termes de progrès, d’apogée puis de déclin[7]. Pour lui, l’art grec avait été le sommet de l’art et il avait culminé avec Phidias. Winckelmann considérait que les plus belles œuvres de l’art grec avaient de plus été produites dans des circonstances géographiques, politiques et religieuses idéales. Cette conception domina longtemps la vie intellectuelle en Europe. Il classa l’art grec en Antique (période archaïque), Sublime (Phidias), Beau (Praxitèle) et Décadent (période romaine).

Le Parthénon, à l’époque de Lord Elgin

Les théories de Winckelmann sur l’évolution de l’art culminant dans l’art grec, dans sa période Sublime, conçu dans une période de liberté politique et religieuse complète, participèrent à l’idéalisation de la Grèce antique et augmentèrent l’envie de se rendre en terre grecque. On croyait aisément alors avec lui que le Bon Goût était né sous le ciel de Grèce. Il sut convaincre l’Europe du XVIIIe siècle que la vie en Grèce antique était pure, simple et morale, et que l’Hellas classique était la source à laquelle les artistes devaient aller puiser les idéaux de « noble simplicité et calme grandeur »[8]. La Grèce devint la « patrie des arts » et « l’éducatrice du goût ».

Le gouvernement français avait placé les travaux de l’Expédition de Morée dans la lignée de ceux de James Stuart et Nicholas Revett, qu’ils devaient compléter. Les expéditions à caractère semi-scientifique commanditées et financées par la Société des Dilettanti restaient la référence. Elles furent les premiers mouvements de re-découverte de la Grèce antique. La première, celle de Stuart et Revett à Athènes et dans les îles, eut lieu en 1751-1753. Celle de Revett, Richard Chandler et William Pars en Asie Mineure se déroula entre 1764 et 1766.

Enfin, les « travaux » de Lord Elgin sur le Parthénon au début du XIXe siècle avaient aussi suscité la convoitise. Il semblait qu’il était possible de constituer en Europe occidentale d’immenses collections d’art antique.

L’expédition militaire

Préparation

La Chambre des députés autorisa un emprunt de 80 millions de Francs-or pour permettre au gouvernement de tenir ses engagements[9]. Un corps expéditionnaire de 13 000 à 15 000 hommes[10] commandés par le lieutenant-général Maison fut formé. Il était composé de trois brigades commandées par les maréchaux de camp Tiburce Sébastiani, Philippe Higonet et Virgile Schneider. Le chef d’état-major était le général Antoine Simon Durrieu[11].
Le corps expéditionnaire comprenait neuf régiments d’infanterie [12]:

Partaient aussi le 3e régiment de chasseurs à cheval (commandé par le colonel Paul-Eugène de Faudoas-Barbazan), quatre compagnies d’artillerie (pièces de campagne, pièces de siège et pièces de montagne) des 3e et 8e régiment d’artillerie et deux compagnies du génie (sapeurs et mineurs)[13].

Une flotte de transport protégée par des vaisseaux de guerre fut organisée, une soixantaine de navires en tout. Il s’agissait de transporter le matériel, les vivres, les munitions et les 1.300 chevaux pour l’expédition, mais aussi les armes, les munitions et l’argent destinés au gouvernement provisoire grec de Ioánnis Kapodístrias[14]. La France désirait soutenir les premiers pas de la Grèce libre en l’aidant à mettre sur pied son armée. Le but était bien sûr de conserver une influence dans la région.
La première brigade quitta Toulon le 17 août, la deuxième le 19 août. La troisième brigade ne partit que le 1er septembre. Le général en chef, Nicolas Joseph Maison, était avec la première brigade, à bord du vaisseau de ligne Ville de Marseille. Le premier convoi était composé de navires marchands et, outre le Ville de Marseille, des frégates l’Amphitrite, la Bellone et la Cybèle. Le second convoi était escorté par le vaisseau de ligne Duquesne et les frégates Iphigénie et Armide[15].

Opérations dans le Péloponnèse

Débarquement

La baie et la forteresse de Navarin

Le 29 août, la flotte transportant les deux premières brigades arriva dans la baie de Navarin où mouillait l’escadre conjointe franco-russo-britannique. L’armée égyptienne était concentrée entre Navarin et Modon. Le débarquement était donc risqué. La flotte fit voile vers le golfe de Coron protégé par une forteresse tenue par les Ottomans. Le corps expéditionnaire commença son débarquement sans aucune opposition dès le 29 août au soir, pour l’achever le 30 août au matin. Une proclamation du gouverneur Kapodistrias avait informé la population grecque de l’arrivée imminente d’une expédition française. La population locale se précipita au devant des troupes dès qu’elles eurent posé le pied en Grèce et leur offrit de la nourriture[16].

Le camp fut monté dans la plaine de Coron, près de Petalidi, sur le site de l’ancienne Coronée. La troisième brigade qui avait essuyé une tempête et perdu trois bâtiments effectua son débarquement à Coron le 16 septembre[17].

Départ de l’armée égyptienne

Ibrahim Pacha

Ibrahim Pacha usa de divers prétextes pour retarder l’évacuation : problèmes de vivres, de transport ou difficultés imprévues dans la remise des places fortes. Les officiers français avaient des difficultés à retenir l’ardeur combative de leurs soldats qui par exemple s’enthousiasmèrent à la (fausse) nouvelle d’une marche imminente sur Athènes[18]. Cette impatience des troupes fut peut-être décisive pour convaincre le commandant égyptien de respecter ses engagements. De plus, les soldats français commençaient à souffrir des pluies automnales qui détrempaient leur camp de tentes, favorisant les fièvres et surtout la dysenterie. Cavaignac le 24 septembre écrit qu’une trentaine d’hommes sur les 400 de sa compagnie du génie étaient touchés par les fièvres[19]. Le général Maison désirait pouvoir établir ses hommes dans les casernes des forteresses[20]. Le 7 septembre, Ibrahim Pacha accepta l’évacuation de ses troupes à compter du 9 septembre. La convention passée avec le général Maison prévoyait que les Égyptiens partiraient avec armes, bagages et chevaux, mais sans aucun prisonnier ou esclave grecs. La flotte égyptienne ne pouvant évacuer toute l’armée en une seule fois, le ravitaillement des troupes restées à terre fut autorisé (elles venaient de subir un long blocus)[17]. Une première division égyptienne, 5 500 hommes sur 27 navires, fit voile le 16 septembre, escortée par trois bâtiments de la flotte conjointe (deux bâtiments britanniques et la frégate française la Sirène).

Le dernier transport égyptien appareilla le 5 octobre, emportant Ibrahim Pacha. Des 40 000 hommes qu’il avait amenés d’Égypte, il rembarquait à peine 20 000[21]. Il ne restait plus que quelques soldats ottomans pour tenir les différentes places fortes du Péloponnèse. La mission suivante des troupes françaises étaient de les « sécuriser » et de les remettre à la Grèce indépendante.

La prise des places fortes

La forteresse de Navarin

Le 6 octobre, le général Maison ordonna au général Higonet de marcher sur Navarin. Il partit avec le 16e régiment d’infanterie, de l’artillerie et des hommes du génie. Navarin était alors assiégé côté mer par la flotte de l’amiral Henri de Rigny et sur terre par les soldats du général Higonet. Le commandant turc de la place refusa de se rendre :

« La Porte n’est en guerre ni avec les Français ni avec les Anglais ; on ne commettra aucun acte d’hostilité, mais on ne rendra pas la place. »[17]

Les sapeurs reçurent alors l’ordre d’ouvrir une brèche dans les murailles. Le général Higonet entra dans la forteresse, tenue par 250 hommes qui se rendirent avec soixante canons et 800 000 cartouches[17]. Les soldats français s’installèrent durablement à Navarin dont ils relevèrent les fortifications, reconstruisirent les maisons et où ils installèrent un hôpital et diverses administrations locales.

La forteresse de Modon

Le 7 octobre, le 35e régiment d’infanterie de ligne commandé par le général Durrieu, accompagné d’artillerie et du génie se montrait devant Modon, défendue par 1 078 hommes, cent canons et qui avait des vivres pour six mois[17]. Deux vaisseaux de ligne, la Breslaw (capitaine Maillard) et la Wellesley (capitaine Maitland) bloquaient le port et menaçaient la forteresse de leurs canons. Les commandants de la place, le Turc Hassan-Pacha et l’Égyptien Achmet-Bey, firent le même type de réponse que le commandant de Navarin. Les fortifications de Modon étaient dans un meilleur état que celles de Navarin. Les sapeurs s’attaquèrent donc à la porte de la ville. La garnison de la ville ne se défendit pas. Les commandants de la place expliquèrent qu’ils ne pouvaient rendre la forteresse sans désobéir aux ordres du Sultan, mais ils reconnaissaient aussi qu’il leur était impossible de résister. Il fallait donc que la place fût prise, au moins symboliquement, par la force[17].

La forteresse de Coron

La prise de Coron fut plus difficile. Le général Sébastiani s’y présenta le 7 octobre avec une partie de sa brigade. La réponse du commandant de la place fut similaire à celles données à Navarin et Modon. Sébastiani envoya ses sapeurs qui furent repoussés par des pierres lancées du haut des murailles. Il y eut douze blessés, dont Cavaignac et, plus grièvement, un capitaine, un sergent et trois sapeurs[22]. Les autres soldats français se sentirent insultés et leur général eut de grandes difficultés à les empêcher d’ouvrir le feu et de prendre la place par la force. L’Amphitrite, la Breslaw et la Wellesley vinrent prêter main-forte aux troupes terrestres. Leur menace amena le commandant ottoman à la reddition. Le 9 octobre, les Français entraient dans Coron et s’emparaient de quatre-vingts canons et mortiers et de nombreuses vivres et munitions[17].

Patras fut contrôlée dès l’évacuation du Péloponnèse par Ibrahim Pacha. La troisième brigade avait été envoyée par la mer prendre la ville du nord-ouest de la péninsule. Elle débarqua le 4 octobre. Le général Schneider donna à Hadji-Abdallah, pacha de Patras et du « château de Morée », vingt-quatre heures pour remettre la place. Le 5 octobre, à l’expiration de l’ultimatum, trois colonnes marchèrent sur la ville et l’artillerie fut déployée. Le pacha signa immédiatement la capitulation de Patras et du « château de Morée »[17]. Mais, les agas commandant celui-ci refusèrent d’obéir à leur pacha, considéré comme traître et annoncèrent qu’ils préféraient mourir dans les ruines de leur forteresse plutôt que de se rendre.

Le siège du « château de Morée »

La forteresse de Rion

Le « château de Morée », Kastro Moreas ou encore Kastelli, aujourd’hui en ruines, gardait l’entrée du golfe de Corinthe, près de Rhion. Il avait été construit par Bayezid II en 1499[23].

Le général Schneider négocia avec les agas. Ils persistèrent dans leur refus de se rendre. Le siège fut mis devant la forteresse et quatorze pièces de marine et de campagne, installées à un peu plus de 400 mètres, réduisirent l’artillerie des assiégés au silence[24]. Le général Maison fit embarquer par l’amiral de Rigny toute son artillerie et ses sapeurs. Il envoya par la terre deux régiments d’infanterie et le 3e régiment de chasseurs à cheval. Les renforts arrivèrent le 23 octobre. De nouvelles batteries dites « de brèche » furent installées. Elles reçurent les noms de Charles X, George IV, duc d’Angoulême, duc de Bordeaux et la « Marine »[24]. Une partie de la flotte britannique et la frégate française la Blonde vinrent ajouter leurs canons.

La forteresse de Rion, avec le pont au fond

Le 30 octobre, les batteries ouvrirent le feu. En quatre heures, une brèche était largement ouverte dans les remparts. Un parlementaire sortit alors avec un drapeau blanc pour négocier les termes de la reddition de la place. Le général Maison répondit que les termes avaient été négociés au début du mois à Patras. Il ajouta qu’on ne pouvait faire confiance à des assiégés qui n’avaient pas respecté une première convention pour en respecter une seconde. Il fut accordé une demi-heure à la garnison pour évacuer la place, sans armes ni bagages[24]. Les agas se soumirent. Cependant, la résistance de la forteresse avait coûté 25 hommes, tués ou blessés à l’expédition française[25].

Les Français dans le Péloponnèse

Le 5 novembre 1828, les derniers « non-Grecs », Turcs, Égyptiens ou Musulmans en général, avaient évacué la Morée. 2 500 Turcs et leur famille furent embarqués à bord de vaisseaux français à destination de Smyrne[24].

Les ambassadeurs français et britannique s’étaient installés à Poros et invitèrent Constantinople à y envoyer un diplomate pour poursuivre les négociations sur le statut de la Grèce. La Porte persista à refuser de participer aux conférences. Les Français suggérèrent alors de poursuivre les opérations militaires et de les porter dans l’Attique et en Eubée. Les Britanniques s’opposèrent à ce projet. Il fut donc décidé de laisser aux Grecs le soin de chasser les Ottomans de ces territoires. L’armée française ne devant intervenir que s’ils se trouvaient en difficulté[26].

Les troupes de l’Expédition de Morée furent alors progressivement évacuées. La brigade Schneider, dans laquelle se trouvait Cavaignac, embarqua dans les premiers jours d’avril 1829[27]. Le général Maison ne partit que le 22 mai 1829. Une seule brigade resta dans le Péloponnèse. Des troupes venues de France vinrent relever les soldats présents en Grèce : ainsi, le 57e régiment d'infanterie de ligne débarqua à Navarin le 25 juillet 1830[28]. La France ne se retira définitivement qu’après l’arrivée en Grèce en janvier 1833 du roi Othon.

Les troupes françaises, commandées par le général Guéhéneuc, ne restèrent pas inactives pendant ces presque cinq ans. Des fortifications furent relevées, comme celles de Navarin[N 2]. Des ponts furent construits, comme sur le Pamissos, entre Kalamata et Modon. La route de Modon à Navarin fut construite. Des améliorations furent apportées aux villes du Péloponnèse (casernes, ponts, jardins, etc.)[24].

Résultats militaires de l'expédition

L'Empire ottoman ne pouvait plus s'appuyer sur les troupes égyptiennes pour tenir la Grèce. On revenait à la situation stratégique d'avant 1825 et le débarquement d'Ibrahim Pacha. Alors, les insurgés grecs avaient triomphé sur tous les fronts.

Après l'expédition militaire de Morée, les Grecs n'avaient plus à affronter que les troupes turques, en Grèce centrale. Livadiá, verrou de la Béotie fut conquise début novembre 1828. Une contre-attaque de Mahmut Pacha depuis l'Eubée fut repoussée en janvier 1829. En avril, Naupacte fut « restituée » aux Grecs ; en mai Augustinos Kapodistrias reprit la ville symbolique de Missolonghi[29]. Il fallut cependant la victoire militaire de la Russie et le Traité d'Andrinople pour voir reconnue l'indépendance de la Grèce.

En septembre 1829, un an après l'expédition militaire de Morée, les territoires grecs qui avaient été libérés, — Péloponnèse et Grèce centrale —, étaient ceux qui formeraient la Grèce indépendante après 1832.

L’expédition scientifique

Frontispice de l’Expédition scientifique de Morée par Abel Blouet.

L’expédition de Morée fut la deuxième des grandes expéditions militaro-scientifiques menées par la France dans la première moitié du XIXe siècle. La première, la référence, avait été celle d’Égypte à partir de 1798. La dernière fut celle menée à partir de 1839 en Algérie. Elles se firent toutes à l’initiative du gouvernement français et furent placées sous la tutelle de ministère particulier (Relations extérieures pour l’Égypte, Intérieur pour la Morée et Guerre pour l’Algérie)[30]. Les grandes institutions scientifiques recrutaient les savants (qu’ils fussent civils ou militaires) et leur fixaient leurs missions, mais le travail sur place se faisait en relation étroite avec l’armée.

La Commission des Sciences et des Arts lors de l’expédition d’Égypte de Bonaparte et surtout les publications qui avaient suivies étaient devenues une référence. La Grèce étant l’autre grande région « antique » considérée comme à l’origine de la civilisation occidentale (c’était un des arguments principaux des philhellènes), il fut décidé de « profiter de la présence de nos soldats qui occupaient la Morée pour envoyer une commission savante. Elle ne devait pas égaler celle qu’on vit attachée à la gloire de Napoléon […] Elle devait cependant rendre d’éminents services aux lettres et aux sciences[31] ».

En Égypte et en Algérie, le travail scientifique se fit sous la protection de l’armée. En Morée, les troupes rembarquaient alors que l’exploration commençait à peine. L’armée se contenta de fournir un soutien logistique : « des tentes, des piquets, des outils, des bidons, des marmites et des sacs, en un mot tout ce qui put se trouver à notre usage dans les magasins de l’armée[32] ».

Les membres de l’expédition scientifique débarquèrent à Navarin le 3 mars 1829, après 21 jours de mer[33].

Section des sciences physiques

Cette section regroupait en fait de nombreuses sciences : botanique (Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent, Louis Despreaux Saint-Sauveur et Antoine Vincent Pector), géographie, géologie (Pierre Théodore Virlet d’Aoust et Émile Puillon Boblaye), zoologie. Le gouvernement avait insisté pour qu’un paysagiste soit aussi envoyé ainsi que le disait le Ministre de l’Intérieur Martignac pour ne pas restreindre les observations « aux mouches et aux herbes, mais de les étendre aux lieux et aux hommes. »[34]

La géographie

Un des premiers objectifs fixé par le gouvernement français avait été de cartographier le Péloponnèse, dans un but scientifique, mais aussi pour des raisons économiques et militaires. Le Ministre de la Guerre, le Vicomte de Caux, avait écrit au général Maison le 6 janvier 1829 :

« Toutes les cartes de la Grèce sont fort imparfaites et ont été dressées sur des itinéraires plus ou moins infidèles, il est donc essentiel de les rectifier. Non seulement la géographie s’enrichira de ces recherches, mais on favorisera par là les intérêts commerciaux de la France en rendant ses relations plus faciles, et l’on sera surtout utile à nos forces de terre et de mer, qui pourraient être dans le cas d’agir dans cette partie de l’Europe[35]. »

En deux ans, une carte très précise, au 1/200.000° sur six feuillets, fut réalisée. En mars 1829, une base de 3 500 mètres était tracée en Argolide, d’un angle des ruines de Tirynthe à un angle de maison en ruines dans le village d’Aria[36]. Elle devait servir de point de départ à toutes les opérations de triangulations pour les relevés topographiques et géodésiques dans le Péloponnèse. Peytier et Puillon-Boblaye procédèrent à de nombreuses vérifications de la base et des règles employées. La marge d’erreur fut ainsi réduite à 1 mètre pour 15 km[37]. La longitude et la latitude du point de la base à Tirynthe furent relevées et vérifiées, afin de réduire à nouveau au maximum la marge d’erreur, estimée à 0,2 seconde[38]. 134 stations géodésiques furent installées sur les montagnes de la péninsule, mais aussi sur Égine, Hydra ou à Nauplie. Ainsi, des triangles équilatéraux dont chaque côté faisait approximativement 20 km furent dessinés. Les angles furent mesurés avec des théodolites de Gambey[39].

Les géographes souffrirent des fièvres tant l’équipe de Bory de Saint-Vincent que celle de Puillon-Boblaye :

« La chaleur horrible qui nous a assaillis en juillet, a mis, au reste, toute la brigade topographique en désarroi. Ces messieurs, ayant travaillé au soleil, sont presque tous tombés malades et nous avons eu la douleur de voir mourir, il y a une huitaine de jours, M. Dechièvre à Napoli[40]. » (Bory de Saint-Vincent)

« Sur douze officiers employés au service géodésique, deux sont morts et tous ont été malades. Nous avons perdu en outre deux sapeurs et un domestique[41]. » (Puillon-Boblaye)

Exemple de planche du tome consacré à la botanique dans l’Expédition de Morée par Bory de Saint-Vincent

Plus tard, Kapodistrias chargea Virlet d’Aoust d’étudier la possibilité de creuser un canal sur l’isthme de Corinthe.

La botanique et la zoologie

Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent dirigeait l’expédition scientifique. Il se chargea aussi plus particulièrement des études de botanique. Il recueillit de très nombreux spécimens : Flore de Morée de 1832 regroupe 1 550 plantes dont 33 orchidées et 91 graminées (seules 42 espèces n’avaient pas encore été décrites) ; Nouvelle Flore du Péloponnèse et des Cyclades de 1838 décrit 1 821 espèces[42]. En Morée, Bory de Saint-Vincent se contenta de collecter les plantes. Il procéda à leur classement, identification et description de retour en France. Il fut alors aidé, non par ses collaborateurs de Grèce, mais par Louis Athanase Chaubard, Jean-Baptiste Fauché et Adolphe Brongniart[43]. De même, les naturalistes Étienne et Isidore Geoffroy Saint-Hilaire participèrent à la rédaction des ouvrages scientifiques de l’expédition.
Les plantes, mais aussi les oiseaux ou les poissons étaient envoyés au fur et à mesure de leur récolte en France[44].

L’expédition de Morée confirma l’existence en Grèce du chacal. Bien que des récits de voyage antérieurs aient mentionné sa présence, on ne les avait pas considérés comme dignes de foi. L’espèce vue et décrite par les Français était de plus endémique à la région. Bory de Saint-Vincent rapporta des peaux et un crâne[45].

Section des Beaux-Arts

Olympie en 1829 par l’Expédition de Morée

Elle fut formée par l’Institut de France qui désigna pour la diriger l’architecte Abel Blouet. L’Institut lui adjoignit Jean-Baptiste Vietty, Amable Ravoisié, Pierre Achille Poirot, Frédéric de Gournay et Pierre Félix Trezel.
L’architecte Jean-Nicolas Huyot a donné des instructions très précises à cette section. Fort de son expérience en Asie mineure et en Égypte et sous l’influence des ingénieurs, il demanda de tenir un véritable journal de fouille où devaient se trouver des précisions relevées grâce à la montre et la boussole, d’élaborer une carte de l’espace parcouru, et de décrire la configuration du terrain[46].

Itinéraires

La publication des travaux archéologiques et artistiques suit le même plan que la publication des travaux des sciences physiques et naturelles : celui d’un itinéraire avec des descriptions des routes empruntées, des monuments remarquables le long de ces routes et une descriptions des sites destinations. Ainsi, le tome 1 de l’ Expédition de Morée. Section des Beaux Arts. décrit Navarin (pages 1 à 7 [47]) avec six pages de planches (fontaines, églises, forteresse de Navarin et palace de Nestor à Pylos[48]) ; puis aux pages 9–10, l’itinéraire Navarin-Modon[49] est détaillé avec quatre pages de planches (église en ruines et ses fresques, mais aussi paysages bucoliques rappelant qu’on n’est pas si loin que cela de l’Arcadie[50]) et enfin trois pages sur Modon[51] et quatre pages de planches[52]. Les paysages bucoliques sont assez proches de la « norme » que proposait Hubert Robert pour une représentation de la Grèce.

La Porte de Messène dans le style « berger d’Arcadie » et influencé par Hubert Robert.

La présence des soldats du corps expéditionnaire est importante, en alternance avec des bergers grecs :

« (…) l’hospitalité généreuse et les mœurs simples et innocentes nous rappelaient les beaux temps de la vie pastorale auxquels la fiction a donné le nom d’âge d'or, et qui semblaient nous offrir les personnages réels des églogues de Théocrite et de Virgile. »[53]

L’expédition archéologique parcourut Navarin (Pylos), Modon, Coron, Messène et Olympie (publiés dans le premier tome de la publication) ; le temple d’Apollon à Bassae, Megalopolis, Sparte, Mantinée, Argos, Mycènes, Tirynthe et Nauplie (objets du deuxième tome) ; les Cyclades (Syros, Kéa, Mykonos, Délos, Naxos et Milo), le cap Sounion, Égine, Épidaure, Trézène, Némée, Corinthe, Sicyone, Patras, Élis, Kalamata, le Magne, le cap Ténare, Monemvasia, Athènes, Salamine et Éleusis (traités dans le troisième tome).

Edgar Quinet était parti avec le reste de l’Expédition. Mais, dès son arrivée en Grèce, il se désolidarisa de ses compagnons, comme le fit également un autre membre de la section, le sculpteur lyonnais Jean-Baptiste Vietty. Les deux hommes parcourent le Péloponnèse séparément. Quinet visita Le Pirée le 21 avril 1829 d’où il gagna Athènes. Il parcourut en mai les Cyclades à partir de Syros. Malade, il rentra en France dès le 5 juin. Sa Grèce moderne et ses rapports avec l’Antiquité. parut en septembre 1831[54]. De son côté, Vietty poursuivit ses recherches en Grèce jusqu'en août 1831, bien après le retour en France de l'Expédition à la fin de l'année 1829[55].

Modalités d’exploration

L’exploration artistique et archéologique du Péloponnèse se déroula comme on pratiquait alors les recherches archéologiques en Grèce. La première étape était toujours une tentative de vérification sur place (une forme d’autopsie comme le faisait Hérodote) des textes des auteurs antiques : Homère, Pausanias ou Strabon. Ainsi, à Navarin, l’emplacement du palais de Nestor fut déterminé à partir d’Homère et des adjectifs « inaccessible » et « sablonneuse »[56]. À Modon, « les restes antiques du port dont la description s’accordent parfaitement celle de Pausanias suffisent pour déterminer de manière certaine l’emplacement de la ville antique[57]. »

Après avoir exploré Navarin, Modon et Coron, les membres de l’expédition se rendirent à Messène où ils passèrent un mois à partir du 10 avril[58].

Olympie

Une des métopes d’Olympie ramenées au Louvre par l’expédition de Morée

L’Expédition passa six semaines à partir du 10 mai[59] 1829 à Olympie. Abel Blouet et Dubois y entreprirent les premières fouilles. Ils étaient accompagnés de peintres Poirot, Trezel et Duval. Les conseils archéologiques d’Huyot furent suivis :

« D’après les instructions qui lui avaient été données par la commission de l’Institut, cet antiquaire (Dubois) avait fait commencer des fouilles dont le résultat avait été la découverte des premières assisses de deux colonnes du pronaos et quelques fragments de sculpture. »[60]

Le site fut quadrillé et des sondages furent pratiqués en ligne. L’archéologie se rationalisait. L’emplacement du temple de Zeus fut ainsi déterminé[61]. On commençait à quitter la simple chasse au trésor.
L’apport primordial de l’Expédition scientifique de Morée fut en effet son quasi-désintérêt pour le pillage et la chasse aux trésors. Blouet refusa les fouilles risquant d’endommager les monuments, et interdit qu’on mutilât les statues pour en emporter un fragment, sans intérêt séparé du reste[62]. Pour cette raison, peut-être, les trois métopes du temple de Zeus découvertes à Olympie furent emportées dans leur intégralité. Cependant, cette volonté de protéger l’intégrité du monument fut un progrès épistémologique certain.

La Grèce byzantine

L’église d’Osphino

L’intérêt des Français ne se limita pas à l’Antiquité. Ils décrivirent et dessinèrent aussi les monuments byzantins. Bien souvent, jusque là chez les voyageurs, seule comptait la Grèce antique, la Grèce médiévale et moderne était ignorée. Blouet, dans son Expédition de Morée donnait des renseignements très précis sur les églises qu’il rencontra. Ainsi, la planche 9 (I, II et III) du tome 1 est consacrée à :

« Plan, coupe et vue perspective de l’une des deux petites églises du village d’Osphino, situé sur le penchant de la montagne à gauche de la route de Navarin à Modon ; (…) ; son intérieur, orné de peinture à fresques est divisé en deux parties par un mur qui forme au fond un petit sanctuaire fermé dans lequel se tient le prêtre pour officier[63]. »

La création de l'École française d'Athènes

Les résultats obtenus par l'Expédition scientifique de Morée firent sentir la nécessité de créer une structure stable et permanente qui permettrait de prolonger le travail. À partir de 1846, il fut possible de « continuer systématiquement et en permanence l'œuvre commencée si glorieusement et si heureusement par l'Expédition scientifique de Morée[64]. » grâce à l'installation rue Didot, au pied du Lycabette, de l'institution scientifique française.

Publications

  • Abel Blouet et Amable Ravoisié, Expédition scientifique de Morée, ordonnée par le Gouvernement Français. Architecture, Sculptures, Inscriptions et Vues du Péloponèse, des Cyclades et de l’Attique., Firmin Didot, 1831. (3 tomes)
  • J. B. Bory de Saint-Vincent, Relation du voyage de la Commission scientifique de Morée dans le Péloponnèse, les Cyclades et l’Attique., Levrault, 1836-1838. 2 volumes et un atlas.
  • J. B. Bory de Saint-Vincent (et collaborateurs), Expédition scientifique de Morée. Section des sciences physiques., tome II Géographie et géologie., 1834.
  • J. B. Bory de Saint-Vincent (et collaborateurs), Expédition scientifique de Morée. Section des sciences physiques., tome III Botanique dit aussi Flore de Morée., 1832.
  • J. B. Bory de Saint-Vincent (et Louis Athanase Chaubard), Nouvelle Flore du Péloponnèse et des Cyclades., 1838 (édition revue et augmentée de Flore de Morée. de 1832).
  • E. Puillon-Boblaye, Recherches géographiques sur les ruines de Morée., Levrault, 1836.

Annexes

Articles connexes

Membres de l’expédition militaire

Le général Maison

Troupes concernées

Membres de l’expédition scientifique et personnalités liées

Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent

Note : Il est très difficile de trouver une liste complète et exhaustive des membres de l’expédition scientifique. Il faut bien souvent conjecturer à partir d’informations partielles. Les noms précédés de « (??) » sont ceux trouvés dans les diverses sources, mais encore douteux.

  • Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent (officier, naturaliste et géographe), chef de l’Expédition scientifique et un des principaux auteurs des ouvrages consacrés à cette exploration.
  • Guillaume Abel Blouet (architecte), chef de la section des Beaux-Arts et un des principaux auteurs des ouvrages consacrés à cette exploration.

Liens externes

Bibliographie

  • Marie-Noëlle Bourguet, Bernard Lepetit, Daniel Nordman, Maroula Sinarellis, L’Invention scientifique de la Méditerranée. Égypte, Morée, Algérie., Éditions de l’EHESS, 1998. ISBN 2-7132-1237-5
  • M. Brunet de Presle et Alexandre Blanchet, La Grèce depuis la conquête romaine jusqu’à nos jours., Firmin Didot, 1860.
  • A. Hugo, France militaire. Histoire des armées françaises de terre et de mer de 1792 à 1837. Delloye, 1838.
  • Olga Polychronopoulou, Archéologues sur les pas d’Homère. La naissance de la protohistoire égéenne., Noêsis, Paris, 1999. ISBN 2911606418
  • Arch. de Vaulabelle, Histoire des deux Restaurations, jusqu’à l'avènement de Louis-Philippe, de janvier 1813 à octobre 1830., Perrotin, 1860.

Notes et références

Notes

  1. La Morée est le nom donné par les anciens Croisés à la région du Péloponnèse, en Grèce.
  2. « La ville de Navarin, (…) fut remise en 1829, aux Français, dont l’armée l’occupe aujourd’hui. Une partie de la garnison travaille au rétablissement de la citadelle et des fortifications qui l’entourent. », in Abel Blouet, Expédition de Morée. Section des Beaux-Arts., tome 1, p. 2.

Références

  1. An Index of events in the military history of the greek nation., Hellenic Army General Staff, Army History Directorate, Athènes, 1998, pp. 51 et 54. (ISBN 960-7897-27-7)
  2. Le texte sur Gallica
  3. M. Brunet de Presle et Alexandre Blanchet, La Grèce, p. 555.
  4. M. Brunet de Presle et Alexandre Blanchet, La Grèce, p.556.
  5. Arch de Vaulabelle, Histoire des deux Restaurations., tome 7, p. 472
  6. Arch. de Vaulabelle, Histoire des deux Restaurations., tome 7, p. 649.
  7. Francis Haskell et Nicholas Penny, Taste and the Antique., Yale U.P., 1981, p. 104.
  8. Cité par Roland et Françoise Étienne, La Grèce antique., Gallimard, 1990, p. 60-61.
  9. Antoine Calmon, Histoire parlementaire des finances de la Restauration., Michel Lévy, 1868-1870, tome 2, p. 313.
  10. Les sources divergent à ce propos. Brunet de Presle et A. Blanchet La Grèce disent 13 000 hommes ; A. Hugo France militaire 14 000 ; Arch. de Vaulabelle Histoire des deux Restaurations 14.062. La Revue des Deux Mondes, (tome 141, 1897) donne 480 officiers et 8 489 hommes de troupes plus 17 officiers et 391 soldats du génie. Les histoires générales arrondissent à 15 000.
  11. A. Hugo, France militaire. Histoire des armées françaises., tome 5, p. 316
  12. Les sources divergent. A. Hugo dans France militaire propose le 54e et le 58e régiments d’infanterie, tandis que Arch.de Vaulabelle dans Histoire des deux Restaurations donne les 56e et 58e régiments d’infanterie et L’Historique du 57e Régiment d’Infanterie dit que ce régiment est parti en Morée (en fait, il constitua une partie de la relève en 1830). La composition des brigades est celle donnée par A. Hugon car elle est la plus précise.
  13. A. Hugo, France militaire. donne le 3e régiment du génie tandis que Vaulabelle Histoire des deux Restaurations donne le 2e régiment du génie
  14. A. Hugo, op. cit., p. 316
  15. Vice-amiral Jurien de la Gravière, « Station du Levant. L’Expédition de Morée », in Revue des deux Mondes, 1874, p. 867.
  16. Arch. de Vaulabelle, op. cit., p.471.
  17. a , b , c , d , e , f , g  et h A. Hugo, France militaire, tome 5, p. 317
  18. Abel Blouet, Expédition scientifique de Morée., p. xxi.
  19. Lettre à sa mère in Revue des deux Mondes., tome 141, 1897, p. 51.
  20. Arch. de Vaulabelle, op. cit., p. 471.
  21. M. Brunet de Presle et Alexandre Blanchet, op. cit., p. 556.
  22. Lettre de Cavaignac à sa mère, 12 octobre 1828, in Revue des deux Mondes., op. cit., p. 55.
  23. Robin Barber, Blue Guide. Greece., Black, Londres, 1987, p.392. (ISBN 0393303721)
  24. a , b , c , d  et e A. Hugo, France militaire, tome 5, p. 319
  25. M. Brunet de Presle et Alexandre Blanchet, op. cit., p. 556. et A. Hugo, op. cit, p. 319 et Arch de Vaulabelle, op. cit., p. 474.
  26. M. Brunet de Presle et Alexandre Blanchet, op. cit., p. 556.
  27. Lettre d’Eugène Cavaignac à sa mère, 30 mars 1829, in Revue des deux Mondes., op. cit., p. 69.
  28. Capitaine Berthemet, Historique du 57e régiment d'infanterie., Bordeaux, 1901, chapitre 9. Le régiment resta jusqu'en 1833.
  29. An Index of Events in the military History of the Greek Nation, p. 65-67.
  30. Bernard Lepetit, « Missions scientifiques et expéditions militaires : remarques sur leurs modalités d’articulation. », in L’Invention scientifique de la Méditerranée., p. 97.
  31. A. Blouet, Expédition de Morée., p. xxii.
  32. Bory de Saint-Vincent, Relation du voyage de la Commission scientifique de Morée., vol 1, p. 114, in Bernard Lepetit, article cité, p. 100.
  33. Abel Blouet, Expédition scientifique de Morée., tome 1, p. 1.
  34. Serge Briffaud, « L’Expédition scientifique de Morée et le paysage méditerranéen. » in L’invention scientifique de la Méditerranée, p.293.
  35. Bory de Saint-Vincent, Expédition scientifique de Morée. Section des sciences physiques., tome II Géographie et géologie., p. 18. in Bernard Lepetit, article cité, p. 109.
  36. « Notice sur les opérations géodésiques exécutées en Morée, en 1829 et 1830, par MM. Peytier, Puillon-Boblaye et Servier » in Bulletin de la Société de géographie, tome 19, n° 117-122, janvier-juin 1833, p. 91.
  37. « Notice sur les opérations géodésiques exécutées en Morée, en 1829 et 1830, par MM. Peytier, Puillon-Boblaye et Servier », p. 95.
  38. « Notice sur les opérations géodésiques exécutées en Morée, en 1829 et 1830, par MM. Peytier, Puillon-Boblaye et Servier », p. 98.
  39. « Notice sur les opérations géodésiques exécutées en Morée, en 1829 et 1830, par MM. Peytier, Puillon-Boblaye et Servier », p. 89.
  40. Bory de Saint-Vincent, Lettre du 4 août 1829, in Bulletin de la Société de Géographie., tome 12, n°75-80, juillet-décembre 1829., p. 122-123.
  41. Puillon-Boblaye, Lettre du 23 août 1829, in Bulletin de la Société de Géographie., tome 12, n°75-80, juillet-décembre 1829., p. 124.
  42. Jean-Marc Drouin, « Bory de Saint-Vincent et la géographie botanique. » in L’invention scientifique de la Méditerranée, p. 144.
  43. Ibid., p. 145.
  44. Nouvelles annales des voyages, de la géographie et de l’histoire ou Recueil des relations originales inédites, juillet-août-septembre 1829, p. 378
  45. Nouvelles annales des voyages, de la géographie et de l’histoire ou Recueil des relations originales inédites, janvier-février-mars 1837, p. 354-355.
  46. Bernard Lepetit, article cité, p. 112.
  47. Expédition de Morée. Section des Beaux Arts., tome 1, Navarin, pages 1 à 7
  48. Expédition de Morée. Section des Beaux Arts., tome 1, six pages de planches sur Navarin
  49. Expédition de Morée. Section des Beaux Arts., tome 1, itinéraire Navarin-Modon, pages 9 et 10
  50. Expédition de Morée. Section des Beaux Arts., tome 1, quatre pages de planches sur l'itinéraire Navarin-Modon
  51. Expédition de Morée. Section des Beaux Arts., tome 1, Modon
  52. Expédition de Morée. Section des Beaux Arts., tome 1, quatre pages de planches, Modon
  53. Abel Blouet, Expédition de Morée., tome 1, p. 25 à propos de Messène.
  54. Hervé Duchêne, Le Voyage en Grèce., Bouquins, Robert Laffont, 2003, ISBN 2-221-08460-8, p. 557.
  55. Stéphane Gioanni, « Jean-Baptiste Vietty et l'Expédition de Morée (1829). A propos de deux manuscrits retrouvés », in Journal des Savants, 2008. 2, p. 383-429.
  56. Abel Blouet, Expédition de Morée. t. I, p. 6.
  57. A. Blouet, Expédition de Morée., t. I, p. 12.
  58. « Pendant le mois que nous passâmes à Messène, je fis faire des fouilles assez considérables, dont les résultats ne furent pas sans importance pour nos travaux. » A. Blouet, Ibid., p. 25. Les pages suivantes décrivent le stade et les monuments antiques en détail.
  59. Nouvelles annales des voyages, de la géographie et de l’histoire ou Recueil des relations originales inédites, 1829, p.378.
  60. Abel Blouet, Expédition de Morée., tome 1, p. 61.
  61. Plan de l'emplacement du temple de Zeus à Olympie
  62. Olga Polychronopoulou, Archéologues sur les pas d’Homère., p. 33.
  63. Abel Blouet, Expédition de Morée., tome 1, p. 10.
  64. M. Cavvadias, Éphore général des Antiquités, « Discours pour le cinquantenaire de l'École Française d'Athènes », Bulletin de Correspondance Hellénique., XXII, 1819, p. LVIII.


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