Le Piree

Le Piree

Le Pirée

Le Pirée
(el) Πειραιάς
Administration
Pays Grèce Grèce
Périphérie Attique
Nome Nome du Pirée
Code postal 185 xx
Indicatif téléphonique 210
Maire Panayótis Fasoúlas
Géographie
Latitude 37° 56′ 00″ Nord
       23° 38′ 00″ Est
/ 37.93333, 23.63333
Longitude
Altitude 2 m
Superficie 1 090 ha = 10,9 km²
Démographie
Population 175 697 hab. (2001)
Densité 16 119 hab./ km²
Localisation
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City locator 14.svg
Le Pirée
Internet
Site de la ville http://www.pireasnet.gr

Le Pirée (en grec ancien ὁ Πειραιεύς / Peiraieús, en grec moderne ο Πειραιάς / Pireás) est le principal port d'Athènes. Il est aussi le dernier port et le principal centre industriel de Grèce. Il est le point de départ des voyageurs vers les îles de la mer Égée.

Sommaire

Histoire

Antiquité

Le Pirée était à l'origine une île, séparée du continent par les marais d'Halipédon.
Il ne fut pas le premier port d'Athènes. On lui préféra longtemps la rade de Phalère, visible depuis Athènes, contrairement au Pirée. Le premier à s'intéresser au Pirée fut Hippias qui fortifia Mounychie. La première reconnaissance du Pirée par Athènes a lieu en 507 ; les réformes de Clisthène l’érigent en dème ce qui va permettre à la ville du Pirée de commencer à se développer. Mais cette reconnaissance athénienne n’est pas encore portuaire, elle ne concerne que la ville même qui a commencé se développer au Pirée.

Thémistocle au moment de son archontat (493492), pour offrir à la flotte athénienne (200 trirèmes) un lieu de mouillage (échouage) plus sûr que la rade de Phalère, entama la construction des Longs Murs. Ils étaient tout juste achevés au début de la Guerre du Péloponnèse. Les fortifications furent démolies par le Spartiate Lysandre en 404, à la fin de la guerre du Péloponnèse, puis remplacées en 393 par l'amiral athénien Conon.


Thémistocle, fondateur de l’économie du Pirée

Spécifications (syngraphai) pour la construction de l'arsenal (skeuotheke) du Pirée, confiée aux architectes Euthydomos et Philon. 347/346 av. J.-C. (IG II² 1668) (Musée épigraphique d'Athènes)

Au tome V de The Cambridge Ancient History, on peut lire sur Thémistocle It was him who was responsible for the new naval base at the Piraeus, without wich her maritime hegemony could not have been maintained. C’est en effet à Thémistocle que l’on doit le choix du site du Pirée pour installer le nouveau port d’Athènes, à la suite de la découverte de nouveaux gisements dans les mines du Laurion, Athènes a en effet les moyens de procéder à des grands travaux de fortifications et de construction maritime et Thémistocle persuade l’assemblée de débloquer ces fonds afin de faire d’Athènes une puissance maritime. Au livre II de la Guerre du Péloponnèse, Thucydide nous explique que Thémistocle (…) trouvait l’endroit heureusement conformé avec ses trois ports naturels et pensait qu’eux-mêmes devenus marins, ils se trouveraient en bonne passe pour acquérir de la puissance. Aussi en 493 lors du premier archontat de Thémistocle les travaux au Pirée commencent et le dotent de chantiers navals. Ce sont ces chantiers navals qui permettent la construction d’une flotte assez importante pour battre les perses à la bataille de Salamine en 480. Cette victoire persuade les Athéniens de l’utilité d’une puissance maritime, la ville d’Athènes ayant été détruite par les Perses, ils s’emploient à la reconstruire en la fortifiant et en font de même pour le Pirée qui a quelque peu souffert également de l’invasion perse

Ces fortifications inquiètent les cités alliées d’Athènes, Sparte en premier lieu, qui craint de voir là les débuts d’un rival très important pour son hégémonie. Aussi Sparte tente par tous les moyens diplomatiques possibles d’empêcher la fortification du Pirée, en arguant qu’en cas d’invasion réussie des Perses, cela leur procurerait une place imprenable en Attique. Mais Thémistocle se rend à Sparte pour les rassurer et décide de reconstruire les fortifications du Pirée détruites par les Perses en suivant un modèle plus vaste ; les murs du Pirée font 60 stades de circonférence et Thémistocle ordonne qu’on les érige assez haut et assez larges pour qu’ils puissent être défendus par les hommes les plus inaptes (invalides, vieillards) alors que le reste des soldats embarquerait sur des trières. Ces murs avaient, nous dit Thucydide au livre I, 93 de son ouvrage, une largeur telle que deux chars pouvaient s’y croiser de front.

La fortification du Pirée en fait une place militaire inexpugnable, et par conséquent un port de commerce sûr puisque les marchands n’ont pas peur d’y entreposer leurs denrées. Aussi ces fortifications vont de pair avec un développement de ce port. Le Phalère est abandonné au profit du Pirée, plus grand, mieux fortifié et s’articulant au pied de collines permettant une bonne surveillance. Thémistocle est donc le premier à avoir saisi l’importance du Pirée, tout d’abord pour se construire une flotte significative en cas de nouvelle invasion perse mais aussi pour stimuler le commerce et faire d’Athènes une puissance maritime bien protégée. Mais son projet le plus ambitieux, les Longs Murs reliant Athènes au Pirée, ne fut réalisé qu’après son ostracisme[1], prononcé en 471 (il aurait été accusé de « médiser », c'est-à-dire de prendre le parti des Mèdes[2] .

De l’âge d’or à la chute

Les débuts de la période classique constituent l’âge d’or du Pirée qui acquiert une hégémonie sur le commerce grec, et ce au détriment des autres ports comme Chalcis, Érétrie, Égine ou encore Corinthe qui est néanmoins le seul port à réussir à se maintenir à peu près. Aussi à partir de 451, la ville du Pirée est-elle entièrement reconstruite sur un vaste plan architectural par Hippodamos, les entrepôts et arsenaux sont agrandis et la ville se dote de temples et de bassins plus nombreux. Le Pirée apparaît alors comme une clef de l’essor athénien puisqu’il lui confère sécurité, prospérité économique et commerciale ainsi que puissance navale sans égale. À eux seuls, les revenus du Pirée couplés à ceux des mines du Laurion constituent alors plus de 65% du budget de l’État athénien, le développement de la navigation compensant la pauvreté de la terre de l’Attique. Le Pirée se rapproche également d’Athènes dans la mesure où ses habitants prennent de plus en plus part à la démocratie athénienne, puisque la tradition démocratique est très ancrée au Pirée. Enfin, les longs murs construits entre 461 et 456 et qui relient le Pirée à Athènes suivant une double muraille d’environ 6 kilomètres achèvent de protéger la ville et lui confèrent non plus seulement des vertus défensives mais aussi un potentiel agressif. L’importance de ces longs murs se ressent bien au livre I de La Guerre du Péloponnèse puisque Thucydide nous apprend que Thémistocle pensait que le Pirée présentait plus d’utilité que la ville haute et répétait souvent aux Athéniens, si jamais ils cédaient à un assaillant sur terre, de gagner le port et, avec leur flotte, de faire face.

Malgré ce tableau idyllique, cet âge d’or touche à sa fin au milieu du Ve siècle, en effet les fortifications du Pirée ont déjà attiré la méfiance des Lacédémoniens et les autres ports grecs (Mégare et Corinthe notamment) ont beaucoup souffert de l’hégémonie du Pirée. Aussi les raisons de la guerre du Péloponnèse sont-elles essentiellement économiques, Sparte n’a aucun mal à convaincre les cités ayant souffert de l’expansion athénienne de se joindre à elle pour faire la guerre à Athènes. L’effort de guerre provoque au Pirée la ruine de plusieurs commerçants, les locaux et les navires étant réquisitionnés et le commerce chutant au profit des dépenses militaires. Les raids lacédémoniens sur le territoire de l’Attique conduisent Périclès à rassembler la population dans les murailles athéniennes, qui s’étendent donc maintenant sur une petite dizaine de kilomètres, suivant ainsi le conseil de Thémistocle. Cependant, les murailles du Pirée ainsi que la ville n’ont pas été étudiées pour accueillir un si grand nombre de personnes, ainsi les populations s’entassent, et trouvent refuge dans les temples, sous les portiques… Cette situation est propice à la propagation d’une maladie, la peste fait des ravages un an plus tard dans la population, favorisée par la quasi absence d’égouts au Pirée ainsi que par la faible adduction d’eau et l’absence de fontaine. Au livre II, 48, Thucydide nous explique que Athènes se vit frappée brusquement, et ce fut d’abord au Pirée que les gens furent touchés ; ils prétendirent même que les Péloponnésiens avaient empoisonné les puits (car il n’y avait pas encore de fontaines à cet endroit). Puis il atteignit la ville haute et dès lors le nombre de morts fut beaucoup plus grand. La peste, qui a eu raison de Périclès et de ses deux fils, est un coup fatal porté au Pirée qui traverse alors une crise économique et commerciale sans précédents. Le désastre de Sicile en 415 achève cette crise en privant les athéniens d’un grand nombre de navires.

Le Pirée a une tradition démocratique très ancrée. Ainsi lors du régime des 400 en 411, ce sont les soldats du port qui s’unissent et s’emparent du Pirée après une guerre civile menée dans les rues. Mais cela n’empêche pas les Lacédémoniens de porter le coup fatal au Pirée, quand après le siège victorieux d’Athènes, ils exigent que les longs murs et les fortifications d’Athènes et du Pirée soient rasés. Le coup est d’autant plus dur pour les habitants du Pirée qui voient leurs commerces détruits que Lysandre ordonne que cette destruction se fasse au son des flûtes, comme une fête. Athènes, déchue, est de nouveau victime d’une révolution oligarchique et de la mise en place du régime des Trente, qui s’acharne particulièrement sur le Pirée, foyer de la révolution contre le régime des 400. Cet acharnement contribue à une nouvelle révolte démocratique à l’hiver 404, partant toujours du Pirée et menée par Thrasybule, qui réussit à prendre le Pirée et à résister aux assauts des soldats des Trente. Même si les hoplites spartiates parviennent à les vaincre à la suite d’une réelle démonstration militaire, la démocratie fut rétablie un an plus tard, en 403.

Le Pirée comportait 3 ports, Zéa et Munichie à l'est, tous les deux utilisés pour les navires de guerre, et le grand port de Canthare à l'ouest. Ce dernier devint un marché florissant. La population de la ville était d'ailleurs principalement constituée de mètéques qui firent du port une ville commerciale et cosmopolite, où les Dieux étrangers cotoyaient les Dieux grecs.
Ces trois ports furent rétrécis par des môles et fortifiés. Ils pouvaient être fermés par des chaînes tendues à leur entrée.
Une nouvelle ville s'organisa progressivement autour du Pirée avec un plan en damier conçu par l'architecte Hippodamos de Milet, au milieu du Ve siècle av. J.-C..

C'est du Pirée que Thrasybule rétablit la démocratie à Athènes, en chassant le gouvernement des Trente, retranchés dans la forteresse de Mounychie.

Cette forteresse fut par la suite occupée par une garnison macédonienne, puis romaine.

Le général romain Sylla assiéga le Pirée et détruisit ensuite la ville en 87-86. Strabon dit d'ailleurs que la ville n'est qu'un misérable village. Il semblerait qu'elle soit redevenue un centre commercial florissant à l'époque impériale.
Constantin utilisa encore le port pour sa flotte de guerre.

Le lion et les runes gravées

Le raid d'Alaric Ier en 396 donna le coup de grâce à la ville.

Organisation des différents ports

Ce site comporte trois ports naturels, qui vont être utilisés par les plus grands architectes grecs pour donner les trois ports de Zéa, de Munychie et de Kantharos. Ces ports sont essentiellement militaires et commerciaux et seront fortifiés sous Thémistocle afin d’en faire une place imprenable. Ce sont en effet ce qu’on appelle des ‘ports fermés’ c'est-à-dire que les tours de garde se trouvant à chaque extrémité des digues (sur lesquelles se trouvaient les phares destinés à guider les bateaux) étaient reliées entre elles par des chaînes ce qui empêchait les navires des rentrer sans autorisation et prévenait donc le Pirée de toute attaque.

Le port de Zéa, le plus grand des trois était uniquement militaire et comprenait des chantiers navals. Ce fut le premier à être fortifié, et il avait été capable d’accueillir 196 trières, dans des loges de 40 mètres de long sur 6,50 mètres de large.

Le port de Kantharos est le deuxième plus grand port du Pirée, il a pour but de seconder celui de Zéa en se consacrant lui aussi essentiellement à des activités militaires ; il comprend des arsenaux et des chantiers navals et peut accueillir 94 trières dans des loges de la même taille que celles du port de Zéa.

Enfin, le dernier de ces ports, celui de Munyche, est certes le plus petit mais est très important dans la mesure où c’est lui qui gère la plupart des activités commerciales du Pirée. Il comprend 600 mètres de quais et 82 loges, plus petites que celles des autres ports et se situe au pied de la colline de Munyche. C’est dans ce port que se trouvent les entrepôts, les marchés et les bâtiments administratifs destinés à régler la vie commerciale.

Moyen Âge et domination ottomane

En 1040, le mercenaire varègue Harald, futur roi Harald Hardraada, vint réprimer une insurrection athénienne pour le compte de l'empereur de Constantinople. Il débarqua au Pirée, nommé alors Porto Leone ou Porto Draco. Ce nom lui avait été donné à cause de la statue de lion (ou lionne), peut-être originaire de Délos qui se trouvait à l'extrémité du promontoire d'Alkimos. Un reproduction est encore visible de nos jours. Ce fut sur cette statue qu'Harald Hardraada grava des runes.

La statue fut emportée par Francesco Morosini en 1687. Elle est maintenant à l'entrée de l'Arsenal de Venise.

Le Pirée s'appelait Aslan-Liman pendant la domination ottomane.

À l’époque contemporaine

Mounychie retrouva son importance de forteresse lors de la guerre d'indépendance grecque. Ce fut de là que partit en 1827 la colonne de soutien aux Grecs assiégés dans l'Acropole d'Athènes. Cette expédition, dirigée par Sir Richard Church échoua dans sa tentative. Yeóryios Karaïskákis y perdit la vie. Le Général Gordon réussit ensuite à tenir Mounychie de février à mai 1827.

Le Pirée fut choisi en 1834 pour abriter le site du nouveau port d'Athènes.
La ville comptait 300 habitants en 1836. Chateaubriand n'y avait vu qu'une petite maison de douanier. Le Pirée fut alors repeuplé par des habitants des îles venus y chercher un emploi.

En 1850, le Royaume-Uni de Palmerston procéda au blocus du port à cause de l'incident Don Pacifico. Le Royaume-Uni, cette fois accompagné de la flotte française procéda à un nouveau blocus entre 1854 et 1857, à cause de la politique extérieure et des dettes de la Grèce, ainsi que de la Guerre de Crimée.

Le Pirée avait 11 000 habitants en 1869 et 50 000 en 1895. La ville explosa avec la "Grande Catastrophe" : l'échange de population avec la Turquie suite au Traité de Lausanne en 1923. Le nombre d'habitants au Pirée fut multiplié par trois.

Le 6 avril 1941, jour de l'attaque allemande sur la Grèce lors de la Seconde Guerre mondiale, l'aviation allemande bombarda le port et coula 11 navires de guerre, surtout le Clan Fraser qui transportait 200 tonnes de TNT qui explosa avec deux transports de munitions voisins, causant d'immenses dégats.

L'échevin de la ville est actuellement (2007) Vicky Leandros et le maire est Panayótis Fasoúlas, ancien basketteur, longtemps joueur de l'Olympiakos et champion d'Europe en 1987 avec l'équipe nationale de Grèce.

Géographie

Les ports

Le Pirée comporte trois ports, d'est en ouest : Microlimano (anciennement Mounychie, Tourkolimano), Zéa (Passalimani) et Kantharos (Mega Limani, Porto Draco) le grand port.
C'est de ce dernier que partent les ferries pour les îles. Zéa est le port des yachts et du service pour les îles argo-saroniques.

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Population

Évolution de la population[3]
Année Habitants
1834 31
1836 1.071
1838 2.137
1842 2.611
1845 4.247
1848 5.279
1852 5.369
1853 5.472
1856 6.057
Année Habitants
1861 6.452
1870 11.047
1879 21.618
1889 35.569
1896 51.020
1907 74.580
1981 196.389
1991 182.671
2001 175.697

Sports

L'Olympiakos est le club omnisports de la ville. La section football est le club le plus titré du pays.

Notes

  1. Plutarque, Vie de Thémistocle, 22, 4 : « Cherchant à rabaisser sa valeur et sa supériorité, les Athéniens le frappèrent d'ostracisme : c'était leur habitude avec tous les hommes dont la puissance leur pesait et qui dépassaient, à leur avis, la mesure d'une égalité démocratique. », texte en ligne
  2. Plutarque, Vie de Thémistocle, 21,7 : « Timocréon fut banni comme gagné, dit-on, au parti mède, Thémistocle ayant voté contre lui. Lors donc que Thémistocle encourut lui-même un reproche semblable, Timocréon composa contre lui ceci », texte en ligne
  3. Source sur le XIXe siècle : Archives historiques du Pirée, d'après Sébastien Marre, Les enfants du Pirée. Mobilités, trajectoires individuelles et identité nationale dans un dème de la Grèce du XIXe siècle., Thèse soutenue à Bordeaux III en mai 2005.

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