Siege de Missolonghi

Siege de Missolonghi

Siège de Missolonghi

Siège de Missolonghi
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Carte géographique de la Grèce montrant la situation stratégique de Missolonghi.
Informations générales
Date 1826-1827
Lieu Missolonghi, Grèce.
Issue Victoire ottomane
Belligérants
Insurgés grecs Empire ottoman
Commandants
Notis Botsaris Ibrahim Pacha
Forces en présence
5000 soldats
Pertes
8000 soldats et civils
Guerre d’indépendance grecque

Le siège de Missolonghi est un épisode clé de la guerre d'indépendance grecque dans les années 1820, plus par son importance politique que militaire car il contribua largement à faire basculer l’opinion européenne en faveur de l’Indépendance grecque.

Missolonghi (Μεσολόγγι en grec), par sa situation sur la rive nord du golfe de Patras, occupe une position stratégique qui en fait la porte du Golfe de Corinthe, mais aussi commande le Péloponnèse et la Grèce du nord. Elle avait prouvé cette importance lors de la bataille de Lépante, au XVIe siècle.

Missolonghi fut régulièrement assiégée par les Ottomans pendant la guerre d’indépendance grecque : sans succès en 1822, puis en 1823, enfin en 1826-1827 où la ville fut prise. Cette défaite grecque joua un rôle déterminant dans la victoire finale de la guerre d’indépendance. Les défenseurs de la ville avaient en effet été rejoints, financés et entraînés par Lord Byron en 1824. Son décès marqua les philhellènes (libéraux occidentaux sensibles à la cause des Grecs) et l’Europe en général. La défense héroïque et le sacrifice de la population de la ville lors du dernier siège poussa l’Occident à une intervention.

Missolonghi comptait au début des années 1820 autour de 5 500 habitants, vivant presque tous de la mer. Construite à une des extrémités d’une baie peu profonde donc difficile d’accès aux navires à fort tirant d’eau, la ville n’est séparée de la mer distante de 7 km que par une lagune marécageuse appelée Limnosthalassa ; elle est ainsi protégée à l’ouest et au sud. L’entrée de la baie est de plus commandée par les îlots de Vasilidi, Dalmâ et Anatolikon (sur lequel était bâtie une forteresse). Vers l’est, le mont Aracinthe constitue une autre défense naturelle. Malgré ces protections physiques, ses défenses terrestres se résumaient à un petit fossé presque comblé, un mur mal entretenu et quatre vieux canons[1].

Sommaire

Contexte : la guerre d’indépendance grecque

Article détaillé : guerre d'indépendance grecque.
Germanos bénit les insurgés grecs.

La guerre d’indépendance grecque fut une guerre de libération contre l’occupation ottomane. Si les affrontements principaux eurent lieu dans le Péloponnèse et autour d’Athènes, il y eut aussi des combats en Épire.

En effet, Ali Pacha de Janina qui cherchait à assurer définitivement l’indépendance de ses possessions en Épire s’était révolté contre le Sultan Mahmud II en 1820. La Porte (nom parfois aussi donné au gouvernement de l’Empire ottoman) avait dû mobiliser toute une armée autour de Ioannina[2]. Le Sultan avait envoyé Khursit Pacha, alors gouverneur du Péloponnèse, et ses troupes pour mater la rébellion. Missolonghi était le port stratégique de communication entre les deux régions : Péloponnèse et Épire.

Pour les patriotes grecs organisés dans la Philiki Etairia et qui préparaient le soulèvement national depuis la fin du XVIIIe siècle[3], la rébellion d’Ali Pacha rendait le moment favorable. Il y avait potentiellement moins de soldats turcs disponibles pour réprimer leur soulèvement. L’insurrection fut déclenchée dans le Péloponnèse. Elle commença entre le 15 et le 20 mars 1821, sur toute la côte Nord du Péloponnèse (Patras, Vostitsa, Kalavryta) et dans le Magne. Theodoros Kolokotronis, un des chefs de l’insurrection, avait sillonné le Péloponnèse au début de 1821 afin de faire avancer la cause de l’indépendance. Il était parti de Zante qui avec Corfou était une des bases de préparation de l’insurrection. Les îles ioniennes fermaient le golfe de Corinthe dont Missolonghi, avec Patras commandait l’entrée. Le 25 mars, l’archevêque de Patras Germanos, proclama la guerre de libération nationale.

Les troupes d’Ali Pacha finirent par être vaincues en 1822. Alors, les Ottomans se tournèrent contre les Grecs insurgés qui s’étaient entretemps entendus avec le Pacha de Janina, ennemi de leur ennemi. L’alliance était une alliance de circonstance ; les Grecs n’oubliant pas qu’Ali Pacha avait massacré les Souliotes au début du siècle[4]. Ces montagnards épirotes, chrétiens d’origine albanaise, sont de nos jours considérés comme les premiers héros et les premières victimes de l’indépendance grecque. Ali Pacha vaincu, Khursit Pacha décida d’écraser ce foyer d’insurrection en Épire.

Le premier siège

(Source principale : Grèce depuis la conquête romaine jusqu’à nos jours[5])

Après la défaite et la mort d’Ali Pacha, les Souliotes se retrouvèrent donc quasiment seuls face aux nombreuses troupes de Khursit Pacha (14 000 hommes). Ils appelèrent alors à leur aide les autres Grecs insurgés. Aléxandros Mavrokordátos fut dépêché sur place avec 920 pallikares grecs et 120 philhellènes. Ses huit navires quittèrent Corinthe pour Missolonghi, port d’entrée en Étolie. Les Souliotes, dans un dernier effort, avaient réussi à se dégager. Mavrokordátos se porta à leur rencontre, puis marcha sur Arta où il fut défait le 16 juillet (4 juillet du calendrier julien) par 7 à 8 000 Turcs. Il perdit le tiers de ses hommes et la moitié de ses philhellènes. Il fallut évacuer l’Étolie. Les Souliotes rejoignirent Céphalonie sur des navires britanniques tandis que la population grecque de la région abandonnait ses possessions en brûlant fermes et récoltes pour ne rien laisser aux Ottomans.

Markos Botzaris

Tous refluaient vers Missolonghi. Ils y furent rejoints par l’armée ottomane commandée par Omer Vrioni, le 6 novembre (25 octobre julien). Alors que l’infanterie turque bloquait la ville par la terre, trois navires de guerre mettaient en place un blocus maritime. Mavrokordátos et Markos Botzaris ne voulaient pas abandonner Missolonghi car la perte de la ville aurait ouvert la porte du Péloponnèse aux troupes turques. Il y avait alors face à face 360 Grecs avec des vivres et des munitions pour un mois et 11 000 soldats ottomans avec onze canons et quatre obusiers. Parmi les soldats de la Porte, se trouvaient des Albanais musulmans, considérés comme des troupes d’élite car encore invaincues.

Omer Vrioni commença par négocier pour obtenir une reddition sans avoir à combattre. Pour montrer sa bonne volonté, il accorda une trêve de huit jours afin que les Grecs réunissent les vaisseaux nécessaires à l’évacuation des civils. Hydra et Spetses envoyèrent sept navires qui, au lieu d’évacuer les populations, donnèrent la chasse aux navires ottomans (21 novembre 9 novembre julien), puis firent débarquer des renforts : d’abord 700 Péloponnésiens commandés entre autres par Petrobey Mavromichalis, puis 1 000 autres pallikares et leurs capétans (commandants) avec des provisions et des munitions (25 novembre 13 novembre julien)[6].

Les assiégeants souffraient quant à eux de la disette et de maladies (la région de Missolonghi est très marécageuse). De plus, les soldats albanais engagés par Omer Vrioni, qui n’avaient pas touché leur solde, refusaient de combattre. Les sorties régulières et meurtrières des assiégés démoralisaient les troupes ottomanes.

Omer Vrioni décida d’en finir en attaquant le jour de Noël 1822 (du calendrier julien). Il espérait que les assiégés, occupés par la fête religieuse seraient moins sur leurs gardes. L’effet de surprise échoua car des chrétiens au service des Turcs réussirent à prévenir les Grecs. Ceux-ci étaient tous à leur poste de combat quand l’infanterie ottomane passa à l’action. Le combat dura trois heures. Les Ottomans durent finalement battre en retraite après avoir perdu 500 hommes (morts et blessés) et douze bannières. Les Grecs n’auraient eu à déplorer que quatre morts.

Les assiégés continuèrent leurs sorties de harcèlement les jours suivants. Ils étaient aidés par des petites bandes de pallikares qui avaient réussi à rejoindre Missolonghi par la terre. Une expédition de secours pour dégager les Grecs était annoncée. Omer Vrioni donna l’ordre de lever le camp. Les Turcs levèrent le siège dans la nuit du 11 au 12 janvier 1823 (31 décembre 1822 du calendrier julien), laissant sur place toute leur artillerie. Un désaccord, comme il y en avait alors beaucoup, entre les chefs grecs retarda la poursuite.

Le bilan de ce premier siège de Missolonghi fut positif pour les Grecs insurgés. Les Albanais de l’armée ottomane perdirent leur réputation d’invincibilité. Les Turcs ne pouvaient plus, en tout cas par le nord, essayer de reprendre le Péloponnèse. Le Sultan dut se tourner vers son vassal égyptien Mehemet Ali. La victoire à Missolonghi permit aux Grecs de croire en une possible victoire finale. Enfin, les nations d’Europe occidentale commencèrent à s’intéresser au sort des Grecs qui semblaient pouvoir gagner.

Le deuxième siège

La mort de Markos Botzaris par Filippo Marsigli

(Source principale : Grèce depuis la conquête romaine jusqu’à nos jours[7])

En 1823, le Sultan entreprit une contre-offensive en Grèce, sous la direction de Mehémet-Pacha. Une partie de l’armée, commandée par le pacha de Scodra Moustaï, devait reprendre le siège de Missolonghi avec 13 000 hommes. Le Souliote Marco Botzaris tenta avec 2 500 montagnards acarnaniens et étoliens et 450 Souliotes d’arrêter la progression ottomane le 20 août (9 août julien). Il mourut lors des combats et son corps fut enterré à Missolonghi. Il avait cependant remporté une victoire qui retarda la marche de ses ennemis. En plus de Botzaris, les Grecs perdirent 60 hommes. Les pertes ottomanes furent de 800 tués[8].

Moustaï fit sa jonction avec 3 000 Albanais d’Omer Vrioni et mit le siège au village d’Anatolikon qu’il commença à bombarder le 17 octobre. Malgré les 2 000 projectiles envoyés, Anatolikon ne subit que peu de dommages. Le 20 octobre, Moustaï dut renoncer à couper la route maritime du ravitaillement de Missolonghi. Les vaisseaux grecs réussissaient à se frayer un chemin dans la baie peu profonde, ce qu’étaient incapables de faire les vaisseaux turcs. Les assiégés étaient toujours ravitaillés, tandis que les assiégeants souffraient de la faim et les maladies avaient déjà emporté 2 000 soldats ottomans. Plutôt que d’affronter l’hiver, Moustaï leva le siège le 11 décembre.

Les défenseurs grecs déploraient la perte de 200 hommes.

Byron à Missolonghi

L’Arrivée de Byron à Missolonghi. Alexandros Mavrokordatos est l’homme en redingote noire qui l’accueille.

En Europe occidentale, la cause grecque devint le symbole du combat des libéraux et devenait l’incarnation de toutes leurs causes : liberté bien sûr, droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et lutte contre l’oppression d’une monarchie conservatrice et archaïque[9]. Un courant de sympathie pour les Grecs insurgés parcourut donc leurs rangs. Parmi eux, les plus engagés se baptisèrent philhellènes et s’organisèrent en comités un peu partout en Europe, mais aussi en Amérique. Leur principale activité fut de lever des fonds pour acheter des armes. Leur livraison fut confiée aux plus intrépides d’entre eux[10]. Le poète britannique Lord Byron, déjà sur le continent depuis plusieurs années fut chargé par le Comité Philhellène de Londres, dirigé par son ami John Cam Hobhouse, avec qui il avait visité la Grèce dans les années 1810, d’apporter l’aide des philhellènes britanniques aux Grecs. Il quitta le port de Gênes pour Céphalonie en juillet 1823 avec un chargement d’armes et d’or[11]. Aléxandros Mavrokordátos réussit alors à le convaincre de passer sur le continent.
Quelque temps avant de débarquer à Missolonghi, Lord Byron écrit dans son journal (le 17 octobre, avec beaucoup de retard et en mélangeant les deux premiers sièges) :

« Les Turcs ne sont plus devant Missolonghi - personne ne sait pourquoi ils sont partis vu qu’ils ont laissé derrière eux quantité de provisions et de munitions - et la garnison n’a effectué aucune sortie, tout au moins aucune qui ait servi à quelque chose ; ils n’ont pas investi Missolonghi une seule fois cette année, mais ils ont bombardé Anatoliko »[12]

Lord Byron débarqua le 24 janvier 1824. Il fut accueilli par Mavrokordatos et le maire de la ville Andréas Metaxás. Les Souliotes s’étaient définitivement installés dans la ville mais, ils ne combattaient plus car leur solde n’avait pas été réglée. Byron utilisa une partie de sa fortune pour les payer. Il en engagea 500 qu’il entreprit de former à la discipline militaire occidentale. Il dut y renoncer. Il n’eut pas plus de succès avec les Grecs qu’il engagea à leur place. La fièvre qu’il avait contractée lors de son voyage de 1811[13] fut réactivée par l’air malsain des marais de la région. Il décéda le 19 avril 1824 (7 avril julien), jour de Pâques. Il fut alors considéré comme un martyr de la cause philhellène.

Les Grecs avaient profité de la période de répit, et peut-être de l’argent des philhellènes pour améliorer les fortifications. La tâche fut confiée à l’ingénieur Coccini. Un nouveau mur avait été construit, avec des bastions auxquels on avait donné les noms de héros de la guerre d’indépendance comme Botzaris, Makris ou Normann (un général philhellène décédé lors d’un siège précédent et enterré dans la ville), mais aussi de Benjamin Franklin, Guillaume Tell ou Rigas[14]. Une cinquantaine de canons dont quatre obusiers constituaient maintenant l’artillerie de défense.

Le troisième siège

Plan des fortifications après 1824.

En mars 1825, peu de temps après la mort de Byron, les Turcs assiégèrent une nouvelle fois la ville que sa position géographique rendait toujours indispensable aux deux adversaires. Le port constituait en effet le dernier bastion grec en Grèce du nord. Missolonghi prise, ne resteraient plus aux insurgés que « Napoli de Romanie » (Nauplie) et « Napoli de Malvoisie » (Monemvasia). Mais, pour les Ottomans, les humiliations subies lors des sièges de 1822 et 1823 avaient accru leur désir de s’en emparer, pour une question d’honneur. Le Sultan avait envoyé son meilleur général, Rachid Pacha dit Kioutagi, à qui il aurait dit : « Ou Missolonghi, ou ta tête ! »[15]. Il disposait de 20 000 hommes dont 3 000 sapeurs (soldats du génie chargés de « saper » les fortifications adverses). Le siège fut mis devant Anatolikon le 23 avril (11 avril julien), et devant Missolonghi le 27 avril (15 avril julien). Les artilleurs turcs furent lents à installer leurs batteries. Le 17 mai, seulement trois canons et deux obusiers avaient été installés. Les défenseurs grecs rendaient leur tâche difficile, puisque les Turcs devaient travailler sous leur feu. Missolonghi était défendue par 3 000 Grecs, dont un grand nombre de Souliotes. Au cours du mois de juin, 1 500 volontaires descendirent des montagnes renforcer Missolonghi. La place était principalement commandée par Notis Botzaris et Tsonga. Le philhellène suisse Johann Jacob Mayer publiait dans la ville une gazette pour maintenir le moral des habitants[16]. Ce journal est considéré comme le premier journal de Grèce. Les assiégeants étaient ravitaillés par Naupacte et Patras.
Pendant deux mois, le siège fit peu de victimes, des deux côtés. Les brêches faites par les sapeurs ottomans étaient réparées la nuit suivante par les civils grecs à qui cette tâche avait été confiée (femmes, enfants et vieillards). En juin, les assiégés furent ravitaillés par une flotte commandée par Giorgos Negkas. Aussi, le 20 juin, ils purent effectuer une sortie. Les sapeurs des assiégés firent exploser une mine dans le mur de circonvallation que des ingénieurs autrichiens au service des Ottomans avaient construit. L’attaque permit aux Grecs de tuer une centaine de soldats ennemis[17].

Ellinika chronika. Le journal de Missolonghi de J.J Mayer, considéré comme le premier journal de Grèce.

Tant que les communications maritimes furent possibles, les assiégés reçurent provisions et munitions du Péloponnèse et des Îles ioniennes. Mais, le 29 juin 1825, l’amiral turc Topal Pacha entra dans le lagon avec environ quatre-vingts vaisseaux turcs égyptiens et algériens, la plus grande partie transportant des munitions et des provisions, mais aussi de nouvelles pièces d’artillerie. Missolonghi était coupée du reste de la Grèce. Cette fois, c’était au tour des Ottomans d’être ravitaillés. Rachid Pacha demanda à la ville de se rendre. La réponse des assiégés fut : « Les clés de la ville pendent au bout de nos canons. »[17] Le 2 juillet, une mine détruisit le bastion « Botsaris » et les Turcs tentèrent de pénétrer dans la ville. Ils furent repoussés. Rachid Pacha proposa à nouveau à la ville de se rendre. Les défenseurs se contentèrent d’envoyer de l’alcool aux Ottomans en leur précisant que c’était pour leur donner du courage, car prendre la ville ne serait pas facile. Le 18 juillet, le bastion « Franklin » fut capturé et les Ottomans y firent flotter leur couleurs. Le moral dans la ville fut atteint. La contre-attaque grecque empêcha que les assiégeant entrent dans la ville. Le bastion fut repris à la fin de la journée. Les combats avaient fait 500 morts[17].
Le 23 juillet, l’amiral grec Andreas Miaoulis réussit à forcer le blocus et à apporter des provisions à la ville. Il attaqua avec 40 navires et un brûlot. Les navires turcs s’enfuirent à la vue de ce dernier. Dans la nuit du 25 juillet, Yeóryios Karaïskákis, commandant militaire de la Grèce de l’Ouest, pénétra dans le camp de Rachid Pacha. Il y causa de grands dégâts et fit 300 morts.[17] Il envoya ensuite des troupes renforcer la garnison de Missolonghi, soulageant ainsi les assiégés. Le 28 septembre, Karaïskákis s’empara à Amphiloque du ravitaillement destiné aux Ottomans[17].

Le Sultan ayant laissé à Rachid Pacha jusqu’au beïram (Aïd pour les Turcs) pour remplir sa mission, il tenta un dernier assaut désespéré qui échoua à nouveau. Ses troupes souffraient de plus en plus de la faim et des maladies. Des soldats commençaient à déserter. Les sorties des assiégés faisaient aussi beaucoup de mal au moral des assiégeants. Le 18 octobre 1825, Rachid Pacha se retira à Salonique.

Le quatrième siège

Ibrahim Pacha

Le siège

Le Sultan avait appelé à son aide Mehemet Ali, son vassal égyptien. Ce dernier avait envoyé son fils Ibrahim Pacha qui avait débarqué dans le Péloponnèse le 26 février 1825 et l’avait reconquis. La défaite de Rachid Pacha devant Missolonghi renforçait encore l’éclat de ses victoires. Aussi, il voulut accroître sa réputation et le prestige des troupes égyptiennes en réussissant là où les troupes turques avaient échoué. Il envoya une partie de sa flotte bloquer Missolonghi en novembre 1825 puis traversa le golfe de Corinthe depuis Patras avec ses troupes et mit le siège devant la ville le 5 janvier 1826 (26 décembre 1825 du calendrier julien). Les travaux de réfection des fortifications mises à mal par le dernier siège n’avaient cependant pas pu être achevés. De nombreuses habitants, autant de bouches inutiles, étaient aussi revenus, les Ottomans partis.
Ibrahim Pacha se moqua de Rachid Pacha disant qu’en huit mois, il n’avait pas été capable de franchir cette clôture. Il désignait les remparts de la ville. Il affirma qu’en quinze jours, il en viendrait à bout[17].

Vers la mi-janvier, Miaoulis réussit une nouvelle fois à ravitailler la ville. Cependant, l’opération fut plus difficile que les fois précédentes. Le trésor grec était à sec. Il fallait choisir : payer les marins pour transporter le ravitaillement depuis Hydra ou acheter ce ravitaillement. Les marins finirent par renoncer à leur solde et les philhellènes envoyèrent de nouveaux subsides. Devant Missolonghi, la flotte de Miaoulis se heurta à une forte opposition de la part de la flotte égyptienne. Il réussit difficilement à passer et perdit des navires.

Le 18 février, les travaux de siège étaient achevés. Ibrahim Pacha commença le bombardement. Entre le 25 et le 28 février, ses quarante canons et obusiers envoyèrent 8000 boulets ou bombes sur la ville. Les dégâts furent considérables[18]. L’ Ellinika chronika de Mayer, favorable aux assiégés, rapporta que les obus de mortier principalement firent des dizaines de morts[17]. Cependant les hommes d’Ibrahim Pacha furent incapables de prendre les murs de la ville malgré un triple assaut nocturne fin février. Ibrahim Pacha dut reconnaître qu’il ne pourrait réussir seul et se tourna alors vers Rachid Pacha à qui il demanda de l’aide. Les deux armées réunies scellèrent le sort de Missolonghi.

La flotte d’Ibrahim réussit à mettre en place un blocus total du port, empêchant l’arrivée de tout nouveau ravitaillement. Les îlots protégeant la ville du côté du lagon tombèrent les uns après les autres. Vasilidi, défendu par une centaine de combattants fut capturé par Hussein Bey, gendre d’Ibrahim Pacha, le 9 mars (25 février julien), après qu’une bombe soit tombée sur un magasin de poudre. Il n’y eut que trois survivants. Dalmâ fut capturé le 14 mars (28 février julien) et ses deux cents défenseurs périrent. Anatolikon se rendit le 15 mars (1er mars julien). Ibrahim Pacha épargna les défenseurs, en espérant que Missolonghi suivrait l’exemple du fort[17]. Les deux pachas proposèrent une nouvelle fois aux assiégés de se rendre. La réponse fut « Nous mourrons, nous ne nous rendrons pas. Huit mille armes sanglantes ne se rendent pas. »[19] Les assiégés exagéraient leur nombre, pour intimider les Ottomans. Le 15 avril (3 avril julien) Miaoulis s’approcha avec une trentaine de vaisseaux pour forcer le blocus naval, ce fut une défaite grecque et l’amiral ne fut plus en mesure de venir en aide à la ville. Le bombardement se poursuivit et le moral de la population baissa.
On peut lire dans l’Ellinika chronika de Mayer :

« Nous souffrons de la faim, de la soif et de nombreuses maladies. 1.740 d’entre nos frères ont déjà péri. Plus de 100 000 bombes lancées par l’ennemi ont détruit les remparts et nos maisons. Nous souffrons des tortures du froid car nous manquons de bois. Quand on pense à tout ce qui nous fait défaut, il est incroyable de voir le courage et le moral de nos défenseurs. Dans quelques jours, tous ces braves ne seront plus que des ombres d’anges, des martyrs devant le trône de Dieu accusant l’indifférence du monde chrétien. Au nom de tous nos braves, j’annonce que nous avons fait le serment devant Dieu de défendre chaque pouce de terrain de la terre de Missolonghi. Nous préférons nous enterrer sous les ruines de notre ville plutôt que d’entendre parler de reddition. Nous vivons nos derniers instants. L’Histoire jugera et les générations futures pleureront notre sort. Quant à moi, penser que le sang d’un Suisse, descendant de Guillaume Tell, se mêlera à celui des héros de la Grèce m’emplit de fierté. »[17]

Le haut commissaire de la République des Sept-Îles, sir Frederick Adam, essaya de faire signer un traité de paix mais en vain.

La Sortie (Exodos)

La Sortie de Missolonghi, par Theodoros P. Vryzakis

La situation devint désespérée pour les défenseurs de la ville. Ils mourraient de faim s’ils restaient dans Missolonghi. Il risquaient la mort s’ils tentaient une sortie, mais ils avaient une chance de survivre. Après environ un an à tenir la ville, les chefs grecs, Notis Botzaris, Kitsos Tzavellas et Makris élaborèrent un plan pour s’échapper. Yeóryios Karaïskákis devait attaquer les Turcs par l’arrière et ainsi créer une diversion pour permettre aux assiégés de s’échapper de la ville. Sur les 9 000 habitants, environ 7 000 étaient assez forts pour prendre part à ce plan. Ceux qui restaient derrière, blessés trop gravement pour pouvoir se déplacer et quelques derniers défenseurs prêts à se sacrifier, connaissaient leur sort.
L’évêque de Prévéza, Joseph, rédigea une déclaration qui fut signée par l’intégralité de la population :

« Au nom de la Sainte Trinité.
En nous voyant, armée et citoyens, jeunes et vieux, privés de tout espoir, manquant même du minimum vital depuis quarante jours aujourd’hui ; voyant que nous avons rempli nos devoirs de soldats fidèles envers leur nation au cours d’un siège ; voyant que si nous restons un jour de plus, nous allons mourir sur place au milieu de la rue ; considérant qu’il n’y a plus d’espoir de recevoir d’aide, ni par la mer, ni par la terre pour continuer le combat ; nous avons unanimement décidé, puisque nous sommes vainqueurs : Notre Sortie se fera à deux heures du matin, dans la nuit du samedi 10 avril, au lever du soleil du Dimanche des Rameaux, que l’aide vienne ou non. »[17]

Dans la nuit du 22 au 23 avril (10 avril du calendrier julien), trois colonnes furent organisées, commandées respectivement par Botzaris, Tzavellas et Makris. Autour de 2 000 hommes armés étaient en avant et en arrière-garde. Au milieu, 5 000 vieillards, femmes et enfants étaient eux aussi armés. Certaines femmes s’étaient habillés en homme, avaient pris les armes et avaient rejoint les combattants[17]. Les assiégeants auraient cependant été prévenus par un déserteur bulgare. Ibrahim Pacha avait décidé de laisser passer les Grecs : il préférait qu’ils quittent la ville, qui ne serait plus défendue ; de même, les affronter en rase campagne serait plus aisé.
Les assiégés chargèrent hors des murs de la ville sous le feu des Turcs en position défensive. Ils se heurtèrent aux différents ouvrages construits par les Ottomans pour empêcher toute sortie. La cavalerie égyptienne chargeant, la plupart des Grecs paniquèrent et se replièrent vers la ville. Les soldats albanais au service des pachas les poursuivirent. Bien que les soldats grecs réussirent à se ressaisir, ils ne purent éviter le massacre. Des 7 000 personnes environ qui essayèrent de s’enfuir, environ 1 800 hommes et femmes réussirent à le faire sains et saufs[20].

La mise à feu de la réserve de poudre à Missolonghi. Theodoros P. Vryzakis

Le lendemain matin, dimanche des Rameaux, les Turcs et les Égyptiens entrèrent dans la ville.
Les Grecs, menés par Kapsalis, se firent exploser avec leurs poudrières plutôt que de se rendre. Les survivants furent massacrés ou vendus comme esclaves. Les Turcs placèrent également 3 000 têtes tranchées sur les remparts.

Conséquences

Après cet épisode héroïque et meurtrier, le courant de sympathie pour la cause grecque s’amplifia en Europe occidentale[21]. La mort de Byron, en martyr, avait déjà nourri le philhellénisme. Le sort de Missolonghi lors de la « Sortie » infructueuse accentua le phénomène. Les plus célèbres des partisans des Grecs, artistes reconnus, mirent leur art au service de la cause grecque. Leur propagande, par sa qualité et sa quantité, maintint vivant l’intérêt occidental pour l’insurrection, mais aussi la mauvaise conscience des gouvernements[10].
Ainsi, Chateaubriand écrivait dans sa « Note sur la Grèce » (où il appelait à aider la Grèce insurgée) qui précède en 1826 son Itinéraire de Paris à Jérusalem, alors qu’il apprenait qu’Ibrahim Pacha venait aider Rachid Pacha :

« Missolonghi, presque sans fortifications, repoussant les barbares entrés deux fois jusque dans ses murs ».
« On aime encore à espérer que Missolonghi n’aura pas succombé, que ses habitants, par un nouveau prodige de courage, auront donné le temps à la chrétienté enfin éclairée de venir à leur secours. Mais s’il en était autrement, chrétiens héroïques, s’il était vrai que, près d’expirer, vous nous eussiez chargé du soin de votre mémoire, si notre nom avait obtenu l’honneur d’être au nombre des derniers mots que vous avez prononcés, que pourrions-nous faire pour nous montrer digne d’exécuter le testament de votre gloire ? Que sont à tant de hauts faits, à tant d’adversités, d’inutiles discours ? Une seule épée tirée dans une cause si sainte aurait mieux valu que toutes les harangues de la terre. »

La Grèce sur les ruines de Missolonghi, par Delacroix (1826).

Victor Hugo écrivait dans Les Orientales (« Les Têtes du Sérail ») en 1826 :

Frères, Missolonghi fumante nous réclame,
Les Turcs ont investi ses remparts généreux.
Renvoyons leurs vaisseaux à leurs villes lointaines.
(...)
Missolonghi ! - Les Turcs ! - Chassons ô camarades,
Leurs canons de ses forts, leur flotte de ses rades.

Des étudiants parisiens auraient organisé une manifestation en apprenant la nouvelle de la chute de Missolonghi. Ils se seraient rendus aux Tuileries et auraient obtenu de Charles X, sorti sur son balcon la promesse d’aider les Grecs[17].
Un étudiant allemand, Sprewitz, fonda l’Association de la jeunesse. Elle tint six congrès dans le but d’organiser un corps expéditionnaire pour la Grèce. Blanqui entreprit en octobre 1828 un voyage vers la Morée pour aider la Grèce insurgée. Son expédition, en compagnie de son ami et camarade d’études, Alexandre Plocque, s’arrêta à Puget-Théniers, faute de passeport[22].

Eugène Delacroix fit avec sa Grèce sur les ruines de Missolonghi (1826) le même triomphe avec Scènes des massacres de Scio (1824). Chateaubriand et Palmerston prononcèrent des discours en faveur de la Grèce devant leurs parlements respectifs. L’archéologue et antiquisant allemand Niebuhr fit des discours qui permirent de récolter des fonds pour les comités philhellènes allemands. Le Suisse Jean-Gabriel Eynard et le roi Louis Ier de Bavière dépensèrent une partie de leur fortune pour racheter les femmes et enfants de Missolonghi vendus comme esclaves en Égypte[17]. Alexandre Pouchkine quant à lui défendit la cause de l’insurrection en Russie[10]. Émile Souvestre se fit connaître grâce à sa pièce de théâtre Le Siège de Missolonghi en 1828.

Le traité de Londres fut signée le 6 juillet 1827. La France, la Russie et le Royaume-Uni reconnurent l’autonomie de la Grèce qui resterait vassale de l’Empire ottoman. Les trois puissances se mirent d’accord pour une intervention limitée afin de convaincre la Porte d’accepter les termes du traité. Une expédition navale de démonstration fut suggérée et adoptée. Une flotte conjointe russe, française et britannique fut envoyée pour exercer une pression diplomatique sur Constantinople. La bataille de Navarin, pas vraiment prévue, plutôt due à une rencontre de hasard, entraîna la destruction de la flotte turco-égyptienne. Ensuite, la France envoya une expédition terrestre : l’Expédition de Morée.

Article détaillé : Expédition de Morée.

Ainsi, la prise de Missolonghi entraîna l’intervention des puissances européennes et permit la libération finale de la Grèce dans la guerre d’indépendance.

Galerie

Quelques œuvres inspirées par le sort de Missolonghi.

Épilogue : la reconquête

Il fallut deux ans pour que Missolonghi soit reprise par les Grecs.
Le 27 décembre (15 décembre du calendrier julien) 1827, la Karteria, navire de guerre à vapeur, commandée par le capitaine Frank Abney Hastings, fit débarquer des soldats sur l’îlot de Vasilidi. Ils s’emparèrent du fort. Hastings fut ensuite mortellement blessé lors du débarquement sur Anatolikon le 23 mai (11 mai julien) 1828[23]. Le 15 mai (3 mai julien) 1829, 4 000 soldats grecs commandés par Augustinos Kapodistrias mirent le siège devant la ville. Les défenseurs ottomans se rendirent sans combattre[24].

Aujourd’hui, la ville est encore entourée de ses remparts. La porte principale est la « Porte de la Sortie » de 1826. Juste à côté de cette porte, dans un petit jardin se trouve l’heroön dédié aux défenseurs de la ville tombés lors des sièges. Un tumulus central accueille les anonymes. À sa droite, la tombe de Markos Botzaris par le sculpteur français David d’Angers, puis le monument à Byron qui contient le cœur du poète philhellène. Le musée de la ville commémore les sièges grâce à de nombreuses œuvres, dont une Grèce sur les ruines de Missolonghi de Delacroix. La Société Byron tient aussi régulièrement des colloques à Missolonghi.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Brunet de Perle et Alexandre Blanchet, Grèce depuis la conquête romaine jusqu’à nos jours, 1860, p. 516.
  2. Brunet de Perle et Alexandre Blanchet, op. cit., p. 421-423.
  3. Georges Contogeorgis, Histoire de la Grèce., p. 341-342.
  4. Brunet de Perle et Alexandre Blanchet, op. cit., p. 409-412.
  5. Brunet de Perle et Alexandre Blanchet, op. cit., p. 515-518
  6. An Index of events in the military history of the greek nation., p. 45-46
  7. Brunet de Perle et Alexandre Blanchet, op. cit., p. 521-523
  8. An Index of events in the military history of the greek nation., p. 47.
  9. Georges Contogeorgis, Histoire de la Grèce., p. 347-348.
  10. a , b  et c Richard Clogg, A Concise History of Greece., p. 37-38.
  11. Hervé Duchêne, Le Voyage en Grèce., Bouquins, p. 509.
  12. Lord Byron, Lettres et journaux intimes., L.A Marchand (éd) in Le Voyage en Grèce., Bouquins, p. 531.
  13. Lettre à Henry Drury, 7 juillet 1811, in Selected Letters and Journals., p. 48.
  14. Achille de Vaulabelle, Histoire des deux restaurations., 1860, p. 381.
  15. Brunet de Perle et Alexandre Blanchet, op. cit., p. 533.
  16. Vaulabelle, op. cit., p. 381.
  17. a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k , l  et m Histoire du dernier siège d’après Constantin Paparregopoulos consulté le 26 janvier 2007.
  18. Brunet de Perle et Alexandre Blanchet, op. cit, p. 534.
  19. Brunet de Perle et Alexandre Blanchet, op. cit, p. 535
  20. Le bilan de la sortie diffère grandement en fonction des sources :
    • Brunet de Perle et Alexandre Blanchet, op. cit : 1 300 survivants.
    • Achille de Vaulabelle, op. cit. : 9 000 personnes en ville, dont 3 000 pouvant porter des armes et 2 000 femmes, enfants et invalides et 1 800 survivants
    • Le Baedeker’s. Greece (1897) : 3 000 combattants et 6 000 personnes désarmées pour la sortie et 1 300 hommes et 200 femmes survivants
    • Le Guide Joanne Grèce (1911) : 1 800 survivants, 3 000 morts et 3 000 prisonniers
    • Les Guide Vert Michelin. Grèce et Blue Guide. Greece. (1989) : 9 000 personnes faisant la sortie et 1 800 survivants
    • L’histoire du siège d’après Paparregopoulos : 10 500 personnes en ville et 1 500 survivants.
  21. Apostolos Vacalopoulos, Histoire de la Grèce moderne., p.119.
  22. J-C Caron, Générations romantiques. Les étudiants de Paris et le Quartier latin. (1814-1851)., A. Colin, 1991, p.278. (ISBN 2-20037-241-8)
  23. An Index of events in the military history of the greek nation., p.62-63.
  24. An Index of events in the military history of the greek nation., p.66.

Bibliographie

  • (en) An Index of events in the military history of the greek nation., Hellenic Army General Staff, Army History Directorate, Athènes, 1998. (ISBN 9-60789-727-7)
  • (fr) Brunet de Perle et Alexandre Blanchet, Grèce depuis la conquête romaine jusqu’à nos jours., Firmin Didot, 1860.
  • (en) Richard Clogg, A Concise History of Greece., Cambridge U.P., 1992. (ISBN 0-52137-830-3)
  • (fr) Georges Contogeorgis, Histoire de la Grèce, Coll. Nations d’Europe, Hatier, 1992. (ISBN 2-21803-841-2)
  • (fr) Jean Dimakis, La Presse française face à la chute de Missolonghi et à la bataille navale de Navarin. Recherches sur les sources du philhellénisme français., Institute for Balkan Studies, Thessalonique, 1976.
  • (fr) Achille de Vaulabelle, Histoire des deux restaurations., Perrotin, 1860.
  • (fr) Apostolos Vacalopoulos, Histoire de la Grèce moderne., Horvath, 1975. (ISBN 2-71710-057-1)
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