- Intelligentsia
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Intelligentsia, (du polonais inteligencja, en russe : интеллигенция), est une classe sociale engagée dans un travail de création et de dissémination de la culture, accompagnée par les artistes et les enseignants.
Au XXIe siècle, le terme correspond à l'élite intellectuelle de la nation reconnue et proche du pouvoir. Elle dirige le champ scientifique, littéraire, artistique et dispose le plus souvent d'un relais médiatique important.
Sommaire
Origine du terme
Dans sa significations initiale, intelligentsia correspond à une certaine classe d'intellectuels dans l'Empire russe[1] au XIXe siècle...
Le terme a été popularisé par le philosophe polonais Karol Libelt après la parution de son livre O miłości ojczyzny en 1844. Il définit l'inteligencja comme les gens instruits qui détiennent le savoir, tels que les professeurs, le clergé, les ingénieurs, et « ceux qui de leur lumière guident vers la raison ».
Sa première occurrence en français remonte à 1902. À l'époque, il s'écrivait intelligentia. Il s'écrit intelligentsia depuis 1920 (et quelquefois intelligentzia). Il s'utilise d'abord exclusivement dans un contexte russe[2].
L’intelligentsia russe
À l’origine, le terme d’intelligentsia se réfère aux personnalités publiques bien éduquées. Dès les années 1890, il est restreint à ceux qui œuvrent contre le régime. Le premier membre russe reconnu est le prince Khvorostinin, au début du XVIIe siècle, exilé dans un monastère après avoir été dénoncé pour être en possession d’ouvrages en latin, pour avoir traité le tsar de despote et pour avoir essayé de fuir vers la Lituanie[3]. Dès le XVIIIe siècle, surtout après l’abolition, en 1762, du service d’État obligatoire, les nobles ont pu consacrer plus de temps libre aux activités culturelles comme la littérature. 1769 voit l’apparition du premier périodique de langue russe, Vsiachina Vsiakaia (Un peu de tout). Entre 1762 à 1772, le nombre de titres fut multiplié par cinq[4]. Après la Révolution française, la Grande Catherine exile deux personnalités de premier plan de l’intelligentsia : le conservateur Nikolaï Novikov et le radical Alexandre Radichtchev.
En 1825, l’insurrection décabriste mit la philosophie idéaliste à la mode, en particulier celle de Hegel et Schelling, qui appréciaient l’accent mis sur le potentiel créatif de l’esprit et sur la façon dont les systèmes évoluent constamment vers un but final[5]. En 1836, Piotr Tchaadaïev publia un essai condamnant la Russie comme un pays sans histoire ou réalisations, qui provoqua une scission entre les réformateurs et les slavophiles partisans d’un retour de la Russie à ses racines d’avant les réformes de Pierre le Grand qu’ils rendaient responsables de l’introduction d’un gouvernement bureaucratique de style allemand. Essentiellement anarchistes conservateurs, ils ne voulaient pas de parlement, de bureaucratie ou de constitution, préférant une constitution non écrite, comme en Angleterre.
Lors d’un banquet pendant une tournée en province, après qu’un des convives eut prononcé le terme intelligentsia, l’empereur Nicolas II se récria, affirmant qu’il détestait l’intelligentsia[6] et ajoutant qu’il aurait souhaité[7] que le mot soit expurgé du dictionnaire russe par l’Académie des Sciences : « Comme je trouve ce mot répugnant[8]. » Asher ajoute que Nicolas II était fermement convaincu qu’en dehors de l’intelligentsia, toute la population de l’Empire russe lui était dévouée[9].
Usage du terme en sociologie
Citation
- « Les pensées de la classe dominante sont aussi, à toutes les époques, les pensées dominantes. » (Karl Marx, L'Idéologie allemande)
Notes et références
- Pologne, partagée entre la Prusse, l'Autriche-Hongrie et l'Empire russe n'a pas d'existence comme État indépendant. Une grande partie de la Pologne fait alors partie de l'empire russe. À l'époque, la
- Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française, article « intelligence », p. 1103, Éditions Le Robert, Paris, 2010.
- p. 253-4. Richard Pipes, Russia under the old regime,
- p. 255-6. Richard Pipes, Russia under the old regime,
- p. 262 Richard Pipes, Russia under the old regime,
- « Nor could he abide the intelligentsia. » ((en) Abraham Ascher, The Revolution of 1905 : Russia in Disarray, p. 15), Standford University Press, 1988. Selon Asher,
- wistfully ». Asher précise «
- (en) Abraham Ascher, The Revolution of 1905 : Russia in Disarray, p. 15.
- Abraham Asher, Ibid.
Voir aussi
Articles connexes
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