- Carmen Sylva
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Carmen Sylva est le nom de plume de la princesse Elisabeth Pauline Ottilie Louise de Wied, née le 29 décembre 1843 au château de Mon Repos (Meine Ruhe) près de Neuwied (Allemagne), morte d'une pneumonie le 2 mars 1916 à Bucarest, qui devint, par mariage, princesse puis reine de Roumanie.
Fille du prince Hermann de Wied et de la princesse Marie de Nassau, elle est la nièce de la reine Sophie de Suède et du grand-duc Adolphe de Luxembourg. Sa cousine, Hilda de Nassau, sera grande-duchesse de Bade.
C'est en 1861, lors d'un séjour à Berlin, que la jeune princesse rencontre son futur mari, Charles de Hohenzollern-Sigmaringen; Fils cadet de Charles-Antoine, prince de Hohenzollerbn-Sigmaringen, premier ministre de Prusse, et de Joséphine de Bade, il est le petit-fils de Stéphanie de Beauharnais, grande duchesse de Bade et cousine de l'empereur des Français Napoléon III.
Le prince a deux sœurs : Stéphanie qui a été une éphèmère reine de Portugal et Marie-Louise, comtesse de Flandres, mère du roi Albert Ier de Belgique. Ses deux frères cadets mourront sans descendance. Quant à son frère aîné Léopold, son élection au trône d'Espagne sera à l'origine d'une crise diplomatique qui aboutira à la guerre franco-prussienne de 1870. Héritier du trône roumain à la mort de sa nièce, il renoncera à ses droits en fzveur de son fils cadet.
Charles est élu prince de Roumanie en 1866, les deux jeunes gens se marient le 15 novembre 1869. De leur union naît une fille, Maria. Née en 1871, la petite princesse mourra en 1874. Le couple n'aura pas d'autres enfants.
Durant la guerre russo-turque de 1877-1878, elle se consacre aux soins aux blessés, et fonde l'ordre d'Élisabeth (dont la décoration consiste en une croix d'or sur un ruban bleu), destiné à honorer les personnes qui s'étaient distinguées dans une tâche comparable. Elle encourage l'enseignement secondaire et supérieur pour les femmes en Roumanie, et crée diverses sociétés à but charitable. En 1882 elle est élue membre de l'Académie de Roumanie.
L'éducation reçue lors de son enfance et de sa jeunesse allemandes est très variée : elle se distingue notamment par ses talents de pianiste, d'organiste ainsi que pour le chant (le jeune Georges Enesco a mis en musique nombre de ses poèmes) ; elle montre en outre de grandes dispositions pour la peinture et l'art des enluminures. Toutefois, son imagination portée vers la rêverie et la poésie la conduit sur le chemin de la littérature, en particulier la poésie, les contes et les ballades, ainsi que dans un grand travail de collecte de légendes populaires roumaines auxquelles elle donne une forme littéraire.
Sommaire
Activité littéraire
Carmen Sylva écrit avec aisance en allemand, roumain, français et anglais. Parmi ses nombreuses œuvres, on peut signaler :
- Ses premières publications : Sappho and Hammer, deux poèmes apparus à Leipzig en 1880.
- En 1882, un volume d'aphorismes en prose, Les pensées d'une reine, publié à Paris, qui sera récompensé par le Prix Botta, décerné tous les trois ans par l'Académie française, et sera publié en allemand en 1890 à Bonn sous le titre Vom Amboss ;
- Cuvinte sufletești, méditations religieuses en roumain (publié en 1888 à Bucarest), et sera traduit en allemand en 1890 sous le titre de Seelen-Gespraeche.
Plusieurs de ses œuvres sont écrites en collaboration avec Mite Kremnitz, une de ses dames d'honneur, née à Greifs-wald en 1857, mariée au docteur Kremnitz de Bucarest ; cette série d'œuvres est publiée entre 1881 et 1888, dans plusieurs cas sous les pseudonymes de Dito et Idem. Citons notamment :
- Aus zwei Welten (Leipzig, 1884), roman,
- Anna Boleyn (Bonn, 1886), tragédie,
- In der Irre (Bonn, 1888), recueil de contes,
- Edleen Vaughan, ou Paths of Peril, roman (London, 1894),
- Sweet Hours, poème écrits en anglais (London, 1904).
Son œuvre signée Carmen Sylva inclut en outre :
- une traduction en allemand de Pêcheur d'Islande, de Pierre Loti,
- la traduction en allemand des volumes du critique dramatique Paul de Saint-Victor, Les Deux Masques (Paris, 1881-1884),
- la traduction en anglais, en 1891, avec la collaboration d'Alma Strettell, sous le titre The Bard of the Dimbovitza, d'un recueil de folklore roumain d'Elena Văcărescu publié antérieurement à Bonn, en 1889, sous le titre Lieder aus dem Dambovitzathal.
L'affaire Vacaresco
En 1881, afin d'assurer sa succession au trône de Roumanie, le roi Charles désigne son neveu, le prince Ferdinand de Hohenzollern-Sigmaringen. Ferdinand, prince allemand, n'a jusque-là jamais foulé le sol roumain et n'en parle pas la langue, et tombe amoureux de la femme de lettre roumaine Hélène Vacaresco, qui est une des intimes de la reine. Celle-ci encourage cette relation, bien que la constitution de Roumanie stipule que l'héritier au trône ne peut pas épouser une Roumaine.
Le scandale finit par éclater, et la reine est contrainte à l'exil dans son château natal de Neuwied en Allemagne. Hélène Vacaresco est éloignée à Paris, tandis que le prince héritier est envoyé faire un tour des cours européennes pour y chercher une épouse.
Bibliographie
- Roger Merle, Carmen Sylva. L'extravagante Reine Elisabeth de Roumanie, 1843-1916, Editions Michaël Ittah, 1999, 190p.
- Gabriel Badea-Päun, Carmen Sylva - Uimitoarea Regină Elisabeta a României, 1843-1916, Bucarest, Humanitas, 2003, seconde édition en 2007, troisième édition en 2008. ISBN 978-973-50-1101-7.
- Gabriel Badea-Päun, Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouÿ (1842-1923) à la cour royale de Roumanie,dans Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français, Année 2005, Paris, 2006, p. 257-281.
- Gabriel Badea-Päun, Carmen Sylva, reine Elisabeth de Roumanie, Versailles, Via Romana, 2011.
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