- Contre-gouvernement en France
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Le contre-gouvernement en France est un gouvernement virtuel formé par l'opposition parlementaire en France. Il s'inspire du cabinet fantôme ou shadow cabinet du système parlementaire anglais.
Sommaire
Première expérience : le contre-gouvernement Mitterrand de 1966-1968
Contexte
Suite à l'élection présidentielle française de 1965 où François Mitterrand obtient un score de 45% des votants au second tour face au Général de Gaulle, l'opposition parlementaire, qui comprend, en sa nouvellement créée Fédération de la gauche démocrate et socialiste, la SFIO, le Parti radical et la Convention des institutions républicaines, décide le 13 mars 1966 d'établir un contre-gouvernement qui se réunit pour la première fois le 12 mai 1966. Composé d'un conseil central de douze membres, appelés « ministres du contre-gouvernement » ou « contre-ministres », issus des différentes composantes politiques de la FGDS, à quoi s'ajoutent un certain nombre d'experts en charge d'autres dossiers, il est présidé par François Mitterrand et censé se réunir tous les jeudi matin, au lendemain du Conseil des ministres. Cette décision sera peu appliquée. Très critiqué par la majorité et par le Parti communiste français, il ne se réunit plus que de manière sporadique après les élections législatives françaises de 1967 et disparaît suite à l'échec de la gauche aux législatives de juin 1968.
Composition du Conseil central du contre-gouvernement
Membres du gouvernement, avec indiqué les ministres du troisième gouvernement Pompidou que chacun de ces membres est chargé de surveiller et de contrer :
- Président : François Mitterrand (CIR) - Georges Pompidou
- Affaires étrangères : Guy Mollet (SFIO) - Maurice Couve de Murville
- Éducation nationale : René Billères (Radical-socialiste) - Christian Fouchet
- Affaires sociales et administratives : Gaston Defferre (SFIO) - Jean-Marcel Jeanneney (Affaires sociales) et Louis Joxe (Réforme administrative)
- Justice : Michel Soulié (Radical-socialiste) - Jean Foyer
- Finances : Henri Duffaut (SFIO) - Michel Debré
- Plan : Étienne Hirsch (CIR) - François-Xavier Ortoli (Commissaire général au Plan)
- Promotion de la femme, Jeunesse et Sports : Marie-Thérèse Eyquem (CIR) - François Missoffe
- Information : Claude Fuzier (SFIO) - Yvon Bourges
- Technologie : Jean Baboulène - Alain Peyrefitte
- Aménagement du Territoire : Robert Fabre (Radical-socialiste) - Olivier Guichard (Chargé de mission auprès du Premier ministre, délégué à l'Aménagement du territoire et à l'action régionale)
- Culture : Jean-François Revel (sympathisant SFIO) - André Malraux
Deuxième tentative : le contre-gouvernement du RPR de 2000 à 2002
Élue à la tête du Rassemblement pour la République (RPR) en 1999, Michèle Alliot-Marie tente de structurer une opposition jusqu'ici dispersée et divisée et de la rendre plus combattive à l'encontre du gouvernement de Gauche plurielle de Lionel Jospin dans l'optique de l'élection présidentielle française de 2002. Elle nomme ainsi le 17 février 2000 un « Cabinet fantôme ». Toutefois, ce contre-gouvernement, confié à la coordination de Patrick Devedjian et composé de 12 autres membres, s'est limité au seul RPR, les autres forces de l'opposition (Démocratie libérale et l'Union pour la démocratie française), refusant d'y participer, et a échoué à se faire réellement entendre.
Composition
Est indiqué, en face de chacun de ses membres, les ministres du gouvernement Jospin que chacun d'entre eux est chargé de contrer[1] :
- Présidente du RPR : Michèle Alliot-Marie - Lionel Jospin
- Porte-parole, coordonnateur : Patrick Devedjian
- Affaires sociales : Gérard Larcher - Martine Aubry puis Élisabeth Guigou
- Santé : Jacqueline Mathieu-Obadia - Dominique Gillot puis Bernard Kouchner
- Justice : Jean-Luc Warsmann - Élisabeth Guigou puis Marylise Lebranchu
- Intérieur et Sécurité : Hubert Haenel - Jean-Pierre Chevènement puis Daniel Vaillant
- Éducation nationale : Pierre-André Périssol - Claude Allègre puis Jack Lang
- Environnement : Serge Lepeltier - Dominique Voynet puis Yves Cochet
- Agriculture : Christian Jacob - Jean Glavany puis François Patriat
- Culture : Jean de Boishue - Catherine Trautmann puis Catherine Tasca
- Jeunesse et Sports : Denis-Marie Cintura - Marie-George Buffet
- Logement : Marie-Thérèse Phion - Jean-Claude Gayssot
- Affaires étrangères : Françoise de Panafieu - Hubert Védrine
- Économie et Finances : Gilles Carrez - Christian Sautter puis Laurent Fabius
Contre-gouvernement Ayrault de 2007
Après l'élection présidentielle française de 2007 qui voit l'arrivée de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République française et les élections législative qui donne une majorité à l'UMP, le chef du nouveau groupe parlementaire d'opposition Socialiste, radical et citoyen (SRC), Jean-Marc Ayrault, décide de former un contre-gouvernement composé d'une quinzaine de responsables « désignés pour suivre les grands domaines de l'action gouvernementale ». Sa composition a été rendue publique le 27 juin 2007.
Composition
En face de chacun de ses membres sont indiqués les ministres des gouvernement Fillon II et François Fillon III qu'il est chargé de contrer :
- Président : Jean-Marc Ayrault (coordination affaires étrangères et européennes) - Bernard Kouchner et François Fillon puis Michèle Alliot-Marie et François Fillon
- Premier vice-président : Arnaud Montebourg (responsable de la commission prospective) - Éric Besson puis Nathalie Kosciusko-Morizet puis à nouveau Eric Besson
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- Vice-président de la commission prospective : Patrick Bloche (culture et communication) - Christine Albanel puis Frédéric Mitterrand
- Second vice-président : Philippe Martin (développement durable, agriculture) - Jean-Louis Borloo et Michel Barnier puis Nathalie Kosciusko-Morizet et Bruno Le Maire
- Portes-paroles : André Vallini et Aurélie Filippetti - Laurent Wauquiez puis Luc Chatel puis François Baroin
- Trésorier : Christian Bataille
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- Trésorier-adjoint : David Habib
- Vice-présidents :
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- Responsable de la commission Affaires économiques : François Brottes - Christine Lagarde
- Responsable de la commission de la Défense : Patricia Adam - Hervé Morin puis Alain Juppé
- Responsable de la commission des Finances : Jérôme Cahuzac immédiatement remplacé par Jean-Louis Idiart - Éric Woerth puis François Baroin et Christine Lagarde
- Responsable de la commission des Lois : Manuel Valls - Éric Woerth et Rachida Dati puis Michèle Alliot-Marie puis Michel Mercier
- Immigration et co-développement : George Pau-Langevin - Brice Hortefeux puis Eric Besson puis à nouveau Brice Hortefeux
- Éducation nationale : Sandrine Mazetier - Xavier Darcos puis Luc Chatel
- Logement et ville : Jean-Yves Le Bouillonnec - Christine Boutin puis Fadela Amara puis Maurice Leroy
- Outre-mer : Victorin Lurel - Christian Estrosi puis Yves Jégo puis Marie-Luce Penchard
- Justice et Institutions : Bernard Roman - Rachida Dati puis Michèle Alliot-Marie puis Michel Mercier
- Protection sociale : Marisol Touraine - Xavier Bertrand
- Travail : Gaëtan Gorce - Xavier Bertrand
- Entreprises : Alain Vidalies - Hervé Novelli puis Frédéric Lefebvre
- Politique de l'âge et Vieillissement : Michèle Delaunay - Nora Berra puis Roselyne Bachelot
- Santé : Pascal Terrasse - Roselyne Bachelot puis Nora Berra
- Transports : Martine Lignières-Cassou - Dominique Bussereau puis Thierry Mariani
- Enseignement supérieur : Alain Claeys - Valérie Pécresse
- Recherche : Jean-Yves Le Déaut - Valérie Pécresse
- « Sans portefeuille », coordination avec le PRG : Gérard Charasse
- Environnement et économie sociale : Geneviève Gaillard - Nathalie Kosciusko-Morizet
Sitôt formé, le contre-gouvernement socialiste a été remanié. Les membres socialistes de la commission des finances ont récusé Jérôme Cahuzac, décidant à l'unanimité de choisir Jean-Louis Idiart.
Contre-gouvernement du MoDem de 2010
Le 21 septembre 2010, le Mouvement démocrate annonce la création d'un « shadow cabinet » de vingt-deux personnalités du parti[2], animé par François Bayrou. En face de chacun de ses membres sont indiqués les ministres des gouvernements Fillon II et III qu'il est chargé de contrer :
- Affaires étrangères, gouvernance internationale : Marielle de Sarnez. Bernard Kouchner puis Michèle Alliot-Marie puis Alain Juppé
- Agriculture : Marc Fesneau. Bruno Le Maire
- Budget, comptes publics, lutte contre les déficits : Jean-Jacques Jegou. François Baroin puis Valérie Pécresse
- Commerce, artisanat, TPE : Gilles Artigues. Frédéric Lefebvre
- Culture, société, jeunesse, sports : Jean-Luc Bennahmias. Frédéric Mitterrand, et Luc Chatel puis Chantal Jouanno puis David Douillet
- Décentralisation, sécurité : Olivier Henno. Brice Hortefeux et Eric Besson puis uniquement Brice Hortefeux puis Claude Guéant
- Défense : Bernard Lehideux. Hervé Morin puis Alain Juppé puis Gérard Longuet
- Ecologie, développement durable, porte-parole du MoDem : Yann Wehrling. Jean-Louis Borloo puis Nathalie Kosciusko-Morizet
- Économie, emploi, économie solidaire : Robert Rochefort. Christine Lagarde puis François Baroin
- Education : Jacqueline Gourault. Luc Chatel
- Egalité des territoires, identités locales, services publics : Jean Lassalle. Philippe Richert
- Energie : Anne Laperrouze. Jean-Louis Borloo puis Éric Besson
- Europe : Sylvie Goulard. Pierre Lellouche puis Laurent Wauquiez puis Jean Leonetti
- Intégration, égalité des chances, lutte contre les discriminations : Fadila Mehal. Brice Hortefeux puis Claude Guéant
- Libertés publiques, justice : Nathalie Griesbeck. Michel Mercier
- Littoral, mer : Bruno Joncour. Nathalie Kosciusko-Morizet
- Outre-mer, coopération et francophonie : Abdoulatifou Aly. Marie-Luce Penchard
- Politique de la Ville, rénovation urbaine, logement : Rodolphe Thomas. Fadela Amara puis Maurice Leroy
- Relations sociales, travail, retraites : Jean-Marie Vanlerenberghe. Eric Woerth puis Xavier Bertrand
- Santé : Geneviève Darrieussecq. Nora Berra
- Solidarités (innovation sociale, solidarité intergénérationnelle) : Véronique Fayet. Roselyne Bachelot
- Université, recherche, innovation : Denis Badré. Valérie Pécresse puis Laurent Wauquiez
Annexes
Références
- « Un cabinet fantôme au RPR », L'Humanité, 17 février 2000
- François Bayrou se dote d'un «Shadow Cabinet» », Le Figaro, 21/09/10. Consulté le 21/09/10 Rodolphe Geisler, «
Lien externe
- « L'expérience ratée de 1966 », LeFigaro.fr, 28 juin 2007
Catégorie :- Institution française
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