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Patrice Chéreau

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Patrice Chéreau est un metteur en scène de théâtre et d'opéras, réalisateur de cinéma et acteur français dont les travaux combinent recherches plastiques, réflexions politiques et exploration des obsessions humaines.

Patrice Chéreau au Festival de Venise 2009.

Sommaire

Biographie

Jeunesse

Il est né à Lézigné, en Maine-et-Loire, le 2 novembre 1944. Il est le fils cadet d'un couple de peintres.

Installés à Paris, ses parents le sensibilisent à la culture et l'initient au monde des arts, l'emmenant régulièrement visiter des expositions.
Il entre au Lycée Louis-le-Grand et rejoint la troupe de théâtre de son établissement. Être acteur ne lui suffit pas : il met en scène et se lance dans la conception des décors et des costumes. Par la suite, il étudie un temps l'allemand et les lettres classiques avant de se consacrer définitivement à la scène.

Les débuts au théâtre

En 1966, à 22 ans, dans la France d'avant-Mai 68, il prend la direction du Théâtre de Sartrouville.
Comme la plupart de ses compagnons, il s'engage dans un théâtre politique où il affiche des positions affirmées. En 1965, il met en scène L'Héritier de village de Marivaux puis l'année suivante une pièce de Labiche : L'Affaire de la rue de Lourcine. Il assure également la mise en scène des Soldats de Jakob Michael Reinhold Lenz en 1967.

La faillite, en 1969, du Théâtre de Sartrouville, pousse Patrice Chéreau vers l'Italie, où il intègre le Piccolo Teatro de Milan. Il travaille en même temps en France, où il se met en scène, à Marseille, dans Richard II de William Shakespeare.
Puis de 1971 à 1977, il dirige avec Roger Planchon et Robert Gilbert le Théâtre National Populaire de Villeurbanne auquel il donne de nouvelles ambitions, proches des idéaux culturels de l'après mai 68.

En 1976, Patrice Chéreau vit une expérience exceptionnelle : la mise en scène de la Tétralogie de Richard Wagner, à la demande de Pierre Boulez, pour le centenaire de l'Opéra de Bayreuth, sanctuaire du compositeur allemand.

Son travail sur L'Anneau du Nibelung de Wagner pour le « Ring du centenaire » (1976 à 1980) au Festival de Bayreuth le rend célèbre sur le plan international. En 1979, Boulez fait à nouveau appel à lui pour la mise en scène de Lulu d'Alban Berg.

Son fécond et audacieux travail de metteur en scène est largement reconnu en Europe pour son goût de l'innovation esthétique. Son écriture visuelle laisse une place importante au mystère, au fantasmagorique et à l'hyper-expressivité, mêlant la sensualité des corps à une dimension archaïque et violente du jeu d'acteurs[1]. Héritier comme ses confrères Ariane Mnouchkine, Roger Planchon et Giorgio Strehler de Bertold Brecht (pour la notion de distanciation et d'art engagé) et d'Antonin Artaud (pour l'idée de théâtre de la cruauté)[2], Chéreau a, pour certains, franchi une étape décisive dans la représentation théâtrale contemporaine et donné une nouvelle signification à l'espace scénique tant par la réflexion artistique qu'il propose que par l'immense succès que rencontrent ses créations[3]. Son univers plastique trouve une sphère d'influence assez large : il reconnaît notamment l'expressionnisme allemand et l'œuvre d'Orson Welles (qu'il découvrit plus jeune à la cinémathèque), comme des modèles fondateurs[3].

Ses premiers films

Pour Chéreau, le cinéma garde en commun avec le théâtre l'unité de lieu et de temps : les scènes deviennent à l'écran des séquences. Mais pour lui le cinéma permet de mieux mettre en valeur les émotions picturales de son enfance et de mieux illustrer les tourments de l'âme.
Il invente donc un cinéma singulier, sensible aux recherches stylistiques et alternant le grand spectacle flamboyant et l'intimisme. Ses réalisations cinématographiques ne seront reconnues que tardivement. Le premier long métrage de Patrice Chéreau, La Chair de l'orchidée, adapte avec liberté, en 1974, le roman homonyme de James Hadley Chase et élabore un univers à la lisière du fantastique, privilégiant les thèmes du désir, de la folie et de la mort.

Son deuxième film, en 1978, Judith Therpauve avec Simone Signoret dans le rôle-titre, bien que très dense et voulu ancré dans une réalité sociale contemporaine, semble pourtant être son œuvre la moins aboutie.

Les Amandiers

De 1982 à 1990, Chéreau dirige la maison de la culture de Nanterre, devenue Théâtre Nanterre-Amandiers, Centre Dramatique National à son arrivée. En 1983, après Combat de nègres et de chiens, de son ami Bernard-Marie Koltès dont il fait connaître l'œuvre, il monte Les Paravents de Genet en farce sulfureuse, utilisant la salle comme extension de la scène[4]. Il alterne avec bonheur le classique (Marivaux, Mozart...) et le contemporain. Il trouve également le temps de se consacrer à sa carrière d'acteur, interprétant Camille Desmoulins dans Danton d'Andrzej Wajda et Napoléon dans Adieu Bonaparte de Youssef Chahine.

Durant cette période, il réalise son film le plus personnel, L'Homme blessé en 1983 qui dérange pour sa peinture désenchantée d'une époque puis par l'évocation d'une crise d'identité sexuelle. Pour ce film, il obtiendra, avec Hervé Guibert, le César du meilleur scénario original en 1984. En 1987, il présente au Festival de Cannes Hôtel de France, transposition du Platonov de Tchekhov dans une époque moderne. Le film est interprété par la jeune génération des comédiens formés aux Amandiers dont Valeria Bruni Tedeschi, Laurent Grévill, Bruno Todeschini, Marianne Denicourt, Agnès Jaoui et Vincent Perez. L'année suivante, il montre au Festival d'Avignon sa mise en scène d'Hamlet de Shakesperare qui fait date pour la prestation de Gérard Desarthe dans le rôle-titre puis pour l'inclusion de morceaux de musique contemporaine dans le déroulement de la tragédie[4]. Le travail de Chéreau sera récompensé par un Molière en 1989.

La maturité

Jiang Wen et Patrice Chéreau en 2008 à Deauville

À la fin de la saison 1989-1990, Chéreau quitte le théâtre des Amandiers. Il se consacre à l'opéra (Wozzeck, de Berg, 1993 ; Don Giovanni, de Mozart, 1994) et à la préparation d'une fresque cinématographique baroque sur le massacre de la Saint-Barthélémy, La Reine Margot. Ce film à grand spectacle, sanglant, shakespearien et porté par l'interprétation d'Isabelle Adjani, est tiré d'un roman d'Alexandre Dumas. Le scénario a été écrit pendant quatre ans en collaboration avec Danièle Thompson. L'œuvre reçoit deux prix à Cannes en 1994 : le Prix du jury et le Prix d'interprétation féminine pour Virna Lisi qui tient le rôle de Catherine de Médicis.

En parallèle, il met en scène à l'Odéon, Le Temps et la chambre de Botho Strauss (1991) puis une nouvelle version de Dans la solitude des champs de coton, de Bernard-Marie Koltès, en 1995.

Nouvelle réalisation au cinéma : Chéreau nous invite à le suivre à Limoges dans une étrange famille pour le tragi-comique Ceux qui m'aiment prendront le train. Sa réalisation est gratifiée d'un César en 1999.

En 2000, il réalise, pour la première fois à l'étranger et en anglais, Intimité, tiré de certains récits d'Hanif Kureishi, qui rencontre le succès auprès du public. Absent de la sélection cannoise, il remporte malgré tout l'Ours d'or à Berlin et vaut à Kerry Fox qui tient le rôle principal, l'Ours d'argent de la meilleure actrice. Ce drame sur l'échec d'une relation amoureuse qui prend pour trame de départ l'histoire de deux personnes égarées ne connaissant rien l'un de l'autre mais réunies chaque semaine pour avoir des rapports sexuels, obtient également le Prix Louis-Delluc en 2002. À la fin de cette même année, il met en scène l'un de ses plus grands triomphes aux Ateliers Berthier du Théâtre de l'Odéon : Phèdre de Racine, faisant exploser la diction de l'alexandrin classique. Le rôle-titre est confié à Dominique Blanc et celui de Thésée à Pascal Gregory.

En 2003, avec la sortie de Son frère, adapté d'un roman de Philippe Besson, il dépeint avec pudeur et retenue le drame d'une famille divisée, face à la mort imminente d'un de ses membres. En 2005, il revient au film à costumes avec Gabrielle, d'après une nouvelle de Joseph Conrad, qui plonge Pascal Gregory et Isabelle Huppert dans le néant sentimental d'un couple de bourgeois au début du XXe siècle. L'œuvre, qui joue du quasi-huis clos, de dialogues énigmatiques et d'une ambiance sépulcrale, développe une esthétique post-moderne, alternant le noir et blanc et la couleur et utilisant des cartons comme au temps du cinéma muet. Sur le plan thématique et visuel, le film fait également référence à Marcel Proust, Ingmar Bergman, Luchino Visconti et à l'opéra expressionniste.

En 2006, le Ministre de la culture Renaud Donnedieu de Vabres le nomme président de la Fémis, qu'il quitte quelques mois plus tard, "la mort dans l'âme", au motif d'un emploi du temps surchargé[5]. Le cinéaste Claude Miller lui succédera à ce poste.

En décembre 2007, il met en scène Tristan et Isolde de Richard Wagner à la Scala de Milan sous la direction de Daniel Baremboim.

En mars 2008, il a fait partie de la Commission présidée par Hugues Gall et chargée par Christine Albanel, alors ministre de la Culture, de pourvoir le poste de directeur de la Villa Médicis à Rome.

Engagement politique

En mars 2007, il signe avec 150 intellectuels un texte qui appelle à voter pour Ségolène Royal, « contre une droite d’arrogance », pour « une gauche d’espérance[6] ». Après avoir soutenu François Mitterrand en 1981 et 1988 puis Lionel Jospin en 1995 et 2002, il reste fidèle au camp socialiste.

Filmographie

Réalisateur

réalisateurs et réalisatrices

par récompense ou nationalité

Acteur

acteurs et actrices

A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z

Mises en scène de théâtre

1966-1969 Directeur du Théatre de Sartrouville
1970-1972 Travail au Piccolo Teatro Milan
1972-1981 Co-directeur du TNP Villeurbanne
1982-1990 Co-directeur du Théâtre des Amandiers Nanterre

Mises en scène d'opéra

Prix et récompenses

Cinéma
Théâtre

Références

Bibliographie

  • Colette Godard, commenté par Patrice Chéreau, Patrice Chéreau, Le trajet, Le Rocher, coll. « Document », Monaco-Paris, 2007, 282 p. (ISBN 978-2268061450) 
  • Patrice Chéreau, avec Georges Banu et Clément Hervieu-Léger, J'y arriverai un jour, Actes Sud, coll. « Le Temps du théâtre », Arles, 2009, 189 p. (ISBN 978-2742784035) 

Voir aussi


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