- Jakob Michael Reinhold Lenz
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Jakob Michael Reinhold Lenz Jakob Michael Reinhold LenzNaissance 1751
SesswegenDécès 1792 (à 41 ans)
MoscouNationalité Saint-Empire Profession Dramaturge Jakob Michael Reinhold Lenz est un dramaturge allemand (Sesswegen, Livonie 1751 - Moscou 1792). Par ses drames, il fut l'un des principaux représentants du mouvement Sturm und Drang : Le précepteur 1774 et Les soldats 1776. Fils cadet d’un pasteur, né à Sesswegen (Cesvaine) en Lettonie le 12 janvier 1751. Son père deviendra évêque (Generalsuperintendent) de Riga. Sa mère meurt un an avant son retour d’Allemagne. En 1759 son père est pasteur à Dorpat (Tartu, aujourd’hui Estonie). Le jeune Lenz dédie ses premiers vers à Catherine II de Russie, écrit sa première pièce, Le Marié blessé. En 1768 il entame des études de théologie à Königsberg, rédige une Ode à Kant au nom des Courlandais et des Livoniens de l’université. Il accompagne deux frères, barons de Kleist, camarades d’études (branche balte de la famille von Kleist) en Alsace, où il arrive en mai 1771. Les barons sont formés au métier d’officier français, à Saint-Louis, Landau, Wissembourg. Lenz écrit Le Précepteur (Der Hofmeister), Der Neue Menoza, Die Soldaten, Notes sur le théâtre. Il fait la connaissance de Herder, de Goethe, qui s’occupe de faire publier ses premières œuvres en 1774, correspond avec Sophie von La Roche. Ramond de Carbonnières le fréquente (et l’admire), membre d’une société savante alsacienne proche de la franc-maçonnerie (société de philosophie et de belles-lettres)… Ses « modèles » dramatiques : Plaute, Térence et Shakespeare. Ses parents le pressent de rentrer et de s'établir, ce qui suppose qu’il termine ses études de théologie. Il est un intellectuel de génie, reconnu par ses pairs, dont on attribue les drames et les poèmes au jeune Goethe. Les intellectuels de Strasbourg, la jeune école allemande l’admirent, mais il n'a pas de quoi vivre. En avril 1776 il tente de rejoindre Goethe à Weimar. En novembre il commet une « ânerie », note Goethe, on l’expulse de la principauté. Lenz se rend chez Cornelia Schlosser, la sœur de Goethe à Emmendingen, près de Freiburg. Cornelia meurt en juin 1777. Lavater, l’inventeur de la physiognomonie, tente de soigner Lenz et l’envoie chez le pasteur Oberlin. Le 20 janvier Lenz se rend à pied de Strasbourg à Waldersbach (Steintal = le Ban de la Roche), ce périple est le sujet de la nouvelle de LGeorg Büchner. La date a intéressé Paul Celan, puisque le 20 janvier, c’est aussi la conférence du Wannsee en 1942 où fut fixée l'organisation bureaucratique du génocide des juifs européens. A Waldersbach, Lenz fait des sermons en chaire, mais subit aussi des accès de démence et s'administre lui-même un bain glacé, sans doute une tentative d’autocure. Le Stürmer und Dränger Klinger (auteur de la pièce Sturm und Drang et qui, rejeté par Goethe, finira comme réformateur de l’université de… Dorpat, Tartu) pratique sur Lenz cette méthode à Emmendingen, où Lenz vit chez le mari de Cornelia, le grand juriste et historien allemand Schlosser. Lenz est enchaîné. On le confie à un cordonnier, puis à un garde forestier, enfin à un médecin. Karl, le frère de Lenz, vient le chercher en 1779. Tous deux vont à Travemünde (sans doute à pied), puis en bateau jusqu’à Riga. Lenz ne trouve pas de travail en Livonie, va à Saint-Petersbourg, à Tartu, puis s'installe à Moscou en 1781, où il écrit une Ode aux Romanov et à Catherine II. En 1782 deux morceaux paraissent dans une revue allemande de Livonie. Myrsa Polagi oder die Irrgärten, Die Sizi¬lianische Vesper. On pense qu’il est mort, des nécrologies (brèves) paraissent en Allemagne, Ramond le pleure. Il vit à Moscou „sans savoir pourquoi“ (Karamzine en 1789 au Suisse Lavater. Il survit comme précepteur, traducteur, membre de sociétés savantes, élabore des plans de réforme, projette une histoire de la Russie, pense jouer un rôle intermédiaire entre la Russie et l’Allemagne. Il fréquente les milieux francs-maçons. La Maison Novikov qui l’abrite est occupée par des soldats le 22 avril 1792. On retrouve Lenz mort dans la rue le 24 mai 1792 (le 4 juin de notre calendrier). Le théâtre critique de Lenz pose les problèmes sans proposer de solution illusoire, le blocage de la société du XVIIIe siècle, de l'aristocratie jusqu'à la très petite-bourgeoisie, en est le sujet central. Il a été redécouvert au XXe siècle par le professeur de théâtre Arthur Kutscher et par son élève Bertolt Brecht qui a voulu en 1950 faire du Précepteur de Lenz une illustration de la "Misère allemande", variante marxiste du Sonderweg), sous-estimant sans doute le potentiel critique de Lenz et son refus des fausses solutions[1].
Sommaire
Œuvres
- Die Landplagen ("The Torments of the Land"). Verse epic, 1769
- Der Hofmeister, oder Vorteile der Privaterziehung ("Le Précepteur", ou, les avantages d'une Education privée"). Drama, 1774
- Der neue Menoza ("Le nouveau Menoza"). Drame, 1774
- Anmerkungen übers Theater ("Observations sur le théâtre"). Essai, 1774
- Meinungen eines Laien, den Geistlichen zugeeignet. Essai, 1775
- Pandaemonium Germanicum. Drame, écrit en 1775, publié en 1819
- Die Soldaten ("Les Soldats"). Drame, 1776 [2]
- Die Freunde machen den Philosophen Drama, 1776
- Zerbin. Nouvelle, 1776
- Der Waldbruder . nouvelle non finie, publiée en 1882
Notes
- François Genton, « Lenz et la misère allemande », Études Germaniques, 1997, n°1, p. 143-158.
- Bernd Alois Zimmermann (1918-1970) s’est inspiré de l’œuvre littéraire de J.M.R. Lenz pour en faire le livret de son opéra « die Soldaten » dont l’action se situe à Lille et à Armentières. Le compositeur allemand
Voir aussi
Bibliographie
- (de) Georg-Michael Schulz, Jacob Michael Reinhold Lenz, Reclam, Stuttgart, 2001, 349 p. (ISBN 3150176298)
- Sigrid Damm, Vögel, die verkünden Land. Das Leben des J. M. R. Lenz Berlin, Weimar, 1985.
- Elisabeth Genton, J.M.R. Lenz et la scène allemande, Paris, Didier, 1966.
Catégories :- Dramaturge allemand
- Naissance en 1751
- Décès en 1792
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