- Temoignage chretien (revue)
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Témoignage chrétien (revue)
Pour les articles homonymes, voir Témoignage chrétien.Témoignage chrétien {{{nomorigine}}} Pays France Langue(s) Français Périodicité Hebdomadaire Genre Fondateur Pierre Chaillet Date de fondation 16 novembre 1941 Ville d’édition Lyon ISSN - www.temoignagechretien.fr Témoignage chrétien est un hebdomadaire français d'informations générales d'inspiration chrétienne, fondé en 1941 par le mouvement de résistance du même nom.
En difficulté financière depuis plusieurs années, il a lancé début 2009 un appel au soutien de ses lecteurs[1].
Sommaire
Les Cahiers du Témoignage Chrétien
C'est clandestinement, dans la France occupée, que, le 16 novembre 1941, à Lyon, un jésuite, le père Pierre Chaillet, publie le premier Cahier du Témoignage Chrétien. Intitulé France prend garde de perdre ton âme, sous forme d'un opuscule de petit format (d'où le nom de Cahier), il contient un vibrant appel à s'opposer au nazisme au nom des valeurs chrétiennes. Il est entièrement rédigé par le père Gaston Fessard. Témoignage Chrétien devait s'appeler Témoignage Catholique, mais par œcuménisme et suite à la participation de protestants dans l'équipe clandestine initialement constitués de théologiens jésuites de la faculté de Fourvière à Lyon, l'adjectif catholique a été changé en chrétien. Cinquante trois cahiers seront publiés. Il s'agit de cahiers thématiques de format 13,5 x 21 cm, de parution irrégulière et numérotés en chiffres romains. Quatorze cahiers concernent le nazisme, sept la décolonisation - Le drame Tunisien (XXXIV), Le drame marocain (XXXV), la guerre d'Algérie (XXXVIII à XLI) -, cinq, le problème palestinien (XLVII, XLVIII et LI à LIII). Des cahiers sont également consacrés à l'Église : Le Procès de Budapest (Cardinal Mindszenty) (XXXII), Shanghai (XXXVI), Les Évêques contre l'impérialisme de l'argent (XLIX), L'Évangile et la Révolution (L).
Le Courrier du Témoignage Chrétien
Parallèlement au Cahiers du Témoignage Chrétien, et un peu plus tard, apparaît le Courrier Français du Témoignage Chrétien, de grand format et composé de nombreux articles. Il tire à 100 000 puis 200 000 exemplaires.
L'idéal de Témoignage Chrétien
Témoignage Chrétien revendique alors une résistance spirituelle. C'est en effet en référence à l'Évangile et aux idéaux chrétiens que Témoignage Chrétien s'opposait au nazisme. Le sous-titre du Courrier Français du Témoignage Chrétien est Lien du Front de résistance spirituelle.
Les trois âges de Témoignage Chrétien
On peut considérer trois périodes dans l'histoire du Témoignage Chrétien :
- Le Témoignage Chrétien de la Résistance.
- Le Témoignage Chrétien de Georges Montaron.
- Le nouveau Témoignage Chrétien.
La première couvre la période du 16 novembre 1941 à la libération et correspond à l'occupation allemande de la France, la seconde va du 15 novembre 1949 au 6 mai 1996, dates de la gérance de Georges Montaron et la troisième débute (c'est selon) soit avec la création de l'association du nouveau Témoignage Chrétien, soit avec l'éviction de Michel Cool, son directeur. S'il y a continuité entre les deux premières phases — Georges Montaron est résistant et diffuse clandestinement Témoignage Chrétien, le père Chaillet continue de s'occuper de Témoignage Chrétien jusqu'en 1955 —, il y a une réelle cassure entre les deux dernières : aucun journaliste permanent de l'équipe de rédaction de 1996 ne fait partie de la rédaction du nouveau Témoignage Chrétien.
Chacune de ces trois phases peut être caractérisée par une certaine structure juridique : le Témoignage Chrétien de la Résistance est clandestin et sans structure officielle, le Témoignage Chrétien de Georges Montaron est un journal à fort tirage (100 000 et 80 000 exemplaires) reposant sur une faible structure financière (SARL de 2000 francs), le nouveau Témoignage Chrétien est un journal à faible tirage et fort capital (Société Anonyme de 261 371 euros).
Témoignage Chrétien, l'hebdomadaire
L'équipe du père Pierre Chaillet publiera clandestinement quatorze Cahiers du Témoignage Chrétien de petit format et d'un tirage de 50 000 exemplaires et treize Courrier Français du Témoignage Chrétien, de grand format et d'un tirage de 100 000 puis 200 000 exemplaires.
À la fin de la guerre, le père Chaillet décide de poursuivre la parution de Témoignage Chrétien, mais s'écarte des "chrétiens progressistes" regroupés dans Temps Présent. Il se sépare d'André Mandouze, son premier rédacteur en Chef et nomme Jean Baboulène en tant que directeur adjoint.
En 1947, se pose la question de la viabilité financière de Témoignage Chrétien. 1947 est une année terrible pour la presse. Il y a de nombreuses grèves et les restrictions de papiers sont encore présentes. Le père Chaillet fait appel à Georges Montaron, jeune résistant, membre des Jeunes Chrétiens Combattants, président de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, et administrateur de la Sécurité sociale naissante pour "liquider" Témoignage Chrétien. Au contraire, Georges Montaron, affirme que le journal est viable moyennant une plus grande rigueur budgétaire. Il propose même de doubler Témoignage Chrétien d'un supplément Radio-Loisir, ancêtre de Télérama, dédié au programmes radio, au cinéma et aux loisirs. Ayant réussi son pari, Georges Montaron est officiellement embauché à Témoignage chrétien en 1948. L'assemblée générale des actionnaires du 15 novembre 1949, le nomme gérant de l'entreprise. Il sera régulièrement réélu à ce poste jusqu'en 1996.
Témoignage Chrétien entre alors dans une ère de grand rayonnement intellectuel et son tirage atteint les 100 000 exemplaires.
Ses collaborateurs, prestigieux, sont (pêle-mêle) : François Mauriac, Françoise Dolto, Michel Debré, Jacques Delors, Albert du Roy, Michel Jobert, Piem, le professeur Alexandre Minkowski, Albert Adolf Escuvez, Claude Estier, Jean Boissonnat, Henri Nallet, Jacques Testart, Don Paulo Evaristo Arns (archevêque de Sao Paulo), Georges Suffert, Jean Ziegler, Roger Fressoz, Bernard Schreiner, etc. D'après Sophie Coignard (La Nomenklatura Française, éditions Belfond ), Georges Montaron a formé de nombreuses stars actuelles [en 1988] des médias : Jean Boissonnat, vice-président du groupe L'Expansion, Pierre-Luc Séguillon, chef du service politique de TF1, Jean Offredo, ancien présentateur du vingt-heures ainsi que le président de cette dernière chaîne, Hervé Bourges, qui a été rédacteur en chef de 1956 à 1962, ou encore Jacques Duquesne, PDG du Point. Georges Montaron a aussi su s'entourer de personnalités atypiques tels le poète breton Xavier Grall et le photographe Élie Kagan. Au premier on doit une rubrique de critiques de télévision sans concessions et au second des reportages photographiques poignants, dont la répression sanglante de la manifestation des algériens du 17 octobre 1961 qu'il couvrit pour Témoignage Chrétien.
Seules ses finances restent précaires et, n'ayant peu ou pas de publicité, le journal doit régulièrement faire appel à ses lecteurs. Georges Montaron, réussit grâce à leur aide à doter le journal de locaux et d'une imprimerie, source de revenus substantiels pour le journal.
Fidèle à ses idéaux - ceux de la Résistance et de l'Évangile -, Témoignage Chrétien prend rapidement parti pour la décolonisation, en Indochine, Maroc, Tunisie et Algérie. Témoignage Chrétien dénonce la torture pratiquée par l'armée française aussi bien en Indochine (reportages de Jacques Chégaray, provoquant un incident à l'Assemblée Nationale) qu'en Algérie (le dossier Muller). Cette ligne politique et son passé de résistant, l'amènera tout naturellement à prendre position en faveur des peuples occupés, notamment les peuples palestiniens, kanaks et sahraoui.
Pendant la guerre d'Algérie, le journal est régulièrement saisi par la police française et son directeur poursuivi par la Justice. Georges Montaron est agressé par un commando d'extrême droite qui le jette du haut d'un escalier et il est condamné à mort par l'OAS. Les locaux du journal sont la cible d'un attentat à la bombe. En 1961, Témoignage Chrétien est le seul journal français à publier un dossier complet sur la répression sanglante de la manifestation du 17 octobre (Massacre des Algériens à Paris).
Politiquement le journal est à gauche, bien que se démarquant des "partis". Il fait campagne pour l'union de la gauche et appelle à voter Mitterrand.
Parallèlement à ses prises de positions politiques, le journal œuvre pour un renouveau de l'Église "de l'intérieur". Il milite pour un aggiornamento de la liturgie, soutient l'Abbé Pierre, défend les Églises du tiers-monde, se bat en faveurs des prêtres ouvriers, et de Mgr Gaillot. Il lance l'Appel Pour une Église du dialogue au service des hommes et du monde qui recueille 250 000 signatures.
Au début des années 1990, Témoignage Chrétien se trouve dans une situation financière difficile. Les ventes en kiosque et le nombre d'abonnés ne cessant de baisser depuis le début des années 1980. La gestion de Georges Montaron se voit contestée. À l'occasion d'une transformation des statuts qui devait donner à la société éditrice le statut de société anonyme et faire passer Georges Montaron du poste de Directeur à celui de Président du Conseil de surveillance, et à une voix près, Georges Montaron est évincé de Témoignage Chrétien le 6 mai 1996. Il est profondément affecté par la défection d'un certain nombre d'actionnaires qu'il assimile à une trahison. Suite à une assemblée d'actionnaires particulièrement éprouvante, il est transporté aux urgences cardiologiques de l'Hôpital Broussais, à Paris, où il subit, coup sur coup, deux opérations à cœur ouvert en novembres 1996. Puis une troisième le 6 aout 1997. Il décède à l'hôpial Broussais le 8 octobre 1997, peu après avoir reçu la visite de Mgr Gaillot.
La nouvelle direction de Témoignage Chrétien dissout les groupes Témoignages Chrétien, change sa devise Vérité Justice quoiqu'il en coûte en La force de la fraternité (devise elle aussi abandonnée depuis) et vend l'imprimerie du Journal.
Le Monde diplomatique entre dans le capital de Témoignage Chrétien, tandis que les actions de Télérama sont vendues au Monde.
Témoignage chrétien depuis 1996
La baisse du nombre d'abonnés qui s'est accrue avec le départ de Georges Montaron (environ 8000 abonnés deux ans après son départ, soit dix fois moins qu'à la belle époque des années 1950), et la vente de l'imprimerie qui représentait une source importante de rentrée d'argent grèvent le budget du journal. La direction du nouveau Témoignage Chrétien tente d'y échapper par des re-capitalisations successives.
Entrent ainsi au Capital de Témoignage Chrétien : Le Monde Diplomatique, le Groupe La Vie-Le Monde et Bayard Presse, puis Jacques Maillot, enfin Geneviève Laplagne. La société éditrice qui comptait quatre actionnaires à sa création en compte aujourd'hui dix-huit.
Les principaux actionnaires actuels des Éditions du Témoignage Chrétien (société éditrice de l'hebdomadaire) sont, dans l'ordre :
- L'association Nouveau Témoignage Chrétien (38,08%),
- Jacques Maillot (34,81%),
- la Société Le Monde Diplomatique (5,62%),
- la Société éditrice du Monde (5,62%),
- Bayard Presse (5,62%),
- Geneviève Laplagne (4,48%),
- l'association des lecteurs de Témoignage chrétien (3,46%),
- la Société Lysias (0,96%).
Sous la direction de Michel Cool (directeur de 2001 à 2005), qui inaugure une nouvelle formule du journal, Témoignage Chrétien stabilise son nombre d'abonnés (autour de 10 000[2]) et retrouve une certaine audience, notamment médiatique. Le journal reste néanmoins déficitaire, ce qui pousse, encore une fois, à faire appel à la générosité des lecteurs. La situation financière, tout en demeurant précaire, s'améliore néanmoins dans un contexte particulièrement difficile pour la presse d'opinion.
Témoignage Chrétien fait partie des membres fondateurs d'ATTAC. Soutenant de manière critique le mouvement altermondialiste, le journal demeure ouvert à toutes les sensibilités de gauche et met en avant sa volonté de susciter les débats.
Le journal organise régulièrement des voyages pour ses lecteurs, notamment en Israël et en Palestine. Les positions de Témoignage Chrétien sur le conflit israélo-palestinien sont généralement considérées comme pro-palestiniennes. Mais le soutien aux revendications palestiniennes reste lui aussi nuancé.
Témoignage chrétien s'est particulièrement engagé ces dernières années dans le domaine du dialogue interreligieux. Tout en revendiquant son identité chrétienne, le journal garde vis-à-vis des institutions religieuses, et notamment de l'Église catholique, un regard critique.
En 2009, de nouvelles difficultés financières ont amené à la suspension de sa diffusion en kiosque. L'hebdomadaire a lancé un appel au soutien et aux dons auprès de ses lecteurs[1].
Bibliographie
- Quoi qu'il en coûte, Georges Montaron, entretien avec Noël Copin, Collection: Les Grands Journalistes, Stock, 1975. ISBN: 2-234-00057-X
- Georges Montaron, le roman d'une vie, Cécile Hamsy, Ramsay, 1996. ISBN: 2-84114-059-8.
- Hommage à Georges MONTARON, Tribune 2000, décembre 1997. SSN: 1283-7857
Notes et références
- ↑ a et b [pdf] Appel aux dons sur le site de l'hebdomadaire
- ↑ Source : service commercial de Témoignage Chrétien
Voir aussi
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