- Châtaignier européen
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Châtaignier Castanea sativa Classification classique Règne Plantae Division Magnoliophyta Classe Magnoliopsida Ordre Fagales Famille Fagaceae Genre Castanea Nom binominal Castanea sativa
Mill., 1768Synonymes - Castanea vesca Gaertn.
- Castanea vulgaris Lam.
Les vieux châtaigniers peuvent
atteindre des diamètres importants.Classification phylogénétique Ordre Fagales Famille Fagaceae Retrouvez ce taxon sur Wikispecies
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sont disponibles sur CommonsLe Châtaignier ou Châtaignier commun (Castanea sativa Mill.) est un arbre à feuilles caduques de la famille des fagacées. Il produit des fruits : les châtaignes. Il est appelé Châtaigne à la Réunion.
Sommaire
Description
Le châtaignier est un arbre majestueux (25-35 m) à longues branches et grandes feuilles caduques dentées (qui peuvent aller jusqu'à 25 cm de long sur 4 à 8 cm de large) riches en tannins (pour l’essentiel des tanins ellagiques tels que castalagine et vescalagine). Lorsqu'il est en nombre, il forme une châtaigneraie.
Cet arbre monoïque à croissance sympodiale[1] rapide fleurit de la mi-juin à la mi-juillet, les fleurs mâles apparaissent les premières et répandent alors une forte odeur de sperme[2].
L'espèce étant auto-stérile, il faut toujours planter au moins deux variétés compatibles entre elles pour obtenir des fruits (par exemple Marigoule et Belle épine).
La bogue, involucre vert épineux, enveloppe les fruits et dissuade certains prédateurs de s'attaquer aux châtaignes. Elle correspond à une transformation des bractées.
À l'intérieur de la bogue se trouvent les châtaignes, au nombre de 1 à 3, qui sont, au sens botanique, des fruits secs de type akènes.
Article détaillé : Châtaigne.On ramasse ses châtaignes à partir du mois d'octobre.
Des organes floraux particuliers
Les fleurs du châtaignier commencent leur induction florale pendant la saison précédente (vers le milieu de l'été soit fin juillet dans l'hémisphère Nord, raison pour laquelle une bonne irrigation est utile à cette période). Toutes les fleurs (mâles et femelles) se trouvent sur le même arbre mais sont nettement séparées (diclines)[3]. Elles sont disposées en glomérules le long des chatons placés à l'aisselle des feuilles exclusivement sur les rameaux poussant de l'année.
Il existe des variétés de châtaignier dont les fleurs mâles contiennent des étamines (variétés staminées) ou pas (astaminées). Chez les staminées, la longueur du filet est un facteur clé de la faculté pollinisatrice de la variété. On répertorie ainsi des variétés :
- astaminées : sans étamine donc sans pollen (Bouche de Bétizac)
- brachystaminées : filet des étamines de 1 à 3 mm de long, anthères ne dépassant pas le périanthe, très peu de pollen (Marron de Lyon)
- mésostaminées : filet des étamines de 3 à 5 mm de long, anthères dépassant un peu le périanthe, peu de pollen
- longistaminées : filet des étamines de 5 à 7 mm de long, anthères dépassant largement le périanthe, beaucoup de pollen (variétés sativa pures : Belle épine, Marron de Goujounac, Marron de Chevanceaux, et les hybrides : Bournette, Précoce Migoule, Maraval et Marsol). Il est à noter que le pollen des variétés pures de sativa est de meilleure qualité que celui des hybrides, raison pour laquelle on privilégie les sativa comme pollinisateurs.
Étymologie
Châtaignier vient du latin castanea, lui-même dérivé du grec kastanon. Ce nom ferait référence à Kastanon, une ville de Thessalie renommée dans l'Antiquité pour la qualité des châtaignes qu'on y récoltait. Castanea était l'ancien nom des chênes avant de désigner le châtaignier.
Sativus signifie « cultivé » en latin. Le châtaignier a été surnommé "arbre à pain" pour les qualités nutritives de ses fruits. Il remplaçait les céréales dans une grande partie des Cévennes.
Aire de répartition
Le châtaignier est une espèce spontanée autour de la Méditerranée. On le trouve en Afrique du Nord (Algérie, Maroc, Tunisie), dans l'Europe méridionale, de la péninsule Ibérique à la Grèce ainsi qu'en Suisse, Hongrie, Bulgarie, Croatie, Albanie et aussi en Roumanie. Il s'étend aussi en Asie Mineure (Turquie) et dans la région du Caucase (Arménie, Géorgie, Azerbaïdjan…).
Il a été introduit en Grande-Bretagne par les Romains. Il est par ailleurs cultivé dans de nombreux pays.
En France, le châtaignier est présent à l'état naturel en Midi-Pyrénées, en Corse, en Ardèche (Cévennes), dans les Alpes méridionales, le massif des Maures, les Pyrénées-Orientales, le Limousin, en Auvergne, en Basse-Normandie et en Bretagne. Il est rare dans le Nord et le Nord-Est mais relativement abondant dans les Vosges du Nord.
Avec un million d‘hectares, le châtaignier est la troisième essence feuillue française. Les châtaigneraies occuperaient à l'heure actuelle une superficie supérieure à 5000 km² soit environ 4% du domaine forestier français (soit une surface équivalente à celle existant dans le domaine forestier italien, mais où le châtaignier est surtout cultivé en taillis).
Le capitulaire De Villis, rédigé à l'époque de Charlemagne, incite au développement de la culture du châtaignier. Elle a connu son apogée en France aux XVIe et XVIIe siècles. Dans le Limousin, la châtaigne était la principale source de nourriture aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Utilisation
Le bois
Le bois de châtaignier est un bois dur qui servait autrefois à la tonnellerie (fabrication des cercles de barriques) et en bois de mine. Il était utilisé pour les échalas dans les vignes en raison de sa résistance à la corruption dans le sol. Repoussant facilement en cépée après la coupe, il produit des tiges régulières et faciles d'emploi, les rejetons. Ceux-ci sont utilisés dans les jardins médiévaux pour la construction de plessis.
Il est toujours utilisé en ébénisterie, en menuiserie, en petite charpente et, de manière marginale, pour la couverture de bâtiments (lauzes de châtaignier ou essentes). Il est peu utilisé pour la réalisation de poutres de grande section, car le bois a tendance à se détacher selon les cernes de croissance (roulure). On trouve cependant dans les Hauts cantons de l'Hérault des maisons anciennes avec leurs poutres d'origine en châtaignier. Il existe un artisanat de petits objets en bois de châtaignier, dont les castagnettes sont l'exemple le plus connu. En vannerie, les jeunes perches de trois à huit ans d'âge sont refendues et planées soigneusement pour réaliser des paniers très robustes.
C'est aussi un bois riche en tanins (6% dans l'écorce, 13 % dans le bois et les bogues[4]) qui a été largement exploité à cet effet de 1890 à 1960, en particulier dans la région lyonnaise, ce qui a conduit à la destruction de peuplements entiers.
Sa haute teneur en tanin fait que les araignées ne tissent jamais leur toile sur du bois de châtaignier[réf. nécessaire]
C'est un bois de chauffage moyen.
Alimentation
Article détaillé : Châtaigne.Dans certaines régions d'Europe, le châtaignier, surnommé "le pain du pauvre"[5], a longtemps joué un rôle prépondérant dans l'alimentation humaine.
En France, mêmes les feuilles sont recherchées pour parfumer et emballer le fromage de chèvre comme le banon et le mothais sur feuille.
Les abeilles tirent du châtaignier un miel foncé et de goût prononcé.
Culture
Le châtaignier est une espèce thermophile (il aime la chaleur), héliophile (il aime la lumière) ou de demi-ombre. Sensible au gel de printemps, il a besoin de chaleur en été et d'eau en septembre. Les anciens disaient : " au mois d'août, la châtaigne doit être dans un four, au mois de septembre dans un puits..." Il lui faut une pluviométrie d'au moins 700 mm/an qui peut être compensée par un système d'irrigation à défaut.
C'est un arbre silicicole, qui aime les sols schisteux, granitiques et alluvionnaires et qui redoute avant tout les sols basiques ou riche en calcaire. C'est une espèce acidophile (aime les sols acides, c'est-à-dire potentiel hydrogène allant de 4,5 à 6,5) qui, une fois établie, supporte bien la sécheresse. Il exige une profondeur de sol d'au moins 50 cm.
Il prospère en montagne moyenne (800 m), parfois jusqu'à 1200 m d'altitude.
Le châtaignier réagit très bien à la coupe et est, de ce fait, souvent cultivé en régime de taillis.
Pour la production de châtaignes, les variétés sélectionnées se multiplient par greffage[6] ou marcottage. Pour que le greffage fonctionne, il doit être pratiqué quand le porte-greffe est bien en sève soit généralement de la mi-avril à la mi-mai. Dans les zones calcaires, il serait possible de greffer le châtaignier sur chêne sessile[7].
Pour une plantation de rapport deux variétés sont actuellement préconisées[8] :
- Marigoule (en marcotte) : Arbre à grand développement, exigeant sur la qualité du sol, nécessitant la présence de pollinisateurs (1 rang sur trois de variété Marron de Goujounac, Marron de Chevanceaux ou Précoce Migoule). Ses fruits de bonne tenue tombent dans leur bogue.
- Bouche de Bétizac (à greffer sur Marsol) : Développement moindre, mise à fruits rapide, récolte précoce, exigeante sur la qualité du sol et les besoins en eau. Les fruits tombent hors de leur bogue.
La densité de plantation recommandée pour Marigoule est de 10x10 m ou mieux 12x12 m, pour Bouche de Bétizac : 8x8 m. Une plantation en quinconce occupera mieux l'espace qu'une plantation en carré.
L'élagage des bois morts, des bois les plus faibles et des gourmands permet d'obtenir des châtaignes de plus gros calibre.
En France, des subventions agricoles facilitant la plantation de châtaigneraies peuvent être obtenues auprès de FranceAgriMer.
Ennemis du châtaignier
- maladies : deux maladies constituent un réel problème et ont entraîné le déclin de l'arbre au XXe siècle:
- la maladie de l'encre (Phytophthora cinnamomi ou P. cambivora),
- le chancre de l'écorce (Nectria ou Cryphonectria parasitica).
- ravageurs :
- le xylébore disparate attaque le bois ;
- le carpocapse des châtaignes et le Balanin des châtaignes font des dégâts sur les fruits ;
- le cynips du châtaignier, nouveau ravageur apparu en Italie (probablement introduit avec l'importation de plants venus de Chine) il y a quelques années et qui a été repéré en France en 2005. Il provoque la formation de galles au niveau des bourgeons et il est responsable d'une chute importante de production. Il menace l'existence des variétés traditionnelles en France.
Variétés
Il existe de très nombreuses variétés anciennes et modernes. Certaines variétés sont issues de l'hybridation, naturelle ou artificielle, entre deux espèces: le châtaignier européen (Castanea sativa) et le châtaignier du Japon (Castanea crenata). Elles sont généralement plus tolérantes (mais pas résistantes) au chancre et à la maladie de l'encre que les variétés indigènes. C'est le cas des variétés en gras ci-dessous :
- Aguyane: cette variété donne des châtaignes de forme triangulaire très savoureuses.
- Auvergnate
- Belle épine (CA 114)
- Bouche de Bétizac (CA 125) : cette variété hybride donne des châtaignes très grosses mais sans grande saveur. C'est une variété de plus en plus présente sur le marché en raison de sa productivité très importante.
- Bouche rouge (CA 102)
- Bournette (CA 112)
- Bourrue
- Comballe (CA 456)
- Dauphine
- Gène longue
- Maraval (CA 74)
- Insitina : variété Corse de la micro-région d'Evisa.
- Maridonne (CA 124)
- Marigoule (CA 15)
- Marlhac (CA 118)
- Marron de Chevanceaux (CA 146)
- Marron de Goujounac (CA 500)
- Marron de Lyon (CA 111)
- Marron d'Olargues (CA 108)
- Marsol (CA 07)
- Moundico
- Nouzillard
- Percillaude (région de Redon en Bretagne)
- Pourtaloune
- Précoce Migoule (CA 48)
- Sardonne
Propriétés médicinales
"Castanea autem cum sale trita, et postea cum melle temperata, valere dicitur contra, morsum anguium et rabidi canis." Selon Saint Albert le Grand la châtaigne mélangée à du sel et cuite ensuite avec du miel, est bonne contre les morsures de serpent et la rage. L'infusion de feuilles de châtaignier soignerait coqueluche, bronchites et quintes de toux, (La substance contenue dans les feuilles riches en tanin a une action sédative sur la respiration), la gorge (gargarisme), diarrhées, rhumatismes et douleurs du dos. Feuilles et écorce soigneraient aussi les hémorragies (John Brickell, 1735), la dysenterie...
Parents proches du châtaignier commun
- Le châtaignier du Japon (Castanea crenata Siebold et Zucc.)
- Le châtaignier de Chine (ou châtaignier de Ducloux) (Castanea mollissima Blume)
- Le châtaignier d'Amérique (Castanea dentata Borkh.)
- Le châtaignier chinkapin d'Allegheny (Castanea pumila Mich. et Mill.)
Certains arbres ayant dans leur dénomination courante le nom de châtaignier n'ont en réalité aucun rapport avec la famille des Fagacées : châtaignier du Brésil, châtaignier des Antilles, châtaignier de Guyane, châtaignier de Malabar, châtaignier de Tahiti, entre autres. La « faute » semblant en incomber aux conquérants ibériques des XVIe et XVIIe siècles.
Divers
- Châtaigniers remarquables :
- La longévité de châtaignier est très grande, le châtaignier des cent chevaux[9] situé sur la commune de Sant'Alfio en Sicile (sur les pentes de l'Etna) atteindrait un âge estimé entre 2 000 et 4 000 ans...
- Le châtaignier du château de Blaasveld (7,40 m en 1977) en Belgique
- Le châtaignier tri-centenaire de Momalle (6,30 m à 1,50 m du sol en 2008) en Belgique
- Le musée de la châtaigneraie, situé à Joyeuse dans le département de l'Ardèche, permet la découverte de la culture de l'arbre le plus important économiquement du département. Il présente une collection d'outils anciens, d'objets usuels et de mobilier. En complément, il propose le sentier du châtaignier.
- La maison du châtaignier, située à Châlus, dans la Châtaigneraie Limousine, est un espace muséographique interactif entièrement dédié au châtaignier, à ses possibilités ainsi que celles de la châtaigne, et qui présente l'activité et la production du métier de feuillardier.
- La maison du châtaignier, à Saint-Pierreville, dans le nord de l'Ardèche, retrace également l'histoire locale de la castanéïculture, au travers d'objets, de pièces d'archives et de documents sonores.
- L'association Aveyron Conservatoire Régional du Châtaignier (ACRC), travaille à la sauvegarde, à l'étude et à la conservation des variétés anciennes de châtaignes en Aveyron. Egalement, cette association travaille au transfert de la compétence aveyronnaise dans les autres départements de Midi-Pyrénées, afin de favoriser une connaissance partagée du patrimoine castanéïcole régional. En Aveyron, les variétés sont aujourd'hui connues (70 au total) et sont conservées en verger conservatoire. De plus un deuxième combat est mené au sein de cette association: la conservation in situ (sur leurs terroirs d'"origines") des variétés. Pour cela deux travaux majeurs sont aujourd’hui portés : la rénovation des vergers anciens par élagage sévère et la remise en production des vergers à travers l’usage agricole. Sont étudiées de fait les opportunités de remise en production des vergers (rénovation), de récoltes (mutualisation d’outils de récoltes), de transformation (étude pour l’amélioration des conditions de travail des unités de transformation par l’acquisition d’équipements performants.).
Références
- http://www.afs-journal.org/index.php?option=article&access=standard&Itemid=129&url=/articles/forest/pdf/1988/01/AFS_0003-4312_1988_45_1_ART0002.pdf Croissance, morphogenèse et dynamique de l’état physiologique des bourgeons de jeunes plants de Châtaignier en conditions naturelles et contrôlées - Yvonne PEZET, Chadouli SI-MOHAMED - 1988 [
- La Fleur de châtaignier - Nouvelle du Marquis de Sade
- "Châtaignes et marrons" - Henri Breisch - 1995 - Editions CTIFL
- Rottsieper. E.H.W. "Vegetable Tannins The Forestal Land", Timber and Railways Co. Ltd. 1946
- "Le châtaignier : un arbre, un bois", par Catherine Bourgeois - Edité par l'institut pour le développement forestier
- La greffe du châtaignier
- La greffe du châtaignier sur chêne
- Conseils pour réussir vos plantations de châtaigniers et Technique de plantation
- (it)Il Castagno dei Cento Cavalli
- JC. Rameau, D. Mansion, G. Dumé Flore forestière française, guide écologique illustré, 1 Plaines et collines, Institut pour le développement forestier, 1989
Bibliographie
- Jean-Robert Pitte, Terres de castanide : hommes et paysages du châtaignier de l'Antiquité à nos jours, Fayard, Paris, 1986 (notice BNF no FRBNF349090359)
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Référence Belles fleurs de France : Castanea sativa (fr)
- Référence Tela Botanica (France métro) : Castanea sativa Mill., 1768 (fr)
- Référence Tela Botanica (France métro) : Castanea vesca Non Valide (fr)
- Référence Tela Botanica (France métro) : Castanea vulgaris Non Valide (fr)
- Référence Tela Botanica (La Réunion): Castanea sativa Mill. (fr)
- Référence ITIS : Castanea sativa Mill. (fr) ( (en))
- Référence ITIS : Castanea vesca Gaertner Non Valide (fr) ( (en))
- Référence ITIS : Castanea vulgaris Lam. Non Valide (fr) ( (en))
- Référence NCBI : Castanea sativa (en)
- Référence GRIN : espèce Castanea sativa Mill. (en)
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