Campagne d'Italie (1796-1797)

Campagne d'Italie (1796-1797)
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Campagne d'Italie
Italian campaigns 1796.JPG
Informations générales
Date 1796-1797
Lieu Italie
Issue Victoire française
Belligérants
Drapeau français République française Drapeau : Empire d'Autriche Archiduché d'Autriche
Royaume de Sardaigne Royaume de Sardaigne
Commandants
Bonaparte
Masséna
Dumas
Augereau
Laharpe
Joubert
Argenteau
Von Beaulieu
Alvinczy
Provera
Colli-Marchi
Von Wurmser
Forces en présence
Initialement :
30 000 hommes
Initialement :
70 000 hommes
Guerres de la Révolution française
Batailles
Guerre de la Coalition

Verdun — Thionville — Valmy — Lille — 1er Mayence — Jemappes — Namur — Francfort — Neerwinden — Landau — Famars — 2e Mayence — 1er Arlon — Valenciennes — Hondschoote — Méribel — Ménin — Wissembourg — Wattignies — Kaiserslautern — 2e Arlon — Geisberg — Tourcoing — Tournai — Ouessant (navale) — Fleurus — Calvi — Sprimont — Luxembourg — Helder — Gênes (navale) — Hyères (navale) — 3e Mayence — Groix (navale) — Irlande (1796) — Droits de l'Homme (navale) — Cap Saint-Vincent (navale) — Santa Cruz de Tenerife (navale) — Camperdown (navale) — Kehl


Guerre du Roussillon
Mas Deu — San Pietro (en) - Peyrestortes — Trouillas — Fort-Dauphin (en) - Toulon — Le Boulou — Bastan — San Lorenzo (en) - Orbaitzeta (en) - Roses (en) - Montagne Noire - Golfe de Roses (en)


Campagne d'Italie
Dego — Loano — Montenotte — Millesimo — Dego — Mondovi — Cherasco — Fombio — Pont de Lodi — Mantoue — Lonato — Castiglione — Peschiera — Rovereto — Bassano — Pont d'Arcole — Rivoli — Faenza —ValvasoneTyrol — Pâques véronaises

La campagne dItalie est un épisode des guerres de la Révolution. En 1795 (an III), le Directoire décida que les armées des généraux Jourdan et Moreau iraient combattre les Autrichiens sur le Main et le Danube, tandis que Napoléon Bonaparte, nommé général en chef de larmée dItalie le 2 mars 1796 (12 ventôse an IV), attaquerait les Austro-Sardes dans la vallée du . L'armée d'Italie ne devait, en fait, servir que de diversion pour que l'Autriche se mobilise en Italie. Cette armée devant être faite pour une offensive factice, elle fut mal équipée et mal nourrie, et ne devait recevoir aucun renfort.

L'armée dItalie, dirigée par le général Bonaparte, vainc successivement cinq armées piémontaise et autrichiennes. En un an (de 1796 à 1797), elle conquiert lItalie et lEmpire dAutriche doit abandonner non seulement lItalie, mais aussi la rive gauche du Rhin, les Autrichiens sont pourtant victorieux. Les victoires de Bonaparte poussent le royaume de Piémont-Sardaigne, puis lAutriche à se retirer de la première coalition, qui est ainsi dissoute.

Pour la distinguer de la campagne de 1800, menée également par Bonaparte, on lappelle aussi première campagne dItalie.

Sommaire

Le commandement de Bonaparte

Bonaparte prit son commandement de larmée dItalie, à Nice, le 27 mars 1796 (7 germinal an IV). Elle comprenait 30 000 hommes. Les 4 généraux de division en place Augereau, Sérurier, Laharpe et Masséna n'acceptaient pas d'être commandés par un général corse ayant pour seules expériences militaires majeures le commandement de l'artillerie au siège de Toulon et la fusillade du 13 vendémaire an IV. Commencée au col de Cadibone, qui sépare les Alpes des Apennins, la campagne se termine un an plus tard à l'autre extrémité des Alpes.

La première campagne

La principale difficulté de la campagne consistait dans la disjonction des armées piémontaise et autrichienne avec, ensemble, 70 000 hommes ; la première, commandée par Giovanni Provera et Colli, et lautre par Von Beaulieu et Argenteau.

Ce but fut atteint par une manœuvre[1] savante et inattendue : Napoléon Bonaparte fond dabord avec toutes ses forces sur Argenteau qui commandait le centre de larmée ennemie situé à Montenotte le 12 avril (23 germinal) (victoire des généraux Masséna et Laharpe sur Argenteau), et le rejette sur Dego et Sassello.

Article détaillé : Bataille de Millesimo.

Pour les séparer, il culbuta l'armée adverse à la Bataille de Millesimo le 13 (24 Germinal) (victoire de Augereau sur le corps de Provera).

Beaulieu, apprenant les désastres du centre, se retire avec précipitation sur Acqui. Provera est fait prisonnier à Cosseria ; les Piémontais, défaits à Montezemolo et à Mondovi le 22 avril (3 Floréal) (victoire de Bonaparte sur le baron Luigi Colli), chassés de Ceva, fuient sur la route de Turin.

Ces divers combats qui durèrent six jours, eurent pour résultats la prise de quarante pièces de canon, la mise hors de combat de 12 000 Autrichiens, la possession des forteresses de Coni, de Ceva, de Tortonel, dAlexandrie : loccupation presque totale du Piémont, évacué par les Autrichiens ; ce qui mit le roi de Sardaigne dans la nécessité de demander la paix au gouvernement de la première République française. Les Sardes, effrayés, demandèrent un armistice le 26 avril (7 Floréal) (armistice de Cherasco).

La seconde campagne

Dans la campagne suivante, Bonaparte, conçoit le projet de faire la conquête de la Lombardie[2]

Par le traité de paix conclu à Turin avec la cour de Sardaigne, le général français avait eu la précaution de se faire céder le «pont de Valence» (Las Cases cite ainsi la commune de Valenza), prévoyant que loccupation de ce poste attirerait lattention de lennemi et lui ferait prendre le change, tandis quil irait de son côté forcer le passage du sur un autre point. Se rejetant ensuite sur les Autrichiens, Bonaparte passa le vers la ville de Plaisance pour entamer la campagne contre Beaulieu en Lombardie. Le duc de Parme déposa les armes le 9 mai (20 Floréal).

Article détaillé : Bataille du pont de Lodi.

De , il marche rapidement sur Lodi : un pont long et étroit jeté sur lAdda, qui baigne les murs de la place, est franchi malgré le feu meurtrier de la mitraille des Autrichiens qui défendaient ce passage difficile et dangereux. Napoléon repoussa les Autrichiens au pont de Lodi le 10 mai (21 Floréal) (victoire sur Beaulieu). Lodi est enlevé, et loccupation de cette place assure à larmée victorieuse la conquête de la haute Italie.

Objectif Mantoue

Mais le projet de porter la guerre en Allemagne par le Tyrol, qui est toujours lidée dominante de Bonaparte ne peut seffectuer avec sécurité tant que la forteresse de Mantoue sera au pouvoir de lennemi. La phase suivante de la guerre va se dérouler autour de Mantoue.

Le général fait ses dispositions pour exécuter les plans quil a combinés, et dont la réussite lui parait si certaine quil écrit au directeur Carnot [3]

Le Directoire prit la détermination de ne plus le laisser seul arbitre de la guerre et de la paix : tout en le félicitant sur sa conquête du Piémont, il le remerciait davoir abandonné au commissaire civil, Christophe Saliceti, le soin de traiter des préliminaires pour la paix.

Bonaparte apprit en même temps quon avait le projet de diviser le commandement de larmée dItalie entre lui et le général François Christophe Kellermann. Cette nouvelle laffecta singulièrement. Il écrit au Directoire « Jai fait la campagne sans consulter personne ; je neusse fait rien de bon sil eût fallu me concilier avec la manière de voir dun autre. Si vous mimposez des entraves de toute espèce, sil faut que je réfère de tous mes pas aux commissaires du gouvernement, sils ont le droit de changer mes mouvements, de môter ou de menvoyer des troupes, nattendez plus rien de bon. Si vous affaiblissez vos moyens en partageant vos forces, si vous rompez en Italie la pensée militaire, je vous le dis avec douleur, vous aurez perdu la plus belle occasion dimposer des lois en Italie. Chacun a sa manière de faire la guerre : le général Kellermann a plus dexpérience et la fera mieux que moi ; mais tous les deux ensemble, nous la ferons fort mal. Je sens quil faut beaucoup de courage pour vous écrire cette lettre ; il serait si facile de maccuser dambition et dorgueil… » mais écrivit également confidentiellement au directeur Carnot « Je crois que réunir Kellermann et moi en Italie, cest vouloir tout perdre : je ne puis servir volontiers avec un homme qui se croit le premier général de lEurope ; et, dailleurs, je crois quun mauvais général vaut mieux que deux bons. La guerre est comme le gouvernement, cest une affaire de tact. »

La prise de Milan

André Masséna sempare de Milan, et Bonaparte y fait son entrée solennelle le lendemain ; et ce jour même, est signé à Paris, un traité de paix par lequel le Duché de Savoie, Tende, le comté de Nice et autres places, sont enlevées au roi de Sardaigne et passent sous la domination de la France.

Peu de jours après, le Directoire, cédant aux instances de Bonaparte, lui abandonne sans partage la conduite des affaires dItalie.

De ce moment date la haute influence que Bonaparte va exercer sur les affaires, tant civiles que militaires de Milan, quil occupe en souverain. Il poursuit lexécution des clauses qui sont convenues avec le Piémont, conclut des traités avec Rome, Naples et le duché de Parme ; il réprime en personne les mouvements de la Lombardie, qui vient de se révolter et il contient dans leur neutralité les États de Gênes et de Venise.

Enfin, le château de Milan, qui avait résisté jusque-, tombe dans les mains françaises, et le vainqueur en tire 150 pièces de canon quil fait diriger sur Mantoue. Dautres équipages de siège pris à Bologne, Ferrare, le fort d'Urbinà, sont conduits par ses ordres vers le même point. Beaulieu, avant de quitter lItalie, avait eu le temps de jeter 13 000 hommes dans la place, et 30 000 Autrichiens, détachés de larmée du Rhin, accouraient pour la secourir.

Enfin, Wurmser est à la tête de 60 000 hommes pour faire lever le siège, et Bonaparte nen a pas 40 000 à lui opposer ; sa position était fort embarrassante, ayant à combattre, dun côté, contre une armée dun tiers plus forte que la sienne ; et, de lautre, à contenir une forte garnison, et garder en outre, tous les passages du fleuve, depuis Brescia jusquà Vérone et Legnano.

La bataille des 5 jours

Le général en chef autrichien commet la faute grave de diviser ses forces en deux corps : 35 000 hommes sous ses ordres marchent droit sur Mantoue par la vallée de lAdige, tandis que Quasdanovich marche avec 25 000 hommes sur Brescia.

Bonaparte profite de la faute de ses adversaires : il quitte brusquement le siège de Mantoue (début du siège le 18 juillet 1796) (30 Messidor an IV), et laisse devant la place sa grosse artillerie, concentre ses troupes à Roverbella, tombe sur Quasdanovich, le bat successivement à Salò et Lonato (3 août - 16 Thermidor), et le force à se réfugier dans les montagnes du Tyrol. Ce succès obtenu, il court sur Wurmser, le bat complètement à la Bataille de Castiglione (5 août - 18 Thermidor), passe le Mincio en sa présence et le rejette dans le pays de Trente.

Article détaillé : Bataille de Castiglione.

Ces divers combats, qui durèrent depuis le 1er jusquau 5 août (14 - 18 Thermidor), et appelée « la bataille des cinq jours », coûtèrent à lAutriche plus de 20 000 hommes et 50 pièces de canon.

Bonaparte, après ces avantages, se met à la poursuite de Quasdanovich, latteint, le bat à Serra-Valla, Ponte-San-Marco, Rovereto, et dans les gorges de Calliano. Cependant Wurmser avait repris le chemin de Mantoue, et son armée filait par les gorges de Brenta. Bonaparte, qui a prévu ce mouvement, abandonne le Tyrol et va se montrer aux Autrichiens à Bassano del Grappa (8 septembre - 22 Fructidor), aux gorges de Primolano, au fort de Cavalo.

Wurmser à Mantoue

Néanmoins Wurmser, séparé encore une fois du corps de Quasdanovich, trouve le moyen dentrer dans Mantoue. Cette place, dont la garnison vient de recevoir un renfort considérable, semble pouvoir soutenir les attaques des assiégeants, dautant plus quune nouvelle armée arrivait pour la secourir. LAutriche, victorieuse sur le Rhin, résolut de reprendre à tout prix les possessions quelle avait perdues en Italie et de faire lever le siège de Mantoue.

Une nouvelle armée autrichienne surgit, commandée par Alvinczy, général expérimenté : elle est chargée daller faire cette conquête à la tête de 45 000 hommes. Ce général commet la même faute que Wurmser : il partage ses forces : il laisse 15 000 hommes à Davidovitch, avec ordre de descendre les vallées de lAdige, et lui-même se dirige sur Mantoue, par le Véronnais, avec 30 000 hommes. Dans ce moment, le général français, affaibli par les combats et les garnisons quil a laisser dans les forteresses quil a prises, ne peut disposer que de 33 000 hommes ; mais, par les dispositions quil prend, il supplée à linsuffisance de ses moyens.

Les Français perdirent du terrain face à Alvinczy à Bassano (9 novembre - 19 Brumaire an V) et face à Davidovitch à Calliano (12 novembre - 22 Brumaire).

Bonaparte abandonne le blocus, place 3 000 hommes à Vérone, se porte sur Ronco, jette un pont sur lAdige, le traverse avec larmée, et prend le chemin dArcole, lieu devenu célèbre par laction meurtrière que les deux armées se livrèrent dans ses environs. Une chaussée étroite conduisait au port ; Bonaparte ordonne de marcher sur la chaussée et daller forcer le passage du pont ; mais sa colonne de grenadiers, prise en flanc par le feu de lennemi, sarrête ; Bonaparte descend de cheval, saisit un drapeau et le jette sur le pont en sécriant : « Soldats ! nêtes-vous plus les braves de Lodi ? suivez-moi ! » Le feu des Autrichiens devient si terrible que les troupes refusent davancer : lattaque neut point de succès.

Le passage du pont d'Arcole

Arcole

Article détaillé : bataille du pont d'Arcole.

Les Français prendront leur revanche à San Massimo all'Adige hameau de Vérone (victoire de Caldiero) et à la bataille du pont d'Arcole (15 au 17 novembre - 25 au 27 brumaire).

Désespérant de réussir sur ce point, il prend la résolution de retourner à Ronco et dérobe sa marche à Alvinczi. Il fait allumer des feux sur la chaussée dArcole, et, le lendemain, il se trouve libre de livrer bataille à celui des trois corps autrichiens quil lui plaira ; il choisit, celui dAlvinczi, quil repousse au-delà de Vicence, après lui avoir tué 5 000 hommes, fait 8 000 prisonniers, et pris 30 pièces de canon.

Le général Joubert, quant à lui, vainc Davidovitch le 19 novembre (29 brumaire) à Campara, et l'oblige à se réfugier dans le Tyrol. Wurmser qui commande le troisième corps, na que le temps de rentrer dans Mantoue, il se voit de nouveau bloqué par Sérurier.

Rivoli

Article détaillé : Bataille de Rivoli (1797).

Alvinczi et Provera descendent tout à coup du Tyrol à la tête dune armée nouvelle et nombreuse. Provera se dirige sur Mantoue avec 12 000 hommes ; Alvinczi, avec le gros de larmée, se met à la poursuite de Joubert, qui se retire sur Rivoli : Bonaparte, qui navait que 20 000 hommes disponibles pour livrer bataille, donne ordre à Joubert de tenir ferme à Rivoli, et il va attendre lennemi derrière cette position.

Le général autrichien, trop confiant dans la supériorité de son armée, en détache une partie sous les ordres du général Lusignan (en), et il sengage avec le gros de ses forces dans les vallées de lAdige et de la Carona (fleuve(it), dont le plateau de Rivoli est le nœud.

Il sempare de ce plateau, sur lequel il place 2 000 hommes ; mais au moment il se croit maître de la division Joubert, il se voit coupé ; le plateau de Rivoli est pris, et ceux qui le gardaient mettent bas les armes. Enfin la colonne de Lusignan vient attaquer larmée française sur ses derrières : elle est prise presque en entier par Masséna avec son général.

Le 16 janvier (27 Nivôse), Bonaparte vainquit Provera aux portes de Mantoue. Wurmser est repoussé dans Mantoue, et dix-sept jours après, ayant vu détruire sous ses murs les restes de la quatrième armée autrichienne, il se voit dans la nécessité de capituler le 17 janvier (28 Nivôse).

Bilan de la Campagne d'Italie

Les batailles de Rivoli et de la Favorite, et la prise de Mantoue, coûtèrent, en trois jours, à lAutriche, 45 000 hommes tués ou faits prisonniers et 600 bouches à feu.

Le général en chef, pour punir le pays davoir enfreint larmistice de Bologne, lui impose le traité de Tolentino.

En moins de douze mois, à lâge de 28 ans, Bonaparte a détruit quatre armées autrichiennes, donné à la France une partie du Piémont, fondé deux républiques en Lombardie, conquis toute lItalie, depuis le Tyrol jusquau Tibre, signé des traités avec les souverains du Piémont, de Parme, de Naples, de Rome.

Le grand guerrier et le grand politique marchent de front. Toute la France a les yeux sur Bonaparte et ne regarde que lui ; le Directoire, dont il a éclipsé la considération et le pouvoir, linvite plutôt quil ne lui commande, à poursuivre ses conquêtes et à marcher sur la capitale de lAutriche.

Propagande

Le général Bonaparte utilise à son profit le Courrier de larmée dItalie, le journal officiel de larmée dItalie, dont chaque armée de la Révolution était doté. Il crée ensuite grâce au butin deux autres journaux, La France vue de larmée dItalie et Le Journal de Bonaparte et des hommes vertueux. Bonaparte fera un bilan flatteur de cette campagne dans 300 pages de ses Mémoires.

L'Autriche

Cette puissance, atterrée par la chute de Mantoue et se voyant menacée dans ses propres États, ordonne à larchiduc Charles daller, avec lélite de larmée quil commande, sur le Rhin, sopposer en Italie aux progrès de Bonaparte.

Celui-ci, apprenant la marche de son noble adversaire, fait mettre en mouvement une armée de 53 000 hommes, à laquelle sétaient réunies la division Delmas et la division Bernadotte[4]

Continuant sur sa lancée, le conquérant chercha à gagner Vienne. Bonaparte, à la tête dune division de 37 000 hommes, emporte Tarri. Il passa la Piave. Il envoie trois autres divisions forcer le passage du Tagliamento, défendu par larchiduc en personne : elles obtiennent lavantage. Elles passent le col de Tarvis sans que les Autrichiens de l'archiduc Charles puissent l'arrêter (mouvement du 1er au 21 mars - 11 Ventôse au 1er Germinal).

Elles poursuivent ce prince sur lIsonzo, et semparent de limportante forteresse de Palmanova ; et vingt jours plus tard, l'archiduc, ayant perdu le quart de son armée, est obligé de se retirer sur Saint-Weith et sur la Muhr.

Cependant, Bonaparte avait détaché 16 000 hommes sous la conduite du général Joubert, qui culbute les généraux Alexis Laudon et Kerpen et force tous les défilés du Tyrol, pendant que Bernadotte marchait sur Laybach.

Article détaillé : Expédition du Tyrol.

Enfin, le 31 mars (11 Germinal), un an après son départ de Nice, le vainqueur, arrivé à Klagenfurt, offre la paix à lAutriche, qui, dabord, la refuse. Larmée républicaine se remet en marche. Masséna force les défilés de Neumarkt en Styrie, sempare de la position dHundsmark.

Les préliminaires de paix

Article détaillé : Traité de Leoben.

Le moment approchait une grande bataille allait décider du sort de Bonaparte et de celui de la Maison d'Autriche ; mais deux ennemis se rendirent au quartier général français, et le 7 avril (18 Germinal) un armistice est accordé à Indenburg, et le 15 (26 Germinal), les préliminaires de la paix sont convenus à Leoben. Les Français sont à cent kilomètres de Vienne lorsque des pourparlers de paix furent entamés avec Merveldt[5].

La dépêche du 19 avril (30 Germinal), qui apprend au Directoire la signature des préliminaires, lui révèle aussi toute lindépendance de son général, et peut lui donner des craintes sur un avenir que sa politique inquiète et jalouse na pas deviné[6].

Bonaparte ne demanda pas d'instructions au Directoire. Dès ses premières victoires, il montra son indépendance en faisant la loi en Lombardie.

L'insurrection vénitienne

Pendant que Bonaparte marchait sur Vienne par les défilés de la Carinthie, les nobles et le clergé vénitiens levaient des troupes pour lempêcher de rentrer en Italie ; et tandis quil stipulait à Léoben les conditions de la paix, le meurtre des Français commandé par le Sénat était prêché dans toutes les églises. Lors de la deuxième fête de Pâques, au son des cloches, tous les Français qui se trouvaient à Vérone et qui ne sétaient pas retranchés dans les forts, sont égorgés. Il sagit principalement de malades, laissés dans les hôpitaux par le général Balland. Cet épisode est connu sous le nom de Pâques véronaises.

Traité de Campo-Formio

Article détaillé : Traité de Campo-Formio.

De tels attentats ne pouvaient rester impunis : laristocratie vénitienne est détruite, et le lion de Saint-Marc renversé, pour toujours, par celui qui sera nommé réellement le libérateur de lItalie. Le 16 vendémiaire an VI (7 octobre 1797), Bonaparte signa un traité à Campo-Formio avec l'Autriche par lequel ces derniers cédèrent à la République leurs Pays-Bas et renoncent au Milanais, puis s'engagent à reconnaître à la France la possession des territoires de la rive gauche du Rhin. La première coalition fut dissoute. Seule la Grande-Bretagne ne déposa pas les armes.

Congrès de Rastadt

Après la concession de ce traité, Bonaparte, vainqueur et pacificateur, reçut ordre daller présider au congrès de Rastadt la légation française. Il y signa, avec le comte de Cobentzel, la convention militaire relative à lévacuation respective des deux armées.

Le retour à Paris

Enfin, Bonaparte quitta Rastadt pour venir triompher à Paris ; il y fut reçu avec un enthousiasme extraordinaire. Le Directoire fut justement effrayé de cette puissance de gloire quil ne pouvait braver, ni récompenser dignement. Cependant, comme il ne pouvait se dispenser de sassocier dune manière quelconque au triomphe du vainqueur de lItalie, il se décida à lui donner, dans la cour du palais du Luxembourg, une fête extraordinaire ; la pompe quil déploya dans cette occasion ne trompa personne, ni celui qui en était lobjet, ni la portion éclairée des spectateurs.

Cette fête eut lieu le 20 frimaire (10 décembre 1797), en présence de presque tous les ambassadeurs des puissances armées. La vaste cour du Luxembourg offrait, entre autres ornements, les drapeaux conquis par larmée dItalie, groupés et formant comme un dais au-dessus des cinq directeurs ; ils étaient pour eux, ce que justifièrent les événements, lépée de Damoclès.

Bonaparte, en remettant solennellement au pouvoir exécutif le traité de Campo-Formio, prononça un discours[7]

Quelques jours après, le héros fut fêté avec non moins déclat par les Conseils, dans la grande galerie du Musée, et le département donna le nom de Victoire à la rue Chantereine, dans laquelle il avait sa maison. LInstitut le choisit pour remplacer Carnot, alors proscrit comme royaliste.

Les lettres, les arts sempressaient autour de lui ; le royaliste de Louis de Bonald lui offrit un de ses livres, et le républicain Jacques Louis David son pinceau[8].

Livresse, exaltait toutes les têtes ; aux théâtres et dans tous les lieux publics, on nentendait que le cri de Vive Bonaparte !

La guerre contre le pape

La France avait annexé Avignon et le Comtat Venaissin. Le 19 février 1797, Napoléon Bonaparte avait contraint Pie VI à signer le traité de Tolentino (appelé aussi Paix de Tolentino) avec la France du Directoire, qui concède à la France les légations de Romagne, de Bologne et de Ferrare.

A la nouvelle de la mort du général Duphot, le Directoire ordonne le 11 janvier 1798 l'occupation de Rome. Gaspard Monge part le 6 février pour Rome. La Révolution éclate dans la ville le 15 février. La "République romaine" est proclamée par le peuple réuni au Campo Vaccino (ancien forum).

Le pape Pie VI est contraint par la république française de renoncer à son pouvoir temporel et de se contenter de son pouvoir spirituel. On l'oblige à quitter Rome sous deux jours. Pie VI quitte le Vatican dans la nuit du 19 au 20 février 1798. Après le renvoi de Masséna, Gaspard Monge fait toutes les nominations (sauf les finances).

Réfugié à Sienne puis à la chartreuse de Florence (en juin 1798), Pie VI est rattrapé par les troupes françaises et fait prisonnier. Il est successivement emmené à Bologne, Parme, Turin, puis Briançon, Grenoble et enfin Valence (France) .

Notes et références

  1. Connue sous le nom de « manœuvre en position centrale »
  2. il est si certain des suites de cette expédition quil écrit de Cherasco au Directoire : « Demain je marche sur Beaulieu ; je loblige à repasser le  ; je le passe immédiatement après ; je mempare de toute la Lombardie, et, avant un mois, jespère être sur les montagnes du Tyrol ; de jirai joindre larmée du Rhin, et nous porterons de concert la guerre dans la Bavière »
  3. « Si laction des deux armées françaises qui combattent sur le Rhin nest point arrêtée par un armistice, il serait digne de la République daller signer le traité de paix avec les trois armées réunies au cœur de la Bavière ou de lAutriche étonnée. »
  4. En arrivant à larmée de Bonaparte, ce dernier avait dit à ses soldats « Soldats de larmée du Rhin, songez que larmée dItalie nous regarde. »
  5. Cest à cette occasion que Bonaparte dit aux négociateurs autrichiens : « Votre gouvernement a envoyé contre moi quatre armées sans généraux, et cette fois un général sans armée. » Bel éloge des talents militaires du prince Charles.
  6. Voici quelques passages de cette importante dépêche : « Si je me fusse, au commencement de la campagne, obstiné à aller à Turin, je naurais jamais passé le  ; si je métais obstiné à aller à Rome, jaurais perdu Milan ; si je métais obstiné à aller à Vienne, peut-être aurais-je perdu la République. Dans la position des choses, les préliminaires de la paix, même avec lempereur, sont devenus une opération militaire. Cela sera un monument de la gloire de la République française, et un présage infaillible quelle peut, en deux campagnes, soumettre le continent de lEurope. Je nai pas, en Allemagne, une seule contribution ; il ny a pas eu une seule plainte contre nous. Jagirai de même en évacuant ; et, sans être prophète, je sens que le temps viendra nous tirerons parti de cette sage conduite. Quant à moi, je vous demande du repos. Jai justifié la confiance dont vous mavez investi ; je ne me suis jamais considéré, pour ainsi dire, dans toutes mes opérations, et je me suis aujourdhui lancé sur Vienne, ayant acquis plus de gloire quil nen faut pour être heureux, et ayant derrière moi les superbes plaines dItalie, comme javais fait au commencement de la campagne dernière, en cherchant du pain pour larmée, que la République ne pouvait plus nourrir. »
  7. dans lequel on remarqua cette phrase : « Lorsque le peuple français sera assis sur les meilleures lois organiques, lEurope entière deviendra libre. » Barras, chargé de lui répondre au nom de ses collègues, dit que la nature avait épuisé toutes ses richesses pour créer Bonaparte. Bonaparte, ajouta-t-il, a médité ses conquêtes avec la pensée de Socrate : il a réconcilié lhomme avec la guerre. Étrange galimatias dans la bouche dun homme qui se disait républicain par excellence.
  8. On rapporte une anecdote qui, si elle nest point complètement vraie, donne du moins une idée de linfluence que pouvait exercer sur lesprit de Bonaparte lenthousiasme extrême dont il était lobjet de la part de la nation tout entière ; la voici : David voulait le représenter à cheval sur le pont dArcole ou de Lodi ; Non, répondit-il, jy serais avec toute larmée ; représentez-moi de sang-froid sur un cheval fougueux.

Voir aussi

Source partielle

  • Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail de lédition]
  • Cdt Henry Lachouque - Napoléon, 20 ans de campagnes - Arthaud - 1964
  • Emmanuel de Las Cases - Le Mémorial de Sainte-Hélène
  • Yves Amiot, La fureur de vaincre-Campagne d'Italie (1796-1797), Flammarion, 1996, Paris.



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Campagne d'Italie (1796-1797) de Wikipédia en français (auteurs)

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