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Béji Caïd Essebsi
الباجي قائد السبسيMandats 11e Premier ministre tunisien Actuellement en fonction Depuis le 27 février 2011
( 8 mois et 25 jours)Président Fouad Mebazaa (par intérim) Gouvernement Gouvernement Essebsi Prédécesseur Mohamed Ghannouchi 8e président de la Chambre des députés 14 mars 1990 – 9 octobre 1991 Président Zine el-Abidine Ben Ali Législature VIIIe législature Prédécesseur Slaheddine Baly Successeur Habib Boularès 8e ministre des Affaires étrangères tunisien 15 avril 1981 – 15 septembre 1986 Président Habib Bourguiba Premier ministre Mohamed Mzali
Rachid SfarGouvernement Gouvernement Mzali
Gouvernement SfarPrédécesseur Hassen Belkhodja Successeur Hédi Mabrouk Ambassadeur de Tunisie en France 1er août 1970 – 14 décembre 1971 Président Habib Bourguiba Prédécesseur Mohamed Masmoudi Successeur Abdesselem Ben Ayed 5e ministre de la Défense tunisien 7 novembre 1969 – 12 juin 1970 Président Habib Bourguiba Premier ministre Bahi Ladgham Gouvernement Gouvernement Ladgham Prédécesseur Mohamed Mzali Successeur Hassib Ben Ammar 3e ministre de l'Intérieur tunisien 5 juillet 1965 – 8 septembre 1969 Président Habib Bourguiba Gouvernement Gouvernement Bourguiba Prédécesseur Taïeb Mehiri Successeur Hédi Khefacha Député de la circonscription de Tunis 1989 – 1994 Législature VIIIe législature 1981 – 1986 Législature VIe législature 1969 – 1974 Législature IIIe législature Biographie Date de naissance 29 novembre 1926 Lieu de naissance Sidi Bou Saïd (Régence de Tunis) Nationalité tunisienne Parti politique Parti socialiste destourien puis Rassemblement constitutionnel démocratique puis indépendant Conjoint Chadlia Saïda Farhat Enfants Amel Caïd Essebsi
Mohamed Hafedh Caïd Essebsi
Salwa Caïd Essebsi
Khélil Caïd EssebsiProfession Avocat Résidence Dar El Bey
Premiers ministres tunisiens modifier Béji Caïd Essebsi (الباجي قائد السبسي), né le 29 novembre 1926 à Sidi Bou Saïd, est un homme politique tunisien.
Après une carrière politique menée entre 1956 et 1994, devenant successivement ministre de l'Intérieur, de la Défense et des Affaires étrangères entre 1965 et 1986, sous la présidence d'Habib Bourguiba, puis président de la Chambre des députés de 1990 à 1991, il reprend son métier d'avocat et continue de plaider, de temps à autre, devant la Cour d'appel de Tunis, généralement dans les seules affaires d'arbitrage. Il devient sous la présidence intérimaire de Fouad Mebazaa, le 27 février 2011, Premier ministre du gouvernement provisoire, après la démission du gouvernement de Mohamed Ghannouchi ; il a alors 84 ans.
Sommaire
Jeunesse
Études et formation
Il étudie au Collège Sadiki puis à Paris, où il obtient une licence de la faculté de droit en 1950[1]. Camarade avec le fils du président du Néo-Destour, Habib Bourguiba Jr., sa relation l'aide à plaider en faveur de militants du parti contre les autorités du protectorat français. Sa mère connaît par ailleurs Mathilde Lorrain, épouse d'Habib Bourguiba. Après être rentré à Tunis, il est accueilli par Fathi Zouhir, alors à la tête d'un important cabinet d'avocats, qui lui propose de le rejoindre. Caïd Essebsi accepte et prête serment au barreau le 3 octobre 1952 puis commence à plaider quelques semaines plus tard[2].
Militant du Néo-Destour
C'est le 9 avril 1938 que Béji Caïd Essebsi connaît son premier choc étant un témoin des affrontements qui ont lieu ce jour-là. Les cours étant interrompus au Collège Sadiki, il se rend à Hammam Lif où sa mère et le reste de sa famille l'attendent[3]. Ce n'est qu'en 1941 qu'il intègre la jeunesse destourienne au sein de la cellule de Hammam Lif et qu'il s'initie aux bases de l'action militante. Une fois à Paris, pour ses études, il rejoint la cellule destourienne locale et devient membre du comité de l'Association des étudiants musulmans nord-africains puis son vice-président. Il revient en Tunisie le 15 juillet 1952[4].
Carrière politique
Débuts
Au lendemain de l'indépendance, en 1956, il devient conseiller de Bourguiba[1], devenu Premier ministre avant son accession à la tête de l'État après la proclamation de la République le 25 juillet 1957. Il est chargé par le Néo-Destour d'animer la campagne pour l'élection de l'assemblée constituante dans la région de Jendouba, sans être candidat car il ne remplit pas la condition de l'âge légal qui est de trente ans.
Il est nommé, le 8 février 1958, comme chef de l'administration régionale puis directeur général de la sûreté de l'État. Sous sa direction, le 31 décembre 1962, le parquet militaire défère 26 accusés pour complot contre la sûreté de l'État.
Ministre de l'Intérieur
Béji Caïd Essebsi est nommé ensuite comme ministre de l'Intérieur le 5 juillet 1965 et le reste jusqu'au 8 septembre 1969.
Suite à la Guerre des Six Jours, de graves manifestations ont lieu le 5 juin 1967 dans l'ensemble du pays. Sollicité par les services de police, il donne l'ordre d'éviter de tirer le moindre coup de feu et, dans le même temps, d'arrêter toute personne responsable des violences et des destructions.
Sur sa proposition, le président Bourguiba nomme Tahar Belkhodja à la direction de la sûreté de l'État. Celui-ci demande à exercer son autorité sur la police ainsi que la garde nationale avec rang de directeur général, ce qui est fait le 23 octobre 1967. Belkhodja demande à Caïd Essebsi de signer des arrêtés, autorisés par le président, portant sur la révocation de quatre personnes[Quoi ?] mais Caïd Essebsi réalise que Belkhodja ne peut pas aller aussi loin suite à sa visite en Libye ; il décline donc les arrêtés qui lui sont présentés. Suite à la disparition d'importants documents, Belkhodja est lui-même révoqué[5].
Ministre de la Défense
Le 8 septembre 1969, un remaniement ministériel a lieu. Béji Caïd Essebsi quitte le poste de ministre de l'Intérieur et devient ambassadeur aux États-Unis. Le 7 novembre 1969, il est nommé en tant que ministre de la Défense et ministre d'État dans le gouvernement Bahi Ladgham, ce qui annule son départ en qualité d'ambassadeur. Le 12 juin 1970, un remaniement ministériel met fin au mandat de Béji Caïd Essebsi en tant que ministre.
Il occupe ensuite le poste d'ambassadeur en France de 1970 à 1971.
Ministre des Affaires étrangères
S'ensuit pour lui une longue traversée du désert jusqu'au 3 décembre 1980[1], lorsqu'il réintègre le gouvernement comme ministre délégué auprès du Premier ministre puis ministre des Affaires étrangères le 15 avril 1981 ; il occupe ce poste jusqu'au 15 septembre 1986. Durant ces six années, il est confronté à plusieurs crises, notamment l'arrivée à Bizerte des combattants palestiniens chassés de Beyrouth en 1982, le bombardement par l'armée de l'air israélienne du quartier général de l'OLP à Hammam Chott (opération « Jambe de bois ») en 1985, sans oublier les sautes d'humeur de Mouammar Kadhafi[1]. Le moment le plus fort de sa carrière à la tête de la diplomatie tunisienne reste cependant le vote de la résolution des Nations unies[6] condamnant l'agression israélienne contre la Tunisie[7].
Caïd Essebsi occupe ensuite le poste d'ambassadeur en Allemagne de l'Ouest à partir de 1987.
Parlementaire
Béji Caïd Essebsi siège comme député de la circonscription de Tunis durant trois mandats. Il préside aussi la Chambre des députés durant un an.
Premier mandat
Il est élu aux élections de 1969 où son parti politique, le Parti socialiste destourien, remporte 94,7 % des voix. Durant la IIIe législature qui s'achève en 1974, il occupe parallèlement les postes de ministre de la Défense et d'ambassadeur en France.
Deuxième mandat
Il est réélu aux élections de 1981, anticipées suite de la dissolution de la Chambre des députés conformément à la loi constitutionnelle n°81-78 du 9 septembre 1981. Réélu dans la même circonscription électorale, il occupe le poste de ministre des Affaires étrangères en parallèle de son poste parlementaire qu'il quitte à la fin de la VIe législature, en 1986.
Troisième mandat
Il intègre le Rassemblement constitutionnel démocratique avant d'être élu député pour un troisième et dernier mandat aux élections de 1989, suite de la dissolution anticipée de la chambre le 2 mars de la même année.
Il est élu par les députés comme président de la chambre le 14 mars 1990 et conserve sa fonction jusqu'au 9 octobre 1991. Il reste député jusqu'aux élections de 1994.
Premier ministre
Il est nommé Premier ministre du gouvernement provisoire post-révolutionnaire, le 27 février 2011, en remplacement de Mohamed Ghannouchi forcé de démissionner sous la pression populaire[8]. Son gouvernement s'appuie d'abord sur le gouvernement précédent mais, suite à des démissions de quelques uns de ses membres, il annonce le 7 mars une liste de 22 ministres et de neuf secrétaires d'État.
Politique intérieure
Article connexe : Gouvernement Béji Caïd Essebsi.Le 4 mars 2011, il prononce un discours où il appelle à rompre avec la constitution de 1959. Il affirme aussi que les membres du gouvernement n'ont pas le droit de se présenter aux prochaines élections et que, s'ils le souhaitent, ils doivent d'abord démissionner de leurs fonctions. Il affirme enfin que le président déchu, Zine el-Abidine Ben Ali, ainsi que sa famille seront jugés pour les crimes qu'ils ont commis.
Le 28 mars, il demande au président Mebazaa de remplacer le ministre de l'Intérieur, Farhat Rajhi, par Habib Essid, à la suite de quoi Rajhi crée le buzz avec une interview diffusée le 5 mai sur Facebook où il traite notamment Caïd Essebsi de « menteur », déclare que son gouvernement est manipulé par un ancien proche de Ben Ali et que le chef d'état-major, le général Rachid Ammar, prépare un coup d'État au cas où le mouvement Ennahda remporterait les élections[9].
Le lendemain, face à la vague de réactions, notamment du gouvernement[10], il s'excuse en indiquant avoir été piégé, arguant « qu'il s'agissait d'hypothèses, d'interprétations et de simples opinions personnelles » et justifiant ses accusations par une « immaturité politique »[11].
Le 8 juin, il annonce au peuple tunisien que l'élection de l'assemblée constituante est reportée du 24 juillet au 23 octobre 2011[12]. Il remanie son gouvernement le 1er juillet, changeant cinq ministres et deux secrétaires d'État. Mais, le 15 juillet, des manifestations ont lieu à la kasbah de Tunis, devant la résidence officielle du Premier ministre, Dar El Bey, défiant le gouvernement et demandant sa révocation. Le Premier ministre y met fin par un discours diffusé à la télévision.
Il annonce le 6 septembre 2011, lors d'une allocution télévisée, l'interdiction de toute activité syndicale pour les forces de sécurité suite à une manifestation organisée à l'appel de l'Union des syndicats des forces sécuritaires de l'intérieur.
À l'occasion d'un discours prononcé le 20 octobre, il indique que la mission de son gouvernement s'achèvera avec la formation d'un nouveau gouvernement ; il souligne que sa composition ne devrait pas intervenir avant le 9 novembre, en tenant compte des étapes suivant l'élection de l'assemblée constituante[13]. Il estime que la Tunisie « donnera la preuve au monde entier qu'elle est apte à organiser des élections crédibles et à instaurer un processus démocratique réussi » ; elle donnera la preuve « qu'un État musulman est capable de construire une démocratie et que la religion islamique n'est nullement en contradiction avec les valeurs et les principes de démocratie »[13].
Politique étrangère
Il est invité le 17 mai 2011 en France, où il rencontre le président Nicolas Sarkozy ainsi que le Premier ministre François Fillon. Il participe au 37e sommet du G8 tenu les 26 et 27 mai à Deauville ; il y participe à la discussion focalisée sur les moyens d'aider les peuples du monde arabe à instaurer des démocraties.
Le 5 octobre 2011, il se rend aux États-Unis suite à l'invitation du président Barack Obama ; il y rencontre le président pro tempore du Sénat Daniel Inouye et la secrétaire d'État Hillary Clinton. Il affirme « l'existence d'une ligne rouge à ne pas dépasser, et qui consiste à garder la définition de la Tunisie telle qu'inscrite dans la constitution de 1959, un pays dont la religion est l'islam, et non pas une république islamique »[14]. Le 7 octobre, il rencontre Obama à la Maison-Blanche qui déclare :
« Je voudrais saluer la Tunisie, le tout premier pays de l'Afrique du Nord et du monde arabe à avoir entamé cette transformation extraordinaire que nous appelons le printemps arabe[15]. »
Famille
Béji Caïd Essebsi est issu d'une famille tunisoise issue de l'ancienne administration beylicale et composée d'agriculteurs[1].
Il est l'arrière-petit-fils d'Ismail Caïd Essebsi, mamelouk, général et grand commis de l'État mort en 1870. Son père, Hassouna Caïd Essebsi, né avant 1899 à Bab Souika, dans la médina de Tunis, étudie au Collège Sadiki. Cadet de sa fratrie, il épouse Habiba Ben Jaafar. Née avant 1899 à Bab Souika, cette sœur de lait du docteur Mahmoud El Materi est la fille de Mohamed Ben Jaafar, amine des chaouachis ; son frère et ses cousins, dont Nacer Ben Jaafar, dirigent la fédération néo-destourienne de Tunis.
La famille vit à Mateur jusqu'à l'intervention du docteur paternel, El Materi, qui lui demande d'aller vivre à Hammam Lif pour suivre des cures thermales. Il meurt en 1936, laissant ses jeunes enfants[3] aux soins de son épouse.
Arbre généalogiqueIsmaïl Caïd Essebsi (? en Sardaigne - 1870 à Tunis), général, caïd-gouverneur, conseiller du bey et haut fonctionnaire Mohamed El Bey Caïd Essebsi (1850 à Tunis - 1910), caïd-gouverneur, général et propriétaire terrien Fatma Beya, princesse de la cour beylicale, fille de Hussein II Bey Hassouna Caïd Essebsi (av. 1899 à Tunis - 1936), propriétaire terrien et agriculteur Mustapha Agha (? - 1867 au Kram), général, ministre de la guerre du bey Mahbouba Agha (? - 1930 à Tunis) Sassia Beya, princesse beylicale, fille de Moustapha Bey Béji Caïd Essebsi (1926 à Sidi Bou Saïd), avocat et homme politique Mohamed Ben Jaafar (v. 1860 à Tunis - ?), maître-artisan chaouachi, chef de la corporation, notable des souks de Tunis Habiba Ben Jaafar (av. 1899 à Tunis - 1987) Beya Ben Jaafar, fille d'un maître-artisan chaouachi Béji Caïd Essebsi épouse Chadlia Saïda Farhat le 8 février 1958 à Hammam Lif[16],[1] avec laquelle il a deux filles, Amel et Salwa, et deux garçons, Mohamed Hafedh et Khélil.
Publications
- Bourguiba. Le bon grain et l'ivraie, éd. Sud Éditions, Tunis, 2009 (ISBN 9789973844996)
Références
- « Béji Caïd Essebsi » sur Jeune Afrique, 13 mars 2005 Ridha Kéfi,
- Béji Caïd Essebsi, Bourguiba. Le bon grain et l'ivraie, éd. Sud Éditions, Tunis, 2009, p. 35
- Béji Caïd Essebsi, op. cit., p. 12
- Béji Caïd Essebsi, op. cit., p. 14
- Béji Caïd Essebsi, op. cit., p. 137
- (en) Résolution 573 du Conseil de sécurité des Nations unies
- « L'intervention d'Israël en Tunisie du 1er octobre 1985 », position officielle de l'ONU et des États membres
- « Tunisie : le premier ministre annonce sa démission » sur Le Figaro, 27 février 2011
- Farhat Rajhi fonce, tête baissée, pour l'élection présidentielle » sur Business News, 6 mai 2011 «
- Tunisie - Le gouvernement condamne fortement les propos de l'ancien ministre de l'Intérieur » sur Business News, 5 mai 2011 «
- Farhat Rajhi présente ses excuses » sur Business News, 6 mai 2011 «
- « Tunisie : les élections reportées au 23 octobre » sur Les Échos, 8 juin 2011
- « Tunisie - Prouver qu'un « État musulman est capable de démocratie » (Essebsi) », Tunis Afrique Presse, 21 octobre 2011
- « Interview de Béji Caïd Essebsi au Washington Post » sur Tunis Afrique Presse, 6 octobre 2011
- « Obama : « Ce qui s'est passé en Tunisie nous a tous inspiré » » sur Tunis Afrique Presse, 7 octobre 2011
- Béji Caïd Essebsi, op. cit., p. 83
Articles connexes
Catégories :- Premier ministre de la Tunisie
- Ministre tunisien des Affaires étrangères
- Ministre tunisien de la Défense
- Ministre tunisien de l'Intérieur
- Ambassadeur tunisien
- Élève du Collège Sadiki
- Naissance en 1926
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- Révolution tunisienne
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