Guerre Du Liban

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Guerre du Liban

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Résolution 194, 1948
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Résolutions 3376 et 3379, 1975
Résolution 4686, 1991
Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Conflit israélo-libanais de 2006.

La Guerre du Liban est un conflit qui s'est déroulé entre 1975 à 1990 faisant entre 130 000 et 250 000 victimes civiles

Sommaire

Crise libanaise de 1958

Article détaillé : Crise libanaise de 1958.

La montée des périls (1966-1975), le problème palestinien

À partir de la fin des années 1960, la vie politique libanaise est entachée d'affaires de corruption généralisée des fonctionnaires, contraints de démissionner par dizaines, et par les désaccords sur les thèmes de politique extérieure et de traitement de la résistance palestinienne. La classe dirigeante subit des conflits internes, l'enjeu de cette agitation étant le partage des positions de pouvoir. Les mouvements se radicalisent, et la tension grimpe.

Les libanistes conservateurs chrétiens craignent pour la cohésion nationale, alors que les arabo-palestino-progressistes musulmans sont solidaires de la résistance. Les milices commencent à s'armer massivement, le clan pro-arabe étant soutenu par les Palestiniens, alors que les libanistes se tournent vers l'Occident. Des vagues d'affrontements commencent, elles opposent la Phalange aux Palestiniens et au mouvement national.

Le problème palestinien

Les camps de réfugiés servent en effet de bases d'entrainement militaire, et plusieurs centaines de fedayins lancent des opérations commando contre la frontière nord d'Israël, ou même des actions terroristes à l'étranger. Devant la résistance qui s'organise, Israël attend du Liban qu'il assure sa sécurité en contrôlant l'activité des Palestiniens sur son territoire, mais le Liban est trop faible pour résoudre le problème.

Après la guerre des Six Jours et l'occupation de la Cisjordanie et de Gaza par Israël en 1967, puis la terrible répression jordanienne contre les fedayins palestiniens en septembre 1970 — connu sous le nom de Septembre noir —, la cause palestinienne s'enlise.

L'armée libanaise tente en 1969 de reprendre le contrôle des camps, mais elle est trop faible. Un compromis est trouvé avec la signature au Caire sous l'égide de Nasser, en 1969, d'un accord entre Yasser Arafat — commandant de l'OLP — et le commandant en chef de l'armée. L'extraterritorialité des camps des fedayins est reconnue. Cet accord est tenu secret, car il est contraire au plein exercice de la souveraineté libanaise. En effet, cet accord consacre le droit des fedayins à mener, à partir du territoire libanais, des opérations militaires et des attaques dans le cadre de leur lutte nationale armée et tout en respectant, ajoute le texte, la souveraineté de l'État libanais. Cette véritable entorse à la souveraineté va transformer le pays du Cèdre en marionnette des puissances arabes de la région, et va permettre aux Palestiniens de s'y organiser militairement, et de créer un véritable État dans l'État.

À la différence des États arabes voisins, au pouvoir fort, qui n'hésitent pas à traiter le problème palestinien de manière radicale, la présence des réfugiés palestiniens au Liban et surtout la lutte de l'OLP contre Israël deviennent le point principal de désaccord entre les deux grands blocs. L’OLP va profiter de l’environnement démocratique existant au Liban, ainsi que de la nature multiconfessionnelle fragile du pays lui permettant de donner au conflit un habillage inter-libanais et rendant impossible la maîtrise de la présence palestinienne au Liban.

La guerre du Liban

Période : 1975-1990.

La « guerre des deux ans » (1975-1976)

La violence devenait déjà commune au Liban, mais on dit généralement que la guerre civile commença le 13 avril 1975. Le matin, lors de l'inauguration d'une église dans la banlieue ouest de Beyrouth, des tirs provenant d'une voiture envoyée par le PSNS tuent le garde du corps de Pierre Gemayel pour venger la mort et la torture dans les prisons infligés par ce dernier aux prisonniers du PSNS. L'après-midi, les mitrailleurs phalangistes attaquent un bus passant dans la même rue, et tuent 27 travailleurs palestiniens. La spirale vers le chaos s'amplifie vite. Le « samedi noir », quand quatre chrétiens sont trouvés tués à coups de hache en décembre 1975, des phalangistes enragés par la mort de leurs compagnons tuent près de 600 musulmans près du siège de leur parti.

Embuscades, guérilla urbaine entre kalachnikov et M-16, tirs de francs-tireurs non identifiés sont bientôt suivis par l'entrée en lice de canons et de lance-roquettes. Les camps de réfugiés qui encerclent la ville sont la cible privilégiée des Kataëbs ; les Palestiniens répliquent en attaquant la ville de Damour (janvier 1976), et massacrent la plupart de ses habitants chrétiens.

Toute cette époque est marquée par des pillages et des destructions qui touchent même les grandes banques de la capitale. Beyrouth est vite divisée le long de la fameuse « ligne verte ». Cet état des choses se prolonge pendant les 17 années suivantes.

L'intervention syrienne

En 1976, la Syrie impose un cessez-le-feu car elle n'avait jamais accepté que le Liban soit un pays et propose un rééquilibrage du partage des pouvoirs entre communautés.

Le président Hafez el-Assad ordonne l'entrée de troupes et de blindés au Liban ordonné par les Américains en 1976, dans le but de « préserver le statu quo et mettre en échec les ambitions des Palestino-progressistes ».

Grâce à l'intervention militaire et diplomatique des puissances régionales arabes, le président libanais et le chef de l'OLP sont convoqués à Riyad cette même année. Ils sont invités par l'Arabie saoudite et l'Égypte à reconnaître la légitimité de la présence des troupes syriennes au Liban, et l'officialisent par la mise en place de la Force arabe de dissuasion (FAD).

« Ni guerre ni paix » (1977-1981)

Beyrouth en 1978

Cette présence militaire souffle sur les braises et enferme les Libanais dans des luttes internes. La Syrie écarte Raymond Eddé de la présidence, car il avait fait du départ des troupes étrangères le premier point de son programme. Les efforts pour rétablir l'entente nationale ne progressent pas, et de violents affrontements opposent l'armée syrienne aux milices chrétiennes en 1978.

En 1978, dans le Sud, le gouvernement Israélien, suite aux nombreuses attaques sur les villes du nord d'Israël organisée par l'OLP depuis le Liban, décide d'une offensive dans le Sud du pays, c'est l'opération Litani. Elle vise à repousser les milices palestiniennes au nord du pays et s'emparer de la rivière Litani. Après plusieurs semaines en territoire libanais, les troupes israéliennes se retirent partiellement, laissant la région à l'Armée du Liban Sud.

Les intérêts stratégiques provoquent un triple affrontement au printemps de 1981 : d'abord entre la FAD et les Kataëb qui cherchent à occuper Zahlé et à inclure la ville dans leur zone de contrôle, puis entre la Force arabe de dissuasion (FAD) et Israël qui fournit un appui aérien aux Kataëb contre les hélicoptères de Damas. Israël et la Syrie semblent a la veille d'un affrontement direct total. Mais un cessez-le-feu américain a pris place.

« Paix en Galilée » (juin 1982)

Le 3 juin 1982, un commando de l’organisation activiste palestinienne Abou Nidal tente d'assassiner l'ambassadeur israélien à Londres, Shlomo Argov, le blessant grièvement. Le lendemain, l’armée israélienne bombarde au Liban des camps de l’OLP, en représailles contre l’attentat, dans lequel l’organisation de Yasser Arafat n’était pas impliquée (Abou Nidal et l’OLP étant en conflit depuis 1974). Très vite la situation se dégrade : l’OLP réplique par des tirs de roquettes sur le Nord d’Israël, entraînant de nouveaux bombardements de ses positions par Tsahal. Le 6 juin, l'armée israélienne déclenche l’opération Paix en Galilée pour faire cesser les tirs de l’OLP, et entre au Liban, avançant jusqu'à Beyrouth. En fait la droite israélienne était décidée à en finir radicalement avec l'OLP, car selon les généraux israéliens, sa seule existence ravivait le nationalisme palestinien dans les territoires occupés, rendant les Palestiniens fermés à toute négociation avec Israël et empêchant les Israéliens de s'implanter sur ces territoires avec autant de facilité qu'ils le souhaitaient. De très nombreuses pertes civiles, un nouveau chaos au Liban.

Les troupes de Tsahal traversent les lignes tenues par la FINUL, force d'interposition placée par l'ONU, franchissent la ligne des 40 km nord initialement annoncée comme objectif limite par le ministre de la Défense Ariel Sharon et atteignent la capitale, où ils font leur jonction avec les Forces libanaises de Bachir Gemayel. Les troupes syriennes s'effondrent avec des pertes énormes.

Environ une semaine après le début de leur invasion, les Israéliens commencent le siège de Beyrouth Ouest (où habitent 200 000 civils) où l'OLP trouvait refuge au milieu de la population civile. Le sud de la ville, où les fedayins palestiniens avaient trouvé refuge, fut exposé à des bombardements quasi-constants. Le 21 août, suivant un accord américain, l'OLP quitta Beyrouth sur des navires de la Marine nationale française sous surveillance internationale. Beaucoup interprétèrent cette évacuation comme la victoire maronite de la guerre. Le leader des phalangistes Bachir Gemayel, considéré comme l'homme fort du Liban, fut élu président.

Sabra et Chatila

Trois semaines plus tard, une énorme bombe fut placée dans le quartier général phalangiste, tuant Bachir et 60 de ses partisans. Cet attentat ne fut jamais revendiqué, mais une personne, Habib Chartouni, fut arrêtée. Malgré son appartenance au Parti social nationaliste syrien et bien que militant avec ferveur contre Israël et ses alliés au Liban, notamment Bachir Gemayel et les phalangistes, ledit parti n'a pas revendiqué l'attentat, ou tout du moins a nié l'avoir commandité. Les services secret syriens ont toujours été montrés du doigt, tout comme Israël.

Après l'évacuation de Beyrouth par l'OLP, plusieurs centaines de milliers de civils palestiniens restés sur place se trouvèrent brutalement privés de protection et d'encadrement.

Les milices libanaises phalangistes entrent dans les camps pour les « nettoyer » des combattants palestiniens. Les israéliens devaient contrôler le périmètre des camps de réfugiés et apporter un soutien logistique alors qu'une section des phalangistes dirigée par Elie Hobeika aurait pour mission d'entrer dans les camps, de trouver les combattants afin de les livrer aux israéliens. Le 15 septembre, l'armée israélienne avait complètement encadré les camps et contrôlait tout accès, tout en mettant en place des postes d'observation sur les toits d'immeubles avoisinants.

Durant les deux nuits suivantes, les Israéliens illuminèrent les camps à l'aide de fusées éclairantes, permettant aux phalangistes d'entrer dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila situés a la sortie de Beyrouth pour punir les « terroristes ». Au cours de deux jours de massacres violents, ils tuèrent un nombre élevé de civils (entre 700 et 3500 personnes selon les sources), parmi eux des femmes et des enfants.

Quelques heures après l'entrée des phalangistes dans les camps, le chef des services de renseignements de Tsahal reçoit une information parlant de 300 morts à Sabra et Chatila. Aucune confirmation ne peut être obtenue. Des rumeurs analogues, d'un massacre en cours dans les camps, commencent pourtant à circuler. Israël prétend que tout cela semblait trop vague pour justifier une intervention.

Pendant ce temps, le commandant de la région nord de Tsahal rencontre le commandant en chef de l'armée régulière libanaise. Il tente de le persuader que l'armée libanaise doit entrer dans les camps palestiniens. Il l'adjure de parler en ce sens au premier ministre du Liban. « Vous savez ce que les Libanais sont capables de se faire les uns aux autres », dit-il. « C'est important, vous devriez agir maintenant. » La réponse sera négative.

La question de savoir si l'armée israélienne a directement pris part au massacre est controversée. La seule enquête israélienne officielle dont la conclusion a été rendue publique en février 1983 faite par une commission israélienne dirigée par Itzhak Kahane, le chef de la Cour suprême a conclu à la responsabilité des phalangistes et à la responsabilité indirecte d'Ariel Sharon.

Le mandat d'Amine Gemayel

Amine Gemayel succède à son frère à la tête de l'état et rappelle la force multinationale à Beyrouth. Son sexennat commence sous le signe de l'espoir. Plusieurs passages sont ouverts entre les deux parties de Beyrouth, et de nombreux émigrés reviennent et avec eux, de l'argent et des projets.

Les États-Unis offrent un soutien financier pour la reconstruction de l'administration, des infrastructures et de l'armée. Un accord est signé stipulant la fin de l'état de guerre et un retrait israélien conditionné par un retrait simultané des forces palestiniennes et syriennes. Amin Gemayel a d'ailleurs dissout le commandement de la FAD le 31 mars.

Le gouvernement du président Gemayel fait peu de cas de l'opposition de Damas à ses négociations avec Israël, et le général Assad choisit d'appuyer par tous les moyens les forces d'opposition qui se mobilisent. Le chef de l'OLP, Yasser Arafat, revient au Liban avec un petit groupe de combattants, et s'engage dans des affrontements contre des Libanais soutenus par la Syrie, mais il doit quitter le Liban en décembre 1983.

La « guerre de la montagne » (1982 - 1984)

Les affrontements eurent aussi lieu dans les montagnes du Chouf. Habitée par des druzes, des sunnites et des chrétiens, la région avait jusque là été épargnée par la guerre. Les miliciens phalangistes harcèlent les civils druzes. Bien vite, des représailles puis des violences religieuses éclatent. Le gouvernement menace d'envoyer l'armée, mais les druzes refusent, craignant que les troupes ne s'allient avec les phalangistes.

Le leader druze Walid Joumblatt bombarde alors l'aéroport de Beyrouth et attaque les positions de l'armée libanaise dans la ville. Quand les Israéliens se retirent de la montagne, l'armée rejoint les phalangistes contre les druzes et la milice chiite, Amal. Les druzes gagnent la partie avec le soutien de l'URSS. Des milliers de civils maronites sont contraints à partir en exil, sous crainte d'être massacrés, jusqu'à ce que les Américains, dans leur élan anti-soviétique, bombardent les positions druzes et négocient un nouveau cessez-le-feu.

La renaissance chiite

Les forces internationales arrivèrent à Beyrouth en 1982. Toutefois, les Américains étant considérés comme des alliés d'Israël, l'opposition se renforça. En avril 1983, un attentat-suicide contre l'ambassade américaine tua 63 personnes et laissa 100 blessés. Deux attentats suicides simultanés revendiqués par le Jihad islamique [réf. nécessaire] causèrent la mort de 256 marines et 58 militaires français (attaque du poste Drakkar). C'est la première fois que des attentats-suicides sont utilisés à telle échelle, et cette tactique sera bientôt imitée et utilisée à très grande échelle par les Tigres Tamouls au Sri Lanka. Cette première campagne d'attentats-suicides est revendiquée par le Hezbollah, alors une petite organisation chiite [1]. La force multinationale battit en retraite en février 1984.

Les chiites, largement évincés de la lutte sunnito-maronite pour le pouvoir et ignorés par le gouvernement avaient toujours été les parents pauvres du Liban. Concentrés au sud et dans la Bekaa, ils avaient subi les attaques dans les raids israéliens contre les Palestiniens, et transformés en réfugiés, concentrés dans la banlieue de Beyrouth.

Les gardes de la révolution iranienne commencèrent à prêcher et à entraîner les plus démunis. Le terrain était fertile pour un message rejetant l'impérialisme occidental, et sa volonté de lutter pour sa cause transforma le Hezbollah en une véritable force de résistance libanaise qui, gagnant en popularité dans l'ensemble des communautés du Liban, commença à utiliser une des tactiques les plus redoutables des milices libanaises, l'enlèvement, et provoqua la fin de l'occupation au Liban.

Le 9 avril 1985, Sana Khyadali, membre du Parti social nationaliste syrien, parti laïque alors allié au Baas syrien et au Parti communiste libanais, devient la première femme à faire un attentat-suicide, contre un poste de Tsahal, qui fait quatre morts [1].

L'ébauche d'une solution mettant fin à la guerre est longtemps bloquée par le désaccord de fond sur les priorités à observer. La gauche et les chiites réclament l'abandon du communautarisme politique et revendiquent un pays uni, alors que les chrétiens refusent d'envisager l'avenir à l'ombre des troupes étrangères.

Cependant, le vrai pouvoir est encore entre les mains des milices. Vers septembre 1988, le mandat d'Amine Gemayel est sur sa fin, et le vote des députés pour un nouveau président est empêché par les milices. Gemayel demande alors à son chef d'état major, Michel Aoun de tenir un gouvernement militaire d'intérim. La position anti-syrienne d'Aoun était mal vue à Damas, et les Syriens se sont opposés à sa nomination, tout comme les Américains. Gemayel nomma aussi trois officiers chrétiens et trois autres musulmans pour servir sous les ordres de Aoun, mais les musulmans ont refusé de rejoindre leurs postes, formant leur propre gouvernement dans Beyrouth-ouest.

Aoun, décidé à chasser les Syriens du Liban, lance une "guerre d'indépendance nationale" contre la Syrie, dont les affrontements s'étendent en 1989. La France commence, à ce moment, à fournir de l'aide humanitaire aux deux partis ; mais étant donnée son amitié traditionnelle avec les maronites, ce geste parait suspect aux yeux des musulmans.

L'accord Taïf (1989)

Article détaillé : Accord de Taëf.

Une tentative de restaurer la paix eut finalement lieu a l'automne 1989. Les efforts politiques d'un comité composé du roi Hussein de Jordanie, du roi Fahd d'Arabie saoudite, et du président Chadli Ben Jedid d'Algérie ont abouti à un cessez-le-feu exhaustif et à une rencontre parlementaire pour discuter d'une « réconciliation nationale ».

L'assemblée nationale se rencontra à Taïf en Arabie saoudite. Quelques amendements pour rétablir l'équilibre du partage du pouvoir furent ratifiés le 5 novembre 1989. René Moawad fut élu président, mais fut assassiné seulement 17 jours plus tard. Pour éviter de nouveaux affrontements, le parlement élit immédiatement Elias Hraoui à sa place.

Devant l'opposition d'Aoun les affrontements éclatèrent encore, cette fois entre Aoun et les milices chrétiennes qui désapprouvaient sa position. En reconnaissance de son soutien durant la guerre du Golfe, les États-Unis autorisèrent la Syrie à intervenir auprès de l'armée libanaise pour se débarrasser du général Aoun. Après le succès de ces opérations, à l'exception du sud toujours occupé, s'ouvrit la première période de paix durable au Liban depuis 15 ans.

Le Liban sous la surveillance de la Syrie (1990-2005)

Periode: 1990 à 2005


La scène politique

En 1992 eurent lieu les premières élections législatives depuis 1972, dans une atmosphère de manipulation, de frustration et d'abstention. Rafiq Hariri fut élu premier ministre et commença à étudier la reconstruction du pays. Il tenta également de restaurer l'équilibre rompu par le boycott des élections par les chrétiens en amenant plus de chrétiens dans le gouvernement. Il fut arrêté à la fois par les Syriens et par le président Hraoui.

Démarrage de la reconstruction

De 1975 à 1990, le Liban a connu de profonds bouleversements. une détérioration considérable du tissu industriel et des infrastructures. La vague d'optimisme créée autour de la reconstruction dénote une volonté politique de rebâtir le Liban sur de nouvelles bases. L'État libanais se trouve confronté à une tâche extrêmement ardue. Face à ce défi, il confie le dossier au Conseil pour le développement et la reconstruction (CDR). Cet organisme créé en 1977 a établi, en mai 1991, une étude exhaustive de planification pour la reconstruction.

Parallèlement, le gouvernement de Rafik Hariri a établi un plan de redressement économique à court terme et un autre à moyen terme. Le projet, sur 25 ans, prévoit dans un premier temps de restaurer l'infrastructure sociale et économique, puis d'effacer définitivement les séquelles de la guerre. Enfin, le développement à long terme de l'économie libanaise, sert de cadre à une croissance équilibrée et déboucher sur un aménagement optimal du territoire.

La pierre angulaire de cette vaste opération, dont les besoins sont évalués à 10 milliards de dollars, est la reconstruction du centre-ville de Beyrouth. La capitale est en effet un symbole particulièrement mobilisateur de la restauration de l'État et de sa souveraineté.

Le plan actuel de reconstruction de 160 hectares dans le centre-ville séduit par son souci d'efficacité et de rapidité, puisque tous les biens-fonds sont rassemblés et gérés par un opérateur unique, dégagé de toute contrainte de type administratif. Il séduit également par la perspective de voir affluer des capitaux arabes pour participer aux opérations de promotion immobilière.

Le projet souleva des problèmes axés sur deux questions principales : la confusion de l'intérêt privé et de l'intérêt public, et le respect de la propriété privée. De plus, ce plan de reconstruction, infesté par l'affairisme attenant au gouvernement libanais en place (M. Hariri, Premier ministre, a possédé en propre jusqu'à 11 % de cette société...), fut un échec social. La couche la moins favorisée de la société libanaise (une majorité au sortir de la guerre civile) a mal vécu cette reconstruction, non pas sur le fond, mais la forme. En effet, de nombreux cas de familles expulsées d'immeubles à démolir par Solidère n'ont pas été relogées, ou très mal. L'ampleur de la polémique s'est atténuée progressivement à partir du 10 janvier 1994, lors de la clôture de l'opération de souscription aux actions de la Société libanaise pour le développement et la construction du centre-ville de Beyrouth, Solidère.

Le montant global des vingt mille souscripteurs a atteint 926 millions de dollars, dépassant la demande de 650 millions définie par la société foncière. La part des Libanais est de 600 millions, le reste constitue celle des souscripteurs arabes, saoudiens en majorité.

Le retour au calme dans la majeure partie du pays n'est pas la seule condition pour un redémarrage économique, ce dernier reste largement tributaire de la situation politique. En outre, il ne faut pas oublier que le Liban a perdu une grande partie de ses atouts économiques intérieurs et extérieurs, la conjoncture régionale est très délicate avec une évolution vers l'instauration d'une paix au Moyen-Orient, de plus que d'autres acteurs, dont Israël avec ses compétences et son industrie, sont présents dans la lutte pour la survie économique ; d'autre part, la conjoncture régionale paraît défavorable en raison de la baisse des revenus pétroliers.

Le redémarrage économique n'est pas immédiat comme ce fut le cas à la fin des années 1970.

Des indicateurs favorables

À la suite de la réconciliation politique. Pour la première fois depuis des années, le PIB augmente de 12 à 15 % du début à la fin du premier semestre de 1991. La récupération des droits fiscaux, notamment des taxes douanières, permettent de réaliser des recettes considérables.

Cependant, le retard des aides et les difficultés du recours au financement externe de la reconstruction limitent l'investissement public. Dans ce contexte, la dette publique s'accroît considérablement.

De son côté, le cours de la monnaie libanaise connaît une nette stabilisation après des années de chutes brutales. Les réserves en devises ont plus que triplé entre le début et la fin de l'année 1991 grâce aux rapatriements de la moitié des capitaux libanais placés à l'étranger, et aux placements des investisseurs arabes, notamment dans le secteur de l'immobilier.

Les retombées sociales de la guerre

Les pouvoirs publics multiplient leurs interventions et leurs dépenses au moyen d'une série de mesures improvisées. Ce gaspillage des ressources et des capacités, aboutit à une aggravation des difficultés sociales qu'on était supposé combattre. En 1994 les problèmes sociaux sont extrêmement graves. Les prix des services ne subissent aucune baisse significative, bien au contraire, ils enregistrent une relative hausse.

Le revenu moyen est faible, et les distorsions sont très profondes puisque l'inflation touche beaucoup plus les salaires et les rentes fixes que les revenus mobiles ou provenant des ventes. Cette situation est à l'origine de tensions qui se manifestent à propos de l'emploi des jeunes. De même, on assiste à l'apparition d'un important chômage déguisé.

Le déplacement de neuf cent mille personnes depuis le début de la guerre a causé de graves déséquilibres dans les régions d'accueil, aboutissant à la squattérisation d'espaces non destinés au logement : bureaux, écoles, hôtels, hôpitaux. Les efforts déployés durant l'année 1993 ont abouti au retour dans la Montagne, le Nord et la Bekaa d'environ 80 000 personnes déplacées à Beyrouth. Cependant, le problème n'est toujours pas résolu.

Le domaine de la santé et le secteur hospitalier en particulier ont pu maintenir et même développer de très bonnes structures malgré la crise ; le nombre de médecins s'accroît.

Cependant les faiblesses du pays d'avant guerre se sont aggravées, notamment en ce qui concerne les secteurs de l'éducation et de l'administration.

L'éducation a connu une nette dégradation à la suite de la baisse des revenus des enseignants. Le secteur privé a mieux résisté aux difficultés que le public, mais l'enseignement au Liban n'est conçu que sur une base académique, en rupture totale avec les besoins économiques, et les enseignements universitaires et techniques sont encore dispensés sans aucun contact avec les secteurs de production.

La productivité du secteur public s'est affaiblie. L'administration publique souffre de handicaps dans le domaine du personnel. Le manque d'effectifs dans certains secteurs est considérable; en revanche, on assiste à une pléthore de main d'œuvre dans d'autres secteurs.

Ce constat alarmant a incité le gouvernement Hariri à déclencher une « opération d'épuration ». Néanmoins, la réussite n'a été que partielle, puisque chaque camp au pouvoir a tenu à protéger les siens, fonctionnaires corrompus ou incompétents. En outre, des compromis irrationnels ont souvent été imposés pour tenter de sortir de certaines impasses politiques.

Le Liban après le retrait syrien

Periode: à partir de 2005

Données générales

Une nation multiconfessionnelle

Le pays est multiconfessionnel. Historiquement, le pays a servi de refuge pour un grand nombre de communautés. Il en existe officiellement dix-sept, et chacune a un droit privé spécifique.

Parmi les chrétiens, les maronites sont les plus nombreux. Il y a des musulmans chiites et sunnites ainsi que d'autres minorités religieuses comme les druzes (5 à 7 % de la population libanaise) et les juifs (0,5 %).

« L'absence de consensus sur le passé comme sur l'avenir du pays »

Entre 1926 et 1943, sous le contrôle colonial, la constitution est mise en place. Elle entérine l'appartenance de chaque Libanais à une communauté religieuse, et institue le « communautarisme politique », système par lequel les communautés sont représentées « équitablement » au sein de l'État sur la base d'un recensement effectué en 1932.

Le président devait être maronite, le premier ministre sunnite, et le porte-parole du gouvernement chiite. Les sièges parlementaires ont été répartis entre les chrétiens et les musulmans. Les maronites ont également reçu le contrôle de l'armée. En retour, ils devaient reconnaître le Liban comme un pays arabe. L'indépendance fut reconnue par la France le 22 novembre 1943.

Pourquoi le Grand-Liban ?

À la lumière de l'histoire, la communauté maronite semble avoir réalisé un mauvais compromis. Elle a insisté pour agrandir le Liban du Mont-Liban et de la plaine de Beyrouth où elle était majoritaire à 80 %, en y joignant la vallée de la Bekaa, et les plaines du sud, et former le Grand-Liban. Dans cet État, la communauté n'est plus représentée qu'à 48 %.

Pourquoi ont-ils voulu cet État ? Le pays avait sans doute besoin du grenier à grain de la vallée pour assurer son autonomie, mais d'autre part, les maronites détenaient la conviction de leur supériorité culturelle et n'ont pas douté qu'ils pourraient jouer le rôle prépondérant dans cet État.

Un contexte international défavorable

Malheureusement, le contexte international joue en leur défaveur. En 1952, Gamal Abdel Nasser accède au pouvoir en Égypte. Il marque un tournant dans les mouvements identitaires arabes, en adoptant la doctrine de « non-alignement ». Il réveille les nationalismes pro-arabes, et l'anticolonialisme. La mobilisation franco-britannique lors de la nationalisation du canal de Suez est le dernier sursaut des puissances coloniales. Une mobilisation hostile à l'Occident dessert les intérêts maronites et renforce leurs adversaires.

L'écho des crises du Proche-Orient

À la faveur de la prospérité et de la liberté d'expression, en contraste avec la censure des États voisins, Beyrouth abrite de nombreux intellectuels et opposants politiques arabes, et devient un foyer de réflexion et de contestation. Les maisons d'édition et les quotidiens, ainsi que les nouvelles organisations politiques, se multiplient.

Le Liban devient un lieu de dialogue privilégié, non seulement entre les Arabes et le reste du monde, mais souvent aussi pour les États arabes entre eux. Membre fondateur de l'ONU et de l'UNESCO, le pays participe aux principales institutions spécialisées.

Une terre d'émigration et d'immigration

Cependant, la vieille tradition d'accueil du pays se perpétue. Le Liban accueille les réfugiés arméniens lors de la chute de leur pays, il abrite également des Kurdes. Beyrouth devient une « agglomération refuge », reflet de tous les drames humains qui se sont succédé au Proche-Orient.

En 1948, lors de la guerre israélo-arabe qui aboutira à la naissance de l'État d'Israël, environ 140 000 Palestiniens se sont réfugiés au Liban. L'arrivée d'une main d'œuvre peu exigeante et d'une bourgeoisie entreprenante était une aubaine pour le pays, mais une grande majorité des réfugiés est logée dans des camps de l'ONU. Cette population, musulmane à 80 %, s'installe dans le long terme au Liban, et fragilise la convention nationale. Très mal vus par les chrétiens, leur droit de circulation et leur activité politique sont restreints...

Les déséquilibres économiques

La présence de travailleurs palestiniens ou syriens permanents ou temporaires assure aux entrepreneurs un volant de main d'œuvre à bon marché, mal protégée, remplacée régulièrement, et 10 % de la population active est au chômage en 1970, au plus fort du succès économique libanais.

Les inégalités sociales et économiques présentent un double caractère régional et confessionnel. La communauté chiite est la plus pauvre, tandis que les fortunés se trouvent chez les Grecs orthodoxes et que les classes moyennes sont chez les maronites. Dans les années 1970 le Liban traverse une crise socio-économique. En cause, l'absence d'une politique de redistribution des richesses et de protection des salariés. Les clivages communautaires sont souvent dépassés par la misère et la prolétarisation, et la mobilisation syndicale et politique s'amplifie.

Les forces politiques au pouvoir : le clientélisme

Au Liban, la société refuse la laïcité, les relations personnelles sont préférées à l'anonymat de l'administration. Dans ce cadre, les forces politiques qui dominent la scène libanaise ne sont pas des partis au sens moderne du terme, mais plutôt des rassemblements autour d'un notable, épaulé par ses hommes de main, les abadays, recrutés sur une base communautaire et locale. Les affrontements politiques tournent donc le plus souvent autour d'une rivalité de clans.

Ce système est une porte ouverte à la corruption car les loyautés diverses sont d'abord familiales et locales, ensuite régionales. Chaque décision passe par un consensus entre les dirigeants qui doivent s'assurer du soutien de leur communauté respective. Les politiques ne se limitent pas au partage du pouvoir : la gestion des entreprises publiques est confiée aux partisans et aux proches.

Les années 1970 voient fleurir quelques partis politiques « modernes », dont deux jouent un rôle fondamental à partir des années 1950, ils représentent le fossé qui s'est ouvert entre les Libanais. Le parti socialiste progressiste de Kamal Joumblatt — un notable druze — dont l'idéologie laïcisante et égalitariste habille une organisation quasi féodale dans un langage marxiste, tandis que le parti Kataëb (Phalanges) devient le premier du pays en 1975, avec 80 000 adhérents. Fondé par Pierre Gemayel en 1936, sur le modèle non pas idéologique, mais organisationnel des partis fascistes européens, il mobilise les couches moyennes maronites autour d'objectifs sociaux et de la défense du Liban chrétien.

Bilan de la situation

Dans un pays de plus en plus divisé, le problème central demeure celui de la restauration de l'autorité de l'État : en réalité, le président n'exerce son autorité que sur 400 km² autour du palais présidentiel.

Tandis que la Syrie fait régner un ordre minimal dans le Nord et la Bekaa, au prix d'une lourde taxation sur toutes les productions, y compris la culture du haschich ; les milices jouissent d'une liberté proche de l'anarchie, et les rivalités sont souvent résolues de manière expéditive comme en témoigne l'assassinat en 1977 du chef charismatique du mouvement national, Kamal Joumblatt.

Dans la zone du Liban chrétien, pouvoir militaire et pouvoir politique sont unifiés par étapes au prix de sanglants affrontements dont les Kataëb sortent vainqueurs. Désormais, Béchir Gemayel préside au commandement de la milice de la région, les Forces libanaises, et substitue sa loi à celle de l'armée et de la police. Il est partisan d'un Liban fédéré, placé sous le signe du « pluralisme culturel », c'est-à-dire de la décentralisation culturelle, administrative, voire politique.

Les Kataëbs multiplient les contacts avec Israël, qui leur fournit équipements militaires et conseils. Avec ses ports et ses services de douane, avec ses impôts, ses services sociaux et ses coopératives, la zone chrétienne constitue la « région libérée » à partir de laquelle le jeune Béchir compte se lancer à la reconquête de tout le Liban.

L'influence de Damas

Plus tard la même année, la Syrie formalisa son influence sur la politique libanaise avec la signature des traités de fraternité, coopération et coordination, et d'un accord de défense. Nombreux sont les Libanais, en particulier chrétiens, qui y voient l'établissement d'un protectorat syrien sur leur pays et récusent du coup la légitimité du nouveau régime. Mais, les accords ont tenu.

Prenant position par étapes dans toutes les régions du pays, l'armée libanaise, aidée par les troupes syriennes, confisque leurs armes lourdes aux milices. Le sud, occupé par Israël à travers la milice ALS reste l'exception. Les bases palestiniennes restent au Sud, et le Hezbollah est autorisé à garder ses armes pour combattre l'occupation.

La violence continua à faire rage dans le sud avec des attaques au mortier ponctuées par des offensives israéliennes. Le Hezbollah devient la bête noire d'Israël. Devant son incapacité à gérer cette situation délicate, la violence inutile de son opération Raisins de la colère en 1996, Israël préféra retirer ses troupes du Liban sans conditions en mai 2000.

La fin des combats

  • 1990 : Les violences de la guerre civile et religieuse libanaise prennent fin suite à un accord intercommunautaire de Taef, cet accord a mis fin à la guerre et a légitimé la présence militaire syrienne. Depuis, la présence militaire syrienne ainsi que l'influence politique du régime syrien sont loin de faire l'unanimité au sein de la population libanaise et de ses politiciens. Cette tension est à remettre dans le contexte plus général du conflit du Proche-Orient.

Avec la chute du général Aoun après une offensive syro-libanaise le 13 octobre 1990, la guerre prend officiellement fin. Elle aura fait 150 000 morts, 17000 disparus et des centaines de milliers d'exilés et de déplacés.

Références

  1. a  et b Robert A. Pape, The Strategic Logic of Suicide Terrorism, originellement publié dans American Political Science Review 97 (3), août 2003, p.323-361
  • (en) Lina Murr Nehme, Les Otages Libanais Dans les Prisons Syriennes, Aleph Et Taw, 2008 (ISBN 2951521391) 
  • (en) Lina Murr Nehme, Le Liban Assassiné, Aleph Et Taw, 2008 (ISBN 2951521383) 

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