Île fluviale

Île fluviale

Île

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L'île de Pokonji Dol en Croatie dans la mer Adriatique
L'Île du Berceau, sur la Seine, à Samois-sur-Seine

Dans le domaine de la géographie, une île est une étendue de terre entourée d'eau, que cette eau soit celle d'un cours d'eau, d'un lac ou d'une mer.

Sommaire

Étymologie

Son étymologie latine, insula, a donné l'adjectif « insulaire » ; on dit aussi « îlien ». Au pluriel, le terme « Îles » désigne couramment les Antilles. Par extension, le substantif « des îles » désigne quelqu'un ou quelque chose originaire des Antilles,[1] bien que l'utilisation de ce terme n'ait aucune cohérence géographique.

Les toponymes peuvent conserver la trace d'une ancienne île, comme Lille en France, ou procéder par analogie, telle la région française d'Île-de-France, extension de l'ancien domaine royal des Capétiens, qui n'est pas une île et dont les habitants sont appelés les « Franciliens ».

Définition

Si une île est une étendue de terre entourée d'eau, il existe une limite non spécifiée qui sépare une île d'un continent. Généralement, cette limite est fixée à la surface de l'Australie ; mais la question de savoir si l'Australie est une île ou un continent reste sujet à débat.

Une petite île est un îlot. Plusieurs îles proches les unes des autres forment un archipel. Une presqu'île est reliée à une étendue de terre bien plus vaste par un isthme.

Certaines îles et presqu'îles sont accessibles à marée basse et perdent alors leur caractère insulaire. Là encore, il est possible de les considérer ou non comme des îles à part entière.

En géographie

Insularité

Article détaillé : Insularité.

La définition de l'île comme une étendue de terre entourée d'eau conduit à rassembler dans la même catégorie des terres très dissemblables, de l'îlot au continent, dont le degré d'insularité est très variable. Ce degré d'insularité est difficile à définir et s'apprécie différemment selon qu'on s'intéresse à la géographie physique ou humaine, à l'économie et aux transports, ou à la biologie ou à l'écologie.

Sous l'angle de la géographie physique, un auteur, François Doumenge, a défini des critères mesurables pour apprécier le degré d'insularité :

  • l'« indice côtier », qui se définit comme le rapport entre la longueur des côtes et la surface de l'île. Cet indice est maximum, 2 ou plus, dans le cas des atolls pour lesquels la présence d'un lagon central augmente sensiblement la longueur des côtes. Selon le relief (massif ou très découpé) et la forme générale de l'île (plus ou moins circulaire ou allongée) cet indice varie fortement. Il considère qu'en dessous de 1/25 (1 km de côtes pour 25 km²), l'île a un caractère fortement continental.
  • l'« indice d'isolement », défini comme le rapport entre la surface de la zone économique exclusive des 200 milles marins (ZEE) et celle de l'île. Dans le cas de Clipperton (2 km²), sans aucune terre émergée dans le rayon des 360 km, cet indice est très élevé. Il diminue quand des îles sont plus proches. Au-dessous de 1/100, on ne peut plus parler d'isolement insulaire.

Cet auteur définit aussi un « indice d'endémisme » qui est le rapport du nombre total de taxons (genres, espèces et sous-espèces) du peuplement insulaire par le nombre des taxons endémiques. Cet indice donne une idée de l'importance de l'endémisme végétal et animal, c'est-à-dire de l'isolement biologique, qui caractérise une île donnée.

L'indice d'isolement du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE, 1998), est plus complexe. Il consiste à additionner la racine carrée de la distance de l'île de taille équivalente ou supérieure la plus proche, la racine carrée de la distance de l'archipel le plus proche et la racine carrée de la distance du pays continental le plus proche. Cet indice est le plus élevé (149) pour l'île de Pâques. Il est de 102 pour Tahiti et de 23 pour la Corse.

Ces indices ne tiennent pas compte des activités humaines, de l'importance de la population et de l'accessibilité (par exemple présence d'un aéroport international).

On peut aussi s'interroger sur la pertinence de l'île en tant qu'objet géographique spécifique. Un chercheur, François Taglioni, a conduit une étude sur les petits espaces insulaires dans le monde afin de revisiter les concepts qui touchent aux îles et aux dynamiques territoriales que cette catégorie d'espaces entretiennent entre eux.

Tailles des îles

Article détaillé : Liste d'îles par superficie.

Si on suppose que l'Australie est un continent, les deux plus grandes îles sont le Groenland (également plus grande île de l'Amérique du Nord) et la Nouvelle-Guinée (plus grande île d'Asie).

Madagascar est la plus grande île de l’Afrique (4e du monde) ; la Grande-Bretagne est la plus grande de l’Europe (9e du monde) ; en Océanie, la plus grande île est l'île du Sud, en Nouvelle-Zélande (12e du monde) ; la plus grande île d'Amérique du Sud est la Grande Île de Terre de Feu (29e du monde) ; celle d'Antarctique est l'Île Alexandre-Ier (30e du monde).


Dans le domaine de l'écologie

L'étude des îles a influencé Charles Darwin et beaucoup d'écologues, et a fondé certaines théories d'écologie du paysage, dont celle de l'insularisation écologique

Article détaillé : écologie du paysage.

Écologie des îles

Les îles vraies ne peuvent abriter que peu d'espèces quand elles sont petites, mais à partir d'un seuil de taille sont des facteurs importants de biodiversité, notamment par l'endémisme qu'elle peuvent permettre et abriter.
Dans un réseau écologique elles peuvent servir de « gué » pour les espèces qui savent voler ou qui ont de bonnes capacités colonisatrices sur l'eau ou dans l'air. Les espèces qui y vivent y sont souvent plus petites (des éléphants nains vivaient par exemple en Corse et en Sardaigne jusqu'à ce ces îles soient colonisées par l'Homme).

À titre d'exemple, dans le vaste domaine biogéographique qu'est le Bassin méditerranéen (3 millions de km² environ[2]), les îles et îlots ne sont que 4 % ( 103 000 km²) environ des surfaces émergées,[3] avec 4000 îlots de moins de 10 km² et 162 îles de 10 km² et plus, répartis d'une manière non homogènes, où la biodiversité a particulièrement régressé mais constituent encore un réservoir remarquable.

Le concept d'île est également utilisé pour métaphoriquement décrire tout « isolat biogéographique » dans lequel des populations d'êtres vivants se trouvent isolés, formant des îles au sens biologique du terme. (Sastre 1981). Quand se processus est en cours dans un contexte de fragmentation écologique, on parle d'« insularisation écologique ».

Un partenariat international a été initié pour aider les îles à échanger et se faire entendre en matière d'environnement, dans le cadre de la convention mondiale sur la biodiversité (RIO, juin 1991), dit « Global Island Partnership » (ou GLISPA)[4]

Vulnérabilité

Les systèmes écologiques insulaires ou insularisés (îles vraies ou prises au sens de l'écologie du paysage) sont souvent simplifiés et facteur d'endémisme, et donc plus vulnérables aux perturbations, notamment anthropiques.[5] En particulier les introductions d'espèces (volontaires ou involontaires) y sont souvent cause d'invasion biologique perturbant gravement les équilibres écologiques insulaires,[6] ce qui a entraîné la disparition de nombreuses espèces depuis quelques siècles. HÖNER et GREUTER, 1988 ont montré que ces invasions n'affectent pas que les îlots, mais aussi les grandes îles (Madagascar (GOODMAN, 1995), Nouvelle-Zélande (TOWNS et BALLANTINE, 1993) ou Australie..).

Formation des îles

La formation des îles peut avoir plusieurs origines possibles :

Par la montée des eaux

Sont ainsi appelées les îles situées sur le même plateau continental que le continent qui leur est proche. Il s'agit donc en fait d'une partie du même continent : c'est la hauteur du niveau de la mer qui fait qu'il s'agit d'une île (c'est le cas de la Grande-Bretagne qui lors de la dernière glaciation n'était plus une île). Certaines îles ne le sont d'ailleurs qu'à marée haute (le mont Saint-Michel ou l'Île de Noirmoutier par exemple). Dans ces cas-là, la profondeur de la mer autour d'elles est (relativement) faible. (Voir à ce sujet l'article Île accessible à marée basse.)

Par la dérive continentale

L'Australie était, il y a des centaines de millions d'années, rattachées à l'Antarctique. Madagascar était rattachée à l'Afrique. Dans ces deux cas, une plaque tectonique s'est déchirée pour en donner deux qui ont divergé progressivement sur la surface du globe à une vitesse de quelques centimètres par an (1 cm par an sur 100 millions d'années = 1 000 km). C'est aussi le cas de la Corse et de la Sardaigne qui étaient rattachées au continent européen, il y a plus de 30 millions d'années.[réf. nécessaire]

Par accrétion volcanique

Là ce sont les laves accumulées de un ou plusieurs volcans qui émergent, par l'accumulation de produits volcaniques, formant l'île. La profondeur de la mer aux alentours peut alors être très grande (plusieurs milliers de mètres). Les exemples au milieu de l'océan ne font partie géologiquement d'aucun continent.

Les îles des arcs volcaniques en zone de subduction

Un type d'île volcanique se trouve sur un arc d'îles volcaniques. Ces îles surgissent lors de la subduction d'une plaque sous une autre. Des exemples sont les îles Mariannes, les îles Aléoutiennes et la plupart des Tonga dans l'océan Pacifique. Certaines des Petites Antilles et les îles Sandwich du Sud sont les seuls exemples dans l'océan Atlantique.

Volcan de rift et de dorsale océanique

Un autre type d'île volcanique surgit lorsqu'un rift océanique atteint la surface. Il y a deux exemples : l'Islande, qui est la plus grande île volcanique au monde et Jan Mayen, tous deux dans l'Atlantique. En Méditerranée on peut noter l'île de Pantelleria.

Les îles d'Hawaï sont des volcans de point chaud.
Wake Island était un volcan de point chaud avant de devenir un atoll corallien.
Les îles de point chaud.

Le dernier type d'île volcanique se forme au niveau des points chauds volcaniques. Un point chaud est plus ou moins stationnaire par rapport à la plaque tectonique en mouvement au-dessus de lui. Ainsi une chaîne d'îles émerge lorsque la plaque bouge. Sur de longues périodes, ce type d'île est finalement érodé et submergé par l'ajustement isostatique pour devenir un mont sous-marin. Le mouvement des plaques au niveau d'un point chaud produit une ligne d'îles orientées dans la direction du mouvement de la plaque. Par exemple, les îles Hawaii, d'Hawaii à l'atoll Kure, qui s'étendent ensuite sous la surface de l'océan, prennent la direction du nord au niveau du mont sous-marin de l'Empereur. L'île Tristan da Cunha est un exemple de point chaud volcanique dans l'océan Atlantique.

Article détaillé : point chaud.

Par accrétion sédimentaire

Îles coralliennes

Un atoll est une île formée à partir d'un récif corallien qui s'est construit sur une île volcanique érodée et submergée. Par l'accumulation de coraux et polypes sur plusieurs centaines de mètres de hauteur, le récif émerge à la surface de l'eau et forme une nouvelle île. Les atolls ont souvent la forme d'un anneau avec un lagon central et peu profond. Des exemples sont les Maldives dans l'océan Indien et Rangiroa dans le Pacifique.

Les îles fluviales

Les îles fluviales apparaissent dans les deltas de fleuve et dans les larges cours d'eau. Elles se forment par le dépôt de sédiments à des points où le courant perd une partie de son intensité. Par nature, elles sont des parties du cours d'eau isolées du courant. Certaines sont éphémères et peuvent disparaître lorsque le volume d'eau ou la vitesse du cours d'eau changent tandis que d'autres sont stables et d'une grande longévité.

Par accrétion tectonique

Les îles à l'ouest de Sumatra sont un prisme d'accrétion qui émerge. Si les mouvements continuent ces îles vont s'agrandir et augmenter la surface de Sumatra.

Au niveau des zones de subduction où deux plaques tectoniques convergent des failles inverses et des plis se forment ce qui épaissit la crôute terrestre, et fait remonter le fond de la mer. Ainsi l'île de la Barbade dans les Antilles, est un prisme d'accrétion qui émerge. C'est la même chose pour les îles à l'ouest de Sumatra: Simeulue, Nias .... Pour l'île de Nias, le séisme du 28 mars 2005 a soulevé une partie de l'île, augmentant encore un peu plus sa surface.

Par remontée de la lithosphère

Au niveau de la mer Baltique et des fjords, la fonte, il y a 10 000 ans, d'un glacier qui la recouvrait, a fait remonter la lithosphère ( rebond isostatique) faisant émerger de nouvelles terres et des îles comme Bornholm.

Les îles dans l'Histoire

Colonisation humaine

Certaines îles étaient désertes au moment de leur découverte par les Européens. C'est le cas de Madère, des Açores, de l'île Maurice, de la Réunion, des Seychelles, de Sainte-Hélène… D'autres étaient habitées, mais leurs premiers occupants furent exterminés par les colonisateurs : c'est le cas des Guanches aux îles Canaries, des Indiens caraïbes dans les Antilles ou en Jamaïque, des Indiens Onas de la Terre de Feu, des aborigènes en Tasmanie.

Utilité des îles pour l'isolement

L'isolement, terme dont l'étymologie est rattachée à « île » par l'intermédiaire de l'italien isola, et la solitude sont souvent recherchés dans les îles, que ce soit volontaire ou non :

Des établissements pénitenciers ont été installés dans des îles pour limiter les possibilités d'évasion[7] :

Les îles dans la littérature

Voici quelques exemples :

Notes

  1. (fr) Définitions lexicographiques et étymologiques de Île du CNRTL.
  2. BLONDEL, 1991
  3. KOLODNY, 1974 cité dans BRIGAND, 1991
  4. Global Island Partnership
  5. LODGE, 1993
  6. ATKISON, 1985
  7. Éric Fougère, Île-prison, bagne et déportation : les murs de la mer, éloigner et punir, éd. l'Harmattan, 2002, 248 p. (ISBN 2-7475-3552-5) .

Voir aussi

Catégorie de Wikipédia sur les îles en France

Articles connexes

Bibliographie

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