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Bounty (navire)
Pour les articles homonymes, voir Bounty.Le HMAV Bounty (His Majesty's Armed Vessel Bounty) ou encore HMS Bounty (His Majesty's Ship Bounty) était un navire de la Royal Navy britannique. Il est entré dans l'histoire suite à la mutinerie d'une partie des membres de son équipage le 28 avril 1789.
Sommaire
Caractéristiques générales
Contexte historique
L'indépendance des treize colonies britanniques d'Amérique du Nord met fin au lucratif commerce triangulaire, dénoncé par les Britanniques à la fin de la guerre malgré la réprobation des États-Unis, mais aussi des planteurs des îles. Ceux-ci peinent à trouver de nouvelles sources d'approvisionnement pour nourrir leurs esclaves, le prix des denrées alimentaires devient excessif. Le naturaliste Joseph Banks se souvient avoir observé, lors de son voyage avec le capitaine Cook sur l'Endeavour, les Tahitiens se nourrir de fruits de l'arbre à pain. Ces derniers, une fois cuits, présentent une chair blanchâtre semblable à de la mie de pain. Les problèmes d'approvisionnement des esclaves aux Antilles lui laissent entrevoir l'intérêt qu'il y aurait à introduire et acclimater l'arbre à pain.
La Royal Society en soumet le projet au roi George III, qui l'accueille avec enthousiasme. L'Amirauté rachète un navire et, sur les recommandations de Joseph Banks, nomme le lieutenant William Bligh, alors officier en demi-solde qui est passé à la marine marchande. Ce dernier doit cette recommandation à ses qualités d'excellent marin, et au fait qu'il a navigué avec Cook comme maître d'équipage sur le HMS Résolution et s'est lié d'amitié avec Joseph Banks.
Histoire
Avant son achat par la Royal Navy, le 26 mai 1787, le Bounty était un navire charbonnier du nom de Bethia.
Le 16 août 1787, le lieutenant de vaisseau William Bligh prend le commandement du Bounty. Le navire appareille le 23 décembre 1787 ; le début de la traversée est marqué par une tempête qui oblige le navire à relâcher à Ténérife pour réparer et réapprovisionner. À cette occasion éclate le premier conflit entre le capitaine Bligh et son équipage : suite à la disparition de fromages, Bligh supprime la ration de fromage quotidienne. L'équipage grogne car il suspecte Bligh d'avoir détourné ces fromages à son profit. Au cours de la traversée de l'Atlantique Sud, les mesures d'hygiène prises par Bligh permettent de ne déplorer aucun malade. Il fait ainsi procéder à la fumigation et à l'aération des entreponts, ainsi qu'au séchage des affaires personnelles.
Afin d'économiser la nourriture, Bligh décide de remplacer les deux livres quotidiennes de pain par une livre de citrouilles achetées à Ténériffe. La répugnance de l'équipage vis-à-vis des citrouilles avariées provoque un nouvel accès de colère de Bligh.
En avril, le Bounty se présente au cap Horn. Pendant un mois entier, au milieu de la tempête, le Bounty essaie de passer le Horn. Les pompes sont mises en action toutes les heures. Au bout de trente jours de combat, Bligh jette l'éponge et ordonne de virer de bord afin de retraverser l'Atlantique pour rallier Tahiti en passant par l'Océan Indien.
Le 23 mai 1788, le Bounty passe le cap de Bonne-Espérance où il relâche durant un mois pour procéder à des réparations, permettre à l'équipage de prendre un peu de repos et compléter le ravitaillement. Le 20 août le Bounty aborde les côtes de Tasmanie, à la pointe sud-est de l'Australie, pour se réapprovisionner. Un matelot décède des suites d'une infection.
Le 26 octobre 1788, après dix mois de traversée, le Bounty touche la pointe Vénus au nord de Tahiti après 27 000 nautiques[1] (50 000 km). L'accueil des Tahitiens, qui se souviennent des passages de Cook et de celui du capitaine Bligh, est chaleureux. Mais rapidement les vols continuels des Tahitiens - des « chapardeurs nés » d'après James Cook, qui échangent en fait sans demander, considérant les biens matériels comme futiles – obligent l'équipage, méfiant, à surveiller le navire au mouillage. Néanmoins la douceur des insulaires, la facilité du troc et la beauté de l'île contrastent fortement avec la rudesse des épreuves que l'équipage venait de traverser et le caractère inflexible et coléreux du capitaine Bligh. Bligh obtient de Tinah, le chef des Tahitiens, l'échange de plants d'arbres à pain contre des hachettes, limes, vrilles, scies et miroirs.
La traversée ayant été plus longue que prévue, le Bounty arrive à la mauvaise saison et Bligh est contraint de prolonger son séjour sur l'île : la récolte des arbres à pain va durer six mois. Ils seront conservés dans des pots et certains dans des paniers spéciaux, et placés dans l'entrepont du Bounty, spécialement aménagé pour le transport. Le chirurgien du bord, grand buveur, décède durant cette période.
Quelque temps plus tard, la décision de Bligh de s'approprier tous les porcs que l'équipage a ramenés à bord provoque de nouveaux incidents. Les rapports entre Bligh et son équipage se dégradent un peu plus. En janvier 1789, le capitaine d'armes et 2 matelots désertent dans le canot du bord en emmenant des armes, des munitions et des provisions. Pourchassés, ils se rendent le 22 janvier. Malgré leur repentir, le capitaine Bligh les condamne à 24 coups de fouet pour le capitaine d'armes et 48 coups pour les matelots. Cette punition est très mal acceptée par l'équipage. Les officiers subissent également les réprimandes de Bligh.
L'accès de colère suivant de Bligh est déclenché lorsque l'on découvre que des voiles ont moisi dans la soute (inondée par les pluies car elle n'était pas étanche). Bligh accuse l'équipage de négligence vis-à-vis de l'entretien des voiles. Les hommes sont démoralisés par toutes ces injustices.
La mutinerie
Le Bounty quitte Tahiti le 5 avril 1789. Le 28 avril, Fletcher Christian déclenche la fameuse mutinerie. Onze des 42 membres d'équipage suivent la mutinerie et 31 restent fidèles au capitaine Bligh qui embarque à bord d'un canot avec 18 hommes. Les autres doivent rester à bord pour aider à la manœuvre. Le capitaine Bligh réussit l'exploit d'emmener le canot de 7 mètres surpeuplé jusqu'à Timor, soit un voyage de 3 600 nautiques (6 700 km) en 41 jours.
Les mutins se dirigent vers l'île de Tubuai où ils essaient de s'installer. Trois mois après, ils retournent à Tahiti pour y déposer 16 membres d'équipage, dont l'officier Peter Heywood. Fletcher Christian, huit hommes d'équipage, six Tahitiens et onze femmes, dont une avec un bébé, s'embarquent à bord du Bounty en espérant échapper à la Royal Navy. Ils débarquent sur l'île de Pitcairn, choisie car elle est mal répertoriée sur les cartes maritimes de l'époque[2], et brûlent le navire le 23 janvier 1790. Cette date du 23 janvier est célébrée chaque année dans les Îles Pitcairn. Les mutins de Pitcairn finissent par massacrer les Tahitiens mâles puis, l'un d'eux ayant fabriqué un alambic de fortune, ils se mettent à l'alcool et commencent à s'entretuer.[3]
Le sort des mutins, recherchés par la Royal Navy, reste inconnu jusqu'à ce qu'un baleinier, le Topaz, s’arrête sur l'île pour prendre de l'eau en septembre 1808. Un seul mutin, John Adams, est encore en vie. Il vit avec dix femmes et leurs enfants.
Les mutins restés à Tahiti sont capturés quelques mois plus tard par un vaisseau britannique venu les chercher, le Pandore. Enfermés et enchaînés, certains périssent dans le naufrage du vaisseau après son départ pour la Grande-Bretagne. Les survivants du naufrage doivent encore survivre au retour qui se fait dans des conditions déplorables.
Le procès en Grande-Bretagne est retentissant. Bligh, rentré le premier, a déjà publié sa version des faits. Bien que sa sévérité soit connue dans la Navy et jugée tyrannique, l'opinion publique lui était largement favorable. Les témoignages s'accumulent, plus ou moins confus en ce qui concerne le rôle précis de chacun lors de la mutinerie. Certains n'échappent à la potence que grâce à la clémence du roi.
Œuvres
Livres
Le drame du Bounty inspira de nombreux auteurs :
- John Byron : L'Île, ou Christian et ses compagnons ;
- Jules Verne : Les Révoltés de la Bounty;
- Charles Nordhoff et James Norman Hall : Les Révoltés de la Bounty ; (vraisemblablement l'œuvre la plus fidèle à la réalité)
- Robert Merle : L'Île (roman an-historique, dont l'auteur admet qu'il ne se base que sur les grandes lignes de l'Histoire pour construire son récit)
- Éric Deschamps, La Cuisine des Révoltés du Bounty. Dans le sillage des mutins, de Tahiti à Pitcairn, coll. Là-bas, L'Harmattan, 2007, ISBN : 978-2-296-04293-3.
Films
- En 1933 : In the Wake of the Bounty de Charles Chauvel avec Errol Flynn et Mayne Lynton.
- En 1935 : Les Révoltés du Bounty de Frank Lloyd avec Clark Gable et Charles Laughton.
- En 1962 : Les Révoltés du Bounty de Lewis Milestone avec Marlon Brando et Trevor Howard.
- En 1984 : Le Bounty de Roger Donaldson avec Mel Gibson et Anthony Hopkins.
- Film d'animation Les Simpson : Saison 17, La deuxième partie de l'épisode Histoires d'eau.
Voir aussi
Sources
- John Barrow, Les Mutins du Bounty.
Liens externes
Notes
- ↑ Il est d'usage en navigation aérienne et dans la Marine nationale française d'utiliser le terme nautique pour éviter toute confusion avec l'adjectif numéral mille.
- ↑ La cuisine des révoltés du Bounty, éd. L’Harmattan ISBN 978-2296042933
- ↑ Herodote.net 28 avril 1789 - Mutinerie à bord du Bounty
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