Épanalepse

Épanalepse

L'épanalepse (substantif féminin), du grec ἐπαναλαμϐάνειν , epana-lambanein ("reprendre, recommencer") est une figure de style qui consiste à reprendre littéralement un segment de phrase, un groupe de mots ou un terme. L'épanalepse (ou épanalepsis) est une répétition simple qui désigne un ensemble de figures secondaires caractérisées par des répétitions de termes ou de groupes de mots dans le même membre de phrase selon le schéma: A,A______

Sommaire

Exemples

  • « Le temps s'en va, le temps s'en va, ma Dame  » (Pierre Ronsard) est une épanalepse simple
  • « Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle...  » (Jean Racine)
  • « Pierre, je l ’ai vu hier » : la pronominalisation peut être considérée comme une épanalepse.

« Ô triste, triste était mon âme
À cause, à cause d’une femme. »

— Verlaine, Romances sans paroles, Ariettes oubliées VII: « Ô triste, triste était mon âme »

« Viens. Là sur des joncs frais ta place est toute prête
Viens,viens. Sur mes genoux viens reposer ta tête. »

— André Chénier, Viens. Là sur des joncs frais ... in Anthologie de la poésie française du XVIIIe siècle au XXe siècle

« Que dis-je ?... hélas ! hélas ! Tout cela, c'est un rêve,

Un rêve à jamais effacé !... »

— Gérard de Nerval, En Avant Marche ! in Anthologie de la poésie française du XVIIIe siècle au XXe siècle

Définition

Définition linguistique

L'épanalepse est une figure appartenant au groupe des répétitions, hiérarchiquement supérieur, combinant, selon la place donnée à la répétition dans la phrase ou le vers, et la nature de la transformation (mot, groupe de mots) diverses figures (voir chapitre figures proches). Elle opère une transformation morpho-syntaxique de répétition à l'identique. La place dans la phrase donnée à la répétition détermine la nature et la fonction de la figure.

Epanalepse et répétition simple sont souvent employés de manière synonymique; en linguistique, on lui préfère la seconde acception). On la nomme souvent, par paraphrase étymologique, reprise à la suite mais son extension linguistique est difficile à identifier[1].

Définition stylistique

L'épanalepse introduit une gamme variée d'effets stylistiques, tous liés au phénomène de répétition tels: l'angoisse (voir l'exemple de Ronsard), la douleur, la suggestion de sentiments (ou lyrisme), l'humour. En poésie, l'effet est avant tout rythmique et prosodique comme chez Verlaine. Ses effets dépendent en définitive du contexte.

Sa définition pose des problèmes d'extension, ainsi Molinié (voir bibliographie) la nomme : « la variété la plus élaborée de la répétition ». Elle est donc le prototype du débat de définition, opposant linguistes purs et partisans de la stylistique et de la rhétorique; le débat se centrant autour de sa hiérarchisation à la notion de pronominalisation (voir section débat).

Le langage parlé et oral utilise l'épanalepse dans des tournures figées, proches des proverbes comme: « Un monde fou, fou, fou » ou « Gai, gai, marions-nous ». La chanson ou la publicité en exploitent les ressources suggestives: « Belles, belles, belles comme le jour » (Claude François).

Genres concernés

L'épanalepse est une figure de répétition concernant tous les genres littéraires, également transverse à tous les types de textes. On la retrouve surtout dans les poésies, dans les textes lyriques, les oralisations.

Sous sa forme pronominalisée, l'épanalepse est très récurrente dans la publicité (exemple : « x, il lave plus blanc que blanc »). On peut la traduire également dans d'autres Arts comme le cinéma (répétition d'une scène, constitutive formelle d'une flash-back).

Historique de la notion

Débats

Parmi la complexité et la multitude des figures associées au phénomène de répétition, l'épanalepse ne profite pas d'une définition claire et précise. Ainsi, le linguiste français Jules Marouzeau, dans le Lexique de la terminologie linguistique et le linguiste canadien Brian Gill dans son Dictionnaire de la linguistique considèrent l'épanalepse comme une figure syntaxique consistant en la reprise d’un mot ou d’un groupe de mots par un pronom qui le représente, proche de la pronominalisation[2] ou de l'anaphore lexicale comme dans: « Les autres, ils sont arrivés hier »[3]). Ils réduisent ainsi la figure à une opération purement linguistique, un fait de langue démotivé de toute recherche esthétique, sinon pragmatique. Pour la majorité des linguistes modernes, l'épanalepse est plus proche de l'épanadiplose que de la répétition, qui n'en apporte pas une acception évidente, comme dans cet exemple cité par Henri Morier: « À Paris accourus, ils quitteraient Paris ».

Notes et références

Bibliographie

  • Mazaleyrat, Jean et Molinié, Georges, Vocabulaire de la stylistique, Paris, Presses Universitaires de France, 1989.
  • Catherine Fromilhague, Les figures de style, Nathan Université, 1995.
  • F. Neirynck, L'épanalepsis et la critique littéraire. A propos de l'évangile de Jean,revue Ephemerides Theologicae Lovanienses Gembloux, 1980.

Bibliographie des figures de style

  • Quintilien (trad. Jean Cousin), De L’institution oratoire, t. I, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Bude Serie Latine », 1989, 392 p. (ISBN 2-2510-1202-8) .
  • Antoine Fouquelin, La Rhétorique Françoise, Paris, A. Wechel, 1557 .
  • César Chesneau Dumarsais, Des tropes ou Des différents sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue, Impr. de Delalain, 1816, 362 p.
    Nouvelle édition augmentée de la Construction oratoire, par l’abbé Batteux. Disponible en ligne
     
  • Pierre Fontanier, Les figures du discours, Paris, Flammarion, 1977 (ISBN 2-0808-1015-4) [lire en ligne] .
  • Patrick Bacry, Les figures de style : et autres procédés stylistiques, Paris, Belin, coll. « Collection Sujets », 1992, 335 p. (ISBN 2-7011-1393-8) .
  • Bernard Dupriez, Gradus,les procédés littéraires, Paris, 10/18, coll. « Domaine français », 2003, 540 p. (ISBN 2-2640-3709-1) .
  • Catherine Fromilhague, Les figures de style, Paris, Armand Colin, coll. « 128 Lettres », 2007 (ISBN 978-2-2003-5236-3) .
  • Georges Molinié et Michèle Aquien, Dictionnaire de rhétorique et de poétique, Paris, LGF - Livre de Poche, coll. « Encyclopédies d’aujourd’hui », 1996, 350 p. (ISBN 2-2531-3017-6) .
  • Henri Morier, Dictionnaire de poétique et de rhétorique, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Grands Dictionnaires », 1998 (ISBN 2-1304-9310-6) .
  • Michel Pougeoise, Dictionnaire de rhétorique, Paris, Armand Colin, 2001, 16 × 24 cm, 228 p. (ISBN 978-2-2002-5239-7) .
  • Olivier Reboul, Introduction à la rhétorique, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Premier cycle », 1991, 15 cm × 22 cm, 256 p. (ISBN 2-1304-3917-9) .
  • Van Gorp, Dirk Delabastita, Georges Legros, Rainier Grutman et al., Dictionnaire des termes littéraires, Hendrik, Honoré Champion, 2005, 533 p. (ISBN 978-2-7453-1325-6) .
  • Nicole Ricalens-Pourchot, Dictionnaire des figures de style, Paris, Armand Colin, 2003, 218 p. (ISBN 2-200-26457-7) .
Figure mère Figure fille
répétition épizeuxe (répétition d'un groupe de mots) • gémination (... d'un mot isolé ou/et d'un groupe de mots)

anaphore (... en début de vers) • épiphore (... en fin de vers)
pallilogie (... d'un mot isolé) • embrassement (... cumulant anaphore et épiphore)

Antonyme Paronyme Synonyme
aucun concaténation, itératif, polyptote anadiplose, épanode, épanadiplose, pronominalisation



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