Église saint martin de cologne

Église saint martin de cologne

Église Saint-Martin de Cologne

50°5619N 6°5742E / 50.93861, 6.96167

Église Saint-Martin de Cologne
Vue de l'église depuis le Fischmarkt
Vue de l'église depuis le Fischmarkt

Nom local Groß St. Martin
Latitude
Longitude
Non renseigné
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Pays Allemagne
Région Flag of North Rhine-Westphalia (state).svg Rhénanie-du-Nord-Westphalie
Département District de Cologne
Ville Cologne
Culte Catholique romain
Type Église
Rattaché à Archevêché de Cologne
Début de la construction XIIe siècle
Fin des travaux 1885
Style(s) dominant(s) Gothique
Vue prise depuis la galerie de labside occidentale : coup dœil vers lest à travers le chœur et la nef principale.

L'église Saint-Martin, en allemand Groß St. Martin (littéralement église Saint-Martin-la-Grande ou église Saint-Martin-Majeure, parfois traduit par Grand-Saint-Martin) est une des douze ― et la troisième par ses dimensions ― églises romanes qui subsistent à Cologne et dont la sauvegarde est appuyée par lassociation Förderverein Romanische Kirchen Köln (litt. Association de promotion des églises romanes de Cologne). Elle se dresse au-dedans du périmètre de la vieille ville, quoiquelle se trouve aujourdhui étroitement enserrée de maisons dhabitation et de commerce datant principalement des années 1970 et 80. Cette basilique à trois vaisseaux, au chevet en forme de trèfle, et au massif clocher de croisée doté de quatre clochetons dangle, est parmi les monuments emblématiques les plus marquants de la ville de Cologne, contribuant à façonner la silhouette de la cité le long de la rive gauche du Rhin.

La basilique fut érigée au XIIe siècle sur les vestiges dune construction romaine sise dans le faubourg rhénan (Rheinvorstadt), qui sétendait dans ce qui était autrefois une île dans le fleuve. Au long de plusieurs siècles, elle servit dabbatiale dune abbaye de bénédictins, jusquà ce quelle fut, suite à la sécularisation au XIXe siècle, changée en église paroissiale. Les attaques aériennes durant la Deuxième Guerre mondiale causèrent à lédifice ― ainsi quà la ville de Cologne tout entière ― des dommages considérables. Si la reconstruction du clocher fut achevée en 1965, les travaux de restauration dans leur ensemble se prolongèrent jusquen 1985 ; ce nest que 40 ans après la fin de la guerre que léglise put être consacrée à nouveau.

Aujourdhui, léglise St.-Martin est, en tant que lieu de prière, ouvert aux croyants et aux visiteurs. Dans la crypte reconstituée peuvent se contempler des fouilles archéologiques de lépoque romaine.

Lappendice la Grande (allem. « Groß » St. Martin) dans la désignation de cette basilique permet de la distinguer de léglise paroissiale dite église Saint-Martin-Mineure (allem. « Klein » St. Martin), dédiée au même saint Martin de Tours, mais plus petite, et peut-être plus ancienne, et dont seule subsiste une tour.

Sommaire

Histoire

Lhistoire de léglise Saint-Martin de Cologne est étroitement liée au destin de labbaye bénédictine dont elle faisait partie, et souvent, les décisions prises par labbaye touchaient également léglise. De lépoque furent fondés le monastère et léglise ne sont parvenus jusquà nous que peu de documents et peu dinformations propres à nous renseigner sur leur édification ; aussi nos connaissances concernant la genèse de lédifice sappuient-elles, en complément, sur des indices archéologiques ainsi que sur des arguments apportés par lhistoire de lart.

Renseignements archéologiques concernant le site à lépoque romaine

Site à lépoque romaine et complexe abbatial ultérieur, en regard de lurbanisation actuelle. Traits noirs : Constructions romaines; en brun : complexe abbatial ; en orange : emplacement de la basilique ; en jaune pâle : urbanisation actuelle.
Plans établis daprès Gerta Wolff [1]

À lorigine, la zone autour de Groß St. Martin faisait partie dun îlot situé autrefois dans le Rhin en face de la Cologne romaine, à lest du Praetorium. Des fouilles menées dans les années 1965 et 1966, puis entre 1973 et 1979 ont permis détablir que des constructions se trouvaient sur cet îlot dès le premier siècle après J.-C.

Une aire dune longueur (dans le sens est-ouest) de 76 m au moins et dune largeur de 71,5 m, ceinte dune muraille, au-dedans de laquelle se trouvait une légère dépression de dimensions 55,7×43,8 m, ainsi quun bassin de 34×17,2 m de côtés et de 1,7 m de profondeur, a pu être identifiée comme constituant la première construction aménagée sur lîle. Lon a pas connaissance, à ce jour, dun autre site similaire, du moins situé au nord des Alpes. Aucun renseignement nétant parvenu jusquà nous quant à lusage qui était fait de cette construction, lon en est réduit à formuler des conjectures ; peut-être faut-il voir dans la grande aire un terrain de sport (palaestra), et dans le bassin une piscine (natatio) ou alors un réservoir les pêcheurs du fleuve entreposaient leurs captures ; selon une autre théorie, il sagirait dun périmètre sacré, voire, quoique peu probable, du lieu , aux premiers temps de la Cologne romaine, se dressait lAra Ubiorum, autel servant de sanctuaire dabord aux Ubiens, puis peut-être à dautres peuplades germaniques.

Reconstitution de la Cologne romaine, IIIe siècle environ.

Au milieu du IIe siècle, lon entreprit de rehausser le terrain denviron 1,5 à 2 m et dy construire, au sud, à lest et à louest, quatre halles de trois vaisseaux chacune. Tant leur localisation, ― directement sur la berge du fleuve ―, que leur forme et leur agencement portent à admettre quelles étaient utilisées comme entrepôts de marchandises (horrea). Cette aire, sétendant sur quelque 7000 m², était délimitée à sa face nord par une muraille.

La quatrième de ces halles au moins, celle du sud-est, continua dêtre utilisée au-delà de lépoque romaine. En effet, par trois fois, une nouvelle chape fut posée sur le sol, par dessus la précédente. Les piliers de grès, lisses jusque-, furent ultérieurement pourvus dune base cannelée, dont il nest pas établi sils remontent encore à lépoque romaine ou sils datent déjà du haut Moyen Âge. Les débris de céramique de Pingsdorf (village au sud de Cologne une industrie céramique existait du IXe au XIIIe siècles) qui ont été pris dans la chape sont dorigine carolingienne.

En outre, dans les années 1965 et 1966 fut réalisée, par une longue incision selon laxe médian de léglise, une étude stratigraphique (cest-à-dire des couches du sous-sol), laquelle permit de découvrir, jusquà une profondeur denviron 2 m sous le dallage, un grand nombre de sépultures du Moyen Âge et des temps modernes.

Hypothèses sur la fondation de léglise Saint-Martin et fausse chronique

Chapiteau sculpté de la colonne sud-ouest de la croisée du transept, représentant, selon la tradition, Pépin de Herstal et Plectrude.

Des témoignages directs attestant dune fondation de léglise St.-Martin antérieure au Xe siècle font défaut. Lhistoriographe colonais Aegidius Gelenius, dans son ouvrage « Éloge de la ville de Cologne » (De admiranda sacra et civili magnitudine Colonia), paru en 1645, mentionne la possibilité dune fondation à lépoque précarolingienne ; selon cet ouvrage, les missionnaires Viro et Plechelmus, venus aux bords du Rhin en compagnie de Suitbertappelé à devenir plus tard labbé de labbaye de Kaiserswerth ―, auraient fondé labbaye et léglise et auraient été soutenus dans cette entreprise par Pépin de Herstal et Plectrude, fondateurs de léglise colonaise de Sainte-Marie-du-Capitole.

Cest du reste aussi sur ces théories que sappuyait la Chronicon Sancti Martini Coloniensis, chronique remontant en apparence au XIIIe ou XIVe siècle, qui jusquà la fin du XIXe siècle passa pour une source importante relativement à lhistoire de labbaye et de léglise. Ainsi, selon cette chronique, Saint-Martin aurait été dabord fondée par lÉcossais Tilmon, qui aurait construit en 690 une chapelle, laquelle aurait été ultérieurement, en 708, transformée en abbaye par Viro, Plechelmus et Otger. Ladite chronique recense, sans en omettre aucun, les noms des abbés depuis les tout débuts de labbaye, et sapplique à en décrire toutes les vicissitudes, telles que la destruction du couvent et de léglise par les Saxons en 778, alors que Charlemagne faisait la guerre en Espagne ; ensuite, toujours selon cette chronique, un des paladins de Charlemagne, le roi danois Olger, aurait, à ses propres frais, et avec laide de Charlemagne, fait reconstruire lédifice, et le pape Léon III, à loccasion de sa deuxième visite à Cologne en 805, y aurait consacré deux autels. Pour les années 846 et 882, il est fait état dune destruction par les Normands, dont léglise et labbaye ne se seraient remis que péniblement. Cest en 1900 seulement quOtto Oppermann démasqua cette chronique dans sa totalité comme une falsification de 1730, de la main dOliver Legipont, moine bénédictin de labbaye.

Si donc une fondation de labbaye et de léglise remontant à lépoque franque (Ve au IXe siècle) ne peut être documentée, le fait cependant que le patron en était saint Martin de Tours a souvent porté à la considérer comme vraisemblable, attendu que saint Martin passait pour être le saint que les Francs affectionnaient le plus et que la plupart des églises dédiées à ce saint patron furent fondées du VIIe au IXe siècle.

Fondation et édification de labbaye aux Xe et XIe siècles

Statue de saint Élophe.

La fondation, citée dans le Code de Lorsch, par larchevêque de Cologne Brunon (953965), dun monastère en lhonneur de Martin de Tours, en tant que communauté de chanoines, est aujourdhui bien établie. Dans son testament, Brunon fit figurer léglise Saint-Martin parmi les églises à favoriser et, au demeurant, de son vivant déjà, il lavait gratifiée des reliques de saint Élophe, qui furent translatées de Toul vers le monastère nouvellement fondé, faisant de saint Édolphe le deuxième patron de Saint-Martin-la-Grande.

En 1499, la chronique de Johann Koelhoff le Jeune note que larchevêque Warin de Cologne (976985) entreprit de faire rénover Groß St. Martin :

Also quam he widder zo Coellen vnd besserde dat Monster zo dem groissen sent Mertijn zo Coellen dat alt vnd veruallen was vnd begaffde dat rychlichen.

« Ainsi revint-il à Cologne et fit-il rénover la collégiale Saint-Martin de Cologne, laquelle était devenue vétuste et délabrée, et la dota richement. »

Cet extrait indique quil devait sagir dun édifice déjà ancien. Warin aurait passé les dernières années de sa vie au monastère.

Il est un fait établi quen 989, larchevêque Ebergar (985999), à laide de dons, transforma le monastère en Schottenkloster, cest-à-dire en un monastère des bénédictins irlandais (« Écossais ») pouvaient installer leurs quartiers. Lintroduction de ces Écossais à Groß StMartin se situe entre les premières implantations irlandaises dans la période mérovingienne et carolingienne, et la création, au milieu du XIe siècle, de la congrégation des Schottenklöster bénédictins, qui regroupait ceux-ci autour du monastère de Ratisbonne.

Cependant, au XIe siècle, les Écossais furent peu à peu remplacés par des moines dorigine locale. Larchevêque Pilgrim de Cologne (10211036), peu favorable, semble-t-il, aux moines étrangers, aurait insisté sur leur remplacement ; le dernier des abbés irlando-écossais fut Alvold, qui mourut en 1103. À partir de 1056, Marianus Scotus séjourna pour quelque temps à Groß StMartin, ce qui laisse supposer quil y trouva encore un certain nombre de ses compatriotes.

Les historiens de lart admettent que les vestiges de murs, que des fouilles ont permis de mettre au jour sous la paroi nord de la nef, et qui sétendent jusquà la première travée de lédifice actuel, appartiennent à une église édifiée sous Brunon. Le mur occidental de léglise se serait situé quelque sept mètres plus au nord. Sa largeur aurait ainsi coïncidé avec la largeur de lancien entrepôt romain ; peut-être même léglise primitive était-elle le résultat dune transformation de cet entrepôt.

La Vita Annonis relate que larchevêque Anno II (10561075) eut une apparition de saint Élophe et quil fit alors ériger deux clochers. Ils furent vraisemblablement construits de part et dautre du chœur oriental.

Le nouvel édifice roman aux XIIe et XIIIe siècles

Groß Sankt Martin sur une gravure de 1531. On aperçoit à gauche le clocher de l'église Sainte-Brigitte, démolie au XIXe siècle.

En 1150, le faubourg rhénan fut dévasté par un incendie, qui népargna pas léglise des Bénédictins. Si létendue des dégâts nest pas connue, il est supposé cependant que la catastrophe servit de motif à procéder à la démolition complète de la construction endommagée. Dans la suite, en un premier temps, fut érigé le triconque, seule partie de léglise à sêtre maintenue quasi inchangée jusquà nos joursle clocher de croisée, la nef et lextrémité occidentale ayant été en effet plusieurs fois remaniés à loccasion dinterventions architecturales ultérieures.

Larchevêque Philippe Ier (allem. Philipp von Heinsberg) (11301172) consacra le nouvel édifice, lequel ne consistait alors quen un triconque, tandis que la nef était déjà, peut-on supposer, en cours dédification. À labside septentrionale avait été adjointe la chapelle Saint-Benoît, construite sur deux niveaux, vers laquelle fut transférée la dépouille de labbé Hélias, décédé en 1042.

Lorsquéclata un nouvel incendie en 1185, la travée orientale de la nef se trouvait achevée, de même, ce semble, que les travées suivantes du collatéral sud. Celles-ci venant buter contre la paroi nord de léglise paroissiale Sainte-Brigitte, qui se dressait à cet endroit depuis une date plus ancienne, les bâtisseurs se virent sans doute contraints de sécarter de lalignement initial, ce qui expliquerait le renfoncement encore perceptible dans la paroi méridionale de léglise.

Des renseignements sur le processus de construction nous sont aussi parvenus de lépoque de labbé Simon (12061211). Le moine décédé Rudengerus léga par testament entre autres 7 talents et 30 deniers destinés à lachat de pierres.

Au milieu du XIIIe siècle enfin furent ménagées, dans les murs déjà anciens au-dessus des collatéraux, des galéries ainsi que les ouvertures du triforium, par quoi lon souhaitait donner à lédifice une allure plus aérée. À la même époque, la nef fut allongée de cinq mètres et le porche occidental, grand de deux travées, fut achevé.

Évolution de lédifice du XIVe au XVIIe siècle

Détail montrant léglise St.-Martin dun plan de Cologne de 1571, établi par Arnold Mercator.

Après lachèvement de la basilique au XIIIe siècle, lon entreprit plus guère, jusquau XIXe siècle, de modifications touchant à la forme de lédifice, hormis plusieurs travaux de réfection, rendus nécessaires dans les siècles subséquents, en particulier à la tour de croisée.

Ainsi, le comble de la tour de croisée, ayant été détruit par un incendie en 1378, fut-il reconstruit par la suite, grâce à des donations, mais de façon sommaire.

En 1434, une violente tempête fut à lorigine de nouveaux dommages, emportant trois des quatre pignons du clocher. Tandis quun des pignons alla sabattre sur les bâtiments voisins situés place du Fischmarkt, les deux autres furent précipités directement sur les voûtes abritant le maître autel. Les voûtes furent promptement remises en état et une cloche portant la date 1436 fut accrochée.

Les réformes successives menées sous les abbés Jakob von Wachendorp (14391454) et Adam Meyer (14541499) assurèrent à labbaye bénédictine une situation financière plus stable, ce qui bénéficia aussi à léglise, en particulier à son mobilier. Parmi les pièces de valeur dont il senrichit alors ont été conservées notamment un ensemble de figures dun autel de la croix de 1509.

Au lieu de nouveaux pignons, lon donna pour couverture au clocher, entre 1450 et 1460, sa caractéristique flèche gothique en forme de pyramide brisée.

En 1527, en raison dune instabilité de construction, le clocheton de langle sud-ouest du clocher seffondra, allant sabattre sur la chapelle Sainte-Madeleine sise du même côté, laquelle chapelle fut entièrement démolie par la suite. Lon renonça tout dabord à reconstruire le clocheton.

De nombreux autels ornaient lintérieur de Groß St. Martin depuis le Moyen Âge ; il est possible que ces autels aient été sacrifiés à un réaménagement du mobilier au début du baroque, au XVIIe siècle ; de ce mobilier baroque il ne subsiste toutefois plus rien aujourdhui.

XVIIIe siècle, influence du baroque et du classicisme

Après que les bâtiments de labbaye, tombés en décrépitude, eurent été démolis en 1707, puis remplacés par des édifices neufs, sous labbé Heinrich Obladen, celui-ci fit ensuite repeindre à neuf lintérieur de léglise Saint-Martin et la dota dun nouvel orgue plus grand. La nouvelle décoration sinspirait résolument du style baroque ; ainsi p.ex. on fit apposer des bandes dorées sur les colonnes, les coupoles et les parois, et la décoration fut complétée de quatre lustres volumineux et dune foule de bibelots et dobjets décoratifs.

La deuxième moitié du XVIIIe siècle fut également marquée par une série de modifications touchant aussi bien larchitecture intérieure que lornementation, interventions qui suscitèrent, déjà chez les contemporains, dâpres critiques. Labbé Franz Spix, qui dirigea labbaye entre 1741 et 1759, fit rehausser de 2 à 3 pieds la table de lautel de croisée et le fit déplacer vers labside occidentale, dans le but, peut-on supposer, de donner aux messes une allure plus somptueuse. Le fait que les antiques pierres tombales des anciens abbés allaient être détruites par cette opération, et que les colonnes et piliers se retrouveraient dépouillés de leur socle, déclencha certes des critiques, notamment de la part dOlivier Légipont, mais ni ces critiques, ni les notes de protestation adressées au nonce apostolique à Cologne, ne purent empêcher que le projet ne fût mis à exécution.

Coup dœil depuis le maître autel vers le portail occidental et les orgues. Aquarelle de 18381841.

Quelque quarante ans plus tard, à la fin du XVIIIe siècle, Ferdinand Franz Wallraf fut chargé de renouveler la décoration de la basilique dans un sens contemporain. Le projet de Wallraf, sil restait incontestablement marqué par le baroque, subissait dautre part aussi linfluence du classicisme naissant. Ainsi, les autels latéraux et la chaire étaient dune conception extrêmement simple, alors quau contraire le maître autel fut exécuté avec une certaine opulence, avec de claires références au panthéon grec et romain. Peter Opladen, dans Geschichte einer stadtkölnischen Abtei, le décrit ainsi (1954):

« Sur lui (le maître autel) se trouvait représentée, à grand renfort de symboles, la victoire de la Nouvelle Alliance sur lancienne : sur une grande vasque, la « mer dairain », se trouvaient étalés, parmi des nuages, des pains de proposition, tombant dune table renversée, des crânes danimaux sacrificiels, des encensoirs, etc. Un ange tenait en main le chandelier à sept branches brisé ; par dessus larche dalliance se dressait la Croix. Sur la face avant du tabernacle, un ange déchirait le rideau du temple, tandis quau-dedans du tabernacle était figuré le Sauveur lui-même. »

Quoique violemment critiqué par des représentants de lhistoricisme et rejeté comme « paien » par les tenants du mouvement de renouveau catholique du XIXe siècle, le projet pictural de Wallraf tend cependant à être jugé aujourdhui, du point de vue de lhistoire de lart, comme une « réussite extraordinaire ».

Au remaniement intérieur sajouta en 1789 la décision de jeter à bas la tourelle à langle nord-ouest du clocher ; cest ainsi que jusquau milieu du XIXe siècle, les vues de Groß St. Martin la montrent avec un clocher flanqué de ses deux seuls clochetons orientaux. Il y eut dautres interventions architecturales encore, touchant les absides principales, qui furent en partie percées de baies, et la chapelle Sainte-Madeleine, située entre abside méridionale et vaisseau collatéral, qui fut entièrement démolie.

Sécularisation et travaux de restauration au XIXe siècle

Eau-forte, vers 1840

À partir de 1792, des guerres opposèrent la France révolutionnaire à une coalition de gouvernements européens, parmi lesquels lAutriche et la Prusse. En octobre 1794, après que les troupes révolutionnaires se furent emparées de Cologne, commença une période doccupation de 20 années, qui, fortement marquée par lanticléricalisme, allait définitivement affranchir la ville de ses traditions et coutumes médiévales. Larchevêché de Cologne cessa ainsi dexister en 1801, et la cathédrale de Cologne devint une église paroissiale ordinaire. Par le décret de sécularisation du 9 juin 1802, toutes les communautés spirituelles du Département du Rhin furent supprimées. Suite à cette directive, labbaye Saint-Martin dut se dissoudre le 21 septembre 1802, et les 21 moines restants durent trouver à se loger en dehors des murs de labbaye ; 11 dentre eux endossèrent alors des charges de curé de paroisse à Cologne. Léglise Sainte-Brigitte fut vendue en 1805, à lexception de son clocher ; dans un compte rendu de vente publique de biens nationaux du 11 au 25 frimaire de lan 14, il est spécifié:

18. La ci-devant église paroissiale Sainte-Brigitte à Cologne, attenant par un côté à la paroissiale Saint-Martin-la-Grande, et impropre au culte. Mise à prix 600 Fr. (adjugé pour 5075 Fr.).

Léglise fut démolie et ses restes servirent à construire lestrade de lorgue en 1812. Léglise St.-Martin eut depuis lors le statut déglise paroissiale, lancien abbé Felix Ohoven remplissant désormais la nouvelle fonction de curé de paroisse.

Dans les années qui suivirent, les bâtiments abandonnés de labbaye servirent de logis dabord à quelques-uns des anciens moines, puis, à partir de 1808, à danciens combattants français. La caducité croissante des bâtiments fit décider leur évacuation en 1821 et leur démolition partielle par la municipalité en 1822 ; le cloître se maintint jusquen 1839, avant dêtre mis à bas à son tour. Victor Hugo, lors de sa visite de deux jours à Cologne, faite dans le cadre de son voyage sur les bords du Rhin, fut témoin de lultime phase de cette démolition :

Le soir, comme les étoiles sallumaient, je me suis promené de lautre côté du fleuve, sur la grève opposée à Cologne. Javais devant moi toute la ville dont les pignons sans nombre et les clochers noirs se découpaient avec tous leurs détails sur le ciel blafard du couchant. À ma gauche se levait, comme la géante de Cologne, la haute flèche de Saint-Martin avec ses deux tourelles percées à jour. (…) De ce beau et sombre ensemble se dégageait dans ma pensée une mélancolique rêverie. Je me disais :La cité germaine a disparu, la cité dAgrippa a disparu, la ville de Saint-Engelbert est encore debout. Mais combien de temps durera-t-elle ? (…) Jai vu aujourdhui tomber les dernières briques sèches du cloître roman de Saint-Martin, on va y construire un café-Tortoni; (…).
(|Victor Hugo, Le Rhin, Lettre dixième)
Vue de la face nord après la démolition des bâtiments de labbaye et avant la restauration; deux des quatre tourelles dangle manquent. Lithographie de 1840.
Vue depuis louest; la tourelle sud-ouest manque encore. Photographie, vers 1856.
Vue depuis le sud-est. Photographie, vers 1925.

Dans lensemble, Groß St. Martin offrait, vers le milieu du XIXe siècle, un véritable aspect de désolation : les deux clochetons occidentaux faisaient toujours défaut, et la face nord, que jouxtaient autrefois les bâtiments de labbaye, nétait quune muraille dépouillée, percée de quasiment aucune fenêtre.

À partir de 1843, la municipalité de Cologne sengagea financièrement dans la remise en état de léglise. Lédification, contre labside septentrionale, dune nouvelle sacristie, dans le respect des formes romanes, par Johann Peter Weyer, et la nouvelle paroi du vaisseau collatéral nord furent les premiers travaux effectués ; ensuite, en 1847, le clocher fut complété de sa tourelle nord-ouest. Les projets de Heinrich Nagelschmidt, tendant à restaurer fermement la basilique tout entière, furent mis en oeuvre à partir de 1861. également, la ville de Cologne sengagea dans lentreprise, assumant la moitié des 32000 Taler environ auxquels sélevaient les frais de restauration. En 1875, léglise Saint-Martin avait ainsi reçu une toiture neuve, vu son pignon occidental rénové, la paroi de son collatéral sud percée de nouvelles baies, et sa tour recouvrer enfin son quatrième clocheton. Le porche fut raccourci de moitié.

De même, lintérieur de léglise fut promis à une complète rénovation. À cet effet, larchitecte August Essenwein, directeur du Germanisches Nationalmuseum (musée germanique national) à Nuremberg, à qui avait été confiée cette tâche, fit un sort à lornementation classiciste de la fin du XVIIIe siècle et sévertua, dans lesprit de lhistoricisme, de reproduire une iconographie authentiquement médiévale dans la décoration des voûtes, parois et sols.

Aussi celui qui de nos jours se propose de repenser lhabillage dune église médiévale ou dorner une oeuvre dart dans un sens médiéval devra-t-il, à partir de ce grand cercle, en composer un petit, et le parachever en un poème spirituel. Il suffit de souligner quil y a lieu de prendre en considération lépoque à laquelle léglise a été créée et de composer un cycle dimages dans lesprit de ladite époque.

Essenwein était conscient que son projet ne pourrait, ne fût-ce que pour des raisons matérielles, être réalisé que pas à pas ; cest pourquoi, tout en restant dans le cadre dun concept unitaire global, il conçut, pour chaque partie de léglise séparément, un cycle dimages particulier pouvant être contemplé à part. Il était prévu que le travail progresserait dest en ouest, de « lessentiel au moins essentiel », et que lon soccuperait du sol en dernier.

Les trois espaces principaux de la basilique ― porche, nef et triconque   ― devaient donner à voir, douest en est, avec beaucoup de fidélité et de détail, toute lHistoire sainte. Traditionnellement, le porche, comprenant alors encore ses deux travées, devait représenter le paradis ; huit motifs étaient prévus, de la Création jusquà la Chute originelle et lexpulsion du jardin dÉden. Au portail dentrée, un agneau symboliserait la rédemption.

Groß St. Martin telle que décorée par August Essenwein. Coup dœil à travers la nef vers labside orientale.

Dans le nef, la vie humaine et le monde, ainsi que les rapports de lhomme envers Dieu et les Saints, devaient se trouver représentés dans toutes leurs facettes, y compris, chronologiquement, lAncienne Alliance, cest-à-dire la période située entre Chute originelle et Rédemption chrétienne. La première travée devait contenir des allégories de la succession des temps, la deuxième être consacrée à la sphère terrestre et à ses créatures : élements, conditions météorologiques, les plantes, les animaux ; sur la troisième travée devait soffrir à lobservateur lespace extraterrestre infini : soleil, astres, voûte céleste, complété des signes zodiacaux et des phases de la lune. Les piliers devaient porter les effigies de ceux parmi les souverains temporels ayant eu un mérite particulier dans la diffusion de la foi chrétienne : Constantin le Grand, Charlemagne, Godefroid de Bouillon et Baudouin Ier de Constantinople. Tout au long des bas-côtés devaient senchaîner des motifs se rapportant à la vie des saints particulièrement vénérés dans cette église.

La travée de croisée devait par sa décoration jouer un rôle de transition entre les illustrations de la nef et celles du chevet : depuis la voûte, la grâce divine devait se déverser sur les hommes, tandis que le sol devait évoquer les trois parties du monde telles quon les reconnaissait au Moyen Âge.

Enfin, dans le chevet, au niveau de la croisée et des absides, le cycle de fresques devait se clore par une évocation de toute la gloire divine, sous les aspects de la Sainte Trinité, de nuées danges et de la Jérusalem céleste de la Révélation de Saint-Jean.

À partir de 1868, ce grand projet de décoration fut certes mis en oeuvre par le peintre colonais Alexius Kleinertz, mais sous une forme modifiée et simplifiée ; ainsi p.ex. les projets relatifs au porche ne furent pas exécutés. Le chœur exhaussé fut ramené à son niveau dorigine, et lon fit acquisition de nouvelles orgues et de mobilier neuf. En 1885, les travaux étaient terminés.

Les derniers grands travaux entrepris au XIXe siècle concernèrent les rangées de maisons autour de la face occidentale de la basilique, ― lesquelles maisons furent démolies en 1892, afin de dégager la vue sur le triconque, ― et le comble du clocher, doté en 1894 dune nouvelle pointe.

Destruction pendant la Deuxième Guerre mondiale

Cologne en 1945. On aperçoit, environ au milieu de la photo, le clocher, d'aspect clair, de l'église Saint-Martin, se dessinant devant la première arche du pont Hohenzollernbrücke, affaissé dans le Rhin.
Vue sur le côté occidental de l'église depuis le Alter Markt, 1946.

Abstraction faite de quelques travaux de consolidation effectués dans les années de 1909 à 1913, et que rappelle une plaque commémorative apposée sur les murs du collatéral nord, Groß St. Martin était, jusquà la Seconde Guerre mondiale, restée pour lessentiel dans le même état de restauration qui était le sien au XIXe siècle, et qui a été décrit ci-haut.

Parmi les nombreuses attaques aériennes que subit Cologne entre 1940 et 1945, il sen détache cinq en particulier qui causèrent à Groß St. Martin des dommages considérables.

Lors du premier raid aérien « à mille bombardiers » de lhistoire de la guerre, attaque dite Opération Millenium, qui eut lieu dans la nuit du 30 au 31 mai 1942, le comble du clocher et celui de la nef brûlèrent intégralement, tandis que fut aussi détruite la sacristie, qui était accotée à labside nord et hébergeait de nombreux objets anciens. La basilique endommagée fut ensuite pourvue, début 1943, dune toiture de fortune, et la sacristie fut également reconstruite.

Lors du bombardement par tapis de bombes du 29 juin 1943, connu sous le nom dattaque Pierre et Paul, qui fut lun des plus violents qu'eut à subir Cologne, faisant 4377 morts dans la ville, de même que lors dun bombardement en octobre 1943, les dégâts occasionnés à léglise St.-Martin furent relativement limités ; cependant, la chapelle Saint-Benoît, à la conque nord, ainsi que les verrières et le portail furent détruites.

Suite à lattaque du 6 janvier 1945, les galeries ajourées extérieures des absides croulèrent toutes les trois presque totalement. Les murs de la tour de croisée furent fortement endommagés par un impact direct, et des quatre clochetons dangle seul celui situé à langle nord-est demeura intact. La nef et la voûte du chœur restaient à ce moment- largement préservées.

Mais le plus dévastateur pour léglise fut lultime grand raid aérien sur Cologne, le 2 mars 1945. En effet, lorsque les troupes américaines firent leur entrée dans la Cologne de la rive gauche quatre jours plus tard, ne se tenaient plus debout, au milieu des décombres de la vieille ville détruite à 95%, outre la tour de croisée, avec ses tourelles dangle réduites à létat de moignons, que la partie inférieure du triconque et les flancs de la nef. Presque toutes les voûtes se trouvaient soit défoncées, soit sétaient écroulées tout à fait.

Quoique lédifice le plus emblématiqueà côté de la cathédralede la ville de Cologne offrît alors un aspect général de grande désolation, une analyse plus précise des dommages causés livra un diagnostic plus favorable que prévu ; ainsi, en 1947, lhistorien de lart Franz Wolff, comte de Metternich, classa-t-il la basilique dans le groupe des églises colonaises seulement « moyennement endommagées ». Un examen de lédifice par des experts en 1946 aurait établi quune reconstruction poserait beaucoup moins un problème artistique que technique.

Reconstruction et Restauration

Le point de savoir sil était opportun ou non de reconstruire Groß St. Martin, et, dans laffirmative, de quelle manière il convenait de le faire, fit lobjet de controverses dès les premières années daprès-guerre. Fallait-il laisser la ruine telle quelle, comme mémorial, ou créer à la place quelque chose de tout à fait neuf, ou encore restaurer létat ancien? Cette dernière possibilité à son tour appelait une autre question: quel état ancien devait être retenu comme le plus approprié, quel est celui « dorigine »? Cette question concernait plus particulièrement la décoration intérieure de la basilique. Les ornementations dix-neuviémistes historicisantes dAugust Essenwein, dont quelques parties avaient été préservées, apparaisaient alors à certains comme un fourvoiement stylistique et artisanal.

Un cycle de conférences ayant pour thème Was wird aus den Kölner Kirchen? (« Quel destin pour les églises de Cologne ?»), qui se tint pendant lhiver 1946-1947, et auquel participèrent notamment des hommes politiques, des artistes, des conservateur de patrimoine et des architectes connus, fut le reflet du débat alors en cours: à largument selon lequel une reconstruction fidèle de létat davant 1939 ne pourrait que déboucher sur une « Colonia Aggrippinensis Attrapolis » de pacotille, sur un « monde dapparence » peuplé de « fâcheuses copies » (Carl Oskar Jatho), sajoutaient dimportantes réserves, concernant en particulier une reconstruction du clocher de Groß St. Martin. Lon cite souvent, à ce sujet, les propos dOtto Förster, alors directeur du musée Wallraf-Richartz :

Si nous sommes certes disposés, dans le cas de léglise St.-Martin, de refaire les voûtes, nous voudrions nous garder de ressusciter le clocher trop hâtivement. Il vaut beaucoup mieux quil se dresse encore quelque temps comme moignon et serve à rappeler, pour la gouverne de ceux qui viendront après nous, ce que nous possédions et pourquoi nous en fûmes dépossédésjusquà ce que vienne, dans cent ans peut-être, le jour un grand maître concevra le clocher, qui serait aussi beau, voire plus beau encore, que celui qui a été.

Les sceptiques quant à la reconstruction cependant ne parvinrent pas à faire aboutir leurs vues; sous la direction de larchitecte Herbert Molis et de lingénieur en stabilité des constructions Wilhelm Schorn, de premiers travaux de reconstruction et de stabilisation furent entreprises dès 1948. Jusquen 1954 lon travailla à restituer aux conques leurs galeries naines (allem. Zwerggalerien) – arcatures à claire-voie situées directement sous la corniche, qui toutefois demeurèrent provisoirement murées à laide de briques. En 1955 fut entreprise la reconstruction de la nef, laquelle se trouva pourvue de nouveau en 1971 dune paroi occidentale et dun comble. À partir de 1961, cest larchitecte colonais Joachim Schürmann qui assuma la responsabilité de la suite des travaux de rénovation de lédifice et de son aménagement intérieur; son concept a été déterminant de létat actuel de léglise. En 1965, la tour de croisée retrouvait sa silhouette dautrefois, la ville de Cologne recupérant du coup un de ses grands emblèmes.

Restants des fresques historicisantes réalisées au XIXe siècle (arc dans la partie orientale du collatéral sud).

Cest sans doute au fait que la reconstruction sest étirée sur une quarantaine dannées que Groß St. Martin est redevable de la préservation de ses fresques intérieures dix-neuviémistes. En effet, si au milieu du XXe siècle lépoque historicisante navait en général pas bonne presse chez les conservateurs de patrimoine et chez les historiens de lart, il se produisit dans la décennie 1970 et 1980 un changement de perception et de jugement de cette époque. Les artistes et restaurateurs du XIXe siècle navaient en définitive que sollicité les reliquats du moyen âge encore présents afin de façonner lespace selon ce quils considéraient être « le plus pur esprit médiéval ». De nos jours, léglise Saint-Martin est la seule parmi les églises romanes de Cologne à avoir gardé des fragments peints originaires du XIXe siècle. Cependant, quant à restituer, en la complétant, toute la décoration intérieure peinte, lon ne put ni ne voulut sy résoudre.

Après que le nouveau dallage eut été achevé à son tour entre 1982 et 1984 — pareillement aux fresques, les mosaïques dEssenwein garnissant le sol avaient été en partie préservées — et que dans la foulée laménagement intérieur eut également été restauré, Groß St. Martin fut de nouveau, pour la première fois depuis 40 ans, ouverte au public, le 13 janvier 1985. Le 22 juin, larchevêque de Cologne Joseph Höffner procéda à la consécration de lautel ; à cette occasion, il déposa dans le reliquaire de lautel les reliques de sainte Brigitte de Suède, de saint Sébastien et dEngelbert Ier de Cologne.

Utilisation actuelle et vie religieuse

Le fait quil ny avait plus, après la Seconde Guerre mondiale, de communauté paroissiale distincte attachée à léglise Saint-Martin est donnée comme une des raisons de la très longue durée des travaux de restauration; la paroisse fut en effet dissoute à lissue de la guerre et ce qui en restait de membres fut invité à rejoindre la paroisse de la cathédrale. Ainsi ny avait-il pas ici, comme dans les autres églises de Cologne, de forte pression pour hâter les travaux et remettre en état ce lieu de culte le plus rapidement possible, et laccent pouvait-il être mis avant tout sur la restauration du clocher, eu égard à limportance de celui-ci pour limage générale de la ville.

Depuis la reconsécration de lédifice, les offices religieux étaient célébrés uniquement à lintention de communautés paroissiales catholiques, en langues espagnole, portugaise et filipino. Le 19 avril 2009, l'église Saint-Martin est redevenue une église monastique avec l'installation d'une communauté des fraternités monastiques de Jérusalem composée de 12 frères et sœur.[2] Les offices des Laudes aux vêpres sont célébrés du mardi au dimanche.[3]

Par ailleurs, léglise est ouverte, à certaines heures, aux croyants et aux visiteurs. Le Förderverein Romanische Kirchen Köln eV. [4] organise régulièrement des visites guidées dans Groß St. Martin.

Le 11 novembre, jour de la saint Martin, la traditionnelle marche aux flambeaux sachève par un feu de la saint Martin sur le parvis de léglise, puis, à lintérieur de celle-ci, la manifestation est clôturée par une prière du soir encadrée dun programme musical.

Description de l'édifice

Groß St. Martin est une basilique à trois vaisseaux, à piliers, sétirant sur trois travées et demie, et dont le chœur, de forme carrée, est entouré sur trois côtés de vastes absides semi-circulaires composant ensemble une forme tréflée, la triconque. Sa longueur, dans le sens est-ouest, est denviron 50 mètres ; le vaisseau central a une largeur de dix mètres, le transept de plus de 27 mètres. Au-dessus du chœur quadrangulaire se dresse un clocher de 75 mètres de haut, flanqué de quatre clochetons dangle.

Extérieur

Dessin de Sulpiz Boisserée, XIXe siècle. Le plan en élévation correspond en grande partie à laspect actuel.
Détail de la galerie naine et de la frise sur la conque sud.

Laspect extérieur est une claire illustration dun des grands principes dordonnance de larchitecture romane à lère des Hohenstaufen, savoir : le fait, pour les formes et les structures, de gagner en complexité à mesure que lon va, sur le plan horizontal, douest en est, et, sur le plan vertical, du socle aux étages supérieurs du clocher.

Triconque et tour de croisée

Clocher et chevet triconque, quand on les aperçoit depuis louest, c'est-à-dire depuis la rive du Rhin et du Fischmarkt, se présentent comme une unité architecturale. Les trois conques, que les murs pignons droits qui ferment le chœur et le transept sectionnent en demi-cylindres coiffés de combles semi-coniques, ont été accotées contre les faces sud, nord et est du chœur. Du reste, ce sont, les formes rondes qui dominent les deux étages inférieurs : les surfaces des conques et les angles du clocher sont scandés au rez-de-chaussée par une couronne de pilastres de faible saillie reliées entre elles par des arcatures aveugles en plein cintre (dites bandes lombardes ou lésènes). Contre la conque nord sappuie par ailleurs une sacristie de faible hauteur, et cette même conque souvre vers le nord-est par un portail. Le premier étage est semblable à létage inférieur, sauf que, dune part, les arcs en plein cintre sont ici en saillie plus marquéeau lieu des lésènes plates, les arcs viennent sappuyer sur des colonnes dont les fûts sont dégagés aux trois-quarts ―, et que, dautre part, dans chacune des conques, trois des arcades sont percées dune baie. La transition des deux niveaux (rez-de-chaussée et étage) vers le comble se fait à la fois par une frise simple et, au-dessus de celle-ci, par une arcature à plein cintre et à claire-voie, dite galerie naine (allem. Zwerggalerie) ; visuellement, ces deux éléments forment un bandeau horizontal cerclant d'un bout à l'autre lensemble architectural que composent le clocher et les conques. Le mouvement dapprofondissement progressif de la structure, au fur et à mesure de son élévation, trouve ainsi, après les lésènes plates des bandes lombardes, puis les baies vitrées de létage, son achèvement dans une succession douvertures complètes sous la forme dune galerie.

Plus haut, au-delà des combles des absides, les formes droites tendent à prendre le pas sur les rotondités. Les pignons des trois façades qui ferment la nef centrale et le transept sont ornés dune rosace, tandis quà droite et à gauche de chacune de celles-ci souvre une petite fenêtre quadrilobée.

De part et dautre desdites façades, contre leurs bords verticaux, prennent racine les quatre tours dangle octogonales, dont le premier étage sélève jusquà la naissance des pignons. Cest à ce niveau aussi que commence à émerger hors de la masse de lédifice la puissante tour de croisée, faisant presque figure de corps de bâtiment distinct. Les formes rencontrées auparavantlésènes, baies à arcs plein cintre séparés par des colonnes engagées, et galeries ajourées à colonnesse retrouvent plusieurs fois dans la suite de la construction : un peu au-dessus du sommet des pignons, une frise, semblable à celle déjà rencontrée, ainsi quune arcature plein cintre aveugle rappelant la galerie naine, embrassent simultanément les cinq tours, de telle sorte quelles apparaissent, à lœil, comme enserrées par un même bandeau. Les arcs du clocher central sont dun dessin plus élancé que ceux aménagés sur les faces des tourelles octogonales. La moulure en saillie située un peu plus haut ceinture également lensemble des cinq tours et marque la transition vers les deux derniers étages du clocher de croisée, dont les façades viennent dorénavant, au-delà de cette moulure, se poser légèrement en retrait.

Les façades de la partie supérieure du clocher offrent de nouvelles variations des mêmes éléments structurants déjà présents aux étages de dessous : des lésènes, que relient trois cintres, divisent les quatre surfaces rectangulaires de ces façades en trois grandes arcades, percées chacune de fenêtres géminées ; elles sont ornées près de leur bord supérieur de petites arcatures aveugles. Ces mêmes éléments se répercutent, sous une forme simplifiée, sur les surfaces des tourelles dangle.

Au-dessus du niveau , sur le haut, les façades se terminent par une corniche et vient sarticuler la haute flèche du clocher, les tourelles dangle, désormais isolées, continuent de sélever en hauteur sur encore deux petits étages et sachèvent par une flèche pyramidale plissée. Les motifs antérieursfrise, arcades aveugles et galerie à jourse retrouvent également dans ces deux étages, à échelle plus réduite.

Nef

Tourelle dangle sud-ouest.

Dune longueur relativement faible, la nef, qui se double de part et dautre dun étroit vaisseau collatéral, sétire à partir du chœur en direction de louest.

Sa structuration en quatre travées (ou trois travées et demie, celle la plus proche du chœur nétant que moitié aussi longue que les trois autres) est reflétée dans laspect que prennent, sur sa face extérieure nord, les parois du collatéral et du clair-étage : en effet, des lésènes aménagées ici en écho des quatre travées, et reliées par une frise darceaux, déterminent dans ces parois quatre surfaces hautes et étroites. Des quatre pans ainsi délimités dans la paroi du collatéral gauche, trois sont percés de grandes roses, tandis que, parallèlement à ceux-ci, les pans du clair-étage situés en contre-haut souvrent de baies élancées, à arc plein cintre, également au nombre de trois.

La façade méridionale de la nef est, aux roses près, dénué dornement, puisque cest ici que se dressait autrefois, côte à côte avec Groß St. Martin, léglise paroissiale Sainte-Brigitte. Le double retrait de la paroi du collatéral et son tracé légèrement de biais, déterminé par la clocher de Sainte-Brigitte, sont les traces les plus visibles rappelant lexistence jadis dun complexe de bâtiments incluant lancienne église paroissiale ; par ailleurs, le dessin des pavés devant et à côté de Groß St. Martin marquent lemplacement des fondations de Sainte-Brigitte. À lheure actuelle, la face sud de la nef est en majeure partie soustraite au regard de lobservateur par des constructions, nommément le Centre international Groß St. Martin, dont le portail ne donne accès quà une petite cour intérieure et à lentrée sud de la basilique.

Regard à travers le vaisseau central en direction de lautel et de labside orientale.

À louest, la face frontale de la nef présente un aspect légèrement asymétrique. Si en effet, à gauche, la frise darceaux du collatéral nord, déjà signalée, après avoir contourné langle, se prolonge sur la façade occidentale en sélevant parallèlement à la ligne inclinée du demi-pignon qui clôt ledit collatéral, le semi-pignon du collatéral opposé (sud) en revanche apparaît dépouillé et sans ornement ; de même, alors que dans le mur qui ferme le collatéral nord a été pratiquée une fenêtre haute et élancée, en gothique tardif, ornée dentrelacs, et se terminant par une ogive, le mur du collatéral sud nest quant à lui percé que dune petite ouverture à arc plein-cintre.

Un portail richement ornementé donne entrée au vaisseau central : une arcade à ogive gothique sappuie de part et dautre sur deux pieds-droits constitués chacun de quatre colonnes engagées, dont celle située côté droit le plus à lextérieur se dresse à une distance plus grande du portail, créant une légère asymétrie. Trois de ces colonnes se prolongent vers le haut en une ogive, formant archivolte ; deux dentre elles sont ouvragées avec une extrême finesse, et deux autres sont ornées, à la base de la voussure, dune petite figure de lion. Lasymétrie de la façade occidentale sexplique par la présence autrefois dun porche à cet endroit, lequel porche ne fut pas reconstruit après la Seconde Guerre mondiale, mais dont les lignes de fondation sont marquées sur le sol.

Intérieur

Quoique la basilique présente à lintérieur lempreinte des différentes phases de sa construction (ainsi, certains tronçons de la nef laissent voir, au contraire de la tour de croisée purement romane, de nettes influences gothiques), les diverses parties qui composent lédifice se fondent harmonieusement lune dans lautre sans discontinuité.

Vaisseau central

Coupe longitudinale de la basilique, selon un dessin du XIXe siècle ; le porche autrefois accolé à la façade occidentale (à gauche sur limage) na pas été reconstruit après la Seconde Guerre mondiale.

Ce qui, en premier lieu, donne corps au vaisseau central sont deux rangées de trois amples arcades romanes appuyées sur des piliers, qui ouvrent la nef vers les collatéraux. Une moulure courant au-dessus de ces arcades et ceinturant toutes les trois parois de la nef centrale marque la base du triforium aménagé à létage: en effet, derrière des arcs dogive gothiques, reposant sur des colonnettes de coupe ronde, et au nombre de trois par travée, se trouve une étroite galerie.

Les arcades du triforium forment la transition vers le clair-étage, dont les six pans (trois de chaque côté) sont percés chacun dune grande fenêtre à arc plein-cintre.

Cette même structuration en trois parties superposées est poursuivie sur la paroi qui clôt la nef à louest : létage inférieur est rythmé par un alignement de trois arcs en plein-cintre, dont celui situé au centre accueille le portail dentrée, tandis que les deux arcs latéraux, de dimension légèrement moindre, renferment de hautes et étroites niches rondes. La quasi totalité de la surface sétendant au-dessus du portail et de la moulure susmentionnée est occupée par un ensemble de trois vastes baies vitrées à arc plein-cintre.

Les trois portions de voûte de la nef, de forme approximativement carrée, retombent sur des colonnes à section ronde, lesquelles se prolongent vers le haut jusquaux sommets des travées sous forme de minces arcs-doubleaux épousant le profil ogival de la voûte.

Plan établi vers 1872 ; y sont encore visibles le porche occidental et quelques vestiges de murs de léglise Ste-Brigitte contre le flanc sud. Les grandes roses de la paroi sud ny ont pas encore été aménagées.

A louest, la transition entre nef et chœur est assurée par une travée intermédiaire, qui se distingue nettement des trois travées occidentales : barlongue (c.-à-d. de forme rectangulaire, dont le côté le plus long est perpendiculaire à l'axe de la nef), cette travée est supportée par de vigoureux faisceaux de colonnes rondes, qui du sol sélèvent directement et sans interruption jusquau sommet de la voûte. Une moulure, similaire à celles des travées occidentales, se déroule à une hauteur nettement moindre que dans les trois premières travées. Si, à létage, la transition vers le clair-étage se fait pareillement au moyen dun ensemble de trois arcades, celles-ci sont, au contraire de la nef, encore résolument romanes ; de ces trois arcs plein-cintre, celui du milieu dépasse en hauteur les deux latéraux. Une particularité de cette travée de jonction est sa colonne sud-ouest, qui porte lunique chapiteau sculpté que compte la basilique. Celui-ci représente la tête dun homme et celle, ornée de tresses, dune femme, dans lesquels on a voulu voir les effigies du légendaire fondateur Pépin et de son épouse Plectrude.

Collatéraux

Comme cela est décelable à lextérieur (voir ci-dessus), le collatéral nord et le collatéral sud diffèrent sensiblement lun de lautre, cette asymétrie étant liée à la circonstance que contre le flanc méridional de la basilique se dressait autrefois lancienne église Sainte-Brigitte, ce qui eut une certaine incidence sur la structure de la basilique. Les nefs latérales souvrent chacune par trois grandes roses vers lextérieur. Des deux entrées latérales, seule la méridionale est encore utilisée aujourdhui. Dans le collatéral nord se trouve un escalier conduisant à la crypte ainsi quà des vestiges romains mis au jour sous léglise.

Aux trois travées occidentales quasi carrées de la nef répondent, au niveau des collatéraux, tant au nord quau sud, trois travées rectangulaires à croisée dogives ; la travée de jonction, en revanche, est jouxtée de part et dautre dune travée collatérale carrée. Celui qui, se tenant dans la nef, porterait le regard seulement sur les parois latérales pourrait en un premier temps ne pas saviser que le collatéral sud est plus exigu ; cependant, la différence de largeur devient évidente lorsque lon examine les parois respectives fermant à louest les deux collatéraux : alors que la paroi nord, plus large, comporte une vaste niche ronde, semblable à celles ornant la nef centrale, la paroi ouest du collatéral sud ne présente quune étroite nichecest en effet ici que se dressait autrefois le clocher de léglise Sainte-Brigitte.

Chœur

Le chœur, se présentant au sol comme une surface carrée denviron 10 mètres de côté, est encadré sur ses côtés nord, est et sud par trois paires darcs plein-cintre monumentaux, dont la taille approche la hauteur totale de la travée intermédiaire et celle des trois étages du vaisseau central. Ces arcs font la jonction entre le chœur et les trois conques, voûtées en cul-de-four, et toutes trois dune hauteur égale au chœur.

La voûte en forme de baldaquin et les arcs sont supportés par de hauts et vigoureux faisceaux de colonnes. Une moulure à mi-hauteurun peu moins élevée que dans la travée intermédiairecourt tout autour des parois de la triconque et paraît donner appui à une rangée darcades plein-cintre prenant naissance juste au-dessus. Cette rangée fait alterner des arcs plus étroits et dautresau nombre de trois par absideplus larges et destinés à accueillir chacun une embrasure. Entre les colonnettes du premier étage et la paroi percée de fenêtres sétire, à linstar de la nef, une étroite galerie, laquelle conduit, dans lespace compris entre les paires de grands arcs, à des petites cages descalier donnant accès à la galerie sise au-dessus des nefs latérales ainsi quà la galerie naine.

Le sol de labside orientale est plus élevé denviron neuf marches que le reste du chœur. Dans labside nord souvre, au nord-ouest, le grand portail septentrional, tandis quune porte grillagée communique, par une étroite rampe descalier, avec la ci-devant sacristie, laquelle fait aujourdhui office de trésor et demeure dordinaire inaccessible au public. Tout le long des parois du rez-de-chaussée, dans chacune des trois absides, ont été aménagées des niches rondes, encadrées de colonnettes ; dans celles de labside méridionale sont disposées des figures danges, les niches des conques est et nord restant en revanche inoccupées.

Décoration et mobilier

Emplacement des principales pièces décoratives (les chiffres renvoient aux chiffres placés dans le texte à la fin de chaque description) ;
Figure dÈve, détail dune arcade aveugle gothique.
Groupe de la crucifixion. Vue densemble, avec larcade aveugle.
Détail du crucifié.

Alors que, dès le XIXe siècle, il ne subsistait déjà plus que peu de chose de la décoration ancienne de léglise, la majeure partie des autels, sculptures et objets dart dorigine encore en place au milieu du XXe siècle fut, de surcroît, perdue dans les destructions de la Seconde Guerre mondiale. La décoration intérieure actuelle se compose des quelques rares objets du XIIe au XVIe siècles qui ont été préservés, dune série de pièces acquises par achat ou donation et datant de diverses époques, ainsi que de quelques œuvres dart modernes datant des années 1980. Dans le texte qui suit, les objets dimportance seront décrits avec quelque détail, et les autres évoqués brièvement (les chiffres entre parenthèses indiquent lemplacement de lobjet concerné sur le plan ci-contre à gauche).

Vestiges dun autel du Christ en croix

Il sagit dun autel de la croix créé en 1509 à linstigation du maire de Cologne dalors, Johann von Aich. Lautel changea plusieurs fois demplacement : sur les cartons dessinés par Essenwein au XIXe siècle, il se dresse encore contre le mur nord de léglise, mais sans quy soit visible larcade de pierre qui lencadrait autrefois, et qui avait probablement été recouverte dune couche de crépi ; toutefois, au début du XXe siècle, il est décrit comme se trouvant contre le pilier médian nord de la nef. En tout état de cause, le groupe de la Crucifixion ornait le haut de lautel, alors que le groupe de la Mise au tombeau formait le dessous de la table dautel.

Aujourdhui, lensemble de la Crucifixion se trouve de nouveau à lemplacement que lon suppose être celui dorigine, à savoir contre la partie occidentale de la paroi nord, , du reste, a été redécouverte, à loccasion des travaux de restauration entrepris après la guerre, lancienne arcade de pierre ; le groupe de la Mise au tombeau a été installé quelques mètres plus à droite de cet emplacement, dans une niche mise au jour également aux alentours de la même date. (1)

Groupe de la crucifixion

Les sculptures du groupe de la crucifixion comprennent le Christ crucifié, sa mère la Vierge Marie et l’[[Jean (apôtre) |apôtre Jean]]. Des figures qui autrefois décoraient larcade gothique encadrant le groupe, nont été conservées que trois petites statuettes représentant Adam et Ève ainsi que, suppose-t-on, un prophète ; pour le reste, larcade a été entièrement érodée par le temps.

Tilman van der Burch, un des rares sculpteurs sur pierre et sur bois de la fin du XVe siècle dont le nom soit attesté sur un document, passe pour être le créateur de ces sculptures. Pour sa figure du Christ en croix, élaborée avec une grande précision anatomique, il usa de détails réalistes : les yeux sont clos, à une mince fente près, et les marques de la douleur sont inscrites sur son visage ; les côtes sont proéminentes et la blessure sur le côté est ample et bien visible. Si les figures de Marie à gauche et de Jean à droite de la croix semblent sopposer par leur attitude, les deux personnages néanmoins sont bien accordés lun à lautre : tandis que Marie baisse le regard dans une tranquille affliction, Jean se tourne vers le crucifié avec un regard et des gestes pathétiques. (1)

Groupe de la mise au tombeau

Groupe de la mise au tombeau. Autour du Christ gisant se tiennent, de gauche à droite : Nicodème, une pleureuse inconnue, Marie-Madeleine, la Vierge Marie, Jean, et Joseph dArimathée.

Est considéré également comme appartenant au même autel de la croix le groupe sculpté dit de la mise au tombeau, lequel comprenait à lorigine, outre le Christ défunt, sept personnages, tous représentés aux trois quarts ; une des figures de femme na plus été retrouvée après la Deuxième Guerre mondiale. Les effigies de Jean et de Marie ressemblant fortement, pour lexécution et la physionomie, à celles du groupe de la crucifixion, lon admet quils proviennent de latelier du même artiste, Tilman van der Burch.

De la même façon que dans le calvaire de lautel, le Christ défunt est figuré ici avec un certain nombre de détails anatomiques, tels que des veines proéminentes et des piqûres sur le front, identifiables comme stigmates de la couronne dépines ; il est étendu, la tête penchée légèrement sur la gauche, au centre dun linceul que tiennent par les deux bouts Nicodème et Joseph dArimathie. La Vierge Marie, reconnaissable à sa sobre cape bleue, soulève légèrement le bras du défunt, exhibant ainsi au regard le stigmate de la main droite. À la droite de Marie se tient Jean, troisième figure masculine de lensemble, en loccurrence dun aspect tres juvénile. Alors que le Christ et les personnages aux deux extrémités du linceul sont presque en grandeur nature, les bustes des femmes et de Jean apparaissent nettement plus petits, ce qui les situe, par un effet de perspective, plus à larrière-plan. Dans la littérature spécialisée, lon a voulu voir dans la pleureuse la plus proche de la Vierge Marie le personnage de Marie-Madeleine.

Les autres figures de femme se tenant à la droite de Marie, primitivement au nombre de trois et dont seules deux ont été conservées, se signalent, ainsi que les deux figures masculines aux extrémités du linceul, par une vêture assez somptueuse, exécutée avec grand détail, et contemporaine de lartiste. (2)

Fonts baptismaux

Fonts baptismaux de lépoque des Hohenstaufen. La cuve, de forme prismatique, haute denviron 80cm, repose sur un nouveau socle de béton.

Les fonts baptismaux, taillés dans du grès clair, et disposés devant le groupe de la crucifixion, datent de lépoque des Hohenstaufen. En raison de leur forme et de leur décoration, ces fonts sont rangés parmi les oeuvres de pierre les plus intéressantes de la première moitié du XIIIe siècle.

La cuve, répondant à un plan octogonal allongé, a ses parois extérieures ornées dune frise de huit grandes rosettes, lesquelles, chevauchant les arêtes verticales, se distribuent de manière uniforme sur les huit pans dinégale largeur de la cuve. À quatre des huit angles, des têtes de lion ont été taillées ; hors de leurs gueules se déroule une mince frise de feuilles dacanthe qui vient cerner le bord supérieur de la cuvette.

Jusquà la destruction de léglise pendant la guerre, les fonts baptismaux avaient un couvercle en cuivre ; la couverture actuelle, en bronze, est loeuvre du sculpteur Karl Matthäus Winter, originaire de Limburg an der Lahn, qui y grava des scènes de lAncien et du Nouveau Testament, quil articula en une séquence continue dimages.

Il y a des raisons de supposer que ces fonts ont été récupérés de lancienne église Sainte-Brigitte ; celle-ci reçut en 1510 de nouveaux fonts en laiton. (3)

Triptyque des Rois mages

Triptyque des Rois mages (vers 1530).

Le triptyque actuellement exposé contre le pilier nord-est de la nef, fut réalisé aux alentours de 1530 et provient vraisemblablement dun atelier situé en Rhénanie inférieure. Sy trouvent représentées deux scènes de lenfance de Jésus, peintes dans le langage pictural de la Renaissance néerlandaise : au centre, ladoration des mages, à gauche, Marie et Joseph dans la contemplation silencieuse de leur fils, et, sur le volet droit, la circoncision de lenfant Jésus.

Le tableau, qui fait, tout ensemble, 72 cm de large et 102 cm de haut, a été exécuté à lhuile sur panneau de bois et faisait partie du mobilier primitif de Groß St. Martin à lépoque elle était église abbatiale. (5)

Autres éléments de mobilier

Christ souffrant, XVIe siècle. (9)
Statue de Brigitte de Kildare ; (11)
  • Christ souffrant : la figure en bois, presque en grandeur nature, date du XVIe siècle et est peut-être originaire du même atelier que les groupes de la crucifixion et de la mise au tombeau. (9)
  • Statue de Saint Élophe : cette sculpture de bois, de date incertaine, mais dont on sait quelle ne remonte pas au-delà du XIIe siècle, montre le geste miraculeux du deuxième patron de léglise (après saint Martin), qui aurait, après sa décapitation, tenant sa tête dans la main, choisi lemplacement de sa propre sépulture. La statue fut acquise en 1986 sur le marché de lart. (8)
  • Autel dédié à Marie avec icône : licône, en provenance de Russie centrale, est supposée remonter au XVIIe siècle ; également achetée sur le marché de lart, elle est un don des travailleurs occupés à la reconstruction de léglise. (4)
  • Chemin de croix : les 14 tableaux composant ce chemin de croix, qui datent du début du XXe siècle, sont issus dune collection privée ; ils ont été apposés le long de la paroi du collatéral sud. Non numéroté
  • Autel du Saint-Sacrement avec tabernacle : le tabernacle moderne de lautel secondaire nord fut créécomme le couvercle des fonts baptismauxpar lartiste contemporain Karl Matthäus Winter en 1984. (6)
  • Autel de croisée avec lustre en cerceau : la sobre table dautel en pierre, doté dun sépulcre (cest-à-dire dune cavité se conservent des reliques de saint), fait également partie de lameublement moderne de léglise. Le lustre en cerceau suspendu au-dessus de lui, en acier inoxydable, coïncide par son diamètre de 4,20 mètres avec la diagonale de la table dautel. Ces deux objets ont été conçus par Joachim Schürmann, un des architectes chargés de la reconstruction de laprès-guerre. (7)
  • Orgue : un orgue-armoire dItalie méridionale datant du XIXe siècle, de facture assez simple, est venu remplacer les grandes orgues disposées autrefois sur une tribune au fond de la nef. (10)
  • Chapelle Sainte-Brigitte : la niche étroite aménagée dans la partie sud de la paroi occidentale, autrefois contiguë à léglise Sainte-Brigitte, abrite aujourdhui une statue de labbesse irlandaise Brigitte de Kildare, qui passa sa jeunesse dans un milieu paysan. Les « sept vaches grasses » bibliques, quévoquent les restes dune mosaïque incorporés dans le sol au bas de la niche, peuvent être vues comme une allusion à ce détail biographique. (11)
  • Statues des apôtres Pierre et Paul : disposées dans les niches du fond, deux statues grandeur nature du sculpteur Peter Josef Imhoff flanquent la grande porte occidentale de part et dautre. Leur provenance na pu être élucidée ; il semblerait que le cycle sculptural complet ait compté quatre figures. (12)
  • Croix moderne en bois : devant le portail occidental est étendue sur le sol, à lendroit samorce lallée centrale de la nef, la monumentale et très abstraite croix de bois créée par Franz Gutmann ; conçue à lorigine pour orner une salle de méditation à labbaye de Siegburg, mais répudiée par celle-ci, elle trouva à shéberger dans Groß St. Martin. (13)
  • Cycle de vitraux : le nouveau cycle de verrières, que lartiste Hermann Gottfried, dans le cadre de la restauration de léglise, dessina pour Groß St. Martin dans les années 1980, na pas encore été exécuté complètement. Les absides, avec les trois fenêtres quelles comportent chacune, seront ainsi tour à tour consacrées à un des trois saints patrons de léglise : saint Éloph au nord, sainte Brigitte au sud et saint Martin dans labside orientale. À ce jour, seules les trois fenêtres orientales sont achevées : elles se composent de vitraux représentant des épisodes de la vie de saint Martin. Au contraire des verrières de la nef et des baies occidentales, les fenêtres orientales se signalent par leurs vives couleurs contrastées à dominante rouge. La thématique des six fenêtres de la nef se rapporte aux six jours de la Création ; les trois fenêtres de la façade ouest ont pour thème la Vierge Marie.

Cloches

Les cloches 'Sainte-Marie (en bas à l'avant-plan), Saint-Martin ( second plan en bas à gauche) et Sainte-Ursule (haut).

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les quatre cloches, qui, conformément à la coutume ancienne, sonnaient en des1es1f1ges1 , furent toutes détruites. La sonnerie actuelle se compose de cinq cloches de volée en bronze, coulées dans les années 1984/85 par Florence Hüesker dans la ville de Gescher (non loin de Münster, Westphalie) et financées par des fondations. Par leur construction lourde (paroi de forte épaisseur) et de leur suspension à un beffroi en bois, les cloches gagnent en résonance et en tempérament. Pour langélus, cest la cloche 3 qui est sonnée, pour les messes du dimanche, lon fait résonner les cinq cloches tout ensemble et sans distinction.

N° Nom Diamètre
(mm)
Poids
(kg)
Nominal
(16tel)
Inscription
1 Marie 1580 2600 c1 ±0 Sancta Mariauni deo et Sanctae Mariae
omins honor et gloria
2 Martin 1150 1140 f1 +1 Sanctus Martinusper intercessionem
Sancti Martini da pacem Domini diebus nostris
3 Elophe 1070 820 g1 +1 Sanctus Eliphiussum campana pii
qui nos defendit Sancti Eliphii
4 Brigitte 940 570 a1 +1 Sancta Brigidaut in omnibus deus
glorificetur
5 Ursula 750 307 c2 +2 Sancta Ursulaprotege civitatem tuam ubi
cam sodalibus tuis gloriosum sanguinem refundisti

Les douze grandes basiliques romanes de Cologne

Cologne possède une remarquable série de douze grandes basiliques romanes de style rhénan, situées pour la plupart à l'extérieur de l'enceinte romaine (construite au Ier siècle ap. J.-C.), mais à l'intérieur de la plus grande enceinte médiévale (le Ring):

  • St. Andreas, située Komödienstr.
  • St. Aposteln, située Place Neumarkt
  • , située Caelienstr. et devenue le musée Schnütgen-Museum
  • , située Georgplatz
  • , située Gereonsdriesch
  • , située Kunibertsklosterg.
  • St. Maria im Kapitol, située Marienplatz
  • , située An Lyskirchen
  • Gross St. Martin, située An Gross St. Martin
  • St. Pantaleon, située Am Pantaleonsberg, consacrée en 980 et agrandie en 1160
  • , située Im Ferkulum
  • , située Ursulakloster

Dans le vocabulaire architectural, "basilique" désigne une église sans transept. La basilique est la forme primitive et fondamentale du temple chrétien. À la différence de la basilique civile romaine, on y pénètre par le pignon (le petit côté).

Notes et références

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  1. Gerta Wolff: Das römisch-germanische Köln, 5e édition, pages 242245, J. P. Bachem.
  2. Bienvenue sur le site des futures Fraternités de Cologne
  3. Horaires des offices
  4. 'Association de promotion des églises de Cologne'

Source

  • (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu dune traduction de larticle de Wikipédia en allemand intitulé « Groß St. Martin ».
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