- Arcature
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En architecture, une arcature désigne une série d'arcades de petite dimension. Elle peut être à claire-voie ou bien aveugle lorsque il s‘agit d‘ouvertures simulées ou au fond muré.
Sommaire
Histoire
On rencontre dans certains édifices du Bas-Empire des rangées d'arcades aveugles qui n'ont d'autre but que d'orner les nus des murs. Ce motif de décoration paraît avoir été particulièrement conservé par les architectes de l'époque carolingienne, et il persiste pendant les périodes romane et ogivale, dans toutes les provinces de la France.
Il est bon d'observer cependant que l'emploi des arcatures est plus ou moins bien justifié dans les édifices romans ; quelques contrées, telles que la Normandie par exemple, ont abusé de l'arcature dans certains monuments du XIe siècle. Ne sachant trop comment décorer les façades des grandes églises, les architectes superposèrent des étages d'arcatures aveugles de la base au faîte. C'est particulièrement dans les édifices normands bâtis en Angleterre que cet abus se fait sentir : la façade de l'église de Peterborough en est un exemple.
En France, le sentiment des proportions, des rapports des vides avec les pleins, perce dans l'architecture du moment, qu'elle se dégage de la barbarie. Dès le XIe siècle, ces détails importants de la décoration des maçonneries, tels que les arcatures, sont contenus dans de justes bornes, tiennent bien leur place, ne paraissent pas être comme en Angleterre ou en Italie, sur la façade de la cathédrale de Pise, par exemple, des placages d'une stérile invention.
La présence d'arcatures aveugles polylobées (église Le Dorat dans la Haute-Vienne) semblerait venir d'une influence architecturale originaire du monde musulman (Grenade, Cordoue).
Différents types d'arcatures
Il existe différents types d'arcatures : les arcatures de rez-de-chaussée, les arcatures de couronnement et les arcatures-ornements.
Arcatures de rez-de-chaussée
Les arcatures de ce type sont souvent placées, dans l'architecture française, à l'intérieur ou sous les appuis des fenêtres basses, et forment une série de petites arcades aveugles entre le sol et ces appuis. Les grandes salles, les bas-côtés des églises, les chapelles, sont presque toujours tapissés dans leurs soubassements par une suite d'arcatures peu saillantes, portées par des pilastres ou des colonnettes détachés, reposant sur un banc ou un socle de pierre continu.
Arcatures de couronnement
Dans quelques églises romanes, particulièrement celles élevées sur les bords du Rhin, on avait eu l'idée d'éclairer les charpentes au-dessus des voûtes en berceau, au moyen d'une suite d'arcatures à jour, formant des galeries basses sous les corniches. Les voutes en berceau des nefs ou celles en cul-de-four des absides laissaient entre leurs reins et le niveau de la corniche convenablement élevée pour laisser passer les entraits des charpentes au-dessus de l'extrados, un mur nu qui était d'un aspect désagréable, et qui de plus était d'une grande pesanteur (cf illustration).
Soit la coupe d'une voûte en berceau plein cintre ou en cul-de-four, les fenêtres ne pouvaient se cintrer au-dessus de la naissance A des voûtes, à moins d'admettre des pénétrations, ce qui était hors d'usage ; il restait donc de A en B niveau de la corniche, une élévation de mur commandée par la pose de la charpente; on perça ce mur en C par une galerie à jour ou fermée par un mur mince, destinée alors, soit à donner de l'air sous les combles, soit à former comme un chemin de ronde allégeant les constructions inférieures.
Cette disposition, inspirée par un calcul de constructeur, devint un motif de décoration dans quelques monuments religieux en France.
Arcatures-ornements
Ces arcatures se rencontrent fréquemment dans les soubassements des ébrasements des portails des églises, et sont alors une simple décoration.
Les arcatures précédemment citées sont bâties et font presque toujours partie de la construction ; leurs arcs sont composés de claveaux et forment autant d'arcs de décharge portés sur des colonnes monolithes, tandis que les arcatures de socle sont la plupart du temps évidées dans des blocs de pierre.
Source : Eugène Viollet-le-Duc
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