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Zeugme
Pour les articles homonymes, voir Zeugma (homonymie).Le zeugme (substantif masculin, différent de zeugma, du grec ζεῦγμα : zeûgma, « joug, lien »), est une figure de style qui consiste à faire dépendre d'un même mot deux termes disparates qui entretiennent avec lui des rapports différents ; dans la plupart des cas il s'agit d'un verbe suivi de deux compléments d'objet. Le zeugme vise un effet humoristique voire ironique, proche de la syllepse de sens, de la concaténation et de l'anacoluthe. On nomme également cette figure attelage, parce qu'elle sert principalement à associer le concret et l'abstrait.
Sommaire
Exemples
- « Vêtu de probité candide et de lin blanc. » (Victor Hugo).
- « Sous le pont Mirabeau coule la Seine, Et nos amours. » (Guillaume Apollinaire)
- « Après avoir sauté sa belle-sœur et le repas du midi, le Petit Prince reprit enfin ses esprits et une banane » (Pierre Desproges)
- « "Degueulassum est" dit-il en latin et en lui-même » (Pierre Desproges, Les Réquisitoires du Tribunal des flagrants délires)
- « Il parlait en anglais et en gesticulant. » (Frédéric Dard)
- « Il lui fit l'amour et des zeugmes au plat. » (Hervé Le Tellier)
- « On devrait faire l'amour et la poussière. » (Zazie)
- « Ils s'enfoncèrent, l'un dans la nuit, l'autre un clou dans la fesse droite. » (Pierre Dac)
- « Alors elle va s' manger une pizza Au jambon et au centre commercial » (Renaud, Le retour de la Pépette)
- « J'avais le rouge au front et le savon à la main. » (Jacques Brel, Au suivant)
- « Il s'assoit sur une chaise et sur son passé » (PMB)
- « A l'aube de ce jour nouveau, je décidais d'aller chasser le gibier à plume et mes idées noires. » (Cédric Bosquet)
Définition
Reprenons l'exemple d'Hugo:
Vêtu de probité candide et de lin blanc
(Victor Hugo, Booz endormi.)Les deux expressions probité candide et lin blanc (blanc renvoyant également à l'étymologie de candide en latin) relèvent de registres sémantiques différents: la première est abstraite (qualité de probité) et la deuxième est concrète (le lin est une fibre naturelle). Ces deux expressions sont rattachées par le même lien syntaxique qui est un participe : vêtu commençant le vers ; les deux expressions sont donc attelées au même mot recteur. C'est donc le contraste entre cette construction syntaxique identique et l'écart sémantique qu'elle suggère qui donne à la phrase sa spécificité, contraste se fondant sur l'ellipse dans le second membre de la phrase du verbe conjugué vêtu.
Faire un zeugme c'est rattacher deux éléments, qui ne peuvent être mis sur le même plan, sémantiquement, à un terme commun, éventuellement — mais non nécessairement — dans le cadre d'un parallélisme. Il s'agit alors d'une figure qui provoque un effet de surprise, souvent comique, parfois poétique. Pour parler de zeugme, il faut que les deux éléments rattachés n'entretiennent de prime abord aucun lien, sémantique.
Le zeugme peut atteler deux constructions, on parle alors de double zeugma : « Il posa son chapeau, puis la question : voudriez-vous me donner l'heure et un timbre ? »
Le zeugme permet principalement d'associer les registres abstrait et concret en une même construction, comprenant ainsi la figure de l'attelage, par volonté ironique souvent. La figure appartient en effet à la classe des jeux de mots, proche du calembour ou du burlesque lorsque l'attelage est trivial.
Historique de la notion
En fonction de la cohérence sémantique apportée par le zeugme on distingue trois types d'extensions de la figure : faible, fort et paradoxal[1].
Figures proches
- Figure "mère": jeu de mots
- Figures "filles": attelage
- Paronymes:
- Synonymes: syllepse de sens, concaténation.
- Antonymes: aucun
Notes et références
Voir aussi
Liens externes
- zeugme selon l'Office québécois de la langue française
- article zeugme dans le Dictionnaire International des Termes Littéraires (DITL)
Bibliographie
- Guiraud, P.– Les jeux de mots.– Paris: PUF, 1967.
Bibliographie des figures de style
- Quintilien (trad. Jean Cousin), De L’institution oratoire, t. I, Les Belles Lettres, coll. « Bude Serie Latine », Paris, 1989, 392 p. (ISBN 2251012028)
- Antoine Fouquelin, La Rhétorique Françoise, A. Wechel, Paris, 1557
- César Chesneau Dumarsais, Des tropes ou Des diferens sens dans lesquels on peut prendre un mème mot dans une mème langue, Impr. de Delalain, 1816, 362 p..
Nouvelle édition augmentée de la Construction oratoire, par l’abbé Batteux. Disponible en ligne
- Pierre Fontanier, Les figures du discours, Flammarion, Paris, 1977 (ISBN 2080810154)
- Patrick Bacry, Les figures de style : et autres procédés stylistiques, Belin, coll. « Collection Sujets », Paris, 1992, 335 p. (ISBN 2-7011-1393-8 (br.))
- Bernard Dupriez, Gradus,les procédés littéraires, 10/18, coll. « Domaine français », Paris, 2003, 540 p. (ISBN 2264037091)
- Catherine Fromilhague, Les figures de style, Armand Colin, coll. « 128 Lettres », Paris, 2007 (ISBN 978-2-2003-5236-3)
- Georges Molinié et Michèle Aquien, Dictionnaire de rhétorique et de poétique, LGF - Livre de Poche, coll. « Encyclopédies d’aujourd’hui », Paris, 1996, 350 p. (ISBN 262531-3017-6)
- Henri Morier, Dictionnaire de poétique et de rhétorique, Presses Universitaires de France, coll. « Grands Dictionnaires », Paris, 1998 (ISBN 2130493106)
- Michel Pougeoise, Dictionnaire de rhétorique, Armand Colin, Paris, 2001, 16×24 cm, 228 p. (ISBN 9782200252397)
- Olivier Reboul, Introduction à la rhétorique, Presses Universitaires de France, coll. « Premier cycle », Paris, 1991, 15 cm × 22 cm, 256 p. (ISBN 2-13-043917-9)
- Van Gorp, Dirk Delabastita, Georges Legros, Rainier Grutman et al., Dictionnaire des termes littéraires, Honoré Champion, Hendrik, 2005, 533 p. (ISBN 978-2745313256)
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Catégorie : Figure de style
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