Pierre Desproges

Pierre Desproges
Pierre Desproges
Pierre Desproges sur scène (1985)
Pierre Desproges sur scène (1985)

Naissance 9 mai 1939
Pantin
Décès 18 avril 1988 (à 48 ans)
Paris
Nationalité Drapeau de France France
Profession Humoriste
Autres activités Journaliste
Pierre Desproges (2e personne sur la gauche) à Châlus, le 26 septembre 1958.
Tombe au cimetière du Père-Lachaise en 2005.

Pierre Desproges, né le 9 mai 1939 à Pantin, mort le 18 avril 1988 à Paris, est un humoriste français réputé pour son humour noir, son anticonformisme virulent et son sens de l'absurde.

Sommaire

Biographie

Pierre Desproges, issu d'une famille de commerçants de Châlus, était un mauvais élève à l'école[1]. Il passe une partie de son enfance à Luang Prabang (Laos) où son père enseigne le français. En 1959, il part pour vingt-huit mois en Algérie où il doit accomplir un service militaire dont il garde un souvenir exécrable. Ne sachant trop que faire pour gagner sa vie, il entreprend des études de kinésithérapie qu'il abandonne assez vite, il écrit des photo-romans qu'il confectionne avec ses amis (et qui paraissent), il vend des assurances-vie (qu'il rebaptise assurances-mort) puis des poutres en polystyrène expansé[2].

Il devient ensuite journaliste à l'Aurore où il entre grâce à son amie d'enfance, la journaliste Annette Kahn. Son chef de service aux informations générales, Jacques Perrier, qui ne le supporte pas, le fait renvoyer. Il travaille alors dans le journal hippique du même groupe de presse Paris Turf. Lorsque Perrier est à son tour licencié, Bernard Morrot, qui est nommé pour le remplacer, le fait revenir à l'Aurore et lui confie une rubrique de brèves insolites à l'humour acide que Pierre Desproges appelle la « rubrique des chats écrasés ». Jugé un peu trop caustique, il évite son licenciement grâce à Françoise Sagan (qu'il interviewera pour « le Petit Rapporteur ») qui écrit une lettre au journal en affirmant qu'elle n'achète l'Aurore que pour la rubrique de Desproges[3]. Remarqué par ses confrères de la télévision, il devient chroniqueur dans l'émission télévisée le Petit Rapporteur, sur TF1. Sa prestation dans cette émission dominicale de Jacques Martin, au côté de son complice Daniel Prévost, demeure gravée dans l'esprit des amateurs d'humour noir et de cynisme. Il claque la porte car il est coupé de plus en plus souvent au montage. Après ces oppressions, il se réinstalle à l'Aurore, car il s'y sent mieux.

Il participe ensuite à plusieurs émissions de radio sur France Inter :

  • en 1978 et 1979, il anime en compagnie de Thierry Le Luron l'émission hebdomadaire les Parasites sur l'antenne ;
  • en 1980 et 1981, il participe à Charlie Hebdo avec une petite chronique intitulée Les étrangers sont nuls ;
  • entre 1980 et 1983, il est le procureur du Tribunal des flagrants délires en compagnie de Claude Villers et de Luis Rego. Ses féroces réquisitoires commencent invariablement par son célèbre : « Françaises, Français, Belges, Belges, public chéri, mon amour... » pour se terminer par une sentence sans appel : « Donc, l'accusé est coupable, mais son avocat vous en convaincra mieux que moi. » ;
  • il anime en 1986 une chronique quotidienne intitulée Chronique de la haine ordinaire, où il s'en prend aux sujets le faisant bouillir, à travers des coups de gueule de deux ou trois minutes environ.

En 1982, il collabore quelques mois au scénario de l'émission Merci Bernard sur FR3.

Il assure également sur cette chaîne, entre 1982 et 1984 (cent émissions), une chronique intitulée La Minute nécessaire de Monsieur Cyclopède qui, selon lui, divise la France en deux : « Les imbéciles qui aiment et les imbéciles qui n'aiment pas. »

Sur les conseils de Guy Bedos, il est également monté sur scène en 1984 et 1986.

Il est mort d'un cancer le 18 avril 1988 et est enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris (division 10). Sa tombe est située juste en face de Michel Petrucciani et non loin de Frédéric Chopin, Claude Chabrol et Mano Solo. Sa maladie n'avait pas été rendue publique et malgré ses textes contenant des références répétées au cancer, lui-même ne se savait pas atteint d'un cancer, il a par la suite été opéré d'un nodule, mais a toujours évité d'en savoir plus sur sa maladie[4].

Un humour grinçant

Le collège Pierre Desproges à Châlus.

Célèbre pour son humour grinçant mis en valeur par une remarquable aisance littéraire, Desproges s'est notamment illustré avec des thèmes souvent évités, quoique mal à l'aise face à certaines personnes, « stalinien pratiquant », « terroriste hystérique » ou « militant d'extrême-droite »[5]. Comme il le disait lui-même : « On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde »[6].

Ses traits d'humour révèlent généralement un personnage bon vivant, individualiste et anticonformiste, bien que sa prédilection pour les provocations destinées à prendre en permanence son public à contre-pied des positions convenues le rende difficilement classable.

Il n'hésite pas à s'attaquer aux sujets les plus sensibles avec une verve féroce.

Contrairement à ce que prétend la légende, ce n'est pas lui qui a rédigé la dépêche annonçant sa mort (« Pierre Desproges est mort d'un cancer. Étonnant, non ? » en référence à la phrase de conclusion rituelle sur FR3 de La Minute nécessaire de Monsieur Cyclopède), mais Jean-Louis Fournier, réalisateur de la Minute nécessaire et proche de Desproges. Au départ, cette dépêche devait être « Pierre Desproges est mort d'un cancer sans l'assistance du professeur Schwartzenberg », proposée par Hélène Desproges. Mais elle a finalement renoncé à inclure cette précision afin d'éviter d'éventuelles poursuites.

Ses thèmes favoris

Certains thèmes revenaient de manière fréquente dans ses sketchs : les plaisirs hédonistes (les femmes, la bonne chère, le vin, etc.), mais aussi le cancer, la mort sous toutes ses formes, ou encore le nazisme, l'antisémitisme et toutes les formes de racismes sont parmi les sujets qu'il aborde fréquemment. Certains éléments narratifs reviennent également, à la manière de gimmicks, dont voici quelques exemples hautement ironiques :

  • son individualisme viscéral, qui lui fait fuir instinctivement toutes les formes de groupes, qui ne sont pour lui que des lieux où s'exprime la bêtise sous toutes ses formes : « Quand on est plus de quatre, on est une bande de cons, alors a fortiori moins de deux c'est l'idéal » ;
  • il prend souvent Dieu à témoin : « Dieu me tripote », « Dieu me turlute », « Einstein, Dieu ait son âme… et moi-même, Dieu lâche la mienne… », le remerciant parfois : « Merci mon Dieu » ;
  • il parle de Hitler, s'étonnant du sentiment général d'antipathie qu'il inspire, parlant alors du « chancelier Hitler », se demandant si ce qui déplaît le plus aux gens chez lui, « c'est le peintre ou l'écrivain »[7] ;
  • idem avec Himmler, à qui il attribue des citations équivoques, comme « Qu'on puisse être juif et allemand, moi, ça me dépasse, il faut choisir son camp. »[8], « On ne peut pas être à la fois au four et au moulin » ou encore « Mieux vaut entendre ça que d'être juif » ;
  • il fait référence à la Collaboration comme « l'amitié franco-allemande », disant que c'était « un moyen d'apprendre une jolie langue étrangère à peu de frais » ;
  • toujours dans cette veine, il s'étonne de la disparition du nazisme, « tombé en désuétude après 1945 »[9] ;
  • il s'en prend aux jeunes, et plus particulièrement « à leurs problèmes de jeunes, quoi » tout en conseillant aux vieux « de mourir sans les déranger » ;
  • les auditeurs et lecteurs sont malmenés, « sous-doués végétatifs gorgés d'inculture crasse et de Coca-Cola tiède »[10], « drogués de télévision » ;
  • la Seine-et-Marne, le 77 et Vierzon reviennent souvent ;
  • l'armée en prend également pour son grade, par exemple lors du réquisitoire contre Jacques Séguéla, où il profite de son temps de parole pour asséner « En 1939 déjà, tout le monde, en France, savait que le général Gamelin était un con, sauf les militaires. C'est ça, un secret militaire. » ;
  • l'Académie française, « gérontodrome » où les quarante « papy-la-tremblotte » se réunissent, pour que chacun se « déguise périodiquement en guignol vert avec un chapeau à plumes à la con et une épée de panoplie de Zorro », le tout afin de savoir « s'il y a un N ou deux à zigounette »[11] ;
  • Julio Iglesias, Tino Rossi (« le jour de la mort de Tino Rossi, j'ai repris deux fois des moules »), « roucouleur radiophonique », Francis Lalanne et le groupe Indochine font partie de ses têtes de Turc de la musique ;
  • Yves Montand, dont il raille plusieurs fois dans ses spectacles les prises de position politiques ;
  • viennent également, en vrac : le Boléro de Ravel, dont il ne connaît jamais l'auteur (« Mozart était tellement précoce, qu'à huit ans et demi, il avait déjà composé le Boléro de Ravel... ! »; la paroisse Saint-Honoré-d'Eylau, représentative du catholicisme bourgeois ; la « Tata Rodriguez » et ses « improbables préparations à base de morue, envoyées par paquet fado » à Luis Rego ; la Troisième Guerre mondiale imminente ; son amour des femmes (« plus je connais les hommes, plus j'aime mon chien ; plus je connais les femmes, moins j'aime ma chienne ») qui n'a d'égal que son amour des bons vins de Saint-Émilion, dont le Figeac 71 ; sa haine du sport en général et du football en particulier, notamment du duel Saint-Étienne-Sochaux.

Œuvres

Posthumes

Diffusion sur Internet

En septembre 2008, les ayants droit de Pierre Desproges ont passé un accord avec le site Dailymotion pour mettre en ligne des vidéos de l'humoriste, diffusant gratuitement et légalement de nombreux sketches[12].

Filmographie

Discographie (45 tours)[13]

  • A bobo bébé, Garima, 1977
  • Ca, ca fait mal à l'ouvrier, RCA, 1986

Voir aussi

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Liens internes

Liens externes

Notes et références

  1. Interview de Pierre Desproges par les Inrocks
  2. Deuxième épisode du Feuilleton Desproges (France Inter)
  3. « Je ne lis pas l'Aurore mais je l'achète chaque matin pour Desproges », Françoise Sagan (Desproges, portrait de Marie-Ange Guillaume (ISBN: 9782757803653)
  4. Dixième et dernier épisode du Feuilleton Desproges (France Inter) et Pierre Desproges «Je ne suis pas n'importe qui», émission diffusée le 3/10/2011 à 21h35 sur France 5
  5. Réquisitoire contre Jean-Marie Le Pen.
  6. Interview Télérama du 24 novembre 1982
  7. Lors de son réquisitoire contre Gérard Zwang.
  8. Lors de son réquisitoire contre Daniel Cohn-Bendit.
  9. Dans l'article National-socialisme de son Dictionnaire.
  10. Réquisitoire contre Léon Zitrone.
  11. Lors de son réquisitoire contre Jean d'Ormesson.
  12. Desproges part en live sur Internet, Desourcesure.com, 12 septembre 2008
  13. http://www.bide-et-musique.com/artist/1290.html

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Pierre Desproges de Wikipédia en français (auteurs)

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