Théâtre baroque

Théâtre baroque

Baroque

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L’Adoration de Pierre Paul Rubens : une structure dynamique de formes qui s’enroulent en spirale autour d’un espace vide : d’éclatantes draperies, un souffle de mouvements éclairés par une flèche de lumière, peints avec une brillante maîtrise émancipée.

Le baroque est un style qui naît en Italie à Rome, Mantoue, Venise et Florence à la charnière des XVIe et XVIIe siècles et se répand rapidement dans la plupart des pays d’Europe. Il touche tous les domaines artistiques, sculpture, peinture, littérature, architecture et musique et se caractérise par l’exagération du mouvement, la surcharge décorative, les effets dramatiques, la tension, l’exubérance et la grandeur parfois pompeuse.

Il poursuit le mouvement artistique de la Renaissance artistique, le néoclassicisme lui succède à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle.

Sommaire

Naissance du concept de baroque

Le terme Baroque vient du portugais « barroco » qui signifie de forme irrégulière à propos d'une perle, d'une pierre. (Toutefois le substantif barroco désigne d'abord un gros rocher à la rondeur irrégulière, ou encore un fossé, un ravin[1] ; dans les deux cas, le terme semble contenir une idée d'irrégularité).

Le terme « baroque » dans son sens actuel, comme la plupart des périodes ou désignations stylistiques, a été inventé postérieurement par la critique d'art et non par les praticiens des XVIIe et XVIIIe siècles. Ceux-ci ne se pensaient pas baroques mais classiques. Ils utilisent les formes du Moyen Âge, les ordres classiques, les frontons, toute une modénature classique issue des modèles gréco-romains. Il est né a Rome à la fin du XVIe siècle. En français, le terme est attesté dès 1531 à propos d'une perle, à la fin du XVIIe siècle au sens figuré.[2]

Le mot pourrait également provenir d'une appellation latine d'un syllogisme : baroco, syllogisme qui est en fait un erroné.[réf. nécessaire]

En 1694 (en pleine période baroque donc), le mot, pour l’Académie française « se dit seulement des perles qui sont d’une rondeur fort imparfaite. Un collier de perles baroques »[3]. Près d’un siècle plus tard, en 1762, alors que le baroque s’achève, outre sa première signification, et toujours selon la même Académie, « il se dit aussi au figuré, pour irrégulier, bizarre, inégal. »[4]. Au XIXe siècle, pour la sixième édition de son dictionnaire, l’Académie inverse l’ordre des définitions : les perles passent au second rang et le sens figuré au premier. C’est en 1855 que, pour la première fois, le mot est utilisé pour décrire la période et l’art succédant à la Renaissance sous la plume de l’historien d’art suisse Jacob Burckhardt dans Le Cicerone[5]. Ça n’est pas un hasard si c’est dans le monde allemand que naît cette acception du mot, les Français et les Anglais disposent de leurs rois pour décrire l’évolution des styles (voir style Louis XIV, etc.) alors qu’à l’époque, l’Allemagne est divisée en une myriade de micro-États, le Kleinstaaterei.

Il faut attendre une génération et 1878 pour que le « style baroque » fasse son entrée dans le Dictionnaire de L’Académie française et que la définition perde un peu de son caractère dépréciatif[6]. Il est vrai que l’impératrice Eugénie a remis au goût du jour les mignardises et le style Louis XV et qu’est né, ce que nous appelons le néobaroque[7] : la réhabilitation peut commencer et Wölfflin écrire son œuvre pour nous éclairer sur ce qu’est ce baroque si complexe, tourmenté, irrégulier et, au fond, plus fascinant que bizarre…

L’historien d’art d’origine suisse Heinrich Wölfflin (1864–1945) Renaissance et Baroque [8] définit le baroque comme un « mouvement importé en masse », un art antithèse de l’art de la Renaissance. Il ne fait pas de distinctions entre le maniérisme et le baroque, ce que font les auteurs modernes, et il ignore sa phase plus récente, le rococo qui s’épanouit dans la première moitié du XVIIIe siècle. En France et en Grande-Bretagne, son étude n’est prise au sérieux qu’à partir de l’influence prédominante que Wölfflin acquiert au sein de l’école germanique.

Articles détaillés : baroque ancien, baroque moyen et rococo.

Prémices

Les idées germinales du Baroque se retrouvent dans le travail de Michel-Ange. Le style baroque débute aux alentours de 1580.

Les historiens de l’art, souvent protestants, ont traditionnellement accentué le fait que le style baroque évoluait à une époque où l’Église catholique réagissait face à plusieurs mouvements culturels produisant une nouvelle science et de nouvelles formes de religions – la Réforme. On a dit que le baroque monumental était un style que la papauté pouvait instrumentaliser, comme le firent les monarchies absolues, en imposant une voie d’expression à même de restaurer son prestige, au point de commencement symbolique de la Contre-Réforme catholique. Que ce fut ou non le cas, son développement eut du succès à Rome où l’architecture baroque renouvela largement le centre-ville ; peut-être la plus importante rénovation urbanistique.

Diffusions

La popularité et le succès du baroque sont encouragés par l’Église catholique quand elle décida que le côté dramatique du style des artistes du baroque pouvait promouvoir des thèmes religieux avec une implication directe et émotionnelle. C’est un art du catholicisme tel qu'il fut défini entre 1545-1563 par le Concile de Trente, dont le décret le plus significatif est le « Décret sur l’innovation et les reliques des saints, et sur les images saintes ». C’est donc un art de la Contre-Réforme. Cependant, il connaîtra de fortes résistances dans les pays acquis à la Réforme, où se développera un art protestant. L’Angleterre restera en outre un important centre de refus, la France également.

L’aristocratie laïque considérait également l’effet dramatique des arts et de l’architecture baroque comme une façon d’impressionner leurs visiteurs et leurs éventuels rivaux. Les palais baroques sont constitués d’une succession de cours à l’entrée, d’antichambres, de grands escaliers et de salles de réception, dans un ordre de splendeur croissante. De nombreuses formes d’art - musique, architecture et littérature - s’inspirent les unes des autres au sein de ce mouvement culturel.

Le charme du style baroque se transforme consciemment, passant de la finesse, des qualités intellectuelles de l’art maniériste du XVIe siècle au charme viscéral visant les sens. Il emploie une iconographie directe, simple, évidente et dramatique. L’art baroque s’inspire dans une certaine mesure des tendances héroïques d’Annibale Carracci et de son cercle, et trouve l’inspiration à travers d’autres artistes comme Le Corrège et Le Caravage et Federico Barocci, qualifiés parfois de nos jours de « proto-baroques ».

On oppose souvent l’art des Carraches (les frères et cousin) à l’art du Caravage par les termes de classique et baroque, ce sont deux influences opposées au niveau plastique (ce qui fut définit par Wölfflin) qui vont avoir beaucoup d’influences sur leurs successeurs.

Prométhée, de Nicolas-Sébastien Adam, 1737 (Musée du Louvre): un fiévreux tour de force rempli de tensions contrastées, de multiples angles et points de vue, et d’intense émotion.

Le Baroque tardif ou Rococo succède au Baroque classique, au XVIII° s. Il apparaît dès la fin du XVII s en Allemagne, en Autriche et en Bohême. Le goût de la beauté sensuelle apporte une composition plus libre au caractère systématique du Baroque du XVII° s. L'ornementation se multiplie, devient riche et fantaisiste. Les fresques en trompe-l'œil, les escaliers, les nymphées et les sculptures allégoriques vont jusqu'à la surcharge des églises, des châteaux et des fontaines. Vienne, Londres, Dresde, Turin, l'Allemagne du Sud et la Bohême en adoptent toutes les audaces. Le plaisir des yeux est impératif autour du "capriccio" exhubérant du Baroque tardif, comme la fontaine de Trevi à Rome (1732-1762) par Salvi et l'escalier de Caserte près de Naples (1751-1758) par Vanvitelli.

Les espaces architecturaux s'ouvrent à Paris (place de la Concorde), à Bordeaux (place de la Bourse), à Nancy (place Stanislas). En Autriche, Fischer von Erlach et Lucas von Hildebrandt rivalisent d'architecture fantastique. En Bavière, les abbayes rurales se couvrent d'angelots. Les frères Adam sont célèbres à Munich Le Rococo de Bohême, de Moldavie et d'Allemagne du Sud orne les églises de pèlerinage, comme à Wies où les murs croulent sous les effets de dorures sur fond blanc.

Les colonies américaines de l'Espagne et du Portugal influencent le style plateresque ibérique. En France, les disciples de Mansart se tournent vers les hôtels particuliers et leur décor intérieur, visibles dans le faubourg Saint-Germain et dans le Marais ou encore sur les boiseries extraordinaires de Rambouillet.

Caractéristiques

Le baroque a été défini par Heinrich Wölfflin comme l’époque où l’ovale remplace le cercle au centre de la composition, équilibre substitué de la centralisation, effets de couleur et de peinture commencèrent à devenir de plus en plus proéminents.

Quelques générales analogies en musique rendent utile l’expression « musique baroque ». Des phrases aux longueurs contrastées, l’harmonie et le contrepoint délogent la polyphonie, et les couleurs orchestrales apparaissent plus souvent. (Cf musique baroque). Une fascination semblable avec une expression simple, forte, dramatique, où les rythmes clairs, amples, syncopés remplacent les comparaisons métaphysiques, sophistiquées et entrelacées de maniéristes comme John Donne. On ressent l’imagination fortement influencée par les développements visuels de la peinture dans le Paradis Perdu de John Milton, une épopée baroque.

En peinture, l’expression Baroque est plus ample que l’expression Maniériste : moins ambiguë, moins obscure et mystérieuse, plutôt comme l’expression de l’opéra, une forme d’art baroque majeur. La pose baroque s’appuie sur le Contrapposto (« déhanchement »), une tension dans la forme qui déplace les plans des épaules et des hanches dans deux directions opposées. (XVIémé et XVIIe siècle).

Peinture

Enée fuyant Troie Federico Barocci, 1598 : une scène d’inspiration classique, figée en pleine action dramatique, où le plan de l’image éclate dans un balayage de perspectives diagonales.
Article détaillé : Peinture baroque.

Une définition de la signification de baroque en peinture est fournie par les séries de tableaux exécutés par Pierre Paul Rubens pour Marie de Médicis au Palais du Luxembourg à Paris (à présent au Louvre)[9], dans lesquels un peintre catholique satisfait aux exigences d’un mécène catholique : les conceptions de la monarchie à l’ère baroque, l’iconographie, la maîtrise de la peinture et les compositions tout comme la description de l’espace et du mouvement. De Caravaggio à Cortona, il y avait différentes ramifications dans l’école italienne baroque, tous deux approchant la dynamique émotionnelle dans des styles différents. Une autre œuvre fréquemment citée, Sainte Thérèse en extase du Bernin, pour la chapelle Cornaro de Sainte Marie de la Victoire, rassemble architecture, sculpture et théâtre dans une grandiose vanité.

Le style baroque tardif fait progressivement place à une décoration rococo, laquelle, cependant, contraste avec ce que l’on appela plus tard le baroque. Et en opposition au baroque on trouve l’art classique souvent directement assimilé à la France comme un art au service de la Monarchie.

Sculpture

En sculpture baroque, les ensembles de figures prirent une importance nouvelle, il y eut un mouvement dynamique et une énergie portée par les formes humaines – elles s’enroulent en volutes autour d’un tourbillon central, ou atteignent vers l’extérieur les espaces alentours. Pour la première fois, la sculpture baroque eut plusieurs angles de vue idéaux. Une caractéristique de la sculpture baroque fut d’ajouter des éléments sculptés supplémentaires, par exemple, des éclairages dissimulés ou des fontaines.

L’architecture, les sculptures et les fontaines du Bernin (1598–1680) donnèrent les caractéristiques hautement chargées du style baroque. Le Bernin était sans aucun doute le plus important sculpteur de la période baroque. Il s’approcha de Michel-Ange, du point de vue de ses compétences multiples : le Bernin sculptait, travaillait comme architecte, peignait, écrivait des pièces et mettait en scène des spectacles. À la fin du XXe siècle, le Bernin était très reconnu pour sa sculpture, à la fois pour sa virtuosité à tailler le marbre et sa capacité à créer des formes alliant physique et esprit. C’était aussi un bon sculpteur de bustes très demandé des puissants.

La chapelle Cornaro : le chef d’œuvre d’art total

La Transverbération de sainte Thérèse (1645–52), créée pour la chapelle Cornaro de l’église Sainte-Marie-de-la-Victoire à Rome, nous aide à comprendre le baroque. La chapelle conçue pour la famille Cornaro comme un espace auxiliaire sur un côté de l’église est un chef d’œuvre d’art total.

Vue d’ensemble de la Chapelle Cornaro et de la Transverbération de sainte Thérèse.

Le Bernin a façonné une boîte en brique formant une scène sur laquelle se pâme une sainte Thérèse de marbre blanc entourée d’un encadrement architectural de marbre polychrome révélant une fenêtre pour éclairer la statue par le haut. En léger relief, les groupes de visages sculptés de la famille Cornaro occupent des loges, le long de deux murs latéraux de la chapelle. L’observateur est placé, comme un spectateur-témoin de l’extase mystique de la sainte. Thérèse d'Avila est fortement idéalisée dans un décor imaginaire. La statue relate son expérience mystique contée aux nonnes de l’ordre des carmélites. Elle y décrit l’amour de Dieu comme une flèche brûlante perçant son cœur. Le Bernin concrétise littéralement cette image en représentant un ange, une flèche d’or à la main, tel un Cupidon, dans une posture d’inclination au-dessus d’elle et lui souriant. La figure angélique plonge la flèche dans sons cœur ou la lui retire. Le visage de la sainte reflète l’anticipation de l’extase ou son épanouissement.

Le mélange de religion et d’érotisme, l’un des aspects du génie baroque, a longtemps choqué, soit la retenue néoclassique, soit la pudeur victorienne. Le Bernin, un dévot catholique, n’est pas tenté de faire la satire d’une religieuse mais d’incarner dans le marbre une vérité complexe tirée de l’expérience religieuse. Thérèse décrit sa réaction physique à l’illumination spirituelle dans un langage d’extase utilisé par de nombreux mystiques et la représentation du Bernin est sincère.

La famille Cornaro se promeut discrètement dans cette chapelle, elle est représentée latéralement, elle assiste à l’évènement depuis les balcons. Comme à l’opéra, les Cornaro ont une position privilégiée par rapport au spectateur, dans leur loge privée, au plus près de la sainte ; le spectateur néanmoins a une meilleure vue. C’est une chapelle privée, dans le sens où personne ne pouvait dire de messe à l’autel sous la statue (au XVIIe siècle et probablement jusqu’au XIXe) sans la permission de la famille ; mais la seule chose qui sépare l’observateur de l’image est la barrière de l’autel. Les fonctions de spectacle démontrent à la fois le mysticisme et la fierté de la famille.

Architecture

Le palais Wilanów en Pologne
Le palais de Ludwigsburg près de Stuttgart, le plus grand palais baroque
Melk, Wachau
Article détaillé : Architecture baroque.

Dans l’architecture baroque, l’accent est mis à la fois sur l’aspect massif et chargé, colonnades, dômes, clair-obscur, effets colorés de peinture, et le jeu chargé des volumes opposés au vide. Dans les intérieurs, le mouvement baroque se manifeste autour et à travers un savant escalier monumental sans précédent en architecture. L’autre invention du baroque que l’on retrouve dans les intérieurs du monde entier est l’appartement public, une succession processionnelle d’intérieurs de richesse croissante culminant avec l’emplacement de la chambre à coucher, de la salle du trône, ou d’une chambre publique. L’enchaînement de l’escalier monumental suivi de l’appartement public fut copié à moindre échelle partout dans les résidences aristocratiques de toutes prétentions.

L’architecture baroque fut reprise avec enthousiasme dans la partie centrale de l’Allemagne (cf par exemple le Palais de Ludwigsburg et le Palais Zwinger à Dresde), en Autriche et en Pologne (cf par exemple Wilanow et le palais de Bialystok). En Angleterre, le point culminant de l’architecture baroque fut incarnée par l’œuvre de Sir Christopher Wren, Sir John Vanbrugh et Nicholas Hawksmoor, de ~1660 vers ~1725. On retrouve de nombreux exemples d’architecture baroque et de plan de ville dans les autres villes d’Europe, ainsi qu’en Amérique hispanique. Les plans de ville de cette époque comprennent de rayonnantes avenues, avec des squares à leurs intersections, s’inspirant des plans des jardins baroques.

Danse

La danse baroque était populaire à l’époque baroque...Comme la danse classique, populaire a l'epoque classique.

Littérature et philosophie

Article détaillé : Littérature baroque.

En fait, le baroque exalte de nouvelles valeurs que l’on résume souvent à l’utilisation de métaphores et d’allégories, que l’on retrouve largement en littérature baroque, et en recherche de « maraviglia » (merveilleux, étonnement – comme dans le Maniérisme), et l’utilisation d’artifices. Si le maniérisme ouvrit une première brèche à la Renaissance, le baroque en fut la réponse opposée. On retrouva l’affliction psychologique de l’Homme – un thème abandonné après les révolutions de Copernic et de Luther dans la recherche d’un soutien solide, une preuve de l’ultime puissance humaine – à la fois dans l’art et l’architecture de la période baroque. Une part révélatrice des œuvres fut réalisée sur des thèmes religieux, depuis que l’Église catholique romaine était le principal « client ».

Les artistes recherchaient la virtuosité (et le virtuoso devint une forme commune d’art) avec le réalisme, soucieux du détail (certains parlent d’une « complexité » typique).

Le privilège donné aux formes extérieures devait composer et équilibrer le manque de contenu observé dans de nombreuses œuvres baroques : Maraviglia de Marino, par exemple, fut pratiquement réalisé à partir d’une forme primitive. Elles devaient susciter au spectateur, au lecteur, à l’auditeur, fantaisie et imagination. Toutes étaient focalisées sur l’homme en tant qu’individu, comme une relation directe avec l’artiste, ou directement entre l’art et ses utilisateurs, ses clients. L’art est alors moins distant de son utilisateur, s’approche de lui de manière plus directe, résolvant le fossé culturel qui tenait à l’écart l’art et l’usager l’un de l’autre, par Maraviglia. Mais l’attention croissante de l’individu, créa également avec ces principes quelques genres importants comme le Romanzo (roman) et met de côté d’autres formes populaires ou locales, en particulier la littérature dialectale, ce qu’il faut souligner. En Italie ce mouvement face au simple individu (que certains désignent comme un « descendant culturel », tandis que d’autres l’indiquent comme une cause possible de l’opposition classique au baroque) fut la cause du remplacement irrémédiable du latin par l’italien.

Dans la littérature anglaise, les poètes métaphysiques représentent un mouvement très apparenté ; leur poésie employait de la même façon d’inhabituelles métaphores, qu’ils examinaient souvent avec précision. Leurs vers manifestent un goût pour le paradoxe, et pour d’inhabituelles et délibérément inventives tournures de phrase.

Théâtre

Dans le domaine du théâtre, l’élaboration de vanités, de multiples changements d’intrigue, et une variété de circonstances caractéristiques du maniérisme (les tragédies de Shakespeare par exemple) sont supplantés par l’opéra qui regroupe tous les arts en un tout unifié.

Plusieurs auteurs écrivent des pièces de théâtre durant la période baroque tels que Corneille (Comédies, L'Illusion comique) et Molière (Dom Juan ou le Festin de pierre) en France ; Shakespeare (Roméo et Juliette) en Angleterre ; Tirso de Molina (Marthe la dévote, comédie ; le Trompeur de Séville, drame historique) et Lope de Vega(l’Etoile de Séville, Aimer sans savoir qui, comédies) ou Calderon (La Vie est un songe) en Espagne.

Le théâtre baroque peut se définir, dans un premier temps, comme le négatif du théâtre classique. À l’analyse intellectuelle, le baroque préfère l’émotion, la perception, à la recherche de la vraisemblance, le baroque promeut l’illusion, à l’unité de ton, le baroque privilégie l’inconstance et le paradoxe, à la simplicité, le baroque oppose la complexité.

En règle générale, la littérature baroque est marquée par une forte implication de la mort et du jeu de l’illusion. Comme dans les vanités en peinture, la mort est utilisée comme métaphore du temps qui passe, de l’irrémédiable, et de l’éphémère. Contrairement au romantisme, la mort ne représente pas une souffrance morale, mais plutôt une évidence métaphysique.

L’illusion est aussi caractéristique du baroque qui se présente, étymologiquement, comme une pierre précieuse à multiples facettes. Ainsi, nombreuses œuvres sont porteuses de diverses mises en abyme (peut aussi s'écrire "abîme") : dans l’Illusion Comique de Corneille, le public assiste au spectacle d’un père qui regarde son fils évoluer dans un milieu qui s’avère être de la comédie. De ce fait, l’auteur donne plus de force à son plaidoyer en faveur du théâtre et entraîne malgré lui le public à adhérer à son point de vue. Les personnages, tout comme le spectateur, sont, à un moment ou à un autre, victimes de l’illusion. Pridamant croit son fils mort au vers 977, Matamore croit en ses propres mensonges. L’Illusion Comique ne fait pas que parler du théâtre : par ses personnages, cette pièce convoque aussi d’autres genres littéraires répandus au XVIIe siècle. Clindor est un héros picaresque, c’est-à-dire audacieux et opportuniste, vagabond et aventurier, tandis qu’Alcandre semble être un avatar des mages présent dans les pastorales. De même, le personnage de Matamore correspond au type du soldat fanfaron présent dans les comédies latines.

L’illusion permet aussi de dire la vérité : on le voit dans la pièce Hamlet, de Shakespeare. Le jeune Hamlet sait que le roi actuel, son oncle, a tué son propre frère, autrement dit le père du jeune héros. Il fait représenter sous les yeux du roi une scène de meurtre semblable en tous points à celle que nous n’avons pas vue, mais que nous connaissons par le discours du fantôme du roi Hamlet assassiné par son frère. Le roi, devant cette représentation, quitte la scène. Dans cette pièce, illusion et vérité se rejoignent étrangement et provoquent ainsi un vertige chez le spectateur. Dom Juan de Molière met aussi en scène un caractère baroque : l’inconstance. Pour le Héros séducteur, « tout le plaisir de l’amour est dans le changement », cette thèse s’applique dans tous les domaines et rejoint ainsi le mouvement baroque.

L’esthétique baroque repose sur le mouvement, l’inconstance, la contradiction, l’antithèse. Les personnages passent d’une palette de sentiments à une autre. On est dans l’excès, le paroxysme. Le discours donne à voir plus qu’à entendre ; il s’agit de montrer, de convoquer les images par le procédé rhétorique de l’hypotypose. Alors que l’esthétique classique recherche l’unité, le baroque se complaît dans la pluralité, d’où son goût pour l’accumulation. Le baroque donne les deux versants d’une médaille : la vérité est indissociable du mensonge, comme le réel l’est du rêve, comme la vie l’est de la mort.

Au théâtre, le baroque est également traduit grâce à une certaine mise en scène (lumières, jeux, costumes, décors...) qui met en évidence les caractères du mouvement.

Musique

Article détaillé : Musique baroque.

En musique, le baroque s’applique à la fin de la période de la domination du contrepoint imitatif.

Né dans une Italie où les idées fusaient mais ne se déplaçaient qu’au rythme des transports de l’époque, on constate en ces années 1600 le développement parallèle de genres constituant peu à peu ce que l’on a appelé ensuite la musique baroque. Ces aventures musicales sont liées à des villes ou des régions bien distinctes : L’Orfeo de Monteverdi créé en 1607 à Mantoue marque traditionnellement la naissance de l’opéra. On note la naissance du genre Oratorio à Rome avec La Rappresentazione di Anima e di Corpo d’Emilio de Cavalieri en février 1600.

À Venise entre 1550 et 1610, plus précisément dans la basilique Saint Marc, se développe un style polychoral avec Gabrieli et Merulo qui donne à l’Europe une des musiques les plus grandioses et les plus sonores qui aient été composées jusqu’alors, impliquant plusieurs chœurs de chanteurs, des cuivres et des cordes répartis dans des emplacements différents de la Basilique.

Le terme baroque est utilisé pour désigner à la fois le style de musique composé au cours de la période chevauchant celle de l’art baroque, et également celui d'une période légèrement plus tardive. Jean-Sébastien Bach et Haendel, voire Gioacchino Rossini sont souvent considérés comme leurs figures culminantes. L’étendue des points communs de la musique baroque avec les principes esthétiques des arts graphiques et littéraires de la période baroque est encore une question débattue. L’amour de l’ornementation est un élément commun assez clair, et il est peut être significatif que le rôle de l’ornement fut grandement diminué à la fois en musique et en architecture lorsque la période classique remplaça le baroque. On peut noter que l’application du terme « baroque » à la musique est un développement relativement récent : le premier usage du mot appliqué à la musique apparut seulement en 1919, inventé par Curt Sachs. Il fallut attendre 1940 pour qu’il fût employé pour la première fois en anglais (dans un article publié par Manfred Bukofzer) ; même à la fin des années 1960, il y avait encore d’importants désaccords dans les cercles académiques pour déterminer si une musique aussi variée que celle de Jacopo Peri, François Couperin et J.S. Bach pouvait être regroupée, de façon sensée, sous une même appellation.

L’opéra nait durant l’époque baroque à l’écart de l’expérience de Florentine Camerata, les créateurs de la monodie, qui tentèrent de recréer les théâtres des arts de la Grèce antique. Effectivement, c’est exactement l’événement qui est souvent présenté comme le début de la musique baroque vers 1600.

Néo-baroque : le foyer de l’Opéra de Charles Garnier, Paris, plan datant du Second Empire, 1861, ouvert finalement en 1875

Le néobaroque

Article détaillé : néobaroque.

Voir aussi

Notes et références

  1. Olívio da Costa Carvalho, Dicionário de português-francês, Porto Editora, 1996 (ISBN 972-0-05011-X)
  2. Albert Dauzat & al., Dictionnaire étymologique Larousse, 1989 (ISBN 2-03-710006-X)
  3. Dictionnaire de L’Académie française, 1re édition. en ligne
  4. Dictionnaire de L’Académie française, 4e édition. en ligne.
  5. Source : Claude Lebédel, Histoire et splendeurs du baroque en France, édition Ouest-France, Rennes, 2003.
  6. Dictionnaire de L’Académie française, 7e édition. F. Didot, Paris, 1878 en ligne
  7. On rappellera les mots de Charles Garnier répondant à l’impératrice qui lui demandait de quel style était l’Opéra Garnier qu’il présentait : « c’est du Napoléon III, votre Altesse… » tant était devenu indéfinissable le style en vogue mélangeant Renaissance, néoclassicisme et style Louis XV.
  8. Heinrich Wölfflin, Renaissance und Barock: Eine Untersuchung über Wesen und Entstehung der Barockstils in Italien, 1888
  9. The Life of Marie de' Medici

Bibliographie

  • Germain Bazin, Baroque et Rococo, Thames & Hudson, coll. « Univers De L’art », Paris, 1964, rééd. 2004 (ISBN 2878110730)
  • Germain Bazin, Destins du baroque, Hachette Groupe Livre, Paris, 1968
  • Yves Bottineau, L’Art baroque (1986), Citadelle & Mazenod, Paris, rééd. 2006, (ISBN 978-2850880216)
  • Gilles Deleuze, Le Pli - Leibniz et le baroque, Les éditions de Minuit (coll. « Critique »), Paris, 1988, 191 p.
  • Dominique Fernandez, photographies de Ferrante Ferranti. La perle et le croissant/L’Europe baroque de Naples à Saint-Pétersbourg, Omnibus, coll. « Terres Humaines », Paris, 1995, trad. Agathe Rouart-Valéry, éd. Gallimard, Paris, coll. « Folios essais », 1935, rééd. 2000, (ISBN 2070413411)
  • (en) Michael Kitson, The Age of Baroque, éd. McGraw-Hill, Londres, 1966,
  • (en) John Rupert Martin, Baroque (Style and civilization), éd. Viking, 1977, (ISBN 978-0713909265)
  • Benito Pelegrín, Figurations de l’infini, l’âge baroque européen, le Seuil, Paris, 2000, 456 pages, (ISBN 2020147017)
  • Benito Pelegrín, D'un Temps d'incertitude, Éditions Sulliver, Paris, 2008.
  • Victor-Lucien Tapié, Baroque et classicisme, Hachette, coll. « Pluriel Référence », 1957, réédition 1980, (ISBN 2012792766)
  • Victor-Lucien Tapié, Le Baroque, PUF, coll. « Que sais-je », Paris, 2000, (ISBN 213052849X)
  • Heinrich Wölfflin, Renaissance et baroque, éd. G. Monfort, collection « Imago Mundi », Brionne, 1997, (ISBN 2852265370)
  • Yves Bonnefoy, Rome, 1630 - L'horizon du premier baroque, Flammarion, Paris 2000

Articles connexes

  • néobaroque
  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Baroque ».

Liens externes

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Voir « baroque » sur le Wiktionnaire.

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