- Peinture baroque
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La peinture baroque est liée au mouvement culturel baroque (XVIe - XVIIe siècle) qui est souvent assimilé à l’absolutisme et à la Contre-Réforme.
Sommaire
Présentation
Le Concile de Trente (1545-1563), au cours duquel l’Église catholique romaine doit répondre à des questions de réforme interne, soulevées tant par les protestants que par ses propres membres, encourage la création artistique, comme support de dévotion mais également comme outil d'enseignement[1]. Les œuvres doivent illustrer la doctrine sans la trahir[2]. Et l'utilité des représentations imagées pour une masse peu instruite est reconnue[3].
C’est pourquoi l’art baroque s’est concentré sur les saints, la Vierge Marie et d’autres épisodes bien connus de la Bible. Cette conception populiste du rôle de l'art sacré est vue par beaucoup d’historiens d’art comme l’un des éléments ayant conduit aux innovations de Caravage et des frères Carracci qui officiaient (et se faisaient concurrence pour obtenir des commissions) à Rome vers 1600.
Cependant, bien que la peinture religieuse, la peinture d'histoire, les allégories et les portraits étaient encore considérés comme les sujets les plus nobles, le paysage et les scènes de genre étaient également très répandues.
L’art baroque est caractérisé par des couleurs riches et profondes, les jeux d’ombres et de lumières intenses. Contrairement à la peinture de la Renaissance, qui dépeint habituellement un évènement avant qu’il n’ait lieu, les artistes baroques ont une approche plus dramatique en représentant l’action en train de se produire. L’art baroque est réputé pour évoquer l’émotion et la passion et non la rationalité et le calme qui se dégage de la peinture de la Renaissance.
Caractéristiques
Au niveau de la composition picturale, la peinture baroque se caractérise tout d'abord par l'utilisation de nombreuses couleurs chaudes et vives qui vont du rose au blanc en passant par le bleu. Ensuite, les contrastes sont très présents, avec des jeux de lumière et d'ombre qui peuvent être utilisés, par exemple, pour mettre en avant la masse musculaire de l’homme. Pour s’opposer à la Renaissance, qui a un éclairage de la toile uniforme, l’éclairage de la toile baroque se fait par taches. Cette technique attire notre attention sur certaines zones et en laisse d’autres dans la pénombre (utilisation du clair-obscur).
Toujours dans un esprit de contradiction avec la Renaissance, la toile baroque donne des expressions faciales aux personnages présents sur la toile pour faire passer des sentiments. Elle représente aussi principalement une asymétrie (l’action de la toile n’est pas spécialement au centre). Les lignes de force de la toile ne sont plus uniquement horizontales ou verticales mais également obliques ou courbes, ce qui a pour effet de donner une position instable aux personnages et une impression de mouvement. Cette impression de mouvement peut être renforcée par des drapés agités par le vent (vêtements en référence à l’antiquité ou bien disposés comme des rideaux pour faire une théâtralisation de la scène).
Le baroque s’oppose donc par divers critères à la Renaissance car c’est une période de rupture qui veut représenter le changement. C’est pour cela que les toiles baroques ont généralement une symbolique du changement, de la métamorphose, qui est parfois représentée par l’impression de mouvement qui se trouve dans la toile. Le mouvement a donc une place très importante dans la peinture baroque.
« La lumière, traversant la lentille et impressionnant l’émulsion sur la pellicule, ne parvient à reproduire qu’un aspect du mouvement. Mais le mouvement est une suite ininterrompue d’attitudes : le cinéma au ralenti l’a révélé. L’esprit de l’artiste baroque saisit ces aspects successifs et les condense en une seule image »
— P. Charprentrat, L’art baroque, Vendôme, Imprimerie des presses universitaires de France,1967.
Les peintres baroques abordent généralement des thèmes artistiques tirés des légendes et contes bibliques ou mythologiques.
Peintres baroques notables
- Hollandais : Rembrandt, Frans Hals, Ruisdael, Johannes Vermeer, Jan Steen
- Espagnols : Francisco Ribalta (1565-1628) José de Ribera (1591-1652), Francisco de Zurbarán (1598-1664), Diego Velázquez (1599-1660), Alonso Cano (1601-1667), Bartolomé Esteban Murillo (1617-1682), Juan de Valdés Leal (1622-1690)
- Flamands : Peter Paul Rubens, Antoine Van Dyck, Jacob Jordaens, Jan Brueghel l'Ancien, Frans Snyders, David Teniers le Jeune
- Français : Trophime Bigot (1579-1650), Jean de Beaugrand (1584-1640), Abraham Bosse (1604-1676), Hyacinthe Rigaud (1659-1743)
- Italiens : Michel Ange (1475-1564, précurseur du baroque), Gian Lorenzo Bernini (1598-1680, dit Le Bernin, surnommé le "second Michel Ange"), Le Caravage (1571-1610), Guercino, Annibale Carracci (1560-1609), Orazio Gentileschi (1563-1639), Artemisia Gentileschi (1592-1652/53), Agostino Carracci, Lodovico Carraci...
- Lorrains : Claude Lorrain (1600-1682), Georges de La Tour (1590-1652)
- Portugais : Josefa de Óbidos (1630-1684)
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Voir aussi
Notes
- Jacqueline Lichtenstein (sous la dir. de), la Peinture, Paris, Larousse-Bordas, coll. « Textes essentiels », 1997
- Concile de Trente, « Décret sur l’invocation, la vénération et les reliques des saints, et sur les images saintes » in Les Conciles Oecumeniques - Tome 2-2, Les Décrets, De Trente À Vatican II, 1545-1965 Cerf, 1994, 2457 pages
- Ibid.
Articles connexes
Bibliographie
- Julián Gállego, La Grande histoire de la peinture. 9, La Peinture baroque et l'art de cour : 1610-1690, Skira, Genève ; Weber, Paris, 1979, 94 p.
- Andreas Prater et Hermann Bauer, La peinture du baroque, B. Taschen, Cologne, Lisbonne, Paris, 1997, 159 p. (ISBN 3-8228-8365-4)
- Stefano Zuffi (dir.), La peinture baroque, Gallimard, Paris, 1999, 397 p. (ISBN 2-07-011633-6)
- Les Métamorphoses d'Ovide illustrées par la peinture baroque(370 peintures et fresques de la fin du XVIe au début du XVIIIe siècle), Paris, éditions Diane de Selliers, 2003, 632p. (ISBN 978-2-903656-28-7)
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