Scission sino-soviétique

Scission sino-soviétique

Rupture sino-soviétique

La rupture sino-soviétique est une période de dégradation puis de fortes tensions entre lUnion soviétique à la République populaire de Chine de la fin des années 1950 aux années 1980, et dont le paroxysme est marqué par les incidents frontaliers de 1969. La rupture eut pour conséquence une scission au sein du mouvement communiste international, bien que les désaccords aient en réalité moins porté sur des éléments de doctrine que sur les intérêts nationaux divergents des deux États.

Sommaire

Les prémices

Les origines de la rupture remontent aux années 1930, à lépoque les communistes chinois, conduits par Mao Zedong, menent simultanément une guerre de résistance contre les Japonais et une guerre civile qui les opposaient au Kuomintang, le parti nationaliste de Tchang Kaï-chek. Mao choisit de rester sourd aux conseils et aux instructions de Staline et du Komintern sur la manière de mener la révolution en Chine. La doctrine marxiste-léniniste orthodoxe, considérée alors comme un dogme incontestable en Union soviétique, repose sur laction des classes urbaines populaires, lesquelles nexistent pratiquement pas en Chine. Mao rejette cette vision des choses et choisit de sappuyer sur la paysannerie.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, Staline pressa Mao de sallier avec Tchang Kaï-chek pour combattre le Japon. Une fois la paix revenue, les Soviétiques lui conseillent même de ne pas tenter de coup dÉtat, et de négocier plutôt avec Tchang : ce dernier, au milieu de lannée 1945, avait en effet obtenu de lURSS un « traité damitié et dalliance ». Mao, qui accueille poliment les instructions de Staline, les ignore complètement en pratique : après avoir chassé les derniers partisans du Kuomintang de la Chine continentale (qui se réfugient à Taïwan), il proclame officiellement la République populaire de Chine en octobre 1949. Les tensions avec l'URSS sont apaisées à loccasion dune visite de deux mois effectuée par Mao à Moscou qui se solde par la signature dun traité limité dassistance mutuelle, notamment en cas dagression japonaise.

Assistée de nombreux conseillers russes, la Chine des années 1950 embrasse le modèle soviétique de développement, avec dune part un accent prononcé sur lindustrie lourde, rendu financièrement possible par lexploitation des paysans, et dautre part la marginalisation des biens de consommation. Cependant, dès la fin de la décennie, Mao a commencé à développer ses propres idées sur la manière de faire entrer la Chine dans le communisme (au sens marxiste du terme) aussi vite que possible, à travers notamment une mobilisation massive de la main dœuvre ; cette théorie donnera naissance au « Grand Bond en avant ».

La mort de Staline

Entre-temps la mort de Staline, survenue en 1953, a changé la donne dans le monde communiste. Mao, bien quil ait toujours ignoré les directives de Staline, reconnaissait cependant ce dernier comme le dirigeant incontestable du mouvement communiste international. À la mort du dirigeant soviétique, Mao se considère en quelque sorte comme le nouveau doyen et le successeur légitime dans la prise en charge de ce rôle symbolique. Il conçoit de ce fait un certain ressentiment envers les nouvelles têtes du régime soviétique, en particulier Gueorgui Malenkov et Nikita Khrouchtchev, hostiles à cette vision des choses. LURSS cherche à lamadouer lors dune visite officielle de Khrouchtchev en 1954, lequel accorde le retour de la base navale de Dalian à la Chine et jette les bases dune coopération économique plus étroite entre les deux pays.

Le rapport Khrouchtchev

Mao ne soppose pas ouvertement à Khrouchtchev lorsque ce dernier, à loccasion du XXe congrès du Parti communiste d'Union soviétique en 1956, dénonce les exactions de son prédécesseur, ni même quand les relations diplomatiques avec la Yougoslavie de Tito furent rétablies, après avoir été rompues par Staline en 1947. Le nouveau dirigeant soviétique, au-delà de son rejet de lautoritarisme stalinien, annonce la dissolution du Kominform et cherche à minimiser la thèse marxiste-léniniste qui prévoyait un conflit armé inéluctable entre socialisme et capitalisme. Mao, qui ne peut accepter cette nouvelle attitude de la part de son voisin, a le sentiment croissant que lUnion soviétique séloigne de plus en plus du « véritable » marxisme-léninisme et n'a plus la volonté d'agir pour le triomphe mondial de cette idéologie. Dès 1959, tous les éléments sont donc en place pour une rupture entre les deux puissances communistes.

La dégradation (1959-1965)

En 1959, un sommet diplomatique réunit Khrouchtchev avec le président américain Dwight Eisenhower. Les Soviétiques, inquiets du Grand Bond en avant engagé par les Chinois, s'efforcent de diminuer la tension avec le bloc de lOuest, et reviennent sur leur promesse daider la Chine à développer l'arme nucléaire.

Ces décisions offensent grandement Mao et les autres dirigeants du parti communiste chinois, qui jugent Khrouchtchev trop conciliant avec lOuest. Du point de vue soviétique, ces mesures prudentes se justifent par le contexte international et la menace dun conflit nucléaire généralisé : dès la fin des années 1950, les États-Unis et lURSS disposent en effet chacun darsenaux très importants. Khrouchtchev ne veut en aucun cas rendre la situation plus instable encore en offrant larme atomique à la Chine, et considère en outre le Grand Bond en avant comme la preuve que Mao nétait pas un vrai marxiste.

Un autre facteur de tension survint au sujet dune affaire interne à la Chine : le Grand Bond en avant sétait révélé être un échec, et pour cette raison les rivaux de Mao au Parti, Liu Shaoqi et Deng Xiaoping, projetèrent de renverser leur dirigeant. Léchec du complot permit à Mao de dépeindre les conjurés comme des agents au service dune puissance étrangère (cest-à-dire les Soviétiques), mobilisant ainsi le sentiment nationaliste chinois.

Laffaire Peng mine ainsi les relations entre les deux frères, mais plus encore cest le voyage de Khrouchtchev, de retour de son voyage des États-Unis il change de la politique diplomatique, prônant la coexistence pacifique avec limpérialisme. Ce voyage affirme le rôle des É.-U. et de lURSS comme les deux superpuissances, évitant le conflit nucléaire et jouant le rôle darbitre du monde. Pour le dixième anniversaire de la République populaire de Chine, Khrouchtchev se rend à Pékin il se retrouve en plein dans le conflit sino-indien sur les frontières. Ce conflit ne plaît pas à lURSS car il risque de miner son processus de coexistence pacifique. Khrouchtchev pensait que Mao Zedong avait manigancé ce conflit pour que lURSS se trouve contrainte de soutenir la Chine. Ce soupçon illustre bien le degré de défiance du côté soviétique (correction - quelle est la validité de se soupçon? Peut-on véritablement se fier à cette information?).

La détérioration des relations avec Moscou conduit au retrait de leur assistance technique durant lété 1960 (retrait brutal de 1390 techniciens) et cessation de laide en juillet 1960. Ce retrait a des conséquences graves sur léconomie chinoise car leur assistance est encore cruciale pour de nombreux projets en cours, détournant également lattention de Pékin du désastre économique qui sévit dans les campagnes et retardant les mesures durgence. Moscou attendra cependant que la rupture avec Pékin soit officielle pour dénoncer la faillite du Grand Bond en avant.

Pendant un temps, la tension entre les deux pays resta indirecte en sexerçant par pays interposés, les Chinois dénonçant la Yougoslavie de Tito et lUnion soviétique dénonçant le principal allié de la Chine, lAlbanie dEnver Hoxha. Mais la rupture devint publique en juin 1960 à loccasion dun congrès du parti communiste roumain, lorsque Khrouchtchev et le représentant chinois Peng Zhen saffrontèrent ouvertement. Khrouchtchev traita Mao de nationaliste, daventurier et de déviationniste. Les Chinois, quant à eux, accusèrent Khrouchtchev de révisionnisme et critiquèrent son comportement « patriarcal, arbitraire et tyrannique ». La délégation soviétique fit suite à cette altercation en distribuant aux membres de la conférence une lettre de quatre-vingts pages dénonçant la position chinoise.

Lors dune réunion de quatre-vingt un partis communistes à Moscou, en novembre 1960, les représentants de la Chine eurent des discussions très tendues avec les Soviétiques et la majorité des autres délégations, mais un compromis fut finalement négocié, évitant la rupture formelle. Néanmoins les désaccords réapparurent dès le XXIIe Congrès du parti communiste soviétique, tenu en octobre 1961. En décembre, lUnion soviétique rompit les relations diplomatiques avec lAlbanie en guise de représailles contre la Chine, alliée du petit État.

Au cours de lannée 1962, le contexte international cause la rupture définitive entre lUnion soviétique et la Chine. Mao ne cachait pas ses critiques à propos du repli de Khrouchtchev lors de la crise des missiles de Cuba, quil qualifiait de « capitulation », ce à quoi lintéressé répliqua que lattitude prônée par Mao aurait conduit à une guerre nucléaire. À la même période, les Soviétiques apportèrent leur soutien à lInde dans sa brève guerre contre la Chine. Ces événements furent suivis par une mise au point idéologique des deux côtés, équivalant à un acte de séparation : les Chinois publièrent La proposition du parti communiste chinois concernant la ligne générale du mouvement communiste international [1] en juin 1963. Les Soviétiques répondirent par une Lettre ouverte au Parti Communiste de lUnion soviétique [2]. Ce fut la dernière communication formelle entre les deux camps.

Dès 1964, Mao soutint quune contre-révolution avait eu lieu en Union soviétique, et que le capitalisme y avait été réinstauré. Les relations entre le Parti communiste chinois et le Parti communiste de l'Union soviétique furent rompues, tout comme celles avec les partis communistes des autres pays du pacte de Varsovie.

Une brève pause dans les tensions survint après la chute de Khrouchtchev, en octobre 1964. En novembre, le Premier ministre chinois Zhou Enlai se rendit à Moscou pour sy entretenir avec les nouveaux dirigeants, Leonid Brejnev et Alexis Kossyguine. Mais il acquit vite la certitude que les Soviétiques nentendaient pas changer de position, ce qui amena Mao à dénoncer la perpétuation dun « khrouchtchevisme sans Khrouchtchev ».

De la rupture à la confrontation (1965-1976)

La rupture sino-soviétique, après 1965, devint un fait établi, et le début de la Révolution culturelle de Mao Zedong acheva de couper tous les contacts entre les deux pays, de même quentre la République populaire de Chine et la plus grande partie du reste du monde. La seule exception à ce gel généralisé des relations fut lautorisation chinoise de faire transiter des armes soviétiques par son territoire pour soutenir le Nord-Viêt Nam communiste dans sa lutte contre le Sud-Viêtnam et les États-Unis, même si Chinois et Soviétiques soutiennent des factions et des stratégies différentes, la guérilla pour les premiers, une guerre plus conventionnelle pour les seconds.

Article détaillé : Guerre du Viêt Nam.

En-dehors des Albanais, le seul soutien officiel et significatif de la Chine pendant la Révolution culturelle vint du parti communiste dIndonésie, qui fut dailleurs détruit à la suite du coup dÉtat de 1965. Lisolement de la Chine nempêcha cependant pas la formation de partis maoïstes dans de nombreux pays.

La confrontation sino-soviétique tournait désormais à un affrontement direct entre les deux États. En janvier 1967, les gardes rouges chinois firent le siège de lambassade soviétique à Pékin. Les relations diplomatiques ne furent jamais formellement rompues, mais connurent une véritable période de gel. La Chine en profita pour raviver la question de la frontière sino-soviétique, dont le tracé, imposé autrefois par la Russie tsariste à la très affaiblie dynastie Qing, datait de traités du XIXe siècle. La Chine ne formula aucune revendication territoriale spécifique, mais insista pour que lURSS reconnaisse linjustice de ces traités, ce à quoi cette dernière se refusa catégoriquement.

Lannée suivante, la Révolution culturelle connut son paroxysme, créant dans certaines parties du pays des situations proches de la guerre civile. Lordre ne fut partiellement rétabli quen août, lorsque Mao eut recours à larmée. Par la suite, les excès tendirent à sestomper, Mao sétant rendu compte à quel point la Chine était devenue stratégiquement isolée et vulnérable.

En 1968, les Soviétiques opérèrent un redéploiement massif de leurs troupes le long de la frontière chinoise, en particulier face au Xinjiang, le séparatisme des populations dorigine turque pouvait être facilement encouragé. Dès la fin de lannée, lURSS avait amassé sur la frontière 25 divisions, 1200 avions et 120 missiles de moyenne portée. Bien que la Chine ait fait exploser sa première bombe atomique en 1964 à Lop Nor, sa puissance militaire ne pouvait se comparer à celle de son voisin soviétique. La tension sur la frontière sintensifia jusquen mars 1969, lorsque des incidents frontaliers éclatèrent le long du fleuve Oussouri, suivis par dautres en août.

De nombreux observateurs internationaux prédirent la guerre : le journaliste américain Harrison Salisbury publia un livre intitulé La prochaine guerre entre la Russie et la Chine, et des sources soviétiques attestent quune attaque nucléaire contre Lop Nor a été envisagée. Néanmoins les incidents frontaliers ne connurent pas de suite, les deux camps ayant décidé de jouer la carte de lapaisement : en septembre, Alexeï Kossyguine se rendit secrètement à Pékin pour sy entretenir avec Zhou Enlai. En octobre, des pourparlers sur la question frontalière furent ouverts : aucun accord ne fut atteint, mais ces réunions permirent le retour dun minimum déchanges diplomatiques.

La rencontre de Mao et du président Richard Nixon en 1972.

Dès 1970, Mao avait réalisé quil ne pouvait plus se permettre de se confronter simultanément à lUnion soviétique et aux États-Unis tout en sattaquant aux problèmes internes du pays. Au cours de lannée, en dépit du fait que la guerre du Viêt Nam et le sentiment anti-américain en Chine soient tous deux à leur apogée, il choisit de se rapprocher des États-Unis. La proximité géographique de lURSS posait en effet selon lui une menace autrement plus grande que les Américains.

En juillet 1971, Henry Kissinger se rendit dans le plus grand secret à Pékin pour y jeter les bases de la visite programmée de Richard Nixon en février 1972. Les Soviétiques, furieux, organisèrent rapidement leur propre sommet avec Nixon, établissant ainsi une relation triangulaire entre Washington, Pékin et Moscou. Cette nouvelle donne diplomatique, aux effets apaisants, mit un terme à la pire période de confrontation sino-soviétique.

Au cours des années 1970, la rivalité entre la Chine et lURSS sétendit néanmoins jusquen Afrique et au Moyen-Orient, chacun des deux géants soutenait et finançait des partis, des mouvements et des États différents. Cela contribua notamment à alimenter le conflit entre lÉthiopie et la Somalie, les guerres civiles en Angola et au Mozambique, ainsi que les rivalités entre certains mouvements radicaux palestiniens. Contrairement aux Soviétiques, les Chinois nallèrent jamais jusquà envoyer des troupes sur ces zones de combats, mais ils contribuèrent cependant à maintenir linstabilité.

L'apaisement (1976-1991)

La chute de Lin Biao en 1971 symbolise la fin de la phase la plus radicale de la Révolution culturelle. Depuis ce moment jusquà la mort de Mao en 1976, la Chine connut un retour progressif vers un régime communiste « standard ». Cet apaisement interne eut pour conséquence directe la fin de la tension armée avec lUnion soviétique, mais pas le dégel des relations politiques. LArmée rouge continuait par ailleurs de renforcer ses positions sur la frontière : en 1973, les troupes étaient deux fois plus nombreuses quen 1969. Les Chinois continuèrent à dénoncer l’« impérialisme social soviétique » et à accuser leur voisin de se poser en ennemi de la révolution mondiale, même si de leur côté, après 1972, ils cessèrent tout soutien aux groupes révolutionnaires et se prononcèrent en faveur dune paix négociée sur la guerre du Viêt Nam.

La tendance à lapaisement saccéléra après la mort de Mao, avec la chute des radicaux de la « Bande des Quatre » et le début des réformes économiques massives entreprises par Deng Xiaoping. Allant à contre-pied de la politique maoïste, celui-ci entame une transition vers une économie libre de marché. Dès les années 1980, le choix pragmatique de Deng Xiaoping consistant à « chercher la vérité dans les faits » et à poursuivre la « voie chinoise vers le socialisme » désengagea fortement la Chine des querelles doctrinales, et la dénonciation du révisionnisme soviétique cessa.

Dans les années qui suivirent la mort de Mao, la rivalité entre la Chine et lUnion soviétique porta ainsi beaucoup moins sur des polémiques liées à leurs politiques internes que sur des questions internationales leurs intérêts nationaux divergeaient :

  • La première confrontation majeure eut lieu à propos des pays issus de lIndochine française. À la fin de la guerre du Viêt Nam en 1975, la région comptait deux régimes pro-soviétiques, au Viêt Nam et au Laos, et le régime pro-chinois des Khmers rouges au Cambodge. Les Vietnamiens, enclins au départ à fermer les yeux sur les agissements meurtriers de Pol Pot, finirent par envahir le Cambodge en 1978 et renverser le régime du dictateur pour mettre un terme à la persécution des minorités vietnamiennes. Les Chinois dénoncèrent furieusement cette intervention, et lancèrent une invasion « punitive » du nord du Viêt Nam, déclenchant ainsi la guerre sino-vietnamienne. LURSS condamna à son tour laction de la Chine, mais nentreprit aucune initiative militaire.
  • En 1979, lUnion soviétique intervint en Afghanistan, le régime communiste menaçait dêtre renversé. Le gouvernement chinois, y voyant une tentative dencerclement de son territoire, sallia avec les États-Unis et le Pakistan pour soutenir les mouvements de résistance islamistes et contrecarrer linvasion soviétique. Cette manœuvre se révéla très efficace, et lenlisement des Russes dans une guerre interminable contribua beaucoup à laffaiblissement général du système soviétique.

En 1982, peu avant sa mort, Leonid Brejnev fit à Bakou un discours relativement conciliant envers la Chine. Ce discours ouvrit la voie à la venue dune délégation chinoise lors de ses funérailles et à un certain apaisement des relations.

Lorsque Mikhaïl Gorbatchev prit la tête de lURSS en 1985, il sattacha à rétablir des relations normales avec la Chine. Les forces militaires soviétiques présentes sur la frontière furent considérablement réduites, les échanges commerciaux reprirent et la question frontalière fut rapidement oubliée. Le retrait de lArmée rouge d'Afghanistan mit un terme à un contentieux majeur entre les deux États. Cependant les divergences idéologiques nées dans les années 1960 restaient non résolues, ce qui empêcha la reprise de relations officielles entre les deux partis communistes. Ces relations certes améliorées mais toujours assez froides incitèrent de nombreux conseillers de Ronald Reagan à considérer la Chine comme un contrepoids idéal à la puissance soviétique, ce qui se traduisit par une aide militaire américaine apportée à larmée chinoise.

Pour cimenter le renouveau des relations sino-soviétiques, Gorbatchev se rendit en Chine en mai 1989. La conséquence inattendue de ce voyage fut que les nombreux journalistes présents pour cette visite purent également assurer une importante couverture médiatique des manifestations de la place Tian'anmen et de la répression qui sensuivit.

Le gouvernement chinois resta circonspect vis-à-vis des réformes lancées par Gorbatchev, et qui entraînèrent finalement la chute de lUnion soviétique en 1991. Puisque la Chine ne reconnaissait pas formellement lURSS comme un État partenaire socialiste, le pays navait aucune position officielle sur la manière dont Gorbatchev devrait réformer son pays. Mais en privé, les dirigeants chinois jugèrent insensé dengager des réformes politiques avant des réformes économiques, à lopposé des méthodes de Deng Xiaoping qui avait ainsi réussi à conserver au Parti toute son autorité.

Conclusion

La chute de lURSS a mis un terme à la rupture sino-soviétique. Plutôt que dune invasion soviétique massive, le gouvernement chinois sinquiète désormais davantage dune possible initiative américaine en faveur de lindépendance de Taïwan. De la même manière, la Russie affaiblie se préoccupe surtout des initiatives américaines telles que lexpansion de lOTAN vers lEurope de lest et lintervention dans le conflit yougoslave. Aux États-Unis, bien loin de la théorie du contrepoids à la Russie, on considère aujourdhui la Chine comme un inéluctable adversaire. Tous ces nouveaux éléments du contexte international ont poussé la Russie et la Chine à resserrer leurs liens afin de contrer la puissance américaine. En 1993, les deux nations signèrent un traité délimitant formellement leurs frontières et mettant un terme à lensemble de leurs contentieux.

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