- Étienne (martyr)
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Pour les articles homonymes, voir Saint Étienne.
Le personnage de saint Étienne, premier martyr de la chrétienté — ou protomartyr, apparaît comme étant à l’origine du culte des saints.
Son nom provient du grec Στέφανος (Stephanos), « couronné » ou encore, selon Jacques de Voragine dans La Légende dorée, du mot hébreu pour « norme ». Ce nom est d’ailleurs repris de manière plus fidèle en russe (Stéphane Стефан — en russe moderne: Stepan), en anglais (Stephen) ou en néerlandais (Stefaan).
Fête : le 26 décembre en Occident, le 27 décembre en Orient et encore le 2 août (translation de ses reliques) en Orient et en Occident.
Sommaire
Le récit évangélique
Premier diacre
Étienne apparaît dans les Actes, au chapitre 6, où il est présenté comme un juif helléniste[1] converti au christianisme, choisi avec six autres « hommes de bonne réputation, d’Esprit Saint et de sagesse »[2] pour devenir les diacres chargés d’assister les apôtres.
« En ces jours-là, comme le nombre des disciples augmentait et les Hellénistes se mirent à récriminer contre les Hébreux parce que leurs veuves étaient oubliées dans le service quotidien. Les douze convoquèrent alors l’assemblée plénière des disciples et dirent : « Il ne convient pas que nous délaissions la parole de Dieu pour le service des tables. Cherchez plutôt parmi vous, frères, sept hommes de bonne réputation, remplis d’Esprit et de sagesse, et nous les chargerons de cette fonction. Quant à nous, nous continuerons à assurer la prière et le service de la Parole. » Cette proposition fut agréée par toute l’assemblée : on choisit Étienne, un homme plein de foi et d’Esprit Saint, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas, prosélyte d’Antioche ; on les présenta aux apôtres, on pria et on leur imposa les mains. »
— Actes, 6, 1-6
Érudit et dialecticien
Selon les Actes des Apôtres, Étienne accomplit des « prodiges et des signes remarquables parmi le peuple » (Actes, 6, 8). Érudit, il vient facilement à bout d’un débat qui se tient à la synagogue des Affranchis, lieu de culte des descendants de juifs emmenés en esclavage par Pompée puis libérés[3].
Devant le Sanhédrin, on confronte alors Étienne à des témoins qui l’accusent de quatre blasphèmes : contre Dieu, contre Moïse, contre la Loi et contre le Temple de Jérusalem, lieu saint. Dialecticien, Étienne se disculpe de ces accusations en résumant l’histoire d’Israël, dans laquelle il présente d’abord une triple louange du Dieu de gloire ; il loue ensuite Moïse pour sa ferveur, ses miracles et pour la qualité de son accès à Dieu, il loue triplement aussi la Loi - qui vient de Dieu, est transmise par Moïse et donne la vie, et enfin Étienne loue le Temple, commandé par Dieu et construit par Salomon. (Actes, 7, 2-50).
Lapidation d’Étienne
Mais le discours d’Étienne, mettant en œuvre une rhétorique jusque là difficile à critiquer par le Sanhédrin, change brutalement d’orientation, dans un mouvement que les hagiographes qualifient de correction fraternelle - notion essentielle du christianisme médiéval, et s’en prend violemment à l’assemblée du Sanhédrin, reprochant à ses juges la dureté de leurs cœurs et la mise à mort des saints[4]. Interpellés comme des hommes au « cou raide », « incirconcis »[5] dans leurs cœurs et leurs oreilles, tous se jettent sur Étienne, le traînent hors les murs de Jérusalem et le lapident à mort. Saul de Tarse, plus tard converti, béatifié et couvert de gloire sous le nom de Paul, garde les vêtements des assassins et approuve alors ce meurtre. (Actes, 7, 54-60).
Selon Voragine, la lapidation a eu lieu « l’année de l’Ascension du Seigneur, au mois d’août suivant, au début du troisième jour ».
Étienne thaumaturge
Les écrits postérieurs aux Actes font d’Étienne un véritable thaumaturge. En particulier, saint Augustin, dans La Cité de Dieu, racontera nombre de miracles accomplis par le protomartyr, récits qu’on retrouve chez de nombreux hagiographes du Moyen Âge, notamment Jacques de Voragine, Jean de Mailly ou Vincent de Beauvais. Ainsi en est-il de fleurs qui étaient posées sur l’autel de Saint Étienne puis appliquées sur des malades, qui guérissaient miraculeusement. Ainsi en est-il aussi de dame Patronia, gravement malade, qui consulte un jour un juif qui lui remet un anneau orné d’une pierre, qu’elle doit porter. Le talisman n’améliore cependant pas son état. En désespoir de cause, Patronia se réfugie à l’église de Saint-Étienne qu’elle implore avec ferveur. L’anneau glisse à terre et elle est guérie.
Le culte d’Étienne
« Des hommes pieux ensevelirent Étienne et lui firent de belles funérailles » (Actes, 8, 2). En Orient comme Occident, la figure d’Étienne prend une grande place pour les premières communautés chrétiennes et joue un rôle important dans la scission progressive d'avec le judaïsme et la montée de l'antijudaïsme chrétien.
En 415 (417 selon Voragine), le corps du protomartyr est découvert par un dénommé Lucien, prêtre à Caphar-Gamala, qui avait eu la révélation de son emplacement au cours d’un songe. L’évêque Jean de Jérusalem fait procéder solennellement à la translation du corps du martyr à l’église du Mont-Sion de Jérusalem, le 26 décembre 415. L’évêque Juvénal, successeur de Jean, commence la construction à Jérusalem d’une basilique destinée à recueillir la dépouille de saint Étienne. Les travaux sont repris en 438 sous l’impulsion de l’impératrice Eudoxie (Eudocie), épouse de Théodose II. Les restes du martyr sont transférés dans la nouvelle basilique, qui ne sera d’ailleurs achevée que vingt ans plus tard, lors de la cérémonie de dédicace par saint Cyrille, patriarche d’Alexandrie, le 15 mai 439. L’actuelle basilique a été construite à l’emplacement de l’ancien ouvrage par les Dominicains à la fin du XIXe siècle.
Divers
Sa fête, le 26 décembre, surtout parce que c'est le lendemain de Noël, est fériée en Alsace-Moselle ainsi que dans d'autres pays européens comme l'Allemagne ou l'Autriche, ainsi qu'en Catalogne (mais pas dans le reste de l'Espagne).
Il a donné son nom à la ville de Saint-Étienne, dans la Loire, et à soixante-douze autres communes françaises, sans compter les formes occitanes telles que Saint-Estèphe ou Saint-Estève.
Il a donné son nom à de nombreuses églises, dont l'origine est souvent fort ancienne (Brie-Comte-Robert, Lille —première paroissiale—...).
À Florence, il a été, depuis le Moyen Âge, le saint-patron de l'Arte della Lana, la « corporation de la Laine » et sa statue figure dans une de niches d'Orsanmichele.
Voir aussi
Liens externes
- pape Benoît XVI, « Audience » sur VA, Vatican, 10 janvier 2007 consacrée au protomartyr Etienne.
Sources
Les extraits des Actes des Apôtres proviennent de la Traduction œcuménique de la Bible (TOB), éditions Le Cerf, seconde édition, 1986. Les extraits en langue grecque proviennent du site de l'université de Colombie-Britannique, The New Testament & The Septuagint. Des détails et renseignements précieux proviennent de l'appareil critique intégré à l'édition de La Légende dorée de Jacques de Voragine dans la Bibliothèque de La Pléiade, publiée sous la direction d'Alain Boureau.
Notes et références
- hellénistes avaient vécu hors de Palestine. Ils avaient leurs propres synagogues à Jérusalem, où on lisait la Bible en grec. Les juifs
- « (...) ἄνδρας ἐξ ὑµῶν µαρτυρουµένους ἑπτὰ πλήρεις πνεύµατος καὶ σοφίας » ándras ex humỗn marturoménous heptà plếreis pneúmatos kaì sophías
- Actes, 6, 9-10) Alors intervinrent des gens de la synagogue dite des Affranchis, des Cyrénéens, des Alexandrins et d’autres de Cilicie et d’Asie. Ils se mirent à discuter avec Étienne, mais ils n’étaient pas de force à tenir tête à la sagesse et à l’Esprit qui le faisaient parler. (
- Jacques de Voragine et Alain Boureau (dir.), La Légende dorée, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2004, p. 64.
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