Recep Tayyip Erdoğan

Recep Tayyip Erdoğan
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Recep Tayyip Erdoğan
Recep Tayyip Erdogan 2010.jpg
Recep Tayyip Erdoğan, en 2010.

Mandats
27e Premier ministre turc
Actuellement en fonction
Depuis le 14 mars 2003
(&&&&&&&&&&&031748 ans, 8 mois et 7 jours)
Président Ahmet Necdet Sezer
Abdullah Gül
Gouvernement Erdoğan I, II et III
Prédécesseur Abdullah Gül
1er président du Parti pour la justice
et le développement
Actuellement en fonction
Depuis le 14 août 2001
Prédécesseur Fondation de l'AKP
Maire d'Istanbul
27 mars 19946 novembre 1998
Prédécesseur Nurettin Sözen
Successeur Ali Müfit Gürtuna
Biographie
Date de naissance 26 février 1954 (1954-02-26) (57 ans)
Lieu de naissance Drapeau : Turquie Istanbul (Turquie)
Parti politique Parti pour la justice et le développement
Conjoint Emine Gülbaran
(depuis 1978)
Diplômé de Université de Marmara
Résidence Başbakanlık Konutu, Ankara
(officielle)
Istanbul (personnelle)

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Premiers ministres de Turquie

Recep Tayyip Erdoğan (né le 26 février 1954 à Istanbul) est un homme politique turc, président de l'AKP depuis 2001 et Premier ministre de la Turquie depuis 2003.

Diplômé de la Faculté des Sciences économiques et commerciales de l'Université de Marmara, Erdoğan fut joueur de football semi-professionnel de 1969 à 1982.

Il commence sa carrière politique au niveau local, après avoir été élu maire d'Istanbul en 1994. Son mandat prend fin en 1998, quatre ans plus tard, lorsqu'il est arrêté pour incitation à la haine suite à la lecture d'un poème du nationaliste turc Ziya Gökalp, dans la province de Siirt, le 12 décembre 1997. Sorti de prison, en 2001, il fonde l'AKP qui devient en 2002, le parti majoritaire à la Grande assemblée nationale de Turquie.

Nommé Premier ministre un an plus tard, en 2003, Erdoğan conduit d'importantes réformes, et affirme son souhait de voir la Turquie rentrer dans l'Union européenne. Outre ces réformes diplomatiques, il a par ailleurs le projet de modifier la Constitution de la Turquie pour réformer le statut constitutionnel du président de la République, de sorte à ce que celui-ci soit élu par le Peuple turc au suffrage universel direct.

Considéré comme l'homme politique le plus populaire dans son pays, Erdoğan a été reconduit dans sa fonction de Premier ministre à deux reprises, après les élections législatives de 2007 et de 2011.

Sommaire

Biographie

Des origines modestes

Né le 26 février 1954 à Kasımpaşa, un vieux quartier populaire situé sur la rive européenne d’Istanbul, Recep Tayyip Erdoğan dit être issu d'une famille géorgienne de la communauté laze, originaire de Batoumi et ayant émigrée à Rize[1], au nord-est de la Turquie, sur la côte de la mer Noire. Toutefois, selon l'historien Cezmi Yurtsever, la famille Erdoğan descendrait de la famille Bagatlı Recep, une grande famille turque et musulmane, établie aux environs de Trabzon, après la conquête de la ville par Mehmed II[2].

Très jeune, le jeune Recep doit vendre des simit, des petits pains en anneau, pour nourrir sa famille, très pauvre. Ses parents l'envoient étudier dans une école religieuse qui forme des imams et les prédicateurs (« imam-hatip »). Ce type de lycée est très prisé en Turquie par les familles traditionalistes, même s'il ne destine pas nécessairement à la carrière d’imam. À 16 ans, Recep Tayyip Erdoğan remplace l'imam à la mosquée pour réciter des prières, pour les naissances ou pour organiser le rituel des décès.

Passionné de football, le jeune Erdoğan n'avoue pas à son père son amour de ce sport, et cache ses crampons dans un sac de charbon. Son père découvrira la passion secrète de son fils, sept ans plus tard. Joueur semi-professionnel, Recep Tayyip Erdoğan joue avec son coéquipier Yasoo Aga dans un club de football, et désire passer au statut de professionnel, mais son père l'en empêche.

Erdoğan épouse Emine Gülbaran (née en 1955) le 4 juillet 1978, lors d'une cérémonie religieuse. Il avait rencontré cette dernière au cours d'un meeting politique quelques mois plus tôt. Le couple a quatre enfants : Ahmet Burak, Necmettin Bilal, Sümeyye et enfin Esra.

Études et débuts dans la politique

Recep Tayyip Erdoğan étudie la politique à Istanbul et travaille comme employé de l'entreprise de transport de la municipalité et en tant qu'entrepreneur indépendant. Au milieu des années 1970, il adhère à l'Organisation de jeunesse du Parti du Salut national, le MSP, parti islamiste alors dirigé par Necmettin Erbakan.

Sa carrière politique est interrompue par le putsch militaire du 12 septembre 1980 et l'interdiction faite aux membres de son parti d'exercer tout mandat, mais dès 1983, Erdoğan redevient actif politiquement dans le Parti de la Prospérité, dont le chef n'est autre que Necmettin Erbakan, qui était déjà lié à Erdoğan au sein du MSP ; les deux hommes décident de rompre politiquement en 1999.

Après une campagne fouillée et préparée, Erdoğan est élu en 1994 maire d'Istanbul, grâce à une image efficace de porte-parole de l'anti-corruption. Sa première priorité est alors de réorganiser la vie chaotique de cette grande mégalopole de 12 millions d'habitants. Ses opposants lui concèdent quelques belles réussites : les coupures d'électricité ou d'eau se font rares et ses grands projets d'infrastructures, comme le métro, sont réalisés et mis sur rail. Comme promis dans sa campagne, le maire d'Istanbul s'engage également à réduire la corruption ; il parvient, lors d'une réunion avec des hommes d'affaires corrompus, à révéler un scandale de corruption devant des journalistes, qu'il avait invité de façon secrète.

Malgré la popularité du maire, les milieux laïcs - particulièrement les militaires - demeurent cependant très suspicieux quant aux velléités d'islamisation de la municipalité. Ainsi, à partir de 1996, alors que Erdoğan est maire de la ville, quelques établissements publics dépendant de la municipalité ne servent plus d'alcool.

En 1998, Erdoğan est condamné à une peine de prison, après un discours qualifié d'incitation à la haine incluant un poème du poète nationaliste Ziya Gökalp, au cours d'un meeting à Siirt, dans l'est du pays. Il cite ainsi ce passage : « Les minarets seront nos baïonnettes, les coupoles nos casques, les mosquées seront nos casernes et les croyants nos soldats ». Conduit en prison, de son propre aveu il vit mal son séjour derrière les barreaux. À sa sortie, Erdoğan change radicalement de tactique et renonce à affronter les militaires.

À l'automne 1998, Erdoğan quitte le Parti de la Vertu (FP), qui a succédé au Parti de la Prospérité, et se prononce en faveur d'une séparation de la religion et de l'État (En Turquie, les imams sont des fonctionnaires affiliés au directorat des Affaires religieuses, lui-même dépendant directement du Premier ministre).

En 2001, Erdoğan fonde l'AKP, parti conservateur. Le noyau dur de l'AKP est constitué par l'aile modérée du Parti de Vertu, interdit la même année. Erdoğan en prend alors la présidence.

L'AKP sort vainqueur des élections parlementaires de 2002, mais Erdoğan ne peut immédiatement remplir la charge de Premier ministre du fait de sa condamnation qui le privait de l'activité politique pendant 5 ans suivant la décision de la cour. Mais, sous prétexte que durant les élections une procédure n'a pas été respectée à Siirt, l'AKP propose de renouveler celle-ci. La Commission suprême des élections donne le feu vert pour le renouvellement des élections à Siirt. Pendant ce temps là, au Parlement, la majorité change certaines lois en faveur d'Erdoğan pour qu'il puisse se présenter en tant que député. L'élection se déroule uniquement dans cette ville et finalement il entre à la Grande assemblée nationale de Turquie comme député de Siirt et devient chef du gouvernement à partir de mars 2003.

Premier ministre (depuis 2003)

Dès le début de son mandat, Erdoğan joue la carte de l'intégration européenne, coupant l'herbe sous les pieds de ses opposants laïcs. Son gouvernement obtient en décembre 2004 la promesse de l'UE d'entamer des négociations d'adhésion le 3 octobre 2005. Promesse tenue l'année suivante, malgré l'absence de reconnaissance de la République de Chypre.

Il vit aujourd'hui à Ankara, pour sa fonction gouvernementale, et conserve son domcile personnel à Istanbul. Erdoğan est par ailleurs un grand passionné de football.

Les réformes du gouvernement Erdoğan

Son mandat fut marqué par quelques réformes politiques et économiques telles que :

  • Droits élargis pour les minorités, autorisation de la diffusion de programmes audiovisuels en langue kurde, et possibilité d'apprendre en privé la langue kurde.
  • La liberté d'expression et d'association a été étendue.
  • Limitation de la répression des manifestations publiques.
  • Élargissement des droits des instances religieuses non musulmanes.
  • Droit de critiquer les forces armées et les autres piliers de l'État turc.

La mise en œuvre de ces réformes s'est toutefois heurtée aux résistances de l'appareil d'État et sont fortement remises en question à l'approche des années 2010 par les intellectuels turcs et l'Union européenne, dont l'écrivain Orhan Pamuk, le musicien Fazil Say ou le peintre Bedri Baykam qui voient en Erdogan un despote qui fait sauter un à un les verroux de la laicité afin d'instaurer un régime islamiste et personnel. Dans le même temps la Turquie n'arrête pas de perdre des places dans le classement mondial de la liberté de la presse. 65 journalistes turcs sont en prison en 2011, trois fois plus qu'en 2002, l'année de l'arrivée au pouvoir de l'Akp. Ces mêmes intellectuels dénoncent également l'affaire Ergenekon qui serait un prétexte pour faire taire l'armée, rempart traditionnel contre l'islamisme dans le jeu d'influence politique dans le pays et faire disparaître une opposition laique journalistique de plus en plus virulente contre le régime d'Erdogan. En effet Erdogan intente systématiquement des procès à l'encontre des journaux d'opposition, si bien que ces journaux sont l'objet de saisie de leur activité ou fortement peinalisées par des amendes, l'opposition de gauche essentiellement fait les frais de ces procès comme en 2011 le journal Aydinlik.

Politique intérieure

L'AKP domine largement le Parlement (326 députés sur 550), à cinq sièges seulement de la majorité des deux tiers qui lui permet d'amender la Constitution. Depuis 1987 c'est le premier parti à disposer d'une majorité stable et le seul depuis 1945 à n'avoir qu'une autre force politique en face de lui au Parlement. Cela permet au gouvernement Erdoğan de mener sa propre politique sans entrave de l'opposition.

La laïcité

L'arrivée de l'AKP au pouvoir a fait craindre à l'Union européenne, et à beaucoup d'Européens et aussi aux, que la laïcité kémaliste pourrait être menacée. Mais la laïcité n'a jamais été vraiment remise en question même si le port du voile dans les universités a été autorisé en février 2008 par le Parlement. Erdoğan estime toutefois qu'il faut introduire en Turquie une plus grande liberté religieuse. Son mandat a aussi été marqué par une loi sur l'adultère, qui devait criminaliser l'infidélité. Ce projet de loi a été vite abandonné sur la pression de l'armée, des médias, et de l'Union européenne.

Erdoğan récuse les accusations d'islamisme et se déclare « démocrate conservateur » ou « démocrate musulman » (en référence aux démocrates chrétiens européens), il s'affirme respectueux de la démocratie et de la laïcité et relègue la religion à la sphère privée. Erdoğan est proche des partis chrétiens-démocrates européens. Il a gommé toute référence à l'Islam dans ses discours et son programme est pragmatique : économie, vie quotidienne, etc. La gauche turque notamment l'opposition laïque du parti créé par Atatürk, le CHP Parti républicain du peuple récuse cette laicité de façade et dénonce un pouvoir personnel qui a pour but de détruire la laïcité. Cette opposition laïque dénonce une collusion du pouvoir avec des leaders religieux comme Fethullah Gülen. Ces groupes religieux ont une grande influence dans le milieu éducatif aussi bien en Anatolie que dans le reste du monde, ils supplantent les manquements de l'éducation nationale et font une propagande pour plus de religiosité à l'école ainsi que la promotion du créationnisme musulman.

Politique économique

Article détaillé : Économie de la Turquie.

La Turquie a affronté sa plus grave crise financière de son histoire récente en 2000 et en 2001. Mais les turcs ont aussi été véritablement marqués par le tremblement de terre de l'année 1999, qui leur a montré l'étendue de la corruption dans leur pays. Le gouvernement Erdoğan a promis de faire de la lutte contre la corruption une de ses priorités.

Mais la victoire de l'AKP doit beaucoup à l'exaspération de la classe moyenne, victime de plein fouet du chômage. Mais pour trouver une solution, c'est-à-dire rééquilibrer les comptes (elle est le deuxième plus gros débiteur du FMI après le Brésil, avec 16 milliards de dollars, sa dette extérieure atteint 30% de son PIB et sa dette publique est de 80 %), l'AKP suit la politique économique du FMI.

Dans le domaine économique, le gouvernement essuie de vives critiques des milieux d'affaires, notamment celles de la puissante association laïque Tüsyad, qui représente les grandes entreprises turques. Le ministre de l'économie, Ali Babacan affirme que le programme économique du FMI sera mené à son terme, mais en rappelant que certains volets de l'accord seraient repoussés pour mieux combattre l'inflation et la corruption, réformer le système des impôts, et attirer les capitaux étrangers (en particulier européens).

En 2004, la Turquie avait la croissance la plus rapide de l'OCDE, et le taux d’inflation avait fortement reculé et était revenu à un taux annuel à un seul chiffre en 2005, pour la première fois en trente ans. Un nouveau cadre institutionnel pour les politiques monétaire et budgétaire a été mis en place, de même pour les marchés des produits, du travail et des capitaux, les secteurs d’infrastructure et des aides agricoles.

Le passage d'Erdoğan au pouvoir a aussi été marqué par la libéralisation de l'économie et la diminution du nombre de fonctionnaires.
L'AKP a aussi mis de côté les grandes entreprises turques (Sabancı, Koç, Cukurova, Anadolu, Profilo, etc.) qui tiraient jusqu’à présent l’économie du pays. Ce sont les « tigres anatoliens » qui ont pris leur place. Ils sont représentés par les hommes d’affaires et industriels indépendants (Müsiad). Un lobby qui réunit 2 000 membres dans 10 000 entreprises. Grâce à leur petite taille, ces petites entreprises ont su s'adapter à la crise économique de 2001, contrairement aux grands groupes qui ont dû entreprendre une restructuration douloureuse.

L’AKP poursuit la politique entreprise par les anciens gouvernements, c’est-à-dire mettre fin au protectionnisme d'état et libéraliser les échanges commerciaux, en abaissant les droits de douane, et en supprimant les quotas sur les importations.

D'après le sénateur Hubert Haenel : « La faiblesse la plus importante de l’économie turque est l’absence d’investissements directs étrangers [...]. Les investisseurs sur le long terme sont hésitants en raison de l’instabilité des années passées, du souvenir de la surinflation mais aussi des pesanteurs de l’appareil bureaucratique, qui s’accompagne fréquemment de la persistance de la tradition du bakchich. C’est un obstacle pour le programme important de privatisations qui a besoin d’investisseurs étrangers industriels. »

La politique économique du gouvernement est ultra-libérale et fait la part large au clientélisme, après chaque succès électoral, les hommes d'affaires proches du pouvoir se voient attribués les contrats les plus importants dans la part des investissements de l'état. La gauche et la droite nationaliste dénoncent cette situation en faisant faire valoir notamment le recul et la perte notable des droits syndicaux des ouvriers mais surtout la main-mise de plus en plus importante des entreprises étrangères sur l'économie turque. Un indicateur justifie en partie ces postulats : si les exportations ont augmenté considérablement depuis 2002, les importations elles, ont explosé.

Les Kurdes

Le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l'Union européenne et les États-Unis, après quinze ans de lutte pour l'indépendance et 37 000 morts, avait décrété un cessez-le-feu en 1999 avec l'ancien gouvernement. Le cessez-le-feu a été rompu en 2004 et les opérations contre l'État turc ont augmenté depuis, notamment les attentats contre des touristes étrangers.

Le 12 août 2005 Erdoğan a promis de régler le problème kurde avec plus de démocratie. Il a d'ailleurs déclaré lors d'un discours à Diyarbakir : « Chaque pays a connu des jours difficiles dans son histoire. Un grand État et un pays fort comme la Turquie a surmonté de nombreuses difficultés pour arriver jusqu’à aujourd’hui. C’est pourquoi, nier les erreurs du passé ne sied pas aux grands États. Un grand État et une nation forte se tournent avec confiance vers l’avenir en se confrontant à leurs fautes et à leurs erreurs. C’est avec ce principe à l’esprit que notre gouvernement sert le pays. (...) Le problème kurde n’est pas le problème d’une partie de notre peuple, mais le problème de tous. C’est donc aussi le mien. Nous allons régler chaque problème avec encore plus de démocratie, plus de droits civils, et plus de prospérité, dans le respect de l’ordre constitutionnel, du principe républicain et des principes fondamentaux que nous ont légués les pères fondateurs de notre pays. »

Puis il a rappelé les trois idéologies que combat l'état turc :

  • le nationalisme ethnique ;
  • le nationalisme régional ;
  • le nationalisme religieux.

Puis il rappelle : « Il y a dans notre pays de nombreuses composantes ethniques. Nous ne faisons aucune distinction entre elles. Elles constituent chacune une sous-identité. Il y a un lien qui nous unit tous, et ce lien est la citoyenneté de la République de Turquie. (...) Je le dis à nouveau, la Turquie c’est autant Ankara, Istanbul, Konya, Samsun, Erzurum que Diyarbakir. Je veux que vous le sachiez, chaque endroit de ce pays a des parfums, des couleurs, des voix, des musiques, et des saveurs différentes. »

En 1994, il déclare dans un discours « Interroger à voix haute l’idéologie officielle, négationniste, basée sur l’assimilation, défendre la nécessité d’abroger toutes les lois interdisant la reconnaissance et le développement de la culture kurde, développer des politiques plus sensibles que celle de tous les autres (partis) sur les droits de l’homme, envoyer des missions d’enquête de haut niveau dans la région pour évaluer rapidement les événements, condamner autant que la terreur du PKK celle de l’État, s’opposer unanimement au racisme kurde et au racisme turc. »[réf. nécessaire]

Le gouvernement Erdoğan a mis fin à quinze ans d'état d'urgence dans le Sud-Est du pays. Il a également autorisé la diffusion de programme en langue kurde à la radio et à la télévision et a aussi permis l'ouverture d'instituts privés d'enseignement du kurde. Des réformes et des actes qui n'ont pas toutes été suivies d'effets.

Les Kurdes réclament également que le gouvernement fasse quelque chose pour sortir la partie kurde de Turquie de la pauvreté et de la morosité économique. Erdoğan a affirmé que le gouvernement n'y prévoyait pas d'investissements industriels, et il a au contraire encouragé les hommes d'affaires locaux à prendre l'initiative, en profitant des mesures d'incitation récemment mises en place.

Abdullah Öcalan, le leader de l'organisation séparatiste PKK, à échappé à la peine de mort (il avait vu sa peine commuée en réclusion à perpétuité en 2002, lors de l'abolition de la peine de mort) qu'il attendait. L'Union européenne, qui accuse la Turquie de ne pas lui avoir fait un procès équitable, a demandé au gouvernement turc de rejuger le fondateur du PKK. Cependant, le président turc Abdullah Gül a déclaré que même en le jugeant « cent fois, il recevra le même châtiment », un nouveau jugement n'est donc pas à l'ordre du jour.

Le 1er janvier 2009, Erdoğan inaugure la première chaine publique turque (TRT 6) en langue kurde et prononce quelques phrases en kurde en direct. En juillet-août, il annonce sa volonté de réforme, en octroyant plus de droit culturel et linguistique aux Kurdes, notamment par l'apprentissage de la langue kurde à l'école.

Le BDP, le principal parti pro-kurde ne voit dans ces mesures qu'une ouverture de façade, d'après eux les citoyens de culture kurde sont toujours considérés comme de seconde zone et souffrent de discriminations à l'emploi. Les affrontements avec la police et l'armée se sont accrues en 2010 dans les régions à majorité kurdes.

Les minorités religieuses en Turquie

Le Vatican a dénoncé la « christianophobie institutionnelle en Turquie ». Edmond Farhat, nonce apostolique à Ankara, a affirmé que la liberté religieuse n'existe que sur le papier en Turquie. L’Église catholique romaine se plaint notamment de ce qu'aucune reconnaissance juridique ne lui ait été accordée, reconnaissance juridique qu'elle réclame depuis 1970.

L'Église orthodoxe de Constantinople attend toujours la réouverture de sa Faculté de théologie, et les églises se voient retarder sans date les autorisations de faire des réparations indispensables sur leurs églises.

Le commissaire européen chargé de l'élargissement, Olli Rehn a d'ailleurs averti par écrit le gouvernement turc que la liberté religieuse appliquée en Turquie ne répondait pas encore à l'un des critères fixés par l'Union.

Par contre Erdoğan a promis la restauration de la vieille église arménienne d'Aghtamar, qui va être restaurée après un siècle d'abandon par l'état. Le gouvernement a décidé de financer les deux millions de livres turques des travaux (1,2 million d'euros), qui ont débuté au mois de mai 2005.[réf. nécessaire]

Le 13 mai 2010, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a lancé un appel à ne pas discriminer les non-musulmans. Il a envoyé une lettre publique dans laquelle il appelle explicitement à respecter les droits des minorités chrétiennes et juives, de respecter leur clergé et d'éviter les commentaires discriminatoires. « Les non-musulmans sont partie intégrante de l'État turc et a le droit de préserver leur identité et leur culture. »[3]

La diplomatie du gouvernement Erdoğan

Recep Tayyip Erdoğan, Premier ministre de Turquie depuis 2003, a voyagé dans de très nombreux pays pour faire entendre la voix diplomatique de la Turquie.
Recep Tayyip Erdoğan, en compagnie du président des États-Unis Barack Obama, lors d'un entretien à la Maison Blanche, à Washington.

La Turquie est toujours un grand allié des États-Unis (et dans une moindre mesure d'Israël), et sert de médiateur avec les Palestiniens et les Syriens. Elle a effectué un rapprochement avec la Grèce et reste un partenaire économique et politique important de l'Union européenne.

Avec le président du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, Erdoğan est à l'origine de la fondation, en 2005, de l'Alliance des civilisations à l'ONU[4], un projet visant à contrer le terrorisme par des moyens politiques, économiques et sociaux, et non militaires, à l'inverse de la « guerre contre le terrorisme » menée par George W. Bush.

La Turquie a changé de cap diplomatique depuis l'ère Erdogan, d'autant plus depuis la venue d'Ahmet Davutoğlu au ministère des Affaires étrangères, la Turquie s'est ouverte de plus en plus vers le monde musulman et commence à faire cavalier seul dans le concert des balances géostratégiques, les prises de position sur le nucléaire iranien soutenu par le Brésil en 2009 montrent un changement de cap radical avec les gouvernements précédents et commence à inquiéter les nations occidentales sur les véritables intentions du pouvoir islamo-conservateur. Le gouvernement cherche à projeter ses succès économiques sur le terrain politique dans les anciens territoires de l'Empire ottoman en multipliant les partenariats avec les pays arabes et pronant une politique de « zéro problème » avec son voisinage proche, on appelle cette nouvelle politique, le néo-ottomanisme.

Par ailleurs, le gouvernement a aussi effectué un rapprochement historique avec l'Arménie par l'aide d'une rencontre de football en 2010 et il était question de rouvrir la frontière avec ce pays, mais les relations se sont à nouveau envenimées, les pressions ultra-nationalistes de part et autre de la frontière bloquent systématiquement toute voie d'ouverture. Erdogan ne paraît pas non plus prêt à ouvrir son pays à l'Arménie, en témoigne la destruction d'une sculpture monumentale dédiée à la paix avec ce pays construite en 2010 dans la région de Van et détruite en 2011 par la volonté personnelle d'Erdogan qualifiant cette œuvre de "déchet" (ucube en turc). Toutes ces prises de positions contradictoires de la nouvelle diplomatie turque témoignent d'un expansionisme économico-politique qui inquiète les alliés traditionnels de la Turquie qui ont toujours leur place dans la politique extérieure, cette nouvelle politique internationale est moins lisible qu'auparavant. Erdoğan a aussi annoncé, en 2007, la construction de trois centrales nucléaires.

La guerre en Irak

Pendant la guerre en Irak, le gouvernement américain a demandé la permission aux autorités turques de pouvoir survoler son territoire, ainsi que le déploiement de 62 000 soldats américains dans le pays. Un grand débat a eu lieu à cette occasion en Turquie. Le gouvernement turc s'est prononcé contre le survol de la Turquie par l'aviation américaine, et contre le déploiement de soldats américains en Turquie. Pour faire pression, les américains ont proposé un chèque de 15 milliards de dollars à la Turquie en dédommagement du coût de la guerre. Le gouvernement a demandé l'avis du Parlement, qui a également refusé.

Bien qu'hostile à la guerre en Irak, Recep Tayyip Erdoğan, avec le soutien de l'armée, à estimé qu'un soutien aux américains était dans l'intérêt à long terme du pays, notamment pour prendre part aux décisions sur l'avenir des zones kurdes irakiennes.

Relations de la Turquie avec Israël

Erdoğan au Forum économique mondial, en 2005. Cela fait deux ans qu'il est Premier ministre.

Erdoğan n’a pas changé radicalement la politique de la Turquie vis-à-vis de l'État d'Israël qui reste un allié majeur pour la Turquie. Cela n'a pas empêché Erdoğan de dénoncer la politique jugée trop musclée du gouvernement d'Ariel Sharon.

Au lendemain de l'assassinat du Cheikh Ahmed Yassine (chef spirituel du Hamas), Tayyip Erdoğan n'hésitait pas à qualifier cette opération d'« acte terroriste » puis il dénonce le « terrorisme d'État » pratiqué par Israël dans la Bande de Gaza, avant de rappeler temporairement son ambassadeur à Tel-Aviv et son consul à Jérusalem « pour consultations ».

Lors de l'opération Arc-en-ciel qui a eu lieu dans la ville de Rafah, Erdoğan a dénoncé la « terreur d’État » de l'État israélien. Il déclare d'ailleurs que « les Israéliens traitent les Palestiniens comme ils ont été traités eux-mêmes, il y a cinquante ans ». Mais le partenariat stratégique et notamment militaire entre les deux pays n'est pas menacé.

Les relations israélo-turques se sont toutefois nettement réchauffées depuis. Erdoğan a proposé le 2 mai 2005 lors d'un voyage officiel en Israël et dans les territoires palestiniens de servir de médiateur dans le conflit israélo-palestinien. Même si Israël s'est aussitôt opposé à la proposition du premier ministre turc par la voix de son ministre des affaires étrangères Silvan Shalom, les tensions ont nettement baissé.

Le 29 janvier 2009, Erdoğan a quitté un débat au Forum économique mondial à Davos (Suisse) après avoir été interrompu lors de son argumentation par le modérateur, suite à un plaidoyer du président israélien, Shimon Peres, en faveur de la récente offensive menée par son pays dans la bande de Gaza et qui a fait plus de 1 330 morts palestiniens. Erdoğan a notamment déclaré « Je pense que vous devez vous sentir un peu coupable. (...) Vous avez tué des gens. Je me souviens des enfants qui sont morts sur des plages. » [5]. Le lendemain, le DTP, parti kurde d'opposition, a dénoncé les propos d'Erdoğan. Ainsi Emine Ayna, une députée du parlement turc a affirmé dans un communiqué de presse que « le Premier ministre Erdoğan essaye de reconquérir l'opinion publique en Turquie », puis, s'adressant à Erdoğan : « votre gouvernement aussi sait bien tuer » en faisait référence à un épisode durant lequel des enfants kurdes ont été tués à Diyarbakir en 2006[6]. Selahattin Demirtaş, député de Diyarbakir, a rappelé au Premier ministre turc, sa responsabilité dans la mort de six personnes au Norouz 2008 (nouvel an perse) en Turquie. Demirtaş a affirmé qu'à ce jour, le gouvernement turc n'avait fait aucune déclaration officielle sur la situation au Proche Orient et qu'Erdoğan avait signé il y a quelques jours un accord avec Israël sur l'achat de huit Herons (drone de fabrication israélienne) destinés à la récolte d'informations dans le Sud-est anatolien[7] et que les pilotes de l'aviation israélienne s'entrainerait à Konya (province du centre anatolien).

Le 27 mars 2010, il déclare que « considérer Jérusalem comme la capitale indivisible de l'État hébreu, comme le font les Israéliens, est une folie. Jérusalem est la prunelle des yeux du monde musulman (...) et on ne peut accepter aucune atteinte israélienne à Jérusalem et aux lieux musulmans », lors du Sommet annuel de la Ligue arabe[8].

Suite à l'abordage de la flottille pour Gaza, Erdoğan a tenu un discours avec des mots très durs à la Grande assemblée nationale, dénonçant un acte de « terrorisme d’État », dénonçant une « attaque insolente et irresponsable qui piétine toute vertu humaine ».

Des voix, essentiellement de gauche élèvent la voix en Turquie en qualifiant cette opération de complot organisé par l'Akp, les organisations humanitaires composant la flotille étaient essentiellement liées au parti au pouvoir, la diplomatie turque connaissant très bien les risques et les accords sur les eaux internationales dans cette région ainsi que les menaces de l'armée israélienne. D'après l'opposition tout était connu à l'avance.

Réchauffement des relations entre la Grèce et la Turquie

Recep Tayyip Erdoğan, en compagnie du Premier ministre grec Geórgios Papandréou, en 2009, quelques jours après la nomination de ce dernier à la tête du gouvernement grec.

Le gouvernement turc a invité le Premier ministre Kóstas Karamanlís à se rendre à Ankara. C'est ainsi la première visite officielle du genre depuis 1959.

C'est à l'occasion de la construction d'un nouveau gazoduc que les ministres grec et turc se sont rencontrés. Le Premier ministre turc a longuement remercié son homologue grec pour le soutien qu'il lui apporte pour l'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne : « Il n'est pas possible d'oublier le soutien qu'a apporté mon ami Kostas Caramanlis [au projet d'entrée de la Turquie dans l'Union européenne], spécialement lors du processus du 17 décembre. »

L'AKP cherche activement une solution à la question chypriote, bien que l'ancien ministre des Affaires étrangères, l'actuel président de la République turque Abdullah Gül reconnaisse que le dossier « n'est pas totalement dans [ses] mains ». Les négociations directes actuelles entre les présidents de la République turque de Chypre Nord et la République chypriote laissent entrevoir un accord sur une réunification de l'île.

Le chef du gouvernement grec, Karamanlís, a exprimé « le ferme et réel soutien de la Grèce à la perspective européenne » de la Turquie ; « Nous suivons avec intérêt vos efforts pour satisfaire à l'objectif de l'acquis européen. »

La Chine et les troubles au Xinjiang

Lors des troubles de juillet 2009 au Xinjiang, le Premier ministre turc dénonce l'action de la Chine contre les Ouïghours. Il affirme « l'événement survenu en Chine est une sorte de génocide, il n'y a pas d'autre façon de commenter cet événement », et « il y a là des atrocités, des centaines de personnes sont tuées, et un millier sont blessées. Nous avons du mal à comprendre que la direction de la Chine (...) puisse rester spectatrice face à ces événements ».

Prix

Le 26 juin 2009 à Bruxelles, il reçoit des mains de la princesse Astrid de Belgique le prix de la fondation du Forum de Crans-Montana.

Le 1er décembre 2010, il reçoit le prix Kadhafi des droits de l'homme décerné par le colonel Kadhafi.

Notes et références

  1. (En turc : Ben de Gürcü'yüm, ailemiz Batum'dan Rize'ye göç etmiş bir Gürcü ailesidir.) Bülent Sarıoğlu, "Kimlik değişimi!", Milliyet, 13 décembre 2005.
  2. Erdoğan dedesi sehit
  3. Başbakanlıktan azınlık genelgesi.
  4. Présentation de l'Alliance des civilisations sur le site officiel (en anglais).
  5. LeMonde.fr
  6. (tr) Emina Ayna, communiqué du 31 janvier 2009
  7. « La Turquie utilisera des drones israéliens dans le ciel kurde » dans Israël|Valley, 6 janvier 2008, [lire en ligne (page consultée le 2 février 2009)].
  8. http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2010/03/27/005-sommet-arabe-israel.shtml Colonisation de Jérusalem-Est Radio-Canada

Voir aussi

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