- Péryton
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Péryton
Le péryton serait un animal légendaire mi-oiseau et mi-cerf qui viendrait de l'Atlantide et se nourrirait d'êtres humains. Il se déplacerait en hordes et ne projetterait pas sa propre ombre, mais des ombres de forme humaine qu'il utiliserait pour capturer les hommes et s'en nourrir. Il s'agirait d'esprits de personnes mortes et égarées ou de reflets de Dieux. Selon la légende et les révélations d'oracles, les pérytons seraient les responsables de la chute de Rome. Cette créature est mentionnée pour la première fois par Jorge Luis Borges en 1957, dans son ouvrage Le livre des êtres imaginaires[1], où il affirme en tenir la description d'un manuscrit médiéval maintenant perdu. Le péryton a été reprit dans les bestiaires de jeux de rôle modernes comme Donjons et Dragons, qui a beaucoup joué pour sa popularité[2].
Sommaire
Étymologie
Le nom peritio semble être issu du latin « peritius », qui se trouve être le nom latin du quatrième mois de l'ancien calendrier macédonien[3]. Les possibles liens entre ce mois et la créature ne sont pas établis[2].
Histoire chronologique
Le péryton figure pour la première fois (et de façon incontestable) dans l'édition originale espagnole du Livre des êtres imaginaires de Jorge Luis Borges, parue en Argentine en 1957 sous le titre de Manual de zoología fantástica. L'auteur se réfère à un manuscrit médiéval maintenant perdu pour donner sa description de cette créature mais en l'absence de toute autre information, il est totalement impossible de savoir s'il s'agit de la vérité, les informations concernant le péryton et sa légende restent donc toutes à l'état de suppositions.
Antiquité gréco-romaine
Le péryton est totalement inconnu des sources classiques de l'Antiquité dont nous avons connaissance actuellement, mais d'après ses caractéristiques morphologiques et thématiques, il semblerait peu probable qu'il ne soit qu'une totale invention moderne[2].
Dans son Livre des êtres imaginaires, Jorge Luis Borges rapporte le texte d'un rabbin anonyme du XVIe siècle qui décrit la rencontre de Publius Cornelius Scipio avec ces bêtes près du détroit de Gibraltar, entre -237 et -183. Selon cet historien, Scipion et ses soldats furent attaqués par des troupeaux de pérytons qui semblaient insensibles à leurs armes. Les animaux fondirent sur les navires pour attaquer les marins et les déchirer avec leurs dents acérées, en se vautrant dans leur sang au passage. Toutefois, après ce rituel macabre, le péryton devient l'ombre de lui-même, il est alors libre de s'envoler et de vivre le reste de sa vie dans la paix. Chaque péryton devait tuer un homme et son âme était alors libérée, c'est, toujours selon l'interprétation de Jorge Luis Borges, probablement ce qui sauva les marins de l'anéantissement. Le résultat de cette bataille n'est pas connu[1].
La Sibylle d'Erythrée aurait aussi prédit que la ville de Rome serait finalement détruite par les pérytons. En l'an 642, les prophéties concernant ces créatures auraient disparues avec la quasi-totalité des textes dans le grand incendie de la bibliothèque d'Alexandrie. Les grammairiens qui entreprirent la restauration de certains fragments carbonisés des neuf volumes n'ont apparemment jamais retrouvé la prophétie concernant le sort de Rome et avec le temps, il devint nécessaire de trouver une source qui jette davantage de lumière sur cette tradition[1].
XVIe siècle
Il semblerait qu'au XVIe siècle, un rabbin de Fès (selon toute probabilité, Chaim Ben Jakob) ait laissé un traité historique dans lequel il cite le travail perdu d'érudits grecs, dont certains faits historiques au sujet des pérytons pris avant l'incendie de la bibliothèque. Le nom du savant grec qui serait l'auteur original n'est pas connu, mais des fragments de son œuvre sont mentionnés par Jorge Luis Borges dans l'édition originale espagnole du Livre des êtres imaginaires[1] :
« Les pérytons viennent de l'Atlantide et sont à moitié cerfs, à moitié oiseaux. Ils ont la tête et les jambes d'un cerf, quant à leur corps, il est parfaitement aviaire, avec des ailes et des plumes (...) Son caractère est plus étrange car lorsque le soleil frappe, au lieu de projeter l'ombre de son propre corps, il projette l'ombre d'un homme. De ce fait, certains concluent que les pérytons sont les esprits des voyageurs qui sont morts loin de leur foyer et hors de la garde de leurs dieux (...) des troupeaux en vol et ont été observés à une hauteur vertigineuse au-dessus des colonnes d'Hercule (...) ils [les pérytons] sont des ennemis mortels de la race humaine, quand ils réussissent à tuer un homme, son ombre est celle de leur propre corps et ils retrouvent les faveurs de leurs dieux... ceux qui ont traversé les mers à la conquête de Carthage, les troupes de Scipion, ont failli connaitre l'échec lors du passage d'une formation de pérytons qui plongea sur leurs navires (...) Bien que nos armes soient sans effet contre lui, l'animal ne peut tuer plus d'un seul homme (...) il se vautre dans le sang de ses victimes puis fuit vers le ciel en battant de ses ailes puissantes... à Ravenne, où ils ont été vus pour la dernière fois, leur plumage est décrit comme bleu, ce qui m'a surprit car il est bien connu que leurs plumes sont de couleur verte foncée »— Jorge Luis Borges citant le manuscrit d'un rabbin de Fès, Le livre des êtres imaginaires[1].
Jorge Luis Borges ajoute que, bien que ces extraits soient suffisamment explicites, il est regrettable que jusqu'à notre époque, de plus amples renseignements sur les pérytons ne puissent être trouvés. Le rabbin qui a préservé cette description l'aurait déposée dans la bibliothèque de l'Université de Dresde mais ce document aurait également disparu[1].
Description
Un cerf. Certains pérytons sont dépeints comme des cerf ailés.
Jorge Luis Borges fut le premier à décrire physiquement cette créature dans son ouvrage en 1957. Selon lui, le péryton possède les caractéristiques physiques d'un cerf et d'un oiseau, il aurait la tête, le cou, les pattes antérieures, le corps et les bois d'un cerf, le plumage, les pattes postérieures, l'arrière, la queue et les ailes d'un grand oiseau, et serait de couleur verte foncée ou bleue claire[1]. Il viendrait du continent perdu de l'Atlantide et cet étrange hybride projetterait une ombre qui, au lieu d'être celle d'un cerf ailé, se présenterait comme celle d'un homme[1]. On suppose que ces créatures sont les manifestations spirituelles de voyageurs qui ont péri loin de leurs foyers, les âmes de meurtriers emprisonnés dans un corps de bête, ou des fantômes demarins morts[4]. Bien que l'apparence première du péryton laisse supposer une vie paisible d'herbivore, ces créatures sont loin de l'être et aiment la chair humaine[1]. Ces animaux sont mentionnés volant au-dessus de la mer Méditerranée et de ses iles pour attaquer les navires et dévorer les marins[1] et ne peuvent pas être vaincus par une arme humaine, toutefois, un péryton ne peut tuer personne avant que son ombre ne recouvre entièrement le corps de la victime, et ne peut plus tuer d'autre être humain juste après l'avoir fait[1],[4].
Le péryton dans les œuvres modernes
Dans les ouvrages postérieurs au Livre des êtres imaginaires, le péryton est souvent dépeint comme un cerf ailé, ne gardant de l'oiseau que ses ailes[5], bien qu'il conserve généralement toute la symbolique qui lui est attachée[6]. Les ouvrages qui le mentionnent en font aussi une créature issue des légendes anciennes, malgré l'absence de preuves de ce fait[7].
Littérature
- L'écrivain américain Gene Wolfe donne le nom de Peryton à une constellation dans son cycle Le Livre du second soleil de Teur[8].
- Dans La source obscure, troisième tome de la trilogie des sélénae écrite par Douglas Niles, un vol de pérytons se trouve parmi l'armée de monstres démoniaques invoqués par le principal personnage antagoniste du roman[9].
- Un péryton meurtrier du nom d'Orfeo est l'un des principaux antagonistes du roman de fantasy Whiskey and Water écrit par Elizabeth Bear.
- Des pérytons au pelage doré et aux cornes empoisonnées attaquent le personnage principal du roman Fablehaven : Secrets of the Dragon Sanctuary.
- Dans la série de comics La Jeunesse de Picsou, Donald Duck utilise de fausses ailes pour donner à un cerf normal l'apparence d'un peryton afin d'effrayer Riri, Fifi et Loulou
- Le péryton fait partie des Monsters of the Mind dans le jeu de cartes à collectionner Weird and Wild Creatures.
Jeux vidéos
- Le péryton est un ennemi commun dans la série de jeux Star Ocean.
- Dans le MMORPG World of Warcraft, l'une des montures volantes du jeu ressemble beaucoup à un péryton (tête et ailes de corbeau, cornes de cerf, partie inférieure du corps d'un cerf ou d'un cheval) bien qu'ils soient nommés hippogriffes dans le jeu. Il est possible que l'apparence de la créature ait été inspirée par le péryton, mais que le nom d'hippogriffe lui ait été donné car il est plus commun et facile à identifier.
Jeu de rôle
- Dans Shadowrun, le péryton est semblable à un cerf ailé doté de grandes incisives. Il mesure 1,5 m au garrot pour une envergure de 5,50 mètres et un poids de 220 kg. Il est omnivore et s'attaque parfois à l'être humain qu'il attaque en plongeant sur ses victimes depuis le ciel. Créature diurne et solitaire, il vit dans les collines d'Europe du Sud et de l'Est. Il peut provoquer des accidents et générer une « zone de silence[10] ».
- Le péryton figure aussi dans le bestiaire d'un autre jeu de rôle, World of Chronos, où il est décrit comme vivant en hordes[5].
- Une maison d'édition nommée Peryton publishing[11] a produit un jeu de rôle sous le titre de Peryton. Le design du monstre est similaire à celui de Donjons et Dragons[12], si ce n'est que ses ailes sont celles d'une chauve-souris et non d'un oiseau[13].
Donjons et Dragons
Dans le bestiaire de Donjons et Dragons, le péryton figure depuis la première édition du Manuel des monstres[14] , ce qui a largement contribué à le faire connaitre. Il s'agit d'une créature magique de type bête, possédant le corps d'un aigle géant et une tête de cerf surmontée de cornes d'obsidienne brillantes, un plumage vert foncé, une tête bleue-noire aux yeux orange pâle et des serres jaunes, il est donc différent en apparence du péryton original[15]. Les perytons sont habituellement d'alignement chaotique mauvais et, tout comme dans la description originale, insensibles aux armes non-magiques. Ils projettent des ombres de forme humaine et ont la même odeur qu'un homme[16].
Société
Les pérytons sont des créatures maléfiques qui se reposent au sommet de hautes falaises dans les forêts denses. Ils créent des nids de 4 individus ou complètement indépendants, et ces nids ne sont jamais proches les uns des autres, sauf dans des circonstances particulières, comme un terrain de chasse fertile. Les pérytons ont besoin de manger de l'homme ou des cœurs humanoïdes pour survivre, les femelles ont besoin de se reproduire et ils chassent des êtres en conséquence. Ils communiquent par une série de cris et de rugissements. Ils ne peuvent pas parler mais comprennent le commun[17].
Combat
Les pérytons se soucient le plus de leur chasse afin d'obtenir le cœur d'un l'humanoïde dont ils ont besoin pour survivre. Chaque jour, ils essaient de faire au moins un mort. Ils commencent par la recherche d'un homme afin de le capturer avec leur avec leur ombre, puis volent très haut et redescendent en plongeant à la vitesse de l'éclair. Ils saisissent la victime dans leurs serres, la transportent dans le ciel, puis lui arrachent le cœur. Si ils ont mangé récemment, ils portent l'homme à leur nid et le conservent comme un esclave jusqu'à ce que son cœur soit nécessaire. Ils prennent tout trésor que la victime pourrait avoir, et le stockent de la même manière qu'un dragon[17],[18],[19].
Notes et références
- ↑ a , b , c , d , e , f , g , h , i , j et k Jorge-Luis Borges, Le livre des êtres imaginaires, Éditions Gallimard, 2007, 233 p. (ISBN 9782070711024), p. « péryton »
- ↑ a , b et c Péryton sur Monstropédia. Consulté le 25 juin 2009.
- ↑ Περίτιος (Peritios, lune de janvier).
- ↑ a et b (en)Péryton
- ↑ a et b (en) Mathew Krueger, World of Chronos Guidebook, Blitzprint Inc., 2008, 252 p. (ISBN 9780779502622)
- ↑ (en) Ilil Arbel, The Cinnabar Box, Virtualbookworm Publishing, 2003, 132 p. (ISBN 9781589394698), p. ch.7
- ↑ (en) Nicholas Christopher, The bestiary: a novel, Dial Press, 2007, 307 p. (ISBN 9780385337366), p. 306
- ↑ (en) Lexicon Urthus: A Dictionary for the Urth Cycle, Sirius Fiction,, 2008, 440 p. (ISBN 9780964279513)
- ↑ Douglas Niles, La source obscure, t. 28, Fleuve Noir, 1997
- ↑ Peryton sur Shadowrun.fr. Consulté le 25 juin 2009
- ↑ Peryton publishing sur Peryton publishing. Consulté le 25 juin 2009
- ↑ Péryton RPG
- ↑ R. Christina Lea, Peryton Fantasy Roleplaying Game, Lulu.com, 2006, 176 p. (ISBN 9781847284860)
- ↑ (en) Gary Gygax, Monster manual, TSR, 1977
- ↑ [image] Dessin d'un péryton dans Donjons et Dragons
- ↑ (en) David Cook, Monstrous Compendium Forgotten Realms Appendix II, TSR, 1991
- ↑ a et b (en) Nigel Findley, « The Ecology of the Peryton », dans TSR, Dragon, no 82, 1984
- ↑ (en) Doug Stewart, Monster Manual, TSR, 1994
- ↑ (en)James Wyatt et Rob Heinsoo. Monstrous Compendium: Monsters of Faerûn (Wizards of the Coast, 2001
Annexes
Liens externes
[image]Vision d'artiste d'un Péryton
Bibliographie
- (es)Jorge Luis Borges, El libro de los seres imaginarios. Editorial Destino : Barcelona, 2007 (réédition de 1957). (ISBN 8423339122)
- Manuel des monstres de Donjons et dragons
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