Gnoll

Gnoll

Les gnolls sont une race humanoïde fictive, apparue pour la première fois dans le jeu de rôle Donjons et dragons en 1974. Ils sont généralement représentés comme des humanoïdes à tête de hyène.

Sommaire

Origine

Lord Dunsany fut le premier inspirateur des gnolls, dès 1912.

Les « gnoles », ainsi orthographiés, sont apparus pour la première fois dans la littérature sous la plume de Lord Dunsany en 1912, dans la nouvelle How Nuth would have Practised his Art upon the Gnoles ('Comment Nuth a pratiqué son art sur les Gnoles')[1]. Ces créatures ne sont pas clairement décrites, mais on apprend qu'elles construisent des pièges astucieux pour défendre leurs trésors. Par contre, une illustration de Sidney Sime pour cette nouvelle montrait la silhouette de trois créatures simiesques, poilues et de petite taille[2].

Les « gnoles » sont ensuite réapparus sous la plume de l'écrivaine américaine Margaret St. Clair, dans une nouvelle publiée en 1951. Gary Gygax, l'un des auteurs de Donjons et dragons, a admis sa dette envers elle, déclarant : « J'ai pris le nom dans une nouvelle publiée dans The Magazine of Fantasy & Science Fiction, The Man Who Sold Rope to the Gnoles ('L'homme qui vendait des cordes aux gnoles'). Tout le reste, je l'ai fait pour que ça aille avec le jeu »[3].

Lorsqu'ils sont présentés pour la première fois dans les règles de Donjons et dragons en 1974, les gnolls sont décrits comme « un croisement entre des gnomes et des trolls (...peut-être, Lord Dunsany n'a pas réellement rendu ça clair) avec +2 au moral. Pour le reste, ils sont similaires aux hobgobelins »[4]. Les gnolls sont donc bien empruntés aux gnoles de Lord Dunsany, ce qui en fait la seule créature des règles originales de D&D à avoir une référence littéraire explicite. Les gnolls sont listés, avec les hobgoblins, parmi les créatures liées au Chaos[5]. Cette association, plusieurs fois répétée au cours des règles, avec les hobgoblins, n'est pas expliquée.

Une illustration du jeu montre une créature courbée, au museau allongé, aux longues oreilles, pourvue de griffes, équipée d'un casque, d'une armure et d'une hache[6]. Elle pourrait déjà évoquer la créature à tête de hyène des éditions ultérieures, mais la faible lisibilité ne permet pas de l'assurer. L'orthographe gnoll peut être rapprochée du moyen anglais noll, qui désigne une personne ivre ou stupide[7].

Évolution

Les Gnolls sont généralement décrits comme des humanoïdes à tête de hyène.

En 1977, lors de la publication Monsters manual (manuel des monstres) d'Advanced Dungeons and Dragons, les gnolls sont décrits comme ressemblant à des hyènes. Ils sont hauts de plus de 2,10 m, ont la peau gris-vert, le museau plus sombre, la crinière variant du gris rouge aux jaune sale, les yeux noirs et les griffes couleur d'ambre, portant des armures et vêtements élimés[8]. Cette description va fixer l'image générale du gnoll, comme hyène humanoïde, même si la peau verdâtre semble un héritage du troll, tel qu'il apparait dans le même manuel sous l'influence de la créature décrite par Poul Anderson dans Trois cœurs, trois lions[9]. Leur intelligence est indiquée comme « faible à moyenne » et leur alignement, chaotique mauvais[8].

Quoique plusieurs fois cités dans l'édition d'introduction rédigée par Eric Holmes, les gnolls n'ont pas d'entrée spécifique dans la description des monstres[10], également publiée en 1977. L'édition de Tom Moldvay en 1981, c'est-à-dire la célèbre « boite rouge », entérine la description comme hommes-hyènes, et ajoute « On dit que les gnolls sont le résultat d'un croisement magique entre un troll et un gnome fait par un magicien démoniaque », ce qui précise leur origine potentielle sans la valider complètement[11]. Interrogé sur ce point Gary Gygax a expliqué : « Qui a dit que le croisement d'un gnome et d'un troll ne pouvait pas avoir un visage de hyène ? Après tout, c'est moi qui ait mentionné les origines de ces espèces. J'ai juste décidé que c'était trop fade et que j'avais besoin de quelque-chose de plus méchant. Je déteste intensément les hyènes... »[3].

Le monsters compendium (« catalogue des monstres ») de la seconde édition d'AD&D, publié en 1989, reprend mot pour mot la description de la précédente édition, y compris la peau verdâtre, tout en précisant leur mode de préhension (les mains des gnolls sont identiques à celles des humains) et de locomotion (ils sont bipèdes)[12]. Par contre, les origines supposées des trolls ne sont plus mentionnées dans leur description. La troisième édition de Donjons & Dragons, en 2000, gomme ce qui restait du troll, puisque seul est décrit la couleur de leur pelage : « La fourrure des gnolls va du roux terne au jaune sale ». De plus, ils gagnent en taille, atteignant désormais les 2,25 m. pour 150 kg[13]. La quatrième édition de Donjons & Dragons ne propose pas de description physique des gnolls, mais une illustration qui entérine l'homme-hyène. Leurs caractéristiques de combat accentuent cette dualité, en leur attribuant des capacité d'attaque en meute, de morsure et de de griffes[14].

Castles & Crusades, publié en 2004, mais fortement inspiré par l'esprit de la première édition d'AD&D, élargit l'aspect physique des gnolls, puisqu'ils peuvent avoir des « têtes de chacals, de hyène, de coyotes et autres charognards »[15].

Mode de vie

Ce paysage karstique évoque fortement les « cavernes du Chaos », où se trouve le premier habitat gnoll décrit par Gary Gygax.

Peu d'éléments concernant le mode de vie des premiers gnolls peut être déduit de leurs mentions dans les règles originales de Donjons & Dragons, si ce n'est qu'on peut les trouver aussi bien dans le monde souterrain que dans les terres sauvages, qu'ils sont absents des villes[16] et que, comme les hobgoblins, ils vivent en communautés de 20 à 200 membres dirigées par un roi[17]. A noter qu'ils sont le seul monstre cité dans l'exemple de jeu qui figure dans les règles originales[18].

Le Manuel des monstres (Monster manual) publié en 1977 est plus précis, mais diverge sur le modèle politique, puisqu'il précise que les gnolls vivent en bandes à l'organisation lâche, capables toutefois de s'unir temporairement sur des objectifs communs. Plutôt qu'un roi, ils sont dirigés par un simple chef[8], quoique la portée de cette nuance puisse être discutée. Leur caractère ubiquiste, capable de s'adapter aussi bien aux climats arctiques que arides, est explicitement confirmé. Leur habitat est, dans la plupart des cas (85%), souterrain, bien qu'ils soient fainéants et mauvais mineurs, mais une minorité (15%) habite des villages ou bâtiments abandonnés à la surface[8]. Enfin, la composition sexuelle proposée de la société gnoll, soit deux mâles et quatre enfants pour une femelle[8], est conforme à celle de la plupart des autres humanoïdes présentés dans le même ouvrage. Aucune explication n'est proposée à ce sex-ratio déséquilibré.

La première description de l'habitat d'une tribu gnoll est celle proposée dans le module Le château fort aux confins du pays (The Keep on the borderlands), publié par Gary Gygax en 1979. Situé dans les « cavernes du Chaos », il ne diffère pas particulièrement de celui des tribus humanoïdes avoisinantes. Par contre, on rencontre dans le même module un « gnoll fou », qui semble préfigurer l'association entre gnoll et folie que l'on retrouvera développée dans leur religion[19].

Au départ une espèce souterraine, les gnolls deviennent des nomades, dont l'économie est entièrement tournée vers le pillage et l'esclavage, menés par le fanatisme religieux[14]. Il existe néanmoins, dans les terres nordiques de Mystara, des tribus gnolls dotées d'une économie pastorale, pour lesquelles l'élevage de moutons n'exclue pas le recours périodique au pillage[20].

Religion

Le monster manual, publié en 1977, introduisait le « seigneur démon des Gnolls », Yeenoghu. Une illustration due, tout comme celle du gnoll lui-même, à David C. Sutherland III, le présentait comme une créature humanoïde osseuse et efflanquée, à face de hyène, vêtue d'un pagne et de bracelets, armé d'un fléau à trois boules, constitué d'adamantium précise la notice. Le texte précisait que « dans les rangs des princes démons, Yeenoghu était l'un des plus puissants et des plus redoutés »[21]. Il est en outre qualifié de « roi des goules », sans que la raison en soit précisée.

Une explication possible à cette association entre goules et gnolls pourrait être trouvée dans la nouvelle déjà citée de Lord Dunsany, How Nuth Would Have Practised His Art Upon the Gnoles. En effet, on y trouve une référence directe aux goules : the silence that, though ominous, was earthly, became unearthly like the touch of a ghoul (« le silence qui, bien qu'inquiétant, était naturel, devint aussi surnaturel que le contact d'une goule »)[1]. De plus, le lien entre goule et hyène existe dans les contes[22], ou encore, par exemple, dans la nouvelle The Ghoul and the Seraph de Clark Ashton Smith[23].

A ce rapprochement, on peut en ajouter un autre : le Thoul, autre créature mythique propre à Donjons et Dragons, qui est décrite comme « la combinaison magique entre un troll, une goule et un hobgobelin »[24]. On y retrouve plusieurs traits du gnoll : sa création à partir du troll, son lien inexpliqué avec le hobgobelin, son association avec les goules. Quoique cette créature ne soit pas décrite dans les règles originales de D&D, elle figure explicitement dans les tables de « monstres errants », précisément entre les gnolls et les goules[25].

Ranivorus est un immortel vénéré par les gnolls dans le monde de Mystara. Associé à la sphère de l'Entropie, placé sous la tutelle de Thanatos, il a rang de Céleste dans la hiérarchie des immortels[26]. Il est réputé avoir causé la chute de l'empire Nithien en semant la folie parmi les mages et la classe dirigeante[27]. Ses adversaires sont Pflarr, immortel à tête de chacal associé à l'empire Nithien, et Halav, un héros parvenu à l'immortalité en combattant la grande horde des gnolls[26]. Le culte de Ranivorus est répandu dans les collines de Soderfjord et de Vestland[27], ainsi qu'au Sud-Gnollistan[28]. Il est associé à la folie, aux convulsions et aux personnalités multiples[27]. Bien que les attributs de Ranivorus diffèrent sensiblement de ceux de Yeenoghu, Aaron Allston indique qu'il s'agit de deux noms pour une même entité[26].

Les Gnolls dans les mondes Donjons & Dragons

Mystara

Les Gnolls ont une certaine importance dans le monde fictif de Mystara, dans lequel leur histoire est plus détaillée que dans d'autres mondes de jeux de rôle. Ils sont les « hommes-bêtes » qui ont combattus les Traldars menés par le roi Halav, dans la région qui allait devenir le Grand-duché de Karameikos[29].

Autres apparitions de Gnolls

Les gnolls sont aussi présents dans d'autres jeux comme Heroes of Might and Magic III où ils sont des créatures de niveau du château appelé Forteresse, ou Warcraft III où ils sont un peuple à part, réputé pour constituer une formidable armée s’ils cessaient de se battre constamment entre eux. On les retrouve aussi dans le jeu Puzzle Quest où ils sont un peuple créé par l’un des Cavaliers de l’Apocalypse. Dans Everquest I & II sur PC, ils sont des ennemis sur le continent d’Antonica. Dans Final Fantasy IX et Final Fantasy XI, les Gnolls sont des ennemis communs, de même que dans Tales of Phantasia et la série des Baldur's Gate.

Bibliographie

  • Mario Barbati, Gnoll enclave, Øone's colorprints #8, Øone roleplaying game, 2008. [propose le plan complet d'un habitat gnoll, y compris un « temple du dieu-hyène », en couleur, sur fond de grille, sans référence à un système de jeu particulier]

Notes et références

  1. a et b Lord Dunsany, How Nuth would have Practised his Art upon the Gnoles, Texte complet.
  2. Voir la reproduction dans l'article de Scott Charleston, « Gnoles of Thool », 2009.
  3. a et b Réponse de Gary Gygax sur le forum ENworld, citée dans Monster Origins.
  4. Dave Arneson et Gary Gygax, Dungeons & Dragons, vol. 2, Monsters & Treasures, TSR, 1974, p. 9.
  5. Dave Arneson et Gary Gygax, Dungeons & Dragons, vol. 1, Men & Magic, TSR, 1974, p. 8.
  6. Dave Arneson et Gary Gygax, Monsters & Treasures, vol. 2, Men & Magic, TSR, 1974, p. 10.
  7. Richard the Redeless (anon. c.1399) "Though þis be derklich endited ffor a dulle nolle..."; Thomas Drant, Horace, Satires (trans.) (1566) "We call him goose and disarde doulte and fowlye fatted nowle", cité dans le Oxford English Dictionary
  8. a, b, c, d et e Gary Gygax, Monster Manual, TSR, 1977, p. 46.
  9. Poul Anderson, Trois cœurs, trois lions, Belial 2006. Première édition, 1961.
  10. J. Eric Holmes, Dungeons & Dragons Basic Set, TSR
  11. Tom Moldvay, Donjons & Dragons, édition française de 1982, TSR, p. B36.
  12. David Zeb Cook, Monstrous Compendium, TSR, 1979.
  13. Version française du Document de référence du système, article Gnoll
  14. a et b Wizards RPG Team, Monsters manual, Wizards of the Coast, 2008, pp. 134-135.
  15. Davis Chenault & Mac Golden, Castles & Crusades condensed, Troll Lords games, 2006, p. 95.
  16. Dave Arneson et Gary Gygax, Dungeons & Dragons, vol. 3, The underworld & wilderness adventure, TSR, 1974, p. 10 et 18.
  17. Dave Arneson et Gary Gygax, Dungeons & Dragons, vol. 2, Monsters and Treasures, TSR, 1974, p. 5.
  18. Dave Arneson et Gary Gygax, Dungeons & Dragons, vol. 3, The underworld & wilderness adventure, TSR, 1974, p. 13.
  19. Gary Gygax, The Keep on the borderlands, TSR, 1979
  20. Ken Rolston et Elizabeth Danforth, The Northern Reaches, Gazeeter 7, TSR, p. 30
  21. Gary Gygax, Monster Manual, TSR, 1977, p. 19.
  22. Article Ghoul de l'Encyclopædia Britannica 2007 Ultimate Reference Suite DVD, 2007.
  23. Clark Ashton Smith, The Ghoul and the Seraph, 1922 Texte complet sur Wikisource.
  24. Tom Moldvay, Donjons & Dragons, édition française de 1982, TSR, p. B45.
  25. Dave Arneson et Gary Gygax, Dungeons & Dragons, vol. 3, The underworld & wilderness adventure, TSR, 1974, p. 10.
  26. a, b et c Aaron Allston, Wrath of the Immortals. Book I : Codex of the Immortals, TSR, 1992, p. 41.
  27. a, b et c Bruce Heard, The Orcs of Thar, Gazeeter 10, TSR 1988, p. 10.
  28. Bruce Heard, The Orcs of Thar, Gazeeter 10, TSR 1988, p. 14.
  29. Aaron Allston, Le Grand duché de Karameikos, TSR, 1987.

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