- Périclès
-
Pour les articles homonymes, voir Périclès (homonymie).
Périclès (en grec ancien Περικλῆς / Periklễs, signifiant littéralement « entouré de gloire »), né à Athènes vers 495 av. J.-C. et mort dans cette même ville en 429 av. J.-C., est un éminent et influent stratège, orateur et homme d'État athénien durant l'âge d'or de la cité, plus précisément entre les guerres médiques et la guerre du Péloponnèse. Membre de la tribu acamantide et du dème de Cholargos, il est le fils de Xanthippe et d’Agaristè, elle-même nièce de Clisthène. Par sa mère, il descend de la puissante et historiquement influente famille des Alcméonides.
Périclès a eu une influence si profonde sur la société athénienne que Thucydide, un historien contemporain, le qualifie de « premier citoyen d'Athènes ». Périclès fait de la Ligue de Délos un empire athénien et mène ses compatriotes au cours des deux premières années de la guerre du Péloponnèse. L’influence de ce personnage est telle que son époque est parfois appelée le « siècle de Périclès ».
Périclès s'est illustré également dans la promotion des arts, ce qui a été une des principales raisons pour lesquelles Athènes détient la réputation d'être le centre éducatif et culturel du monde grec antique. Il a initié un ambitieux projet de construction de la plupart des structures survivantes sur l'Acropole d'Athènes dont le Parthénon. Ce projet embellit la ville, représente sa gloire et donne du travail à la population[1]. En outre, Périclès favorise la démocratie athénienne à tel point que des critiques le qualifient de démagogue[2].
Sommaire
Biographie
Enfance
Périclès naît vers 495 av. J.-C.[Note 1], dans le dème de Cholargos juste au nord d'Athènes[4]. Il est le fils de Xanthippe, un homme politique notable qui s'est opposé à Miltiade[4] et qui, bien qu'ostracisé en 485-484 av. J.-C., est revenu à Athènes pour commander le contingent athénien dans les victoires grecques au cap Mycale et à Sestos cinq ans plus tard[4]. La mère de Périclès, Agaristè, est une descendante de la puissante famille noble et controversée des Alcméonides[5] et ses liens familiaux ont joué un rôle crucial dans le démarrage de la carrière politique de Xanthippe. Agaristè est l'arrière-petite-fille du tyran de Sicyone, Clisthène, et la nièce du réformateur athénien Clisthène, un autre Alcméonide[Note 2],[7]. D'après Hérodote et Plutarque, Agaristè a rêvé, quelques nuits avant la naissance de Périclès, qu'elle porte un lion[8],[6],[4]. Une interprétation de cette anecdote considère le lion comme symbole traditionnel de grandeur, mais l'histoire peut aussi faire allusion à la taille inhabituelle du crâne de Périclès, qui est devenue une cible de moquerie de la part des comédiens contemporains[6],[9] et l'origine du sobriquet de « tête d'oignon[5] ». Plutarque présente cependant cette malformation comme la raison pour laquelle Périclès est toujours casqué, bien que cela n'en soit pas la raison, le casque étant le symbole de son rang officiel comme stratège[10], cette fonction incluant notamment le commandement militaire.
Périclès appartient à la tribu locale des Acamantis. Il a un frère, Ariphron, nommé comme le père de Xanthippe[11]. Bien qu'il soit prédestiné à faire de la politique, ses premières années sont calmes et le jeune Périclès, introverti, prend soin d'éviter les apparitions publiques, préférant consacrer son temps à ses études[12]. La noblesse et la richesse de sa famille lui permettent de poursuivre pleinement son penchant pour l'éducation. Il apprend la musique des maîtres de son époque (Damon ou Pythocleides pourrait avoir été son professeur)[13] et serait le premier homme politique à accorder une grande importance à la philosophie[12]. Il aime la compagnie des philosophes Protagoras, Zénon d'Élée et Anaxagore. Anaxagore en particulier est devenu un de ses amis proches et l'a beaucoup influencé[13]. La manière de penser et le charisme rhétorique de Périclès peuvent avoir été produits dans le cadre de l'accent d'Anaxagore sur le calme émotionnel face aux difficultés et sur le scepticisme à propos des phénomènes divins[7]. Le calme proverbial et la maîtrise de soi de Périclès seraient des résultats de l'influence d'Anaxagore[14].
Carrière politique avant 431 av. J.-C.
Entrée en politique
Au printemps de 472 av. J.-C., Périclès présente la tragédie grecque Les Perses d'Eschyle aux Grandes Dionysies comme une liturgie, démontrant alors qu'il est l'un des hommes les plus riches d'Athènes[15]. L'historien Simon Hornblower a fait valoir que la sélection par Périclès de cette tragédie, qui présente une image nostalgique de la célèbre victoire de Thémistocle à la bataille de Salamine, montre que le jeune politicien a appuyé Thémistocle contre son adversaire politique Cimon, dont la faction a réussi à faire ostraciser Thémistocle peu de temps après[16].
Plutarque indique que Périclès est le « premier des Athéniens » pendant quarante ans[17]. Si tel est le cas, Périclès a dû prendre une position importante au début des années 460 av. J.-C. Tout au long de cette période, il s'est efforcé de protéger sa vie privée et a essayé de se présenter comme un modèle pour ses concitoyens. Par exemple, il évite souvent les banquets, essayant d'être frugal[18],[19].
En 463 av. J.-C., Périclès est le procureur principal contre Cimon, le chef de la faction conservatrice accusé de négliger les intérêts vitaux d'Athènes en Macédoine[20]. Bien que Cimon soit acquitté, cette confrontation prouve que l'adversaire politique majeur de Périclès est vulnérable[21].
Ostracisme de Cimon
Autour de 461 av. J.-C., les responsables du parti démocratique décident qu'il est temps d'accéder à l'Aréopage, un conseil traditionnel contrôlés par l'aristocratie athénienne et autrefois l'organe le plus puissant dans l'État[3]. Le chef du parti et mentor de Périclès, Éphialtès, propose une forte réduction des pouvoirs de l'Aréopage. L'ecclésia (l'assemblée athénienne) adopte la proposition d'Éphialtès sans une forte opposition[19]. Cette réforme marque le début d'une nouvelle ère de la « démocratie radicale[3] ». Le parti démocratique devient progressivement dominant dans la vie politique athénienne et Périclès semble disposé à suivre une politique populiste afin de choyer le public. Selon Aristote, l'attitude de Périclès peut s'expliquer par le fait que son principal adversaire politique, Cimon, est riche et généreux et a réussi à obtenir les faveurs du public en dilapidant sa considérable fortune personnelle[20]. L'historien Loren J. Samons II fait cependant valoir que Périclès a suffisamment de ressources pour faire une carrière politique avec des moyens privés, s'il l'avait choisi[22].
En 461 av. J.-C., Périclès obtient l'élimination politique de ce redoutable adversaire en utilisant l'« arme » de l'ostracisme. L'accusation principale porte sur le fait que Cimon a trahi sa ville en agissant comme un ami de Sparte[23]. Même après l'ostracisme de Cimon, Périclès adopte et promeut une politique populiste sociale[19]. Il propose d'abord un décret qui permet aux pauvres de regarder les pièces de théâtre sans payer, l’État couvrant le coût de leur admission. Avec d'autres décrets, il abaisse l'exigence de propriété pour les archontes en 458-457 av. J.-C. et verse des indemnités généreuses (Misthos), juste après 454 av. J.-C.[24], à tous les citoyens qui servent comme jurés dans l'Héliée (le tribunal suprême d'Athènes) puisqu'ils perdent les bénéfices d'une journée entière de travail. Sa mesure la plus controversée est une loi, en 451 av. J.-C., limitant la citoyenneté athénienne aux personnes ayant une filiation athénienne de ses deux ascendances, au lieu de celle du père auparavant[25].
Ces mesures poussent les critiques à considérer Périclès comme responsable de la dégénérescence progressive de la démocratie athénienne. Constantin Paparrigopoulos, un historien grec moderne, a fait valoir que Périclès a demandé l'expansion et la stabilisation de toutes les institutions démocratiques[26]. Par conséquent, il a adopté une loi accordant l'accès des classes inférieures au système politique et aux bureaux publics, alors qu'elles ont précédemment été interdites en raison des moyens limités ou d'une naissance jugée peu humble[27]. Selon Samons, Périclès a estimé qu'il était nécessaire d'augmenter les démos, dans laquelle il voyait une source inexploitée de la puissance athénienne et l'élément crucial de la domination militaire d'Athènes[28]. À titre d'exemple, les postes de la flotte, épine dorsale de la puissance athénienne depuis l'époque de Thémistocle, sont occupés presque entièrement par les membres des classes inférieures[29].
Cimon, d'autre part, croit qu'il n'existe aucun espace libre pour l'évolution démocratique, que la démocratie a atteint son apogée et que les réformes de Périclès ont conduit à l'impasse du populisme. Selon Paparrigopoulos, l'histoire a donné raison à Cimon, parce qu'Athènes, après la mort de Périclès, sombre dans l'abîme de l'agitation politique et la démagogie. Paparrigopoulos soutient qu'une régression sans précédent s'est abattu sur la ville, dont la gloire se perd du fait des politiques populistes de Périclès[26]. Selon un autre historien, Justin Daniel King, la démocratie radicale a bénéficié aux personnes, mais a porté atteinte à l'État[30]. D'autre part, l'historien Donald Kagan affirme que les mesures démocratiques mises en œuvre par Périclès sont à la base d'une force politique incontestable[31]. En effet, Cimon a finalement accepté la nouvelle démocratie et ne s'est pas opposé à la loi sur la citoyenneté, après son retour d'exil en 451 av. J.-C.[32].
Dirigeant d'Athènes
L'assassinat d'Éphialtès en 461 av. J.-C. ouvre la voie à Périclès pour consolider son autorité[Note 3]. En l'absence d'opposition forte après l'ostracisme de Cimon, Périclès, chef incontestable du parti démocratique, devient le souverain tout aussi incontestable d'Athènes. Il demeure au pouvoir presque sans interruption jusqu'à sa mort en 429 av. J.-C.
Première guerre du Péloponnèse
Article détaillé : Première guerre du Péloponnèse.Périclès a fait ses premières manœuvres militaires pendant la première guerre du Péloponnèse, causée en partie par l'alliance d'Athènes avec Mégare et Argos et la réaction subséquente de Sparte. En 454 av. J.-C., il attaque Sicyone et l'Acarnanie[35]. Il tente ensuite, sans succès, de prendre Œniadæ sur le golfe de Corinthe, avant de retourner à Athènes[36]. En 451 av. J.-C., Cimon serait de retour d'exil et a négocié une trêve de cinq ans avec Sparte après une proposition de Périclès, un événement qui indique un changement de stratégie politique de Périclès[37]. Périclès peut avoir pris conscience de l'importance de la contribution de Cimon durant les conflits en cours contre les Péloponnésiens et les Perses. Anthony J. Podlecki fait valoir cependant que le prétendu changement de position de Périclès est une invention des auteurs anciens afin de « donner une vue tendancieuse de la sournoiserie de Périclès[38] ».
Plutarque statue que Cimon a conclu un accord de partage du pouvoir avec ses adversaires, selon lequel Périclès s'occupe des affaires intérieures tandis que Cimon est le chef de l'armée athénienne, faisant campagne à l'étranger[34]. S'il a réellement été conclu, ce marché constitue une concession de la part de Périclès, mettant en doute ses qualités de stratèges. Donald Kagan estime que Cimon s'est adapté aux nouvelles conditions et a fait la promotion d'un mariage politique entre les libéraux de Périclès et les conservateurs de Cimon[32].
Au milieu des années 450 av. J.-C., les Athéniens appuient sans succès une révolte égyptienne contre la Perse, ce qui conduit à un long siège d'une forteresse perse dans le delta du Nil. La campagne aboutit à une catastrophe avec la défaite et la destruction de la force athénienne[39]. En 451-450 av. J.-C., les Athéniens envoient des troupes à Chypre. Cimon vainc les Perses à Salamine de Chypre mais meurt de maladie en 449 av. J.-C. Périclès aurait envoyé deux expéditions en Égypte et à Chypre[40], bien que certains chercheurs, tels que Karl Julius Beloch, font valoir que l'envoi d'une grande flotte est conforme à l'esprit de la politique de Cimon[41].
De cette période complexe, l'existence de la paix de Callias, traité qui aurait mis fin aux hostilités entre les Grecs et les Perses, est vivement contestée et ses détails et sa négociation sont tout aussi ambigus[42]. L'historien Ernst Badian écrit qu'une paix entre Athènes et la Perse a été ratifiée en 463 av. J.-C. (faisant des interventions athéniennes en Égypte et à Chypre des violations de cette paix) et a été renégociée à la fin de la campagne à Chypre, en prenant à nouveau de la force en 449-448 av. J.-C.[43]. L'historien John Fine, d'un autre côté, suggère que la première paix entre Athènes et la Perse a été conclue en 450-449 av. J.-C. à la suite du calcul stratégique de Périclès que le conflit en cours avec la Perse porte atteinte à la capacité d'Athènes d'étendre son influence en Grèce et en mer Égée[42]. Kagan estime que Périclès a recours à Callias, demi-frère de Cimon, en tant que symbole de l'unité et l'a employé à plusieurs reprises pour négocier des accords importants[44].
Au printemps de 449 av. J.-C., Périclès propose un décret qui conduit à une réunion (un « congrès ») de tous les États grecs, afin d'examiner la question de la reconstruction des temples détruits par les Perses. Le congrès échoue en raison de la position de Sparte mais les véritables intentions de Périclès restent floues[45]. Certains historiens croient qu'il a voulu mettre en place rapidement une sorte de confédération de toutes les cités grecques, d'autres qu'il a voulu faire valoir la prééminence athénienne[46]. Selon l'historien Terry Buckley, l'objectif du décret est un nouveau mandat pour la ligue de Délos et pour la collecte du phoros (taxes)[47].
Pendant la deuxième guerre sacrée, Périclès conduit l'armée athénienne contre Delphes et a réintégré la Phocide dans ses droits souverains sur l'oracle[48]. En 447 av. J.-C., Périclès s'engage dans sa manœuvre militaire la plus réussie, l'expulsion des barbares de la péninsule thrace de Gallipoli, dans le but d'établir des colons athéniens dans la région[7],[49]. À ce moment cependant, Athènes est sérieusement contestée par un certain nombre de révoltes parmi ses alliés (ou, pour être plus précis, de ses sujets). En 447 av. J.-C., les oligarques de Thèbes conspirent contre la faction démocratique. Les Athéniens demandent leur extradition immédiate, mais, après la bataille de Coronée, Périclès est forcé d'admettre la perte de la Béotie afin de récupérer les prisonniers faits pendant cette bataille[12]. La Béotie dans des mains ennemies, la Phocide et la Locride sont devenues intenables et tombent rapidement sous le contrôle des oligarques hostiles[50]. En 446 av. J.-C., un soulèvement plus dangereux éclate : Eubée et Mégare se révoltent. Périclès passe en Eubée avec ses troupes mais est forcé de revenir quand l'armée spartiate envahit l'Attique. Grâce à la corruption et les négociations, Périclès désamorce la menace imminente et les Spartiates rentrent chez eux[51]. Lorsque la gestion des deniers publics de Périclès est ensuite vérifiée, une dépense de 10 talents n'est pas suffisamment justifiée, puisque les documents officiels mentionnent que l'argent a été dépensé à des « fins très graves ». Néanmoins, les « fins très graves », à savoir la corruption, sont aussi évidentes pour les vérificateurs qui ont approuvé les dépenses sans ingérence officielle et sans même enquêter sur ce mystère[52]. La menace spartiate disparue, Périclès retourne à Eubée pour écraser la révolte. Ensuite, il inflige un châtiment rigoureux aux propriétaires fonciers de Chalcis qui ont perdu leurs propriétés. Les habitants de Istiaía qui ont massacré l'équipage d'une trière athénienne, sont remplacés par 2 000 colons athéniens[52]. La crise met officiellement fin à la paix de Trente Ans (hiver 446-445 av. J.-C.) pendant laquelle Athènes a renoncé à la plupart des biens et des intérêts sur le « continent » grec qu'elle a acquis depuis 460 av. J.-C., avec Athènes et Sparte qui ont convenu de ne pas attaquer des alliés de l'autre État[50].
Bataille finale contre les conservateurs
En 444 av. J.-C., les factions conservatrice et démocratique s'affrontent dans une lutte acharnée. L'ambitieux chef des conservateurs, Thucydide[Note 4], accuse Périclès de débauche, critiquant la façon dont il a dépensé l'argent pour le plan de construction en cours. Thucydide réussit d'abord à avoir l'ecclésia en sa faveur, mais, quand Périclès, le leader des démocrates, prend la parole, il met les conservateurs dans l'ombre. Périclès répond résolument en proposant de rembourser la ville de tous les frais de sa propriété privée, en faisant les inscriptions en son propre nom[53]. Sa position est saluée par des applaudissements et Thucydide subir une défaite inattendue. En 442 av. J.-C., les Athéniens ostracisent Thucydide pendant dix ans et Périclès est une fois de plus le suzerain incontesté de l'arène politique athénienne[53].
Emprise d'Athènes sur son alliance
Périclès veut stabiliser la domination d'Athènes sur son alliance et faire respecter sa prééminence en Grèce. Le processus par lequel la Ligue de Délos se transforme en un empire athénien est généralement considéré comme ayant débuté bien avant la période de Périclès[54], puisque divers alliés de la ligue ont choisi de payer un tribut à Athènes, au lieu d'envoyer des équipages pour les navires de la flotte de la ligue. Néanmoins, cette transformation est accélérée et menée à son terme par des mesures mises en œuvre par Périclès[55]. Les dernières étapes de l'évolution de l'empire peuvent avoir été déclenchées par la défaite d'Athènes en Égypte, qui a contesté la domination de la cité en mer Égée et a conduit à la révolte des plusieurs alliés, comme Milet et d'Érythrée[56]. Soit en raison d'une crainte réelle pour sa sécurité après la défaite en Égypte et les révoltes de ses alliés, ou comme un prétexte pour prendre le contrôle des finances de l'alliance, Athènes a transféré le trésor de la ligue de la ville de Délos à Athènes en 454-453 av. J.-C.[57]. En 450-449 av. J.-C., les révoltes de Milet et d'Érythrée ont été réprimées et Athènes a rétabli sa domination sur ses alliés[58]. Vers 447 av. J.-C., un décret semble avoir imposé la monnaie d'argent, les poids et les mesures athéniens à l'ensemble des alliés[47], précisant que l'excédent d'une opération de la frappe des pièces va dans un fonds spécial[59],[Note 5].
C'est de la trésorerie de l'alliance que Périclès tire les fonds nécessaires à son ambitieux plan de construction centré sur l'« Acropole de Périclès », plan qui comprend les Propylées, le Parthénon pour commémorer les guerres médiques et la statue d'Athéna, sculptée par l'ami de Périclès, Phidias[60]. En 449 av. J.-C., Périclès propose un décret autorisant l'utilisation de 9 000 talents pour financer le programme de reconstruction des temples d'Athènes[47]. Angelos Vlachos, un académicien grec, souligne que l'utilisation de la trésorerie de l'alliance, initié et exécuté par Périclès, est l'un des plus importants détournements de fonds dans l'histoire humaine. Ce détournement a toutefois financé quelques-unes des créations artistiques les plus merveilleuses du monde antique[61]. Ainsi, Périclès réussit à mener une politique de prestige redoutablement efficace.
Révolte de Samos
Article détaillé : Révolte de Samos.La révolte de Samos est l'un des derniers grands événements militaires avant la guerre du Péloponnèse. Après l'ostracisme de Thucydide, Périclès est réélu chaque année au généralat, le seul poste qu'il a officiellement occupé, bien que son influence soit si grande qu'elle fait de lui le dirigeant de facto de l’État. En 440 av. J.-C., Samos est en guerre avec Milet à propos du contrôle de Priène, une ancienne ville de l'Ionie au pied du mont Mycale. Les Milésiens sont venus à Athènes pour plaider leur cause contre les Samiens[62]. Lorsque les Athéniens ordonnent aux deux parties de cesser les combats et de soumettre l'affaire à l'arbitrage d'Athènes, les Samiens refusent[63]. En réponse, Périclès fait adopter un décret qui envoie une expédition à Samos pour interrompre la guerre contre les Milésiens[Note 6]. Après une bataille navale dirigée par Périclès et les neuf autres généraux, les Athéniens défont les forces de Samos et imposent à l'île une administration favorable à Athènes[63]. Lorsque les Samiens se révoltent contre la domination athénienne, Périclès contraint les rebelles à capituler après un siège de huit mois difficiles, ce qui a entraîné un mécontentement parmi les marins athéniens[65]. Périclès réprime ensuite une révolte à Byzance et, quand il revient à Athènes, donne une oraison funèbre pour honorer les soldats morts dans l'expédition[66].
Entre 438-436 av. J.-C., Périclès mène la flotte d'Athènes dans la région du Pont et établit des relations amicales avec les villes grecques de la région[67]. Périclès s'occupe également de projets internes, tels que l'enrichissement d'Athènes et la création de nouvelles clérouquies, comme Andros, Naxos et Thourioi (444 av. J.-C.) ainsi que Amphipolis (437-436 av. J.-C.)[68].
Attaques contre Périclès
Périclès et ses amis ne sont jamais à l'abri des attaques, puisque la prééminence dans la démocratie d'Athènes n'est pas équivalente à la règle absolue[69]. Juste avant l'éruption de la guerre du Péloponnèse, Périclès et deux de ses proches, Phidias et sa compagne Aspasie, font face à une série d'attaques personnelles et judiciaires.
Phidias, en charge de tous les projets de construction, est d'abord accusé du détournement de l'or destiné à la statue d'Athéna et d'impiété, parce qu'il, lors de la représentation de la bataille des Amazones sur le bouclier d'Athéna, a sculpté un personnage suggérant lui-même comme un vieillard chauve et a introduit un autre personnage avec une ressemblance très fine de Périclès se battant contre une Amazone[70]. Les ennemis de Périclès ont également trouvé un faux témoin contre Phidias.
Aspasie, notable pour avoir de la conversation et comme conseillère, est accusée de corrompre les femmes d'Athènes afin de satisfaire les perversions de Périclès[71],[72]. Les accusations portées contre elle sont probablement des calomnies, bien qu'en lien avec son métier — Aspasie est une ancienne hétaïre devenue proxénète[73] —, mais l'expérience a été très amère pour Périclès. Bien qu'Aspasie soit acquittée grâce à une « explosion » émotionnelle rare de Périclès, son ami Phidias meurt en prison et un autre de ses amis, Anaxagore, est attaqué par l'ecclésia pour ses convictions religieuses[70].
Au-delà de ces poursuites initiales, l'ecclésia attaque Périclès en lui demandant de justifier ses ostensibles dépenses et sa mauvaise gestion des deniers publics[72]. Selon Plutarque, Périclès a tellement peur du procès à venir qu'il ne laisse pas les Athéniens se rendre aux Lacédémoniens[72]. Beloch estime également que Périclès a été intentionnellement en guerre pour protéger sa position politique[74]. Ainsi, au début de la guerre du Péloponnèse, Athènes se trouve dans la position inconfortable de confier son avenir à un chef dont la prééminence vient d'être sérieusement ébranlée pour la première fois en plus d'une décennie[12].
Guerre du Péloponnèse
Article détaillé : Guerre du Péloponnèse.Les causes de la guerre du Péloponnèse ont été beaucoup discuté, mais de nombreux historiens de l'Antiquité rejette la faute sur Périclès et Athènes. Plutarque semble croire que Périclès et les Athéniens incitent à la guerre, mettant en œuvre leurs tactiques « avec une sorte d'arrogance et [...] l'amour de la guerre »[Note 7]. Thucydide pense à la même chose, estimant que la raison de la guerre a été la peur de Sparte vis-à-vis de la puissance athénienne et sa croissance. Cependant, comme il est généralement considéré comme un admirateur de Périclès, Thucydide a été critiqué pour sa partialité envers Sparte[Note 8].
Prélude à la guerre
Quand la guerre éclate en 431 av. J.-C., Périclès impose à Athènes une politique qui devrait neutraliser la supériorité des spartiates sur terre, mais elle implique des difficultés considérables pour la population de l'Attique. Néanmoins, sa stratégie d'encerclement et de blocus maritime autour du Péloponnèse, rendue possible par la suprématie incontestable de la flotte athénienne, est un succès éclatant.
Périclès est convaincu que la guerre contre Sparte, qui ne peut pas cacher sa jalousie de la prééminence d'Athènes, est inévitable[81]. Par conséquent, il n'a pas hésité à envoyer des troupes à Corcyre (Corfou) pour renforcer la flotte locale qui lutte contre Corinthe[82]. En 433 av. J.-C., les flottes ennemies s'affrontent à la bataille de Sybota et un an plus tard, les Athéniens combattent les colons corinthiens à la bataille de Potidée ; il s'agit de deux événements qui contribuent grandement à la haine durable de Corinthe envers Athènes. Durant la même période, Périclès propose le décret mégarien qui ressemble à un embargo commercial moderne. Selon les dispositions du décret, les marchands de Mégare sont exclus du marché d'Athènes et des ports de son empire. Cette interdiction asphyxie l'économie de Mégare et fragilise encore plus la paix entre Athènes et Sparte, alliée de Mégare. Selon l'historien George Cawkwell, avec ce décret, Périclès enfreint la paix de Trente Ans, « mais peut-être non sans un semblant d'excuse[83] ». Selon les Athéniens, les Mégariens ont cultivé des terres sacrées consacrées à Déméter et donné refuge à des esclaves en fuite, un comportement que les Athéniens jugent impie[84].
Après consultations avec ses alliés, Sparte envoie une députation à Athènes exigeant certaines concessions, telles que l'expulsion immédiate de la famille des Alcméonides, y compris Périclès, et le retrait du décret mégarien, menaçant une guerre si ces revendications ne sont pas satisfaites. Le but de ces propositions est l'instigation d'un affrontement entre Périclès et son peuple (qui survient quelques années plus tard)[85]. À cette époque, les Athéniens n'hésitent pas à suivre les instructions de Périclès. Dans la première oraison que Thucydide attribue à Périclès, ce dernier conseille aux Athéniens de ne pas céder aux demandes de leurs adversaires car ils sont militairement plus forts[86]. Périclès n'est pas prêt à faire des concessions unilatérales, estimant que « si Athènes concédait ce point, Sparte trouverait alors de nouvelles demandes[87] ». Par conséquent, Périclès a demandé aux Spartiates d'offrir un quid pro quo. En échange de la rétraction du décret mégarien, les Athéniens demandent à Sparte d'abandonner sa pratique d'expulsion périodique des étrangers de son territoire (Xénélasie) et de reconnaître l'autonomie de ses villes alliées ; une demande qui implique que l'hégémonie de Sparte est impitoyable[88]. Ces termes sont rejetés par les Spartiates, et, aucun des deux camps n'étant prêt à faire marche arrière, les deux parties se préparent pour la guerre. Selon Athanasios G. Platias et Constantinos Koliopoulos, professeurs d'études stratégiques et de politique internationale, « plutôt que de se soumettre aux demandes coercitives, Périclès a choisi la guerre[87] ». Une autre considération qui peut influencer la position de Périclès est la préoccupation vis-à-vis des révoltes dans l'empire qui pourraient se propager si Athènes se montre faible[89].
Première année de la guerre (431 av. J.-C.)
En 431 avant J.-C., alors que la paix est précaire, Archidamos II, roi de Sparte, envoie une nouvelle délégation à Athènes, en exigeant que les Athéniens se soumettent aux demandes de Sparte. Cette députation n'est pas autorisée à entrer dans Athènes, puisque Périclès a déjà adopté une résolution selon laquelle aucune députation spartiate n'est la bienvenue si les Spartiates ont déjà entrepris des actions militaires hostiles. L'armée spartiate, à cette époque, s'est rassemblée à Corinthe, et, citant ceci comme une « action hostile », les Athéniens refusent d'admettre les émissaires de ces derniers[90]. Voyant sa dernière tentative de négociation rejetée, Archidamos envahit l'Attique et n'y trouve aucun Athénien. Périclès, conscient que la stratégie de Sparte serait d'envahir et de ravager le territoire d'Athènes, a déjà fait évacuer toute la population de la région à l'intérieur des Longs Murs[91].
Aucune archive n'existe sur la manière exacte dont Périclès a réussi à convaincre les habitants de l'Attique d'accepter de se déplacer dans des zones urbaines densément peuplées. Pour la plupart, ce déplacement force l'abandon de leurs terres ancestrales et de sanctuaires en changeant complètement leur mode de vie[92]. Par conséquent, bien qu'ils aient accepté de partir, de nombreux résidents des régions rurales sont insatisfaits de la décision de Périclès[93]. Ce dernier a également donné des conseils à ses compatriotes sur les affaires en cours et les a rassurés que, si l'ennemi ne pillait pas ses propres terres, il offrirait sa propriété à la ville. Cette promesse est motivée par sa crainte qu'Archidamos, qui était un de ses amis, pourrait éviter de toucher à ses terres, soit par un geste d'amitié ou par un geste politique visant à aliéner Périclès de ses électeurs[94]. Périclès désamorce donc d'éventuelles jalousies et contestations de la part de ses concitoyens.
Voyant le pillage de leurs fermes, les Athéniens sont scandalisés et ne tardent pas à exprimer indirectement leur mécontentement envers leur chef, que beaucoup d'entre eux considèrent comme les ayant entraînés dans la guerre. Même si face à la pression croissante, Périclès ne cède ni aux exigences d'une action militaire immédiate contre l'ennemi ni ne révise sa stratégie initiale. Il a également évité la convocation de l'ecclésie, craignant que le peuple, indigné par le ravage de leurs exploitations, puissent imprudemment décider de défier la renommée armée spartiate[95]. Comme les réunions de l'Assemblée sont appelées à la discrétion de ses présidents tournants (prytanie), Périclès n'a aucun contrôle officiel sur leur programmation ; mais le respect de ceux-ci pour Périclès est apparemment suffisant pour les persuader de faire ce qu'il veut[96]. Bien que l'armée spartiate soit restée dans l'Attique, Périclès a envoyé une flotte de 100 navires pour piller les côtes du Péloponnèse et charge la cavalerie de garder les fermes ravagées près des Longs Murs[97]. Quand l'ennemi se retire et que le pillage prend fin, Périclès propose un décret selon lequel les autorités de la ville mettront de côté 1 000 talents et 100 navires en cas d'attaque d'Athènes par des forces navales. Selon les dispositions les plus strictes du décret, même proposer une utilisation différente de l'argent ou des navires entraînerait la peine de mort. Au cours de l'automne de l'année 431 av. J.-C., Périclès dirige les forces d'Athènes qui ont envahi Mégare et quelques mois plus tard (hiver 431-430 av. J.-C.), il prononce son oraison funèbre la plus fameuse, honorant les Athéniens qui sont morts pour leur ville[98].
Dernières opérations militaires et mort
En 430 av. J.-C., l'armée spartiate pille l'Attique pour la deuxième fois, mais Périclès n'est toujours pas découragé et refuse de réviser sa stratégie initiale[99]. Refusant d'engager l'armée spartiate dans la bataille, il conduit de nouveau une expédition navale pour piller les côtes du Péloponnèse, en prenant cette fois 100 navires athéniens avec lui[100]. Selon Plutarque, juste avant le départ des navires, une éclipse solaire a effrayé les équipages, mais Périclès a utilisé les connaissances astronomiques qu'il a acquises auprès d'Anaxagore pour les calmer[101]. Dans l'été de la même année, une épidémie éclate et décime la population d'Athènes[102]. La maladie exacte est incertaine, et a été la source de beaucoup d'échanges entre historiens[Note 9]. Ce problème supplémentaire déclenche une nouvelle vague de protestations publiques, et Périclès est forcé de se défendre dans un discours, dont une interprétation est présentée par Thucydide[105]. Ceci est considéré comme un discours monumental, révélant la vertu de Périclès mais aussi son amertume à l'égard de ses compatriotes pour leur ingratitude[12]. Temporairement, il réussit à dompter le ressentiment de la population et à traverser la tempête, mais ses ennemis athéniens ont pu de nouveau s'opposer à lui. Ces derniers ont réussi à le priver du généralat et à lui infliger une amende d'un montant estimé entre 15 et 50 talents[101]. Il aurait été aussi déchu de ses droits civiques (atimia). Des sources anciennes mentionnent Cléon, un protagoniste montant de la scène politique athénienne pendant la guerre, comme le procureur dans le procès de Périclès[101].
Néanmoins, dans l'année, en 429 av. J.-C., les Athéniens ont non seulement pardonné à Périclès mais l'ont aussi réélu comme stratège[Note 10]. Il a été réintégré dans le commandement de l'armée athénienne et a mené toutes ses opérations militaires pendant l'année 429 av. J.-C., ayant une fois de plus sous son contrôle les leviers du pouvoir[12]. Dans cette année, cependant, Périclès est témoin de la mort de ses deux fils légitimes de sa première épouse, Paralos et Xanthippe, suite à l'épidémie. Son moral miné, il fond en larmes et même la compagnie d'Aspasie ne peut le consoler. Il meurt de la peste à l'automne de 429 av. J.-C.
Juste avant sa mort, les amis de Périclès sont réunis autour de son lit, en énumérant ses vertus en temps de paix et en soulignant ses neuf trophées de guerre. Périclès, bien que moribond, les entend et les interrompt, faisant remarquer qu'ils ont oublié de signaler que son plus grand et plus honorable titre pour mériter leur admiration, est « de ne jamais avoir fait prendre le deuil à aucun Athénien[106] ». Périclès a vécu les deux premières années et demie de la guerre du Péloponnèse et, selon Thucydide, sa mort a été un désastre pour Athènes puisque ses successeurs ont été inférieurs à lui. Ces derniers préfèrent inciter toutes les mauvaises habitudes de la population et, en favorisant l'instabilité politique, cherchent à être populaires plutôt qu'utiles[107]. Avec ces commentaires amers, Thucydide non seulement déplore la perte d'un homme qu'il admire, mais il annonce également le scintillement de la gloire et grandeur unique d'Athènes.
Vie personnelle
Périclès, suivant la coutume d'Athènes, a d'abord été marié à l'une de ses proches parents (une cousine maternelle probablement[11]), avec qui il a deux fils, Paralos et Xanthippe[11]. Ce mariage, cependant, n'est pas heureux, et vers 445 av. J.-C., Périclès divorce de sa femme qui est offerte à un autre, avec son accord[11] ainsi que celui des hommes de sa propre famille[108]. Le nom de sa première femme n'est pas connu[11] et les seules informations à son sujet est qu'elle est la femme du riche Hipponicus de la famille Kérykes[11] avant d'être mariée à Périclès et la mère de Callias issu de ce premier mariage[64].
La femme qu'il a vraiment aimée est Aspasie, métèque puisque originaire de Milet[73]. Elle devient la maîtresse de Périclès et vivent ensemble comme s'ils étaient mariés. Cette relation suscite de nombreuses réactions, même de Xanthippe, l'un des fils de Périclès qui a des ambitions politiques, qui n'hésite pas à diffamer son père[109]. Néanmoins, ces persécutions ne portent pas atteinte au moral de Périclès, bien qu'il soit profondément ému lorsqu'il doit protéger Aspasie lors de son procès de corruption de la société athénienne. Sa plus grande tragédie personnelle est la mort de sa sœur et de ses deux fils légitimes, Xanthippe et Paralos, touchés par l'épidémie. Cette catastrophe, il n'a jamais réussi à la surmonter. Juste avant sa mort, les Athéniens permettent un changement dans la loi de 451 av. J.-C. qui fait de son fils avec Aspasie, Périclès le Jeune, demi-athénien (nothos), un citoyen de la cité et héritier légitime[25],[110], une décision d'autant plus frappante que Périclès a lui-même proposé la loi limitant la citoyenneté à ceux de filiation athénienne des deux parents[111]. Périclès le Jeune sera lui aussi stratège et participera à la bataille des Arginuses en 406 av. J.-C.[25].
Évaluation historiographique
Périclès a marqué toute une époque et a inspiré des jugements contradictoires sur ses décisions importantes ; chose cependant normale pour une personnalité politique de son ampleur. Le fait qu'il soit en même temps un important homme d'État, général et orateur rend plus complexe l'évaluation objective de ses actions.
Charisme politique
Périclès a conservé ses fonctions de stratège pendant quinze ans et a régné sur la vie politique athénienne pendant trente ans. Certains chercheurs contemporains, à l'image de Sarah Ruden, qualifient Périclès de populiste, de démagogue et de faucon[2], alors que d'autres chercheurs admirent son charisme. Selon Plutarque, après avoir assumé la direction d'Athènes, « il n'était plus le même homme; ni plus complaisant envers le peuple, ni tenté de céder aux passions de la foule, mais naviguant avec les vents »[trad 1][112] ». Il est dit que lorsque son adversaire politique Thucydide a été invité par le roi de Sparte Archidamos II et interrogé sur la question de savoir lequel de lui ou de Périclès est le meilleur combattant, Thucydide répond sans aucune hésitation que Périclès est le meilleur, parce que même quand il est battu, il réussit à convaincre le public qu'il a gagné[12]. En matière de caractère, Périclès est irréprochable aux yeux des historiens antiques, car sa réputation n'est entachée par aucune affaire de corruption, même s'il n'a pas dédaigné s'enrichir[17].
Thucydide, admirateur de Périclès, soutient qu'Athènes a « [le nom de] démocratie mais, en fait, [est] régi par son premier citoyen[107] ». À travers ce commentaire, l'historien illustre ce qu'il perçoit des capacités de Périclès à commander, convaincre et, parfois, manipuler. Bien que Thucydide mentionne l'amende de Périclès, il ne mentionne pas les accusations portées contre Périclès, mais se concentre plutôt sur son intégrité[Note 11],[107]. D'autre part, dans un de ses dialogues, Platon rejette la glorification de Périclès : « que je sache, Périclès a rendu les Athéniens paresseux, bavard et avare, en initiant le système de redevances publiques[113] ». Plutarque mentionne d'autres critiques envers Périclès : « Suivant plusieurs autres, c’est Périclès qui introduisit la coutume de faire participer le peuple aux distributions des terres conquises, et de lui donner de l’argent pour assister aux spectacles et pour s’acquitter de ses devoirs civiques ; ce qui le gâta, lui inspira le goût de la dépense, le poussa à l’insubordination, et lui fît perdre l’amour de la sagesse et du travail[114] ».
Thucydide déclare que Périclès « n'a pas été emporté par le peuple, il a été celui qui a guidé le peuple[107] ». Cette appréciation n'est pas jugée incontestable par tous et certains historiens du XXe siècle, tels que Malcolm F. McGregor et John S. Morrison, ont suggéré qu'il a pu être charismatique en public et à la fois agissant en tant que défenseur des propositions des conseillers ou du peuple lui-même[115],[116]. Selon King, en faisant grandir la puissance du peuple, les Athéniens se sont eux-mêmes privés de chef autoritaire. Pendant la guerre du Péloponnèse, pour gouverner, la dépendance de Périclès vis-à-vis du soutien populaire est évidente[30].
Réalisations militaires
Sur plus de vingt ans, Périclès a conduit de nombreuses expéditions militaires, principalement navales. Toujours prudent, il n'a jamais entrepris de son propre gré une bataille impliquant beaucoup d'incertitudes et il n'a pas accédé aux « vaines impulsions des citoyens[117] ». Il a fondé sa politique militaire sur le principe de Thémistocle selon lequel la prédominance d'Athènes dépend de sa puissance navale supérieure et a estimé que les Péloponnésiens ont été quasi-invincibles sur la terre ferme[118]. Périclès a également tenté de minimiser les qualités de Sparte en reconstruisant les Longs Murs. Selon Josiah Ober, professeur à l'université de Princeton, la stratégie de reconstruction des murs a radicalement modifié l'utilisation de la force dans les relations internationales grecques[119].
Pendant la guerre du Péloponnèse, Périclès a lancé une « grande stratégie » défensive dont le but est l'épuisement de l'ennemi et la préservation du statu quo[120]. Selon Platias et Koliopoulos, Athènes, en tant que membre le plus fort de son alliance, n'avait pas besoin de battre Sparte sur le plan militaire et « a choisi de déjouer le plan sparte pour [obtenir] la victoire[120] ». Les deux principes de base de la « Grande Stratégie de Périclès » ont été le rejet de l'apaisement (en vertu de laquelle il a exhorté les Athéniens de ne pas révoquer le décret mégarien) et tendant à éviter l'extension du conflit[Note 12]. Selon Donald Kagan, l'insistance véhémente de Périclès sur le fait qu'il ne devait y avoir aucune expédition de diversion peut avoir résulté de l'amer souvenir de la campagne d’Égypte, dont il aurait été blâmé[122]. Sa stratégie est dite d'avoir été « intrinsèquement impopulaire », mais Périclès a réussi à convaincre le public athénien de le suivre[123]. C'est pour cette raison que l'historien Hans Delbrück le considère comme l'un des plus grands hommes d'État et des chefs militaires de l'histoire[124]. Bien que ses compatriotes se soient engagés dans plusieurs actions agressives peu de temps après sa mort[125], Platias et Koliopoulos soutiennent que les Athéniens sont restés fidèles à la stratégie plus vaste de Périclès en cherchant à préserver et non à étendre l'empire et ne pas s'en écarter jusqu'à l'expédition de Sicile[123]. Pour sa part, Ben X. de Wet conclut que la stratégie de Périclès aurait réussi s'il avait vécu plus longtemps[126].
Les critiques de la stratégie de Périclès sont cependant aussi nombreux que ses partisans. Une critique commune est que Périclès a toujours été un meilleur homme politique et orateur que stratège[127]. Donald Kagan appelle la stratégie de Périclès « une forme de pensée magique qui a échoué », Barry S. Strauss et Josiah Ober ont déclaré « qu'en tant que stratège, il a été un échec et mérite une part du blâme pour la grande défaite d'Athènes » et Victor Davis Hanson croit que Périclès n'avait pas élaboré une stratégie claire pour une action offensive efficace qui rende possible l'arrêt de la guerre par Thèbes ou Sparte[128],[129],[130]. Kagan critique la stratégie de Périclès sur quatre points : (1) parce qu'en rejetant des concessions mineures, il a conduit à la guerre, (2) parce qu'il n'est pas assez connu par l'ennemi et qu'il manque de crédibilité, (3) parce qu'il est trop faible pour exploiter toutes les possibilités et (4) parce que cela dépend de Périclès pour la mener à terme et ne peut donc qu'être abandonnée après sa mort[131]. Kagan estime les dépenses concernant sa stratégie militaire dans la guerre du Péloponnèse à environ 2 000 talents par an et, que sur cette base, Périclès aurait eu seulement assez d'argent pour tenir pendant trois ans. Il affirme que, comme Périclès devait avoir connaissance de ces limites, il a probablement prévu une guerre beaucoup plus courte[132],[133]. D'autres, comme Donald W. Knight, conclurent que la stratégie a été trop défensive pour réussir[134].
D'autre part, Platias et Koliopoulos rejettent ces critiques et estiment que « les Athéniens ont perdu la guerre quand ils ont radicalement inversé la stratégie de Périclès qui explicitement dédaignait de nouvelles conquêtes[135] ». Hanson souligne que la stratégie de Périclès n'était pas novatrice, mais pourrait conduire à une stagnation en faveur d'Athènes[132]. Enfin, une conclusion populaire est que ceux qui ont succédé à Périclès ont manqué de ses capacités et de son caractère[136]
Compétence rhétorique
Les historiens modernes ont différents avis sur le discours de Périclès rapporté par Thucydide, notamment sur la proportion des mots réellement prononcés par Périclès et la liberté de création littéraire de Thucydides[Note 13]. Comme Périclès n'a jamais écrit ses discours[Note 14], les historiens ne sont pas en mesure de répondre avec certitude à cette question. Thucydide a recréé trois d'entre eux de mémoire et, par conséquent, on ne peut être assuré qu'il n'ait pas ajouté ses propres notions et pensées[Note 15]. Bien que Périclès ait été une des principales sources de son inspiration, certains historiens ont noté que le style littéraire passionné et idéaliste du discours rapporté par Thucydide est complètement en désaccord avec le style froid et analytique des écrits de ce dernier[Note 16]. Cela pourrait toutefois être le résultat de l'incorporation de la rhétorique dans l'historiographie. Concrètement, cela veut dire que Thucydide aurait pu simplement utiliser deux styles d'écriture pour deux raisons différentes.
Kagan estime que Périclès a adopté « un style élevé de discours, sans le vulgaire et les friponneries des orateurs de foules » et, selon Diodore de Sicile, « il surpassait tous ses concitoyens dans les compétences de l'éloquence[147],[148] ». Selon Plutarque, il a évité l'aide de gadgets dans ses discours, contrairement au passionné Démosthène, et a toujours parlé d'une manière calme et tranquille[149]. Le biographe souligne, toutefois, que le poète Ion de Chios a indiqué que le style oratoire de Périclès est « une manière présomptueuse et un peu arrogante de discourir, et que dans son orgueil il est entré dans une bonne partie de dédain et de mépris pour les autres[149] ». Gorgias, dans le dialogue homonyme de Platon, utilise Périclès comme un exemple d'oratoire puissant[150]. Cependant Socrate jette le discrédit sur la rhétorique renommée de Périclès, affirmant ironiquement que, depuis Périclès a été éduqué par Aspasie, formatrice de nombreux orateurs, il serait supérieur en rhétorique à une personne instruite par Antiphon[151]. Il attribue également la paternité de l'oraison funèbre à Aspasie et fustige la vénération de ses contemporains pour Périclès[152]. Richard Claverhouse Jebb conclut : « unique en tant qu'homme d'État athénien, Périclès l'était également à deux égards en tant qu'orateur, d'abord parce qu'il avait un ascendant personnel que nul n'avait eu avant lui et ensuite parce que sa pensée et sa force morale lui ont valu une réputation d'éloquence que personne n'avait obtenue de la part des Athéniens auparavant[138] ».
Les anciens écrivains grecs qualifient Périclès d'« olympien » et vantent ses talents, se référant à lui « tonnant, éclairant et passionnant la Grèce » et portant les armes de Zeus quand il discourt[153]. Selon Quintilien, Périclès a toujours préparé assidûment ses discours et, avant d'aller à la tribune, il a toujours prié les Dieux, afin de ne pas prononcer un mot impropre[154].
Postérité
L'héritage le plus visible de Périclès se trouve dans les œuvres littéraires et artistiques de l'âge d'or d'Athènes, dont la plupart survivent à ce jour. L'Acropole d'Athènes, bien qu'en ruines, est toujours un symbole de l'Athènes moderne. Paparrigopoulos écrit que ces chefs-d'œuvre sont « suffisants pour rendre le nom de la Grèce immortel dans notre monde[127] ».
En politique, Victor L. Ehrenberg fait valoir qu'un élément de base de l'héritage de Périclès est l'impérialisme athénien, qui nie la véritable démocratie et la liberté aux gens, sauf d'un État dominant[155]. La promotion d'un tel impérialisme arrogant aurait ruiné Athènes[156]. Périclès et ses politiques « expansionnistes » ont été au centre des arguments de promotion de la démocratie dans les pays opprimés[157].
D'autres analystes maintiennent un humanisme athénien illustré dans l'âge d'or[158]. La liberté d'expression est considérée comme l'héritage durable découlant de cette période[159]. Périclès est salué comme « l'idéal-type de l'homme d'État parfait dans la Grèce antique » et son oraison funèbre est aujourd'hui synonyme de la lutte pour la démocratie participative et la fierté civique[127],[160].
Voir aussi
Bibliographie
Sources primaires
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne]
- Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne]
- Aristote, Constitution d'Athènes [lire en ligne]
- Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne]
Sources secondaires
- Sur Périclès
- Pierre Brulé, Périclès : L'apogée d'Athènes, Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard », 1991 (réimpr. 1994), 160 p. (ISBN 978-2070532292)
- Claude Mossé, Périclès : L'inventeur de la démocratie, Payot, coll. « Biographie », 2005 (ISBN 2228899534)
- Vincent Azoulay, Périclès : La démocratie athénienne à l'épreuve du grand homme, Armand Colin, coll. « Nouvelles biographies historiques », 2010, 280 p. (ISBN 978-2200244187)
- Jean Malye, La véritable histoire de Périclès, Belles Lettres, coll. « La véritable histoire », 2008, 177 p. (ISBN 978-2251040011)
- François Chatelet, Péricles et son siècle, Éditions Complexe, coll. « Historiques », 1999, 295 p. (ISBN 978-2870273326)
- Donald Kagan, Périclès : La naissance de la démocratie, Tallandier, coll. « Biographies », 2008, 363 p. (ISBN 978-2847343205)
- Autres
- (en) Donald Kagan, The Peloponnesian War, Viking Adult, 2003, 544 p. (ISBN 978-0670032112)
- (en) Donald Kagan, The Outbreak of the Peloponnesian War, Cornell University Press, 1989, 208 p. (ISBN 978-0801495564)
- (en) Williamson Murray, Alvin Bernstein et MacGregor Knox, The Making of Strategy: Rulers, States, and War, Cambridge University Press, 1996, 704 p. (ISBN 978-0521566278)
- (en) Terry Buckley, Aspects of Greek History 750 - 323 BC : A Source-Based Approach, Routledge, 1996, 560 p. (ISBN 978-0415099585)
- (en) John V. A. Fine, The Ancient Greeks : A critical history, Harvard University Press, 1983 (ISBN 0-674-03314-0)
- (en) Charles W. Fornara et Loren J. Samons, Athens from Cleisthenes to Pericles, University of California Press, 1991, 216 p. (ISBN 978-0520069237)
- (en) Victor L. Ehrenberg, From Solon to Socrates : Greek History and Civilization During the 6th and 5th Centuries BC, Routledge, 1990, 528 p. (ISBN 978-0415040242)
- (en) Simon Hornblower, The Greek World 479-323 BC, Routledge, 2002 (ISBN 0-415-15344-1)
- (en) Loren J. Samons, What's Wrong with Democracy?, University of California Press, 2004 (ISBN 0-520-23660-2)
- (el) (en) Constantin Paparrigopoulos, History of the Hellenic Nation (Volume Ab), Eleftheroudakis, 1925
- (el) (en) Angelos Vlachos, Remarks on Thucydides : History of the Peloponnesian War (Volume I), 1992
- (el) (en) Angelos Vlachos, Thucydides' bias, 1974
Notes et références
Traduction de
- (en) « nor alike submissive to the people and ready to yield and give in to the desires of the multitude as a steersman to the breezes »
Notes
- Les Perses en 472 av. J.-C.. Il n'est pas signalé comme ayant pris part aux batailles des guerres médiques de 480-479 av. J.-C. et certains historiens affirment qu'il était peu probable qu'il soit né avant 498 av. J.-C., mais cet argument a également été rejeté[3]. À titre d'exemple, Pierre Brulé indique qu'il est né en 494 av. J.-C.[4]. La date de naissance de Périclès est incertaine. Il ne peut pas être né plus tard que 492-491 av. J.-C. et a été en âge de présenter
- Clisthène[6], mais c'est chronologiquement improbable, et il y a consensus pour dire qu'elle serait plutôt sa « nièce[7] ». Plutarque dit « petite fille » de
- [33]. Plutarque cite un Idoménée accusant Périclès de ce meurtre, mais n'est pas convaincu puisque c'est trop différent du caractère de Périclès[34]. Selon Aristote, Aristodicus de Tanagra a tué Éphialtès
- Thucydide n'est pas l'historien du même nom. Ce
- Le contenu de ce décret et son éventuelle date de promulgation sont discutées. Hélène Nicolet-Pierre dans son livre Numismatique grecque situe ce décret vers 425-421 av. J.-C.
- Aspasie de Milet[64]. D'après Plutarque, Périclès poursuit les Samiens pour satisfaire
- [70]. Thucydide insiste, toutefois, que l'homme politique athénien est encore puissant[75]. Gomme et Vlachos appuient le point de vue de Thucydide[76],[77]. Plutarque décrit ces allégations sans les épouser
- [78]. G. E. M. de Ste. Croix fait valoir que l'imperium d'Athènes est bien accueilli et est précieux pour la stabilité de la démocratie dans toute la Grèce[79]. Selon Fornara et Samons, « n'importe quel point de vue proposant que la popularité ou son contraire peut être déduite des seules considérations idéologiques étroites est superficiel[80] ». Vlachos soutient que la narration de Thucydide donne l'impression que l'alliance d'Athènes est devenue un empire autoritaire et oppressif, tandis que l'historien ne fait pas de commentaire pour la loi aussi sévère de Sparte. Vlachos souligne cependant que la défaite d'Athènes a pu entraîner un empire spartiate beaucoup plus impitoyable, ce qui a effectivement eut lieu. Par conséquent, l'affirmation de l'historien qui laisse entendre que l'opinion publique grecque a épousé les promesses de Sparte de libérer la Grèce sans se plaindre semble presque tendancieuse
- XXIe siècle, que la population a été touchée par le typhus ou une fièvre typhoïde et non le choléra, la peste bubonique ou la rougeole[103],[104]. Prenant en considération les symptômes, la plupart des chercheurs et des scientifiques croient, au début du
- [69], soit quinze élections de suite. Périclès a tenu le généralat de 444 à 430 av. J.-C. sans interruption
- [61]. Vlachos critique l'historien de cette omission et soutient que l'admiration de Thucydide pour l'homme d'État athénien lui fait ignorer non seulement le bien-fondé des accusations contre lui afin de se mettre en valeur
- [121]. Selon Platias et Koliopoulos, le « mélange de politiques » de Périclès a été guidé par cinq principes : a) la balance du pouvoir de l'ennemi, b) l'exploitation des avantages concurrentiels et refusant ceux de l'ennemi, c) décourager l'ennemi par la négation de son succès et par l'utilisation habile de représailles, d) miner la base de puissance internationale de l'ennemi et e) préparer l'environnement domestique de l'adversaire à votre avantage
- [137]. Selon Vlachos, Thucydide a dû être âgé d'environ trente ans quand Périclès a prononcé son oraison funèbre et il était probablement parmi les spectateurs
- [137] ». Selon Richard C. Jebb, les discours de Périclès rapportés par Thucydide donnent les idées générales de Périclès avec une essentielle fidélité, il est possible, en outre, qu'ils aient pu contenir des citations enregistrées de lui « mais il est certain qu'ils ne peuvent pas être considérés comme donnant la forme oratoire de l'homme d'État[138] ». John F. Dobson estime que « si la langage est celui de l'historien, quelques-unes des pensées peuvent être ceux de l'homme d'État[139] ». C. M. J. Sicking fait valoir que « nous entendons la vraie voix de Périclès », tandis que Ioannis T. Kakridis estime que l'oraison funèbre est une création presque exclusive de Thucydide, car « le vrai public ne consiste pas seulement en les Athéniens du début de la guerre, mais aussi ceux de la génération de 400 av. J.-C. qui souffrent des répercussions de la défaite[140],[141] ». Gomme, en désaccord avec Kakridis, insiste sur sa croyance dans la fiabilité des écrits de Thucydide[103]. Vlachos fait remarquer qu'il ne sait pas qui a écrit l'oraison, mais « ce sont les mots qui auraient été prononcées à la fin de 431 av. J.-C.
- [142]. Néanmoins, selon l'encyclopédie du XXe siècle Souda, Périclès constitua le premier orateur qui a systématiquement écrit ses discours[143]. Cicéron parle des écrits de Périclès, mais ses remarques ne sont pas considérées comme crédibles[144]. Très probablement, d'autres écrivains utilisent son nom[145]. C'est ce que Plutarque indique
- [12] ». Selon Harvey Yunis, Thucydide a créé l'héritage rhétorique confus de Périclès qui a dominé depuis[146]. Ioannis Kalitsounakis fait valoir qu'« aucun lecteur ne peut négliger le rythme somptueux de l'oraison funèbre dans son ensemble et la corrélation singulière entre l'émotion impétueuse et le style merveilleux, les attributs du discours que Thucydide attribue à aucun autre orateur que Périclès
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Pericles » (voir la liste des auteurs)
- (en) Lukas de Blois, An Introduction to the Ancient World, Routledge, 1997, 352 p. (ISBN 978-0415127745), p. 99
- (en) Aristophane (Sarah Ruden), Lysistrata, Hackett Publishing, 2003, 126 p. (ISBN 978-0872206038), p. 80
- Fornara-Samons, Athens from Cleisthenes to Pericles, p. 24-25
- Pierre Brulé, Périclès, p. 30
- Pierre Brulé, Périclès, p. 31
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Périclès
- (en) Pericles, Encyclopædia Britannica, 11e édition.
- Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne], Livre sixième - Érato
- Victor L. Ehrenberg, From Solon to Socrates, p. a239
- (en) Lawrence S. Cunningham et John J. Reich, Culture And Values, Thomson Wadsworth, 2005 (ISBN 0-534-58228-1), p. 73
- Pierre Brulé, Périclès, p. 32
- (en) Pericles, Encyclopaedia The Helios, 1952.
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Périclès (IV)
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Périclès (VI) et Platon, Le Phèdre (270a)
- (en) Pericles, Oxford Classical Dictionary, 1996.
- Simon Hornblower, The Greek World, p. 33-34
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Périclès (XVI)
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Périclès (VII)
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Périclès (IX)
- Aristote, Constitution d'Athènes [lire en ligne] (27)
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Cimon (XV)
- Loren Samons, What's Wrong with Democracy?, p. 80
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Cimon (XVI)
- Fornara-Samons, Athens from Cleisthenes to Pericles, p. 67-73
- Pierre Brulé, Périclès, p. 41
- Constantin Paparrigopoulos, History of the Hellenic Nation, p. 145 Ab
- Aristote, Constitution d'Athènes [lire en ligne] (24) et La Politique (1274a)
- Loren Samons, What's Wrong with Democracy?, p. 65
- John Fine, The Ancient Greeks, p. 377-378
- (en) [PDF] Justin Daniel King, « Athenian Democracy and Empire », p. 24–25. Consulté le 1er novembre 2010
- Donald Kagan, The Outbreak of the Peloponnesian War, p. 79
- Donald Kagan, The Outbreak of the Peloponnesian War, p. 135-136
- Aristote, Constitution d'Athènes [lire en ligne] (25)
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Périclès (X)
- Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne] (1.111)
- (en) P. J. Rhodes, A History of the Classical Greek World, Blackwell Publishing, 2005 (ISBN 0-631-22565-X), p. 44
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Cimon (XVII)
- A.J. Podlecki, Perikles and his Circle, 44
- (en) J. M. Libourel, The Athenian Disaster in Egypt, The Johns Hopkins University Press (American Journal of Philology), 1971, p. 605–615
- H. Aird, Pericles: The Rise and Fall of Athenian Democracy, 52
- K.J. Beloch, Griechische Geschichte, II, 205
- John Fine, The Ancient Greeks, p. 359-361
- E. Badian, The Peace of Callias, 1–39.
- Donald Kagan, The Outbreak of the Peloponnesian War, p. 108
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Périclès (XVII)
- Wade-Grey, The Question of Tribute in 449/8 B. C., 212–29.
- Terry Buckley, Aspects of Greek History, p. 206
- Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne] (1.112) et Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Périclès (XXI)
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Périclès (XIX)
- John Fine, The Ancient Greeks, p. 368-369
- Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne] (2.21) et Aristophanes, The Acharnians, 832
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Périclès (XXIII)
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Périclès (XIV)
- Terry Buckley, Aspects of Greek History, p. 196
- H. Butler, The Story of Athens, 195
- Donald Kagan, The Outbreak of the Peloponnesian War, p. 98
- Terry Buckley, Aspects of Greek History, p. 204
- R. Sealey, A History of the Greek City States, 700–338 BC, 275.
- Simon Hornblower, The Greek World, p. 120
- J. M. Hurwit, The Acropolis in the Age of Pericles, 87 etc.
- Angelos Vlachos, Thucydides' Bias, p. 62
- Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne] (1.115)
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Périclès (XXV)
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Périclès (XXIV)
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Périclès (XXVIII)
- R. Sealey, A History of the Greek City States, 310
- C.J. Tuplin, Pontus and the Outside World, 28
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Périclès (XI) et Plato, Gorgias, 455e
- Fornara-Samons, Athens from Cleisthenes to Pericles, p. 31
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Périclès (XXXI)
- Souda, Aspasie.
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Périclès (XXXII)
- Pierre Brulé, Périclès, p. 36
- K.J. Beloch, Die Attische Politik seit Perikles, 19–22
- Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne] (1.139)
- A. W. Gomme, An Historical Commentary on Thucydides, I, 452
- Angelos Vlachos, Remarks on Thucydides, p. 141
- Angelos Vlachos, Thucydides' Bias, p. 60
- Ste Croix, The Character of the Athenian Empire, 1–41.
- Fornara-Samons, Athens from Cleisthenes to Pericles, p. 77
- A.J. Podlecki, Perikles and his Circle, 158
- Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne] (1.31–54)
- G. Cawkwell, Thucydides and the Peloponnesian War, 33
- Terry Buckley, Aspects of Greek History, p. 322
- Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne] (1.127)
- Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne] (1.140–144)
- A.G. Platias-C. Koliopoulos, Thucydides on Strategy, 100–03.
- Angelos Vlachos, Thucydides' Bias, p. 20
- Victor L. Ehrenberg, From Solon to Socrates, p. 264
- Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne] (2.12)
- Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne] (2.14)
- J. Ober, The Athenian Revolution, 72–85
- Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne] (2.16)
- Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne] (2.13)
- Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne] (2.22)
- D. Kagan, The Peloponnesian War, 69
- Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne] (2.18) et Xenophon(?),Constitution of Athens, 2
- Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne] (2.35–46)
- Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne] (2.55)
- Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne] (2.56)
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Périclès (XXXV)
- Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne] (2.48 et 2.56)
- A.W. Gomme, An Historical Commentary on Thucydides, II, 145–62.
- Angelos Vlachos, Remarks on Thucydides, p. 177
- Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne] (2.60–64)
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Périclès (XXXVIII)
- Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne] (2.65)
- Constantin Paparrigopoulos, History of the Hellenic Nation, p. 221 Aa
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Périclès (XXXVI)
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Périclès (XXXVII)
- W. Smith, A History of Greece, 271
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Périclès (XV)
- 515e Plato, Gorgias,
- Alexis Pierron, éd. Charpentier, 1853, p. 362, passage en ligne Plutarque, La vie des hommes illustres, traduction d'
- M.F. McGregor, Government in Athens, 122–23.
- J.S. Morrison-A. W. Gomme, Pericles Monarchos, 76–77.
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Périclès (XVIII)
- A.G. Platias-C. Koliopoulos, Thucydides on Strategy, 105
- J. Ober, National Ideology and Strategic Defence of the Population, 254
- A.G. Platias-C. Koliopoulos, Thucydides on Strategy, 98–99.
- A.G. Platias-C. Koliopoulos, Thucydides on Strategy, 104 etc.
- Donald Kagan, The Outbreak of the Peloponnesian War, p. 83
- A.G. Platias-C. Koliopoulos, Thucydides on Strategy, 119–120.
- H. Delbrück, History of the Art of War, I, 137
- Victor L. Ehrenberg, From Solon to Socrates, p. 278
- B. X. de Wet, This So-Called Defensive Policy of Pericles, 103–19.
- Constantin Paparrigopoulos, History of the Hellenic Nation, p. 241-242 Aa
- V.D. Hanson, Peloponnesian War, 58
- D. Kagan, Athenian Strategy in the Peloponnesian War, 54
- S. Strauss-J. Ober, The Anatomy of Error, 47
- D. Kagan, The Archidamian War, 28, 41.
- V.D. Hanson, Peloponnesian War, 74-75
- D. Kagan, The Peloponnesian War, 61–62.
- D. Knight, Thucydides and the War Strategy of Pericles, 150–60.
- A.G. Platias-C. Koliopoulos, Thucydides on Strategy, 138
- Loren Samons, What's Wrong with Democracy?, p. 131-132
- Angelos Vlachos, Remarks on Thucydides, p. 170
- The Attic Orators Sir Richard C. Jebb,
- The Greek Orators J.F. Dobson,
- C.M.J. Sicking, Distant Companions, 133
- I. Kakridis, Interpretative comments on the Funeral Oration, 6
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Périclès (VIII)
- Souda, Périclès.
- II, 93 Cicero, De Oratote,
- 1 Quintilian, Institutiones, III,
- H. Yunis, Taming Democracy, 63
- Donald Kagan, The Peloponnesian War.
- 39 Diodorus, XII,
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Périclès (V)
- 455d Plato, Gorgias,
- 236a Plato, Menexenus,
- S. Monoson, Plato's Democratic Entanglements, 182–186
- 528–531 and Diodorus, XII, 40 Aristophanes, Acharnians,
- XII, 9 Quintilian, Institutiones,
- Victor L. Ehrenberg, From Solon to Socrates, p. 332
- C.G. Starr, A History of the Ancient World, 306
- V.D. Hanson, Peloponnesian War, 584
- E.J. Power, A Legacy of Learning, 52
- R.A. Katula, A Synoptic History of Classical Rhetoric, 18
- K. Mattson, Creating a Democratic Public, 32
Catégories :- Date de naissance inconnue (Ve siècle av. J.-C.)
- Naissance à Athènes
- Décès en -429
- Mort de la peste
- Athènes antique
- Personnalité politique de la Grèce antique
- Général de la Grèce antique
- Alcméonides
Wikimedia Foundation. 2010.