Epaminondas

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Épaminondas

Épaminondas

Épaminondas, en grec ancien Ἐπαμεινώνδας / Epameinốndas, né à Thèbes v.418 av. J.-C., mort à Mantinée en 362 av. J.-C., est un homme d'État et général thébain.

Sommaire

Biographie

~418-382 : Naissance et enfance

Il est issu d'une famille noble mais modeste. Il avait un frère et une soeur. Ses parents étaient encore en vie au moment de Leuctres (371).

Son père (appelé Polymnis) a recueilli pendant un temps Lysis de Tarente alors en exil à Thèbes (suite au massacre des écoles pythagoriciennes de Sicile en -440). Le jeune Epaminondas a donc bénéficié d'une éducation d'une très grande qualité. Cette éducation pythagoricienne influencera plus tard le jeune général [1].

Dès avant 382, sa bravoure le distingue au combat puisqu'il sauve de la mort celui qui deviendra son ami Pélopidas.

382-379 : l'occupation spartiate

Avec l'occupation spartiate (382-378), Epaminondas perd beaucoup de ses amis (partis se réfugier à Athènes) et est l'un des rares démocrates à rester à Thèbes ; c'est là qu'il encourage les jeunes Thébains à affronter à la lutte les soldats spartiates. Dès 379 et la libération de la Cadmée, il mène les hommes au combat pour bouter hors des murs l'étranger.

378-371 : la guerre contre Sparte

La liberté se paye cher, et les Thébains l'apprennent vite : ceux qui les avaient soutenus (Athènes) les laissent tomber du jour au lendemain, et c'est seuls qu'ils doivent affronter le tyran de la Grèce. Sparte envoie successivement (en 378, 377 et 376) ses deux rois (Cléombrote et Agésilas) combattre la cité rebelle. Mais la cité, pleine de vigueur, ne se laisse pas faire, et ce, malgré la trahison de nombreuses cités voisines (Thespies, Tanagra).

Au cours de ces campagnes (378-376), Epaminondas, devenu rapidement béotarque (général), mène les troupes aux côtés de son ami Pélopidas et de Gorgidas (le fondateur du Bataillon Sacré). D'abord vainqueur dans une guerre de guérilla, il gagne ensuite sur le champ de bataille même quand ses propres troupes sont en infériorité numérique (à Tégyres et Orchomène en 375). La légende d'Epaminondas est née. Pour punir les trahisons de Tanagra, Platées (qui a rejoint Athènes) et Thespies, on décide de raser ces villes (ce qui contribua à établir la légende noire de Thèbes).

En 371, Sparte piétine sur les fronts thébain et athénien et propose une « paix commune » (Koiné eiréne). Un grand moment d'histoire se déroule alors : Thèbes accepte de jurer la paix mais uniquement si elle le fait au nom de tous les Béotiens, ce qui revient pour Athènes et Sparte à reconnaître l'hégémonie de Thèbes sur la Béotie. Agésilas, roi de Sparte, refuse et exige que Thèbes reconnaisse l'indépendance de la Béotie. Épaminondas rétorque qu'il le fera si Sparte reconnaît celle de la Laconie. Furieux, les Spartiates se lancent dans une grande invasion de la Béotie, menée par le roi Cléombrote II. Épaminondas parvient à convaincre ses collègues à livrer bataille malgré leur infériorité numérique. C'est la bataille de Leuctres, où Épaminondas déploie son talent militaire : il désorganise les lignes spartiates grâce à un premier assaut de cavalerie, puis redéploie sa phalange en concentrant toutes ses forces sur le côté gauche (et non le droit), le côté où sont concentrés les troupes d'élite de Sparte. Ses troupes 7 fois plus nombreuses (étalées sur une profondeur de 80 hommes (contre 12 du côté spartiate) enfoncent de manière décisive les lignes ennemies et fait perdre à Sparte le tiers de ses citoyens soit 400 homoioi (citoyens), dont le roi Cléombrote en personne et bon nombre de soldats d'élite qui composaient la garde royale personnelle.

Cet écrasant succès permet à Épaminondas d'adopter une politique plus ambitieuse : mettre fin à l'hégémonie de Sparte et la remplacer par celle de Thèbes. L'assassinat de Jason de Phères en 370, l'inquiétant voisin de Thèbes, supprime un obstacle important. Thèbes s'allie aux cités de Grèce centrale, les Phocidiens, les Locriens, les Acarnaniens et les Eubéens. Elle lance une grande offensive contre le Péloponnèse à la fin de 370, malgré l'hiver et le fait que les béotarques soient en fin de mandat. Épaminondas pille la Laconie, mais face à la tactique de guérilla du roi Agésilas II, renonce à attaquer Sparte elle-même. Il se replie sur la Messénie et libère les Hilotes messéniens. Il fait bâtir une cité autour de l'Ithôme, forteresse historique des guerres de Messénie, la fortifie, et invite tous les Messéniens exilés en Grèce ou en Grande Grèce à rentrer. La nouvelle ville, Messène, considère le Thébain comme son œciste (fondateur).

370-362 : la guerre contre Athènes et Sparte, l'hégémonie thébaine

En rentrant à Thèbes, c'est pourtant un procès qui attend Épaminondas et Pélopidas, béotarque lui aussi : on les accuse d'avoir outrepassé leurs fonctions. Rapidement, le procès tourne au triomphe pour les deux généraux. Tandis que Pélopidas se tourne vers la Thessalie, sous le joug des tyrans successeurs de Jason, avec des succès mitigés, étant même capturé en 368 par le tyran Alexandre, puis se porte jusqu'en Macédoine, les troupes macédoniennes aidant les tyrans thessaliens, Epaminondas dirige son attention sur l'isthme de Corinthe (hiver 370-369), dans le but d'assurer les communications entre Thèbes et ses alliés péloponnésiens, mais échoue devant Corinthe, restée fidèle à Sparte et défendue par l'Athénien Chabrias. En 365, il leur extorque tout de même une paix où la cité reconnaît l'indépendance de la Messénie.

Sur mer, Épaminondas cherche à établir son hégémonie contre Athènes. Il fait voter par l'Assemblée la construction d'une nouvelle flotte de cent trières, prête en 364. Il veut séparer Byzance, Chios et Rhodes de la Confédération athénienne, et ainsi former une flotte capable de rivaliser avec Athènes. Pourtant, les résultats obtenus sont maigres. Après 363, on entend rarement parler des trières thébaines.

En 364, les Arcadiens, avec laquelle les relations devenaient tendues, envahissent l'Élide et font main basse sur le trésor sacré d'Olympie. Mantinée, adversaire de Thèbes, proteste et obtient gain de cause auprès de l'assemblée des Dix-Mille, qui régit l'Arcadie. Or, le traité entre l'Arcadie et Thèbes interdit une paix séparée. Épaminondas est envoyé pour ramener Mantinée au pas. Celle-ci fait appel à Sparte, qui envoie une armée commandée par Agésilas. La bataille a lieu en 362 sur la plaine de Mantinée. Les Thébains enfoncent les lignes spartiates grâce à leur tactique habituelle et remportent la bataille, mais Épaminondas trouve la mort au cours du combat et Thèbes ne saura pas exploiter ce succès. Il reçut dans le combat une blessure mortelle ; mais, apprenant que l'ennemi était en déroute, il dit : « J'ai assez vécu, dit-il, puisque je meurs sans avoir été vaincu ». Comme on regrettait qu'il n'eût pas de postérité : « Je laisse, dit-il, deux filles immortelles, Leuctres et Mantinée ».

Qui a tué Épaminondas ? Les vainqueurs spartiates et athéniens se sont attribué chacun la paternité de l'exploit. Les uns disaient qu'il s'agissait d'un certain Macharion, les autres prétendirent que c'était Gryllos, un des deux fils de Xénophon. Étant donné qu'Athènes a produit beaucoup plus de témoignages en sa faveur, le fils de Xénophon est le plus souvent retenu. Pour célébrer cela, les Athéniens ont commandé une fresque géante à Euphranor qui figurait dans le Temple des 12 Dieux sur l'Acropole ; et nombre d'auteurs ont consacré un livre à Gryllos, tel Aristote. Si Gryllos a tué Épaminondas, Xénophon aurait dû en être fier ; pourquoi n'en parle-t-il alors pas dans ses Helléniques ? Peut-être par pudeur ? Par respect pour son autre fils Diodore mort lui dans la bataille ? Sans doute un peu des deux. Xénophon ne devait pas porter Epaminondas dans son coeur, lui qui avait abattu la puissance de la cité chère à l'Athénien.

Épaminondas est un personnage admiré sous l'Antiquité. Cornélius Népos, qui lui consacre une biographie, lui rend hommage en disant qu'avant sa naissance et après sa mort, Thèbes est toujours dominée par une puissance étrangère, mais que pendant qu'il est au pouvoir, Thèbes se retrouve à la tête de la Grèce.

Bibliographie

  • Pierre Carlier, Le IVe siècle grec jusqu’à la mort d’Alexandre, Seuil, coll. « Points Histoire / Nouvelle histoire de l'Antiquité », Paris, 1996 (ISBN 2-02-013129-3)  ;
  • (en) Harry Thurston Peck, Harper's Dictionary of Classical Antiquities, Harper & Brothers, New York, 1898 [lire en ligne]

Sources :

  • Vie d'Épaminondas, Cornélius Népos (trad en anglais ici)
  • Vie d'Épaminondas, Plutarque. Perdue.
  • De genio Socratis, Plutarque (sur Polymnis, Lysis et Épaminondas)
  • Pausanias, livre 9.
  • Diodore, livre 15.

Articles :

  • Cawkwell G. L. - Epaminondas and Thebes. CQ 1972 XXII : 254-278.
  • Sordi M. - Propaganda politica e senso religioso nell'azione di Epaminonda, II. Contrib. Ist. di stor. ant.  : 45-53.
  • Vottéro G. - Grandeur et déchéance d'un héros : Epaminondas le Thébain, in J. Dion, Le Paradoxe du héros ou d'Homère à Malraux, Nancy-Paris 1999 (pp. 43-86).

Sur Pythagore et Epaminondas :

  • Lévêque P.  ; Vidal-Naquet P. - Épaminondas pythagoricien ou le problème tactique de la droite et de la gauche. Historia 1960 IX : 294-308.
  • Schuhl P. M. - Carnet de notes. Épaminondas et la manœuvre par la gauche. RPhilos 1960 CL : 529-530.

Sur les invasions du Péloponnèse :

  • Wiseman J. - Epaminondas and the Theban invasions. Klio 1969 LI : 177-199.

Sur la fondation de Mégalopolis :

  • Braunert H. ; Petersen T. - Megalopolis. Anspruch und Wirklichkeit. Chiron 1972 II : 57-90.
  • Dušanic S. - When Megalopolis was founded. ZAnt 1969 XIX : 263-283.

Sur les procès :

  • Cuff P. J. - The trials of Epaminondas. A note. Athenaeum 1954 XXXII : 259-264.
  • Buckler J. - Plutarch on the trials of Pelopidas and Epameinondas (369 B.C.). CPh 1978 LXXIII : 36-42.

Sur la flotte d'Epaminondas :

  • Fossey J. M. - Une base navale d'Épaminondas. Proc. of the 2nd internat. conf. on Boiotian antiqu.  : 9-13.
  • Roesch P. - Un décret inédit de la ligue thébaine et la flotte d'Épaminondas. REG 1984 XCVII : 45-60.
  • Buckler, John. - Epameinondas and the new inscription from Knidos. Mnemosyne 1998 Ser. 4 51 (2) : 192-205.
  • Ruzicka, Stephen. - Epaminondas and the genesis of the Social War. CPh 1998 93 (1) : 60-69.

Sur la mort d'Epaminondas :

  • Vasic R. - Grylus and Epaminondas in Euphranor's Cavalry battle. ZAnt 1979 XXIX : 261-268.

Épaminondas et les autres :

Sur la vie perdue de Plutarque :

  • Herbert K. - The identity of Plutarch's lost Scipio. AJPh 1957 LXXVIII  : 83-88.
  • Shrimpton G. S. - The Epaminondas tradition. Stanford Univ., 1970. 127 p.
  • Shrimpton G. S. - Plutarch's Life of Epaminondas. Pacific Coast Philology (Northridge, Cal. Philol. Assoc. of the Pacific

Coast) VI 1971.

  • Tuplin C. J. - Pausanias and Plutarch's Epaminondas. CQ 1984 XXXIV : 346-358.

Xénophon et Epaminondas :

  • Westlake H. D. - Xenophon and Epaminondas. GRBS 1975 XVI : 23-40.

Philippe II et Epaminondas :

  • Hammond, Nicholas G. L. - What may Philip have learnt as a hostage in Thebes ? GRBS 1997 38 (4) : 355-372.

Pausanias et Epaminondas :

  • Stratiki, Kerasia. - Les héros grecs comme personnification de la liberté dans la « Périégèse » de Pausanias. BAGB 2003 (2) : 92-112.

Aristote et Empaminondas : P. Thillet, « Note sur le Gryllos, ouvrage du jeune Aristote », Revue Philosophique, 1957, p. 352-354.

Livres :

  • Pomtow Das leben des Epaminondas, sein charakter und seine politik, Berlin, 1870.
  • Carrata Thomes, Franco Egemonia Beotica e potenza marittima nella politica de Epaminonda, Turin, 1952.
  • Fortina, Marcello. Epaminonda . Turin, 1958

Références

  1. Lévêque P.  ; Vidal-Naquet P., « Épaminondas pythagoricien ou le problème tactique de la droite et de la gauche », Historia, 1960, IX : 294-308.
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