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Aréopage
L'Aréopage (en grec Ἄρειος πάγος / Áreios págos) était à Athènes la « colline d'Arès », située à l'ouest de l'Acropole ; c'était aussi le nom du conseil qui s'y réunissait. L'Aréopage est aussi le nom porté au XXIe siècle par l'institution juridique suprême de Grèce.
Sommaire
La colline de l'Aréopage
Du point de vue géologique, la colline de l'Aréopage est un énorme monolithe de marbre gris bleu veiné de rouge, qui domine l'agora d'Athènes. Un peu partout, sur ses flancs et en son sommet, des creusements dans la roche, formant plates-formes, sont les seuls vestiges de générations de bâtiments antiques. La vue sur l'ensemble de l'agora est la meilleure qui puisse s'offrir.
Selon une légende, on l'appelait ainsi parce qu'Arès y avait été jugé par les dieux[1] et acquitté du meurtre d'Halirrhotios, fils de Poséidon, qui avait violé la fille d'Arès à cet endroit. D'autre part, encore d'après la légende, c'est là qu'Oreste fut jugé pour le meurtre de sa mère Clytemnestre, par un tribunal réuni par Athéna et maintenu par la suite[2].
Le conseil de l'Aréopage antique
Initialement, le conseil de l'Aréopage, (couramment nommé ἡ ἐν Ἀρείῳ πάγῳ βουλή[3], ou τὸ ἐν Ἀρείῳ πάγῳ διϰαστήϱιον[4]), dont l'origine se perd dans la nuit des temps[5], devait conseiller le roi, et il était uniquement composé d'Eupatrides. Son influence grandit à mesure que la royauté diminuait, jusqu'au VIIe siècle av. J.-C., où il exerçait le pouvoir politique d'un véritable gouvernement.
Après les réformes de Solon, ses membres furent recrutés parmi tous les anciens archontes, qui en devenaient membres à vie, et qui représentaient les riches par opposition aux simples aristocrates, si bien qu'il devint un organisme moins exclusif. Ses pouvoirs politiques furent peut-être redéfinis, et dans une certaine mesure limités par Clisthène, mais il resta puissant jusqu'aux guerres médiques. Avec le progrès rapide des institutions démocratiques, ses pouvoirs étendus semblaient incongrus. Il perdit peut-être de son prestige et de son pouvoir politique après -487, lorsque les archontes furent tirés au sort, et que ce n'étaient plus des hommes de grandes compétences que l'on choisissait.
L'Aréopage siégeait la nuit : on n'y permettait aucun artifice oratoire pour émouvoir ou attendrir les juges. Aussi l'Aréopage jouit-il longtemps d'une grande réputation d'impartialité, qu'il perdit au Ve siècle av. J.-C.
En -462, Éphialtès lui retira la garde des lois et diminua sa compétence. Il conserva son rôle de tribunal pour les affaires de meurtres, mais il perdit toute son importance politique. Il existait encore au IVe siècle av. J.-C.
L'Aréopage contemporain
Article détaillé : Áreios Págos.L'Aréopage est aussi le nom porté de nos jours par la plus haute instance de l'ordre judiciaire grec, fondée en 1834, équivalent en d'autres pays, en France par exemple, d'une Cour de Cassation.
Expression idiomatique
Aujourd'hui, dans le langage courant, un « aréopage » est une assemblée, une réunion de gens compétents et choisis[6].
Ainsi, l'Aréopage est, en franc-maçonnerie, au Rite Écossais Ancien et Accepté (R.E.A.A.) le groupement des grades du 19° au 30° degré.
Notes et références
- ↑ Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne], I, 28, 5.
- ↑ « Ce tribunal, désormais et pour toujours, jugera le peuple Égéen. Sur cette colline d'Arès, les Amazones plantèrent autrefois leurs tentes, quand, irritées contre Thésée, elles assiégèrent la ville récemment fondée et opposèrent des tours à ses hautes tours. Ici, elles firent des sacrifices à Arès, d'où ce nom d'Aréopage, le rocher, la colline d'Arès. Donc, ici, le respect et la crainte seront toujours présents, le jour et la nuit, à tous les citoyens, tant qu'ils se garderont eux-mêmes d'instituer de nouvelles lois. Si vous souillez une eau limpide par des courants boueux, comment pourrez-vous la boire ? Je voudrais persuader aux citoyens chargés du soin de la république d'éviter l'anarchie et la tyrannie, mais non de renoncer à toute répression. Quel homme restera juste, s'il ne craint rien ? Respectez donc la majesté de ce tribunal, rempart sauveur de ce pays et de cette ville, tel qu'on n'en possède point parmi les hommes, ni les Scythes, ni ceux de la terre de Pélops. J'institue ce tribunal incorruptible, vénérable et sévère, gardien vigilant de cette terre, même pendant le sommeil de tous, et je le dis aux citoyens pour que cela soit désormais dans l'avenir. » Eschyle, Euménides, 683-708, Trad. Leconte de Lisle
- ↑ Par exemple, Démosthène, Contre Nééra, 80 et suiv.
- ↑ Par exemple, Démosthène, Contre Aristocrate, 65 et suiv.
- ↑ « Le plus rare de tous et le plus considérable, c'est le tribunal qui siège à l'Aréopage. Sa gloire est sans égale. D'un côté, elle se perd dans la nuit des âges, et de l'autre, nous en sommes encore les témoins. Il n'y a pas un tribunal au monde dont on puisse dire autant. Je vous en citerai, à titre d'exemple, un ou deux traits qu'il est bon de rappeler. Ici, c'est l'antiquité telle que la tradition nous la représente. C'est devant ce tribunal seul que les dieux ont trouvé bon de plaider, soit comme demandeurs, soit comme défendeurs, dans des causes de meurtre, et de siéger comme juges des différends survenus entre eux, s'il est vrai que Poséidon y poursuivit Arès pour le meurtre de son fils Halirrhotios, et que les douze dieux y rendirent leur jugement entre les Euménides et Oreste. Mais ces faits sont anciens. En voici de plus récents. Ce tribunal est le seul à qui les causes de meurtre n'aient jamais été enlevées. Ni tyran, ni oligarchie, ni démocratie, n'ont osé le faire. Tous sentent que la justice qu'ils rendraient eux-mêmes en ces matières ne vaudrait pas la justice rendue par l'Aréopage. » Démosthène, Contre Aristocrate, 65-66. Trad. Rodolphe Dareste, 1879
- ↑ (fr) Définitions lexicographiques et étymologiques de aréopage du CNRTL.
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