- Alcibiade
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Alcibiade, en grec ancien Αλκιβιαδης Κλεινιου Σκαμβωνιδης / Alkibiadês Kleiniou Scambônides, né à Athènes vers 450 av. J.-C., mort à Melissa (Phrygie) en 404 av. J.-C. est un homme d'État et général athénien. Membre de la puissante famille des Alcméonides, il joue un rôle majeur dans la deuxième partie de la guerre du Péloponnèse. Timandra, courtisane, maîtresse d’Alcibiade, l'ensevelit en Phrygie, exilé et assassiné.
Sommaire
Biographie
Il était le fils aîné de Clinias, un Eupatride, et de Dinomaché, descendante de l'alcméonide Mégaclès. Il appartenait donc aux plus éminentes familles aristocratiques d'Athènes. Il fut éduqué par son tuteur Périclès, et il devint le disciple et l'ami de Socrate, qui dans l’Alcibiade majeur se proclame son premier éraste (§ 103a). Il mena la vie de la jeunesse dorée d'Athènes, multipliant les frasques. Il était renommé pour sa grande beauté. Plutarque écrivit ainsi au début de la Vie qui lui est consacrée :
« Quant à sa beauté physique, il n'y a sans doute rien à en dire, sinon qu'elle s'épanouit et conserva son éclat à tous les âges de sa vie : enfant, adolescent, homme fait, il fut toujours d'un aspect aimable et charmant. Il n'est pas vrai, quoi qu'en dise Euripide, que chez tous les hommes beaux, l'arrière-saison même soit belle. Mais tel fut le privilège d'Alcibiade et de quelques autres. Il le dut à l'heureuse nature et à l'excellence de sa constitution physique. Quant à sa manière de parler, on dit que même son défaut de prononciation lui seyait et prêtait à son langage une grâce qui contribuait à la persuasion. »
— Plutarque, Vie d'Alcibiade
Socrate lui sauva la vie lors du siège de Potidée auquel il participait également :
« Il était dans sa première jeunesse lorsqu'il alla à l'expédition de Potidée. Tant qu'elle dura, il logea dans la tente de Socrate, et ne le quitta jamais dans les combats. À une grande bataille qui se donna, ils se conduisirent tous deux très vaillamment ; et Alcibiade ayant été renversé d'une blessure qu'il avait reçue, Socrate se mit devant lui, et le défendit avec tant de courage à la vue de toute l'armée, qu'il empêcha les ennemis de se rendre maîtres de sa personne et de ses armes. Le prix de la valeur était incontestablement dû à Socrate ; mais les généraux ayant témoigné le désir d'en déférer l'honneur à Alcibiade, à cause de sa haute naissance, Socrate, qui voulait augmenter en lui son émulation pour la véritable gloire, fut le premier qui rendit témoignage à sa bravoure, qui demanda qu'on lui adjugeât la couronne et l'armure complète. »
— Plutarque, Vie d'Alcibiade
« Dans cette affaire dont les généraux m’attribuèrent tout l’honneur, ce fut lui qui me sauva la vie. Me voyant blessé, il ne voulut jamais m’abandonner et me préserva, moi et mes armes, de tomber entre les mains des ennemis. »
— Platon, Le Banquet
Il combattit également lors de la bataille de Délion en 424, qui vit la victoire des Thébains :
« À la bataille de Délion, qui se donna longtemps après, les Athéniens ayant été mis en fuite, Socrate se retirait à pied avec quelques autres soldats: Alcibiade était à cheval ; et le voyant dans cet état, il ne voulut pas s'éloigner de lui ; mais se tenant toujours à ses côtés, il le défendit courageusement contre les ennemis, qui poursuivaient les fuyards et en tuaient un grand nombre. »
— Plutarque, Vie d'Alcibiade
« La conduite de Socrate, mes amis, mérite encore d’être observée dans la retraite de notre armée après la déroute de Délium. Je m’y trouvais à cheval, et lui à pied pesamment armé. Nos gens commençant à fuir de toutes parts, Socrate se retirait avec Lachès. Je les rencontre et leur crie d’avoir bon courage, que je ne les abandonnerai point. C'est là que j’ai connu Socrate beaucoup mieux encore qu’à Potidée. »
— Platon, Le Banquet
Sources
Plusieurs historiens de l'antiquité ont livré des données sur le personnage.
- Thucydide était son aîné d'une vingtaine d'année. Il parle d'Alcibiade dans son Histoire de la guerre du Péloponnèse, livre V à la fin, correspondant aux années -420 à -411.
- Xénophon était son cadet. Ses Helléniques (I-II) correspondent à la fin de la guerre du Péloponnèse (-411 à -404), non relatée dans l'ouvrage de Thucydide. Les Mémorables (I, 2-3) correspondent à des souvenirs de Socrate.
- Diodore de Sicile est postérieur de plus de trois siècles au personnage. Dans sa Bibliothèque historique (XII-XIII), il cite des écrits (perdus) d'Éphore, contemporain de ce dernier.
- Plutarque lui est également très postérieur. Il a écrit une Vie d'Alcibiade (comparée à celle de Coriolan dans les Vies parallèles), mais d'autres renseignements peuvent être trouvés dans la Vie de Lysandre, son vainqueur.
- Cornélius Népos est à peu près contemporain de Plutarque. Il a écrit Des capitaines remarquables des pays étrangers avec un chapitre sur Alcibiade.
Des philosophes le mentionnent, au premier rang desquels se situe Platon avec son Alcibiade majeur, son Alcibiade mineur, Le Banquet (212b-223a), son Gorgias (481c-482a, 519a-b). Dans le Protagoras il est également cité plusieurs fois (309a-c, 316a, 317 c-d, 319e-320b, 336b-e, 347b, 348b-c).
Parmi les orateurs, Andocide lui était contemporain. Sur son retour (11-14, 16) raconte son exil. Contre Alcibiade ne comporte, par contre, que très peu d'éléments biographiques. Isocrate était plus jeune et cite Alcibiade dans son discours Sur l'attelage. Lysias est également contemporain même si ses discours le mentionnant sont postérieurs à sa mort : premier Contre Alcibiade (le discours est prononcé contre le fils homonyme d'Alcibiade, il contient des allusions au père : §26-42), Sur les biens d'Aristophane (§52).
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Walter M. Ellis, Alcibiades, Routledge, Londres et New York, 1989.
- Jean Hatzfeld, Alcibiade. Étude sur l'histoire d'Athènes à la fin du Ve siècle, Presses universitaires de France, Paris, 1951.
- Jacqueline de Romilly, Alcibiade ou les dangers de l'ambition, Livre de Poche, Paris, 1998 (1re édition 1995) (ISBN 2-253-14196-8).
- Philippe-Joseph Salazar, "Sex and Rhetoric: An Assessment of Rocco’s Alcibiade", Italian Studies in South Africa, 12(2), 1999, 5-19 (au sujet d'un livre vénitien célèbre, du XVIIe siècle, longtemps interdit, qui fut composé dans la tradition pédérastique de l'éducation socratique; l'Alcibiade historique sert de modèle).
Liens externes
- La Vie d'Alcibiade de Plutarque. L'auteur, l'œuvre, le sujet, par M.-P. Loicq-Berger.
- Survie d'un lion : Alcibiade, par M.-P. Loicq-Berger.
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