Péricles

Péricles

Périclès

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Buste de Périclès, copie de l'œuvre de Crésilas (-430), musée Pio-Clementino

Périclès, en grec Περικλῆς / Periklếs (né à Athènes v.-495, mort à Athènes en -429), est un stratège et homme d'État athénien, de la tribu Acamantide et du dème de Cholargue ; membre de la famille des Alcméonides, il est le fils de Xanthippe et d’Agaristè, elle-même nièce de Clisthène et petite-fille d'Agaristè et de Mégaclès.

L’influence de ce personnage sur son époque fut si grande qu'on surnomme généralement cette période « le siècle de Périclès ».

Sommaire

Biographie

Périclès épousa une femme avec qui il eut deux fils : Xanthippe et Paralos. Par la suite, il s'éprit d'Aspasie — qui était non seulement une métèque d'origine milésienne mais également une courtisane — avec qui il eut un fils, Périclés le Jeune, qu'il parvint à faire inscrire comme citoyen malgré ses propres lois. En effet, ce dernier est un nothos selon la loi instituée par son père en – 451.

Issu de la prestigieuse famille des Alcméonides, qui s'étaient illustrés aux côtés de Solon et dans la lutte contre le tyran Pisistrate, neveu de Clisthène le réformateur, Périclès était comme prédestiné à faire de la politique. Bien qu'il fût un grand aristocrate, il fut un partisan de la démocratie et apparut sur le devant de la scène en étant au nombre des procurateurs publics qui attaquèrent Cimon en -463. En -462/-461, il s'allia à Éphialtès pour réduire les pouvoirs de l'aréopage, et après le meurtre d'Éphialtès et l'ostracisme de Cimon, en -461, il devint l'homme le plus influent d'Athènes. Ses décisions politiques s'imposaient d'elles-mêmes à la plupart des citoyens.

Il créa l'action de Graphê Paranomôn (plainte en illégalité) qui permettait d'empêcher que des malveillances nuisent à la loi et portent atteinte à la démocratie. Cette action se réglait devant l'Héliée, l'assemblée judiciaire de la cité d'Athènes.

En -451, à son initiative, la citoyenneté fut restreinte à ceux dont le père était citoyen et la mère fille de citoyen athéniens. À partir de ce moment et jusqu'à sa mort, il domina la vie politique athénienne et fut élu stratège quinze fois de suite entre - 444 et - 430[1].

Sous sa direction, Athènes adopta une politique impérialiste, et la ligue de Délos, créée pour maintenir les Perses hors de Grèce, fut transformée en un empire athénien.

Il semble avoir essayé de convoquer une assemblée de tous les États grecs pour envisager la reconstruction des temples détruits par les Perses en -480, ainsi qu'une forme d'union politique, mais rien n'aboutit en raison de l'hostilité de Sparte.

En -437, il fonda une colonie à Amphipolis et peu après à la même époque il dirigea une expédition pour établir l'influence athénienne dans la région de la mer Noire, après avoir soumis Samos en -439, lorsque l'île s'était révoltée et avait quitté la ligue de Délos.

On ne connaît pas la responsabilité exacte de Périclès dans la politique qui entraîna Athènes dans une guerre contre Sparte, Corinthe, Égine et la Béotie, durant la période -459/-446, mais durant la « paix de Trente ans » qui suivit, il obtint de Sparte la reconnaissance de l'empire maritime d'Athènes.

Il fut l'instigateur de la construction du Parthénon pour commémorer les guerres Médiques (commencée en -447et achevée 10 ans plus tard, en -437), des Propylées et des autres bâtiments importants de cette époque sur l'Acropole : menant une politique de prestige redoutablement efficace, il n'hésita pas à se servir dans les réserves de la ligue de Délos pour financer les monuments.

Il fut également à l'origine du Misthos, indemnité versée au citoyen pour le temps qu'il consacre à la vie politique (puisqu'en se rendant à l'Assemblée du Peuple, le citoyen perdait les bénéfices d'une journée entière de travail).

Le politicien Thucydide fils de Mélésias (à ne pas confondre avec le fameux historien Thucydide, fils d'Oloros), héritier politique de Cimon et pire ennemi de Périclès, l'attaqua pour avoir détourné les fonds de la ligue de Délos pour ce programme de constructions. L'ostracisme de Thucydide laissa les mains libres à Périclès.

Il est vraisemblable que Périclès pressentit bien à l'avance la guerre avec Sparte et il résista à toutes les exigences des Péloponnésiens. Il préconisa à ses concitoyens une attitude ferme face aux exigences des Spartiates, qui selon lui cherchaient un prétexte pour déclencher le conflit. Périclès pensait donc qu'il n'était pas nécessaire de faire des concessions avec des gens qui ne souhaitaient pas vraiment négocier.

Quand la guerre éclata en -431, Périclès imposa à Athènes une politique qui devait neutraliser la supériorité spartiate sur terre, mais elle impliqua des difficultés considérables pour la population de l'Attique. Néanmoins, sa stratégie d'encerclement et de blocus maritime autour du Péloponnèse (rendue possible grâce à la suprématie incontestable de la flotte athénienne) fut un succès éclatant.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, Archidamos II, le roi de Sparte connu pour sa modération et sa prudence, était un grand ami de Périclès ; et malgré la guerre entre leurs deux cités, Archidamos ordonna à ses soldats d'épargner les domaines de Périclès lors du pillage de l'Attique par les Péloponnésiens en -430. Périclès, bien que reconnaissant, répliqua officiellement en faisant don de ses propriétés à l'État, afin de désamorcer d'éventuelles jalousies et contestations de la part de ses concitoyens.

Cependant, malgré son aura et sa popularité, des Athéniens mécontents d'avoir perdu leurs biens lors de l'incursion spartiate en Attique de -430 lui intentèrent un procès : et, oubliant tous les services que Périclès avait rendu à la patrie, les juges le condamnèrent à une forte amende et à la déchéance de ses droits civiques (atimia, déshonneur). Il se retira alors de la vie politique.

Quelques mois après, sa condamnation fut annulée et les citoyens athéniens firent de nouveau appel à lui - en le réélisant stratège - lors de la crise provoquée par la Grande peste athénienne (-429). Il contracta la maladie mais réussit à en guérir ; néanmoins, elle l'avait épuisé et il mourut six mois après son retour au pouvoir.

On ne représenta jamais Périclès sans casque à cause de la malformation de son crâne.

Discours de Périclès

Seuls deux discours de Périclès sont parvenus jusqu'à nous par l'intermédiaire de l'Histoire de la guerre du Péloponnèse, écrite par Thucydide, contemporain de Périclès. Ces deux discours sont Les conseils aux Athéniens sur les exigences des Péloponnésiens et l'Oraison funèbre des premiers soldats athéniens morts durant la Guerre du Péloponnèse.

Ces discours attribués à Périclès sont toutefois à relativiser, puisque Thucydide l'avoue lui-même dans sa partie méthodologique dans son livre premier aux chapitre XX et suivants, il reproduit « le fond » du discours tel qu'on lui en a parlé, ou tel qu'il s'en souvient, ou ce qui lui semblait être le "fond" le plus adapté, mais en revanche la "forme" vient entièrement de lui.

On peut entrevoir dans le premier discours, signe que celui-ci n'est pas réellement de lui, des critiques sur ses successeurs, moins pragmatiques, et bien plus orgueilleux tel que Cléon, qui poussera Athènes à faire exactement le contraire de ce que Périclès aurait conseillé lors de ce discours, c'est-à-dire un accroissement de l'empire plutôt que de simples consolidations, et des batailles rangées sur terre contre les Péloponnésiens, alors que Périclès avait tout fait pour l'éviter, misant tout sur la flotte « invincible » d'Athènes.

Le plus connu est l'Oraison funèbre : on retrouve dans ce discours toute la modération, toute la vigilance et surtout la clairvoyance qui caractérise Périclès. C'est un vibrant éloge de la démocratie et aussi un hommage patriotique d'Athènes, L'école de la Grèce. On devine à travers l'œuvre un homme empreint de dignité qui était le véritable chef de la cité (et non pas un orateur ponctuel comme la plupart des hommes politiques de son époque) : « De nom, la cité était une démocratie : dans les faits, c'était le gouvernement du premier des citoyens »[2].

œuvre politique de Périclès

Élu stratège en 443 Avant J.C, il conserve ses fonctions pendant quinze ans et régnera sur la vie politique athénienne pendant trente ans. Il ouvre les magistratures à tous les citoyens, sans distinction de fortune, par tirage au sort et abandon des conditions de cens. Les magistrats reçoivent une indemnité de fonction qui permet aux plus modestes d'exercer un rôle politique, le misthos.

Rôle culturel et postérité de Périclès

Périclès et Aspasie dans l'atelier de Phidias, toile d'Hector Leroux

Périclès, élève d'Anaxagore dans sa jeunesse, attira à Athènes une foule de savants et d'artistes qui permirent à la cité de se targuer du titre de capitale culturelle de la Grèce. Autour de Périclès et d'Aspasie s'organisa bientôt un véritable cercle intellectuel dont les principaux membres furent :

Il faut également garder à l'esprit que Périclès était aussi l'oncle et le tuteur d'Alcibiade, qui sera un des plus fameux élèves de Socrate. Quant à l'impact de Périclès sur les talents émergents de son époque, il suffit de constater que l'un des seuls hommes politiques que Thucydide admire sans réserve (alors que Thucydide est très difficile à séduire) dans son Histoire de la Guerre du Péloponnèse, c'est bel et bien Périclès : il prend la peine de reconstituer deux discours entiers du grand stratège.

Tout au long de l'Antiquité, et jusqu'à nos jours, le stratège athénien est demeuré un modèle et une référence pour tous les admirateurs de la Grèce antique.

Notes

  1. Biographie de Périclès
  2. Thucydide, Histoire de la Guerre du Péloponnèse

Voir aussi

Sources

  • Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne] (Périclès)
  • Histoire de la civilisation occidentale, 4e Édition (Beauchemin), George Langlois, Gilles Villemure

Bibliographie

  • Pierre Brulé, Périclès, l'apogée d'Athènes, Gallimard, coll. « Découvertes », 1994 (ISBN 2070532291) ;
  • Claude Mossé, Périclès, l'inventeur de la démocratie, Payot coll. « Biographie », 2005 (ISBN 2228899534).
  • LECLANT, Jean (dir.), Dictionnaire de l'Antiquité, Paris, PUF, 2008, p.1700-01.
  • HOWATSON, M.C.(dir.), Dictionnaire de l'Antiquité : Mythologie, Littérature, Civilisation, Paris, Robert Laffont, 1993, p. 740-741.

Liens externes

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