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Observatoire de Paris
L'observatoire de Paris est né du projet, en 1667, de créer un observatoire astronomique équipé de bons instruments permettant d'établir des cartes pour la navigation. Il vient en complément de l'Académie des sciences fondée en 1666.
Il a joué un rôle très important dans l'astronomie occidentale. C'est là que prirent naissance des sciences comme la géodésie, la cartographie et la météorologie.
L'observatoire de Paris est actuellement implanté sur trois sites : Paris, Meudon et Nançay.
Sommaire
Histoire
Sous la pression de nombreux scientifiques et notamment Adrien Auzout qui écrit, en 1665, une lettre à Louis XIV pour lui demander de créer sans plus attendre une compagnie des sciences et des arts.
C'est en 1666 que Louis XIV et Jean-Baptiste Colbert fondent l'Académie royale des sciences. Lors de sa première séance, le 22 décembre 1666, il est décidé la création de l'observatoire royal, qui deviendra plus tard l'actuel observatoire de Paris. Il devait servir de lieu de réunion et d'expérimentation pour tous les académiciens. Mais en raison de son éloignement du Paris de l'époque, seuls les astronomes l'utilisent.
Le 21 juin 1667 (jour du solstice d'été), les mathématiciens de l'Académie tracent sur le terrain, à l'emplacement actuel du bâtiment, le méridien et les autres directions nécessaires à l'implantation exacte de l'édifice conçu par l'architecte et médecin Claude Perrault (dont le frère Charles était secrétaire de Colbert). Le plan médian de l'Observatoire définira désormais le méridien de Paris. Dès 1669, Colbert appelle Jean-Dominique Cassini pour diriger l'Observatoire, il fait effectuer des modifications du bâtiment.
Le site de Meudon a été établi à l'emplacement de l'ancien château de Meudon.
Dynastie des Cassini
Il fut dirigé pendant les 125 premières années par la famille Cassini :
- Jean-Dominique Cassini (Cassini I), de 1669 à 1712 lui donne une expansion rapide. Durant cette période, de grands astronomes comme Huygens, Roëmer et d'autres fréquentent l'Observatoire. Jean Picard y effectue une mesure du degré terrestre fondant ainsi la géodésie.
- Jacques Cassini (Cassini II), son fils, prend la relève de 1712 à 1756. L'Observatoire est alors dirigé par l'Académie des sciences. Mais dans les faits, le directeur a une très grande indépendance.
- César-François Cassini (Cassini III aussi appelé Cassini de Thury), le petit fils, le dirige de 1756 à 1784. C'est durant cette période que se développent des études en géodésie et en cartographie.
- Jean-Dominique, comte de Cassini (Cassini IV), l'arrière petit fils, subit les assauts de la Révolution française et dirige l'Observatoire à partir de 1784. Un an plus tard, il recrute [1] trois élèves : Nicolas-Antoine Nouet, Jean Pemy de Villeneuve et Alexandre Ruelle[2] (auxquels le décret de messidor attribuera le statut d'astronomes, voire de professeurs). Étant monarchiste, il démissionne en 1793.
Tous les Cassini étaient très présents au sein de l'Observatoire, et vivaient même sur place.
Après la Révolution
Après la démission du comte de Cassini, l'observatoire est quelque peu malmené par la Révolution française en raison de ses très forts liens avec la monarchie. Une inspection assez musclée a même lieu le 16 juillet 1789 [1] pour trouver des armes et des vivres, mais rien de tel ne sera trouvé dans les locaux de l'Observatoire. L'argent fait également défaut.
En 1795, le décret du 7 messidor an III (25 juin 1795) instaure le Bureau des longitudes [1], et lui attribut l'observatoire, dont la mission est de développer l'astronomie. Les astronomes Lalande, Jean-Dominique Cassini, Pierre-François-André Méchain et Jean-Baptiste Joseph Delambre sont statutaires et perçoivent un salaire.
Durant les années suivantes, le poste de directeur sera attribué successivement à :
- Lalande de 1795 à 1800. C'est sous sa direction que l'observatoire contribue à la standardisation des mesures, le mètre et le kilogramme, le 10 décembre 1799). Les deux étalons de mesure sont conservés à l'Observatoire jusqu'en 1889, date à laquelle est fondé le Bureau international des poids et mesures, à Sèvres.
- Pierre-François-André Méchain de 1800 à 1804
- Jean-Baptiste Joseph Delambre de 1804 à 1822
Cependant, durant cette période, la direction de l'observatoire va de pair avec la présidence (renouvelée annuellement) du Bureau des longitudes, et ne concerne que la direction administrative et non scientifique, car les astronomes sont autonomes en ce qui concerne le cap choisi pour leurs travaux. Alexis Bouvard fut ainsi, en tant que trésorier du Bureau des longitudes, en charge de l'administration de l'Observatoire de 1808 jusqu'à sa mort en 1843. En avril 1834, suite à l'adoption d'un nouveau règlement du Bureau des longitudes concernant le service de l'Observatoire de Paris, François Arago est nommé directeur des observations, chargé de superviser les travaux réguliers de l'établissement, confiés à des élèves astronomes.
François Arago développe à l'observatoire la polymétrie et la photométrie et y réalise le premier daguerréotype du Soleil. Il fait installer dans la tour est une grande lunette équatoriale. Pour cela, l'architecte Alphonse de Gisors agrandie et réaménage, en 1846-1847, la tour avec une nouvelle coupole. Mais pour des raisons techniques, la lunette ne peut vraiment être utilisée que 25 ans plus tard[3]. Durant cette période, Foucault introduit le miroir réflecteur à dépôt d'argent.
Urbain Le Verrier occupe le poste de directeur de 1854 à 1870. Il y fonde la météorologie, le bureau de météorologie est ensuite déplacé au Parc Montsouris. Étant très proche du nouveau pouvoir et également membre du Sénat, il arrive à étendre les pouvoirs du directeur de l'Observatoire. Il arrive également à augmenter les payes des astronomes. Mais son caractère autoritaire crée des tensions importantes avec le personnel de l'observatoire. Peu après la démission collective de 14 astronomes, il est relevé de son poste.
Jules Janssen présente un projet de restauration du château de Meudon, obtient les fonds nécessaires (plus d'un million de francs de l'époque) et y fonde l'Observatoire d'Astronomie Physique en 1876. Une grande coupole est créée qui abrite toujours des instruments d'observation. L'Observatoire de Meudon reste l'un des laboratoires de référence pour l'étude du Soleil.
L'Amiral Mouchez de 1878 à 1892, jusqu'à sa mort, dirige à son tour l'Observatoire. Il décide, en 1887, la création de la Carte du Ciel, projet auquel participent 180 observatoires à travers le monde. Il rénove les appareils, ouvre l'observatoire au public et unifie l'heure en France, à l'heure du méridien de Paris.
François-Félix Tisserand prend la direction de l'Observatoire de 1892 à 1896, jusqu'à sa mort. Tout en élaborant son Traité de mécanique céleste, il suit de très près les différents travaux en cours et veille au bon fonctionnement du matériel.
C'est ensuite au tour de Maurice Lœwy d'assurer la direction de l'Observatoire, de 1897 à 1907, jusqu'à sa mort. Il participe activement à l'élaboration de la Carte du Ciel.
Benjamin Baillaud prend le poste de directeur de 1908 à 1926. Il est l'initiateur de la création du Bureau international de l'heure. Il participe activement à la rénovation des équipements astronomiques français.
De 1927 à 1929, c'est Henri Deslandres qui assure la direction de l'observatoire. Deslandres était le directeur de l'Observatoire de Meudon. Le rattachement de cet observatoire avec celui de Paris lui permet d'accéder au poste de directeur. Deslandres voulait transférer tous les équipements astronomiques de Paris vers Meudon, en ne gardant dans la capitale que l'administratif. Ce projet ne sera jamais appliqué.
Ernest Esclangon assure la direction de 1927 à 1944. Il sera notamment à l'origine de la création de l'horloge parlante en 1932. Pour assurer la continuité du Service horaire, alors que la France est envahie par l'Allemagne, Esclangon et une partie du personnel partent à Bordeaux. C'est Armand Lambert qui assure la direction par intérim de l'observatoire. Après l'armistice du 22 juin 1940, l'observatoire conserve une activité à peu près normale. Étant juif, Lambert continue malgré tout à assurer son travail. Il est arrêté en 1943 et est envoyé à Auschwitz, d'où il ne reviendra pas.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le poste de directeur est attribué à André Danjon, qui l'exercera jusqu'en 1963. Avant d'avoir le poste de directeur, Danjon jouit déjà d'une très forte réputation. C'est grâce à celle-ci qu'il étend énormément les moyens de l'Observatoire, notamment en personnel. Il participe aussi activement à l'élaboration d'équipements comme la caméra électronique. À cause de l'augmentation du nombre de scientifiques au sein de l'Observatoire, il fera construire plusieurs autres bâtiments et limitera la hauteur et l'éclairage des bâtiments présents autour de l'Observatoire, de manière à garder une certaine qualité de vue. En 1953, l'observatoire de Nançay est rattaché à l'Observatoire de Paris. Ce rattachement permet de faire de nombreuses découvertes sur la couronne solaire et Jupiter.
Époque contemporaine
Implanté sur les trois sites de Paris, Meudon et Nançay, l'Observatoire de Paris est un grand établissement relevant du Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. C'est le plus grand pôle national de recherche en astronomie. Il est actuellement présidé par Daniel Egret.
Les recherches menées à l'Observatoire de Paris couvrent tous les champs de l'astronomie et l'astrophysique contemporaines, en étudiant :
- le Soleil et ses relations avec la Terre
- les planètes et les systèmes planétaires
- la formation des étoiles
- le milieu interstellaire
- la formation et l'évolution des galaxies
- les astroparticules
- la cosmologie
- la métrologie de l'espace et du temps
- l'histoire et la philosophie des sciences
Les chercheurs et ingénieurs de l'Observatoire réalisent des instruments d'observation pour les télescopes au sol ou les sondes spatiales, organisent des campagnes d'observation, mettent en place le traitement et l'analyse des données d'observation, élaborent des bases de données, ou réalisent des simulations numériques permettant de modéliser les phénomènes astrophysiques et d'en faire l'interprétation théorique.
L'Observatoire de Paris abrite une école doctorale et des activités de formation des maîtres et développe un campus numérique : Astrophysique sur mesure.
Liste des anciens directeurs
- Giovanni Cassini (1671-1712)
- Jacques Cassini (1712-1756)
- César-François Cassini de Thury (1756-1784)
- Dominique, comte de Cassini (1784-1793)
- Jean Pemy de Villeneuve, directeur temporaire (septembre 1793-1794)
- Nicolas-Antoine Nouet, directeur temporaire (env. 1794-1795)
- Joseph Jérôme Lefrançais de Lalande (1795-1800)
- Pierre Méchain (1800-1804)
- Jean Baptiste Joseph Delambre (1804-1822)
- Alexis Bouvard (1822-1843)
- François Arago (1843-1853)
- Urbain Le Verrier (1854-1870)
- Charles-Eugène Delaunay (1870-1872)
- Urbain Le Verrier (1873-1877)
- Amédée Mouchez (1878-1892)
- Félix Tisserand (1892-1896)
- Maurice Loewy (1896-1907)
- Benjamin Baillaud (1908-1926)
- Henri-Alexandre Deslandres (1926-1929)
- Ernest Esclangon (1929-1944)
- André Danjon (1945-1963)
- Jean-François Denisse (1963-1967)
- Jean Delhaye (1967-1971)
- Raymond Michard (1971-1976)
- Jacques Boulon (1976-1981)
- Pierre Charvin (1981-1991)
- Michel Combes (1991-1999)
- Pierre Couturier (1999-2003)
- Daniel Egret (2003-)
Formations
Il propose aujourd'hui des formations en astronomie et astrophysique allant du master au doctorat, avec possibilité de formation à distance [4].
Référence
- ↑ a , b et c Suzanne Débarbat, S. Grillot et J. Lévy (Observatoire de Paris), Comprendre - Histoire - observatoire de Paris IX : direction du Bureau des Longitudes (1795-1854), Paris, Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides (IMCCE/UFE), c. 2007 (CD-ROM en ligne).
- ↑ voir ici.
- ↑ Philippe Véron, « L'équatorial de la tour de l'est de l'observatoire de Paris », dans Revue d'histoire des sciences, vol. 56, no 56-1, 2003, p. 191-220 [texte intégral]
- ↑ (fr) L'enseignement à l'Observatoire de Paris, Observatoire de Paris. Consulté le 19 février 2008
Ressource bibliographique
- Jean-René Roy, L'Astronomie et son histoire. (ISBN 2-225-77781-0)
- Aubin, D., « The fading star of the Paris Observatory in the nineteenth century: astronomers' urban culture of circulation and observation », dans Osiris, vol. 18, 2003, p. 79-100
Voir aussi
Ce site est desservi par les stations de métro : Denfert-Rochereau et Saint-Jacques.
Liens externes
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