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Urbain Le Verrier
Urbain Le VerrierNaissance 11 mars 1811
Saint-Lô ( Empire français)Décès 23 septembre 1877
Paris (France)Nationalité française Champs Astronomie, météorologie Institution Faculté des sciences de Paris (1846) puis Observatoire de Paris (1851) Diplômé de École polytechnique (1833) Renommé pour Découverte de Neptune Distinctions Académie des sciences (1846), Médaille Copley (1846), Médaille d'or de la Royal Astronomical Society (1876) modifier Urbain Jean Joseph Le Verrier, né à Saint-Lô le 11 mars 1811, mort à Paris le 23 septembre 1877, est un astronome et mathématicien français spécialisé en mécanique céleste, découvreur de la planète Neptune et fondateur de la météorologie moderne française.
Sommaire
Ses études
Il est né dans une famille bourgeoise modeste, d'un père Louis-Baptiste Le Verrier, « surnuméraire dans l'administration des domaines » et de Marie-Jeanne-Joséphine-Pauline de Baudre[1]. Après huit ans d'études au collège communal de sa ville natale Saint-Lô, il entre au Collège Royal de Caen où il étudiera les mathématiques de 1827 à 1830, puis à l’Institution Mayer dirigée par le mathématicien Choquet. Il poursuit ses études au Collège Louis-le-Grand à Paris et est admis en 1831 à l'École polytechnique dont il sort deux ans après comme ingénieur dans l'administration des tabacs. Il en démissionne en 1835 pour se consacrer à un carrière scientifique[2]. Il travaille d'abord au laboratoire de chimie de Gay-Lussac.
Il demande en 1837 la place de répétiteur de chimie à l'École polytechnique mais celle-ci lui est ravie par Henri Victor Regnault. On lui offre en revanche une place de répétiteur de « géodésie, astronomie et machines », qu'il accepta et où il se spécialise en astronomie de position et en mécanique céleste. La même année, il épouse Lucile Marie Clotilde Choquet (fille de son ancien professeur), avec qui il aura trois enfants[1],[3]. En 1839, il présente à l'Académie des sciences son premier mémoire sur les variations séculaires des orbites des planètes (notamment d’Uranus, Alexis Bouvard ne parvenant pas à résoudre le problème des anomalies de cette planète). C'est d'ailleurs dans ce mémoire qu'on trouve la première description de l'algorithme de Faddeev-Leverrier.
Urbain Le Verrier devient membre de la section d'astronomie de l'Académie des sciences le 19 janvier 1846 et le 14 octobre de la même année membre-adjoint du Bureau des longitudes.
La découverte de Neptune
Urbain Le Verrier devient célèbre lorsque la planète, dont il a calculé les caractéristiques comme cause hypothétique des anomalies des mouvements d'Uranus, est effectivement observée, par l'astronome allemand Johann Galle à l'observatoire de Berlin, le 23 septembre 1846. On baptisera Neptune cette nouvelle planète, malgré la proposition par François Arago, sous le chantage de Le Verrier (une rumeur prétend qu'Arago a une liaison avec Madame Le Verrier[1]), qui fut faite de la baptiser Le Verrier auprès de l'Académie des sciences, alors que les Anglais proposent Janus ou Oceanus.
La planète Uranus, découverte par William Herschel en 1781, présentait en effet des irrégularités par rapport à l'orbite qu'elle aurait dû avoir suivant la loi de la gravitation universelle d'Isaac Newton. Encouragé par François Arago, Le Verrier se lance en 1844 dans le calcul des caractéristiques de cette nouvelle planète (masse, orbite, position actuelle), dont il communiquera les résultats à l'Académie des Sciences le 31 août 1846.
Ils seront confirmés (à peu de choses près) par Johann Galle, qui observa le nouvel astre le jour même où il reçut en courrier sa position par Le Verrier. Devant l'Académie des Sciences, Arago prononcera la célèbre phrase : « M. Le Verrier vit le nouvel astre au bout de sa plume ». La Royal Society lui décerne la médaille Copley la même année avec pour éloge « …un des plus grands triomphes de l'analyse moderne appliqué à la théorie de la gravitation… ».
Cette découverte sera le sujet de nombreuses polémiques à l'époque, puisque ces calculs ont été menés en même temps par John Adams mais sans qu'aucun d'eux ne connaisse les travaux de l'autre. Les caractéristiques de la planète avaient été déterminées par Adams un an plus tôt mais n'avaient pas été publiées.
En 1846, est créée pour lui une chaire de mécanique céleste à la Faculté des sciences de Paris. Pierre-Ossian Bonnet lui succédera en 1878.
Plus tard, Le Verrier tenta de répéter le même exploit pour expliquer les perturbations de Mercure. Après plusieurs observations par d'autres astronomes de taches rondes passant devant le Soleil (dont celle, célèbre, du docteur Lescarbault en 1860), Le Verrier en déduit la présence d'une autre planète, Vulcain, dont il prédit le passage devant le Soleil en 1877. Ces prédictions se révéleront inexactes, et ces anomalies seront expliquées un demi-siècle plus tard par Albert Einstein avec la théorie de la relativité générale.
Directeur de l'Observatoire de Paris
Le 30 janvier 1854, Le Verrier est nommé directeur de l'Observatoire de Paris, succédant à François Arago et prenant le contrepied de la politique de son prédecesseur. Il y entreprend alors une réorganisation totale qu'il n'arrivera pas à mener à terme par manque de crédits : division fortement hiérarchisée du travail (les observateurs sont payés 15 centimes à l'étoile observée, surveillance des travailleurs[1]), appliquant le modèle anglais de la révolution industrielle au domaine de l'astronomie[4]. Il y fera établir un catalogue de 306 étoiles fondamentales.
Cependant, il s'y montre si colérique et odieux que, suite à plusieurs pétitions et la démission d'une soixantaine d'astronomes de l'Observatoire de Paris, il est relevé de ses fonctions en 1870 par décret impérial. Il démissionne en même temps du conseil général puis du Bureau des Longitudes. Il a par la suite une carrière de journaliste scientifique et reprend son poste de directeur de l'Observatoire à la mort de son successeur, Charles-Eugène Delaunay, en 1873 jusqu'à sa mort.
Météorologue
En devenant directeur de l'Observatoire de Paris, il hérite également d'un petit service météorologique. La météorologie, encore peu développée, dépendait de l'Observatoire de Paris. Le 14 novembre 1854, une terrible tempête, survenant sans la moindre alerte lors de la guerre de Crimée, traverse l'Europe d'ouest en est, causant la perte de 41 navires dans la Mer Noire. Le Verrier entreprend alors de mettre en place un réseau d'observatoires météorologiques sur le territoire français, destiné avant tout aux marins afin de les prévenir de l'arrivée des tempêtes. Ce réseau regroupe 24 stations dont 13 reliées par télégraphe, puis s'étendra à 59 observatoires répartis sur l'ensemble de l'Europe en 1865 : dès 1863, la première prévision météorologique (prévision à 24 heures grâce à des cartes et bulletins météorologiques quotidiens) destinée au port de Hambourg est réalisée. C'est la naissance de la météorologie moderne[5].
À la tête d'une commission qui porta son nom, il réforme l'enseignement de l'École polytechnique[6] en introduisant plus de science appliquée.
Politicien
Parallèlement, il mène aussi une vie politique. Pendant les journées de Juin de 1848, alors qu'il sert dans la Garde Nationale, son engagement à Droite est pris lorsqu'il réalise la menace de ce qu'il appelle le « péril rouge ». Le 13 mai 1849, il est élu député de la Manche sous l’étiquette des Amis de l'Ordre. Il soutient la politique de Louis-Napoléon Bonaparte et son coup d'État du 2 décembre 1851 : quelques semaines après, il est nommé sénateur (Second Empire). Inspecteur général de l'enseignement supérieur pour les sciences le 9 mars 1852, il prépare notamment la réforme de la « bifurcation des études » avec le ministre de l'instruction Hippolyte Fortoul (section scientifique distincte de la section littéraire à partir de la classe de quatrième)[7]. En 1852, il est élu conseiller général du canton de Saint-Malo-de-la-Lande. Il restera élu de ce canton jusqu'en 1870 et présidera le conseil général de la Manche de 1858 à 1870.
Bien que souffrant d'une maladie pénible et douloureuse, il consacre la fin de sa vie à l'achèvement de son travail sur le mouvement des planètes. Il proposa de revoir à la baisse la distance Terre-Soleil et la vitesse de la lumière. La Royal Astronomical Society lui décerna la médaille d'honneur en 1876 pour ses mémoires sur les planètes gazeuses Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune.
Hommages
- Son nom est inscrit sur la tour Eiffel.
- L'astéroïde (1997) Leverrier a été nommé en son honneur ainsi qu'un des lycées de sa ville natale et un amphithéâtre de l'université de Caen.
- Un anneau de Neptune porte son nom.
- Il existe des rues Le Verrier à Paris (située au voisinage de l’Observatoire de Paris dans le 6e arrondissement), à Lille, Tourcoing, Nantes, Joué-lès-Tours, Saint-Lô et à Caen ainsi qu'une statue dans la Cour de l'Observatoire, réalisée par le sculpteur Henri Chapu.
- Un timbre à son effigie, gravé par Albert Decaris, a été émis par la poste française le 15 février 1958.
Archives
Les papiers scientifiques d'Urbain Le Verrier sont conservés à la Bibliothèque de l'Observatoire de Paris.
Notes et références
- Livre en ligne James Lequeux, « Le Verrier, de Neptune à Eole... », Edp Sciences, 2009,
- Voir les archives de l’École polytechnique, dossier VI 2a2
- Lucien Magne), musicienne et élève de composition de César Franck, dont le journal intime a été publié dans Journal d'une jeune fille Second Empire (1866–1878), Cadeilhan, Zulma, 1994 Deux fils, Jean Charles Léon et Louis Paul Urbain, et une fille, Lucille Le Verrier (épouse de
- (en) Simon Schaffer, « Astronomers Mark Time : Discipline and the Personal Equation », dans Science in Context, vol. 2, no 1, 1988, p. 115-145
- « La météorologie française a 150 ans », dans METMAR, no 206, 2010 [texte intégral] Cf.
- Bruno Belhoste La Formation d'une technocratie. L'École polytechnique et ses élèves de la Révolution au Second Empire, Paris, Belin, 2003, 507 p.
- XIXe siècle, Paris, INRP, 2002 Guy Caplat, Bernadette Lebedeff-Choppin, L’inspection générale de l’enseignement supérieur au
Bibliographie
- Françoise Lamotte et Maurice Lantier, Urbain Le Verrier : savant universel, gloire nationale, personnalité cotentine, Coutances, éd. OCEP, 1977
- Pierre Letourny, Généalogie de la famille Le Verrier, 1975
- L’Exposition Le Verrier et son Temps, observatoire de Paris, 18-27 octobre 1946, Paris, Gauthier-Villars, 1946.
- David Aubin, The Fading Star of the Paris Observatory in the Nineteenth Century : Astronomers' Urban Culture of Circulation and Observation, Osiris, 18, 2003, 79-100. Texte en ligne
- Fabien Locher, Le Savant et la Tempête. Étudier l’atmosphère et prévoir le temps au XIXe siècle, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, coll. « Carnot », 2008
(comprend une analyse complète de l'action de Le Verrier en matière de météorologie)
- Fabien Locher, L’empire de l’astronome : Urbain Le Verrier, l’Ordre et le Pouvoir, Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 102, 2007, pp. 33-48. Texte en ligne
Voir aussi
Articles connexes
Lien externe
- La découverte de Neptune par Le Verrier (1846), texte en ligne et analysé sur le site bibnum
- Sur les variations séculaires des éléments elliptiques des sept planètes (1840), texte de Le Verrier en ligne et analysé sur BibNum
Précédé par Urbain Le Verrier Suivi par premier titulaire Chaire de Mécanique céleste de la Faculté des sciences de Paris Pierre Ossian Bonnet Catégories :- Astronome français
- Mathématicien français
- Météorologue français
- Élève de l'École polytechnique (France)
- Membre de l'Académie des sciences (France)
- Membre de la Société philomathique de Paris
- Membre de l'Académie de Caen
- Collège Stanislas
- Étudiant de l'université de Caen
- Lauréat du Concours général
- Élève du lycée Louis-le-Grand
- Savants de la Tour Eiffel
- Lauréat de la médaille Copley
- Député de la Deuxième République française
- Ancien député de la Manche
- Ancien président de conseil général
- Ancien conseiller général de la Manche
- Naissance en 1811
- Naissance à Saint-Lô
- Décès en 1877
- Sénateur du Second Empire
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