- Novempopulanie
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La Novempopulanie ou Aquitania novempopulana ou encore « Pays des Neuf Peuples » est le nom donné au IIIe siècle par l'administration impériale à la partie sud de l'Aquitaine antique[1]. Dite Aquitaine IIIe, elle est une province romaine du diocèse des Gaules. Elle provient de la division administrative de la grande Gaule aquitaine en trois parties avec Eauze pour capitale.
Constituée de neuf peuples de langue proto-basque puis de douze, ce fait est attesté par « la liste de Vérone » ou Laterculus Veronensis[2] au IIIe siècle et par la « Notice des provinces et cités des Gaules » au Ve siècle[3]. L'hypothèse avancée pour expliquer les douze cités de la Novempopulanie mentionnés par la « Notice des Gaules » est que trois cités de création récente sont venues s'ajouter à la liste[4].
Sommaire
Géographie
Ces trois parties sont toutes rattachées à la préfecture du prétoire des Gaules :
- l'Aquitaine première à l'est (Massif Central et Berry),
- l'Aquitaine seconde sur la façade atlantique entre l'embouchure de la Gironde et la Loire (Charentes et Poitou),
- la Novempopulanie (entre la Garonne et les Pyrénées).
La Novempopulanie était bornée par des populations celtes au nord par l'Aquitaine seconde, à l'est par la Gaule narbonnaise, au sud par la Tarraconaise et à l'ouest par l'océan Atlantique. Au sud des Pyrénées, se trouvent des peuples de même culture comme les Vascons, les Vardules, les Ilergetes en autres.
Une stèle consacrée à la divinité du lieu constitue l'un des témoignages de la réorganisation de la Novempopulanie. Cette réorganisation voulue par Rome est plus conforme aux traits linguistiques, culturels et ethniques des neuf peuples de l'Aquitaine[4].
Cette stèle est exposée en l'église d'Hasparren au Pays basque et voici ce qui est écrit:- Flamen item
- dumvir, quaestor
- pagi(que) magister,
- Verus, ad august
- tum legato, Mu
- nere functus
- pro Novem opti-
- nuit populis se
- jungere Gallos. Urbe redux ge-
- nio pagi hanc dedicat aram.[3]
Traduction: « Flamine ainsi que duumvir, questeur et maître (juge) du pays, ayant rempli auprès d'Auguste (empereur) la charge pour laquelle il avait été délégué, a obtenu pour les neuf peuples d'être séparé des Gaulois. De retour à Rome, il dédie cet autel au génie du pays. »[4]
Peuples
Continuatrice de l'Aquitaine historique, son nom fait référence aux neuf peuples qui la composaient. Ces peuples, proto-basques pour la plupart, se différenciaient nettement des Celtes du Nord de la Garonne
Ces douze peuples notés dans la « Notice des provinces et cités des Gaules » sont[3] :
- Auscii (les Ausques) du Gers (département) (Eliumberrum mod. Auch, 32), à rapprocher de la racine basque "eusk".
- Bigerri ou Bigerriones (les Biguerres) de Bigorre (Bigorra > Saint-Lézer, 65).
- Boiates ou Boii du Pays de Buch (Lamothe près du Teich, 33).
- Consoranni (les Consorans) du Couserans (Saint-Lizier, 09).
- Convenae (les Convènes) du Comminges (Lugdunum mod. Saint-Bertrand-de-Comminges, 31).
- Elusates du bas Armagnac (Elusa > Eauze, 32).
- Lectorates (les Lactorates) de Lomagne (Lactora > Lectoure, 32).
- Tarbelli (les Tarbelles) de la côte basque à la Chalosse (Aquae Tarbellicae > Dax, 40).
- Tarusates du pays de Marsan et de la Chalosse (Tartas, 40) devenus les Aturenses au IVe siècle.
Les trois peuples qui se sont ajoutés à la liste sont les Vasates, sans doute détachés des Boiates, les Benearnenses et les Iluronenses peut-être détachés des Aquenses ou des Tarusates ou des Aturenses[4].
- 10 Vasates ou Vassei = Vocates? du sud-est girondin ou Bazadais (Cossium mod. Bazas, 33).
- 11 Benearnenses, Benearni ou Ptiani, Pathiciani (les Bénéharnais) (Beneharnum, médiéval Lascurris, mod. Lescar, 64).
- 12 Iluronenses = Bercorates (les Ilourais) de l'Ilouron (Iluro > Oloron, 64).
L'est de la Lomagne était à l'époque romaine contrôlé par les Volques Tectosages de la Narbonnaise.
Mais d'autres peuples encore auraient pu être individualisés, comme :
- les Atourais (Aturenses, ex Tarusates) du Tursan (Atura > Aire-sur-l'Adour, 40)
- les Garoumnes (Garumni), de localisation inconnue : Raymond Lizop les suppose dans la haute vallée de la Garonne ; certains les imaginent à Gironde-sur-Dropt (33) en Benauge que l'on considère plus généralement peuplé des Vasates.
- les Belindes (Belindi) auxquels on attribue généralement Belin-Béliet (33)
- les Cocosates du pays de Born de Linxe à Sanguinet (Cocosa, Caequosa, près de Morcenx, 40)
- les Oscidates campestri (Oscineo, Houeillès, 47 ?)
- les Sotiates[5] (Sos, 47)
- les Suburates, Sybillates ou Sibusates de Soule (Mauléon-Licharre, 64)
- les Bercorates du Barétous (Aramits, 64)
- les Oscidates montani de la vallée d'Ossau (Laruns, 64)
- les Onesii ou Monesi (Luchon, 31)
- les Campons (Camponi ; de Campan (65) ?)
- les Bipedimus (Bipedimui) parfois corrigés en Pimpedunni qui signifie « cinq places fortes » en gaulois,
- les Sassumins (Sassumini[6]) parfois corrigés en Lassumini ou Lassunni[7] (et rapprochés de Saint-Hilaire-de-Lassun)
- les Vellates, supposés en vallée de la Bidassoa (col de Belate)
- les Tornates, qu'il n'y a pas lieu de placer à Tournay (65), le nom de cette bastide provenant de la ville belge
- les Venames (Venami)
- les Onobrisates
- les Succases
- les Sennates
Ces peuples étaient majoritairement de culture aquitanique proto-basque. Les Boïens seraient peut-être venus de Bohême au VIe siècle av. J.‑C. (premier âge du fer) mais le rapprochement des deux noms (Boiens, Bohême) est une preuve faible.
On rappelle que les Bituriges Vivisques du Bordelais appartenaient à l'Aquitaine seconde (cf. Peuples gaulois).Fin
À l'effondrement de l'Empire romain d'Occident, la Novempopulanie fut conquise par les Wisigoths, avec le statut de peuple fédéré à partir de 418.
Sa romanisation conduira à l'émergence de la Gascogne.Au décès de leur frère Caribert Ier (Charibert), la Novempopulanie figure dans le partage de la monarchie franque de 567.
Toutefois la domination du roi d'Austrasie y était nominale et non réelle, analogue à celle que le roi de Neustrie s'attribuait sur la Bretagne armoricaine.
Le nom de Novempopulanie changea en 626 pour prendre celui de Vasconie[4]. Après les campagnes franques contre les Vascons, les Francs en 602 réussissent à imposer Génialis comme vassal et duc puis Aighinane en 626.Notes et références
- Jean-Jacques et Bénédicte Fénié, Dictionnaire des Landes, Éditions Sud Ouest, 2009, 349 p. (ISBN 978-2-87901-958-1)
Christian Bonnet et Bertrand Lançon, L'Empire romain de 192 à 325 Par Christian : du Haut-Empire à l'Antiquité tardive, Éditions Ophrys, 1997, 251 p. (ISBN 270800851X et 9782708008519) [présentation en ligne]
Si la liste des diocèses est complète, celle des provinces ne l'est pas.- Jean-Louis Davant (préf. Lorea Uribe Etxebarria), Histoire du peuple basque, Bayonne, Elkar argitaletxea, octobre 2009 (1re éd. 1970), 352 p. (ISBN 978-84-9783-548-0)
- Manex Goyhenetche, Histoire générale du Pays basque : Préhistoire-Époque Romaine-Moyen-Âge, t. 1, Donostia, Elkarlanean, 1998, 492 p. (ISBN 2913156207), p. 53-59
- Jules César et Sottiates chez Pline l'Ancien. Sontiates chez
- Pline l'Ancien, L'Histoire naturelle, lib. IV
- Paul Raymond, Dictionnaire topographique du département des Basses-Pyrénées, 1863.
Voir aussi
Articles connexes
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