Flamines

Flamines
Portrait de flamine, IIe siècle, musée du Louvre

Les flamines (singulier flamen en latin) sont des prêtres romains voués au culte d'un seul dieu. Ils sont au nombre de 15, 3 flamines majeurs et 12 flamines mineurs, choisis pour certains par le grand pontife, élus par la plèbe pour d'autres. Ils vouent alors leur vie à un dieu particulier.

Les flamines portaient l'apex, un bonnet conique en cuir blanc.
Ils jouissaient d’un grand prestige mais, en retour, ils étaient l'objet de nombreux interdits très contraignants.

Les flamines conservaient chez eux la flamme sacrée, symbole de leur fonction.

Sommaire

Les flamines majeurs

  • flamen dialis : le flamine qui avait le plus haut rang de la hiérarchie. Chargé du culte de Jupiter.
  • flamen martialis : chargé du culte de Mars
  • flamen quirinalis : dévoué au culte de Quirinus

Les flamines mineurs

flamines minores : 12 prêtres élus par la plèbe, chargés du culte de divinités mineures:

  • flamen carmentalis, chargé du culte de Carmentis
  • flamen cerialis, chargé du culte de Cérès
  • flamen falacer, chargé du culte de Falacer
  • flamen floralis, chargé du culte de Flora
  • flamen furrialis, chargé du culte de Furrina
  • flamen palatualis, chargé du culte de Palatua
  • flamen pomonalis, chargé du culte de Pomone
  • flamen portunalis, chargé du culte de Portunus
  • flamen volcanalis, chargé du culte de Vulcain
  • flamen volturnalis, chargé du culte de Volturnus

Origine du nom

Deux théories traditionnelles s'affrontent :

  • la première dit que le nom flamine (flamen en latin) vient de filamen en référence au fil de laine qui était sur leur apex.
  • l'autre dit que le mot vient de flare qui veut dire souffler sur le feu de l'autel, les flamines étant les gardiens du feu sacré.

Georges Dumézil dans ses ouvrages sur les Indo-européens suggère une origine beaucoup plus ancienne que ces étymologies strictement latines. Faisant le rapprochement du mot flamine avec le mot sanscrit Brahmane désignant un membre de la caste sacerdotale hindoue, il voit dans flamine/brahmane une désignation sacerdotale remontant aux origines de l'idéologie indo-européenne.

Devenir flamine

Les premiers auraient été créés par Numa Pompilius, roi légendaire, successeur mythique de Romulus. Très vite, c'est le responsable du culte romain, le grand pontife qui eut la charge de désigner parmi les patriciens les trois flamines majores : le * flamen dialis, le flamen martialis et le flamen quirinalis. Les 12 autres étaient issus de la plèbe. Ils avaient en charge : Carmenta, Cérès, Falacer, Flora, Furina, Palatua, Pomone, Portunus, Volcanus, Volturnus et deux autres divinités non identifiées par les historiens.

Les interdits

Ils doivent porter l'apex dès qu'ils sortent de chez eux. Même s'ils sont nommés à vie, ils peuvent être démis de leur fonction en cas d'impair. Chaque flamine doit respecter des interdits alimentaires et de comportements, ceci pour lui éviter toute souillure. Il ne peut divorcer, sa femme étant sa plus fidèle aide, et s'il devient veuf, il doit renoncer à sa fonction.

Le flamen dialis, un cas à part

Le flamine au service du plus puissant des dieux doit aussi respecter le plus grand nombre d'interdits. Il ne peut s'éloigner de Rome, ni monter à cheval. Il n'a pas le droit de toucher des chiens ou de proférer des grossièretés. Ses cheveux et ses ongles sont coupés selon des pratiques religieuses sévères. Il ne peut ni toucher un mort ni porter de nœud sur lui. Même son lit doit obéir à des règles strictes : les pieds du lit doivent être enduits de limon; le flamine n'a pas le droit de rester plus de trois jours sans y dormir.
En contrepartie, il siège au Sénat, lors de ses déplacements il est précédé d'un licteur, comme les hauts magistrats.

Son épouse, la flaminica est vêtue de robes aux couleurs vives. Elle doit aussi respecter une longue liste d'interdits : elle ne doit pas dévoiler ses chevilles (donc ne peut pas monter sur une échelle), ni se coiffer avec un peigne en bois ou utiliser des ciseaux de fer, etc...

La participation de son épouse étant indispensable pour certains sacrifices, le flamen dialis ne pouvait pas divorcer, ni se remarier s'il devenait veuf. Dans ce dernier cas, il perdait automatiquement sa dignité de flamen[1].

Evolution des flamines

A la fin de la République

Au fil du temps, le poste de flamine évolue. A partir de 87 av. J.-C., le poste de flamen dialis est vacant : le dernier flamen dialis, Lucius Cornelius Merula s'étant suicidé en maudissant Lucius Cornelius Cinna[2], personne n'a osé reprendre le poste, soit à cause des contraintes qu'il impose, soit parce qu'il a été souillé par le sang versé. Le jeune Jules César est candidat à ce sacerdoce en 83 av. J.-C., mais sa nomination est annulée par Sylla l’année suivante[3]. La charge reste vacante jusqu’au règne d’Auguste [4] en 11 av. J.-C.. À ce moment, le flamen dialis ne siège plus au Sénat, mais peut exercer une magistrature civile.

Sous l'Empire

En 44 av. J.-C., de nouveaux postes de flamines sont créés pour répondre aux besoins induits par la divinisation de César; ils serviront ensuite pour les futurs empereurs. À Rome, les flamines perpetui se vouent au culte d'un césar, alors que leurs épouses, les flaminicae sont consacrées à l'impératrice. Dans les provinces, le flamen augustalis est chargé du culte d'Auguste divinisé. Le flamen municipales officie au centre d'une ville (toutes les grandes cités de l'Empire finiront par avoir leur flamine particulier). Ce dernier poste n'est pas un poste à vie, mais un mandat d'un an.
Enfin les affaires religieuses des curies sont gérées par les flamines curiales. Et toutes les confréries sacerdotales finiront aussi par avoir leur flamine.

Dans l'Antiquité tardive

L'imposition du christianisme et même l'effondrement de l'empire romain d'Occident ne semblent pas avoir avoir fait disparaître le titre de flamine, devenu un titre de notabilité dépourvue de fonction sacerdotale. En témoignent les tablettes Albertini, actes notariés datant du royaume vandale en Afrique, où figure un certain Flavius Geminius Catullinus, qui affiche le titre de flamine perpétuel[5].

Notes

  1. Plutarque, Oeuvres morales, questions romaines, 50
  2. Velleius Paterculus, Histoire romaine, livre II, 22 ; Florus, Abrégé d’Histoire romaine, livre III, 22
  3. Suétone, Vie de César, 1
  4. Suétone, Vie d’Auguste, 31
  5. Yves Modéran, Les tablettes Albertini et les ostraka de Bir Trouch, article du catalogue l’Algérie antique, exposition 2003 au Musée d’Arles, (ISBN 2-9516385-4-X), pp 249-254

Bibliographie

  • Georges Dumézil, La religion romaine archaïque, 700 p., Payot, Collection Bibliothèque historique, Paris, 1966, 2e éd., Paris, 1974, (Réédition, Editions Hartmann, Collection Bibliothèque historique, 700 pages, Paris, 1987, 2e éd. rev. et corrigée, 2000), ISBN 2-228-89297-1
  • Jean Bayet, La religion romaine, 350 p., Editions Payot-Rivages, Collection Petite Bibliothèque Payot N° 360, Paris, 1999, ISBN 2-228-89213-0

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Article complet, issu du Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines de Ch. Daremberg et E. Saglio (1877), avec illustration

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