Bigorre

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Blason de la Bigorre

La Bigorre (en occitan : Bigòrra) peut être décrite comme un pays, ou une micro-région du sud-ouest français. Petite part de Gascogne, la Bigorre se situe, en particulier par la langue traditionnelle, dans l'ensemble linguistique gascon. Pour autant, elle s'en distingue par une histoire, une culture et un folklore qui lui sont propres.

Sommaire

Présentation structurelle

Géographie

On assimile souvent la Bigorre à l'actuel département des Hautes-Pyrénées, mais celui-ci ne représenterait, en fait, qu'une vaste partie ouest du territoire qui peut lui être attribué. C'est à l'époque de Charlemagne que sont définies ses frontières. Elle est alors un comté relevant du duché de Gascogne.

À partir de la partie centrale de la chaîne des Pyrénées, la Bigorre s'étend, ainsi, au nord, dans l'axe des cours supérieurs du Gave de Pau et de l'Adour. Région montagneuse, elle est frontière avec la péninsule Ibérique et culmine, au pic Vignemale, à 3 298 m.

Son territoire est souvent dépeint par l'égrenage de ses multiples vallées. On peut ainsi distinguer plusieurs ensembles. Au centre, la vallée de Campan et ses vallées attenantes, soit la vallée de Payolle, celle de Gripp et celle de Lesponne, viennent en prolongement de celle dite de l'Adour s'étendant plus au nord. Cette dernière parcourt la Bigorre depuis la landaise Aire-sur-Adour en passant par Tarbes et Bagnères-de-Bigorre. Plus à l'est, sur les piémonts encadrant Bagnères-de-Bigorre, le relief tourmenté des Baronnies vient s'intercaler entre la vallée de l'Adour et celle de Neste. Cette dernière vient s'adjoindre aux vallées d'Aure, de Barousse et de Magnoac pour former un territoire ayant joui d'une certaine indépendance jusqu'au XVIIIe siècle et dénommé les Quatre-Vallées. Au sud-ouest de cet ensemble, se situe la réserve naturelle du Néouvielle et le massif du même nom. Plus à l'ouest encore, s'étend la vallée du gave de Pau avec en son sein Lourdes et en amont de celle-ci le Lavedan et ses principales villes soit Argelès-Gazost, Cauterets et Luz-Saint-Sauveur. Plus au nord, Lourdes et Tarbes communiquent en marge d'Ossun et des collines du dit Marquisat.

Principales villes

Sanctuaires de Lourdes

La ville principale et capitale historique est Tarbes qui a réuni autour d'elle une agglomération, le Grand Tarbes, comprenant des communes secondaires telles qu'Ibos, Aureilhan, Orleix ou Séméac.

La ville mariale, Lourdes, lieu de pèlerinage catholique, est illustre de par le monde.

Bagnères-de-Bigorre, Argelès-Gazost sont, plus marginalement connues pour leurs thermes et casinos.

Les communes de Vic-en-Bigorre, Rabastens-de-Bigorre, Maubourguet, Saint-Laurent-de-Neste, Arreau ou Luz-Saint-Sauveur pourraient encore être citées.

Économie

Article détaillé : Économie des Hautes-Pyrénées.

La Bigorre, pays de culture du maïs et d'élevage, est largement tournée vers la production alimentaire. Elle compte de nombreuses productions fameuses tel l'oignon de Trébons, le haricot tarbais, le porc noir de Bigorre, le mouton de Barèges-Gavarnie, le vin de Madiran, le gâteau à la broche, le fromage de brebis et de chèvre…

Faiblement industrialisée, elle s'est longtemps illustrée dans le matériel électrique et ferroviaire et le textile, et essaie de se tourner vers l’aéronautique et l’électronique. L’activité principale se situe dans la plaine de Tarbes, autour de Lourdes et de Bagnères-de-Bigorre. Alstom produit ainsi à Séméac et Bagnères-de-Bigorre. À Ossun, la Socata, filiale d'EADS, est présente afin de fabriquer des avions d'affaires et de tourisme. La commune accueille également TARMAC, une société vouée au démantèlement des avions pour lequel il a fallu construire un imposant bâtiment. SEB possède un site à Lourdes.

Le thermalisme, à Bagnères-de-Bigorre, Barèges ou encore Cauterets, Argelès-Gazost, Luz-Saint-Sauveur a une importance économique considérable et on compte de nombreux casinos.

Le tourisme constitue la première activité économique. Il s'est développé autour de Lourdes, centre de pèlerinage et deuxième ville hôtelière de France, des stations de ski, telle la station du Tourmalet, ou encore des sites tels le cirque glaciaire de Gavarnie, de réputation mondiale ou l'observatoire du Pic du Midi de Bigorre.

Histoire

Une étymologie remontant à l'antiquité

La Bigorre, ou Bigòrra en gascon, doit son nom au peuple antique des Bigorrais, Bigerri ou Bigerrones. Diverses peuplades montagnardes s'y rattachent tels les Tornates, les Campons, les Onosubates et les Crébennes. Les Bigorrais sont l'un de ces peuples aquitaniques qui ont été soumis par Crassus, lieutenant de César. Leur capitale, Bigarra, pourrait être reconnue dans le village de Cieutat, situé à 15 kilomètres de Bagnères-de-Bigorre.

Des traces de campagnes militaires romaines nous sont parvenues. Le nom de Juillan viendrait de Campus Juillanus, lieutenant qui aurait servi dans la légion romaine. La piste de cette dernière aurait encore été trouvée près de Pouzac à travers ce que l'on décrit comme le « Camp de César ».

Maîtres du pays, les Romains en explorent presque toutes les vallées et tirent grand usage des eaux minérales qui s'y trouvent en abondance. On retrouve encore des traces de voies romaines, dans la lande de Capvern, où le chemin s'appelle encore Césarée, à l'Estelou-de-Vieille et, enfin, à une lieue au nord de Lourdes, près d'une métairie nommée Strata qu'on prétend occuper la place d'une ville antique.

L'émergence du comté de Bigorre

Carte des fiefs de Gascogne vers 1150

À la mainmise des Romains, succède celle des Wisigoths, refoulés en péninsule ibérique et en Septimanie à la bataille de Vouillé, puis celle des Francs.

Le comté de Bigorre est constitué au début du IXe siècle par le duc de Gascogne Loup Centulle pour son fils Donat Loup († v. 820), qui épouse Faquilène, laquelle lui apporte sans doute la plus grande partie de ses terres. Mais la connaissance de cette période dépend de la Charte d'Allaon, qui est en fait un faux du XVIIe siècle. Depuis, Donat Loup est plutôt considéré comme étant de la fin du IXe siècle.

La principauté, dont la capitale est Tarbes, est alors considérable, mais elle est amoindrie par les générosités de ses premiers comtes.

Le comté de Bigorre qui revient à Raymond Dat († v. 947), passe successivement au XIe siècle dans la maison de Foix, puis dans celle de Béarn, au XIIe siècle dans celle de Marsan, puis dans celle de Comminges, et au XIIIe siècle dans celle de Montfort. Il devient l'enjeu entre plusieurs seigneurs voisins. le roi d'Aragon doit forcer le comte de Comminges à y renoncer pour le confier au vicomte de Béarn. Plus tard, Simon IV de Montfort fait annuler le mariage de Nuno Sanchez avec la comtesse Pétronille pour la donner en mariage à son fils Guy.

La crise de succession et l'annexion (1255-1292)

Article détaillé : Crise de succession de Bigorre.

La Bigorre est alors l'objet d'une querelle successorale : Pétronille de Comminges, héritière de la Bigorre par sa mère, a été mariée à Guy de Montfort, fils de Simon IV de Montfort, comte de Leicester. Celui-ci prétend à l'héritage de son frère Guy et Pétronille lui a confié la garde de la Bigorre pendant la minorité de son petit-fils Esquivaut. La maison de Montfort se divise donc à la mort de Pétronille entre les partisans d'Esquivaut, et ceux du roi de Navarre Thibaut II.

Esquivaut l'emporte, mais à sa mort en 1283, le roi d'Angleterre assume la garde du comté en tant que suzerain. La sœur d'Esquivaut, Loré, mariée à Raymond V de Turenne, fait alors un procès dont le principal résultat est que le roi de France séquestre le comté et l'attribue à sa femme, la reine Jeanne de Navarre, héritière de Thibaut II. Jeanne donne la Bigorre à son troisième fils, le futur Charles IV, qui l'unit au domaine royal à son avènement en 1322.

Donnée un temps au comte d'Armagnac Jean Ier, la Bigorre est cédée par le roi de France à Édouard III d'Angleterre par le traité de Brétigny.

Elle est reconquise par Charles V entre 1369 et 1373. Alors convoitée par les comtes de Foix et d'Armagnac, elle passe définitivement au comte de Foix en 1425, Jean II d'Armagnac ayant échangé ses droits avec le roi contre le Rouergue.

De la Bigorre aux Hautes-Pyrénées

Article détaillé : Hautes-Pyrénées.

La Bigorre avait, sous l'Ancien Régime, ses états particuliers.

Les départements, se substituant aux provinces, furent créés le 4 janvier 1790 par l'Assemblée constituante. Le département des Hautes-Pyrénées a ainsi été créé à la Révolution française, le 4 mars 1790 en application de la loi du 22 décembre 1789, à partir d’une partie de la province de Gascogne, la dite Bigorre. Le conventionnel tarbais Bertrand Barère s’est particulièrement battu en ce sens :

« Si ce pays, le Bigorre, est trop petit pour former un département, il convient de l’agrandir. Mais il serait très inique de n’en faire que des districts dépendant d’une ville étrangère ; ce serait un meurtre politique que de faire de Tarbes le misérable chef-lieu d’un district. »

On peut noter l'étonnante géographie de ce département, qui possède deux petites enclaves dans le département voisin des Pyrénées-Atlantiques. C'est une survivance du Moyen Âge : en effet, à la fin du XIe siècle, Gaston IV le Croisé, vicomte de Béarn, épousa Talèse d'Aragon, vicomtesse du Montanérès, petit territoire située entre Béarn et Bigorre. Le Montanérès resta au Béarn, mais Talèse garda pour elle cinq paroisses, qui constituent deux enclaves dans les Pyrénées-Atlantiques.

Une spécificité bigourdane ?

Le blason

L'origine du blason d'or à deux lions léopardés de gueules, armés et lampassés d'azur, passant l'un sur l'autre reste mystérieuse. Tout au plus, peut-on constater qu'il est identique à celui de la ville de Chabanais. Cela serait dû à une erreur d'interprétation d'un document. Dans l'armorial Bigot, réalisé à l'occasion de la « chevauchée » en Hainaut, en 1254, du comte Charles d'Anjou venant revendiquer le Hainaut, le comte Eschivat de Bigorre, seigneur de Chabanais porte des armes voisines d'or à deux lions léopardés de gueules, couronnés d'argent. Vers 1621, Pierre de Marca, découvre ces armes sur un codicille de Pétronille, comtesse de Bigorre, datant de 1239. Il aurait alors confondu les armes de Pétronille de Bigorre avec celles de son mari de l’époque, Bozon de Mathan, sire de Chabanais. Les armes des Chabanais seraient ainsi devenues celles de Bigorre.

L'habitat traditionnel

Article détaillé : Maison bigourdane.
Maison à Lézignan

En Bigorre, mais aussi en Béarn, l'habitat traditionnel est à situer d'abord dans un contexte de polyculture céréalière et d'élevage. Si dans les plaines l'habitat est groupé en villages, sur les plateaux il est dispersé.

Le centre de l'exploitation rurale y est la ferme à cour fermée. Celle-ci comprend une maison d'habitation ou ostau caractérisée par son plan rectangulaire sur un à deux niveaux, ses murs de moellons ou galets, un toit pentu à deux versants et à deux croupes. Sa façade, souvent parée d'encadrements en pierre, regarde au sud, au sud-est ou à l'est selon le cas et est disposée perpendiculairement à la rue. Elle donne sur une cour fermée ou parquié dont l'entrée se fait par un portail monumental ou portau. S'ordonnent autour d'elle les bâtiments d'exploitation soit grange, étable, poulailler ou porcherie…

Les maisons des fermes les plus riches, liées à l'essor de l'économie rurale, sont conformes au modèle bourgeois ou urbain des XVIIIe siècle et XIXe siècle, et marquées par des façades à deux niveaux à ordonnance symétrique, des parements de pierres d'autant plus riches, une toiture monumentale percée de lucarnes et couverte d'ardoises. Un balcon d'honneur peut se dresser au-dessus de l'entrée.

À un niveau social inférieur, on trouve une maison d'habitation n'ayant qu'un rez-de-chaussée sous un grenier. Les pièces se distribuent en enfilade à partir de la salle commune.

Dans les hautes vallées pyrénéennes, tournées vers la vie pastorale, l'habitat est regroupé en villages et la ferme à cour fermée tend à disparaître, à l'exception de la vallée du Lavedan où, dans les hameaux, la maison du bailli (occitan : eth bayle) reste fortifiée et défendue par un portail-fort(occitan : hortal). Les types de maisons du bas-pays sont concurrencés par des maisons de montagne, de plan allongé, associant, sous un même toit, locaux d'habitation et locaux d'exploitation. L'existence de balcons sous toit longeant l'entière façade pour les maisons à étage est à noter.

Les toits de chaume s'observent encore dans la vallée de Campan.

Dans les pâturages d'estive des hautes vallées béarno-bigourdanes, les bergers construisaient des cabanes en pierre sèche, appelées capane, de plan rectangulaire. Placées au milieu d'un enclos en pierre sèche où les moutons passaient la nuit et dits coueilas ou cuyalas ou encore courtaous, elles sont aujourd'hui en ruine sauf le courtaou de La Lit à l'extrémité de la vallée de Lesponne (en partie reconstruit par un amoureux des courtaous).

Des influences néobasques, éclectiques ou plus contemporaines apparaissent en ville notamment à Tarbes et surtout à Lourdes.

Culture et tradition

Les Pastourelles de Campan

De nombreux chants populaires caractéristiques accompagnent les festivités en Bigorre tels Montagnes Pyrénées ou Aqueras Montanhas. Aussi, au-delà même de la stricte pratique de la langue bigourdane, toujours présente dans nombre de noms de rues, de nombreux groupes d'art et de tradition populaires ancrent dans le présent les anciennes traditions. Revêtant les costumes traditionnels, pantalons en cadis, béret noir, coiffes…, jouant des instruments de prédilection locale flûte à trois trous, tambour à cordes, cornemuse landaise…, ils sont les héritiers d'un passé remis au goût du jour. Chants et danses traditionnelles ressurgissent à l'occasion des festivités ou initiatives locales. Les Pastourelles de Campan ou l'Adouréenne ne sont que quelques exemples de cette tradition toujours vivante.

Annexes

Liens internes

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