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John Henry Newman
John Henry Newman par Sir John Everett Millais (1881)Bienheureux Naissance 21 février 1801
Londres, Royaume-UniDécès 11 août 1890 (89 ans)
Edgbaston, Birmingham, Royaume-UniNationalité Anglaise Béatification 19 septembre 2010 Birmingham
par Benoit XVIVénéré par l'Église catholique romaine Fête 9 octobre (Eglise catholique romaine) 11 août (Eglise d'Angleterre) Serviteur de Dieu • Vénérable • Bienheureux • Saint modifier Le cardinal John Henry Newman, né à Londres le 21 février 1801 et mort à Edgbaston le 11 août 1890, est un ecclésiastique britannique converti au catholicisme en 1845.
Étudiant à l'Université d'Oxford, il est ordonné prêtre anglican. Ses travaux sur les Pères de l'Église le conduisent à analyser les racines chrétiennes de l'anglicanisme et à défendre l'indépendance de sa religion face à l'État britannique, sous la forme de « tracts ». Ainsi naît le Mouvement d'Oxford, dont Newman est l'un des principaux acteurs. Ses recherches l'amènent à se convertir au catholicisme, qu'il voit désormais comme la confession la plus fidèle aux racines du christianisme.
Théologien et christologue reconnu[D 1], il est l'une des figures majeures du catholicisme britannique, avec Thomas More, Henry Edward Manning et Ronald Knox. Il a exercé une influence considérable sur les intellectuels catholiques, notamment les auteurs venus de l'anglicanisme. Pour Xavier Tilliette, il apparaît comme « une grande personnalité singulière, une sorte de cierge pascal dans l'Église catholique du XIXe siècle[D 2] ». Ses œuvres, dont la Grammaire de l'assentiment et l'Apologia Pro Vita Sua, sont une référence constante chez des écrivains tels que G. K. Chesterton, Evelyn Waugh ou Julien Green, mais aussi pour des théologiens et des philosophes comme Avery Dulles, Erich Przywara et Edith Stein, qui a traduit en allemand son ouvrage L'Idée d'université.
John Henry Newman a été proclamé Vénérable par la Congrégation pour les causes des saints en 1991. Il a été béatifié à Birmingham, le 19 septembre 2010, par le pape Benoît XVI.
Sommaire
Biographie
Années de formation
Origines familiales
John Henry Newman, né à Londres le 21 février 1801, était l'aîné d'une fratrie de six enfants. La famille Newman aurait eu des origines hollandaises. Le nom de « Newman », auparavant écrit Newmann, a suggéré des racines juives non réelles[A 1]. Sa mère, Jemima Fourdrinier, était issue d'une famille de huguenots français, graveurs et fabricants de papier, depuis longtemps installés à Londres.
Le père, John Newman, fonda une banque[B 1]. Il appartenait au parti politique des Whigs. Il emménagea avec sa famille à Ham, puis partit pour Brighton en 1807, et en février 1808 pour Londres[A 2]. Il changea de métier après sa banqueroute, due aux guerres napoléoniennes[A 3], en 1816[A 4]. Les Newman s'établirent alors dans leur maison de campagne de Norwood, puis John Newman devint directeur d'une brasserie, et les Newman s'installèrent à Alton afin d'habiter à proximité de la brasserie où travaillait John Newman[A 4].
Le frère cadet de John Henry Newman, Charles Robert (1802-1884), était un homme intelligent mais caractériel, athée revendiqué, menant une vie isolée. Son plus jeune frère, Francis William (1805-1897), fut professeur de latin durant de nombreuses années au University College de Londres. Deux de ses trois sœurs, Harriett Elizabeth (1803) et Jemima Charlotte (1807), épousèrent deux frères, Thomas et John Mozley. De l'union de Jemima Charlotte et John naquit Anna Mozley, qui édita en 1892 la correspondance de Newman. Sa troisième sœur, Mary Sophia, née en 1809, mourut en 1828, ce qui affecta profondément John Henry[A 5].
Jeunesse
À l'âge de sept ans, en mai 1808, Newman fut envoyé dans une école privée dirigée par George Nicholas, à Ealing[B 2], où il étudia jusqu'en 1816[A 6]. Le père du biologiste Thomas Henry Huxley y enseignait les mathématiques[1]. Newman y reçut une éducation chrétienne[B 2] et se fit remarquer par son zèle studieux mais aussi par sa timidité et sa distance vis-à-vis des autres élèves, restant à l'écart de leurs jeux[A 7]. Il se décrivait lui-même comme ayant été « très superstitieux » pendant sa jeunesse[A 6]. Il éprouva un grand plaisir à lire la Bible, mais également les romans de Walter Scott, alors en cours de publication. Il étudia les classiques, tels qu'Ovide, Virgile, Homère et Hérodote, entre 1810 et 1813[A 7]. Par la suite, il découvrit des auteurs agnostiques comme Thomas Paine et David Hume, qui l'influencèrent pendant un temps.
En 1816, lorsque la banque Ramsbottom, Newman & Co, fondée par son père, suspendit ses paiements[A 4], John Henry Newman resta durant l'été à Ealing tandis que ses amis partaient dans leurs familles. Âgé de quinze ans, il entrait dans sa dernière année de collège[B 3] quand il rencontra le révérend Walter Mayers, protestant évangélique, proche du méthodisme de John Wesley[A 8]. Newman eut de longues conversations avec Mayers qui l'impressionna, et il finit par adhérer à l'évangélisme[A 9]. Il décrivit l'événement dans son Apologia comme étant « plus certain que d'avoir des mains ou des pieds ». Il « tomba sous l'influence d'une croyance certaine ». Quelques mois plus tard, cette conversion s'approfondit : « Quand j'eus quinze ans (en automne 1816), un grand changement se fit dans mes pensées. Je subis les influences de ce qu'était le dogme et cette impression, grâce à Dieu, ne s'est jamais effacée ou obscurcie[B 3],[2]. » Cette évolution s'effectua de manière progressive : « mes sentiments personnels ne furent pas violents ; mais ce fut, sous la puissance de l'Esprit, un retour à des principes que j'avais déjà sentis, et en quelque mesure mis en œuvre quand j'étais plus jeune, ou bien leur renouvellement[A 10]. »
Newman écrivit plus tard dans l'Apologia Pro Vita Sua le récit de son adhésion à l'évangélisme. Le point central fut pour lui de « demeurer dans la pensée de deux êtres et de deux êtres seulement, absolus et lumineusement évidents : moi-même et mon Créateur... »[A 11]. Certains auteurs y ont vu l'expression d'un « isolé volontaire », voire égotiste[A 11]. Louis Bouyer, lui, perçoit dans la conversion de Newman la prise de conscience de soi. Cette conscience de son indépendance se trouve confrontée à celle du Créateur, Dieu : la possibilité de s'appréhender soi-même en tant d'individu permet de prendre conscience de Dieu[A 12]. Le livre de Thomas Scott, Force de la vérité, marqua Newman, qui affirma à propos de l'auteur : « Humainement parlant, je lui dois presque mon âme »[A 13]. Thomas Scott y décrit sa conversion et sa recherche d'une foi intégrale dans l'Église anglicane. Sa devise, « la sainteté plutôt que la paix », influença Newman, qui rechercha alors la vérité à tout prix[A 14]. Sa lecture de l'Histoire de l'Église lui fit découvrir les Pères de l'Église[A 15]. Dans le même temps il estima que sa vocation impliquait un sacrifice à travers son célibat[A 15]. Il déclara par la suite que cette idée demeura presque constante tout au long de sa vie[A 16]. De par son attirance envers le protestantisme évangélique et le calvinisme, il abhorrait l'Église catholique romaine[B 3],[A 15] et « [partageait] vigoureusement les préjugés contre les papistes idolâtres et le pape “Antéchrist” »[D 3].
Étudiant d'Oxford
Admis au Trinity College d'Oxford le 4 décembre 1816, il s'y installa après six mois d'attente, en juin 1817[B 3]. Sa correspondance avec le révérend Walter Mayers montre l'esprit critique de Newman[A 17]. La lecture des « Private Thoughts » de l'évêque William Beveridge l'incita à remettre en cause certains aspects du protestantisme évangélique pourtant défendus par le révérend Walter Mayers[A 18] : en s'appuyant sur William Beveridge, Newman s'interrogea sur la pertinence des dons sensibles dans les conversions méthodistes : il sembla entrevoir que la conversion peut, par le baptême, passer en dehors de toute expérience sensible[A 18].
Oxford lui plut et il se mit à travailler, tout en restant de nature discrète et timide[A 19]. Il se lia d'amitié avec John William Bowden, de trois ans son aîné, avec qui il suivait les cours[A 20]. Ses camarades cherchèrent à l'emmener aux fêtes alcoolisées d'Oxford, mais Newman ne s'y plaisait guère et leurs tentatives furent vouées à l'échec[A 21]. Il étudia de manière plus intense afin d'obtenir une bourse d'un montant de 60 livres, sur une durée de neuf ans, qui lui fut accordée en 1818[A 22]. Mais cela ne suffisait pas pour lui permettre de rester à l'université, d'autant plus qu'en 1819 la banque paternelle suspendit tout paiement.
En 1819, son nom fut retenu pour Lincoln's Inn, la faculté de droit d'Oxford. Commencèrent alors des années de travaux universitaires acharnés[A 23]. Dès l'été 1819 et jusqu'à l'examen en novembre 1820, John Henry Newman étudia intensément, près de dix heures par jour, afin d'obtenir avec mention ses examens[A 24]. Son anxiété le fit échouer à l'examen final, et il eut son diplôme sans mention, en 1821[A 25]. Le 11 janvier 1821, son père qui envisageait pour lui une carrière au sein du barreau, lui demanda l'orientation qu'il souhaitait prendre. Newman lui annonça alors son choix pour l'Église anglicane[A 26].
Désirant cependant rester à Oxford afin de financer ses études, il donna des cours particuliers, et sollicita un poste de lecteur à Oriel College, alors le « centre intellectuel d'Oxford »[B 3],[A 26] fréquenté par des penseurs tels que Richard Whately ou Thomas Arnold[3]. Newman passa l'examen et fut élu comme membre des « fellows » d'Oriel le 12 avril 1822[B 3],[A 27].
Son entrée dans le cercle très fermé des « Noetics » (surnom des membres d'Oriel College)[B 4] fut un tournant dans sa vie. Les « Noetics » étaient élus de manière fort sélective, et tous ses membres recherchaient l'excellence intellectuelle[A 28]. Cela permit à Newman de développer sa pensée religieuse, alors très marquée par la foi simple issue du protestantisme évangélique[B 5] ; il affirma plus tard qu'il professait les dogmes « à un moment où la religion était pour moi affaire de sentiment et d'expérience plutôt que de foi »[C 1]. Il rencontra des théologiens comme Richard Whately ou Edward Hawkins (en), qui développaient une doctrine de la régénération baptismale, mais aussi celle de la visibilité et de l'autorité de l'Église anglicane[B 5]. En 1823, Edward Bouverie Pusey l'y rejoignit.
Un prêtre anglican
Le 13 juin 1824, dimanche de la Trinité, Newman fut ordonné diacre dans l'anglicanisme. Dix jours plus tard, il prononça son premier sermon à l'église d'Over Worton (Oxfordshire), où il rendait visite à son ancien professeur, Walter Mayers. Grâce à Pusey, il obtint la cure de Saint-Clément à Oxford[B 5]. Pendant deux années, il s'engagea dans ses activités paroissiales tout en publiant des articles pour l’Encyclopædia Metropolitana, sur Apollonius de Tyane, sur Cicéron, et sur les miracles. Il découvrit l’Analogie de la religion naturelle de Joseph Butler, qui développait les mêmes thèmes[B 5].
En 1825, à la demande de Richard Whately, il devint vice-principal de Saint-Alban's Hall, mais ne demeura qu'un an à ce poste. Il attribua par la suite à sa sympathie intellectuelle avec Whately une grande part de son « amélioration mentale » et une victoire partielle contre sa timidité. Il assista Whately dans sa réflexion sur la logique, et retint de lui une première définition précise de l'Église chrétienne. Cependant, en 1827, il rompit ses relations avec Whately à l'occasion de la réélection de Robert Peel comme député de l'Université d'Oxford, Newman s'y opposant pour des raisons personnelles.
En 1826, il devint tuteur à Oriel College[B 6]. La même année, Richard Hurrell Froude, décrit par Newman comme l'« un des hommes les plus perspicaces, intelligents et profonds qui soient », y fut nommé comme enseignant. Ensemble, Froude et Newman élaborèrent une conception très élevée du tutorat, plus cléricale et pastorale que séculière[B 6]. Froude eut une grande influence sur la pensée spirituelle de John Henry Newman, qu'il décrivit plus tard : « Il m'apprit à regarder avec admiration l'Église de Rome et par là même à me détacher de la Réforme. Il grava profondément en moi l'idée de la dévotion à la Sainte Vierge et m'amena graduellement à croire en la Présence réelle. »[B 7],[4]
Au cours de la même période il se lia d'amitié avec John Keble[B 6]. En 1827, il prêcha à Whitehall.
Maladie et deuil
À la fin de l'année 1827, deux épreuves conduisirent Newman à se détacher de l'intellectualisme de sa formation. Examinateur, il fut victime d'un effondrement nerveux le 26 novembre 1827, sans doute dû à un excès de travail[A 29]. Il partit alors chez son ami Robert Isaac Wilberforce afin de se reposer. Quelques semaines plus tard, le 5 janvier 1828, sa sœur Mary Sophia mourut après une grande fatigue[A 29]. Cette disparition brutale le bouleversa, et Newman commença à s'exprimer par la poésie[A 30]. Il développa alors une conception de la réminiscence. Cette conception l'amena à entretenir la mémoire de sa sœur, dans une fidélité à sa personne dans sa réalité éternelle. L'existence de sa sœur fut remémorée de manière vivante, ce qui le conduisit à découvrir la réalité de la vie éternelle à travers son souvenir. Il voyait ainsi la volonté de Dieu dans la mort de sa sœur[A 30].
Cette période correspond au rapprochement entre Newman et John Keble, qui avait publié un recueil de poèmes, The Christian Year, qui influença sans doute la poésie de Newman[A 31], et confirma pour lui l'importance des sentiments dans la vie spirituelle[5].
John Henry Newman continua alors l'étude de la patristique qu'il avait entamée peu de temps avant sa maladie, le 18 octobre 1827[A 32]. Cette étude commença sur les conseils de Charles Lloyd, et intéressait particulièrement John Henry Newman qui avait été initié, par ses lectures et ses articles pour l'Encyclopædia Metropolitana, aux Pères de l'Église[A 31]. Son étude aboutit à la publication en 1833 d'un livre sur l'arianisme, Les Ariens du quatrième siècle. Il découvrit dans l'étude des Pères de l'Église un authentique humanisme chrétien[A 33]. Au cours des vacances de 1828, il lut Ignace d'Antioche, puis Justin de Naplouse[A 33]. En 1829, il commença la lecture d'Irénée de Lyon ainsi que de Cyprien de Carthage[A 34]. Le 10 juin 1830, lorsqu'il obtint la charge de nouveaux élèves, il s'inquiéta du temps que cela pouvait lui ôter dans son étude des Pères de l'Église[A 34], d'autant qu'il se mit à lire les œuvres complètes d'Athanase d'Alexandrie et de Grégoire le Grand[A 35].
Rupture avec la tendance Low Church
L'année suivante, Newman soutint la nomination de Hawkins comme prévôt d'Oriel College, plutôt que celle de John Keble, choix qu'il défendit d'abord, mais finit plus tard par regretter. Il considéra cette nomination comme ayant conduit au mouvement d'Oxford. La même année, il fut nommé vicaire de Saint-Mary-the-Virgin, l'église de l'université, charge à laquelle était attachée la fonction de chapelain de Littlemore (en), tandis que Pusey était nommé professeur régent d'hébreu.
À cette date, bien que toujours officiellement proche des protestants évangéliques, Newman fit évoluer ses positions, qui prirent un ton de plus en plus favorable au clergé. Alors qu'il était secrétaire local de la Church Missionary Society, il diffusa une lettre anonyme suggérant une méthode par laquelle les clercs anglicans pourraient éliminer tous les protestants non conformistes du contrôle de la Society. Ceci aboutit à son renvoi de la Society, le 8 mars 1830. Trois mois plus tard, il quitta la Société biblique, parachevant sa rupture avec la tendance Low Church de l'Église d'Angleterre.
Pendant ses congés de 1831, Froude invita Newman en vacances. Newman continua d'écrire des poèmes et l'amitié qui le liait à Froude se renforça, d'autant que la vie ascétique de Froude lui inspirait une certaine admiration[A 36].
En 1831 et 1832, il fut désigné pour prêcher devant toute l'université. En 1832, ses différences de position avec Hawkins quant à la « nature essentiellement religieuse » du tutorat devenant particulièrement aiguës, il démissionna de son poste de tuteur à Oriel College.
Lorsque Whately fut nommé évêque, Newman avait espéré être appelé auprès de lui[A 37]. Mais ce souhait ne se réalisa pas et Froude lui proposa alors de venir en voyage en Méditerranée avec lui[A 38].
Voyage en Méditerranée
Le 8 décembre, il partit en compagnie de Richard Hurrell Froude, pour un voyage en Europe méridionale destiné à rétablir la santé de ce dernier. Lors des escales du navire à vapeur Hermès, les deux hommes visitèrent Gibraltar, Malte, les îles Ioniennes, puis la Sicile, Naples et Rome[A 39], où Newman fit la connaissance de Nicholas Wiseman.
Pendant son voyage en Méditerranée, John Henry Newman montra des sentiments partagés entre un dégoût pour la foi chrétienne des pays latins qu'il découvrit, mais aussi son admiration pour la nature et pour l'histoire de ces pays qui lui rappelèrent les Pères de l'Église[A 40]. Dans une lettre, il décrivit alors Rome comme « l'endroit le plus merveilleux sur Terre », mais la religion catholique romaine comme « polythéiste, décadente et idolâtre »[A 41],[A 42]. Pendant ce voyage, il écrivit la plupart des courts poèmes qui plus tard furent publiés sous le titre de Lyra Apostolica.
Depuis Rome, Newman retourna seul en Sicile, où il tomba malade à Leonforte. Ce qui était au départ un « pèlerinage de beauté » se transforma alors en « une expérience biface, de découverte et de détresse, d'enchantement et de désarroi » et compta parmi les événements les plus importants de sa vie[E 1]. Pendant plus d'un mois, son état s'aggrava et il crut mourir. Cette maladie fut pour lui l'occasion d'un approfondissement de sa foi. Il envisagea l'éventualité de sa propre mort comme une lutte entre Dieu et lui. Il vécut cette maladie comme un combat entre sa volonté propre, dans laquelle il reconnaissait le diable, et celle de Dieu[A 43]. Il écrivit : « Je sentais que Dieu luttait contre moi, et je sentais — à la fin je sus pourquoi — que c'était pour ma volonté propre (...) cependant, je sentais aussi, et je ne cessais de dire : « Je n'ai pas péché contre la lumière » »[A 44]. Il regretta alors son manque de profondeur et d'amour de Dieu[A 44]. Il fut néanmoins persuadé que Dieu l'appelait à une mission plus grande en Angleterre[A 43]. En juin 1833, une fois guéri, il quitta Palerme pour Marseille. Là, il écrivit le poème « Lead, kindly Light », qui plus tard devint un hymne religieux anglais très populaire.
Article détaillé : Lead, kindly Light.Le mouvement d'Oxford
Les Tracts for the Times
Articles détaillés : Mouvement d'Oxford et Reform Act 1832.Il revint à Oxford le 9 juillet 1833. Le 14 juillet, John Keble prononçait à Saint-Mary son sermon sur l'« Apostasie nationale », que Newman considéra par la suite comme le point de départ du Mouvement d'Oxford. Selon Richard William Church, à propos du Mouvement d'Oxford, ce fut « Keble qui inspira, Froude qui donna l'impulsion et Newman qui poursuivit l'œuvre » ; mais, de fait, la naissance du Mouvement peut aussi être attribuée à H. J. Rose, rédacteur en chef au British Magazine, qu'on a désigné comme étant le « fondateur, originaire de Cambridge, du Mouvement d'Oxford »[réf. nécessaire]. Les 25 et 26 juillet, au presbytère d'Hadleigh (Suffolk), se tint une réunion d’ecclésiastiques (sans Newman) de la Haute Église anglicane, où on résolut de soutenir la doctrine de la succession apostolique de l'Église anglicane, ainsi que l'utilisation du Book of Common Prayer dans son intégralité[A 45].
Quelques semaines plus tard, Newman commença à rédiger de façon anonyme, les Tracts for the Times, qui donnèrent ensuite au Mouvement d'Oxford le nom de « mouvement tractarien », ou « tractarianisme »[A 46]. Le but de l'entreprise était d’assurer une base doctrinale et disciplinaire solide à l'Église d'Angleterre, dans la perspective de la fin de son « établissement » officiel par la monarchie britannique, ou d'une éventuelle décision des ecclésiastiques de la Haute Église de quitter l'institution établie. Ceci semblait possible, étant donné l'attitude du gouvernement britannique vis-à-vis de l'Église d'Irlande, église réformée officielle qui devint indépendante de l'autorité de l'État en 1871. Les tracts étaient complétés par les sermons que prononçait Newman à Saint-Mary le samedi après-midi, et qui exercèrent, pendant huit années, une influence croissante, notamment sur les jeunes universitaires[A 47]. En 1835, Edward Bouverie Pusey rejoignit le Mouvement d'Oxford. Il publia un tract en signant de ses initiales, ce qui eut pour conséquence de l'engager. Certains donneront au mouvement d'Oxford le nom de « puseyisme »[A 48].
En 1836, les membres du Mouvement renforcèrent leur cohésion interne en s'opposant unanimement à la nomination de Renn Dickson Hampden comme professeur régent de théologie à Oxford. En effet, on soupçonna d'hérésie les Conférences de Bampton (Bampton Lectures)[6] de 1832, qui avaient été prêchées par Hampden, et pour la préparation desquelles il avait été assisté par Blanco White. Ces suspicions furent renforcées par la publication d'un pamphlet diffusé par Newman (Elucidations of Dr Hampden's Theological Statements), dénonçant les théories de Hampden.
À cette date, Newman devint rédacteur en chef à la British Critic, et donna une série de conférences dans une chapelle de Saint-Mary, où il défendait la théorie de l'anglicanisme comme une « Via Media », à mi-chemin entre le catholicisme et le protestantisme populaire[A 49]. À travers cette « Via Media », John Henry Newman tentait de développer une conception de l'anglicanisme qui ne trahirait pas le christianisme originel des Pères de l'Église[A 50]. L'idée était de développer une théologie d'ensemble, permettant à l'anglicanisme de rester dans la fidélité apostolique et dogmatique révélée au début du christianisme[A 51]. Cette tâche le conduisit à étudier plus profondément les pères de l'Église[A 52]. Or ceux-ci avaient lutté contre différentes hérésies, dont l'arianisme, qui étaient alors majoritaires. Newman cherchait, dans l'attitude des Pères de l'Église face aux différentes divisions de l'Église, la meilleure manière de pouvoir fonder l'anglicanisme dans ce respect de la tradition, et donc de la foi, considérée par lui comme vérité révélée. Il voulait ainsi permettre à l'anglicanisme de surmonter ses difficultés[A 52].
En 1838, John Henry Newman et John Keble décidèrent de publier les écrits de Richard Hurrell Froude, mort deux ans auparavant. Ses écrits publiés sous le titre Remains firent scandale[A 53]. En effet la vie ascétique de Froude, publiée via ses journaux dans lesquels il décrivait ses exercices ascétiques et ses examens de conscience, choqua certains Anglais[A 53]. Les critiques se développèrent, certains voyant dans cet ascétisme l'apologie d'un catholicisme déguisé[A 54].
Doutes et évolutions
Son influence à Oxford atteignit son point culminant en 1839. Mais cette même année, l'étude de l'hérésie monophysite l'amena à douter : il constata à cette occasion que, contrairement à ce qu'il croyait jusqu'alors, la doctrine catholique était restée fidèle au concile de Chalcédoine (451)[A 54]. En d'autres termes, selon ses conclusions, le catholicisme ne s'était pas écarté du christianisme d'origine qu'il recherchait. Ses doutes redoublèrent lorsqu'il lut, dans un article de Nicholas Wiseman paru dans la Dublin Review, les mots de saint Augustin contre les donatistes : « securus judicat orbis terrarum » (« le verdict du monde est concluant »)[A 55]. Newman explique ainsi sa réaction :
« Cette petite phrase, ces mots de saint Augustin, me frappèrent avec une force que des mots ne m'avaient jamais fait ressentir jusqu'alors... C’était comme ces mots, “Tolle, lege... Tolle, lege”, prononcés par un enfant, qui avaient converti saint Augustin lui-même. “Securus judicat orbis terrarum” ! Ces grandes paroles du Père de l'Antiquité, interprétant et résumant tout le cours de la longue histoire de l'Église, réduisaient en miettes la théologie de la “Via Media”. »
Cependant, Newman continua ses travaux de théologien pour la Haute Église, jusqu'à la publication du Tract 90, le dernier de la série, dans lequel il examinait en détail les Trente-neuf articles fondateurs de l'anglicanisme[B 8]. Il affirmait leur compatibilité avec les dogmes catholiques, en ajoutant que les Trente-neuf articles ne s'opposaient pas à la doctrine officielle de l'Église catholique[B 8], mais seulement à certains excès et à des erreurs communes[A 56].
Cette théorie n’était pas nouvelle, mais elle provoqua l'indignation générale à Oxford. Archibald Campbell Trait, futur archevêque de Cantorbéry, ainsi que trois autres professeurs, dénoncèrent cette thèse comme « ouvrant une voie par laquelle des hommes pourraient violer leurs engagements solennels vis-à-vis de l'université »[A 57]. L'inquiétude était partagée par de nombreuses autorités de l'université, et, à la demande de l'évêque d'Oxford, la publication des Tracts cessa.
Newman démissionna de son poste de rédacteur en chef à la British Critic. Il était alors, comme il l'expliqua plus tard, « sur son lit de mort pour ce qui était de son appartenance à l’Église anglicane ». Désormais, il pensait que la position des anglicans était similaire à celle des semi-ariens lors de la controverse de l'arianisme[A 58]. À la même époque, il était question d'établir un diocèse anglican établi à Jérusalem. Les nominations devaient être faites alternativement par les gouvernements britannique et prussien. Cela acheva de convaincre Newman du caractère non apostolique de l'Église d'Angleterre[A 59].
En 1842, il se retira à Littlemore[B 8],[A 60], où il vécut dans des conditions monacales avec un petit groupe de proches[A 61]. Newman demanda à ses disciples de rédiger des biographies des saints anglais[A 62], tandis que lui-même achevait son Essai sur le développement de la doctrine chrétienne, où il cherchait à se réconcilier avec la doctrine et la hiérarchie de l'Église catholique romaine. Il étudia les écrits de Alphonse de Liguori, ce qui l'aida à réviser l'impression de foi superstitieuse que l'Église catholique lui laissait[A 63]. En février 1843, il publia anonymement dans l'Oxford Conservative Journal une rétractation officielle des critiques qu'il avait adressées à l'Église romaine. En septembre, après le départ de l'un de ses compagnons, il prononça son dernier sermon anglican à Littlemore, puis il démissionna de Saint-Mary le 18 septembre 1843[A 62].
La conversion
Conversion au catholicisme
Le 26 septembre 1843, Newman écrivit son dernier sermon anglican, « On the Parting of Friends »[A 64]. Son retrait fut considéré par son ami John Keble comme le fruit de critiques trop vives, ou de calomnies, à l'encontre de Newman[A 65]. Il fut l'une des rares personnes à vouloir le soutenir à travers sa correspondance. Newman décrivit son état d'esprit, affirmant qu'il doutait depuis plus de trois ans de la validité de l'anglicanisme[A 66], affirmant avoir longtemps mûri sa décision, ne se sentant plus en sécurité dans une Église schismatique[A 67]. D'ailleurs, en dehors des conséquences de ses travaux sur la foi, John Henry Newman affirmait n'avoir aucun intérêt à se convertir au catholicisme : il perdait son statut et ses amis, le tout en s'engageant dans une communauté où il ne connaissait personne[A 68]. John Henry Newman continua ses études sur les pères de l'Église et mit du temps à prendre une décision définitive ; dans sa correspondance, il affirma prier pour savoir si « je suis victime d'une illusion »[A 69]. Au cours de l'été il acheva ses travaux sur Athanase d'Alexandrie et commença à rédiger des réflexions théologiques[A 70].
Deux années s'écoulèrent avant qu'il ne fût officiellement reçu dans l'Église catholique romaine, le 9 octobre 1845[B 9], par Dominique Barberi, un passioniste italien, au Collège de Littlemore[A 71]. Sa conversion au catholicisme fut pour lui une source de paix et de joie[A 72].
Le 22 février 1846, il quitta Oxford pour le Collège théologique d'Oscott près de Birmingham, où résidait Nicholas Wiseman, vicaire apostolique pour le district central d'Angleterre[A 73]. Il publia l'une de ses œuvres majeures, fruit de ses réflexions théologiques : Essay on the Development of Christian Doctrine[A 73]. La séparation d'Oxford lui fut difficile, néanmoins sa conversion fut suivie par d'autres, de plus en plus nombreuses dans le cercle du mouvement d'Oxford[A 74].
En octobre 1846, il partit pour Rome à l'instigation de Nicholas Wiseman afin de se préparer à devenir prêtre catholique et y poursuivre ses études[A 75]. Il fut reçu par le pape Pie IX[A 76]. Son arrivée à Rome fut très vite l'objet d'incompréhension de la part de théologiens catholiques. En effet, son Essay on the Development of Christian Doctrine fut condamné par l'Église catholique américaine[A 77]. Certains théologiens italiens reprirent à leur compte la condamnation de ce livre, suspecté d'être hérétique[A 78]. John Henry Newman fit alors tout pour lever les incompréhensions en faisant traduire cet ouvrage[A 79].
L'Oratoire
Article détaillé : Congrégation de l'Oratoire.À Rome, John Henry Newman ne sut pas ce qu'allait devenir sa vie en tant que catholique. Un temps attiré par les dominicains, et notamment par les écrits d'Henri Lacordaire[A 75], il se détourna progressivement de cet ordre au profit de la congrégation de l'Oratoire et de son fondateur, saint Philippe Néri, dont la vie et les écrits l'attiraient[A 80]. De plus, dans cette congrégation on ne professait pas de vœux religieux. Cela semblait mieux lui correspondre après ses années passées dans l'anglicanisme[A 81]. Le pape Pie IX se montra enthousiaste devant cette initiative et favorisa l'entrée de John Henry Newman et de certains amis anglicans convertis au catholicisme au sein de la congrégation de l'Oratoire, le noviciat étant réduit, pour eux, à trois mois[A 82].
Il fut ordonné prêtre par le cardinal Giacomo Filippo Fransoni, préfet de la Congrégation pour la propagande de la foi le 30 mai 1847[A 83]. Il décida alors de partir le 6 décembre 1847 pour le Royaume-Uni afin de fonder le premier oratoire en Angleterre, après avoir reçu la bénédiction du pape le 9 août 1847[A 84]. Arrivé la veille de Noël 1847 à Londres, il demeura à Maryvale, où le premier Oratoire d'Angleterre fut érigé canoniquement le 2 février 1848[A 85].
Au sein des oratoriens présents à Maryvale, il semble qu'il y eut deux tendances. L'une, autour de Frederick William Faber et des plus jeunes membres de l'oratoire, est plus critique envers les anglicans et cherche, à travers la conversion, à changer l'anglicanisme en s'inspirant du catholicisme italien. L'autre tendance s'articule autour de la conception de John Henry Newman d'une Église catholique vue comme la fidélité au vrai christianisme des Pères de l'Église[A 86]. La façon de voir de Frederick William Faber influença toutefois John Henry Newman et le conduisit à avoir un style provisoirement très critique envers l'anglicanisme[A 87].
Monseigneur Nicholas Wiseman invita les oratoriens à prêcher pendant le carême à Londres. Ces prêches furent un échec, mais conduisirent à la fondation de l'Oratoire de Londres, dont Frederick William Faber fut nommé supérieur[A 88]. John Henry Newman quant à lui resta dans l'Oratoire de Birmingham[A 88]. Cette période fut marquée par une nouvelle vague de conversion d'anglicans au catholicisme dont Henry Edward Manning[A 89].
À la demande de Monseigneur Nicholas Wiseman, le pape Pie IX octroya à John Henry Newman le titre de doctor honoris causa en théologie[A 90]. En 1847, il demeura à St. Wilfrid's College (en) (Cheadle (en), Staffordshire), à St Ann's (Birmingham), et enfin, à Edgbaston.
Le pape Pie IX nomma Nicholas Wiseman cardinal et archevêque de Westminster. De même Pie IX décida de rétablir la hiérarchie catholique en créant de nouveaux diocèses en 1851[A 91]. Cette décision fut l'occasion d'une grande opposition du protestantisme populaire contre le Vatican et les catholiques[A 92]. Ce fut l'occasion pour John Henry Newman de rechercher à défendre les catholiques en dénonçant, non pas les anglicans, mais les fausses notions que les anglicans se faisaient des catholiques[A 93].
Fondation de la Catholic University of Ireland
Articles détaillés : L'idée d'université et Catholic University of Ireland.Au cours des années 1850, les évêques irlandais s'opposèrent à la constitution d'une université Queen's en Irlande dans laquelle catholiques et protestants pourraient étudier ensemble. Cette politique britannique fut considérée par les évêques irlandais qui s'opposèrent à cette création[A 94] comme une volonté d'imposer progressivement l'anglicanisme en Irlande. Dans ce contexte les évêques d'Irlande demandèrent à John Henry Newman de fonder une nouvelle université à Dublin, la « Catholic University of Ireland ».
Dans un premier temps, en mai 1852, John Henry Newman donna des conférences dans lesquelles il défendit sa conception de l'éducation et de l'université, ainsi que la culture humaine christianisée et la possibilité de concilier la science et la théologie[A 95]. Il reformula sa conception dans des conférences qui donneront naissance à l'une de ses principales œuvres, Idea of a University (L'idée d'université)[A 95].
Très vite, John Henry Newman fut nommé recteur, mais les évêques d'Irlande ne lui laissèrent aucune marge de manœuvre. Il fut peu consulté[A 96]. Face à cette difficulté, Nicholas Wiseman chercha à le faire nommer évêque, mais l'entreprise échoua[A 97]. Malgré les difficultés et le manque de considération, il fonda une faculté de philosophie et de littérature en 1854, puis une faculté de médecine en 1856[A 98]. Face à la méfiance de certains Irlandais, inquiets de ses origines britanniques, John Henry Newman étudia la culture celtique et se rapprocha des milieux irlandais[A 99]. Les étudiants furent peu nombreux et, devant l'impossibilité de pouvoir nommer des personnes, le manque de confiance des évêques et le peu de responsabilités laissées aux laïcs dans l'université par ceux-ci, John Henry Newman démissionna du poste de recteur en 1857[A 98].
Crises et déboires
En 1851, John Henry Newman donna une série de conférences « Present Position of Catholics in England » (« Situation présente des catholiques en Angleterre ») au cours de laquelle il prit la défense de l'Église catholique romaine en s'opposant aux déclarations anticatholiques de Giovanni Giacinto Achilli (en). Achilli, ancien dominicain italien, installé depuis peu en Angleterre, avait été rendu à l'état laïc pour avoir eu des relations avec des femmes alors qu'il était prêtre. Il protestait contre l'Église, la taxant d'obscurantisme et estimant qu'elle lui avait infligé un traitement injuste. John Henry Newman rendit publique, dans une conférence, la vie cachée d'Achilli à Rome, dénonçant ses actes immoraux. Achilli lui fit un procès pour diffamation. John Henry Newman dut financer la recherche de témoins et payer leurs logements à Londres lors d'un procès qui traîna en longueur[A 100]. Menacé un temps de prison, John Henry Newman fut finalement condamné à payer une grosse amende de 100 livres à laquelle s'ajoutaient ses dépenses pour sa défense, lesquelles s'élevaient à 14 000 livres. Ce jugement fut considéré par le journal The Times comme un déshonneur pour la justice, la condamnation étant considérée comme totalement injuste à l'encontre de John Henry Newman[A 101]. La somme due par Newman fut réglée par une souscription publique en sa faveur. Le surplus servit à l'achat de Rednall, une petite propriété située dans les collines de Lickey, avec une chapelle et un cimetière, où Newman sera enterré.
Le procès pour diffamation fut très difficile à supporter pour Newman[A 102] dont certains critiquaient par ailleurs le caractère, le décrivant comme « trop sensible » et ayant un « tempérament morbide »[A 102].
Lors de son départ pour Dublin, John Henry Newman avait donné à l'un des oratoriens la charge de l'oratoire de Birmingham. Cependant, celui-ci conduisit, de façon prématurée, une réforme de l'oratoire avant de recevoir l'aval du Saint-Siège. Newman partit pour Rome suite à des dénonciations pour hétérodoxie, et chercha à se défendre devant le cardinal Alessandro Barnabò qui le considéra avec peu d'égard[A 103].
De retour de Rome, il se mit à écrire ses réflexions sur les relations entre la foi et la raison, en prenant en compte, dans ses recherches, les aspects psychologiques, mais aussi scientifiques de ce sujet d'étude. Ce travail fut interrompu par l'archevêque Nicholas Wiseman qui lui demanda le 14 septembre 1857 la direction d'une nouvelle traduction de la Bible en anglais[A 104]. Cette mission occupa John Henry Newman pendant plus d'un an. En 1858, après des mois de labeur, l'œuvre dut être abandonnée suite à l'opposition d'évêques américains qui, ayant entrepris le même travail, demandèrent à Nicholas Wiseman de renoncer à sa traduction[A 105]. Après un temps d'hésitation, l'archevêque céda et John Henry Newman dut laisser la traduction inachevée, en étant à peine remboursé des frais engagés[A 106].
En 1858, il projeta d'établir une maison de la congrégation de l'Oratoire à Oxford, mais se heurta à l'opposition du cardinal Henry Edward Manning et de quelques autres, qui craignaient que cela n'incitât les catholiques anglais à envoyer leurs fils étudier à l'université d'Oxford ; aussi le projet fut-il abandonné.
Pendant cette période, John Henry Newman connu aussi des déboires en participant à une revue tenue par des catholiques : The Rambler. Cette revue devint de plus en plus critique envers l'autorité ecclésiale[A 107]. Newman, qui croyait à la bonne foi des contributeurs, chercha à concilier la ligne éditoriale de la revue avec la position officielle de l'Église[A 108]. Toutefois, certains citèrent ses écrits, afin de défendre leurs positions contre l'Église. John Henry Newman fut dénoncé auprès du Saint-Office pour hérésie. Il se défendit publiquement, critiquant la mauvaise interprétation que l'on faisait de ses écrits[A 109]. Finalement il démissionna de la rédaction de la revue[A 110].
L'Apologia Pro Vita Sua
Article détaillé : Apologia Pro Vita Sua.Depuis 1841, John Henry Newman avait une attitude déconcertante pour bon nombre d'Anglais : converti au catholicisme, il ne dénonçait que très rarement l'anglicanisme, et se focalisait sur la défense du catholicisme et de ses dogmes[A 111]. Cette attitude avait conduit à la méfiance de bon nombre de catholiques. Des rumeurs, répandues par le cardinal Manning, sur une supposée conception de l'autorité de l'Église de John Henry Newman divergeant de la doctrine officielle, conduisit à l'isoler de plus en plus[A 111].
Un pamphlet en 1862 annonça le retour de Newman à l'anglicanisme. Il dénonça immédiatement cette rumeur. En janvier 1864, dans une recension de l'History of England de James Anthony Froude, parue dans le Macmillan Magazine, Charles Kingsley écrivit que « le père Newman nous informe que pour son bien, la vérité n'est pas nécessaire, et, dans l'ensemble, ne doit pas être une vertu du clergé romain »[A 112].
La réponse de John Henry Newman fut alors de publier, sous la forme de pamphlet polémique, le feuilleton de sa conversion et de ses démarches depuis le début du mouvement d'Oxford. L'autobiographie publiée sous le nom Apologia Pro Vita Sua montra la place de l'intelligence et de la recherche de la vérité dans sa conversion. Ce livre fut un grand succès de librairie et conduisit à un changement important de la situation de John Henry Newman : il reçut le soutien et les félicitations de nombreux catholiques dont les doutes furent levés[A 113]. Cela permit aussi de renouveler le dialogue avec les anglicans du mouvement d'Oxford, dont John Keble et Edward Bouverie Pusey, avec qui il ne parlait plus depuis près de vingt ans[A 114].
Suite à ce succès, John Henry Newman chercha à fonder une école à proximité de l'Université d'Oxford afin que les catholiques puissent y étudier. John Henry Newman défendait cette idée en premier lieu car il était venu au catholicisme par ses études au sein de l'université d'Oxford, mais aussi, car il considérait les anglicans comme des amis, partageant une foi proche du catholicisme malgré les différences[A 115]. Henry Edward Manning s'y opposa et demanda au Vatican de dénoncer cette entreprise en décrivant Oxford comme un lieu d'athéisme et d'anticatholicisme. L'entreprise de John Henry Newman échoua, comme sa volonté de fonder un nouvel oratoire à Oxford[A 116]. Suite à cet échec il se retira un temps et écrivit l'un de ses plus célèbres poèmes « Le Songe de Gerontius ».
L'Oratoire fut néanmoins autorisé, mais le cardinal Alessandro Barnabò, qui suspectait John Henry Newman d'hérésie, refusa qu'il y prît part. Newman demanda alors au Saint-Siège les raisons de ses doutes. Il apprit qu'il avait été dénoncé au Saint-Siège dès 1860 et que la Curie romaine se méfiait de lui depuis cette période. Cependant, Newman, qui avait voulu se justifier, n'avait pas pu le faire du fait de l'étourderie de Nicholas Wiseman qui avait oublié de lui transmettre les documents nécessaires à sa défense[A 117]. Une fois cette bévue reconnue, tous les soupçons du Saint-Siège furent levés et le cardinal, ainsi que le pape, cherchèrent à montrer des marques de reconnaissance envers John Henry Newman, l'invitant à participer en tant que théologien au Ier concile œcuménique du Vatican, ce qu'il refusa[A 117].
Dernières années
Articles détaillés : Grammaire de l'assentiment et Lettre au duc de Norfolk.En 1870, Newman publia sa Grammaire de l'assentiment, son travail le plus abouti, dans laquelle la foi religieuse est étayée par des arguments souvent différents de ceux employés par les théologiens catholiques. En 1877, lors de la réédition de ses travaux anglicans, il ajouta aux deux volumes sur la Via Media une longue préface et de nombreuses notes, dans lesquelles il répondait à ses propres arguments anti-catholiques d'alors.
Lors du Ier concile œcuménique du Vatican (1869-1870), il s'opposa à la définition de l'infaillibilité pontificale présentée par les théologiens revenant du concile et, dans une lettre privée à son évêque publiée à son insu, il dénonça « la faction insolente et agressive » qui avait soutenu ce dogme. Lorsque le dogme fut proclamé, il se s'y opposa pas, et, par la suite, dans une lettre adressée au duc de Norfolk à l'occasion de l'accusation portée par le Premier ministre Gladstone contre l'Église catholique comme ayant « également répudié la pensée moderne et l'histoire ancienne », Newman affirma qu'il avait toujours cru en cette doctrine, mais avait seulement craint son effet négatif sur les conversions en Angleterre en raison des spécificités historiques locales du catholicisme[A 118]. Dans cette Lettre au duc de Norfolk, Newman développe la conception qu'il se fait de la conscience et son rapport avec l'Église, voulant par là même refuser toute incompatibilité entre le catholicisme et la liberté de conscience, alors vivement critiqué par certains anglicans du fait de la proclamation du dogme de infaillibilité pontificale [F 1].
En 1878, à son grand plaisir, son ancien collège le choisit comme « Honorary Fellow » (membre honoraire) de l'université d'Oxford[A 119]. La même année le pape Pie IX, qui n'avait guère confiance en lui, mourut. Son successeur, Léon XIII, suivant la suggestion du duc de Norfolk, décida d'élever Newman au cardinalat. Cette distinction était remarquable, parce que Newman n'était qu'un simple prêtre. La proposition fut faite en février 1879, et son annonce publique fut reçue avec une grande approbation dans tout le monde anglophone. John Henry Newman fut institué cardinal le 12 mai 1879 et reçut le titre de San Giorgio al Velabro[A 120]. Il profita de sa présence à Rome pour souligner son opposition constante au libéralisme en matière religieuse.
Après une maladie qui souleva l'inquiétude, il retourna en Angleterre et résida à l'Oratoire. Après être à nouveau tombé malade, il s'éteignit le 11 août 1890, à 89 ans[A 121].
Le cardinal Newman est enterré dans le cimetière de Rednall Hill (Birmingham). Il partage sa tombe avec son ami, Ambrose St. John, qui s’était converti au catholicisme en même temps que lui. Sur la pierre tombale est inscrit : Ex umbris et imaginibus in veritatem (« Des ombres et des images vers la vérité »)[A 121].
Œuvres et spiritualité
La théologie de Newman
L'influence de Newman, comme controversiste et prédicateur, fut immense. Pour l'Église catholique, sa conversion fut source d'un grand prestige et dissipa de nombreux préjugés. Plus précisément, son influence se fit dans l'idée d'une spiritualité plus large et dans la notion de développement, tant au niveau de la doctrine qu'à celui du gouvernement de l'Église. Bien qu'il ne se soit jamais considéré comme un mystique, Newman développa l'idée que la vérité spirituelle est connue par l'intuition directe, comme une nécessité antérieure à la base rationnelle du credo catholique. Pour les anglicans, mais aussi pour certaines communautés protestantes plus strictes, son influence fut également grande, mais d'un autre point de vue : en effet, il défendit la légitimité des Dogmes catholiques, et l'importance de la part austère, ascétique, solennelle, du christianisme.
Newman affirma que, à part une conviction intérieure irréductible à la raison, il n'existe pas de preuve rationnelle de l'existence de Dieu. Dans le Tract 85, il se confronta aux difficultés du Credo et des Écritures, concluant sur le caractère insurmontable de ces dernières si elles ne sont pas transcendées par l'autorité d'une Église infaillible. Dans le cas de Newman, de telles affirmations ne menaient pas au scepticisme, parce qu'il avait toujours eu une conviction intérieure très forte. Dans le Tract 85, son seul doute concernait l'identité de la véritable Église. Mais, en règle générale, son enseignement aboutit à ceci : que l'homme qui n'a pas cette conviction intérieure ne peut qu'être un agnostique, tandis que celui qui la possède est destiné à devenir, tôt ou tard, catholique.
Conception du christianisme
John Henry Newman, à travers l'étude de la théologie et des textes fondamentaux, rechercha toute sa vie un christianisme authentique. Pour lui la religion chrétienne doit se fonder sur la Révélation, conçue comme Vérité révélée par Dieu[A 122]. Il chercha à savoir comment la foi originelle des apôtres a pu se résumer sous la forme de Crédos, comment la religion chrétienne se développa progressivement et dans quelle mesure elle décrit la Révélation sans la trahir[B 10]. Il étudia les Pères de l'Église afin d'aller au fondement de cette vérité. Ce souci de la vérité devint alors le principal objectif de ses études et il s'en expliqua ainsi : « Je suis frappé d'un triste pressentiment que le don de la vérité, une fois perdu, est perdu pour toujours. Ainsi le monde chrétien, graduellement, devient stérile et s'épuise, comme une terre exploitée à fond et qui devient du sable »[A 123].
Il plaça très vite l'Église au cœur de sa réflexion[A 124]. Il refusa de faire de la Bible le seul pilier de la foi. Celle-ci doit être présente, selon lui, dans la réalité concrète et dans l'expérience quotidienne, et doit être vécue au sein de l'Église[A 124]. Il considérait que l'Église transmettait les vérités chrétiennes à travers la révélation, issue de la Tradition[A 124] et s'appuyant sur la succession apostolique[A 46]. Cette conception le conduisit à considérer que Dieu agit, et que la vie chrétienne existe, non pas par une expérience sensible, comme l'affirmait les protestants évangéliques, mais par la foi et la grâce qui peuvent agir sans forcément donner des expériences psychologiques visibles[A 125]. Être chrétien consiste, pour John Henry Newman, à un don de soi, renouvelé dans la foi[A 125].
L'étude des Pères de l'Église, encouragée par l'écriture d'articles encyclopédiques[A 126], puis par des recherches sur l'arianisme, conduisit John Henry Newman à approfondir sa foi. Il accepta alors le mystère de la foi et des textes bibliques. Les paroles d'Origène sur la difficulté de percer les mystères de la Bible le marquèrent : « Quiconque croit que les Écritures sont venues de celui qui est l'auteur de la nature peut bien s'attendre à y retrouver la même sorte de difficultés que l'on trouve dans la constitution de la nature »[A 127]. Il perçoit que Dieu parle à travers l'Église[A 128]. Cette étude patristique le conduisit à étudier les histoires des principaux conciles[A 129] et à rechercher la vérité dans l'origine du christianisme.
La crise qui toucha l'anglicanisme au XIXe siècle l'entraîna à favoriser une séparation de l'Église et de l'État, dans laquelle l'Église anglicane est détachée de toute emprise de l'État[A 46]. John Henry Newman chercha alors à retourner aux sources du christianisme et du catholicisme intégral que représentait pour lui l'anglicanisme[A 45],[A 130]. En effet, beaucoup d'anglicans considéraient que l'Église catholique avait perdu cette mission du fait des errements des papes, qui n'incarnaient plus le vrai catholicisme. Cette tentative de conciliation entre le christianisme originel et l'unité de l'Église anglicane fut l'objet de ses recherches, développées un temps sous le nom de « Via Media »[A 51]. Il considéra finalement que l'anglicanisme s'éloignait du christianisme des origines[A 130].
Conception de la Tradition chrétienne
Article détaillé : Tradition (christianisme).John Henry Newman, avant même sa conversion au catholicisme, donna une très grande importance à la Tradition dans le christianisme[A 131]. Certains protestants refusaient tout dogme et toute vérité en dehors de la Bible, suivant l'adage « Sola scriptura » (l'Écriture seulement). Ils contestaient la création de nouveaux dogmes par l'Église catholique[B 11]. John Henry Newman, au contraire, mit en valeur la tradition chrétienne dans un cycle de conférences à St Mary en 1837 intitulé « Lectures on the Prophetical Office of the Church »[B 11]. Il déclina la Tradition sous deux formes : la « Tradition épiscopale » et la « Tradition prophétique ». Pour Newman ces deux types de traditions sont indissociables l'une de l'autre[A 131].
La « Tradition épiscopale »[B 12], qui regroupe l'ensemble des documents officiels de la hiérarchie, valorise tant la hiérarchie, et donc la succession apostolique, que l'ensemble des textes fondateurs et des Credos de l'Église. Elle s'ajoute à l'Écriture Sainte et permet de l'interpréter. Figée dans des écrits, cette Tradition permet de conserver et de protéger la foi de l'Église[A 131].
La « Tradition prophétique »[B 12], ensemble des écrits des docteurs de l'Église, la liturgie et les rites, s'exprime dans la vie des chrétiens[A 131]. Elle est constituée, selon Newman, de ce que Saint Paul appelle « la vie de l'Esprit »[A 132]. La Tradition prophétique est pour Newman la Tradition vécue au quotidien et de manière continuelle par les chrétiens[A 132].
John Henry Newman interprète donc la Tradition comme quelque chose de vivant, changeant et actuel. Cependant, il affirma que l'anglicanisme est susceptible de s'écarter de la vérité de la foi si elle se détache des Pères de l'Église et donc de la Tradition. Pour Newman, l'Église a toujours besoin de revenir aux sources, à son fondement, car en s'écartant de la tradition épiscopale, l'anglicanisme peut alors perdre ce qui fait la richesse de la Tradition[A 132]. L'importance donnée par John Henry Newman aux Pères de l'Église et à la patristique découle donc de sa conception de la Tradition[A 132].
Théologie de l'Église
John Henry Newman étudia pendant toute sa vie l'Église et sa signification. C'est la recherche du christianisme originel qui le pousse à se pencher sur les écrits des Pères de l'Église. Il voit dans la crise de l'arianisme au IVe siècle des similitudes avec les crises qui touchent le christianisme au XIXe siècle.
John Henry Newman chercha à voir si l'anglicanisme pouvait être l'héritier du christianisme authentique des Pères de l'Église. Il considérait que l'anglicanisme est l'héritier du véritable catholicisme, que la papauté aurait trahi. Alors que l'anglicanisme vit au XIXe une crise de sa pratique, John Henry Newman cherche à travers le mouvement d'Oxford et son œuvre « Via Media », à définir un anglicanisme authentique, fondé sur la foi révélée par les Pères de l'Église et sur les sacrements[B 13].
Cette recherche du christianisme authentique conduisit John Henry Newman à s'éloigner petit à petit de l'anglicanisme. Après des années de réflexions et de recherche, il se mit à considérer, à travers ses recherches sur les Pères de l'Église, que l'anglicanisme n'est pas ce christianisme véritable qu'il croyait. L'analyse de l'histoire de l'Église, et notamment des hérésies, le conduisit à considérer l'anglicanisme comme injustifiable face aux dogmes et à la Tradition chrétienne. Il vit des analogies entre l'hérésie des donatistes, qui refusaient l'autorité de Rome, et l'anglicanisme. Il découvrit la même similitude lors de l'étude de l'hérésie monophysite[A 133]. Il écrivit plus tard l'évolution de sa réflexion « Il était difficile de soutenir que les eutychiens et les monophysites étaient des hérétiques, à moins que les protestants et les anglicans le fussent aussi ; difficile de trouver des arguments contre les Pères de Trente qui ne fussent pas contraires aussi aux Pères de Chalcédoine ; difficile de condamner les papes du XVIe siècle sans condamner les papes du Ve[A 134]. »
Ses tentatives de conciliation entre l'anglicanisme et le christianisme des Pères de l'Église se trouvèrent donc ébranlée, et sa recherche de la « Via Media » au sein de l'anglicanisme ne trouva pas les fondements qu'il souhaitait[A 135]. De plus il vit dans l'enseignement des Pères de l'Église une condamnation de toute Église locale qui se séparerait de l'Église Universelle[A 52]. Il estima alors impossible la conciliation entre la position des Pères de l'Église et l'anglicanisme : « À quoi servait de poursuivre la controverse ou de défendre ma position, si, après tout, je forgeais des arguments pour Arius et Eutychès, et je devenais l'avocat du diable contre le patient Athanase et le majestueux Léon ? »[A 136].
Ses études le conduiront progressivement à nuancer et changer son regard sur l'Église catholique. Il ne découvre en effet pas de différences dogmatiques entre la foi des Pères de l'Église et la foi professée par l'Église catholique, alors qu'il observe un décalage de plus en plus grand de l'anglicanisme, dont la foi protestante se détache progressivement de la foi originelle. La méfiance qu'il avait à l'égard de la foi « superstitieuse » des catholiques s'estompa quand il approfondit la question à travers les écrits d'Alphonse de Liguori. Après plusieurs années de réflexions il décida progressivement de s'éloigner des tâches qui l'occupait afin de laisser mûrir sa réflexion et prendre la meilleure décision. Il choisit alors de se convertir au catholicisme.
John Henry Newman considéra l'Église catholique comme l'héritière des Pères de l'Église et donc du seul christianisme authentique car révélé. Cette conversion et cette foi dans l'Église n'empêchèrent pas, pour John Henry Newman, la critique de certaines attitudes des papes. Il comprit l'Église comme institution divine, mais ancrée dans le monde, et donc constituée de pécheurs.
Théologie de la grâce : Lectures on Justification
Articles détaillés : Imputation de la justice du Christ et Justification (théologie).Les Lectures on Justification furent tirées d'un ensemble de conférences données par Newman à Saint-Mary, en 1838, alors qu'il était encore anglican[A 137]. Une fois converti au catholicisme, il ne renia rien de ses propos. L'objectif de Newman est alors de concilier deux éléments, l'effet de la grâce et les œuvres, dans le salut des personnes. En effet les protestants, notamment Martin Luther, s'étaient détournés de la doctrine catholique de la justification, rejetant l'idée que les œuvres (les bonnes actions) sauvent et affirmant que seule la foi en Dieu pouvait permettre d'accéder au paradis[A 138]. Cette théologie avait fortement imprégné l'anglicanisme et avait conduit à faire de la justification une affaire privée entre l'homme et Dieu[B 14]. Newman dans cet ouvrage tente de développer une théorie de la justification, en conciliant les deux théologies. Cet ouvrage fut considéré par le théologien allemand Ignaz von Döllinger comme « le plus beau chef d'œuvre de la théologie que l'Angleterre ait produit depuis un siècle. »[B 15]. Certains ont vu dans cet ouvrage une profonde portée œcuménique, Newman tentant de concilier les deux théologies[B 15],[A 139],[7].
Dans son Traité sur la Justification, Newman commence en critiquant la conception trop littérale de la Bible par certains protestants. Prenant exemple sur l'interprétation de la Bible des Pères de l'Église[A 138], il dénonce deux dérives protestantes de la lecture de la Bible. La première est de sélectionner certains passages en en omettant d'autres, ce qui empêche toute vision globale de la logique du salut présente dans la Bible, qui ne peut pas être divisée[B 16]. La deuxième dérive est le danger que représente la lecture de la Bible comme seule source d'interprétation du salut, en refusant l'enseignement donné dans les conciles et les écrits des pères de l'Église. Ce choix peut conduire à une subjectivité de l'interprétation de la Bible. Une lecture de la Bible détachée de tout contexte temporel, historique, nie, pour Newman, la Révélation, car pour lui, la Révélation se s'arrête pas à la mort du Christ, mais se poursuit à travers l'action de l'Esprit Saint présent dans l'Église[B 17].
Dans un deuxième temps, Newman critique la conception des protestants qui affirment que seule la foi sauve. Newman conclut que, dans cette conception protestante, Dieu n'est, finalement, plus l'acteur de la justification et de la sanctification des personnes. C'est la foi personnelle qui conduit au salut : la conversion et la foi sont premières, le Christ est second[B 17]. L'homme devient alors sa propre justification, ce qui est un paradoxe total pour Newman : « Ainsi la religion finit-elle par consister dans la contemplation de soi et non du Christ »[B 18].
Newman s'oppose ensuite à la conception de la justification de Martin Luther. Pour Luther, Dieu justifie en ne reconnaissant plus la culpabilité de l'homme. Newman s'y oppose en développant une théologie de la « Parole de Dieu ». Pour Newman, la « Parole de Dieu » est action, comme il le montre dans la Genèse[B 19],[A 140], où c'est par la parole que Dieu crée le monde. Quand Dieu déclare quelqu'un justifié, la justification ne consiste plus en une non-reconnaissance de la culpabilité de la personne justifiée, mais Dieu fait d'elle une personne juste « Il ne s'agit pas de la concession silencieuse d'une faveur, mais de l'éclatement visible de sa puissance et de son amour (...). Soyons sûr de cette consolante vérité : la grâce divine qui justifie réalise ce qu'elle déclare. »[B 20].
Pour Newman, Dieu, dans la justification, transforme l'homme, non pas par un acte extérieur à lui-même, mais en le changeant intérieurement. Or ce changement qui justifie est un pur don de Dieu : « Ce n'est ni une qualité, ni un acte de notre esprit, ni la foi, ni le renouvellement, ni l'obéissance, ni quoi que ce soit de connaissable à l'homme […] mais un certain don de Dieu qui contient toutes ses réalités »[B 21]. Ainsi la justification consiste-t-elle à vivre avec Dieu : « être justifié, c'est recevoir la divine Présence, c'est devenir le Temple du Saint-Esprit »[B 21].
Si Dieu nous a justifiés, affirme Newman, c'est pour que notre conduite, nos actions et nos œuvres, relèvent du Salut de Dieu. Il n'y a pas de dichotomie dans la justification entre la foi et les œuvres : « Le Christ n'a pas gardé uniquement dans ses mains le pouvoir de justifier ; son Esprit nous le dispense par le moyen de nos propres actions. Il nous a donné l'aptitude à lui plaire[B 22]. » Le justifié vit alors, pour Newman, avec le Christ. Et le Christ continue alors de nous justifier, « au-dedans de nous, avec nous, à travers nous, par nous »[B 23]. Notre vie devient le signe de la justification de Dieu, et de sa présence de Dieu, qui nous justifie continuellement : « Il n'y a qu'une seule réconciliation : il y a dix mille justifications »[B 24],[A 141]. La justification peut se comprendre conformément à la parole de Saint Paul « ce n'est plus moi qui vit, c'est le Christ qui vit en moi », les mérites de la personne se confondent alors avec ceux de Dieu[A 139]. Ainsi la justification naît du fait de cette présence de Dieu en nous : « Le Père-Tout-Puissant nous regarde ; il ne nous voit pas nous, mais la présence sacrée de son fils qui se révèle spirituellement en nous »[B 23].
Conception de l'éducation et de la culture
Article détaillé : L'Idée d'université.Newman donna un ensemble de conférences, entre 1852 et 1858, sur les thèmes de l'éducation et du savoir. Ses réflexions sont reprises dans son ouvrage L'Idée d'université. Il y développe une conception du savoir universitaire dans laquelle toutes les sciences doivent être étudiées, car elles s'enrichissent mutuellement. Les différentes sciences n'étudiant qu'un aspect précis d'un objet, la connaissance de cet objet ne peut se développer que si l'on s'intéresse à plusieurs d'entre elles. La connaissance ne se limite donc pas à une science précise. Newman défendit alors la possibilité d'enseigner la théologie au sein de l'université, éventualité qui avait été progressivement exclue dans les autres universités anglaises au cours du XIXe siècle.
Influence
Personnalité
Le cardinal Newman était un homme charismatique, convaincu du sens de son propre destin. Son caractère avait ses forces et ses faiblesses. Comme poète, il était véritablement inspiré et avait un authentique talent. Plusieurs de ses premiers poèmes sont décrits par R. H. Hutton (en) comme « inégalés pour la magnificence de leur composition, la pureté de leur goût, et leur rayonnement total », alors que son dernier et plus long poème, « Le Songe de Gerontius », est parfois considéré comme l'effort le plus convaincant de représentation du monde invisible depuis l'époque de Dante[8].
Dans ses écrits, certains passages montrent qu'il aurait éprouvé de la sympathie pour une religion plus vaste. Il admit ainsi qu'il y avait « quelque chose de vrai et de divinement révélé dans toutes les religions. » Il affirma que « la liberté à l'égard des symboles et des articles est, de manière abstraite, le stade le plus haut de la communion chrétienne » mais était le « privilège spécial de l'Église primitive ».
En 1877, il dit que « dans une religion qui rassemble des masses diverses et séparées de croyants, il y a toujours dans une certaine mesure une doctrine exotérique et une doctrine ésotérique ». Ces propos, avec sa théorie du développement doctrinal et son affirmation de la suprématie de la conscience, ont porté certains[Qui ?] à faire de Newman, malgré toutes ses dénégations, un libéral. Il est toutefois certain que Newman accepta chaque élément du credo catholique, allant parfois plus loin, comme sur l'infaillibilité pontificale en matière de canonisation ; et bien qu’il ait affirmé préférer les formes de dévotion anglaises par rapport aux italiennes, il fut l’un des premiers à introduire ces dernières en Angleterre, et à les mêler aux formes rituelles locales spécifiques.
La devise qu'il adopta lorsqu'il devint cardinal, « Cor ad cor loquitur » (Le cœur parle au cœur)[9], et la phrase qui fut gravée sur le mémorial érigé en son honneur à Edgbaston, « Ex umbris et imaginibus in veritatem » (Hors des ombres et des images dans la vérité), semblent dévoiler, autant que faire se peut, le secret d'une vie qui a suscité l'intérêt de ses contemporains, en mêlant affection et curiosité, adhésion et sévère retenue.
Newman et Manning
Article détaillé : Henry Edward Manning.Les deux grandes figures de l'Église catholique en Angleterre au XIXe siècle devinrent tous deux cardinaux et étaient tous deux d'anciens ecclésiastiques anglicans. Mais il existait peu de sympathie entre eux[B 25].
Le caractère de Newman était réservé, tandis que Henry Edward Manning était un homme expansif. L'un était un professeur d'université, l'autre un défenseur des travailleurs, l'un était un solitaire, l'autre une grande figure de la vie mondaine de la société victorienne.
L'origine de leur opposition tient aussi à des raisons plus fondamentales : John Henry Newman posait le problème important de l'intégration des catholiques dans un pays majoritairement anglican[B 25]. L'anglicanisme avait pris des mesures anti-catholiques comme l'interdiction pour les catholiques d'intégrer les universités. John Henry Newman considérait donc que la plus grande participation des catholiques à la vie publique britannique passait par leur inscription dans les universités[B 26]. Il chercha à de nombreuses reprises, malgré des échecs répétés, à permettre aux étudiants catholiques de suivre les cours des universités, quitte à laisser en suspens certaines questions[B 26].
Le cardinal Manning, quant à lui, se sentait plus proche de la vision traditionnelle des catholiques anglais, victimes d'ostracisme de la part des anglicans. Il était partisan d'une ligne de conduite plus stricte face aux restrictions des universités, ne voulant pas transiger ou négocier l'appartenance aux universités[B 25].
Cependant, sur les questions sociales, c'est Manning qui a l'approche la plus moderne, puisqu'on peut le considérer comme un pionnier de la doctrine sociale de l'Église. Il joua un rôle majeur dans l'élaboration de l'encyclique Rerum Novarum.
Postérité
Article détaillé : Oxford University Newman Society.Lorsque, dans les années 1860, des catholiques commencèrent à fréquenter Oxford, ils y créèrent un club qui reçut, en 1888, le nom de « Oxford University Newman Society ». Finalement, l'Oratoire d'Oxford devait être fondé cent ans plus tard, en 1993, dans des locaux appartenant auparavant à la Compagnie de Jésus.
La renommée de John Henry Newman augmenta après sa mort, aussi bien dans le domaine théologique que littéraire. Dans une lettre du 25 mai 1907, Paul Claudel orientait Jacques Rivière dans le choix de ses lectures religieuses en ces termes : « Livres à lire : avant tout Pascal [...] Tout ce que vous pourrez trouver de Newman[10] ». James Joyce considérait qu'« aucun prosateur n'est comparable à Newman[11] ». Et G. K. Chesterton lui consacra plusieurs essais entre 1904 et 1933, en indiquant dans l'avant-propos de son ouvrage Orthodoxy (en) qu'il prenait modèle sur l'Apologia.
À partir de 1922, des Newman Centres se développèrent principalement dans les universités américaines et britanniques. Ces centres ont pour vocation de développer une vie de foi et de réflexion conformément à la pensée de John Henry Newman sur les universités. On compte plus de 300 centres Newman à l'heure actuelle dans le monde[12].
Certains de ses écrits ont été traduits en allemand par Edith Stein, et elle s'en inspira dans sa philosophie[13]. Le théologien Erich Przywara affirme à propos de l'influence de John Henry Newman : « Ce que saint Augustin a été pour le monde antique, saint Thomas pour le Moyen Âge, Newman mérite de l'être pour les temps modernes »[A 142].
La pensée de John Henry Newman sur la conscience et la relation avec l'autorité de l'Église, notamment dans sa Lettre au Duc de Norfolk, ont été développé par des théologiens catholiques au point d'être reprises par le magistère de l'enseignement catholique, et notamment lors du Concile Vatican II, et la déclaration Dignitatis Humanae[F 2].
Le Catéchisme de l'Église catholique canonise la conception de la conscience de John Henry Newman, en citant un extrait de la Lettre au Duc de Norfolk en son numéro 1778[14].
Procès en béatification
Le procès en béatification de John Henry Newman commença en 1958[B 27].
Après un examen approfondi de sa vie par la Congrégation pour les causes des saints, Jean-Paul II le proclama vénérable en 1991[15].
En 2005, le postulateur de la cause annonça la guérison, attribuée à l’intercession de Newman, de Jack Sullivan, qui souffrait d’une maladie de la moelle épinière. Après un examen par des experts mandatés par le Vatican, la Congrégation pour les causes des saints ne trouva aucune explication scientifique à cette guérison[16] et un collège d’experts attesta du miracle le 24 avril 2009[17], ce qui permit d'ouvrir la procédure de béatification. Le 3 juillet 2009, Benoît XVI reconnut la guérison de Jack Sullivan comme un miracle. Le même jour, il autorisa le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation, à commencer le procès en canonisation.
La béatification de John Henry Newman a été célébrée le 19 septembre 2010, à Birmingham, lors de la visite du pape au Royaume-Uni[18]. C'était la première cérémonie de béatification présidée par Benoît XVI depuis le début de son pontificat. Alors que Jean-Paul II avait fait le choix de présider personnellement de nombreuses béatifications à Rome, Benoît XVI avait décidé, après son élection, de laisser cette responsabilité aux églises catholiques locales[19]. À l'occasion de ce voyage, le pape a visité l'Oratoire saint Philippe Néri, dans le quartier de Edgbaston, où Newman résida de 1854 jusqu'à sa mort en 1890[20].
Le 15 janvier 2011, le bienheureux John Henry Newman est choisi comme patron pour l'ordinariat personnel de Notre-Dame de Walsingham qui est érigé le jour même. Il s'agit d'une structure destinée à accueillir les groupes d'anglicans d'Angleterre et du Pays de Galles qui demandent à entrer en pleine communion avec l'Église catholique[21].
Publications
Ouvrages traduits en français
- Essais et homélies
- Grammaire de l'assentiment, rééd. Ad Solem, 2010 ; recension en ligne
- L'Idée d'université, Ad Solem, 2007 (ce texte a été traduit en allemand par Edith Stein)
- Essai sur le développement de la doctrine chrétienne, Ad Solem, 2007
- Méditations sur la doctrine chrétienne, Ad Solem, 2000
- Les Ariens du quatrième siècle, Téqui, 1988
- Douze sermons sur le Christ, trad. Pierre Leyris, introduction de Louis Bouyer, Éditions du Seuil, coll. « Livre de Vie », 1995
- Esquisses patristiques. Le siècle d'or, Ad Solem, 2007
- Sermons universitaires : Quinze sermons prêchés devant l'Université d'Oxford, de 1826 à 1843, Ad Solem, 2007
- Sermons paroissiaux, 8 tomes, Éditions du Cerf, 1993-2007[22]
- L’Antichrist, préface de Louis Bouyer, Ad Solem, 1995
- Le Mystère de l'Eglise, Téqui, 1983
- Textes autobiographiques et épistolaires
- Apologia Pro Vita Sua, liminaire du cardinal Jean Honoré, Ad Solem, 2003
- Écrits autobiographiques, Desclée de Brouwer, 1956
- Lettre à Pusey, Ad Solem, 2002
- Lettre au duc de Norfolk, Desclée de Brouwer, 1970
- Choix de lettres, introduction d’Henri Bordeaux, Téqui, Paris, 1990
- Divers
- Le Songe de Gerontius, éd. bilingue, Éditions L’Âge d’Homme, 1989
- Callista, récit du IIIe siècle, Téqui, 1992
- Anthologies
- John Henry Newman, textes choisis, éd. par Keith Beaumont, Artège, 2010
- Pour connaître Newman (textes réunis par Charles Stephen Dessain), Ad Solem, 2002
Ouvrages en anglais
Période anglicane
- Arians of the Fourth Century (1833)
- Tracts for the Times (1833-1841)
- British Critic (1836-1842)
- Lectures on the Prophetical Office of the Church (1837)
- Lectures on Justification (1838)
- Parochial and Plain Sermons (1834-1843)
- Select Treatises of St. Athanasius (1842, 1844)
- Lives of the English Saints (1843-1844)
- Essays on Miracles (1826, 1843)
- Oxford University Sermons (1843)
- Sermons on Subjects of the Day (1843)
- Essay on the Development of Christian Doctrine (1845)
- Retractation of Anti-Catholic Statements (1845)
Période catholique
- Loss and Gain (en) (roman - 1848)
- Faith and Prejudice and Other Sermons
- Discourses to Mixed Congregations (1849)
- Difficulties of Anglicans (1850)
- Present Position of Catholics in England (1851)
- Idea of a University (1852 et 1858)
- Cathedra Sempiterna (1852)
- Callista (en) (nouvelle - 1855)
- Apologia Pro Vita Sua (autobiographie - 1866, 1865)
- Letter to Dr. Pusey (1865)
- The Dream of Gerontius (1865)
- An Essay in Aid of a Grammar of Assent (1870)
- Sermons Preached on Various Occasions (divers/1874)
- Letter to the Duke of Norfolk (1875)
- Five Letters (1875)
- Sermon Notes (1849-1878)
- Select Treatises of St. Athanasius (1881)
- On the Inspiration of Scripture (1884)
- Development of Religious Error (1885)
Divers
- Addresses to Cardinal Newman and His Replies, with Biglietto Speech (1879)
- Discussions and Arguments (divers/1872)
- Essays Critical and Historical (divers/1871)
- Historical Sketches (divers/1872)
- Historical Tracts of St. Athanasius (1843)
- Tracts Theological and Ecclesiastical (divers/1871)
- Autobiographical Writings, éd. Henry Tristram, Londres-New York, Sheed & Ward, 1956
Annexes
Bibliographie
- Ouvrages en langue française
- Keith Beaumont, Petite Vie de John Henry Newman, Desclée de Brouwer, 2005
- Louis Bouyer (préf. Jean Honoré), Newman, le mystère de la foi : Une théologie pour un temps d’apostasie, Ad Solem, 2006
- Henri Bremond, Newman, essai de biographie psychologique, Paris, Librairie Bloud et Gay, 1932, 8e éd. (1re éd. 1906)
- Owen Chadwick (en) (préface de Jean Guitton), John Henry Newman, Éditions du Cerf, 1989
- Louis Cognet, Newman et la recherche de la vérité, 1967
- Christopher Dawson, Newman et la modernité : l'épopée du Mouvement d'Oxford, Ad Solem, 2001
- Charles Stephen Dessain, Présence de Newman. Thèmes spirituels, Éditions du Cerf, 1993
- Charles Stephen Dessain, Pour connaître Newman, Ad Solem, 2002
- Ramon Fernandez, Newman, Ad Solem, 2010[23]
- Pierre Gauthier, Newman et Blondel : Tradition et développement du dogme, Éditions du Cerf, coll. « Cogitatio Fidei », 1988
- Jean Honoré, La Pensée christologique de Newman, Desclée de Brouwer, 1996
- Jean Honoré, John Henry Newman, Un homme de Dieu, Éditions du Cerf, coll. « Histoire », 2003
- Jean Honoré, John Henry Newman : le combat de la vérité, Éditions du Cerf, 2010
- Jean Honoré, La Pensée de John Henry Newman, Ad Solem, 2010
- Bertrand de Margerie, Newman face aux religions de l'humanité, Genève, Parole et Silence, 2001
- Jean Stern, Bible et tradition chez Newman, Éditions Aubier, 1967
- Xavier Tilliette, La Mémoire et l'Invisible, Ad Solem, 2002
- Xavier Tilliette, L'Église des philosophes, Éditions du Cerf, 2006
- Collectif, Le cardinal Newman, Téqui, 1985
- Articles en langue française
- Bernard Dupuy, op, « John Henry Newman », in Encyclopaedia universalis
- Irène Fernandez, « La Grammaire de l'assentiment : on a raison de croire », in Communio n° XXXV, 2010, pp. 133-144
- Ian Ker, « Sens et importance de la conversion de Newman », in Communio n° XXXV, 2010, pp. 119-132
- Bernard Pottier, « Newman 1801-1890 », in Nouvelle Revue théologique, 2011 (vol. 133), pp. 39-44.
- Autres langues
- (en) Avery Dulles, John Henry Newman, 2002
- (en) James, ed. Collins, Philosophical Readings in Cardinal Newman, Editions Regnery (en), Chicago, 1961
- Ian Ker, Newman the Theologian, 1990
- Ian Ker, Newman and the Fullness of Christianity, 1993
- (en) Ian Ker, John Henry Newman: A Biography, New York N.Y., Oxford, 1988 (ISBN 0192827057), rééd. 2009, 2011
- Ian Ker, Newman and conversion, 1997
- Ian Ker, The Cambridge Companion to Newman, 2009
- (en) Jay Newman (en), The Mental Philosophy of John Henry Newman, Presse universitaire Wilfrid Laurier (en), Ontario, Canada, 1986 (ISBN 0889201862)
- (en) Thomas J. Norris, Newman and His Theological Method: A Guide for the Theologian Today, Leiden, E. J. Brill, 1977 (ISBN 9004048847)
- (en) J. H. Walgrave, Newman the Theologian: The Nature of Belief and Doctrine as Exemplified in His Life and Works, Geoffrey Chapman (en), Londres, 1960
- W. Ward, The Life of John Henry cardinal Newman, Londres, 1912
- Ouvrages généraux
- (it) Dominique Barberi, Lettera ai professori di Oxford, Rome, Editions Cipi, 1990 ; Lettre aux professeurs d'Oxford, version française in L'Univers
- Paul Thureau-Dangin, Histoire de la Renaissance catholique en Angleterre au XIXe siècle, vol. 1-3, Plon, 1899-1906
Articles connexes
Liens externes
- (en) The Cause for the Canonisation of John Henry Cardinal Newman
- (fr) Une sélection de textes de John Henry Newman par Keith Beaumont aux éditions Artège.
Notes et références
Notes
Principales sources utilisées : Ouvrage utilisé comme source pour la rédaction de cet article
- Louis Bouyer, Newman sa vie sa spiritualité, préface du cardinal Jean Honoré, Paris, Éditions du Cerf, février 2009, 485 p. (ISBN 978-2-204-08866-4)
- p. 11.
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- p. 15.
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- p. 55.
- p. 58.
- p. 59.
- p. 61.
- p. 64.
- p. 66.
- p. 70.
- p. 72.
- p. 73.
- p. 76.
- p. 134.
- p. 139.
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- p. 147.
- p. 149.
- p. 150.
- p. 148.
- p. 166.
- p. 167.
- p. 168.
- p. 169.
- p. 175.
- p. 177.
- p. 179.
- p. 184.
- p. 187.
- p. 198.
- p. 200.
- p. 202.
- p. 247.
- p. 252.
- p. 209.
- p. 208.
- p. 254.
- p. 248.
- p. 249.
- p. 261.
- p. 269.
- p. 270.
- p. 274.
- p. 276.
- p. 272.
- p. 273.
- p. 290.
- p. 284.
- p. 291.
- p. 302.
- p. 299.
- p. 298.
- p. 306.
- p. 307.
- p. 308.
- p. 309.
- p. 313.
- p. 316.
- p. 325.
- p. 326.
- p. 332.
- p. 335.
- p. 336.
- p. 337.
- p. 339.
- p. 340.
- p. 344.
- p. 358.
- p. 359.
- p. 361.
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- p. 364.
- p. 367.
- p. 370.
- p. 369.
- p. 375.
- p. 376.
- p. 380.
- p. 382.
- p. 385.
- p. 387.
- p. 388.
- p. 390.
- p. 396.
- p. 399.
- p. 400.
- p. 401.
- p. 404.
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- p. 89.
- p. 91.
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- p. 100.
- p. 155.
- p. 212.
- p. 214.
- p. 215.
- p. 250.
- p. 251.
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- p. 255.
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- p. 220.
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- p. 221.
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- p. 224.
- Jean Honoré, La Pensée de John Henry Newman, Mayenne, Éditions Ad Solem, janvier 2010, 147 p. (ISBN 978-2-940402-34-2)
- p. 9.
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- p. 11.
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- p. 67.
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- p. 119.
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- p. 124.
- p. 125.
- p. 27.
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- p. 7.
- John Henry Newman, L'Idée d'université, Mayenne, Éditions Ad Solem, 9 octobre 2007, 512 p. (ISBN 978-2-9700559-8-3)
- p. 65.
- Xavier Tilliette, L'Église des philosophes De Nicolas de Cuse à Gabriel Marcel, préface de Giuliano Sansonetti , Paris, Éditions du Cerf, 2006, 306 p. (ISBN 2-204-07966-9)
- p. 117.
- p. 161.
- p. 167.
- Xavier Tilliette, La Mémoire et l'Invisible, Genève, Éditions Ad Solem, coll. « Culture », 2002, 260 p. (ISBN 2-88482-008-6)
- p. 209.
- Vincent Gallois, Église et conscience chez J. H. Newman commentaire de la lettre au Duc de Norfolk, Perpignan, Éditions Artège, octobre 2010, 157 p. (ISBN 978-2-3604-000-89)
- p. 34.
- p. 27.
Autres sources
- Cyril Bibby, T. H. Huxley: Scientist Extraordinary[réf. nécessaire].
- Apologia Pro Vita Sua, traduction L. Michelin-Delimoges, Bloud et Gay, Paris, 1939, p. 23.
- Newman's Oxford : A Guide for Pilgrims, Ecumenical undertaking between the Vicar of Littlemore and the Fathers of the Oratory at Birmingham, Oxonian Rewley Press (c. 1978) p. 10.
- Apologia Pro Vita Sua, traduction L. Michelin-Delimoges, Bloud et Gay, Paris, 1939, p. 54.
- Alain Thomasset, L'ecclésiologie de J. H. Newman anglican, Volume 197 de Bibliotheca Ephemeridum theologicarum Lovaniensium, Peeters Publishers, 2006, p. 352.
- Renn Dickson Hampden, The Scholastic Philosophy considered in its relation to Christian Theology, 1832.
- Article sur l'œcuménisme de Newman dans Famille chrétienne du 13 septembre 2010.
- (en) Hugh Chisholm, The Encyclopædia Britannica: a dictionary of arts, sciences, literature and general information, Volume 19, At the University press, novembre 1911, 519 p.
- François de Sales : « Il faut que vos paroles soient enflammées, non par des cris et des actions démesurées, mais par l’affection intérieure. Il faut qu’elles sortent du cœur plus que de la bouche. On a beau dire mais le cœur parle au cœur, la bouche ne parle qu’aux oreilles » (Lettre de François de Sales à Mgr Frémyot, 1604). Devise que l'on trouve également chez
- Jacques Rivière et Paul Claudel, Correspondance 1907-1914, Plon, Le Roseau d'or, 1926, p. 49.
- Richard Ellman, James Joyce, rééd. Oxford University Press, 1982[réf. nécessaire].
- http://www.its.caltech.edu/~nmcenter/OtherNC.html Site recensant les Centres Newman aux États-Unis
- Andreas Uwe Müller et Maria Amata Neyer, Édith Stein Une femme dans le siècle, La Flèche (France), Jean-Claude Lattès, novembre 2002, 161 sur 276 p. (ISBN 2-7096-2080-4).
- Extrait du Catéchisme de l'Église catholique sur www.vatican.va. Consulté le 7 février 2011
- Mention de la déclaration d'héroïcité des vertus sur le site newmancause.co.uk.
- (en) « “Miracles” set to make British cardinal a saint », The Times, 6 août 2006.
- (en) Simon Caldwell, « Cardinal John Newman poised for beatification after ruling », The Daily Telegraph, 24 avril 2009.
- « Homélie de Benoît XVI pour la béatification du cardinal Newman », La Croix, 19 septembre 2010.
- « Newman : première béatification présidée par Benoît XVI », Zénit, 9 septembre 2010.
- « Le cardinal Newman était un prêtre “très aimé”, rappelle Benoît XVI », Zénit, 19 septembre 2010. Gisèle Plantec,
- (en) « Erection of a personal ordinariate for England and Wales », Vatican Information Service.
- Recension en ligne.
- « Ramon Fernandez déchiffre la grammaire de Newman », 7 juillet 2010), il s'agit de 2 études des années 1920, également reprises dans le recueil Messages datant de 1926. Selon La Croix (
Catégories :- John Henry Newman
- Théologien anglican
- Théologien catholique
- Théologien britannique
- Christologie
- Oratorien
- Cardinal anglais
- Cardinal créé par Léon XIII
- Écrivain britannique
- Écrivain catholique
- Poète anglais
- Bienheureux catholique
- Naissance en 1801
- Naissance à Londres
- Décès en 1890
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