Jean-Marie Lustiger

Jean-Marie Lustiger
Jean-Marie Lustiger
Image illustrative de l'article Jean-Marie Lustiger
Biographie
Naissance 17 septembre 1926
à Paris
Ordination
sacerdotale
17 avril 1954 par
Mgr Emile-Arsène Blanchet
Décès 5 août 2007
à Paris
Évêque de l'Église catholique
Consécration
épiscopale
8 décembre 1979 par le
card. François Marty
Fonctions épiscopales Évêque d'Orléans
Archevêque de Paris
Cardinal de l'Église catholique
Créé
cardinal
2 février 1983 par le
pape Jean-Paul II
Titre cardinalice Cardinal-prêtre
de Saint-Louis-des-Français

Blason
« Tout est possible à Dieu » (Matth. 19, 26)
(it) Notice sur vatican.va
(en) Notice sur catholic-hierarchy.org
(en) Articles sur cardinalrating.com

Aron Jean-Marie Lustiger, né le 17 septembre 1926 à Paris et mort le 5 août 2007 à Paris, est un dignitaire de l'Église catholique romaine, archevêque de Paris de 1981 à 2005, créé cardinal en 1983. Il fut membre de l'Académie française.

Sommaire

Biographie

Jeunesse et conversion

Aron Lustiger[1] est né dans le 12e arrondissement de Paris[2]. Ses parents, originaires d'une famille juive ashkénaze venant de PologneBedzin en Haute-Silésie où son père était boulanger[3]), tiennent un commerce de bonneterie[2]. Il fait ses études au lycée Montaigne à Paris[4]. Vers 10 ou 12 ans il découvre une Bible protestante. Le Nouveau Testament s’impose à lui comme étant l’aboutissement de l’Ancien Testament. Il découvre l’antisémitisme, dont il est victime. « À la porte du lycée Montaigne, je me suis fait casser la figure parce que juif. Quand je m'approchais des garçons qui discutaient entre eux, ils me disaient : « Ça ne te regarde pas, tu es un sale juif. » »[5] Il en fait aussi l'expérience à travers la littérature et à l’occasion d’un voyage en Allemagne nazie en 1937, dans une famille protestante, où il découvre, en même temps que le nazisme, les premiers adultes chrétiens anti-nazis[2].

La guerre pousse ses parents à l'envoyer, avec sa sœur Arlette, se réfugier à Orléans (fin août 1939). Ils seront recueillis et hébergés par Suzanne Combes, jeune professeur de lettres classiques à l'école du Bourdon-Blanc et future directrice de cet établissement catholique d'enseignement. Aron, devenu élève du lycée Pothier (établissement public), fréquentera assidument le 14 rue Sainte-Anne, siège des Œuvres diocésaines, dirigées par Mgr Henri Feuillâtre (« le Père Feu », également aumônier du lycée). La mère des deux enfants continue à tenir son commerce de bonneterie-mercerie, à Paris[6]. Durant la Semaine sainte 1940, dans la cathédrale d'Orléans, Aron ressent le désir de se convertir au catholicisme. Toute sa vie, il expliquera que son christianisme n'a jamais signifié un renoncement à son identité juive. Le 25 août 1940, à l'âge de 14 ans, il reçoit le baptême à Orléans. Il devient chrétien et ajoute alors au prénom reçu de ses parents ceux de Jean et de Marie, qui sont aussi des prénoms d'origine hébraïque [2]. Il expliquera plus tard qu’il n’a jamais renoncé au prénom d’Aron et que le grand prêtre qui porte ce nom dans la Bible est aussi vénéré comme saint par l’Église catholique[7]. Sa mère est arrêtée en septembre 1942 sur dénonciation de son employée de maison (selon Arno Lustiger, cousin d’Aron) : cette jeune femme, en relation intime avec un membre de la Milice, était avide de récupérer son appartement. Gisèle Lustiger est alors internée à Drancy puis déportée vers le camp d’Auschwitz, où elle meurt le 13 février 1943[2],[6]. La famille n’aura la confirmation de son décès qu’en 1946. Son père, n’acceptant toujours pas la conversion de son fils, essaie en vain, au lendemain de la guerre, de le persuader d’annuler son baptême[2],[6].

Après avoir terminé ses études secondaires au lycée d'Orléans, il s'inscrit à l'université de la Sorbonne afin de suivre des études de lettres[8].

Carrière ecclésiastique

Sa vocation sacerdotale le conduit à entrer au séminaire des Carmes de l'Institut catholique de Paris en 1946. Il est ordonné prêtre le 17 avril 1954 à l'âge de 27 ans, dans l'église du séminaire des Carmes.

De 1954 à 1969, il est aumônier de la paroisse universitaire de Paris, connue sous le nom de Centre Richelieu[8], rassemblant des enseignants de l'école publique, aumônier des étudiants en lettres et sciences de la Sorbonne ainsi que des grandes écoles (École spéciale d'architecture, ENS de Fontenay-Saint-Cloud, École des chartes). Son charisme attire nombre d’étudiants et professeurs. Puis Mai 68 embrase l'université. Il affirmera alors : « Il n'y a pas de place pour l'Évangile dans cette foire »[4].

En 1969, il est nommé curé de la paroisse Sainte-Jeanne-de-Chantal, dans le 16e arrondissement de Paris et a comme vicaire l'abbé André Vingt-Trois, son futur successeur à la tête de l'archevêché de Paris. Il renouvelle profondément la liturgie commandant au sculpteur Jean Touret des œuvres marquantes (une grande croix, un autel et des panneaux en bois) – il refera appel à Jean Touret pour l'autel de Notre-Dame de Paris. Avec l'organiste titulaire Henry Paget, il renouvelle l'orgue en en confiant la maîtrise à Alfred Kern. Avec H. Paget, il écrit des chants liturgiques importants qui seront enregistrés (Veilleur où en est la nuit!). L'enseignement paroissial est organisé. Des personnalités comme les pères Thomas Kowalski, Bernard Violle et Georges Marion animent ce qui devient un lieu où se regroupent à la fois des paroissiens et des fidèles qui avaient connu l'abbé Lustiger en son étape d'aumônier. Ses sermons sont publiés chez Fayard sous le titre Sermons d'un curé de Paris en 1977. En 1981, l'ouvrage allait être envoyé au pilon avant que l'éditeur ne revienne sur sa décision! Cette étape a constitué les préliminaires d'une action diocésaine plus importante.

Le 10 novembre 1979, il est nommé évêque d'Orléans par le nouveau pape Jean-Paul II, et, le 8 décembre 1979 il reçoit l'ordination épiscopale par l'imposition des mains du cardinal François Marty, alors archevêque de Paris[8]. Il choisit comme devise « Tout est possible à Dieu »[9]. Il n'occupera que quinze mois le siège d’Orléans.

Il est nommé archevêque de Paris le 31 janvier 1981 et intronisé le 27 février, succédant au cardinal François Marty[8]. Deux ans plus tard, le 2 février 1983, il est créé cardinal par le pape Jean-Paul II[8], avec le titre de cardinal-prêtre de Saints Marcellino e Pietro attaché à l'église romaine du même nom. En 1994, après le décès du cardinal Marty, il reçoit le titre de Saint-Louis des Français traditionnellement accordé au cardinal archevêque de Paris.

Jean-Paul II et lui ont de nombreux points communs - ils parlent le polonais aussi bien que le yiddish et le français, ils appartiennent à la même génération - mais surtout ils ont une analyse souvent très proche de la situation ecclésiale et mondiale.

Le cardinal Lustiger fut une figure très remarquée au niveau de l'Église universelle, même si ses chances de succéder à Jean-Paul II étaient très faibles lors du conclave de 2005, en raison de son âge et de son état de santé.

Le pasteur et l'homme

L'intuition fondamentale qui a guidé l'action et la vie de Mgr Lustiger fut que la foi dans le Christ était pour l'homme la seule chance d'être vraiment libre et d'avoir une raison d'espérer. Il s'est donc engagé sur tous les fronts pour la défense de la liberté intérieure et religieuse de l'homme, face aux totalitarismes des États, des idéologies, du cléricalisme, de la pensée unique et des médias.

Il mit en place une série de réformes au sein du diocèse de Paris : formation des prêtres (création d'une année de formation spirituelle, dispersion des séminaristes dans de petits centres de formation au sein de Paris, de préférence à un grand séminaire unique), fondation d'une faculté de théologie indépendante au sein de l'École cathédrale de Paris, distincte de l'Institut catholique, en 1984. Il encouragea un renouveau des paroisses de Paris, la construction de sept nouvelles églises et la mission des communautés nouvelles au sein du diocèse (Communauté de l'Emmanuel, Communauté du Chemin Neuf). À la demande du Saint-Siège, le cardinal Lustiger fut, jusqu'en juin 2006, l'évêque accompagnateur de la Communauté de l'Emmanuel sur le plan international[réf. nécessaire].

Jusqu'à la fin de son épiscopat, le cardinal Lustiger a pris des mesures[Lesquelles ?], parfois très fermes, pour assurer la discipline de son clergé et la fidélité au magistère pontifical de l'enseignement dispensé dans le diocèse, en particulier dans les facultés de théologie. [réf. nécessaire]

Mgr Lustiger était membre de droit du Conseil permanent de la Conférence des évêques de France.

Mgr Lustiger a au cours de sa mission à Paris institué des structures diocésaines qui entrant en concurrence avec les structures équivalentes existant au niveau interdiocésain ou national, comme la création d'un séminaire parisien autonome.

La radio du diocèse de Paris, Radio Notre-Dame participa en 1996 à la fondation de la Communauté Francophone des Radios Chrétiennes (COFRAC[10]), indépendamment du réseau des Radios chrétiennes en France (RCF), pourtant voulu par les évêques de France[11]. Le cardinal Lustiger fonda également la télévision KTO.

Cette liberté lui était permise par les moyens importants du diocèse de Paris. Elle s'était aussi imposée à lui comme un devoir de sa mission d'évêque, seul responsable de son diocèse[12]. Sa lucidité et sa hauteur de vues lui avaient fait comprendre qu'il n'avait pas d'autre choix pour secouer la lourdeur des structures administratives et lutter contre la sclérose des idéologies qui étouffent le catholicisme français. Ayant à cœur de rendre à la liturgie sa dignité et sa beauté, il a soutenu la refonte de la maîtrise de la cathédrale Notre-Dame et la création d'une école de formation professionnelle incluant l'animation des offices à la cathédrale, permettant ainsi un nouveau déploiement de la tradition de l'Église dans la cathédrale de Paris. Il commanda un nouveau mobilier liturgique pour le chœur de Notre-Dame et fit créer des vêtements liturgiques nouveaux avec le souci de la beauté et de la lisibilité des signes. Fréquemment, le dimanche soir, il prêchait et célébrait la messe dans sa cathédrale.

Ceux qui ont eu l'occasion de s'entretenir avec lui ont été frappés par la profondeur de sa pensée et par cette simplicité qui faisait que son interlocuteur avait d'emblée l'impression d'être considéré comme un égal, respecté dans son altérité et avec qui il y avait des choses à faire[réf. nécessaire]. Une conversation interrompue depuis des mois pouvait reprendre comme si elle ne s'était jamais arrêtée.

Homme d'arts, de lettres et de communication

Il publia une vingtaine d'ouvrages à partir de 1978. Il s'attela également à lancer de nouveaux médias : Radio Notre-Dame juste après la légalisation des radios libres en 1981, la chaîne de télévision KTO en 1999, le bulletin hebdomadaire du diocèse de Paris : Paris Notre-Dame [8],[13].

Ses prises de position sur le cinéma, l'art et le dépôt au Panthéon des cendres de l'abbé Grégoire, les commandes d'œuvres modernes qu'il passa pour Notre-Dame ou l'archevêché firent l'objet de débats non seulement dans la presse, mais aussi avec les autorités politiques[14].

Le cardinal Lustiger a été élu à l'Académie française, le 15 juin 1995, au fauteuil 4, succédant au cardinal Decourtray[8]. C'est son ancien conseiller, le philosophe Jean-Luc Marion, qui a hérité de son siège en 2009.

Rôle dans les relations judéo-catholiques

De par ses ascendances juives, Mgr Jean-Marie Lustiger a joué un rôle pionnier dans les relations entre la communauté juive et le Vatican. Conseiller de Jean-Paul II puis de Benoît XVI, il a exercé un rôle d'influence très important durant le pontificat de Jean-Paul II.

Il noue les contacts les plus délicats pour tenter de régler, en 1987, l'affaire des « carmélites polonaises » installées dans le camp d'Auschwitz, qui contribue à une tension forte entre juifs et catholiques. Les religieuses finiront par quitter le camp en 1994. De ce dénouement, le cardinal gagne la reconnaissance d’une partie du monde juif. Mgr Lustiger sera ainsi l’un des inspirateurs de la déclaration de « repentance » de l’épiscopat français en septembre 1997 à Drancy et l'un des principaux artisans du succès de la visite du pape à Jérusalem en l’an 2000 : visite à Yad Vashem et au mur des Lamentations qui fut un pèlerinage de la mémoire, ainsi que la reconnaissance de la dette chrétienne aux « frères aînés » juifs.

En 2004, le cardinal Jean-Marie Lustiger et le rabbin Israel Singer, président du Congrès juif mondial sont à l’origine des « Rencontres internationales judéo-catholiques de New York ». Une trentaine de participants se retrouvent pour ce dialogue entre des juifs orthodoxes et les plus hautes autorités de l’Église catholique[15],[16].

En janvier 2005, il représente le pape Jean-Paul II[17], lors des cérémonies du 60e anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz. Puis, en mai 2006, il est présent à Birkenau aux côtés du pape Benoît XVI[18].

Après sa mort, le Congrès juif mondial a tenu à rendre hommage à son action positive en faveur des relations entre juifs et chrétiens[19].

Rôle politique

Pour le cardinal Lustiger, l’évêque doit faire en sorte d’être un interlocuteur crédible du monde politique, en tant que représentant des croyants de sa confession et de la force sociale qu’ils constituent. Sans avoir de fonction politique, il joue un rôle dans l'espace politique, et, dans cette optique, il discute avec les présidents François Mitterrand et Jacques Chirac[20]. En 1984, il mène la contestation contre la volonté du président Mitterrand de supprimer l’indépendance de l’école privée catholique. Un million de défenseurs de l’école libre sont dans les rues, contribuant au retrait du projet de loi Savary. De même, Mgr Lustiger prendra des positions conservatrices sur la défense de l’embryon, contre l’euthanasie et le clonage.

Ses engagements au service des chômeurs et des immigrés, marquent, sur les grandes questions de société, un dépassement courageux de la timidité de l’Église de France, encore emprisonnée dans une lecture étroite du principe de laïcité de l’État. Cela ne l’empêche pas de défendre la loi de séparation de l’Église et de l’État dès 1989, lors de la crise causé par le port du voile islamique dans les établissements publics, notamment scolaires.

Fidèle en cela à l’attitude de l’Église catholique à l'égard de la Révolution française, il refuse de s'associer à l’hommage rendu par la nation française à l’Abbé Grégoire en 1989, au moment du transfert des cendres de ce dernier au Panthéon.

Avant la présidentielle de 1995, il écarte le très médiatique père Alain de La Morandais, jugé trop balladurien[réf. nécessaire], du poste qu’il s’attribuait d'« aumônier des politiques ». Il crée alors le SPEP (Service pastoral d’études politiques) auquel il nommera le recteur de Sainte-Clotilde, Mgr Antoine de Vial.

En 2003, il critique la volonté de Nicolas Sarkozy de revenir sur la loi de 1905 et d’organiser l’Islam de France comme s’il s’agissait d’une religion d’État. Interrogé par la « commission Stasi » sur la laïcité, il demande de ne pas toucher au « compromis à la française » et se prononce contre une loi sur le port du voile à l’école[21].

Le jeudi 28 août 2003 sur RTL, Jean-Marie Lustiger annonce son soutien au projet de loi Raffarin, visant à l’abrogation du « chômage » du lundi de Pentecôte : « En ce qui concerne le lundi de Pentecôte, de fait, ça ne pose pas de problème théologique ni religieux », soulignant toutefois qu'une consultation des autorités religieuses était nécessaire, « étant donné que ça repose sur des usages légalement et historiquement fixés ».

Maladie et adieux

Lorsqu'il atteignit l'âge de 75 ans, selon le code de droit canon[22], Mgr Lustiger présenta sa renonciation à son office d'archevêque de Paris au pape Jean-Paul II, mais c'est seulement en février 2005, alors que l'archevêque avait atteint l'âge de 78 ans, que la démission fut acceptée, et Mgr André Vingt-Trois nommé nouvel archevêque de Paris. Selon la coutume, le cardinal Lustiger portait depuis lors le titre d'archevêque émérite de Paris[8].

En octobre 2006, il annonça aux prêtres et diacres de Paris qu'il était atteint d'« une maladie grave dont le traitement a commencé ». Le 31 mai 2007, il fit une brève apparition à l'Académie française pour adresser ses adieux aux « Immortels ». « Vous ne me reverrez pas », leur déclara-t-il. Sa dernière apparition en public remontait au 26 janvier 2007, quand il avait concélébré la messe d'obsèques de l'abbé Pierre à Notre-Dame de Paris. Il est décédé à l'âge de 80 ans, le dimanche 5 août 2007 à 19 h 30, à la maison médicale Jeanne-Garnier (15e arrondissement de Paris), un établissement de soins palliatifs dépendant de la fondation des Dames du Calvaire, où il avait été admis le 23 avril 2007 afin de soigner le cancer dont il souffrait depuis plusieurs années[23].

Obsèques et hommages

L'annonce de son décès a suscité les hommages de nombreuses personnalités du monde politique et religieux, parmi lesquelles on note le pape Benoît XVI[24], le Congrès juif mondial, le président de la République française Nicolas Sarkozy[25], le Parti communiste français ou encore d'autres figures de gauche comme Bertrand Delanoë, Jean Glavany ou Jack Lang.

Ses obsèques furent célébrées le 10 août 2007 en la cathédrale Notre-Dame de Paris par l'archevêque Mgr André Vingt-Trois, en présence de nombreuses personnalités, parmi lesquelles le représentant du pape le cardinal Paul Poupard, le président Nicolas Sarkozy, le Premier ministre François Fillon, les ministres Michèle Alliot-Marie, Jean-Louis Borloo, Nathalie Kosciusko-Morizet et Roger Karoutchi, les présidents de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer et du Sénat Christian Poncelet, le président de la région Île-de-France Jean-Paul Huchon, Mme Bernadette Chirac représentant l'ancien président Jacques Chirac, l'ancien président polonais Lech Wałęsa, plusieurs membres de l'Académie française (dont Mme Hélène Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuel, et Maurice Druon, secrétaire honoraire), mais aussi 500 prêtres, 50 évêques, 16 cardinaux et plusieurs prélats, représentants des Églises catholiques d'Orient. La foule rassemblée fut estimée à environ 5000 personnes.

Dans son discours d'hommage, Maurice Druon a qualifié le cardinal Lustiger de "fils, non pas du hasard, mais de l'exception" et salué en lui "notre frère supérieur".

De ses obsèques, il disait par avance, avec le franc-parler dont il était capable dans l'intimité comme en public : Je m'en fous, ils feront ce qu'ils voudront. Il lui importait davantage d'obtenir du Ciel la permission - dans trente ans - de regarder sur la Terre comment les choses auront évolué...[26] Cela ne l'a pas empêché de prévoir par la suite, quelque temps avant sa mort, certains gestes hautement symboliques pour ses funérailles. Lors de la levée du corps, avant l'entrée dans la cathédrale et la liturgie catholique, de la terre recueillie en Israël fut déposée sur son cercueil ; deux membres de sa famille, de confession israélite, récitèrent le Psaume 113 (112) en hébreu, et le Kaddish, prière juive des endeuillés. Ainsi étaient symbolisée son espérance de voir judaïsme et christianisme engagés "du même côté", comme il le disait, dans le combat pour l'homme, enraciné dans la même foi au Dieu unique et la même espérance dans les promesses du Messie.

Le cardinal Lustiger est inhumé dans la crypte de Notre-Dame de Paris, dans le caveau des archevêques de Paris.

Une plaque a été posée dans la cathédrale à la demande du Cardinal Lustiger avec le texte suivant :

« Je suis né juif. J’ai reçu le nom de mon grand-père paternel, Aron. Devenu chrétien par la foi et le baptême, je suis demeuré juif comme le demeuraient les Apôtres. J’ai pour saints patrons Aron le Grand Prêtre, saint Jean l’Apôtre, sainte Marie pleine de grâce. Nommé 139e archevêque de Paris par Sa Sainteté le pape Jean-Paul II, j’ai été intronisé dans cette cathédrale le 27 février 1981, puis j’y ai exercé tout mon ministère. Passants, priez pour moi. »

† Aron Jean-Marie cardinal Lustiger Archevêque de Paris

Distinctions

Œuvres

  • 1978 Sermons d’un curé de Paris (Fayard)
  • 1981 Pain de vie et peuple de Dieu (Critérion)
  • 1985 Osez croire (Le Centurion)
  • 1985 Osez vivre (Le Centurion)
  • 1986 Premiers pas dans la prière (Nouvelle Cité)
  • 1986 Prenez place au cœur de l’Église (Office chrétien des handicapés)
  • 1987 Six sermons aux élus de la Nation, 1981-1986 (Le Cerf)
  • 1987 Le Choix de Dieu. Entretiens avec Jean-Louis Missika et Dominique Wolton (Éditions de Fallois)
  • 1988 La Messe (Bayard)
  • 1990 Dieu merci, les droits de l’homme (Critérion)
  • 1990 Le Sacrement de l’onction des malades (Le Cerf)
  • 1990 Le Saint-Ayoul de Jeanclos (en collaboration avec Alain Peyrefitte) (Fayard)
  • 1991 Nous avons rendez-vous avec l’Europe (Mame)
  • 1991 Dare to rejoice (Compilation américaine) (Our Sunday visitor)
  • 1992 Petites paroles de nuit de Noël (Le Fallois)
  • 1995 Devenez dignes de la condition humaine (Flammarion)
  • 1997 Le Baptême de votre enfant (Fleurus)
  • 1997 Soyez heureux (Éd. Nil)
  • 1999 Pour l'Europe, un nouvel art de vivre (PUF)
  • 2000 Les prêtres que Dieu donne (Desclée de Brouwer)
  • 2001 Comme Dieu vous aime. Un pèlerinage à Jérusalem, Rome et Lourdes (Parole et silence)
  • 2002 La Promesse (Parole et Silence)
  • 2004 Comment Dieu ouvre la porte de la foi (Desclée de Brouwer)
  • 2005 Contempler l'Apocalypse (Parole et Silence)

Voir aussi

Biographie

Notes et références

  1. 'Aron' et non 'Aaron', d'après la plaque du cercueil et la feuille de messe diffusée lors des funérailles à Notre-Dame de Paris, le 10 août 2007
  2. a, b, c, d, e et f Le cardinal Lustiger est mort, par Sophie de Ravinel, Le Figaro du 5 août 2007.
  3. Les dates du cardinal Jean-Marie Lustiger chronologie dans La Croix du 3 mai 2007.
  4. a et b L'adieu à Jean-Marie Lustiger, par Henri Tincq dans Le Monde du 6 août 2007.
  5. Entretien au quotidien israélien « Yediot Aharonot », publié en 1982 par la revue « Le Débat »
  6. a, b et c Robert Serrou, Lustiger "Cardinal, juif et fils d'immigré", Perrin, 1996, 2001
  7. Interview avec Serge Moati sur KTO, 2006 (vérifier) : http://www.ktotv.com/video.php3?numero=1140
  8. a, b, c, d, e, f, g et h Notice biographique de l'Académie française
  9. Matth. 19, 26, cf. message de Mgr Jean-Marie Lustiger lors de son ordination épiscopale à Orléans, le 8 décembre 1979 (http://www.catholique-orleans.cef.fr/index.php?dlm/4/27) et id., “Le choix de Dieu: Entretiens avec Jean-Louis Missika et Dominique Wolton, Editions du Fallois 1987, p. 395-396 (http://www.araldicavaticana.com/extraits_du_livre_du_cardinal_lu.htm)
  10. Cofrac - Communauté francophone de radios chrétiennes
  11. La FFRC - FFRC - Fédération Française des Radios Chrétiennes
  12. Code de droit canonique, 1983, can. 455 § 4 : "La compétence de chaque évêque diocésain demeure entière dans les cas pour lesquels ni le droit universel, ni un mandat particulier du Siège Apostolique ne donne pouvoir à la Conférence épiscopale […] ; ni la Conférence épiscopale, ni son président ne peuvent agir au nom de tous les évêques si tous et chacun des évêques n'ont pas donné leur consentement."
  13. Jean-Marie Guenois, « Paris, un diocèse profondément remodelé par Jean-Marie Lustiger », La Croix, 6 août 2007
  14. Jack Lang, ancien ministre de la Culture, message de condoléances : « Même si parfois nos convictions respectives nous ont conduit à exprimer des vues divergentes sur la liberté cinématographique à propos du projet de film de Scorsese La dernière tentation du Christ ou sur la panthéonisation de l'abbé Grégoire, j'ai toujours rencontré en lui une immense ouverture d'esprit, un sens aigu de l'humain, une passion de l'universalisme, un extrême raffinement intellectuel. »
  15. : : : DICI : : :
  16. Richard Prasquier, président du Conseil Représentatif des Institutions juives de France (CRIF) : « Mgr Jean-Marie Lustiger a joué un rôle historique considérable dans l'amélioration des relations entre juifs et catholiques. Les journées judéo-catholiques, créées à l'initiative de Mgr Lustiger, et qui se déroulent chaque année à New York, sont ainsi des « moments forts » qui « ont permis de faire dialoguer les juifs orthodoxes et les cardinaux ». »
  17. Article de l'agence de presse Zenit lors du voyage de Mgr Lustiger en janvier 2005, http://www.zenit.org/article-9568?l=french
  18. Article de mai 2006 de l'agence de presse Zenit.
  19. Maram Stern, secrétaire général adjoint du Congrès juif mondial (Communiqué du lundi 6 août) : « Le monde juif perd « l'un de ses meilleurs amis » et la France « une très grande grande figure morale » ». Le cardinal Lustiger « a toujours été conscient des dangers que représentaient pour les juifs l'antisémitisme, la persécution et la haine et il les a combattus avec toute son énergie ». « Avec le regretté pape Jean-Paul II, le cardinal Lustiger a été l'artisan du renforcement du dialogue en faveur d'une meilleure compréhension entre catholiques et juifs tant au niveau institutionnel qu'à un niveau personnel ». « Le monde chrétien a perdu une de ses personnalités les plus remarquables, la France a perdu un très grande figure morale et spirituelle et le monde juif un de ses meilleurs amis. » Richard Prasquier, président du Conseil représentatif des institutions juives de France. Déclaration à l'Associated Press du lundi 6 août : « (Le cardinal Lustiger) a partagé de par son origine le destin des juifs pourchassés pendant la période de la guerre. Il a perdu sa mère. Il a senti directement l'horreur et l'inanité de l'antisémitisme ». Il a joué « un rôle exceptionnel par sa propre vie, par les initiatives dont il a été à l'origine et par sa proximité avec les papes, aussi bien Jean-Paul II que Benoît XVI ».
  20. Article du Monde développant le caractère politique des interventions du cardinal, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3382,36-942169@51-942139@45-1,0.html
  21. La Croix, 24 septembre 2003
  22. canon 401 § 1
  23. Jean-Marie Guenois, Le cardinal Lustiger est mort, La Croix, 6 août 2007 Le cardinal Lustiger est mort - Religion - la-Croix.com
  24. communiqué de Benoit XVI
  25. Le Cardinal Lustiger était « une grande figure de la vie spirituelle, morale, intellectuelle et naturellement religieuse de notre pays (…). Jean-Marie Lustiger ne se donna jamais à moitié (...) Cardinal, il fut le relais inlassable de l'esprit de la génération de Jean Paul II, en particulier à l'occasion des Journées mondiales de la jeunesse à Paris en 1997, dont il fut l'artisan principal (…). Le parcours spirituel du Cardinal Lustiger restera à la fois un exemple et un grand mystère (…). Je m'associe à la peine des catholiques de France, des religieux et des religieuses, des prêtres et des évêques, qui savent gré au Cardinal Lustiger d'avoir toujours cherché à conforter les valeurs morales, la force spirituelle et l'exigence intellectuelle du catholicisme français. » Communiqué du dimanche 5 août.
  26. Interview avec Serge Moati sur KTO : http://www.ktotv.com/video.php3?numero=1140

Liens externes

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