Imperial Trans-Antarctic Expedition

Imperial Trans-Antarctic Expedition

Expédition Endurance

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Le trois-mâts l'Endurance qui a donné son nom à l'expédition[Note 1]. Photographie de Frank Hurley.

L’expédition Endurance, officiellement appelée Imperial Trans-Antarctic Expedition (1914 - 1917[1]), est la quatrième expédition britannique en Antarctique au XXe siècle. Elle visait à traverser ce continent de part en part mais fut un échec[Note 2]. Elle est pourtant devenue célèbre par l'odyssée qu'ont vécue les membres de l'expédition et leur chef Ernest Shackleton. Ils ont réussi, après avoir pratiquement tout perdu, à survivre aux conditions difficiles de l'Antarctique et à aller chercher des secours par leurs propres moyens.

Les 28 hommes de l’Endurance, après le naufrage de leur navire à des milliers de milles des terres habitées les plus proches, ont subi pendant 22 mois des températures descendant jusqu'à −45°C avec des provisions limitées. La traversée pour rejoindre une station baleinière de l'île de la Géorgie du Sud, après 1 800 kilomètres dans un océan déchaîné à bord d'un bateau de sept mètres et en utilisant pour la navigation un sextant et un chronomètre, constitue un des points d'orgue de leur exploit. Outre les témoignages écrits, une grande partie de l'expédition a été photographiée[Note 3].

Une partie de la deuxième équipe de l'expédition, embarquée à bord de l’Aurora et envoyée en mission de soutien de l'autre côté du continent, a vécu également une situation critique de survie dans des conditions précaires. Leur aventure s'est soldée par la mort de trois des hommes du groupe, à l'inverse de celui conduit par Shackleton.

Bien que la radio sans fil ait été disponible à l'époque, la très grande distance n'a pas permis son utilisation et comme la Première Guerre mondiale faisait rage, aucune tentative de recherche des disparus n'a été entreprise par le Royaume-Uni.

Depuis leur sauvetage, de nombreux livres ont été publiés sur cette expédition, que ce soit par des hommes l'ayant vécue[Note 4] ou par des auteurs ayant retracé leurs aventures, des films documentaires ont été réalisés et on la considère comme la dernière expédition importante de l'âge héroïque de l'exploration en Antarctique (1895-1922).

Sommaire

Contexte historique

L'expédition Endurance était la première expédition britannique à partir pour l'Antarctique depuis le Royaume-Uni depuis que le norvégien Roald Amundsen était devenu, avec l'expédition Amundsen, le premier homme à atteindre le pôle Sud en décembre 1911. Pendant la décennie précédente, le Royaume-Uni avait lancé trois expéditions[Note 5] pour tenter de devenir la première nation à envoyer un homme au pôle Sud.

Ernest Shackleton était membre de l'expédition Discovery, la première expédition, et chef lors de la seconde, l'expédition Nimrod. Il était donc devenu célèbre au Royaume-Uni et en dehors du pays comme étant, pendant un certain temps, l'homme qui était allé le plus près du pôle Sud. Il s'était trouvé à sa deuxième tentative à une distance d'environ 180 kilomètres du pôle avant de devoir faire marche arrière en raison du manque de provisions[Note 6]. Cependant, en janvier 1912, le capitaine de la Royal Navy Robert Falcon Scott, premier « rival » de Shackleton, mourut de froid avec les quatre autres hommes de son équipe, au cours de leur long voyage de retour du pôle Sud après avoir été battus de seulement 35 jours par le norvégien.

C'est dans ce contexte qu'Ernest Shackleton avait demandé à être financé pour un voyage qui serait le premier à porter le drapeau du Royaume-Uni à travers le continent Antarctique du sud de la mer de Weddell[Note 7] dans l'océan Atlantique, au sud de la mer de Ross dans le Pacifique en passant par le pôle. Seul un autre explorateur avait tenté de réaliser ce même exploit. En 1911, l'explorateur allemand Wilhelm Filchner avait conduit une expédition à la mer de Weddell, découvrant ainsi la côte de Luitpold, et à son extrémité la plus au sud, la baie de Vahsel (latitude 78° sud). Cependant, Filchner ne pouvant pas installer avec succès sa base sur le continent, il fut forcé de retourner en Europe sans avoir commencé la partie continentale du voyage[2].

Le plan de Shackleton prévoyait que son expédition atteigne la baie de Vahsel de Filchner, un territoire connu, d'où il tenterait sa propre traversée du continent. L'autre partie de l'expédition construirait, depuis la barrière de Ross, des dépôts d'approvisionnements qui seraient nécessaires pour terminer le voyage transcontinental de près de 3 000 kilomètres. La difficulté première était d'arriver à franchir la mer de Weddel qui est obstruée par la banquise une grande partie de l'année pour débarquer hommes et matériel.

Objectifs scientifiques

Outre le défi que représentait la première traversée du continent antarctique et donc la découverte de nouveaux territoires pour le compte du Royaume-Uni, Shackleton prévoyait un certain nombre de travaux scientifiques[3] :

Comparaison entre l'Europe et l'Antarctique. Celui-ci fait environ 2 500 km de rayon.
  • au niveau de la base établie dans la mer de Weddell, un groupe devait étudier la faune tant terrestre que marine et faire des relevés météorologiques ;
  • respectivement dans la Terre de Graham et dans le Enderby Land, deux détachements circulant à traîneaux devaient effectuer un certain nombre d'observations essentiellement de nature géologique ;
  • dans la mer de Ross, des études géologiques devaient également être menées sur le glacier Beardmore afin de mieux connaître l'histoire du continent ;
  • enfin, les deux bateaux étant équipés pour effectuer tous les types de travaux hydrographiques, le relevé des fonds marins le long des côtes était aussi prévu.

Préparation et financement de l'expédition

Shackleton dut frapper à plusieurs portes pour réunir les fonds nécessaires à son entreprise. Parmi les bailleurs de fonds les plus importants, on retrouve le gouvernement britannique pour 10 000 livres et le riche industriel James Key Caird pour la somme très importante de 24 000 livres[4]. D'autres bienfaiteurs se manifestèrent comme Janet Stancomb-Wills, fille d'un magnat du tabac, et Dudley Docker, de la Birmingham Small Arms Company. D'autres contributions modestes sont à signaler comme celles de la Société royale de géographie pour 1 000 livres ou encore les souscriptions lancées dans de nombreuses écoles de tout le Royaume-Uni qui avaient l'honneur de pouvoir baptiser de leur nom le chien parrainé[5].

Shackleton fit l'acquisition de deux navires : l’Endurance pour son équipe de la mer de Weddell et l’Aurora pour l'équipe de la mer de Ross.

Pour recruter les équipages, Shackleton fit passer dans les journaux le 1er janvier 1914 une annonce pour laquelle il reçut pas moins de cinq mille réponses positives[6]. Il retint la candidature de cinquante-six hommes.

Les deux équipes rencontrèrent des difficultés dans leurs voyages mais l'histoire de celle emmenée par Shackleton sur l'Endurance est de loin la plus connue.

L'expédition d'Ernest Shackleton

Alors que Shackleton hésite encore à appareiller, Winston Churchill lui demande de lever l'ancre[7]. L’Endurance quitte donc Plymouth le 9 août 1914, fait escale brièvement à Buenos Aires puis à Grytviken en Géorgie du sud. Il doit patienter un mois avant d'aller plus sud car le pack[Note 8] s'étend très au nord cette année-là[7]. Le 5 décembre, il fait route vers la côte antarctique avec 28 hommes à bord. L'expédition rencontre pour la première fois le pack juste avant la nouvelle année mais Shackleton estime alors que l'Endurance est tout à fait capable d’arriver jusqu’au lieu du débarquement[8].

L'Endurance pris dans les glaces en février 1915.

Le 10 janvier 1915, ils parviennent au pied des grandes murailles de glace de 30 mètres qui masquent la portion de côte antarctique de la Terre de Coats découverte et baptisée par le dernier explorateur britannique à avoir pénétré dans ce secteur, William Speirs Bruce en 1904.

Deux jours plus tard, ils franchissent la latitude 74° Sud et pénètrent dans une région jusque là jamais explorée au nord de la côte de Luitpold. Shackleton devait appeler cette partie du littoral nouvellement découverte la côte de Caird du nom du commanditaire de l'expédition, James Key Caird[Note 9].

Plus le navire avance, plus la progression dans le pack se fait difficile mais Shackleton reste confiant. Mi-janvier, la distance quotidienne franchie par le bateau est devenue variable : parfois le chemin est bloqué par la glace et il n'y a plus rien d'autre à faire qu'attendre mais d'autres fois la glace est suffisamment fragmentée pour permettre d'avancer en eau libre. Périodiquement, le bateau est entièrement cerné de glace. Finalement l'expédition arrive à atteindre son but : la latitude 78°Sud.

Vers le 19 janvier 1915, l’Endurance progresse une dernière fois avant d'être définitivement bloqué par la glace[9]. Au cours des semaines suivantes, la glace se morcelle à environ 180 mètres de là et la glace se ramollit ponctuellement autour de la coque du bateau mais le bateau reste bel et bien bloqué pris dans les glaces. Les tentatives pour le libérer s'avèrent toutes vaines[Note 10].

La dérive de l'Endurance

Aussi désespérée que puisse paraître sa situation aujourd'hui, Shackleton devait écrire plus tard que l'immobilisation du bateau, au début, n'était pas une source d'inquiétude. Bien qu'il soit tout à fait conscient que la glace entourant le bateau puisse devenir un problème, il savait également qu'il est courant pour un navire de se retrouver pris par les glaces dans les régions polaires mais que celui-ci se trouvait généralement libéré plus tard[Note 11]. Initialement donc, Shackleton a pour seul regret de ne pas avoir arrêté plus tôt la course de son bateau de manière à camper près d'un endroit qui aurait permis de lancer l'expédition terrestre au printemps suivant.

L'équipage essayant de libérer le navire.

Telle que la situation se présente, il semble évident que le courant entraîne le bateau vers l'ouest, peut-être même vers le nord, et effectivement cela se produit assez vite. Tout le temps que dure cette dérive dans les glaces, la capitaine de l’Endurance, Frank Worsley, continue d'enregistrer les déplacements du navire, et tandis que celui-ci ne dérive que de quelques milles en février, le pack accélère sa dérive en direction du nord entraînant avec lui l’Endurance toujours plus loin de la côte de Luitpold. Cela met fin rapidement aux espoirs de Shackleton de traverser le continent à la saison suivante.

Le 1er mai 1915, le soleil se lève une dernière fois sur l'Antarctique avant l'hiver[10] et le morceau de banquise dans lequel l’Endurance est alors pris ne forme qu'une surface de quelques milles carrés. À ce moment-là, Shackleton estimait que la glace se romprait au retour de l'été ou, au pire, quand la dérive de la banquise aurait entraîné le bateau dans l'extrême nord de la mer de Weddell. Cependant, à mesure que le printemps approche puis quand il est bien installé, il devient évident que libérer le navire des glaces ne serait pas aussi simple. À mesure que la glace se rompt, d'énormes morceaux de banquise se déplacent puis s'agrégent avec une force incroyable qui rend vains les efforts de l'équipage pour dégager le bateau.

À partir d'août et au cours des mois de septembre et d'octobre, les hommes observent que de dangereuses fissures s'ouvrent dans la glace puis se referment. Dès juillet, Shackleton informe le capitaine Worsley qu'il considère l’Endurance comme bientôt perdu[11]. Bien que ce navire était en mesure de résister à des pressions importantes comme n'importe quel « bateau polaire » de l'époque, son cas était désespéré. Le 24 octobre, ce qui était considéré comme inévitable se produit, le navire est enfoncé à tribord par la banquise. La pression de la glace contre le flanc du navire continue de monter jusqu'à ce que le pont commence à se tordre et se fendre ; c'est à ce moment-là que l'eau commence à affluer dans le navire. La rupture du bois produisait des bruits terrifiants que les marins ont décrit par la suite comme ressemblant à ceux produits par « de grands feux d'artifice ou la détonation de canons »[Note 12]. L'équipage essaye sans relâche de pomper l'eau.

Cependant, au bout de quelques jours, le 27 octobre, Shackleton est contraint de donner l'ordre d'abandonner le navire[12], et l'équipage se transporte sur la glace, alors que la température est de −25 °C, avec les chiens de traîneau, leurs vivres et provisions et les trois canots de sauvetage[13]. Dans les semaines qui suivent, l'équipage continue de tenter de sauver tout ce qui peut l'être, en particulier les photographies et le matériel photographique qui ont été laissés dans le navire. Toutefois, partiellement inondé et la glace continuant de le travailler, il est désormais acquis que le navire est condamné et le 21 novembre 1915, l’Endurance disparaît sous l'eau à 69°00′S 51°30′W / -69, -51.5.

Les tentatives à traîneau

L'Endurance sur le point de couler en novembre 1915.

Sans l'ensemble des provisions stockées sur le bateau, continuer l'expédition comme elle était programmée n'est plus envisageable et Shackleton fait savoir à ses hommes qu'il n'est plus question que de rentrer au Royaume-Uni. À ce moment-là il compte diriger son équipe vers l'île Paulet[14] qui avait été un refuge de l'expédition suédoise Antarctic cinquante ans plus tôt[Note 13].

Il pense que cette île n'est qu'à 450 km à l'ouest de leur position et à une distance tout à fait raisonnable étant donné leur stock de provisions prévu pour traverser le continent. Toutefois, une fois la marche entreprise, celle-ci se révèle plus difficile que prévu. Le relief de la glace autour d'eux rend la progression difficile. La surface du terrain n'a pas grand chose de commun avec celle du continent. Comme la pression horizontale a augmenté, la glace s'est soulevée en formant des monticules et des crêtes souvent hautes de trois mètres. Le sol n'est en aucune façon nivelé pour traîner les canots et l'équipement. De plus, à mesure que le temps se réchauffe et que le courant les emporte plus au nord, le pack devient plus mince et se craquelle, rendant cet exercice encore plus difficile et dangereux. Se déplacer sur la glace accroît le risque de voir les équipes séparées. De plus, si l'un des canots se retourne, il risque d'en être sérieusement endommagé. Shackleton tente par deux fois de faire avancer ses hommes mais l'avance précautionneuse se révèle bien trop lente. Lors de l'une de ces tentatives, l'équipe ne progresse que de 18 km après sept jours d'efforts intenses et à ce rythme, il leur aurait fallu 200 jours pour parcourir la distance nécessaire, une durée pour laquelle les provisions auraient manqué. Par deux fois découragé, Shackleton renonce à son plan[Note 14] et l'équipe monte ses tentes pour installer un nouveau camp sur la glace[15].

La conséquence immédiate de ces quelques kilomètres parcourus a été de réduire leur stock de provisions. En plus d'avoir eu besoin de plus de calories pour traîner les canots, l'équipe s'est éloignée de l'endroit où les hommes avaient déchargé tout ce qu’ils avaient pu du bateau en perdition. Devant l'impossibilité d'emporter la totalité sur les traîneaux, beaucoup de ces provisions avaient été laissées sur place en espérant ainsi alléger le poids des équipages. À cause de ces stocks réduits, le phoque[Note 15] et le manchot, qui auparavant permettaient de varier les menus, deviennent l'aliment de base des repas, Shackleton essayant de conserver les rations pour un usage futur. Le combustible qui est nécessaire pour se chauffer, cuisiner et tout simplement fondre la glace pour obtenir de l'eau, doit être complété par de l'huile de phoque. En conséquence, lorsque les phoques et les manchots commencent de manière inexplicable à disparaître du paysage, certains des hommes s'alarment et les rations alimentaires sont réduites[16]. Finalement les chiens de traîneau sont tous abattus[Note 16].

Le voyage en canot de sauvetage vers l'île de l'Éléphant

Le 9 avril 1916, les hommes sautent dans les canots car leur camp est sérieusement menacé par une rupture imminente de la banquise. Le bris des glaces permettent une plus grande mobilité sur mer et Shackleton, qui s'est depuis quelque temps déjà préparé à ce moment, sait où diriger son équipe. Il semble que la meilleure destination soit l'île de la Déception à environ 300 km à l'ouest de leur position qui, non seulement est pourvue de provisions pour d'éventuels naufragés, mais possède aussi une petite église en bois qui pourrait servir utilement au charpentier de l'expédition pour améliorer les canots de sauvetage[Note 17]. Les autres solutions sont l'île de l'Éléphant et l'île Clarence, toutes deux ayant été à portée de vue au mois de mars. Toutefois, malgré tous les avantages escomptés par un accostage sur ces îles, elles sont au bout de quelques jours hors d'atteinte.

Une fois installés dans les canots et même si la viande de phoque ne fait pas défaut, il s'avère très difficile d'entretenir le fourneau pour cuisiner et faire fondre la glace indispensable pour étancher leur soif qui bientôt les tourmente tous. Certaines nuits, la température descend à −20 °C et les hommes sont continuellement arrosés par l'eau de mer. Beaucoup sont alors gelés et le moral du groupe est pour la première fois véritablement bas[17]. Le manque de protection contre l'environnement offert par les canots les met dans une situation qu'ils n'ont pas connue dans les camps précédents et Shackleton comprend qu'il n'a pas d'autre choix que de conduire ses hommes au refuge le plus proche. Après sept jours de navigation ils mettent pied à terre sur l'île de l'Éléphant le 14 avril 1916.

Le voyage du James Caird

L'île de l'Éléphant n'est pas l'endroit idéal où attendre du secours. L'île est inhospitalière avec son étendue aride constituée exclusivement de rochers, de neige et de glace. Malgré la relative abondance de phoques et de manchots sur les côtes de l'île, il est difficile pour les hommes du groupe de prévoir combien de temps cela peut durer. L'arrivée très proche de l'hiver dans cette région est aussi une source d'inquiétude et au cours des tous premiers jours sur l'île, le temps du passage de Drake semble vouloir faire honneur à sa terrible réputation. Enfin et peut-être même surtout, l'île est loin des endroits que l'expédition a envisagé d'atteindre et se trouve hors de toutes les routes maritimes connues si bien que la possibilité d'apercevoir un navire ou un quelconque secours est bien mince.

Le lancement du James Caird depuis les côtes de l'île de l'Éléphant le 24 avril 1916.

En toute logique, Shackleton comprend qu'il est essentiel de tenter de repartir immédiatement et il lui semble évident que leur salut passe par le retour en Géorgie du sud, quand bien même cela signifie naviguer plus de 800 miles (1 500 km) sur l'océan dans un des canots de sauvetage qui leur a permis d'arriver jusqu'ici. Ce voyage en canot, le voyage du James Caird, reste une des traversées maritimes les plus exceptionnelles de tous les temps.

Les eaux que Shackleton doit affronter dans son bateau de sept mètres de long[Note 18] lesté avec une demi tonne de galets et de sacs de sable[18] sont connues pour être les plus traîtresses du monde. Shackleton a écrit plus tard que les coups de vent sont monnaie courante dans ces eaux et Worsley a écrit que des phrases telles que « eight bells », indiquant des vents et une mer de force 8 sur l'échelle de Beaufort, étaient courantes. Des rapports météorologiques modernes confirment que des coups de vent de 60 à 70 km/h sont enregistrés dans le passage de Drake en moyenne 200 jours par an engendrant des creux d'environ sept mètres[19]. Des marins ont souvent raconté avoir rencontré de très grandes vagues dans ces eaux et certaines sources rapportent que des vagues d'environ 20 mètres ne sont pas rares[19],[Note 19]. Les météorologistes expliquent que ces conditions climatiques extrêmes sont causées par la force de Coriolis des latitudes moyennes qui, un peu plus au sud, cause un puissant courant atmosphérique d'est qui contourne l'Antarctique. L'absence de terres émergées engendre un courant atmosphérique ininterrompu qui trouve son correspondant dans un puissant courant océanique : le goulet d'étranglement constitué par le Cap Horn et la péninsule Antarctique, auquel s'ajoute une topographie sous-marine peu profonde, amplifient encore ces conditions dans le passage de Drake ainsi que tout de suite à l'est, dans la mer de Scotia. Bien sûr, cela vient simplement confirmer ce que les marins savent sur ces régions depuis des siècles et d'ailleurs la difficulté de traverser le passage de Drake est légendaire. Les marins appellent souvent ces dangereuses latitudes les « quarantièmes rugissants », les « furieux cinquantièmes » et les « soixantièmes hurlants » et au cours des siècles passés, les marins ont souvent cité l'adage : « sous 40 degrés, il n'y a plus de loi, mais sous 50 degrés il n'y a plus Dieu. » La position de départ de Shackleton sur l'île de l'Éléphant est de 61°S et sa destination de 54°S ce qui place son équipage à bord du James Caird en plein dans ce phénomène. Et de fait, Shackleton renonce à emporter des vivres pour plus de quatre semaines sachant que s'ils n'ont pas touché terre avant cela, c'est qu'ils sont perdus. Il est clair que Shackleton et son petit équipage sont régulièrement confrontés à des vagues aussi hautes que leur bateau est long et il semble bien qu'à l'occasion certaines vagues aient été bien plus grosses. Le témoignage qui suit décrit ce qu'on appelle aujourd'hui une vague scélérate.

« À minuit, j'étais au gouvernail. Soudain, vers le sud, m'apparut une ligne claire dans le ciel. J'en prévins les autres ; puis, après un instant, je compris que la clarté en question n'était pas un reflet dans les nuages, mais la crête blanche d'une énorme vague ! Après vingt-six ans de navigation, je connaissais l'océan dans toutes ses humeurs, mais jamais je n'avais rencontré sur ma route une vague aussi gigantesque. C'était un puissant soulèvement qui n'avait rien de commun avec les hautes lames coiffées de blanc, nos ennemies inlassables[20]. »
L'expédition Endurance sur une carte de l'Antarctique tel qu'il est connu de nos jours.
     Le voyage de l’Endurance      La dérive de l’Endurance pris dans les glaces      Après que le navire a coulé, dérive sur le pack et voyage en canot vers l'île de l'Éléphant      Le voyage du canot James Caird jusqu'en Géorgie du Sud      Le trajet de l'expédition tel qu'il était prévu à l'origine[Note 20]      Le voyage de l’Aurora      La prise dans le pack de l’Aurora et son remorquage, laissant sur place une partie de l'équipe      La mise en place des dépôts de provisions

En vue de cette traversée, Shackleton a sélectionné les marins les plus aguerris pour l'accompagner en Géorgie du sud, John Vincent et Tim McCarthy, ainsi que l'officier expérimenté et décoré qu'est Thomas Crean. Shackleton a également recours au charpentier de l'expédition, Harry McNish, qui entreprend immédiatement d'améliorer le canot de sauvetage choisi en surélevant ses bords, en renforçant sa quille et en construisant un pont improvisé fait de bois et de tissu, le tout enduit d'huile et de sang de phoque[21]. La tâche ardue et difficile de la navigation est confiée à Frank Worsley. S'assurer en permanence de suivre la bonne route est de la plus extrême importance car rater leur but signifie à coup sûr condamner l'équipage. Les mauvaises conditions météorologiques, les tempêtes, l'horizon bouché et les creux importants compliquent considérablement la tâche car pouvoir relever la hauteur de la lune ou du soleil au-dessus de l'horizon est essentiel pour pouvoir déterminer la position du bateau. Cela n'est réellement possible que quatre fois au cours de la traversée.

Le 8 mai 1916, après quinze jours, épuisés et assoiffés, l'équipage est en vue de l'île et se réjouit déjà d'avoir accompli ce voyage. Cependant, afin d'éviter un accostage de nuit sur une côte inconnue et non cartographiée, ils reprennent le large pour attendre le matin mais au même moment un orage éclate avec des vents de la force d'un ouragan[22]. L'équipage fait front pendant neuf heures périlleuses, tentant de ne pas sombrer et d'éviter les récifs, jusqu'à ce qu'ils puissent enfin atteindre la côte le 10 mai. D'autres n'ont pas cette chance : Worsley rapporta plus tard qu'un vapeur de 500 tonneaux naviguant de Buenos Aires vers la Géorgie du sud avait rencontré le même orage et qu'il avait sombré[22]. Le petit équipage de Shackleton est donc venu à bout de la tempête et d'une traversée semée de périls à bord du non moins petit James Caird[23].

Traversée de la Géorgie du Sud

En tentant de contourner l'île pour atteindre la côte peuplée au nord, Shackleton aurait pris le risque d'un naufrage à cause des vents dominants. C'est pourquoi il a décidé de faire accoster le James Caird dans la baie bien abritée du Roi Haakon. Ils sont proches du but mais il est encore nécessaire de traverser l'île par l'intérieur des terres, connu pour être à l'époque un terrain impénétrable formé de montagnes neigeuses et de glaciers. Le besoin vital de rejoindre une des stations baleinières de la côte nord est l'occasion pour Shackleton d'effectuer la première traversée de la Géorgie du Sud et cela de façon impressionnante puisque effectuée à une vitesse que des alpinistes chevronnés et équipés auraient du mal à atteindre de nos jours[24].

À compter du 19 mai 1916 à 2 heures du matin, après avoir laissé les trois membres les plus épuisés par la traversée dans la baie du Roi Haakon, Shackleton, Worsley et Crean marchent 36 heures depuis cette baie jusqu'à Stromness à environ une trentaine de kilomètres à vol d'oiseau mais en empruntant une voie qui est tout sauf rectiligne et en devant plusieurs fois rebrousser chemin. Ils ont improvisé des crampons en fixant des clous à la semelle de leurs bottes et ont pris avec eux l'herminette du charpentier en guise de piolet. Sans aucun autre équipement spécial ni tente, ils accomplissent cette mission de la plus haute importance dans des espaces montagneux non cartographiés[25].

Panorama de la Géorgie du sud.

En débarquant à Stromness, Shackleton et son équipe sont accueillis par l'administrateur de la station et hébergés dans sa maison. On leur offrit plus tard un banquet organisé par des baleiniers admiratifs de leur traversée aventureuse sur le James Caird dans un océan que tous ne connaissaient que trop bien[22].

McNish, McCarthy et Vincent qui ont été laissés dans la baie du Roi Haakon sont secourus le lendemain par un baleinier. Ils ne reconnaissent pas immédiatement Worsley qui accompagne les marins[26].

L'île de l'Éléphant

Position de l'Île de l'Éléphant (au Nord-Est) dans l'archipel des Îles Shetland du Sud.

Depuis le départ du James Caird de l'Île de l'Éléphant et jusqu'à la fin août 1916, les 22 hommes sont restés en arrière avec Frank Wild, le fidèle second de Shackleton, pour les encadrer. Ces hommes ont attendu patiemment le jour où Shackleton s'en reviendrait les secourir et ont en même temps lutté contre les éléments de cette île inhospitalière pour leur survie. Shackleton a écrit que pendant la quinzaine de jours qu'il avait passé sur l'île avant son départ pour la Géorgie du Sud, les vents soufflaient entre 112 et 145 kilomètres à l'heure, ce qui avait fini d'achever en lambeaux les tentes qui les avaient si bien abrités sur la banquise.

En dépit du fait qu'ils ont parcouru près de 1 500 kilomètres vers le nord depuis l'endroit où l'Endurance a été prise dans les glaces, les températures continuent d'être glaciales. C'est pourquoi, pour pouvoir survivre, les hommes restés sur l'île ont construit une petite cabane avec comme toit les deux canots de sauvetage restants retournés et des pierres ramenées de la plage pour servir de petits murets de soutien. Ce qu'il reste des tentes est cousu de manière à isoler la structure. Dans le même but de la neige est empilée autour de l'abri. La cabane tient bon au milieu des blizzards et des coups de vent violents. Le temps glacial est toutefois préférable aux radoucissements car dans ce dernier cas, la viande de phoque stockée dégèle et commence à pourrir. De même l'isolation due à la neige disparaît en transformant l'intérieur de l'abri en flaque d'eau. Depuis qu’elle campe sur la glace, l'équipe a toujours préféré un temps froid mais sec.

Le sauvetage

Les 22 hommes laissés sur l'île de l'Éléphant saluent le retour de Shackleton venu les secourir.

Il faut quatre tentatives à Shackleton pour qu'il réussisse finalement à retourner à l'île de l'Éléphant et à rapatrier les hommes laissés sur place. Le départ de sa première tentative a lieu seulement trois jours après son arrivée à Stromness le 23 mai 1916. Après avoir vu le navire The Southern Sky inutilisé dans le port, Shackleton s'arrange pour le conduire jusqu'à l'île de l'Éléphant. Les pêcheurs locaux sont prompts à lui fournir l'aide nécessaire. Malheureusement, à mesure que le navire approche de la destination, l'équipe de secours menée par Shackleton se rend compte que la banquise s'est étendue durant l'hiver. The Southern Sky n'a pas été construit pour briser la glace et Shackleton est obligé de faire marche arrière direction Port Stanley dans les îles Malouines. C'est d'ailleurs à ce moment-là, le 31 mai 1916 au soir, que Shackleton peut envoyer un télégramme à Londres pour dire brièvement ce qu'il est advenu de son expédition. Il reçoit le lendemain un message du roi :

« Enchanté de vous savoir arrivé sain et sauf dans les îles Falkland, et espère que vos camarades sur l'île de l'Éléphant seront bientôt secourus. George R. I.[27] »

Une fois acquis le fait qu'aucune aide officielle du Royaume-Uni, alors en pleine Première Guerre mondiale, ne peut être envisagée avant six mois, Shackleton continue ses efforts en Amérique du Sud : d'abord avec l'aide d'un bateau fourni par le gouvernement urugayen, L’Instituto de Pesca No. 1, puis plus tard sur un navire privé, l'Emma, grâce à l'aide financière du britannique Allan McDonald ; en remerciement Shackleton donnera son nom à un glacier[Note 21]. Chacune de ces dernières tentatives est contrecarrée d'abord par la banquise puis par le temps de plus en plus mauvais de la saison hivernale.

Cependant, le 30 août 1916, quatre mois après son départ de l'île de l'Éléphant, Shackleton réussit à s'approcher de l'île et embarque tous les hommes sur un navire chilien, le Yelcho, commandé par Luis Pardo. Les vingt-deux hommes restés sur l'île sont sains et saufs.

La liste de l'équipe de la mer de Weddell (Endurance)

L'Endurance coulant.
La dérive de l'Endurance (1927).

Cinq membres de l'expédition Endurance dont Shackleton avaient une expérience des voyages polaires. Ils avaient auparavant participé à certaines expéditions telles que Discovery (1901-1904), Nimrod (1907-1909), Terra Nova (1910-1913) et Aurora (1911-1914). Certains participeront même à l'expédition Shackleton-Rowett (1921-1922) quelques années après l'Endurance.

Seuls quatre membres de l'équipage de l'Endurance n'ont pas reçu la médaille polaire : Harry McNish, John Vincent, William Stephenson et Albert Holness.

Source[28]

Deuxième équipe et premiers dépôts d'approvisionnement

Une partie de l'équipage de l'Aurora.

La deuxième équipe, appelée Ross Sea Party, est menée par Æneas Mackintosh et part de Londres pour Sydney. De là, elle doit rejoindre la mer de Ross puis traverser une partie de l'Antarctique à proximité de l'île de Ross pour déposer des vivres destinés à l'équipe de Shackleton qui arrive de l'autre côté du continent[29]. Shackleton connaît bien cette région pour s'y être déjà rendu en 1908 lors de l'expédition Nimrod.

Partis de Hobart le 24 décembre 1914, douze hommes de l'Aurora débarquent avec des chiens de traîneau et des provisions le 21 janvier 1915. Ces hommes doivent apporter la nourriture et le carburant par traîneau à la latitude 80°S pendant l'été et, une fois arrivés sur place, construire un dépôt de nourriture pour l'équipe de Shackleton qui vient de la mer de Weddell. La construction d'autres dépôts plus au sud jusqu'au Glacier Beardmore est prévue pour la saison 1915 - 1916. Ils hésitent sur leur lieu d'implantation car ils ont à l'esprit la possibilité de trouver de la nourriture au cap Crozier[Note 27] mais l'endroit ne se prête vraiment pas à l'installation d'abris[30].

Le 24 janvier 1915, Joyce, Gaze et Jack quittent le bateau avec une partie des approvisionnements. Mackintosh, Spencer-Smith et Wild font de même le jour suivant, suivis également par un autre groupe de six autres hommes avec un traîneau à moteur le 30 janvier. Mackintosh utilise beaucoup les chiens sans leurs laisser le repos nécessaire, ce que Joyce lui signale. Mais Mackintosh s'inquiète du fait que Shackleton peut avoir besoin d'approvisionnements dès la première année[31].

Le 20 février 1915, ils atteignent 80°S. Le groupe des six est retourné en arrière lors du parcours, il ne reste donc plus que six hommes. Les hommes souffrent énormément du temps froid et venteux[32], du manque de nourriture, des maladies et du décès rapide de 16 des 18 chiens qui les accompagnent.

Tempête et perte de contact avec l'Aurora

Carte de l'île de Ross.

Le 7 mai 1915, une tempête vers le cap Evans rompt les amarres de l’Aurora. Le navire est entraîné vers le large par un vent violent. Mackintosh et son premier groupe, composé de Joyce, Jack, Cope, Wild et Hayward, sont déjà sur la banquise quand l'Aurora commandé par Stenhouse est emporté vers le large, ce qui prive l'équipe d'un moyen de repli et également de la majeure partie de ses provisions. Les hommes à terre occupent donc l'abri de l'expédition Terra Nova qui se trouve à proximité.

Malgré cela, ils s'élancent vers la barrière de Ross pour accomplir leur mission et créer les dépôts de vivres que doivent utiliser Shackleton. Ils atteignent la péninsule de Hut Point, où se trouve le Hut Point, un dépôt abandonné par la précédente expédition Discovery de Robert Falcon Scott.

Le géologue Alexander Stevens, le photographe et aumônier Arnold « Padre » Spencer-Smith, le physicien australien Richard W. Richards et Irvine Gaze sont laissés dans cet abri pour des observations scientifiques, mais ceux-ci sont dépourvus de provisions, d'affaires personnelles et d'habits, ainsi que du carburant qui leur sont nécessaires, car tout est resté dans le navire. Seul un peu de biscuit, du thé et du cacao pour les stocks a été débarqué.

L’Aurora est, à l'instar de l’Endurance, pris dans les glaces au large. Ce n'est que le 14 mars 1916 que le navire peut reprendre la mer mais il nécessite des réparations importantes. Il fait alors route vers Port Chalmers en Nouvelle-Zélande au large duquel il est pris en charge par un remorqueur le 12 avril. Pendant ce temps, les dix hommes à terre sont livrés à leur propre sort.

Nouveaux dépôts de provisions plus au sud

Le premier dépôt, le Minna Bluff, qui est proche de leur position, est construit en février mais le groupe ne peut que retourner à l'abri de l'expédition Discovery et non directement à celui du cap Evans. La seule façon d'atteindre cet abri plus grand est de traverser à pied le détroit de McMurdo et cela est seulement possible quand la glace se trouve bien gelée pour éviter qu'elle ne se brise sous le poids des explorateurs. Les six hommes doivent attendre une période plus froide. À leur retour le 2 juin, ils sont surpris de ne pas voir l'Aurora.

La moitié du travail d'approvisionnement n'a pas été complétée alors même que les hommes pensent que la survie de l'équipe de Shackleton dépend entièrement de ces dépôts.

L'abri de l'expédition Terra Nova au cap Evans servit de principal camp de base en l'absence de l'Aurora.

L'équipe est alors contrainte de se contenter de ce qui lui reste. Ils fabriquent eux-mêmes leurs habits à partir de toiles de tente non utilisées, leurs chaussures et leurs sacs de couchages avec ce qu'ils ont sous la main. La plupart des hommes sont fumeurs et n'ont que peu de tabac, ils créent donc un « mélange de l'abri » à partir d'herbes marines, de sciure, de feuilles de thé et de café.

Ils travaillent inlassablement, non sans conflit, par un hiver rude pour assurer les approvisionnements et la construction des dépôts tout le long de la barrière de glace jusqu'au glacier Beardmore. Ils économisent autant que possible le carburant et la nourriture, se limitant essentiellement à de la viande de phoque, seule ressource non limitée.

En septembre, ils tentent de déplacer des approvisionnements du cap Evans à l'abri de l'expédition Discovery mais n'ont que peu de succès. Richards et Gaze s'acharnent aussi à réparer le traîneau à moteur, là aussi sans réussite. Le plan de Mackintosh est de continuer sans les chiens mais Joyce estime qu'ils sont le seul espoir de succès.

Le 9 octobre, neuf hommes quittent l'abri avec quatre chiens. Ils ont trois traîneaux et essayent de les grouper mais rapidement, ils se divisent en trois petits groupes.

Le 26 octobre, Joyce aperçoit un objet sur la glace : un piolet avec une note attachée dessus.

« 19 mars 1912.
Cher Monsieur,
Nous sommes partis ici ce matin avec les chiens pour le « Hut point ». Nous n'avons placé aucun dépôt sur le chemin. Je n'ai pas eu la possibilité de laisser de note avant.
 »

Cette note provient en fait de l'équipe de secours menée par Apsley Cherry-Garrard à la recherche de Robert Falcon Scott et de son équipe lors de leur disparition pendant l'expédition Terra Nova. Cela leur rappelle qu'aucun secours ne leur sera envoyé[33].

L'abri de l'expédition Discovery.

Au commencement, ils prévoient de faire plusieurs voyages à partir de l'abri jusqu'aux Corner Camp et One Ton Depot afin d'apporter les approvisionnements nécessaires pour le transport final. Puisque Shackleton a désigné Mackintosh comme responsable de l'équipe mais a indiqué que le musher expérimenté, Joyce, commande la partie dépôt de l'expédition, il y a de forts désaccords sur la façon de procéder.

Suite à un incident juste après le nouvel an, Cope, Jack et Gaze retournent à cap Evans tandis que les six autres continuent vers le sud en se préparant à de longs mois de parcours.

À mi-chemin du Beardmore, Mackintosh préconise le transport manuel et son groupe en est très gêné car cet effort est associé au régime alimentaire peu calorique. Spencer-Smith, Mackintosh et lui-même souffrent de blessures et leur dernière nourriture fraîche remonte à octobre. Cependant, ils luttent et réussissent à créer les dépôts pour Shackleton, gardant seulement un minimum de provisions pour eux-mêmes.

En se rapprochant du dépôt final près du Mont Hope et du glacier Beardmore à 82°30', Spencer-Smith s'effondre, incapable de continuer. Les autres le laissent seul dans la tente plus petite et poursuivent à la marche les 35-40 milles (environ 55-65 kilomètres) restants pour créer le dernier dépôt en espérant que le repos aide Spencer-Smith à reprendre des forces. Mais, souffrant du scorbut, le repos ne l'aide pas et ils le retrouvent très mal en point à leur retour.

Le long retour

L'équipe de la Ross Sea Party peu avant le départ en expédition.

Ils commencent leur voyage de retour presque immédiatement avec Spencer-Smith, souffrant mais ne se plaignant pas, placé dans un traîneau. Mackintosh est aussi incapable de continuer, les deux hommes sont donc placés à bord de traîneaux qui sont remorqués. Ils luttent pour chaque étape, passant les dépôts 82°, 81° et 80°. Ils prennent assez de nourriture pour une semaine au dépôt de 80° mais après 5 jours, leur progrès est stoppé par une tempête de neige, les forçant à une réduction des rations pour tenir. Au 22 février, la ration de chaque homme est de seulement huit morceaux de sucre et une moitié de biscuit[34]. Mackintosh demande aux autres de l'abandonner et de continuer. Dans le désespoir, Joyce, Richards et Hayward avancent pour rechercher la nourriture d'un dépôt à environ une quinzaine de kilomètres, laissant les invalides sur place. Tous les hommes sont touchés par le scorbut. Combattant des vents de près de 130 km/h, les chiens doivent rester trois jours sans manger alors que les hommes subsistent avec du thé et les restes des aliments pour chiens[33].

Joyce, Richards, Hayward et les chiens, gelés et aveuglés par les forts vents, sont forcés de camper deux fois sur un parcours de quinze kilomètres. Étonnamment, ils réussissent à trouver le plus grand des dépôts malgré la tempête de neige. Ils nourrissent les chiens affamés puis eux-mêmes avec un peu de farine d'avoine. Ils reposent les chiens pendant un jour et réparent leur tente déchiquetée.

Enfin, après une semaine, ils peuvent retourner avec des provisions du dépôt mais toujours sans aucune nourriture fraîche pour contrer le scorbut. Wild s'est occupé du très faible Spencer-Smith et de Mackintosh mais ne dispose de presque plus de vivres. Voyant les autres revenir, Wild sort de la tente et met son harnais pour aider à tirer le traîneau. Mackintosh ne peut pas se tenir debout mais rampe dehors pour remercier le groupe de Joyce de leur aide.

La mort de Spencer-Smith

Mackintosh et Spencer-Smith sont remorqués dans le traîneau.

Les deux invalides sont placés sur des traîneaux pour le voyage de retour. Mackintosh est toujours très faible et glisse de son traîneau deux fois sans que le groupe ne s'en aperçoive. Ils doivent donc faire marche arrière pour le rechercher. Trop faible eux-mêmes pour continuer de transporter les deux invalides et avec Hayward s'écroulant à son tour, Mackintosh est laissé dans une tente. Joyce, Wild et Richards se dépêchent d'atteindre le Hut Point avec Spencer-Smith et Hayward. À 5h45 du matin le 9 mars, Spencer-Smith meurt à seulement quelques jours de la viande fraîche de l'abri[35]. Après l'avoir enterré, les quatre autres se dirigent vers l'emplacement de l'abri et y arrivent le 11 mars. Après s'être nourris de viande de phoques, ils repartent en arrière pour rechercher Mackintosh. Les cinq survivants sont saufs dans l'abri de l'expédition Discovery.

La mort de Mackintosh et de Hayward

La deuxième équipe de l'expédition Endurance sur une carte de l'Antarctique tel qu'il est connu de nos jours.      Le trajet de la première équipe de Shackleton tel qu'il était prévu à l'origine[Note 20].      Le voyage de l’Aurora      La tempête sur l’Aurora et sa prise dans le pack, laissant sur place une partie de l'équipe      La mise en place des dépôts de provisions

Mackintosh, Joyce, Richards, Hayward et Wild ont survécu mais sont maintenant coincés dans l'abri avec de la viande de phoque pour seule nourriture et du carburant. La glace est trop mince pour qu'ils risquent le voyage final du Hut Point au cap Evans. Le 8 mai 1916, Mackintosh, qui peut de nouveau tenir debout, annonce que lui et Hayward envisagent de marcher jusqu'au cap Evans. Ils partent donc malgré les objections de leurs compagnons et disparaissent dans l'heure suite à un féroce blizzard. Les autres partent les rechercher après la tempête le 10 mai mais ne trouvent que les traces de leur traîneau au bord de la banquise cassée. Mackintosh et Hayward sont certainement tombés sur de la glace trop mince qui a rompu sous leurs pas[36].

Richards, Joyce et Wild attendent jusqu'au mois plus froid de juin pour faire le voyage. Leur marche sur la glace du détroit de McMurdo est marquée par une éclipse lunaire inattendue alors qu'ils espéraient profiter de la pleine lune[37]. Quand ils atteignent les trois autres à l'abri de l'expédition Terra Nova, ils ne trouvent aucun bateau. Ils se sentent très affectés par la mort de Mackintosh et de Hayward après une telle lutte pour survivre sur la barrière.

Complètement ignorant du destin de Shackleton et de son équipe sur la mer de Weddell et de la perte de l'Endurance, ils vivent un autre hiver en se demandant s'ils seront sauvés un jour.

L'arrivée de Shackleton

En décembre 1916, après avoir sauvé les hommes restés sur l'île de l'Éléphant, Shackleton part pour la Nouvelle-Zélande où l'Aurora a été réparé. Shackleton met les voiles pour l'île de Ross afin de secourir des hommes dont il n'a pas de nouvelles.

Le soulagement final vient le 10 janvier 1917 lorsque Richards en train de chasser des phoques voit un bateau à l'horizon. C'est l'Aurora. Shackleton demande immédiatement combien d'hommes ont survécu. Il apprend alors que trois membres de l'expédition ont péri, l'un au cours de la mission de dépôt de vivres - qui s'avère un succès inutile[38] - et deux autres sur la mer de Weddell[Note 28].

Les survivants sont rapatriés à Wellington.

Une épopée méconnue

Les hommes de l'équipe de la mer de Ross ont passé sur la glace un nombre de jours qui reste aujourd'hui rarement égalé. Ils sont les derniers occupants des abris des expéditions Discovery et Terra Nova.

Leurs souffrances sont difficilement imaginables avec des températures aussi basses que -45°C, des vents d'une force extraordinaire, le manque de nourriture et d'eau, les gelures, les cécités dues à la neige, le scorbut, le manque de sommeil, les tentes déchirées et des vêtements et des chaussures inadaptés et détrempés. Ils ont supporté ces douleurs grâce à leur sens du devoir qui les a amené à se priver d'une nourriture dont ils avaient le plus grand besoin pour remplir les dépôts que devait utiliser l'expédition de Shackleton.

Seul quatre chiens ont survécu : Oscar, Gunner, Con et Towser ; mais Con a été tué par les autres chiens la veille de l'arrivée du secours. Les trois chiens ont été confortablement placés au Zoo de Wellington[33].

Leur histoire reste méconnue par rapport à celle de l'équipe principale bien que Shackleton y consacre une partie importante de son livre L'Odyssée de l'Endurance[39],[40].

Sur la péninsule de Hut Point se trouvent aujourd'hui deux stations de recherche scientifique, la McMurdo Station (États-Unis) et la Scott Base (Nouvelle-Zélande). Les abris de l'équipe de la mer de Ross existent toujours, en partie reconstitués et protégés par la Nouvelle-Zélande qui revendique l'île de Ross dans la dépendance de Ross. L'inscription de Richards sur sa couchette avec une liste des disparus peut encore y être lue.

La liste de l'équipe de la Mer de Ross (Aurora)

L’Aurora à quai.

Certains membres de l'expédition avaient une expérience des voyages polaires en ayant auparavant fait partie d'une autre expédition.

Liste non exhaustive - Source[33]

Le retour à la vie civile... et militaire

Wild, Richards (?) et Joyce.

Ces hommes qui sont rapatriés reviennent dans un monde en guerre, et pour beaucoup c'est à peine arrivés dans leurs pays d'origine qu'ils doivent repartir à la guerre dans les tranchées ou en mer. Le bilan, dressé par Shackleton lui-même donne trois morts et cinq blessés[42]. À ce titre on peut évoquer le destin tragique entre tous de Timothy McCarthy qui après avoir survécu à la traversée sur le James Caird a été le premier à perdre la vie dès 1917 au champ d'honneur lors d'un combat naval.

À l'origine il n'était pas prévu que les marins et les scientifiques cohabitent si longtemps ensemble et il a fallu d'importantes qualités de leadership pour que la situation ne dégénère pas tout d'abord grâce à Shackleton puis à Frank Wild sur l'île de l'Éléphant, que ce soit dans l'oisiveté de la dérive sur le pack qu'en situation de survie après la perte du navire. Il est notable qu'au cours de cette expédition Shackleton a conquis l'estime de certaines personnes qui ne le connaissaient pas et qui n'ont pas hésité à repartir sous ses ordres lors de son dernier voyage.

Des observations scientifiques menées, peu d'éléments ont survécu. Shackleton a du faire des choix stricts après la perte du navire et lors des déménagements parfois soudains sur la glace, laissant à chaque fois derrière lui du matériel. Toutefois il a constamment veillé à ce que Hurley conserve un maximum de clichés et que chaque membre de son groupe garde par devers lui le journal qu'il tenait. Il n'a jamais perdu de vue qu'il lui faudrait à son retour témoigner de leurs aventures. D'ailleurs, même si les chercheurs qui se sont intéressés à cette expédition ont eu accès à tout ou partie des nombreux journaux tenus par certains de ses participants, aucun de ces journaux n'a fait l'objet d'une publication intégrale. De telles publications permettraient sans doute au public d'approcher d'encore un peu plus près ce qu'ont vécu ces hommes.

Controverse sur la célèbre annonce

Dessin représentant le James Caird en route vers la Géorgie du sud publié dans le livre South de Shackleton en 1919.

Une annonce souvent citée ou reproduite, avec des variantes, est associée au lancement de cette expédition :

« Men Wanted: For hazardous journey. Small wages, bitter cold, long months of complete darkness, constant danger, safe return doubtful. Honour and recognition in case of success. »
« On demande des volontaires : pour un voyage dangereux. Peu rémunérateur, froid mordant, longs mois d'obscurité totale, danger permanent, chances de revenir vivant minces. Honneur et prestige assurés en cas de succès. »

Bien qu'on attribue généralement cette annonce à Ernest Shackleton et qu'on estime qu'elle a fait l'objet d'une publication dans un journal de Londres peu de temps avant le début de l'expédition, certains ont remis en cause le fait que ce texte ait jamais été écrit par Shackleton, ne serait-ce que parce que le texte est très provocateur et littéraire dans sa forme.

Un certain site web a récemment promis 100 dollars à qui serait capable de retrouver l'annonce originale[43]. Aucun gagnant ne s'est manifesté et beaucoup de personnes ont suggéré qu'il y a de grandes chances que cette annonce n'ait jamais existé. Parmi ces personnes, une a avancé l'hypothèse que l'annonce a été créée par Julian Watkins, l'auteur de 100 Greatest Advertisements publié en 1958, en mettant en avant le fait que bien que cette annonce soit positionnée en tête de liste, elle n'est accompagnée d'aucune photographie de l'originale comme c'est le cas pour les autres annonces mises en avant.

Une autre personne a exhumé une vraie annonce, longue de plusieurs paragraphes, que Shackleton avait fait publier dans un numéro du Geographic Journal. De toute façon, ce texte est tellement associé dans la mémoire collective à Shackleton, à quelques variantes près, que beaucoup d'ouvrages sur l'explorateur mentionnent cette annonce même s'ils reconnaissent qu'elle n'est peut-être pas authentique.

Postérité

L'expédition a laissé des traces dans la toponymie de l'Antarctique :

Repères chronologiques

  Date Durée depuis le départ de Londres[44] Description
5 décembre 1914 3 mois et 27 jours Départ de Grytviken en Géorgie du sud
7 décembre 1914 3 mois et 29 jours Entrée dans le pack
19 janvier 1915 5 mois et 10 jours L’Endurance bloqué dans la glace
27 octobre 1915 14 mois et 19 jours L'équipage abandonne l’Endurance
21 novembre 1915 15 mois et 13 jours L’Endurance sombre
9 avril 1916 20 mois et 1 jours Mise à la mer des canots
14 avril 1916 - Accostage sur l'île de l'Éléphant
24 avril 1916 - Départ sur le James Caird. Les 22 hommes restants campent sur l'île de l'Éléphant.
10 mai 1916 - Arrivée en Géorgie du sud
20 mai 1916 21 mois et 12 jours Arrivée à Stromness
30 août 1916 24 mois et 22 jours Les secours à bord du Yelcho arrivent à l'île de l'Éléphant


  Date Description
24 décembre 1914 Départ de Hobart
16 janvier 1915 Accostage au cap Evans
24 janvier 1915 Débarquement sur la glace et établissement des premiers dépôts de provisions
28 février 1915 Début du retour vers le camp de base
25 mars 1915 Arrivée au Hut Point et attente
7 mai 1915 L’Aurora rompt les amarres et dérive vers le large
1er septembre 1915 Lancement de la nouvelle campagne de dépôts de provisions depuis le cap Evans
18 janvier 1916 Dépôt à 82°S
27 janvier 1916 Arrivée 83°30'S et retour vers le camp de base
9 mars 1916 Mort de Spencer-Smith
11 mars 1916 Retour provisoire au Hut point
18 mars 1916 Les cinq hommes s'installent au Hut point
8 mai 1916 Disparition de Mackinstosh et Hayward
15 juillet 1916 Retour au cap Evans et attente
10 janvier 1917 Arrivée des secours

Annexes

Liens externes

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Média

Bibliographie

Par les membres de l'expédition

Couverture de la revue The Captain avec un reportage d'Ernest Shackleton.
  • (fr) Ernest Shackleton, L'Odyssée de l'Endurance, Phébus, Libretto, 1988, 330 pages avec 32 pages de photographies hors-texte (noir et blanc). Préface de Paul-Émile Victor.
  • (en) Frank Worsley, Endurance, Philip Allen, 1931.
  • (en) Frank Worsley, Shackleton's Boat Journey. (ISBN 1-84158-063-5)
  • (en) Richard W. Richards, The Ross Sea Shore Party, 1914-17, The Scott Polar Institute, Cambridge, 1962.
  • (en) Frank Hurley, South with Endurance: Shackleton's Antarctic Expedition, 1914-1917, Bloomsbury Publishing PLC, 2004. (ISBN 978-0747575344)
  • (en) Leonard Hussey, South with Shackleton, Sampson Low, 1949.

Par d'autres auteurs

  • (fr) Caroline Alexander, Les Survivants de l'Antarctique - L'Odyssée Shackleton, Solar, 1998. En collaboration avec le Muséum américain d'histoire naturelle à l'occasion de l'exposition organisée à New York sur ce thème en 1999.
  • (fr) Bertrand Imbert et Claude Lorius, Le grand défi des pôles, Découverte Gallimard, 2006.
  • (fr) Brigitte Lozerec'h, Sir Ernest Shackleton Grandeur et endurance d'un explorateur, Éditions du Rocher, 2004, 607 pages. (ISBN 978-2268048314)
  • (en) Lennard Bickel, Shackleton's Forgotten Argonauts, Macmillan, 1982.
  • (en) Alfred Lansing, Endurance, Weidenfeld & Nicolson, 2000. (ISBN 978-0297646808)
  • (en) Richard W. Richards, The Ross Sea Shore Party, 1914-1917, Scott Polar Research Institute, 1962.
  • (en) Kelly Tyler-Lewis, The Lost Men: The Harrowing Story of Shackleton's Ross Sea Party, Bloomsbury Publishing PLC, 2006. (ISBN 978-0747569268)

Films documentaires

Documentaires

Fictions

  • Shackleton, téléfilm en deux parties diffusé le 7 avril 2002 avec Kenneth Branagh dans le rôle titre.
  • Mirko Bonné, Un ciel de glace, Rivages, 2008, 432 pages.

Notes et références

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Ross Sea Party ».

Notes

  1. Frank Worsley intitula ce cliché : « L'Endurance dans toute la gloire de sa jeunesse »
  2. Il a fallu encore plusieurs dizaines d'années avant que cet exploit ne soit accompli avec succès lors de l'expédition Fuchs-Hillary de 1958 et la fin du XXe siècle pour que la traversée soit effectuée sans moyens motorisés au cours de la Transantarctica en 1989-1990.
  3. Par Frank Hurley. De l'expédition il subsiste en particulier vingt diapositives Paget en couleurs qui sont des exemplaires rarissimes des premières photographies couleurs. Voir Caroline Alexander, Les Survivants de l'Antarctique - L'Odyssée Shackleton, Solar, 1998, p. 159.
  4. Avant même de partir, Shackleton avait déjà tout prévu concernant la cession des droits sur les livres et les photographies qui devaient être tirés de son expédition en fondant l' Imperial Trans-Antarctic Film Syndicate Ltd pour la photographie et le cinéma. L'exclusivité de l'écrit avait été vendue au Daily Chronicle. Cf. Caroline Alexanders, op. cit., p. 17.
  5. Les expéditions Discovery (1901-1904), Nimrod (1907-1909) et Terra Nova (1910-1913).
  6. Worsley estime que Shackleton s'est trouvé à la position 88° 23'S 162°E, à 97 milles (sans doute nautiques) du pôle. Endurance: An Epic of Polar Adventure
  7. La mer tient son nom du marin britannique James Weddell qui la découvrit en 1823.
  8. On appelle pack une masse de blocs de glace flottants, détachés de la banquise et soudés ou non entre eux.
  9. Trois lieux au moins situés le long de cette côte furent baptisés à cette occasion par Shackleton : le promontoire de Stancomb-Wills, le glacier Dawson-Lambton et le McDonald Ice Rumples.
  10. Frank Worsley, capitaine de l' Endurance, écrivit plus tard que le navire se retrouva piégé par un coup de vent de nord est qui balaya la zone en solidifiant la glace. - Worsley, Endurance.
  11. Un exemple pertinent est celui du bateau de Wilhelm Filchner, le Deutschland, qui se retrouva immobilisé dans les mêmes parages seulement trois ans auparavant lors de l'expédition Filchner. Après la tentative avortée d'établir une base dans la baie de Vahsel, le Deutschland fit voile vers le nord pendant environ 300 km. Le bateau fut libéré des glaces six mois plus tard au nord de la mer de Weddell. Après cette épreuve, le bateau était toujours capable de tenir la mer et parvint à rallier l'Allemagne. Ref: article sur Wilhelm Filchner sur le site South-Pole.com: [1]
  12. Cela a été signalé par Shackleton dans South et aussi par le navigateur Walter How dans un entretien inclus dans The Endurance (2000).
  13. En 1901, après avoir déposé le chef de l'expédition Otto Nordenskjöld sur la côte ouest de la péninsule de l'Antarctique, Carl Anton Larsen conduisit leur navire, l’Antarctic, vers la côte, côté mer de Weddell où, comme l’Endurance, il coula dans le pack. Larsen et son équipe trouvèrent refuge sur l'île Paulet qui n'était qu'à environ 25 milles de leur naufrage. L'équipe put finalement retrouver Nordenskiöld. Ref: l'article article sur Nordenskiöld sur le site South-Pole.com .
  14. C'est le seul moment où Shackleton doit faire face à un début de rébellion au sein du groupe, menée semble-t-il par Harry McNish, mais Shackleton ne mentionne pas l'incident dans son livre. Cf. Caroline Alexander, op. cit., p. 88-89.
  15. Plus précisément phoque de Weddell, Lobodon carcinophaga et éléphant de mer.
  16. Il était courant pour les expéditions en Antarctique de consommer la viande des chiens et chevaux embarqués. Cela fut vrai pour les expéditions d'Amundsen, de Scott et de Shackleton. Au delà de fournir des provisions supplémentaires, la viande fraîche est connue pour éviter les atteintes de scorbut. Comme le jus de citron, la viande fraîche contient beaucoup de vitamine C.
  17. Un autre avantage offert par cette île volcanique et que Shackleton ne signale pas dans son récit South aurait été le luxe d'une eau chauffée par géothermie. L'île de la Déception est connue pour être un must des croisières dans l'Antarctique au cours duquel les voyageurs se baignent dans l'eau chaude de Pendulum Cove en évitant soigneusement les endroits où il est possible de véritablement s'ébouillanter. La dernière éruption volcanique de cette île date de 1969.
  18. Ce bateau peut être vu au Dulwich College The James Caird
  19. Worsley rapporte des lames de fond de 40 à 50 pieds (13 à 16 m) qui, de crête à crête, auraient été séparées d'un demi mille (800 m), se déplaçant à 40 km/h et des brisants qui arrivaient à la vitesse de 80 km/h in Shackleton's Boat Journey.
  20. a  et b Arrivée dans la baie de Vahsel en décembre 1914, établissement d'un camp de base jusqu'en novembre 1915, puis départ et passage du pôle Sud en Noël 1915 et jonction avec l’Aurora en mars 1916, à temps pour une saison plus clémente permettant un retour vers Hobart. Il était prévu de rejoindre l'équipe de la barrière de Ross dans un des dépôts puis de revenir à l'île de Ross ensemble, l'indication sur la barrière de Ross est donc à considérer avec prudence. Voir (en) Shackleton, The Daily Telegraph, 25 mars 1916.
  21. Ce glacier a été plus tard reconsidéré comme une barrière de glace montante et donc renommé McDonald Ice Rumples.
  22. a  et b Frank Wild (Endurance) et Ernest Wild (Aurora) sont frères. (en) Shackleton's Lost Men.
  23. Le cambusier est l'homme qui, à bord d'un navire, est chargé de la distribution régulière des vivres à tout l'équipage.
  24. Blackborrow, dont la candidature avait été refusé à cause de son trop jeune âge et de son manque d'expérience, embarqua clandestinement grâce à la complicité de William Blakewell, son ami, et de Walter How. Il fut découvert après un certain temps mais, l'expédition étant déjà bien avancée, Shackleton dut l'accepter. Par la suite, Blackborrow prouva sa valeur : il reçut la médaille polaire et fut le premier homme à poser le pied sur l'île de l'Éléphant. L'orthographe exact de son nom est sujet à controverses, il est parfois prénommé « Percy » ou nommé « Blackboro ».
  25. Un chauffeur est chargé de l'alimentation des bouilleurs, les chaudières des machines à vapeur.
  26. Able Seaman est le terme utilisé par la marine britannique pour désigner un matelot avec une expérience d'au moins deux ans.
  27. Ce cap de l'île de Ross est un lieu d'accouplement de manchots empereur.
  28. Spencer-Smith est mort à quelques kilomètres du camp de sureté proche de l'endroit où ont été retrouvé les corps de l'équipe de l'expédition Terra Nova et Mackintosh et Hayward sont mort entre les abris du cap Evans et du Hut Point.

Références

  1. Août 1916 marque la fin de la première partie de l'expédition et janvier 1917 celle de la seconde.
  2. Article sur Wilhelm Filchner sur South-Pole.com.
  3. Ernest Shackleton, op. cit., p.25-27
  4. Ernest Shackleton, op. cit., p. 29.
  5. Caroline Alexanders, op. cit., p. 17.
  6. Ernest Shackleton, op. cit., p. 29.
  7. a  et b Bertrand Imbert et Claude Lorius, Le grand défi des pôles, Découverte Gallimard, 2006.
  8. Ernest Shackleton, L'Odyssée de l'Endurance, Phébus, Libretto, 1988, p. 44.
  9. Shackleton écrit : "Le matin du 19, nous étions à la latitude 76°34'S, longitude 31°30'O. Malgré le beau temps, impossible d'avancer : pendant la nuit, la glace s'est resserrée autour du bateau et aucune eau libre n'apparaissait." op. cit., p. 52.
  10. Shackleton écrit : « Le 1er mai, nous disions adieu au soleil. La période du crépuscule commençait, précédant celle de l'obscurité. Grâce à la réfraction, le soleil éclairait encore l'horizon à midi mais sa lueur disparaissait avant 2 heures. » op. cit., p. 60.
  11. Frank Worsley, Endurance: An Epic of Polar Adventure, 1931 (réédition W.W. Norton & Company, 1999).
  12. Shackleton écrit : « Dans l’Endurance j'avais concentré ambitions, espoirs, désirs, et voilà que la carrière de notre pauvre bateau blessé et gémissant était finie, ses instants comptés ; il fallait l'abandonner, broyé, après deux cent quatre-vingt-un jours d'emprisonnement dans les glaces. » op. cit., p. 83.
  13. Film documentaire, The Endurance: Shackleton's Legendary Antarctic Expedition (2000).
  14. Le 20 décembre 1915. Ernest Shackleton, op. cit., p. 109.
  15. Ernest Shackleton, op. cit., p. 115.
  16. Ernest Shackleton, op. cit., p. 121.
  17. Caroline Alexander, op. cit, p.100-101
  18. Ernest Shackleton, op. cit., p. 172.
  19. a  et b (en) Paolo Venanzangeli, Cape Horn the Terrible sur Nautica Online.
  20. Ernest Shackleton, op. cit., p. 185.
  21. Ernest Shackleton, op. cit., p. 170 et 171.
  22. a , b  et c Frank Worsley, Shackleton's Boat Journey, 1933 (réédition W.W. Norton & Company, 1998).
  23. « Cependant je fixai l'amarre et, quelques minutes après, nous étions tous sur la plage sains et saufs. Un glouglou - douce musique - parvint à nos oreilles : nous découvrîmes bientôt un courant d'eau fraîche, presque à nos pieds, et en un instant nous étions à genoux, buvant à longs traits l'eau pure et glacée qui nous rendait la vie. Ce fut un moment merveilleux. » in Ernest Shackleton, op. cit., p. 190.
  24. Biography: Ernest Shackleton, documentaire télévisé, A&E Television Networks, 2002.
  25. Une visualisation du trajet emprunté
  26. Shackleton écrit : « Chose curieuse, ils ne reconnurent pas Worsley ; le bandit sale et chevelu qu'ils avaient quitté revenait pimpant et rasé. Ils le prenaient pour un des baleiniers. (...) Soudain ils comprirent qu'ils parlaient à celui qui, pendant un an et demi, avait été leur plus proche compagnon. » Ernest Shackleton, op. cit., p. 217 et 218.
  27. Ernest Shackleton, op. cit., p. 223.
  28. (en) Imperial Trans-Antarctica Expedition 1914-17 et HMS Endurance Tracking Project 2005/2006 Obituary.(fr) Courte biographie des membres de l'équipage dans le livre de Caroline Alexander, p. 146-155.
  29. « Le détachement transcontinental, conduit par Sir Ernest Shackleton, comptera six hommes. Il emploiera cent chiens pour les traîneaux et deux traîneaux à moteur avec hélice aérienne. (...) Une fois au pôle, après avoir couvert huit cents milles de terres inconnues, ce détachement se dirigera au nord, et il compte retrouver celui parti de la mer de Ross en haut du glacier Beardmore. Ensuite de quoi ils rallieront ensemble la base de la mer de Ross. » Shackleton, op. cit., p. 26-27
  30. (en) South, chapitre 13, The Ross Sea Party.
  31. Il s'agissait d'ailleurs des instructions de Shackleton, op. cit., p. 256.
  32. Un simple passage du journal de l'un d'eux donne une idée de ce que ces hommes ont enduré : « Mais pendant que Wild allumait la Primus, il nous cria qu'il ne sentait plus son oreille. C'était la seule partie intacte de son visage : nez, joues, cou, tout était attaqué. L'oreille virait déjà au vert pâle. Vite je mis la paume de ma main dessus pour la réchauffer. Puis ses doigts y passèrent : pour les ramener à la vie, le malheureux dut les mettre sur la flamme - moyen terrible qui le mit à la torture. » in Shackleton, op. cit., p. 272.
  33. a , b , c  et d (en) Shackleton's Lost Men.
  34. Ernest Shackleton rapporte les propos de Mackintosh en date du 27 février : "Nous sommes maintenant réduits à un repas toutes les vingt-quatre heures. Et la privation de nourriture nous rend plus sensibles au froid.", op. cit., p. 264.
  35. Ernest Shackleton, op. cit., p. 305.
  36. Ernest Shackleton, op. cit., p. 309.
  37. Ernest Shackleton, op. cit., p. 310.
  38. Shackleton écrit : "(...) les dépôts furent faits aux places indiquées, et si l'expédition transcontinentale avait eu la bonne fortune de réussir, les vivres, condition vitale du succès, ne lui eussent pas fait défaut." op. cit., p. 252.
  39. Pages 252 à 325 de l'édition française.
  40. Comme le note Shackleton : « Le rapport de Mackintosh sur les marches entreprises pour établir les dépôts de provision, dans l'été 1915-16, est malheureusement perdue. Le chef de l'expédition tenait un journal de route ; mais il l'avait sur lui quand, l'hiver suivant, il se perdit sur la mer de glace. » in Shackleton, op. cit., p. 287.
  41. (en) Heroism and Tragedy in the Antarctic.
  42. Ernest Shackleton, op. cit., p. 329.
  43. Antarctic-circle.org
  44. (en) Ernest Shackleton, Endurance Voyage, time line and map, Coolantartica.com
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