Ibn Khaldoun Abdel Rahman

Ibn Khaldoun Abdel Rahman

Ibn Khaldoun

Page d'aide sur l'homonymie Cet article concerne Abderrahman ben Khaldoun, dit « ibn Khaldoun ». Pour son frère Yahya, voir Yahya ben Khaldoun.
Ibn Khaldoun
Statue d'Ibn Khaldoun à Tunis
Statue d'Ibn Khaldoun à Tunis

Nom de naissance Abou Zeid Abd er-Rahman Ben Mohamed Ben Khaldoun el-Hadrami
أبو زيد عبد الرحمن بن محمد بن خالد (خلدون) الحضرمي
Naissance 27 mai 1332
Tunis
Décès 17 mars 1406 (à 73 ans)
Le Caire

Ibn Khaldoun, de son nom complet Abou Zeid Abd er-Rahman Ben Mohamed Ben Khaldoun el-Hadrami[1] (أبو زيد عبد الرحمن بن محمد بن خالد (خلدون) الحضرمي), né le 27 mai 1332 à Tunis et mort le 17 mars 1406 au Caire[2], est un historien, philosophe et homme politique d'Ifriqiya.

Sa façon d'analyser les changements sociaux qu'il a observé dans sa culture lui vaut d'être considéré comme étant à l'avant-garde de la sociologie[2]. C'est surtout un historien de premier plan auquel on doit des Prolégomènes à l'histoire universelle et Le Livre des exemples ou Livre des considérations sur l'histoire des Arabes, des Persans et des Berbères, deux ouvrages résolument modernes dans leur méthodologie, Ibn Khaldoun insistant sur l'importance des sources et de leur vérification.

Sa vie se déroule dans une époque trouble marquée par l'apparition de la peste noire et par d'incessantes luttes dynastiques en Afrique du Nord : les Mérinides contrôlent le Maroc à la suite de la chute des Almohades, les Abdalwadides dominent l'ouest de l'Algérie alors que les Hafsides tiennent l'est de l'Algérie, la Tunisie et la Cyrénaïque. Ces trois dynasties combattent pour l'hégémonie en Afrique du Nord tout en étant sous la menace constante d'incursions de tribus berbères vivant près de leurs frontières respectives.

Sommaire

Biographie

Maison où naquit Ibn Khaldoun (actuelle rue Tourbet El Bey) à Tunis

La vie d'Ibn Khaldoun est extraordinairement bien documentée pour son époque : ce dernier laisse en effet une autobiographie dans laquelle il cite de nombreuses informations concernant sa vie publique. Toutefois, il se montre bien plus avare quant à sa vie privée. La biographie d'Ibn Khaldoun, où son auteur se retrouve successivement en prison, parmi les hauts fonctionnaires puis en exil, se lit par endroits comme un roman d'aventure.

Ibn Khaldoun est issu d'une famille noble, les Banu Khaldoun, qui vécut à Séville (Andalousie) pendant plusieurs générations. Dans son autobiographie, il retrace son ascendance en remontant jusqu'à l'époque du prophète de l'islam Mahomet et découvre qu'il est issu d'une branche arabo-yémenite de la région de l'Hadramaout[2] qui s'est déplacée en Espagne au début de la conquête musulmane (VIIIe siècle). Sa famille, qui compte en Andalousie de nombreux hauts fonctionnaires, émigre à Ceuta au début de la reconquête vers le milieu du XIIIe siècle[2]. Certains membres de sa famille obtiennent des fonctions politiques au sein de la dynastie hafside — son arrière-grand-père est ministre des finances[2] — sous le règne de l'émir Abû Zakariyâ' Yahyâ. Cependant, le père et le grand-père d'Ibn Khaldoun se retirent de la vie politique et rejoignent une tariqa.

Ibn Khaldoun avait un frère, Yahya Ibn Khaldoun, qui vivait sous le règne du souverain abdalwadide de Tlemcen, Abou Hammou Moussa II ; il a écrit un ouvrage qui décrit la dynastie de ce dernier[3]. Rachid Bellil, écrivain algérien, l'évoque dans son livre sur les oasis du Gourara[4].

Formation

Mosquée où Ibn Khaldoun suivit ses études (actuelle rue Tourbet El Bey) à Tunis

Le fait d'appartenir à une famille de haut rang permet à Ibn Khaldoun de faire ses études auprès des plus grands maîtres de l'Afrique du Nord de son temps. Il reçoit une éducation arabe classique et étudie de manière approfondie la langue arabe, base nécessaire à la compréhension du Coran, des hadiths, du droit et de la jurisprudence islamique. Le mystique, mathématicien et philosophe Abû Abdallah Muhammad Al-Abuli l'introduit aux mathématiques, à la logique et à la philosophie[2]. Il étudie notamment les travaux d'Averroès, d'Avicenne, de Fakhr ad-Dîn ar-Râzî et de Nasir ad-Din at-Tusi. À l'âge de 17 ans, une épidémie de peste noire lui ravit son père, quelques membres de sa famille et certains de ses professeurs[2].

Suivant la tradition familiale, Ibn Khaldoun aspire à une carrière politique. Dans le contexte nord-africain d'une répartition des pouvoirs et de souverains toujours changeants, cela signifie réussir un jeu d'équilibre, savoir former des alliances et revenir sur ses loyautés au bon moment afin de ne pas être emporté par le déclin de règnes parfois très brefs.

Premières années

Après avoir entretenu en 1347 de bonnes relations avec la cour mérinide, lors de l'occupation de Tunis par Abu al-Hasan ben Uthman, il commence véritablement sa carrière politique en 1350[2], à l'âge de 18 ans, en tant que garde des sceaux auprès d'Ibn Tafragin, qui est lui-même au service du sultan Abû Ishâq Ibrâhîm.

Fès

Trois ans plus tard, en 1353, il se rallie à la cause d'un prince hafside dissident ,avant d'aller rejoindre, au bout d'un an, la cour du sultan de Fès. À cette époque, il vit et travaille à proximité de la médersa Bou 'Inania, l'un des plus beaux exemples d'architecture marocaine. Durant son séjour, il a l'occasion de fréquenter les grands maîtres de l'Université Quaraouiyine et d'y compléter sa formation scientifique[2]. À la cour, sa tâche consiste à ajouter aux documents officiels les formules d'introduction d'usage en calligraphie. Le souverain mérinide, Abu Inan Faris, lui offre par la suite un poste de scribe chargé des proclamations royales, ce qui n'empêche pas une défaveur brutale et une peine de prison qu'Ibn Khaldoun explique par une intrigue de cour causée par la jalousie :

« Depuis quelque temps une liaison s'était formée entre moi et le prince hafside Abou Abd Allah Mohammed, ex-émir de Bougie, qui, se rappelant le dévouement de mes aïeux à sa famille, m'avait admis dans sa société intime. Comme je négligeai les précautions que l'on doit prendre en pareil cas, je m'attirai la colère du sultan. Plusieurs individus, jaloux de ma haute fortune, lui avaient adressé des rapports dans lesquels ils prétendaient que le prince hafside voulait s'enfuir à Bougie et que je m'étais engagé à faciliter son évasion dans l'espoir et avec l'assurance de devenir son premier ministre. Il me fit donc arrêter, maltraiter et emprisonner. L'ex-émir, qu'il priva aussi de la liberté, fut relâché bientôt après ; mais ma détention se prolongea jusqu'à la mort du sultan, événement qui eut lieu environ deux années plus tard[réf. nécessaire]. »

De 1357 à la mort d'Abu Inan Faris, il passe vingt-deux mois en prison et doit sa liberté à El Hacen Ibn Omar, vizir et régent de l'empire. Lors des luttes dynastiques qui suivent le décès du monarque, Ibn Khaldoun soutient Abû Salîm Ibrâhîm, l'oncle de l'héritier légitime. Une fois arrivé au pouvoir, Abû Salîm Ibrâhîm lui offre une fonction de secrétaire d'État et directeur de la chancellerie[5], première position correspondant aux attentes d'Ibn Khaldoun.

Hélas, Abû Salîm Ibrâhîm est renversé par Tachfîn, ami d'Ibn Khaldoun, en 1361, mais ce dernier n'obtient aucune fonction importante de la part du nouveau souverain. Dans le même temps, Tachfîn parvient à empêcher Ibn Khaldoun, dont il ne connaît que trop bien les capacités politiques, de rejoindre les Abdalwadides à Tlemcen.

Grenade

Poussé par un besoin d'action, Ibn Khaldoun décide alors de partir pour Grenade à l'automne 1362. Il est certain d'y recevoir un accueil chaleureux après avoir aidé le sultan nasride Muhammad V al-Ghanî à reprendre le pouvoir lors de son exil à Fès.

En 1364, le sultan lui confie une mission diplomatique auprès de Pierre Ier de Castille afin de conclure un traité de paix. Ibn Khaldoun accomplit cette tâche avec succès : Pierre Ier lui propose alors la restitution des possessions espagnoles de sa famille et l'invite à rester à sa cour. Toutefois, Ibn Khaldoun refuse poliment l'offre. À Grenade, Ibn Khaldoun entre toutefois rapidement en concurrence avec l'écrivain Ibn al-Khatib[6], le vizir de Muhammad V al-Ghanî, qui observe d'un œil méfiant ses relations étroites avec le sultan.

Retournements d'alliances

De retour en Afrique du Nord, Ibn Khaldoun accepte avec joie l'invitation du souverain hafside de Bougie, Abû `Abd Allâh, qui lui propose de devenir son grand vizir. Pendant cette période, il lui incombe également la charge de lever des impôts auprès de tribus berbères locales alors qu'il assure les fonctions de prédicateur à la grande mosquée d'El Qacaba. Après la mort d'Abû `Abd Allâh en 1366, la ville de Bougie tombe entre les mains d'Abû al-`Abbâs, souverain hafside de Constantine.

En 1370, il prend la fuite et se réfugie chez le sultan abdalwadide de Tlemcen, Abou Hammou Moussa II, alors qu'une guerre éclate entre la cité et Fès. Il y assume les fonctions de grand vizir de la cour, l'un des plus hauts postes qui lui ait été attribué, et prend en charge une mission à Biskra, en vue de recruter des soldats parmi les tribus arabes des Dhawawidas. Son séjour à Tlemcen constitue ainsi une étape très importante dans sa vie. Durant ses différents passages à Tlemcen, il enseigne aussi dans la médersa Khaldouniya, située dans le quartier d'El Eubad à proximité de la mosquée de Sidi Boumediene et considérée comme un joyaux architectural.

Ibn Khaldoun, qui souhaite retourner à Biskra, est arrêté par des soldats mérinides lancés à sa poursuite. Il sauve alors sa tête en acceptant de se rendre une fois encore à Biskra pour y recruter des combattants pour le compte des Mérinides. En 1372, Abou Hammou Moussa II reconquiert le pouvoir et lance ses partisans à la recherche d'Ibn Khaldoun dont il veut se venger. Celui-ci parvient à rejoindre Fès, où la situation est confuse, mais se retrouve en prison. Il n'y reste pas longtemps grâce à l'intervention de son ami, le prince de Marrakech. En 1374, il décide de s'embarquer pour Grenade, Muhammad V al-Ghanî se débarrassant toutefois de lui en le faisant débarquer au port de Honaine et en le livrant ainsi à la merci d'Abou Hammou Moussa II. Les talents politiques d'Ibn Khaldoun, notamment avec les tribus berbères, sont de plus en plus demandés par les souverains d'Afrique du Nord alors qu'il est lui-même fatigué par la politique et les changements de camp constants. Envoyé par Abou Hammou Moussa II en mission auprès de la tribu des Dhawawidas, il se réfugie parmi la tribu berbère des Aulad Arif. Il vit pendant trois ans sous leur protection dans la forteresse d'Ibn Salama[2] (aux environs de Frenda). C'est pendant cette période, de 1374 à 1377, qu'il rédige la Muqaddima, introduction de son projet d'histoire universelle[2]. Cependant, il lui manque la littérature nécessaire à l'achèvement de son œuvre.

C'est ainsi qu'en 1378 Ibn Khaldoun retourne à Tunis afin d'y rédiger son histoire universelle, Le Livre des exemples ou Kitab al-Ibar. Abû al-`Abbâs, ayant entre-temps conquis Tunis, reprend Ibn Khaldoun à son service mais leur relation reste tendue. Abû al-`Abbâs doute de la loyauté d'Ibn Khaldoun qui lui a certes offert un exemplaire de l'histoire universelle qu'il a achevé mais qui y a omis l'habituel panégyrique du souverain. Ibn Khaldoun en profite par aller enseigner à l'Université Zitouna où ses cours rencontrent un immense succès, ce qui n'est pas sans éveiller la jalousie de certains de ses condisciples dont Ibn Arafa[2]. Sous prétexte de vouloir entreprendre son pèlerinage à La Mecque, une requête qu'aucun souverain islamique ne peut refuser, Ibn Khaldoun obtient l'autorisation de quitter Tunis et de s'embarquer pour Alexandrie.

Dernières années

En comparaison du Maghreb, Ibn Khaldoun se sent bien en Égypte. Tandis que toutes les autres régions islamiques sont engagées dans des guerres de frontière et des luttes intestines, l'Égypte jouit sous le règne des mamelouks d'une période de prospérité économique et culturelle. Mais même en Égypte, où il passera le reste de sa vie, il ne parvient pas à se détacher complètement de la politique. En 1384, le sultan Az-Zâhir Sayf ad-Dîn Barquq le nomme professeur de la médersa El Qamhiyya et grand cadi de l'école malékite[7]. Son attitude réformatrice rencontre toutefois des oppositions[2] et il est contraint dès la première année d'abandonner sa fonction de juge. Mis à part ces pressions, le revers de fortune qu'il subit en 1384 peut également avoir joué un rôle dans sa décision de démissionner. Le navire censé transporter sa famille jusqu'au Caire s'échoue près de la côte d'Alexandrie et il perd ainsi sa femme et la plupart de ses enfants[2]. Par ailleurs, sa position à la cour du sultan étant remise en question, il se retire sur ses terres près de l'oasis de Fayoum. En 1387, il décide d'entreprendre le pèlerinage vers La Mecque où il passe également quelque temps dans les bibliothèques (ses Prolégomènes relatent la fin de celle d'Alexandrie). En mai 1388, Ibn Khaldoun se concentre encore plus sur son activité d'enseignement qu'il effectue dans diverses médrasas du Caire et à l'Université al-Azhar. Il tombe momentanément en disgrâce auprès de la cour pour avoir, lors d'une révolte contre Az-Zâhir Sayf ad-Dîn Barquq, rédigé avec d'autres juristes du Caire une fatwa contre le sultan. Par la suite, ses relations avec le sultan se normalisent et il est à nouveau nommé au poste de cadi. Il sera en tout nommé six fois à cette haute fonction qu'il ne conservera jamais longtemps pour des raisons très différentes.

Sous le règne de An-Nâsir Faraj ben Barquq, fils et successeur de Zâhir Sayf ad-Dîn Barquq, Ibn Khaldoun prend part, malgré sa réticence à quitter l'Égypte, à une campagne contre le conquérant mongol Tamerlan, qui marche alors sur Damas. Le jeune An-Nâsir Faraj ben Barquq, inquiété par des rumeurs de révolte contre lui, abandonne son armée dans l'actuelle Syrie et retourne en hâte au Caire suivi d'un cortège de conseillers et d'officiers. Ibn Khaldoun reste avec d'autres dans la ville assiégée de Damas. C'est ici qu'a lieu, entre décembre 1400 et janvier 1401, la rencontre historique entre lui et Tamerlan, que l'historien relate en détail dans son autobiographie. Il est alors membre d'une délégation des citoyens de Damas envoyée auprès de Tamerlan pour lui demander d'épargner leur ville. D'abord fait prisonnier, il est libéré et s'entretient avec Tamerlan durant 35 jours. Le dialogue entre le conquérant et l'intellectuel touche de nombreux sujets et Tamerlan l'interroge de manière particulièrement détaillée sur les relations entre les pays du Maghreb[2]. Ce dernier lui rédige un long rapport sur la question, traduit dans un dialecte turc, considéré aujourd'hui comme disparu.

Ibn Khaldoun retourne au Caire au milieu du mois de mars 1401. Il y passe les cinq années suivantes, qu'il consacre à l'achèvement de son autobiographie et de son histoire universelle ainsi qu'à son activité de professeur et de juge. Il meurt un mois après sa sixième nomination au poste de cadi (25 ramadan 808).

Approche littéraire

La première démarche d'Ibn Khaldoun est d'ordre épistémologique : assigner à l'histoire une place dans l'organisation du savoir d'où elle est absente jusque-là :

« J'ai suivi un plan original, ayant imaginé une méthode nouvelle d'écrire l'histoire, et choisi une voie qui surprendra le lecteur, une marche et un système tout à fait à moi[8]. »

Il bannit dans le même temps toute spéculation philosophique ou quête d'une finalité. Le réel étant la source unique de l'intelligible, Ibn Khaldoun entend saisir les rapports de causalité qui régissent ce réel. Ainsi naît en lui la conception d'une science neuve, celle du umran, étude d'une sociabilité naturelle qui permet de comprendre le mécanisme des comportements historiques mais déborde la singularité des faits pour les replacer dans la totalité qui les contient :

« Les discours dans lesquels nous allons traiter de cette matière formeront une science nouvelle [...] C'est une science sui generis, car elle a d'abord un objet spécial, je veux dire la civilisation et la société humaine, puis elle traite de plusieurs questions qui servent à expliquer successivement les faits qui se rattachent à l'essence même de la société. Tel est le caractère de toutes les sciences, tant celles qui s'appuyent sur l'autorité, que celles qui sont fondées sur la raison[9]. »

Cette rationalité de la démarche, si elle ne comporte pas d'examen d'une éventuelle nature humaine, ne comporte pas non plus de recours à un fondement religieux.

Œuvres

À la différence de la plupart des savants arabes, Ibn Khaldoun n'a rédigé que peu de travaux autres que son histoire universelle. Il est frappant de constater qu'aucune mention de ces écrits n'est faite dans son autobiographie, ce qui pour certains historiens indique qu'il se considérait avant tout comme un historien et souhaitait être connu exclusivement comme l'auteur du Kitab al-Ibar. Cependant, d'après d'autres sources, on a connaissance de quelques autres travaux rédigés à l'époque d'Ibn Khaldoun et apportés par ce dernier en Afrique du Nord et en Espagne.

Son premier livre, Lubab al-Muhassal (La quintessence de la théologie), est un commentaire condensé de la théologie de Fakhr ad-Dîn ar-Râzî rédigé sous la surveillance de son professeur Al-Abili à Tunis. Le manuscrit autographe, datant de 1351, est conservé à la bibliothèque de l'Escurial.

Ibn Khaldoun écrit également un texte sur le soufisme, Schifa as-sa'il (La guérison de ceux qui cherchent), vers 1373 à Fès. Pendant son séjour à la cour de Muhammad V al-Ghanî, il rédige pour ce dernier un traité de logique : Allaqa lis-sultan.

Le Kitab al-Ibar — dont le titre intégral est « Livre des enseignements et traité d'histoire ancienne et moderne sur la geste des Arabes, des Persans, des Berbères et des souverains de leur temps[2] » —, qui constitue l'œuvre principale d'Ibn Khaldoun, est conçu à l'origine comme l'histoire des Berbères. Néanmoins, son auteur étend par la suite le concept, si bien que le Kitab al-Ibar représente dans sa version finale une histoire dite universelle et dotée de ses propres méthodologie et anthropologie. Cette histoire est divisée en sept livres, dont le premier tome, la Muqaddima, est considéré comme une œuvre à part entière. Les tomes II à V couvrent l'histoire de l'humanité jusqu'à l'époque d'Ibn Khaldoun. Enfin, les tomes VI et VII traitent de l'histoire des peuples berbères et du Maghreb et représentent pour les historiens la véritable valeur du Kitab al-Ibar car c'est dans cette partie qu'Ibn Khaldoun a mis en forme ses connaissances personnelles des tribus berbères d'Afrique du Nord.

Muqaddima

Article détaillé : Muqaddima.

La Muqaddima ou Prolégomènes, introduction en trois volumes du Kitab al-Ibar qui comporte 1 475 pages dans l'édition publiée au Caire en 1967, est l'œuvre pionnière d'Ibn Khaldoun et se trouve considérée de loin comme plus importante que l'histoire universelle elle-même. On peut trouver à la Bibliothèque nationale de Tunisie des manuscrits de l'œuvre accompagnés d'annotations et de corrections faites par l'auteur qui n'ont cependant encore jamais été intégrées aux éditions publiées.

Avec cette œuvre, Ibn Khaldoun crée pour la première fois dans la culture islamique une science reposant sur l'analyse précise des faits historiques. Avant le positivisme européen du XIXe siècle, il y établit une science faite de discipline, d'examen et de vérification des faits[10]. Il tente ainsi, avec sa propre méthodologie, de déterminer les causes de la montée et du déclin des dynasties arabes[2], les historiographes s'étant jusqu'alors contenté de consigner les évènements historiques sous forme d'annales et sur la base de récits transmis d'abord oralement puis par écrit. À l'inverse, Ibn Khaldoun s'interroge constamment sur les causes des évolutions historiques qu'il classe en facteurs sociaux, culturels, climatiques, etc.

Dans la préface, rédigée selon la tradition de l'adab en prose rimée arabe, il décrit l'historiographie comme la plus importante des branches de la science car elle traite de la création et de l'évolution de la civilisation humaine[2]. À travers son approche, Ibn Khaldoun explique la légitimité du pouvoir par l'asabiyya, un mot d'arabe ancien qu'il réinterprète[11]. Le comportement socio-politique du groupe s'analyse comme suit : naissance d'une asabiyya puis identité d'intérêts et de comportements qui fonde un groupe. Ce dernier cherche à imposer sa souveraineté (mulk[12]) qui est la base de toute civilisation ordonnée. À ce moment entre en jeu un autre facteur de civilisation : la religion, superstructure soumise à des déterminations de base et à leurs sollicitations. À chaque phase de l'évolution sociale correspond donc un type de comportement religieux. La religion s'insère dans une situation où elle a une fonction d'ordre politique. C'est elle qui sous-tend le mouvement d'une asabiyya vers le mulk. Ibn Khaldoun ne prétend donc pas retrouver dans l'histoire quelque dessein de Dieu et note que le sentiment religieux se dénature et se dissout en même temps que se distendent les liens de solidarité de la asabiyya. Cette doctrine heurte le rigoureux idéalisme malékite qui règne alors au Maghreb.

Son enseignement sur la civilisation et de la culture, Ilm al-Umran, comprend des discussions approfondies sur les relations entre la vie rurale bédouine et la vie urbaine sédentaire qui sont selon lui la source d'un conflit social majeur. Dans cette perspective et à l'aide du concept de l'asabiyya, il explique aussi bien dans l'histoire islamique que non islamique la montée et le déclin des civilisations au sein desquelles la religion et la foi peuvent compléter et épauler l'effet de l'asabiyya, comme par exemple lors du règne des califes. Selon lui, les Bédouins, en tant qu'habitants des régions rurales, possèdent une forte asabiyya et une foi plus solide tandis que les habitants des villes deviennent toujours plus décadents et corrompus au fil des générations et voient ainsi l'intensité de leur asabiyya diminuer. Au bout de plusieurs générations, la dynastie implantée en milieu urbain voit donc son pouvoir (fondé sur l'asabiyya) s'amoindrir, devenant ainsi la proie d'une tribu agressive issue de la campagne, possédant une asabiyya plus forte, qui établira à son tour, après la conquête des villes et leur destruction partielle, une nouvelle dynastie.

Une autre particularité remarquable de la Muqaddima est un passage qui se rapproche des théories de l'évolution de Charles Darwin. L'idée d'évolution se retrouve en effet dans le monde musulman au Moyen-Âge : Ibn Khaldoun suggère ainsi la transformation progressive et organisée du minéral vers le végétal, l'animal, le singe et finalement l'homme[13]. Ibn Khaldoun n'est cependant ni le premier ni le seul à élaborer une théorie philosophique de l'évolution. Ali ibn Abbas al-Majusi, Al-Biruni, Avenpace, Ibn Tufayl et Nasir ad-Din at-Tusi comptent parmi les savants musulmans qui peuvent également être considérés comme des précurseurs de la théorie évolutionniste.

Ibn Khaldoun et Tamerlan

L'historien Jacques Benoist-Méchin rappelle à l'occasion de son ouvrage sur Mustapha Kemal qu'Ibn Khaldoun accepta d'écrire — à la demande de celui-ci — les louanges du conquérant Tamerlan. Ce dernier désire, après ses massacres, laisser de lui une image positive à la postérité.

Postérité

Apports

Ibn Khaldoun demeure l'un des penseurs arabes les plus connus et les plus étudiés car il a souvent été présenté comme l'un des pères fondateurs de l'histoire, en tant que discipline intellectuelle, et de la sociologie[2]. Vincent Monteil, dans sa préface à la deuxième traduction française de la Muqaddima, indique :

« Ibn Khaldoun est fort en avance sur son temps [...] Aucun de ses prédécesseurs ou de ses contemporains n'a conçu ou réalisé une œuvre d'une ampleur comparable[2]. »

En effet, ayant souvent changé de maître, il manifesta dans ses écrits une indépendance d'esprit qui le distinguait des grands chroniqueurs du Moyen Âge chrétien, tels Jean de Joinville ou Philippe de Commynes qui, bien qu'eux aussi au contact du terrain, n'auront servi qu'un seul monarque.

Même si ses travaux ont été interprétés dès le XVIIIe siècle par divers auteurs européens, les premiers sociologues européens ont ignoré ses textes et n'ont pu se référer à lui pour faire progresser leur discipline[14]. Nombre de ses idées, concepts et méthodes ont donc été à posteriori considérés comme des précurseurs de certaines théories et disciplines conçues en Europe[2]. Ainsi, Ludwig Gumplowicz, professeur de sciences politiques à l'Université de Graz, dans un ouvrage intitulé Aperçus sociologiques publié à Paris en 1900, rapporte qu'« un pieux moslem avait étudié à tête reposée les phénomènes sociaux et exprimé sur ce sujet des idées profondes : ce qu'il a écrit est ce que nous nommons aujourd'hui sociologie »[14]. René Maunier publie un article sur Ibn Khaldoun, dans la Revue internationale de sociologie de mai 1915, dans lequel il écrit notamment que la Muqaddima « contient les fragments dispersés d'un traité complet de sociologie »[14]. En effet, Ibn Khaldoun a construit un modèle qui a souvent été rapproché du modèle durkheimien de sociétés à solidarité mécanique et à solidarité organique ou encore de l'usage que Ferdinand Tönnies a fait des concepts de communauté et de société[14]. Toutefois, les modèles du XIXe siècle reposent sur une interprétation évolutive des sociétés alors qu'Ibn Khaldoun distingue deux types de milieux sociaux distincts évoluant dans une même société[14].

Ibn Khaldoun est aussi considéré comme l'un des premiers théoriciens de l'histoire des civilisations, ainsi que l'un des fondateurs de la sociologie politique, comme le souligne l'historien Fernand Braudel dans l'article « Histoire des civilisations : le passé explique le présent » publié en 1959 dans L'Encyclopédie française[15]. Braudel appuie également l'affirmation de l'historien britannique Arnold Toynbee pour qui Ibn Khaldoun a « conçu et formulé une philosophie de l'histoire qui est, sans doute, le plus grand travail qui ait jamais été créé par aucun esprit dans aucun temps et dans aucun pays »[15]. En effet, Ibn Khaldoun rompait avec l'école historique arabe en reprochant aux historiens de son époque de reproduire des faits sans procéder à une critique des sources qu'ils utilisent[14]. Il leur reproche surtout de se limiter à relater des faits sans chercher à les expliquer en les inscrivant dans leur contexte social[14]. Pour lui, l'histoire n'est pas seulement le récit des évènements passés, d'où la nécessité de créer une nouvelle science dont l'objet est la civilisation et la société humaine qui ne soit pas un discours normatif sur celle-ci ou un traité de politique :

« J'ai suivi un plan original pour écrire l'histoire et choisi une voie qui surprendra le lecteur, une marche et un système tout à fait à moi [...] en traitant de ce qui est relatif aux civilisations et à l'établissement des villes[15]. »

Ce n'est qu'à partir du début du XIXe siècle, lorsque Silvestre de Sacy publie en 1806 quelques extraits de la Muqaddima qui suscite un certain intérêt pour Ibn Khaldoun chez les Occidentaux, que le monde arabe a commencé à comprendre l'intérêt et l'originalité de son œuvre[2]. Pour le sociologue algérien Abdelkader Djeghloul, Ibn Khaldoun se situe dans le prolongement de la pensée rationaliste arabe en opérant une distinction entre le religieux « accessible à la foi » et le monde sensible « accessible à la raison »[14]. Mais, par rapport à ses prédécesseurs, il a introduit une véritable coupure épistémologique dans la mesure où il aborde le politique comme immanent à la société et non en référence aux normes religieuses[14].

Critiques

Néanmoins, Ibn Khaldoun suscite également d'importantes polémiques, notamment au cours du XXe siècle. Ainsi, Taha Hussein, cinq siècles après sa mort, le taxe de « menteur », d'« opportuniste » ou encore de « prétentieux ». Il est suivi par d'autres auteurs arabes dont l'animosité est telle qu'un responsable de l'éducation en Irak réclame en 1939 que « la tombe d'Ibn Khaldoun soit profanée et ses livres brûlés »[2].

Par ailleurs, ses récits sur l'histoire et l'origine des Berbères et des différentes populations du Maghreb font l'objet de désaccords ou de discussions, notamment de la part d'historiens contemporains comme Émile Félix Gautier ou Gabriel Camps ; de plus, des historiens plus anciens tels qu'Ibn Hazm, Hérodote ou Salluste émettent d'autres hypothèses sur l'origine des Berbères.

Pour Nassif Nassar, auteur de La pensée réaliste d'Ibn Khaldoun paru en 1967, il faut considérer les idées d'Ibn Khaldoun tout en conservant un esprit critique vis-à-vis de celles-ci car le travail sur la base unique des récits d'Ibn Khaldoun est insuffisant :

« Nous remarquons que ce qu'Ibn Khaldoun a dit à son époque reste valable parce que les sociétés conservent les mêmes systèmes, nos sociétés sont aussi despotes [...] Mais je pense que la pensée d'Ibn Khaldoun n'est pas du tout suffisante pour avoir une version adéquate et globale de nos sociétés. Il faut aller plus loin, chercher d'autres concepts [...] L'on ne peut pas se contenter des notions de assabiya (l’esprit de corps et de clan), de molk (système de pouvoir) et maach (vécu) qui sont des concepts khaldouniens opératoires mais non suffisants [...] Car Ibn Khaldoun n'avait, par exemple, aucun souci de réforme concernant la démocratie ou la citoyenneté[16]. »

Présence contemporaine

Le portrait d'Ibn Khaldoun orne le billet de 10 dinars tunisiens.

Notes et références

  1. (fr) Biographie d'Ibn Khaldoun (Biobble)
  2. a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k , l , m , n , o , p , q , r , s , t , u , v  et w (fr) Abdelaziz Daoulatli, « Ibn Khaldoun. Un historien témoin de son temps et un précurseur », La Presse de Tunisie (cahiers culturels)
  3. (fr) « Lettre à Monsieur Garcin de Tassy », Journal asiatique, troisième série, tome XII, éd. Société asiatique, Paris, 1841, p. 491
  4. (fr) Rachid Bellil, Les oasis du Gourara (Sahara algérien) : le temps des saints, éd. Peeters Publishers, Louvain, 1999
  5. Ibn Khaldoun, Le Livre des exemples, trad. partielle par Abdesselam Cheddadi, éd. Gallimard, Paris, 2002, pp. 92-93
  6. Ibn Khaldoun relate ainsi cet épisode : « Bien qu'il jouît d'une haute influence et qu'il exerçât la plus grande autorité dans l'administration de l'État, le vizir ne sut pas écarter de son cœur un sentiment de jalousie dont j'ai pu m'apercevoir à un léger degré de gêne qu'il laissait paraître quand il me voyait. Ce fut dans ces circonstances que je reçus des lettres du sultan Abou Abd Allah (Mohammed), seigneur de Bougie, par lesquelles il m'apprit qu'il avait obtenu possession de cette ville dans le mois de ramadan 765 (juin 1364), et qu'il désirait m'a­voir auprès de lui. Je demandai aussitôt au sultan Ibn el‑Ahmer la permission d'aller joindre ce prince ; mais en considération de l'ami­tié que je portais à Ibn al-Khatib, je cachai au sultan la conduite de son vizir. »
  7. Les quatre écoles du droit musulman sunnite, le hanafisme, le malékisme, le chaféisme et le hanbalisme possèdent chacune, par tradition, leur propre grand juge. Le malékisme, dont fait alors partie Ibn Khaldoun, est présent principalement en Afrique de l'Ouest.
  8. (fr) [pdf] Ibn Khaldoun, Les Prolégomènes, éd. Institut de France, Paris, 1863, p. 93
  9. (fr) Ibn Khaldoun, op. cit., p. 142
  10. (fr) Skander Houidi, « Ibn Khaldoun. 600 ans d'histoire », Marianne, 18 avril 2006
  11. Il est difficile de traduire ce terme qui peut signifier à la fois « sentiment d'appartenance à la tribu », « liens du sang » ou encore « solidarité du clan » mais qui ne se limite pas aux seuls liens familiaux.
  12. Le pouvoir profane, c'est-à-dire le pouvoir politique, par opposition au pouvoir divin
  13. (fr) [pdf] Ibn Khaldoun, op. cit., p. 229
  14. a , b , c , d , e , f , g , h  et i (fr) Lilia Ben Salem, « Ibn Khaldoun et l0analyse du pouvoir : le concept de jâh », SociologieS, 28 octobre 2008
  15. a , b  et c (fr) Hannane Bouzidi, « L'apport d'Ibn Khaldoun dans les sciences humaines », Babelmed, 16 mars 2006
  16. (fr) Dina Kabil, « Ce qu'Ibn Khaldoun a dit à son époque reste valable », Al-Ahram Hebdo, 13 décembre 2006

(de) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article en allemand intitulé « Ibn Chaldun ».

Bibliographie

Biographies et essais

Français

  • Ahmad Abd Al-Salam, Ibn Khaldûn et ses lecteurs, éd. Presses universitaires de France, Paris, 1992 (ISBN 213038157X)
  • Magali Boisnard, Le Roman de Khaldoun, éd. Piazza, Paris, 1930
  • Djamel Chabane, La pensée de l'urbanisation chez Ibn Khaldûn (1332-1406), éd. L'Harmattan, Paris, 2000 (ISBN 2738461794)
  • Abdesselam Cheddadi, Ibn Khaldûn. L'homme et le théoricien de la civilisation, éd. Gallimard, Paris, 2006 (ISBN 2070764966)
  • Jean Mohsen Fahmy, Ibn Khaldoun. L'honneur et la disgrâce, éd. L'Interligne, Ottawa, 2003 (ISBN 2921463660)
  • Smaïl Goumeziane, Ibn Khaldoun. Un génie maghrébin (1332-1406), éd. Non Lieu, Paris, 2006 (ISBN 2352700019)
  • Claude Horrut, Ibn Khaldûn, un islam des « Lumières », éd. Complexe, Paris, 2004 (ISBN 2870279981)
  • Yves Lacoste, Ibn Khaldoun. Naissance de l'Histoire. Passé du tiers monde, éd. La Découverte, Paris, 1998 (ISBN 2707126802)
  • Gabriel Martinez-Gros, Ibn Khaldûn et les sept vies de l'islam, éd. Actes Sud, Arles, 2006 (ISBN 2742761144)
  • Nassif Nassar, La pensée réaliste d'Ibn Khaldûn, éd. Presses universitaires de France, Paris, 1997 (ISBN 2130481558)
  • Krzysztof Pomian, Ibn Khaldûn au prisme de l'Occident, éd. Gallimard, Paris, 2006 (ISBN 2070781593)

Anglais

  • Aziz Al-Azmeh, Ibn Khaldun. A Reinterpretation, éd. Routledge, New York, 1982 (ISBN 0714631302)
  • Fuad Baali, Society, State, and Urbanism. Ibn Khaldun's Sociological Thought éd. State University of New York Press, New York, 1988 (ISBN 0887066097)
  • Michael Brett, Ibn Khaldun and the Medieval Maghrib, éd. Variorum Collected Studies, Great Yarmouth, 1999 (ISBN 0860787729)
  • Walter Joseph Fischel, Ibn Khaldun in Egypt. His Public Functions and his Historical Research. 1382-1406. A study in Islamic Historiography, éd. University of California Press, Berkeley, 1967
  • Charles Issawi, An Arab Philosophy of History. Selections from the Prolegomena of Ibn Khaldun of Tunis, éd. Darwin Press, Princeton, 1987 (ISBN 0878500561)
  • Bruce Lawrence, Ibn Khaldun and Islamic Ideology, éd. Brill Academic Publishers, Leiden, 1997 (ISBN 9004075674)
  • Nathaniel Schimdt, Ibn Khaldun. Historian, Sociologist and Philosopher, éd. Columbia University Press, New York, 1930 (ISBN 0404056091)

Œuvres

Sur les autres projets Wikimedia :

Texte original

  • Ibn Khaldûn, Le Livre des exemples ou Livre des considérations et le recueil de l'inchoatif et de l'attribut dans les jours des Arabes, des Persans et des Berbères et tous leurs contemporains parmi les grandes puissances, Beyrouth, 1981, éd. intégrale en 13 vol. (Collection Dâr al-kitâb al-Lubnânî).

Traductions en francais

  • Ibn Khaldoun, Discours sur l'histoire universelle. Al-Muqaddima, trad. intégrale par Vincent Monteil, éd. Commission libanaise pour la traduction des chefs-d'œuvre, Beyrouth, 1967-1968 (ISBN 274270924X)
  • Ibn Khaldoun (trad. Abdesselam Cheddadi), Le livre des exemples, vol. I, Gallimard, Paris, 2002, 1560 p. (ISBN 2070114252) 
  • Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale, éd. et trad. partielle par William McGuckin de Slane, Alger, 1852-1856 (ISBN 2705336397)
  • Textes d'Ibn Khaldoun en ligne

Liens externes

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